Pie XII 1950 - DISCOURS AUX UNIVERSITAIRES FRANÇAIS


LETTRE AU R. P. JEAN-BAPTISTE JANSSENS, SUPÉRIEUR GÉNÉRAL •»

DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS SUR LES CONGRÉGATIONS MARIALES

(15 avril 1950) 1

- Il s'est tenu à Rome un Congrès des Promoteurs des Congrégations mariales. A cette occasion, Pie Xli écrivit la lettre suivante :

Ayant appris la réunion à Rome de tous les Promoteurs des Associations mariales dirigées par la Compagnie de Jésus, venus de toutes les parties du monde pour discuter entre eux les moyens de propager les Associations et de les développer, selon Nos désirs plusieurs fois manifestés et spécialement dans la Constitution Bis Saeculari ', Nous ne voulons pas laisser passer cette heureuse occasion sans exprimer à ces chers fils Notre paternelle approbation et Notre bienveillance3.

Le Saint-Père voudrait que les Congrégations mariales dirigées par les Pères Jésuites soient des modèles pour celles qui sont dirigées par d'autres.

Nous savons parfaitement que ces Associations, placées sous votre direction, si on les compare avec les autres Congrégations

qui existent actuellement dans le monde, ne sont pas extrêmement nombreuses, mais nous savons aussi qu'il n'est pas rare de trouver chez vous des Associations qui peuvent servir de modèles aux autres, et cela devrait naturellement vous inciter à faire en sorte que toutes vos Congrégations méritent réellement cet honneur et que, de jour en jour, elles soient de plus en plus dignes d'être des exemples pour les autres. Bien que toutes les Associations affiliées à la Prima Primaria du collège romain n'appartiennent pas exclusivement à la Compagnie de Jésus, mais à l'Eglise tout entière ; cependant, on ne peut nier, comme Nous l'avons déjà signalé4, que depuis leur origine, comme dans le cours des siècles, elles n'aient puisé dans la Compagnie de Jésus un esprit de haute sainteté et une plus grande ardeur d'apostolat, et encore aujourd'hui, elles comptent à bon droit recevoir de la milice religieuse de Saint-Ignace les exemples les plus parfaits et l'élan le plus efficace.

Aussi le Saint-Père fait-il un appel spécial aux Jésuites pour qu'ils

multiplient les Congrégations 5 :

C'est pour ce motif que Notre pensée se portait aussi sur vous, chers fils de la Compagnie de Jésus, lorsque Nous manifestions Notre ardent désir de voir ces Associations spirituelles se propager le plus largement possible dans le monde et se développer heureusement6, et lorsque nous déclarions qu'elles sont plus nécessaires en notre temps qu'en aucun autre 1, et que nous affirmions « qu'on ne doit leur refuser aucun des caractères attribués à l'Action Catholique » 8 ; étant donné que l'Eglise « favorise une certaine variété dans l'unité de l'exercice de l'apostolat, dirigé à un but commun, par le moyen d'une collaboration fraternelle et l'union de toutes les forces sous la direction des evêques » 9.

4 A. A. S., XXXX, 1948, p. 397.

5 Les Congrégations mariales dirigées par la Compagnie de Jésus ne représentent que le 4,80 % du total.

e A. A. S., XXXX, p. 399.

7 A. A. S., XXXX, p. 395.

8 A. A. S., XXXX, p. 398.

9 A. A. S., XXXX, pp. 398-399.

10 A. A. S., XXXX, pp. 396-401 ; XXXX, p. 632.

11 A. A. S., XXXX, p. 402. « A. A S., XXXX, p. 398.

Les Congrégations doivent être d'excellents instruments d'aulhen-tique Action Catholique :

Telle était Notre préoccupation quand Nous exhortions les Associations mariales à se fixer comme but particulier celui de former, ou plutôt de porter à l'action, des groupements particulièrement choisis d'apôtres, qui apparaîtraient comme le sel de la terre et un céleste levain de vertu au milieu des hommes 10. Nous sommes assurés que Nos désirs vous sont bien connus et que, selon votre traditionnel esprit d'obéissance, vous êtes ardemment décidés à les mettre de toutes vos forces à exécution. Nous aimons néanmoins renouveler notre affirmation que le Vicaire du Christ regarde avec une immense joie et une grande consolation la place éminente occupée par les Congrégations mariales au milieu de ce développement d'apostolat laïc, qui est le privilège de notre temps. Il s'attend à ce que les fils de Votre Compagnie s'adonnent généreusement, selon l'esprit de votre Institut, à la culture et la propagation de ces Congrégations. L'Eglise espère beaucoup de vous et désire que les Congrégations mariales se maintiennent partout à leur poste, qu'elles aient pleinement le droit de se dire d'Action Catholique, sous la protection de la Sainte Vierge, et qu'elles soient considérées sur le même pied que les autres Associations, qui soutiennent les oeuvres d'apostolat, sous l'unique autorité de la hiérarchie ecclésiastique n.

Il faut que partout on admette les Congrégations comme exerçant l'Action Catholique.

Nous aimons vous répéter ce que Nous avons dit au sujet des Congrégations affiliées à la Prima Primaria, qui doivent avoir les notes particulières que nous avons décrites dans la Constitution apostolique Bis saeculari. Nous déclarions, en effet, que ces caractéristiques particulières ne sont pas un obstacle à intégrer de plein droit les Congrégations mariales dans l'Action catholique placée sous la protection et l'inspiration de la Vierge Marie12, et à leur donner parmi les groupements d'Action Catholique une place bien notable, et même très importante et particulièrement indispensable.

D'ailleurs, les buts des Congrégations peuvent se résumer ainsi :

De fait, les Congrégations mariales, telles qu'elles sont, si l'on considère leur histoire et leur nature, ont la mission spéciale de développer d'une façon splendide les traits suivants :

En premier lieu, la sainteté, une vraie et solide sainteté, et qui puisse être regardée comme la plus élevée possible, selon l'état de vie de l'associé 13.

Puis la formation chrétienne des congréganistes, qui soit capable de faire de chacun d'eux réellement un modèle dans la vie familiale comme dans la vie sociale u.

Enfin, dans une totale et perpétuelle obéissance, le dévouement au Christ et à son Eglise, sous la conduite et à l'exemple de la bienheureuse Vierge Marie. Dans tout cela, Nous trouvons vraiment un présage de bonheur pour notre siècle, appelé justement « mariai », siècle qui a été favorisé de la protection efficace et du puissant patronage de la Mère de Dieu.

Le Pape trace ensuite aux Congrégations leur programme essentiel :

C'est pourquoi, Nous vous exhortons à poursuivre sans crainte votre voie, même si vous y rencontrez parfois des obstacles. Confiants dans l'aide de Dieu et de sa Mère, assurés des désirs et des ordres du Vicaire de Jésus-Christ, laissez tout doute et toute hésitation ; lancez hardiment l'OEuvre des Congrégations mariales, selon leur nature et leur esprit. Par-dessus tout, faites un choix sévère pour les admissions, n'acceptant que les âmes vraiment désireuses d'arriver à un degré supérieur de vertu et de se remplir de zèle apostolique ; placez de plus en tout premier lieu et avant toute autre chose, la formation intérieure de l'esprit, sans laquelle toute activité extérieure est inutile et doit vous être suspecte. Cette solide formation spirituelle et l'activité apostolique qu'elle conditionne doivent revêtir un caractère pleinement mariai, étant donné que cette pieuse inclination de votre âme à honorer et à aimer la Bienheureuse Vierge, qui a toujours été professée par vos Congrégations, doit être partout et toujours le signe distinctif de la note évidente de la foi et de la vraie doctrine. Ne vous préoccupez pas de vous attirer les approbations de la foule, car vous êtes venus,

13 A. A. S., XXXX, pp. 394-395.

14 A. A. S., XXXX, p. 407.

à l'exemple du Christ Notre Sauveur, non pour flatter les oreilles des mondains, mais pour rendre témoignage à la vérité. Enfin, n'hésitez pas à appliquer ce moyen efficace de sainteté et d'apostolat, surtout aux classes de personnes qui plus que les autres, ont besoin d'être imprégnées d'esprit chrétien ou qui sont en mesure de le répandre plus largement à travers tous les courants de la société humaine et par-dessus tout dans la classe ouvrière et parmi ceux qui se livrent aux études supérieures. Nous savons que vous êtes habitués à vous livrer, non aux travaux les plus faciles, mais à ceux qui sont les plus fructueux, pour la plus grande gloire de Dieu.

En outre, puisque Dieu vous a confié un grand trésor qui est le don des Congrégations mariales, considérez comme s'adres-sant à vous la recommandation du Christ : « A celui qui a beaucoup reçu, on demandera beaucoup » 15.

Pie XII bénit tous ceux qui propageront les Congrégations :

Mais il ne Nous semble pas nécessaire d'insister et de prolonger davantage cette exhortation, connaissant votre soumission à l'égard des Evêques et des Ordinaires et l'obéissance qui leur est due, non moins que votre sincère volonté et votre ardent désir d'apporter en esprit d'entente fraternelle votre collaboration aux autres oeuvres d'apostolat, selon les normes données par Nous dans la Constitution Apostolique Bis saeculari.

Entre temps, avec l'effusion de Notre coeur, Nous accordons Notre Bénédiction apostolique, présage des dons célestes et gage de Notre paternelle bienveillance, à vous, Notre cher fils, à tous les membres de la Compagnie de Jésus et spécialement à tous ceux qui sont appliqués à propager et à diriger les Congrégations mariales et tous les membres associés 16.

15 Luc, 12, 48.

1« On lira p. 352 la lettre aux Congrégations mariales du 2 septembre 1950.


HOMÉLIE

PRONONCÉE LORS DE LA CANONISATION DE SAINTE MARIE-EMILIE DE RODAT

(23 avril 1950) 1

Au cours de la cérémonie de canonisation de sainte Marie-Emilie de Rodât 2, le Saint-Père prononça l'homélie d'usage :

De par la volonté de son divin Fondateur, l'Eglise a toujours vu sortir de son sein maternel des héros et des héroïnes de sainteté, qui se montrèrent égaux à ce que leur temps réclamait d'eux et qui firent face d'un coeur prompt, joyeux et agissant aux exigences nouvelles.

Au début du XIXe siècle, après que la Révolution française et les longues guerres qui la suivirent eurent causé des ruines de toutes sortes dans presque toute l'Europe et complètement détruit ou   gravement   atteint   de   nombreuses   congrégations

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXII, 1950, p. 322.

2 Emilie de Rodât est née le 6 septembre 1787 au château de Druelle près de Rodez. A l'âge de 16 ans, elle subit une crise et commença à prendre un goût exagéré aux vanités de ce monde. En 1804, au cours d'une confession, elle comprit son erreur et la grâce la transforma complètement. Elle décida de se consacrer à Dieu et fit un stage successivement dans trois maisons religieuses, où elle découvrit chaque fois que Dieu ne l'y voulait pas.

Bientôt avec quelques compagnes, elle fondait une communauté vouée à l'assistance aux pauvres et à l'éducation religieuse des enfants. Cette communauté devint l'Institut des Religieuses de la Sainte-Famille. Lorsque la Mère fondatrice mourut, le 19 septembre 1852, la Congrégation comptait déjà 36 maisons ; aujourd'hui, il y en a plus de 200 en Europe, au Brésil, en Syrie et en Egypte, rassemblant au total 1200 religieuses.

Le 9 juin 1940, Pie XII béatifiait Emilie de Rodât.

religieuses, les gens honnêtes purent voir avec une grande joie, une cohorte d'hommes et de femmes héroïques, remarquables par leurs vertus chrétiennes, tendre tous leurs efforts pour réparer ces dommages 3.

Parmi eux brille d'une lumière spéciale la figure de Marie-Guillaumine-Emilie de Rodât, qui, née de famille noble, sentit dès son plus jeune âge un appel supérieur à mépriser les plaisirs passagers et vains de cette terre d'exil et à poursuivre par de généreux efforts quotidiens la perfection évangélique.

Après plusieurs essais de vie religieuse, elle comprit, grâce aux conseils de son directeur, et non sans illumination intérieure, qu'elle était appelée à marcher dans une nouvelle voie. Comme donc, elle voyait de nombreuses jeunes filles abandonnées à la rue et souvent portées à tomber dans le péché, à perdre l'innocence et à abandonner misérablement les préceptes de la religion, poussée par la charité surnaturelle, elle décida avec un petit groupe de les recevoir pour s'occuper d'elles, et non seulement de leur enseigner les premiers rudiments de l'instruction, mais de les initier à la pratique des grandes vertus chrétiennes. C'est de là que la nouvelle famille religieuse surgit, et, formée par les lois très prudentes de la règle, elle se répandit en France, dans les autres régions de l'Europe et au-delà des mers, pour le plus grand bien de l'Eglise et de la société.

Comme un arbre vigoureux et verdoyant, nourri et fécondé par la grâce divine, la congrégation se divisa en deux rameaux : l'un de pieuses vierges, consacrées à Dieu, qui, derrière la

3 Au lendemain de la Révolution française, tandis que se reforment ou se reconstituent les anciens Ordres, d'autres se créent surtout en France : Picpuciens, Maristes, Marianistes, Petits frères de Marie, Petits frères de l'enseignement de Jean-Marie de Lamennais, Dames du Sacré-Coeur, Dames de Sainte-CIotilde, Vincentines, Adoratrices du Saint-Sacrement, Soeurs de la Doctrine chrétienne de Gand, Soeurs de Sainte-Chrétienne de Metz, Providence de Ruille-sur-Loire, Soeurs de l'Education chrétienne de Saint-Maur, de Saint-Joseph de Cluny, Filles de Marie Immaculée, etc., etc.

Pour apprécier toute l'ampleur d'un mouvement aussi puissant qui prouve un renouveau si net de la vitalité catholique, il faudrait établir une statistique des fondations, des maisons, du personnel. Le travail Teste à entreprendre, très complexe et difficile, vu l'incroyable dispersion des sources. Cette énumération très rapide et très incomplète donne tout au moins quelque idée de l'effort accompli (Jean Leflon, La Crise révolutionnaire 1789-1846, p. 370, Ed. Bloud, Paris, 1949).

clôture religieuse, vaquent à la contemplation des mystères célestes et, par la prière et la pénitence, expient pour elles et pour les péchés du monde ; l'autre, de religieuses qui se consacrent à l'éducation de la jeunesse, s'efforcent de soigner les corps et les âmes malades, qui tiennent lieu de mères aux orphelins, en un mot, qui se penchent vers tous ceux qui soufrent pour les amener à l'espérance céleste.

Pendant que Nous rappelons la vie de cette sainte et de ses admirables entreprises, pendant que Nous évoquons tout ce que, avec l'aide de Dieu, elle a accompli, la congrégation fondée par elle et tous les autres Instituts religieux — qui, en nombre presque incalculable, produisent au cours des siècles des fruits de salut, — Nous ne pouvons pas ne pas affirmer à haute voix que l'Eglise et la société doivent beaucoup à tous ces ordres religieux de vierges. Si elles manquaient, si le Tout-Puissant ne les suscitait pas dans tous les pays, par son Esprit, et ne les assistait pas de Sa grâce, qui pourrait tenir dignement leur place ? Que chacun apprenne donc non seulement à les louer comme elles le méritent, à les aider matériellement et à bénéficier de leurs services, mais à tendre chacun selon son état, vers cette perfection de vertu qui seule donne droit à recevoir de pareils fruits de salut.

Que ces vierges consacrées considèrent comme un honneur d'être appelées à une si haute dignité, à savoir : servir Celui dont le service est une royauté, qui donnera en échange d'une vie mortelle sacrifiée pour lui une vie éternelle dans le ciel et qui accordera à celui qui aura quitté par amour pour Lui des plaisirs incertains et caducs, le bonheur sans fin des élus. Qu'à l'appel à une si haute dignité réponde la décision d'agir chaque jour avec courage et générosité.

Cette nouvelle sainte voulut confier et consacrer particulièrement son Institut religieux à la Sainte Famille. Dans cette Famille de Nazareth, les religieuses qui mènent la vie commune peuvent voir une forme élevée de sainteté à imiter, et tous les chrétiens trouvent également des exemples à suivre. Qu'ils marchent sur ces traces d'une âme joyeuse et courageuse. Et puisque la société domestique est comme une « école de vie publique »4, si les enfants, les mères, les pères de famille

4 Cic, De Off., 1. c, 17.

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124 DOCUMENTS  PONTIFICAUX £

i imitent Jésus, Marie et son chaste époux, alors, sans aucun doute, la société humaine pourra être complètement guérie et viendront des temps meilleurs et plus heureux. Que sainte Emilie de Rodât demande cela au ciel et nous l'obtienne du Divin Rédempteur ! Amen.5

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1 ,'k II

5 Cf. R. P. Raoul Plus, Sainte Emilie de Rodât (Ed. Apostolat de la Prière, Toulouse, 1950) ; décret à propos des miracles, 17 mars 1940 (A. A. S., 32, 1940, p. 157) ; décret pour la béatification, x< avril 1940 (A. A. S., 32, 1940, p. 201) ; Lettre apostolique concernant la béatification, 9 juin 1940, (A. A. S., 32, 1940, p. 392) ; décret de reprise de la cause de canonisation, 6 décembre 1942 (A. A. S., 35, 3943, p. 82) ; décret à propos des miracles, 12 janvier 1950 (A. A. S., XXXXII, 1950, p. 270) ; décret en vue de la canonisation, 5 mars 1950 (A. A. S„ XXXXII, 1950, p. 316).


ALLOCUTION AU PERSONNEL DE LA BANQUE D'ITALIE

(25 avril 1950) 1

A l'issue d'une retraite prêchée à une partie du personnel de la Banque d'Italie, le Pape adressa à cet auditoire Y allocution que voici :

Il Nous est particulièrement agréable, aujourd'hui, de voir réunis ici les dirigeants, employés et ouvriers de la Banque d'Italie. Votre présence, chers fils et filles, revêt un caractère spécial par le fait qu'elle se situe dans la lumière de l'Année Sainte. Cette pensée doit donner plus de force et d'efficacité aux propos que le Seigneur a inspirés à vos âmes durant les exercices spirituels que vous avez accomplis pour préparer la fête de Pâques. Il vous induira toujours davantage à considérer votre travail, non pas dans le sens matérialiste, mais selon sa véritable dignité et sa profonde valeur.

Le Pape souligne le sens de la vie professionnelle selon l'idéal chrétien :

Le labeur professionnel est pour les chrétiens une façon de servir Dieu. Pour d'autres, il ne peut n'être qu'un poids que l'on cherche à éviter le plus possible, ou bien une fin en lui-même, une idole, dont l'homme se fait l'esclave. Mais non pour nous.

Même si, avec les années, le labeur professionnel, devait devenir monotone, ou si, par obéissance à la loi de Dieu, il devait peser comme une gêne, ou comme un fardeau trop lourd, il n'en demeurerait pas moins toujours pour vous, chrétiens, l'un des moyens les plus importants de sanctification, l'une des

1 D'après le texte italien de VOsservatore Romano du 27 avril 1950.

façons les plus efficaces pour se conformer à la volonté divine et mériter le ciel.

Aucun chrétien ne peut considérer le travail d'une autre manière. S'il y a, aujourd'hui, tant de mécontentement, tant de légèreté, tant d'indifférence, c'est que la conception claire et véritable de la valeur chrétienne du travail n'existe plus, ou, si elle existe, elle n'est plus aussi vive dans les âmes.

Le travail doit donner à suffisance le pain quotidien à l'homme et à sa famille. Il ne s'agit pas là de quelque chose qui s'ajoute de manière extrinsèque, mais qui est intrinsèquement propre au travail professionnel, selon les desseins de Dieu. Est-il possible d'imaginer un plus puissant stimulant pour une juste organisation de la vie journalière que cette conception chrétienne du travail ?

.1

2° II doit apporter sa part à l'édification du bien commun :

Le travail doit, en outre, servir au bien général : il doit attester le sens de la responsabilité de chacun pour le bien de tous.

Pie XII précise le rôle du personnel de la Banque :

Qui pourrait négliger cet aspect du travail dans un Institut comme la Banque d'Italie ? Conscience, honnêteté, exactitude, ces qualités de tout bon travail sont d'autant plus inséparables du travail compris comme service de Dieu et deviennent, ainsi, profitables au bien-être de la communauté.

Comment une administration comme la vôtre pourrait-elle être une véritable communauté, et non seulement une simple existence en commun, sinon parce que tous, du premier au dernier, vous êtes conscients de travailler avec loyauté chrétienne, au bien de tous ?

Ne vous étonnez pas, chers fils, si Nous insistons sur l'aspect social de votre profession, lequel doit vous amener à l'estimer, à l'aimer, à l'exercer avec assiduité et conscience.

Le travail a des fonctions multiples :

1° Il doit permettre au travailleur de vivre :

L'argent, la richesse doivent servir au bien des hommes, selon les scriptions de la loi divine :

Dans les Saints Evangiles, le Divin Maître ne condamne pas les richesses justement acquises ; il loue ou réprouve la conduite droite ou inique de l'homme à leur égard : « Malheur à celui qui se fait leur esclave, parce qu'il n'est pas possible de servir deux maîtres 2. Malheur au mauvais riche qui ne vit que pour jouir, sans adresser un regard de pitié au pauvre Lazare qui, chargé de plaies, gît à sa porte 3. Oui, malheur à tous ceux-là, mais louange et récompense au serviteur fidèle et bon, qui a fait fructifier l'argent qu'il a reçu ; tout au contraire, blâme et châtiment au serviteur paresseux qui a caché sous terre l'argent de son maître, au lieu de le confier aux banquiers et d'en obtenir un intérêt convenable 4.

La Banque doit aider l'homme à bien utiliser sa richesse :

La fonction sociale de la Banque ne consiste-t-elle pas à mettre l'individu en état de faire fructifier le capital, même minime, au lieu de le dissiper ou de le laisser dormir sans aucun profit ni pour soi ni pour les autres ?

C'est pourquoi les services que la Banque peut rendre sont multiples : faciliter et encourager l'épargne ; réserver l'épargne pour l'avenir en la rendant fructueuse déjà dans le présent ; lui permettre de participer à des entreprises utiles qui ne pourraient être engagées sans son concours ; rendre faciles et parfois tout simplement possibles, le règlement des comptes, les échanges, le commerce entre l'Etat et les organismes privés et, en un mot, toute la vie économique d'un peuple ; établir, en quelque sorte, un régulateur qui aide à surmonter les périodes difficiles, sans courir à la catastrophe.

Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres. Mais ne sont-ils pas déjà chargés d'une impulsion puissante, soit pour les dirigeants sur les épaules desquels pèse — surtout en période de crise — la grosse responsabilité des décisions à prendre, soit pour les employés dont le travail demande une rigoureuse attention que rien ne doit distraire ?

2 Luc, 12, 20.

3 Luc, 16, io.

4 Matth., 25, 20-30.


128 DOCUMENTS   PONTIFICAUX V

:?»

Le travail humain doit chez le chrétien déjà prendre une valeur surnaturelle :

Le travail d'un homme qui vit dans la grâce sanctifiante doit manifester sa qualité d'enfant de Dieu, comme une source surnaturelle d'énergie quotidienne et de quotidiens mérites pour le ciel et les grands desseins du Règne de Dieu.

De cette manière, la journée de travail d'un vrai chrétien — apparemment non différente de celle des autres hommes et dédiée comme elle aux choses d'ici-bas — est, dès maintenant, plongée dans l'éternité.

Le travailleur chrétien demeure et travaille, en ce monde, de tout son pouvoir et de tout son vouloir, mais il vit de l'au-delà et pour l'au-delà ; jusqu'à l'heure où il plaira au Seigneur d'appeler son fidèle serviteur à la paix éternelle.

Avec ce souhait et en appelant sur votre travail les secours du ciel les plus abondants, Nous vous donnons à tous, de tout coeur, Notre Bénédiction apostolique.


LETTRE PROCLAMANT SAINT ALPHONSE-MARIE DE LIGUORI

PATRON DES CONFESSEURS ET MAITRES DE THÉOLOGIE MORALE

(26 avril 1950) 1

De tout temps, les Pontifes Romains ont eu coutume d'assigner comme Patrons particuliers à chaque groupe de fidèles qui remplissent des fonctions ou des ministères spéciaux de la vie chrétienne, les heureux habitants du ciel qui avaient le plus excellé pendant leur vie dans l'exercice des mêmes charges et ministères, pour qu'ils disposent du puissant secours des mêmes célestes protecteurs et en suivent les conseils et exemples lumineux. A l'exemple de Nos prédécesseurs, Nous-même, dès le début de Notre Souverain Pontificat, avons donné à des associations et instituts de Prêtres ou de fidèles plusieurs Patrons particuliers. Citons : S. Albert le Grand pour ceux qui s'adonnent aux sciences naturelles, S. François de Paule pour la marine italienne, les saintes Catherine, vierge de Sienne, et Catherine, veuve de Gênes pour les infirmières italiennes de service chez les malades et dans les hôpitaux ; S. Jean Bosco pour l'Association catholique des Editeurs d'Italie ; S. Joseph Calasance pour toutes les écoles populaires du monde entier ; la Bienheureuse Mère de Dieu sous le vocable de « Vierge Fidèle » pour les soldats italiens de la défense nationale ou « Carabinieri » ; l'Archange saint Michel pour les gardiens de l'ordre public en Italie. Il en est résulté une sorte d'émulation louable parmi les autres associations : elles demandent que Nous assignions aussi à chacune   d'elles  un  Saint   dont   la protection spéciale auprès de Dieu leur assure un appui et dont les vertus les animent à une imitation particulière. Il s'est donc fait que plusieurs Pères Cardinaux de la Sainte Eglise Romaine, de très nombreux Archevêques et Evêques, des Supérieurs Généraux d'Instituts religieux et de très illustres Recteurs d'Instituts Supérieurs, et aussi des spécialistes et professeurs de théologie morale, ont exprimé le voeu de Nous voir constituer saint Alphonse-Marie de Liguori, Evêque, Confesseur et Docteur de l'Eglise, comme céleste Patron auprès de Dieu de tous les Prêtres qui remplissent la fonction très importante et très salutaire de confesseur, et aussi de ceux qui, par la parole ou les écrits, s'occupent de quelque manière de l'enseignement de la théologie morale 2. Nous n'avons pas hésité à donner satisfaction à ces voeux, car personne n'ignore que saint Alphonse, comme semeur infatigable de la parole divine, a excellé merveilleusement par la doctrine, la prudence, l'assiduité, la patience, en recevant les confessions des fidèles, et comme Evêque, a parfaitement formé un très grand nombre de ministres du Sacrement de Pénitence dans son diocèse de Ste-Agathe des Goths, qu'il gouverna très saintement, et où il voulut siéger lui-même très fréquemment au saint tribunal, pour entendre les péchés à expier. Bien plus, il confia comme charge principale aux Confrères du St-Rédempteur qu'il réunit en Congrégation, la fonction d'entendre les confessions. Il enseigna enfin de bouche et par ses écrits une doctrine morale et pastorale excellente, pour l'instruction et la direction des confesseurs, doctrine très appréciée dans tout le monde catholique et recommandée souvent et fortement par les Souverains Pontifes comme une règle sûre pour les ministres de la Pénitence et les directeurs d'âmes. Notre prédécesseur Pie IX, dans le décret Urbi et Orbi, du 23 mars 1871, qui proclame saint Alphonse docteur de l'Eglise, n'hésita pas à affirmer en effet : « Il dissipa et éloigna les ténèbres des erreurs, largement répandues

2 Saint Alphonse de Liguori est né à Marianella près de Naples en 1696 ; après avoir été brillant avocat, il entre en 1723 dans les Ordres, et après son ordination en 1726 il prêche avec succès des missions populaires, et en 1732 fonde la congrégation des Rédemp-toristes en vue d'assurer la prédication des missions. Il est incomparable dans le ministère du confessionnal et publie de nombreux ouvrages de morale. En 1762 le pape Clément XIII le nomme évêque de Sainte Agathe des Goths, petit diocèse des environs de Naples. Il mourra en 1787 retiré, miné par la maladie, dans un couvent de son Ordre. Il fut canonisé en 1849. En 1871, Pie IX le déclarait docteur de l'Eglise.

par les incrédules et les Jansénistes. » Et peu après, le même Pontife, dans sa Lettre Apostolique sous l'anneau du Pêcheur, du 7 juillet de la même année, qui traite du progrès du culte du Saint Docteur, écrivit ces paroles : « Ce n'est pas sans un très sage dessein du Dieu Tout-Puissant qu'au moment où la doctrine des novateurs jansénistes attirait sur elle les regards, en alléchant et égarant un grand nombre sous les beaux atours de l'erreur, se dressait par-dessus tout Alphonse-Marie de Liguori, qui... ferait en sorte par ses savants et laborieux écrits d'extirper radicalement et de bannir du champ du Seigneur cette peste suscitée par l'enfer». Et Léon XIII, dans sa lettre aux Evêques d'Italie, du 8 décembre 1902, appelle saint Alphonse le plus illustre et le plus doux des théologiens moralistes, comme précédemment, au sujet de la doctrine morale enseignée par S. Alphonse, il avait déclaré « qu'elle était très célèbre par toute la terre et fournissait une règle sûre pour les directeurs de conscience ». Ce que confirma Pie X, dans la lettre qu'il écrivit en 1905 au Père Gaudé, éditeur de la Théologie Morale. Enfin Notre incomparable prédécesseur immédiat, lorsqu'il traite dans sa Lettre Encyclique : Ad catholici sacerdotii, de 1935, des qualités dont les confesseurs de Clercs doivent être abondamment pourvus, transcrit littéralement en la matière les mots et les avis de saint Alphonse. Tous ces précédents Nous persuadent, et Nous provoquent en quelque sorte à joindre Notre voix à tant d'autres si graves qui chantent ensemble en quelque sorte un hymne à l'honneur de saint Alphonse. Saisissant donc l'occasion favorable de l'achèvement du deuxième centenaire de la première édition du très célèbre ouvrage de la Théologie Morale, consentant aux prières de Notre cher Fils le Supérieur Majeur actuel de la Congrégation du Très Saint Rédempteur3, et de tous ses confrères, ouï également Notre Vénérable Frère Clément Micara, Cardinal de la Sainte Eglise Romaine, Evêque de Velletri, Préfet de la S. Congrégation des Rites, de Notre pleine connaissance et mûre délibération, et dans la plénitude de Notre pouvoir Apostolique, Nous choisissons et constituons à perpétuité saint Alphonse-Marie de Liguori, Evêque, Confesseur et Docteur de l'Eglise, céleste Patron auprès de Dieu de

3 Le Supérieur général de la Congrégation du Très Saint Rédempteur est, depuis 1947, R. P. Bernard Buys. Il réside à Rome, Via Merulana 31. Il y a actuellement 7,120 Ré-emptoristes répartis dans 523 couvents.

tous les Confesseurs et Moralistes, avec tous et chacun des honneurs et privilèges liturgiques qui appartiennent régulièrement aux Patrons des groupements. Nonobstant toutes dispositions contraires, Nous décrétons ceci, décidant que la présente Lettre reste toujours valide et efficace ; qu'il faut donc ainsi exactement juger et fixer ; et qu'est dès maintenant nulle et sans valeur quelque mesure différente qui se trouverait attentée par quiconque et de n'importe quelle autorité, sciemment ou par ignorance.


ALLOCUTION AU CONGRÈS MONDIAL DES CHAMBRES DE COMMERCE

(27 avril 1950)1

Les Chambres de Commerce tinrent leur premier Congrès mondial à Rome. Celui-ci réunissant des délégués de 35 pays, se clôtura par une audience qui eut lieu dans la Salle du Consistoire et au cours de laquelle le Pape prononça Y allocution suivante :

Nous avons grande joie à vous recevoir ici, représentants des Chambres de commerce de tout l'univers, vous qui, par le fait, représentez l'élite du monde commercial.

Le Pape indique aux assistants les principes qui doivent guider la vie commerciale.

Nous ne voudrions pas laisser passer sans la saisir au vol cette occasion de vous dire — dans la mesure où les obligations extraordinaires de cette Année Sainte Nous le permettent — quelques brefs mots de la conception chrétienne de votre profession. Son rôle, son influence, ses responsabilités sont, à l'heure actuelle, d'une importance et d'une gravité plus grandes que jamais, telles qu'il est, croyons-Nous, tout à fait opportun de couronner vos travaux techniques et juridiques par une sérieuse considération morale et de ce rôle et de ces responsabilités.

Le commerce a besoin d'un climat de liberté pour s'épanouir.

Ce n'est pas sans une signification assez expressive que la mythologie a donné des ailes à Mercure. N'y faut-il pas voir le

1 D'après le texte français de l'Osserffltore Romano du 28 avril 1950.

symbole de la liberté d'allure dont le commerçant a besoin, au-delà comme en deçà des frontières de son pays ?

Toutefois, cette liberté doit rester subordonnée aux exigences du bien commun.

Certes, il n'est pas question — et nul d'entre vous n'y songe — de revendiquer une liberté illimitée, incompatible avec la fin et les exigences de l'économie nationale, avec le souci permanent de la prospérité matérielle de tous. Tant s'en faut que c'est, au contraire, en vue de cette prospérité que vous aspirez à une plus pleine liberté de commerce. Et vous avez raison.

Or aujourd'hui, ce régime de liberté est trop souvent méconnu par des ingérences abusives des pouvoirs publics dans le domaine commercial.

Il ne suffit pas, malheureusement, d'avoir raison dans la sereine région des principes, tant que les désirs les plus légitimes restent pratiquement irréalisables du fait que des motifs, d'ordre purement politique, persistent à gêner la circulation et les communications des personnes et des marchandises. Il y a même des pays où est érigée en système la remise plus ou moins absolue de tout le commerce aux mains de l'autorité publique. Affirmons-le clairement : c'est là une tendance en opposition avec le concept chrétien de l'économie sociale.

Le commerce n'est pas en ordre principal une activité de l'Etat, mais une activité individuelle.

Le commerce est, fondamentalement, une activité de l'individu et c'est cette activité privée qui lui imprime sa première impulsion, qui allume la flamme et l'entrain dans celui qui s'y adonne.

Mais il est clair que cette activité individuelle du commerçant doit respecter les règles de la morale sociale et notamment demeurer au service de la communauté.

Encore est-il que vous n'atteindrez la fin que vous visez, c'est-à-dire le profit de la prospérité générale, qu'à la condition de mettre en pleine lumière l'exercice personnel du commerce au service du bien-être matériel de la société. Le commerçant,

dira-t-on, doit être habile : sans doute ! Il doit être homme d'affaires, prudent plus que sentimental : sans doute encore ! Mais il doit, à ces qualités strictement professionnelles, joindre un concept élevé de l'idéal de sa profession. Homme d'affaires, il doit se considérer également comme serviteur de la communauté.

Celui qui ne recherche que son profit individuel est un traître dans la vie sociale.

A n'avoir d'autre ambition que d'encaisser toujours plus d'argent et de s'enrichir, il trahirait sa vocation, car on peut bien appeler de ce nom la mission que Dieu lui assigne, surtout dans des conjonctures particulièrement difficiles, en tant que commerçant. Il ferait ainsi le jeu des malveillants qui s'appliquent à faire, du commerce, un vampire vivant aux dépens de toute la vie économique.

Au contraire, celui qui vise à réaliser l'ordre voulu par Dieu, celui-là accomplit son devoir et assure la prospérité générale.

S'il vise, au contraire, et s'il s'efforce de faire circuler les biens de la terre, destinés par Dieu à l'avantage de tous, en sorte de les amener là où ils doivent servir et de manière à les mettre en mesure de bien servir, alors, oui, le commerçant est un bon et vrai serviteur de la société, un garant contre la misère, un promoteur de la prospérité générale.

Les commerçants font bien de s'unir pour promouvoir cette pratique saine de leurs fonctions.

Puisse, notamment, la concentration du commerce dans les Chambres de commerce et, peut-être un jour, la constitution de celles-ci en représentantes de tous ceux qui se rattachent à cette profession, contribuer à maintenir partout dans sa pureté l'idéal de l'honnêteté et, comme on dit parfois, royalement magnifique commerçant.

Enfin, la vie du commerçant doit respecter en plus des fins morales les fins religieuses du commerce, celui-ci étant ordonné à la poursuite des biens matériels, mais aussi à la poursuite des biens spirituels.

Mais l'important, — car c'est le fondement solide de tout, — est que cet idéal porte l'empreinte religieuse. Notre-Seigneur lui-même ne s'est-il pas plu à comparer le royaume du ciel à la pierre précieuse cjue le sage commerçant acquiert au prix de tous ses biens2 ? Telle soit aussi votre conviction à tous ; transmettez-la à vos enfants, répandez-la parmi la jeunesse de votre profession. Par là, vous attirerez sur vous, sur la bonne et saine marche de vos affaires et sur le monde entier, les plus abondantes faveurs divines, en gage desquelles Nous vous donnons de grand coeur Notre Bénédiction apostolique.

¦i:

2 Matth., 13, 45.

1 D'après le texte français de l'Osservatore Romano du 2 mai 1950.

2 Paul Claudel est né en 1868 à Villeneuve-sur-Fère en Tardenois. Il vint à Paris suivre les cours de droit et de l'Ecole des Sciences politiques. Baptisé dès sa naissance, il avait perdu la foi au cours de sa jeunesse, et le jour de Noël 1886, au cours de l'office en la cathédrale de Notre-Dame de Paris, brusquement il se convertit. Il entra dans la carrière diplomatique et fut nommé vice-consul de France à New-York en 1893, puis consul a Boston. Par après, il fut envoyé à deux reprises en Chine. Il fut ambassadeur au Japon de 1921 à 1925, puis à Washington de 1927 à 1933, et ensuite à Bruxelles. Il prit sa retraite


Pie XII 1950 - DISCOURS AUX UNIVERSITAIRES FRANÇAIS