Pie XII 1949 - 306 ACTION CATHOLIQUE FEMININE ITALIENNE


FEDERATION DES UNIVERSITES CATHOLIQUES

s accroître et acquéraient chaque jour des forces nouvelles, au point qu'elles illustrent déjà de leur lumière brillante le monde entier, à la manière du « grain de sénevé » qui est la plus petite de toutes les semences ; mais lorsqu'il a crû, il dépasse toutes les plantes et devient un arbre dans les rameaux duquel les oiseaux du ciel viennent et construisent leur nid (Matth. XIII, 32).

C'est dans les plus grands de ces établissements, d'études si heureusement propagés, qu'il tient pour utile que les maîtres et les étudiants s'assemblent en une association commune qui, aidée de l'autorité du Souverain Pontife, en tant que Père et Docteur de tous, diffuserait et étendrait encore, grâce à l'union de leurs efforts, la lumière du Christ.

C'est pourquoi, en 1924, dix-huit Universités catholiques, sous le règne de Notre Prédécesseur Pie XI, et ses approbation et bénédiction, s'associèrent en un pacte afin que leurs Recteurs avec les professeurs et leurs délégués tiennent des assises solennelles et régulières afin de traiter les affaires qui leur paraîtraient aptes à atteindre leur sublime but commun.

Maintenant au terme de cette guerre affreuse, parmi les éléments qui concourent à assurer et renforcer la paix et la charité entre les hommes, il faut tenir pour opportun que toutes les Universités du monde catholique s'unissent en une grande fédération.

Toutes ces choses étant mûrement pesées, Notre vénérable Frère, le Cardinal Joseph Pizzardo, Evêque d'Albano, Préfet de la Sainte Congrégation des Séminaires et des Universités Nous a prié de daigner constituer cette Fédération des Universités Catholiques. Quant à Nous qui n'avons rien plus à coeur que d'encourager les études et d'ouvrir une voie plus large à la doctrine catholique, Nous avons estimé devoir accéder de grand coeur à ce voeu.

C'est pourquoi par la teneur de la présente Lettre et à jamais, de science sûre, après mûre délibération, et de la plénitude du pouvoir Apostolique, Nous érigeons et constituons la Fédération des Universités Catholiques qui embrassera les Universités que le Saint-Siège a érigées ou érigera canoniquement ou qu'il aura reconnues comme pleinement assimilables à la règle de l'Institution Catholique, avec tous les privilèges, droits et devoirs, et que la fédération soit régie par les statuts qui ont été proposés par la Sacrée Congrégation des Séminaires et Universités, rien de contraire ne pouvant s'y opposer.

Voilà ce que Nous édictons, établissons, déclarons, décrétant que la présente Lettre a valeur stable, valide et efficace dans le présent et l'avenir. Elle soutient tous ceux qu'elle concerne ou peut concerner un jour ; ainsi faut-il juger et définir. Sera vain et non avenu dès maintenant, tout acte posé par quiconque sous n'importe quelle autorité, dans la science ou l'ignorance, voudra attenter à ceci l.

1 Le Président de la Fédération est Monseigneur Honoré Van Waeyenbergh, recteur de l'Université de Louvain, et le secrétaire est le R. P. Augustin Gemelli, recteur de l'Université du Sacré-Coeur de Milan (9, Piazza S. Ambrogio).


ALLOCUTION AUX MISSIONNAIRES DE LA ROYAUTÉ DU CHRIST

(10 août 1949) 1 v

Les « Missionnaires de la Royauté du Christ » sont les membres d'un Institut séculier établi à Milan, fondé et dirigé par le R. P. Fr. Gemelli, O. F. M., recteur de l'Université. Leur activité gravite autour de l'Université ; de plus, ils collaborent au mouvement liturgique et exercent diverses formes d'apostolat :

Le bilan d'une histoire de trente ans, voilà ce que vous êtes venues Nous apporter aujourd'hui, chères filles ; trente ans de vicissitudes, de travaux, de sanctification. Sur cette histoire et sur vous-mêmes qui la représentez, Notre esprit et Notre coeur s'arrêtent un instant avec complaisance puisqu'elle constitue une de ces belles chroniques de famille, émaillée de souvenirs et d'incidents qui se remémorent avec fierté et amour. Elle donne, malgré ses vicissitudes, ou plutôt à cause d'elles, une leçon, une grande 'eçon d'une portée permanente et universelle.

Outre l'exemple, déjà aussi consolant d'une intense vie spirituelle et apostolique, votre histoire offre celui de trente années de filiale soumission aux exhortations et aux volontés de l'Eglise et de ses représentants, de fidèle persévérance dans la direction du but envisagé par vous ; soumission et persévérance récompensées l'une et l'autre par un triomphe plus splendide que celui que vous eussiez pu espérer, dans la réalisation, jour après jour, des plus saints désirs et des plus généreuses aspirations.

Vraiment, vous pouvez bien chanter avec le psalmiste : « Dominus pascit me : ... deducit me per semitas rectas

propter nomen suum. Etsi incedam in valle tenebrosa, non timebo mala quia tu mecum es » (Ps. XXII, 1-4). « Le Seigneur m'a fait paître : ... me guide par des sentiers aplanis pour l'amour de son nom. Bien que je chemine dans une vallée obscure, je ne craindrai aucun mal, parce que tu es avec moi ». A chacun de ses pas, votre Institut s'est vu favorisé, encouragé, pourtant avec quelque limitation ou quelque réserve qui aurait pu sembler en entraver la voie. Mais malgré ces apparentes contrariétés, votre oeuvre, l'oeuvre de Dieu en vous et par vous, avançait d'un pas ferme et sûr. Les déceptions ne pouvaient manquer, il est vrai ; toutefois, au lieu d'être, comme il arrive trop souvent, des occasions de découragement, elles furent pour vous des inspiratrices de nouvelles ferveurs et de franche obéissance sans irritation, ni hésitation.

D'où vient cette merveilleuse et rare manière de penser et d'agir, sinon de la sincérité et du désintéressement de V03 désirs, libres de tout attachement au jugement propre et aux conceptions personnelles et humaines ?

Et voici que votre vertu et votre générosité ont été reconnues par l'Eglise d'une manière qui a dépassé votre attente en vous insérant juridiquement dans sa vie et en vous laissant vivre dans le monde sans être du monde.

N'est-ce pas précisément le voeu que Jésus exprimait pour ses Apôtres, dans sa prière suprême ? Vous êtes consacrées à Dieu, recrutées pour le service du Christ ; le pacte est scellé. Dieu le sait ; l'Eglise le sait, vous aussi le savez. Le monde ne le sait pas ; mais il sent les effets bienfaisants qui irradient de la substance chrétienne de votre être et de votre apostolat. Vous êtes nombreuses et votre vocation est d'être le sel et le parfum de la terre, le levain dans la pâte (cf. Matth. XIII, 33), la lumière du monde.

Vous êtes en premier lieu le ferment des catégories auxquelles, par votre naissance, votre éducation, votre vie, depuis l'enfance vous appartenez et dont vous n'êtes pas séparées : les relations de famille, d'amitié, de profession restent les mêmes et si vous aviez à manifester en vous quelque indéfinissable et imperceptible changements, il n'y aurait que plus de lumière dans vos yeux, plus de sourire sur vos lèvres, plus de grâce dans vos manières, plus de délicatesse dans votre bonté, plus de discrétion dans votre sacrifice, le don et l'oubli de vous-mêmes. Vous exercerez ainsi une réelle et irrésistible attraction sur ceux qui vous entourent et celui-ci ou celle-là, subissant sans s'en apercevoir votre salutaire influence, prendront le ton et l'esprit qui conviennent à leur poste.

Vous êtes encore le ferment dans les groupes amis parmi lesquels se déploie votre activité et votre donation ; groupes excellents, riches de zèle, mais où facilement pourrait s'insinuer et quelquefois s'insinuent un levain moins favorable, quelque légère dose l'amour-propre, d'intérêt personnel, d'exubérance trop humaine où l'heureux succès tangible et incontestable de l'ingéniosité et de l'industrie naturelles voile un peu la valeur des moyens surnaturels ; où le juvénile et légitime enthousiasme pour l'oeuvre ferait pour ainsi dire perdre de vue Celui au service duquel elle est destinée.

Vous êtes enfin le ferment pour tout ce complexe de personnes et de choses, au milieu duquel vous remplissez votre office quotidien.

Et, ici, chères filles, s'ouvrent à votre regard d'amples visions de travaux et d'épreuves. Quelle infatigable activité vous manifestez déjà dans l'ambiance de l'école et de l'éducation, dans le monde des employés, des professions libérales et des offices publics, dans le champ de la santé et de la charité ! C'est peut-être peu de choses que de se trouver dans tel laboratoire, telle administration, derrière telle caisse, dans telle chaire d'enseignement celle qui inspire respect et confiance, qui assainit et parfois aussi élève l'entourage, celle auprès de laquelle les timides et les pusillanimes arrivent à prendre courage et à oser se défendre et lutter, celle qui compense par sa vertu et son amour les offenses que autour d'elle reçoit presque à chaque instant la majesté et la bonté de Dieu.

Toutefois votre influence s'étend davantage et plus profondément dans les fécondes étendues de l'Action Catholique. Là se trouve sans doute aussi la plus grave de vos responsabilités, mais une responsabilité qui dans la conscience d'elle-même maintient ardemment le feu de votre première donation au Christ et à l'Eglise.

Vous avez allumé ce feu à la flamme de l'amour du Christ qui brûlait chez l'incomparable saint d'Assise. Instamment pour cela Nous vous prions et vous exhortons, chères filles, afin que ce que les disciples frères et soeurs du séraphique patriarche firent au xiiie siècle faites-le encore vous aussi dans des circonstances tout à fait différentes, mais dans le même esprit.

Employez-vous — chacune de vous dans son propre cercle et à sa propre manière —, de sorte que les hommes considèrent et approfondissent sérieusement leur foi catholique, comme une réalité suprêmement vivante, plus vivante que la splendeur et la fascination de toute la culture terrestre.

Portez dans le monde l'esprit de simplicité chrétienne et d'abnégation à l'imitation de François qui, chevalier amant de la pauvreté du Christ, héros nu parmi les affamés d'or, père des amis du peuple, fut messager de conciliation et de paix.

Ouvrez les coeurs, rendez-les capables d'absorber en eux les torrents de l'amour de Jésus. C'est votre rôle de « Missionnaires de la Royauté du Christ » !

Ce nom qui est vôtre ne condense-t-il pas tout le programme de votre avenir comme il récapitule toute l'histoire de votre passé ?

Allez donc, chères filles, comme des essaims d'abeilles industrieuses dispersées à la nouvelle récolte de doux trésors ; le champ qui s'ouvre devant vous pour la diffusion du Règne du Christ est indéfiniment large et varié ; et vous, unies dans une même foi, espérance et amour, et dans un même zèle, vous êtes assurées des plus abondantes grâces du Ciel, en gage desquelles Nous vous accordons avec effusion de coeur, Notre paternelle Bénédiction apostolique.


DÉCLARATION DU S. OFFICE CONCERNANT LE MARIAGE DES COMMUNISTES

(Il août 1949) 1

A la suite du Décret du S. Office du l juillet 1949 2, des questions ont été posées concernant le mariage des communistes. Voici la réponse qui fut publiée :

11 a été demandé si l'exclusion des communistes de l'usage des Sacrements, décidée par le Décret du Saint-Office du 1 juillet 1949, entraînait du même coup leur exclusion de la célébration du mariage et on a demandé aussi jusqu'à quel point les mariages de communistes ne sont pas régis par les prescriptions des canons 1060-1061 3.

A ce sujet la Sacrée Congrégation du Saint-Office déclare : étant donnée la nature particulière du Sacrement de

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 427.

2 Cf. p. 249.

a Le canon 1060 énonce: «L'Eglise catholique défend très sévèrement et partout que le mariage soit contracté entre deux personnes baptisées dont l'une est catholique et l'autre membre d'une secte hérétique ou schismatique ; s'il y a un danger de perversion du conjoint catholique ou des enfants, le mariage est défendu par la loi divine elle-même ».

Le canon 1061 déclare: «L'Eglise n'accorde la dispense concernant l'empêchement de religion mixte, qu'aux conditions suivantes:

1° Il faut des causes graves et justes.

2° Il faut avoir des garanties prouvant que le conjoint non-catholique ne sera pas une cause de perversion pour le conjoint catholique; les deux conjoints s'engagent à faire baptiser et éduquer dans la seule religion catholique tous leurs enfants.

3° Il faut avoir la certitude morale que ces garanties seront observées. Ces garanties devront être régulièrement exigées par écrit.

Mariage dont les ministres sont les époux eux-mêmes et où le prêtre ne joue officiellement que le rôle de témoin, le prêtre peut assister au mariage d'un communiste selon les règles des canons 1065-1066.

Dans les mariages de ceux que vise le paragraphe 4 du Décret susdit, on devra respecter les prescriptions des canons 1061, 1102, 1109, §3\

Donné au Saint-Office le 11 août 1949.

Voici d'ailleurs comment /'Osservatore Romano du 16 août 1949 commente ce texte :

Cette déclaration du Saint-Office n'apporte rien de nouveau et aucun changement n'est apporté à la situation des communistes ; la déclaration ne fait que préciser quelques conséquences du décret du l juillet.

Le Droit Canon prévoit deux cas :

I. Celui d'un catholique qui épouse une personne appartenant à une religion non-catholique : dans ce cas, une dispense est nécessaire ainsi qu'une déclaration écrite spécifiant que tous les enfants seront baptisés et élevés dans la religion catholique ; avec ces garanties est admise la célébration du mariage « in facie Ecclesiae » d'une personne païenne, juive, musulmane avec une personne catholique.

II. Le second cas est celui d'un catholique qui épouse quelqu'un qui, tout en n'étant pas d'une religion non-catholique, est apostat pour avoir apporté son appui à une société condamnée par l'Eglise et a encouru de ce fait la censure ecclésiastique. Dans ce cas, il n'est pas besoin de dispense spéciale, ni de garanties formelles comme celle dont nous avons parlé ci-dessus, relativement au baptême et à l'éducation des enfants. Cependant, le mariage ne peut être autorisé s'il n'y a pas certitude morale que les enfants seront baptisés et élevés dans la religion catholique. Si la célébration du mariage est autorisée, elle a lieu sans aucune restriction rituelle.

1 Ces articles prévoient que dans les cas d'un mariage entre catholiques et non-catholiques, toutes les cérémonies religieuses seront exclues et il n'aura pas lieu dans l'église. S'il y avait des inconvénients graves à agir ainsi, on devra avertir l'Evêque.

Or, le décret du l juillet distingue nettement les communistes en deux catégories : dans la première se trouvent ceux qui ouvertement professent, propagent et défendent les doctrines matérialistes ; l'autre comprend ceux qui constituent les troupes communistes. Pour admettre les premiers au mariage catholique, l'Eglise exige toutes les garanties et impose les limitations relatives au premier cas dont nous avons parlé. Pour les autres l'Eglise se contente des précautions établies pour le second cas.

Pratiquement, il est possible de vérifier si les deux époux adhèrent au communisme dans le sens de la seconde catégorie. Dans cette hypothèse, le mariage pourra être autorisé s'il y a certitude morale que les enfants seront baptisés et élevés religieusement. Mais cette certitude sera évidemment dans bien des cas drficile à obtenir.

LETTRE A S. EXC. MGR LAURENT JAEGER Archevêque de Paderbom à l'occasion

du centenaire de la fondation de la Société Saint-Boniface

(12 août 1949) 1

Les Catholiques d'Allemagne ayant fondé en 1849 la Société Saint-Boniface en vue de venir au secours des catholiques dispersés dans les régions non-catholiques d'Allemagne, le Saint-Père félicite les dirigeants de cette Société à l'occasion du centenaire de la fondation de cette dernière :

Nous connaissions déjà combien la Société Saint Boni-face en Allemagne a contribué à promouvoir et confirmer la religion catholique. Votre lettre très précise et les documents qui y sont joints et qui montrent l'oeuvre dans sa pleine lumière ont rendu ces mérites encore plus évidents. Et en effet, ce que les fondateurs de cette illustre société se sont proposé de réaliser il y a cent ans, cette énergique résolution et cette courageuse entreprise dut être continuée d'un coeur infatigable dans une bien grande diversité de situations et de temps, au milieu de difficultés très grandes surgissant de presque partout par tous ceux qui assumèrent ensuite comme un héritage sacré la continuation de ces très graves intérêts. Leur tâche habituelle fut de susciter des églises, des chapelles, des presbytères, des séances littéraires et des écoles partout où c'était possible dans les lieux où les catholiques étaient perdus et dispersés dans la masse non-catholique. Il s'y ajouta la nécessité de fôurnir aux prêtres les ressources nécessaires, les vases sacrés, le mobilier et les secours de tout genre destinés à promouvoir les oeuvres d'apostolat. Et on ne négligea pas ce que notre époque demande particulièrement, c'est-à-dire l'instruction et l'éducation convenables des jeunes gens habitant au milieu de non-catholiques ; et aussi de travailler avec soin et activement à ce que les enfants placés dans ces mêmes milieux — surtout ceux qui sont abandonnés ou dénués des ressources nécessaires — s'approchent pour la première fois de la divine Eucharistie avec des connaissances suffisantes et une fervente piété ; on n'omit pas l'aide aux ministres sacrés trop souvent insuffisants en nombre et en vigueur physique, ni la fondation dans les régions catholiques de groupements d'étudiants des deux sexes qui forment des familles par leur union et dont les enfants dispersés parmi les non-catholiques et appelés par un instinct surnaturel aux fonctions sacerdotales puissent grandir pour l'espoir de l'Eglise dans l'esprit de leur vocation au ministère sacerdotal ; l'oeuvre s'occupa aussi de secourir les indigents, hélas si nombreux aujourd'hui, avec cette charité chrétienne qui est la marque distinc-tive et le commandement principal de notre religion. Pour ces multiples motifs, de nombreuses sociétés se sont affiliées à la Société Saint Boniface, comme de jeunes rejetons verdoyants repoussant de la vieille souche. Il arrive de la sorte avec bonheur que les travaux de cette Société qui a si bien mérité de la foi catholique pendant déjà un siècle brillent lumineusement dans les annales de l'Eglise et suscitent l'admiration universelle et particulièrement la Nôtre. Mais, vous le savez très bien, les besoins actuels des catholiques dispersés ont grandi presque sans mesure, non seulement à cause des ruines affreuses de la dernière et longue guerre, mais parce qu'aussi des foules presqu'innombrables ont été envoyées des régions orientales dans celles qui depuis la guerre forment l'Allemagne l. Parmi ces exilés et ces proscrits, nombreux certes sont ceux qui professent la religion catholique et auxquels manquent presque tous les secours indispensables à une vie chrétienne et à la formation con

1 La population de l'Allemagne est d'environ 70 millions d'habitants, occupant un territoire réduit de 24 % par rapport à 1939. En particulier il s'est produit en 1944-1945 une migration forcée de 12 millions d'Allemands, en provenance des régions orientales, vers l'Ouest de l'Allemagne.

venable aux moeurs chrétiennes. C'est pourquoi Nous avons veillé avec grand soin, aidé par la charité et la générosité des Evêques de l'Amérique du Nord, à vous accorder une somme d'argent destinée à construire des temples dans les endroits où les membres de la religion catholique vivent dispersés ; et actuellement nous avons appris avec un très grand soulagement par vos écrits qu'il a' déjà été pourvu dans la mesure des moyens fournis aux besoins de cette foule par de nombreux objets sacrés, et que vous, Vénérable Frère, et tous les Evêques d'Allemagne, le clergé et le peuple, vous désirez continuer de plus en plus chaque jour dans la même voie, selon vos forces. Certes nous savons que de très grandes difficultés s'opposent à la réalisation instantanée de ces voeux. Mais nous savons aussi qu'avec l'aide de Dieu et des bonnes volontés travaillant de concert et avec ardeur, il n'y a guère d'obstacle qui ne puisse un jour être enfin surmonté. Continuez donc comme présentement ; et que la Société Saint Boniface, présidée et conduite par les Evêques ajoute aux nombreux et glorieux bienfaits accomplis déjà pendant un siècle entier de nouvelles et non moins glorieuses et excellentes réalisations. Nous, qui par suite d'un commerce prolongé avec le peuple d'Allemagne pendant un long séjour connaissons la situation des catholiques disséminés, Nous implorons de Dieu Tout-Puissant les secours qui vous sont nécessaires, sous les auspices et par l'intercession de votre protecteur Saint Boniface. Afin que vous les obteniez par sa médiation et, en témoignage de Notre paternelle bienveillance, recevez la Bénédiction Apostolique que Nous vous accordons avec effusion, à vous, Vénérable Frère, et à tous les dirigeants et membres de la Société Saint Boniface et aussi à tous les fidèles d'Allemagne.


LETTRE

DE LA S. CONGRÉGATION DES SÉMINAIRES ET UNIVERSITÉS CONCERNANT LA MUSIQUE SACRÉE (15 août 1949) 1

Son Em. le Cardinal Pizzardo, préfet de cette S. Congrégation, a envoyé aux évêques la lettre suivante :

Il n'est personne qui ignore combien le Saint-Siège, dans le but de promouvoir le culte divin, a toujours favorisé la Musique Sacrée. Il a donné de nombreux témoignages de ce zèle, parmi lesquels ces sages, fermes et remarquables prescriptions du Souverain Pontife Pie XI, dans la Constitution Apostolique « Divini cultus sanctitatem » (20 décembre 1928).

Cette S. Congrégation n'a pas cessé elle non plus de travailler à la formation tant théorique que pratique à la Musique Sacrée des jeunes gens entrés dans la vocation sacerdotale. Mais si beaucoup de choses louables ont été faites dans la plupart des Séminaires pour donner aussi cette formation à la jeunesse sacrée, dans d'autres par contre les heureux résultats attendus n'ont pas été atteints pour divers motifs et surout parce que des maîtres compétents et capables de répondre aux besoins y faisaient défaut. Ces insuffisances apparaissent d'autant plus manifestement aujourd'hui que l'étude de la liturgie et de la musique se répand de jour en jour davantage, soit parmi les membres de l'Action Catholique soit parmi les fidèles eux-mêmes et surtout à la veille de l'Année Sainte.

Afin donc de provoquer un élan nouveau et plus puissant de formation des séminaristes dans la théorie et la pratique de la Musique Sacrée selon les principes didactiques et disciplinaires établis par le Saint-Siège, nous jugeons bon de prescrire ce qui suit :

I. La Musique Sacrée est mise au nombre des disciplines sacrées et par conséquent doit absolument être enseignée à tous les élèves des séminaires depuis la première année de leurs humanités jusqu'à la fin du cycle des études théologiques.

II. Les programmes annuels doivent être approuvés par leurs Excellences les Ordinaires, sur proposition des maîtres de musique sacrée.

III. L'horaire des cours de Musique Sacrée sera réglé suivant les normes de la Constitution Apostolique « Divini cultus sanctitatem » (n. 1-2) : l'horaire des leçons doit figurer dans l'ordonnance générale des études.

Pendant les vacances d'automne, on consacrera un temps plus long aux exercices pratiques tant individuels que collectifs ou d'ensemble et pour les élèves des cours de philosophie et de théologie, on fixera des semaines d'études pour approfondir les principales questions de Musique Sacrée.

IV. Comme pour les autres branches, les élèves sont tenus de passer des examens de Musique Sacrée.

V. Chaque Séminaire doit posséder un maître compétent de Musique Sacrée et il sera assimilé en tout au Collège des Professeurs.

Nous rappelons à ce propos à Leurs Excellences les Ordinaires de Lieux l'invitation très instante de Pie XI, à choisir et envoyer de toutes les parties du monde à l'Institut Pontifical de Musique Sacrée des jeunes prêtres, bien formés à un sincère esprit liturgique, doués d'un talent musical particulier et munis d'une préparation suffisante ; ceux-ci après avoir accompli les études requises seront capables de développer dans le Diocèse et surtout au Séminaire le susdit apostolat liturgico-musical.

VI. Les prescriptions qui précèdent entreront en vigueur au début de l'année prochaine.

A Vous de donner tous vos soins attentifs à ce qui est ici mandé. Car nous pensons que la Musique Sacrée n'est pas de peu d'utilité pour ramener le peuple chrétien au

Christ Seigneur, maintenant comme autrefois : charmé par la douceur et la suavité des harmonies sacrées, le peuple fidèle fréquentera plus volontiers la Maison de Dieu qui résonnera « d'hymnes et de cantiques spirituels », s'approchera plus avidement des sacrements du Seigneur et y puisera donc une vie plus abondante.

LETTRE A S. EXC. MGR ANDRÉ CHARUE Évêque de Namur à l'occasion

du XXe anniversaire de la Jeunesse Rurale Catholique (16 août 1949)1

Le 28 août 1949, à Namur, la Jeunesse Rurale Catholique de Belgique tenait un Congrès pour célébrer le vingtième anniversaire de sa fondation. A cette occasion, le Pape écrivit la lettre suivante à l'évêque de Namur :

C'est une vision bien réconfortante que vont Nous offrir prochainement Nos fils et Nos filles de la Jeunesse Rurale Catholique, réunis de toutes les régions wallonnes, dans votre noble ville de Namur, pour célébrer, sous l'égide du très eminent Cardinal Archevêque de Malines, le XXe anniversaire de leur fondation. Nous désirons que ces chers jeunes gens sachent bien qu'ils forment une des portions les plus aimées et des plus choisies de la grande famille catholique et que leur Père commun veut profiter de cette occasion pour leur exprimer sa bienveillance, sa fierté, ses félicitations, ses encouragements.

Le Pape souligne l'importance de ce mouvement de jeunes ruraux :

Nous n'ignorons pas en effet, l'excellent travail qu'ont, depuis quatre lustres, accompli leurs méritants Mouvements, ni l'importance que représentent leur organisation et leur activité pour l'avenir chrétien de leurs villages et de leur

patrie. Le monde rural n'échappe pas à la propagande délétère, dont le monde industriel est la cible de choix, de la part des ennemis, déclarés ou sournois, de notre foi et de notre civilisation. Un front s'impose devant ces attaques ouvertes ou insidieuses : l'Action Catholique est comme cette armée rangée en bataille dont parle la Sainte Ecriture; elle est organisée, spécialisée, disciplinée, sous la direction des Evêques que l'Esprit-Saint a providentiellement placés pour régir l'Eglise de Dieu.

Ces mouvements doivent engager un combat spirituel :

Mais, quand Nous parlons d'armée et de front de combat, vous savez bien quel en est le sens, car, c'est moins à la polémique et aux industries humaines qu'à la formation saine et positive des consciences que sont promises nos infaillibles victoires. Tel est bien d'ailleurs le programme des deux Mouvements de jeunesse rurale, masculine et féminine, auxquels Nous associons, dans Nos éloges et Nos voeux, les Cercles des Ménagères rurales et les Equipes rurales d'Action Catholique des hommes. L'enjeu de leur combat spirituel est d'extrême importance : rendre ou conserver au monde rural sa religion, sa noblesse et sa liberté, trop souvent, battues en brèche par les campagnes perfides de mauvais bergers.

Le Pape exalte le mode de vie des ruraux 1 :

Qu'ils sachent bien, ces chers fils et ces chères filles, que la santé de leur corps et de leur âme. la prospérité de leurs foyers, la joie et l'élévation de toute leur vie seront bien mieux garanties au sein de la nature, au contact de la terre sortie directement des mains du Créateur — et leur Wallonie est bien l'une des plus belles, des plus nuancées, des plus fécondes, — que dans ces agglomérations urbaines, dont le mirage et le caractère artificiel réservent souvent de si amères déceptions. Cette fidélité à la campagne, "même de la part de ceux qui sont obligés de se rendre à la ville

1 Sur ce sujet on lira la Déclaration de principes sur les valeurs humaines dans le monde rural élaborée par l'Union internationale d'Etudes sociales de Malines le 27 septembre 1949 (Fiches Documentaires, Louvain, 15 novembre 1949).

pour le travail quotidien, porte avec soi sa récompense immédiate.

Il faut pour garder ces milieux dans la droite voie du christianisme et pour les élever, des apôtres issus de ces mêmes milieux :

Qu'ils soient félicités d'en développer en eux et autour d'eux, une conscience toujours plus vive, avec ce souci constant d'adapter leur apostolat aux conditions changeantes de la vie rurale elle-même ; d'y faire valoir leurs légitimes intérêts familiaux et professionnels, d'y exercer, à l'égard des inévitables misères matérielles et morales, la charité du Bon Samaritain, de développer surtout par une fréquente pratique des sacrements cette union à Dieu, et par une profonde piété mariale, cet amour filial pour notre Mère du Ciel, par où toute leur vie et toute leur action se trouveront transformées.

Le Saint-Père souhaite un plein succès au Congrès de Namur et aux campagnes apostoliques de l'Action Catholique :

Nous formons donc d'ardents souhaits pour le succès de ce Congrès jubilaire, auquel prendront part, dans une émulation toute fraternelle, des délégations de la Flandre et même des pays étrangers. A tous et à toutes, Nous redisons l'invincible confiance que Nous mettons dans leurs divers Mouvements d'Action Catholique rurale, si bien coordonnés et dirigés par leur digne aumônier national, au nom de leurs Evêques et de leurs prêtres. C'est le coeur rempli d'espoir et de consolation, que Nous appelons sur leurs assises namuroises, les plus larges et précieuses faveurs du Ciel, en gage desquelles Nous vous donnons avec effusion la Bénédiction Apostolique.

DISCOURS A S. EXC. M. FELIPE PORTOCARRERO Ambassadeur du Pérou

(17 août 1949) 1

C'est chose qui fait honneur aux qualités d'observateur et à l'esprit réfléchi et perspicace de Votre Excellence 2, toujours attirée par tout ce qui est essentiel, le fait qu'à l'inauguration de sa haute charge d'Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République Péruvienne, Elle ait voulu remarquer en ce centre de la Chrétienté, comme l'une des notes caractéristiques qui l'ont le plus frappée, son inaltérable tranquillité, sérénité et confiance.

C'est un calme alimenté par des pensées divines et débordant de paix et de sécurité, dont le langage devient plus éloquent encore en face d'un monde agité et inquiet, continuellement perdu dans une stérile recherche de nouvelles formules de paix, mais qui ne laissera pas de se heurter toujours aussi à des nouveaux foyers de discorde, tant qu'il n'arrivera pas à reconnaître et à appliquer ces vérités, sans lesquelles il est impossible d'arriver au port de la certitude qui donne accès aux plaines sereines où la paix est établie.

Votre Excellence, Monsieur l'Ambassadeur, vient à Nous comme le Représentent et l'interprète d'un pays d'antique ascendance catholique, puisque c'est précisément en son territoire que surgit le premier diocèse de toute l'Amérique du Sud 3 ; d'un peuple dont l'histoire fut forgée par les élans épiques de ces titans à la foi robuste, aux bras in-

1 D'après le texte espagnol des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 422.

' Le nouvel ambassadeur du Pérou est M. le professeur Felipe Portocarrero, né en 1882; il a fait sa carrière dans la magistrature et fut nommé en 1947 président de la Cour suprême.

a Le diocèse de Lima a été fondé en 1543.

lassables dans la lutte, aux poitrines doublées d'acier, et dont la culture est née, on peut le dire, avec l'antique Université Majeure de Saint Marc, la plus ancienne de son espèce en Amérique, où fleurirent la Théologie et le Droit Canonique, et où ses gradués juraient de défendre le dogme de l'Immaculée Conception ; d'une nation dont les fils voient dans l'entretien de relations confiantes et cordiales avec ce Siège de Pierre, une des traditions nationales qu'ils voudraient garder avec le plus d'amour et de diligence, afin de la mettre à l'abri de tout dommage et de tout danger.

Vous venez à Nous à un moment où d'autres régions du monde peuvent servir d'exemple — et bien douloureux — et qui prouvent à quel point il est funeste pour les peuples le fait que les principes et les intentions antireligieuses de quelques courants sociaux modernes arrivent à s'emparer de la crédulité ou de l'intérêt de quelques classes, s'appropriant ainsi le pouvoir, et ne craignant pas, celui-ci une fois obtenu, de s'abandonner à des excès lamentables.

Vous venez à Nous précisément lorsque la parole maternelle de l'Eglise, implorée et attendue depuis bien longtemps, a réalisé la division nécessaire entre le champ de Jésus-Christ et celui de ses adversaires, montrant aux consciences catholiques, assoiffées de vérité et de lumière, où se trouve le chemin franc, lumineux et sûr, et où les sentiers obscurs et tortueux conduisent à l'erreur

Rarement, peut-être, l'Eglise s'est sentie aussi tranquille et aussi sereine en son intérieur comme elle l'est en ce moment, alors que sa voix maternelle a résonné dans tout le monde, et que ses fils vont décider quel écho doit avoir en leurs intelligences, en leurs coeurs et en leurs consciences cette parole, laquelle tout en contenant, il est vrai, une admonestation, ne laisse pas pourtant d'être inspirée seulement par l'amour et par le désir de leur salut.

Les termes graves et élevés avec lesquels Votre Excellence a si dignement accompagné la présentation de ses Lettres de Créance, sont pour Nous comme un reflet de l'esprit qui vivifie le fidèle peuple péruvien, esprit qui doit

1 Le Saint-Père fait allusion au Décret du S. Office du 1 juillet 1949, excom muniant les communistes (cf. p. 249).

le conduire, sans doute, à des progrès chaque jour plus grands et sans cesse renouvelés.

Les relations amicales entre votre noble nation et ce Siège Apostolique gagneront toujours en profondeur et en cordialité, si dans votre chère nation va toujours en augmentant le nombre de ceux qui se montrent pratiquement convaincus du lien indissoluble qui unit le riche patrimoine spirituel de votre pays avec les valeurs irremplaçables qui émanent de la religion de Jésus-Christ.

Le Pérou est une terre vigoureuse, qui a été comparée à une forteresse colossale, couronnée par deux donjons. On admire justement en lui se9 plages incommensurables et phosphorescentes, si riches en refuges naturels, depuis la baie de Paita jusqu'au port de llo, plages si généreusement rafraîchies par le frais courant péruvien ; la grandeur de ses sommets des Andes, dont les fronts sont caressés par les tempêtes ; le charme de ses lacs tranquilles, de ses allègres cascades et de ses vallées cachées ; la richesse inépuisable de ses forêts, vrai don de Dieu. Et là où un jour campèrent des races fortes et nombreuses, vit et travaille aujourd'hui un peuple cordial et ami du foyer, qui se glorifie d'être estimé pour ses vertus familiales et sa parfaite courtoisie.

Plusieurs autres nations soeurs forment avec lui ce qu'on a appelé, selon une heureuse expression, le continent latin du Nouveau Monde, lequel, si les apparences ne trompent pas, pourrait être conduit, sans délai, par les oscillations de l'histoire et les actions et réactions des énergies qui s'agitent en elle, a une valorisation chaque jour plus grande de la place qui lui correspond dans le jeu des forces mondiales. Ce qui autrefois demandait des siècles, peut aujourd'hui se produire en peu d'années, car, tant pour le bien que pour le mal, nous vivons des heures aux possibilités toujours croissantes et aux issues constamment accélérées.

A cause de cela. Nous éprouvons un désir intime, dont Nous demandons la réalisation au Tout-puissant dans une ardente prière ; qu'il daigne donner et conserver aux peuples de l'Amérique Latine, et en particulier au bien-aimé Pérou, cette force, cette clairvoyance et cette vigilance qui doivent servir à leur prospérité matérielle en ce monde et à leur rapide progrès dans les chemins de la liberté et de la paix ; ainsi, ces valeurs chrétiennes qu'ils portent avec eux, croîtront également avec une grandeur nouvelle et une splendeur renouvelée.

Espérant qu'il en sera ainsi, Nous implorons la protection et l'assistance divines en faveur de Monsieur le Président de la République 1, du Gouvernement et du peuple Péruvien, et Nous donnons à Votre Excellence, Monsieur l'Ambassadeur, à sa famille et à tous ses collaborateurs, avec toute l'effusion de Notre coeur paternel, la Bénédiction Apostolique sollicitée.

1 Le Président de la République du Pérou est, depuis 1948, le Général Manuel Odria.


Pie XII 1949 - 306 ACTION CATHOLIQUE FEMININE ITALIENNE