Pie XII 1950 - ALLOCUTION AU CONGRÈS MONDIAL DES CHAMBRES DE COMMERCE


ALLOCUTION D'HOMMAGE A PAUL CLAUDEL

(29 avril 1950) 1

En une séance d'apparat, un groupe d'artistes du Théâtre parisien Hébertot récita devant le Saint-Père — en présence de M. Paul Claudel — une série de ses poèmes :

Saint Pierre, Hymne de Saint Benoît, La Vierge à Midi, Quatrième Station du Chemin de Croix, Sainte Scholastique, Sainte Cécile, L'Enfant Jésus de Prague, Pour la fête de Sainte Agnès, Saint François Xaviei Notre-Dame Auxiliatrice, Sainte Thérèse de Lisieux, Le Mois de Marie, Chant de marche de Noël.

Le Pape, après cette récitation, souligna que la vraie grandeur de l'art consiste à le mettre au service de la foi :

Nous ne saurions exprimer de façon plus éloquente nos félicitations à l'éminent Académicien, dont Nous venons d'entendre réciter quelques morceaux de choix, qu'en lui montrant cette assemblée imposante par la qualité des hautes personnalités qui la composent. Elle est venue témoigner tout à la fois son admiration pour le délicat poète et sa vénération pour l'ancien diplomate, illustre Ambassadeur de France, pour le génial vieillard, à qui chaque printemps semble apporter un renouveau de jeunesse et de verdeur 2.

Si grand que soit l'intérêt que l'Eglise a toujours pris aux manifestations de l'art, qui projette sur la terre quelque chose de la lumière du ciel, Nous éprouvons un intérêt plus direct et plus profond encore à l'audition de ces poésies mises en valeur par l'exquise délicatesse et l'intelligente pénétration de leurs interprètes. Il Nous semblait suivre par la pensée et le souvenir l'itinéraire d'une âme saisie, conquise par la grâce du Christ et qui, du jour de sa conquête, s'efforçait, toujours ardente, jamais satisfaite, recourant à l'aide de formes nouvelles, fussent-elles parfois hardies, d'exprimer dans son chant l'amour dont elle déborde.

Puissent les fortunés auditeurs de ce régal littéraire et religieux emporter dans leurs âmes un saint élan pour monter vers le Christ, Verbe de Dieu, chant éternel du Père dont toute vraie poésie est ici-bas l'écho.

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en 1936. Il écrivit un nombre important d'oeuvres parmi lesquelles il faut citer L'Annonce faite à Marie et le Soulier de Satin. En 1946, il était élu membre de l'Académie française.


DÉCRET

DE LA S. CONGRÉGATION DU SAINT-OFFICE EXCOMMUNIANT LES PRÊTRES APOSTATS EN ROUMANIE

(2 mai 1950) 1

Les autorités communistes de Roumanie ont, dès 1948, supprimé par une loi l'Eglise catholique de rite byzantin. Ensuite, elles se sont attaquées à l'Eglise catholique de rite romain, en réduisant le nombre d'évêques, puis en emprisonnant ceux-ci. Ensuite, on essaya de placer les catholiques, au nombre de 1.200.000, sous la juridiction du patriarche orthodoxe de Bucarest, et, pour ce faire, on invita des prêtres catholiques à fournir leur assistance.

C'est pour mettre en garde les fidèles contre de tels procédés que le Saint-Office publia le décret que voici :

Quelques prêtres catholiques de rite latin, en Roumanie, poussés par les communistes, essayent — tant en privé qu'en public — de soustraire les membres du clergé et des fidèles catholiques à l'autorité des Pasteurs légitimes et principalement du Pontife Romain.

Parmi eux, le prêtre André Agotha occupe la première place bien qu'ayant déjà reçu un avertissement du Saint-Siège, il persévère avec ténacité dans sa manière d'agir.

C'est pourquoi les Eminentissimes et Révérendissimes Pères responsables de la foi et des moeurs ont décidé :

i° Le prêtre André Agotha est déclaré « excommunié à éviter » avec tous les effets juridiques que comporte le canon 2258 et suivants 2.

1 D'après le texte latin de VOsservatore Romano du 5 mai 1950.

2 Le canon 2258 précise qu'on ne peut être « excommunié à éviter » que par un décret nommant personnellement le coupable.

L'excommunié ne peut plus assister aux offices divins, ni recevoir les sacrements. Les-, fidèles éviteront de fréquenter ces excommuniés, sauf s'il y a des motifs raisonnables de le faire.

3 Le canon 2314 déclare que tous les apostats de la foi chrétienne encourent ipso facto* l'excommunication.

2° Les prêtres auxquels il a été fait allusion sont avertis qu'ils seront également déclarés « excommuniés à éviter », à moins qu'ils ne cessent immédiatement de favoriser l'action schismatique.

3° Que les autres prêtres et tous les fidèles catholiques veillent à ne pas adhérer à la secte schismatique, car sinon, ils sont ipso facto excommuniés, en vertu du canon 2314 3.


DISCOURS A LA CONFÉRENCE MONDIALE DE LA RADIODIFFUSION A HAUTE FRÉQUENCE

(5 mai 1950) 1

Les représentants de cinquante-cinq nations s'étant réunis h Rome pour discuter certains problèmes posés par la Radiodiffusion, furent reçus en audience au Vatican et le Pape leur adressa le discours que voici :

De grand coeur, Messieurs, Nous vous souhaitons ici la bienvenue et Nous saisissons cette occasion de vous témoigner le grand intérêt que Nous prenons à vos travaux dont Nous apprécions et la difficulté et l'importance.

Il faut tout d'abord essayer de mettre de l'ordre dans le monde des ondes :

Certes, les difficultés sont multiples, les problèmes ardus. Difficultés et problèmes d'ordre technique, qui ne font que s'aggraver à mesure que s'intensifie et se répand l'usage des télécommunications. L'encombrement des rues de nos grandes métropoles semble parfois inextricable et fait envisager avec anxiété ses futurs développements ; il ne montre toutefois qu'un aspect partiel, le plus immédiatement perceptible de la situation. C'est, à leur tour, les océans, en surface et en profondeur, c'est l'air, c'est la stratosphère et l'ionosphère qui se trouvent envahis, eux aussi, jusqu'à l'encombrement, lequel ne peut faire que croître et embellir. Les perfectionnements de l'outillage et des méthodes, si admirables qu'ils puissent être, ne sauraient suffire à y parer. Non moins que la circulation des véhicules et des piétons, sur le sol, celle des ondes exige une « réglementation » de leur usage. En d'autres termes, cet usage doit forcément être limité par une discipline.

1 D'après le texte français de l'Osservatore Romano du 6 mai 1950.

Mais cette tâche est complexe ; elle déborde du plan technique pour envahir le domaine politique et idéologique :

Or, cette limitation fait surgir à son tour de nouvelles-difficultés, de nouveaux problèmes ; difficultés et problèmes d'ordre national et international.

S'il ne s'agissait encore que d'intérêts véritables, une entente loyalement fraternelle pourrait venir à bout, sinon de les concilier parfaitement, du moins de répartir équitablement les sacrifices.

Mais d'autres complications surviennent. Qu'il suffise ici de faire allusion à certains contrastes de caractère politique ou idéologique. Mais, en outre, que de susceptibilités, ou rivalités sur le plan national, culturel, social, économique ! Elles sont peut-être moins importantes que les complications susdites ; pourtant, parce que c'est sur elles que l'humanité se montre d'ordinaire plus rétive aux concessions réciproques, elles viennent fâcheusement entraver les efforts de ceux qui assument la tâche, en soi déjà si ardue, de la technique et de l'organisation.

Le but même de cette deuxième Conférence mondiale de la Radiodiffusion, est d'essayer de trouver une solution à ces difficultés :

C'est au milieu de ces difficultés et en vue de les aplanir le mieux possible que vous avez à manoeuvrer pour mettre, autant que faire se peut, tout le monde d'accord. Vos efforts, Messieurs, sont hautement méritoires. Ce qui doit vous soutenir, c'est la conviction solidement fondée de servir la cause de l'humanité, des individus, des nations, des sociétés, la cause de la civilisation, de l'union, de la paix. .;

La radiodiffusion apporte des bienfaits immenses à l'humanité :

On entend parfois formuler des plaintes au sujet des méfaits de la radio et de son rôle dans la perversion des esprits et des moeurs. Faudrait-il donc, parce que la malice de quelques-uns abuse des dons de Dieu et des découvertes de l'homme, se frustrer soi-même et les autres du bénéfice qui en était la fin providentielle ? A coup sûr, il faut condamner et flétrir les abus ; mieux encore, il faut prendre pour les réprimer les mesures les plus efficaces. Quant aux acquisitions dont chaque génération s'enrichit, il faut, au contraire, les valoriser et faire

en sorte que le bien qui en résulte, grâce à l'action des hommes de science et de conscience, surpasse et neutralise le mal fait par d'indignes exploiteurs.

Sur le plan pratique, en lançant des appels au secours en cas de détresse :

Ce bien est incalculable et dans tous les domaines. Mais dans le domaine directement pratique, qui pourra suffisamment louer les immenses services rendus par la radiodiffusion en cas de détresses urgentes et d'extrême péril ?

En diffusant les informations :

Qui dira l'utilité sociale des informations dans les communications échangées entre tous les membres de la grande famille humaine ?

En répandant la culture :

Qui pourra évaluer le profit qu'apporte à la culture générale la possibilité de faire entendre les conférences et les leçons les plus variées, de faire goûter les charmes élevants de la belle diction et de la belle musique ?

Déjà antérieurement, le Pape a parlé des bienfaits de la radiodiffusion :

Nous n'insistons pas sur tous ces avantages, ayant eu l'occasion d'en parler expressément, il y a près de trois ans, au cinquantième anniversaire des découvertes de Marconi, le 3 octobre 1947.

L'Eglise elle-même trouve dans la radiodiffusion un excellent instrument à son service :

A tout cela l'Eglise, disions-Nous, s'intéresse. Faut-il s'en étonner ? Elle est au-dessus des diversités nationales, elle est universelle. Elle trouve dans la radiodiffusion un concours éminemment précieux à l'accomplissement de sa mission propre. Il est vrai que l'audition par radio d'une messe n'est pas la même chose que l'assistance personnelle au divin sacrifice. La radio ne remplace pas complètement les contacts personnels. Mais de quelle ressource elle est pour le Chef suprême de l'Eglise et pour les autres pasteurs des âmes, à qui elle permet de parler directement à leurs fils et filles spirituels, de prier avec eux.

En particulier, les malades trouvent dans la radiodiffusion religieuse des motifs nouveaux d'espérance :

Quelle force intime et quel stimulant religieux peut apporter le microphone qui pour beaucoup est l'unique réconfort, l'unique soutien, qu'ils puissent recevoir du dehors. Pensez donc à ces milliers de malades cloués sur leur lit ; aux populations qui n'ont ni église ni prêtre. Par la radio, du moins, ils peuvent encore vivre en communication avec les sources de la foi et de la grâce.

La Cité du Vatican développe de plus en plus sa station de radiodiffusion 2 :

Voilà pourquoi, et vous l'avez compris, cette Cité du Vatican a tenu à prendre sa part de collaboration à tous les travaux concernant la radio, à installer et développer sa propre station. Elle n'a point, comme les autres Etats, ses intérêts politiques à promouvoir, elle en a de plus hauts et de plus sacrés.

La radiodiffusion jouera son rôle éducatif si elle se base sur la saine conception de l'homme :

Avec raison, la radiodiffusion se regarde comme revêtue d'une mission éducative, mais à la condition toutefois qu'elle ne laisse pas à l'écart de l'accomplissement de cette mission, ce qui en est la fin principale : image de Dieu, l'homme a le devoir de parfaire en lui la divine ressemblance dans sa manière de penser, de vouloir, d'agir. Cest à l'y aider que doit tendre toute éducation. Le corps de l'homme, sa vie temporelle

2 Durant ces dernières années le poste d'émission de Radio Vatican a pris d'heureux développements. Il dispose d'appareils émetteurs de plus en plus puissants ; il possède déjà des appareils de télévision permettant de transmettre des vues de l'intérieur de la basilique et de la place Saint-Pierre.

Les émissions vaticanes ont lieu en 24 langues.

et matérielle, doivent être l'objet de respect et de soin ; nous l'avons souvent rappelé. Son âme et sa vie intellectuelle et spirituelle est incomparablement plus digne de sollicitude ; elle est, en fin de compte, l'ultime et suprême raison de toute instruction et de toute éducation. Comment la radio pourrait-elle donc exclure du nombre de ses devoirs et des fins qu'elle poursuit, la formation religieuse ?

Nous prions Dieu de bénir les conclusions de votre Congrès, afin qu'elles servent, d'une part, au progrès de l'entente, de l'union, de la paix, d'autre part, au bien temporel, au perfectionnement intellectuel, moral, religieux de l'homme.

u LETTRE


A L'OCCASION DU VINGTIÈME ANNIVERSAIRE DE LA JEUNESSE AGRICOLE DE FRANCE

(7 mai 1950)1

Au cours du Congrès de la Jeunesse Agricole Catholique, réuni le 14 mai 1950 à Paris, S. Exc. Mgr Feltin, archevêque de Paris, lut la lettre suivante que Pie Xli lui avait adressée :

Après des années de patient et de fécond labeur, voici qu'en grand nombre, jeunes gens et jeunes filles de l'Action Catholique rurale convergent de toutes les campagnes françaises vers la capitale pour célébrer d'une voix unanime leur vingtième anniversaire. La présence, à ce Congrès, de maintes personnalités eminentes de l'épiscopat proclame déjà assez haut l'estime en laquelle l'Eglise tient ce double mouvement de la J.A.C. et de la J.A.C.F. 2 ; mais en Nous adressant personnellement à vous, qui bientôt accueillerez ces jeunes à Paris, Nous voulons leur exprimer à tous, avec Nos voeux paternels, Notre gratitude et Notre confiance.

Gratitude d'abord pour les efforts persévérants de ces premières années. A bien des égards, en effet, ce furent, pour les pionniers de cette Action Catholique, les temps austères du défrichement, de l'ensemencement et de la longue attente des moissons futures. Et, maintenant encore, c'est, Nous le savons, par un travail obscur et solitaire, que nombre de ces jeunes doivent poursuivre l'oeuvre entreprise. Mais, forts du mandat de la Hiérarchie, guidés et soutenus par de zélés aumôniers, ils

1 D'après le texte de La Croix du 16 mai 1950.

2 Le Secrétariat de la I. A. C. est situé à Paris, 7, rue Coëtlogon ; l'aumônier national est le R. P. Dejardin S. J. Ce mouvement compte Z50.000 membres. Il publie entre autres Les Cahiers du Clergé rural. Le Secrétariat de la J. A. C. F. est fixé à Paris, 27, rue Cassette ; l'aumônier national en est l'Abbé Blanchon et le mouvement a 160.000 membres.

ont surmonté ces obstacles et construit un édifice qui repose non sur le sable des enthousiasmes éphémères, mais sur le roc de convictions affermies dans le sacrifice.

Aujourd'hui, de tous les points de la campagne française, monte une jeunesse catholique unie, convaincue et ardente, qui est pour l'Eglise, comme pour sa patrie, un puissant motif d'espoir. Aussi, à tous Nos fils et toutes Nos filles réunis au Congrès de Paris, et à tous ceux qu'ils représentent, Nous adressons par Notre voix, nos encouragements ; Nous leur disons Notre confiance.

Qu'ils conservent toujours intact leur idéal d'Action Catholique, fiers de leur mission d'être avant tout, au milieu des jeunes ruraux, de toutes professions, une présence vivante et rayonnante de l'Eglise. Cette perspective majeure commandera leur docilité à l'égard de la Hiérarchie ; elle suscitera et orientera à l'avenir les initiatives nécessaires à la croissance de tels mouvements. Que, sur ce point, le succès des méthodes d'hier ne durcisse pas les modes d'action de demain. Dieu veuille qu'avec la sagesse acquise au contact des réalités passées, la jeunesse catholique des campagnes garde toujours pure cette « charité première » 3, garantie de toutes les adaptations, source de tous les renouveaux.

Qu'ils entendent aussi, Nos chers fils et chères filles, l'exhortation pressante que Nous leur renouvelons en faveur de la famille chrétienne !

Fidèle à la tradition séculaire de l'Eglise, le « Jacisme », dès l'origine, s'est proposé d'élever, au sens plénier du terme, ceux qui se consacrent à sa cause ; il s'est assigné pour tâche la formation des jeunes à leurs futures obligations apostoliques et civiques dans le monde rural. Or, au premier plan de cette action éducative, Nous mentionnons la régénération de l'institution familiale. Déjà, à leur âge, les conditions en sont la réforme de moeurs trop libres, le respect de la jeune fille, la sérieuse préparation au mariage, et plus tard, la fondation de foyers chrétiens dont de nombreux enfants seront la parure normale et où refleuriront le sens de l'autorité des parents et la pratique de la prière commune.

Mais, souvent, ces réformes si souhaitables sont, dans l'ordre temporel, en dépendance de conditions de vie encore imparfaites

Apoc, 2, 4.

ou incompatibles avec les aspirations d'une vraie communauté chrétienne. C'est alors que, dans ce monde rural, qu'ils connaissent d'expérience, et dont les structures économiques et sociales tentent de se renouveler, les jeunes militants catholiques et leurs aînés doivent répandre le ferment évangélique. A eux de découvrir, par une action réfléchie au sein de leur milieu, les vraies dimensions de la charité du Christ et les impérieuses exigences de leur titre de chrétien. L'extension du machinisme au monde paysan et les étroites relations qui se nouent entre la vie rurale et la vie industrielle des cités, posent en effet aujourd'hui à Notre Action Catholique des problèmes humains qu'on peut qualifier de graves et d'urgents. Et c'est pourquoi, encore que ces dernières tâches ne relèvent pas de la compétence immédiate des « Jacistes » réunis au Congrès de Paris, Nous n'avons pas craint de les en entretenir : pouvions-Nous mieux témoigner la confiance que Nous leur faisons ?

Qu'ils se souviennent enfin que si l'homme plante ou arrose, « c'est Dieu qui toujours a donné la croissance » 4. Cet avertissement de l'Apôtre Nous paraît pour tous une salutaire invitation à la vie intérieure. Cette nature d'ailleurs, au sein de laquelle ils travaillent, offre à leur prière un cadre privilégié. En pénétrant, à la lumière de la foi, ce sens religieux de la création, ces jeunes donneront à leur piété une assise traditionnelle et concourront à rendre à la vie rurale un équilibre chrétien qui fit longtemps sa force et sa stabilité. Nous voyons aussi en cet accroissement de valeur spirituelle la promesse de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses qui apporteront une décisive contribution à l'évangélisation des campagnes. Dès maintenant, le devoir de l'Action Catholique rurale est de soutenir de toutes manières le travail apostolique du clergé paroissial qui se dépense au service des populations déchristianisées.

Puisse Dieu répondre largement aux instantes prières qui lui seront adressées au cours de ce Congrès et combler tous ces jeunes de grâces abondantes ! De tout coeur, Nous en formons le voeu et, en gage de Notre spéciale sollicitude, Nous accordons aux aumôniers, aux dirigeants et à tous les membres de la J.A.C. et de la J.A.C.F. Notre paternelle Bénédiction apostolique 5.

4 I. Cor., 3, 6.

5 Cf. Lettre à Son Exc. Mgr André Charue, évêque de Namur, à l'occasion du XXe anniversaire de la Jeunesse rurale catholique de Belgique, 15 août 1949 (Documents Pontificaux 194g, p. 327).


HOMÉLIE

PRONONCÉE LORS DE LA CANONISATION DE SAINT ANTOINE-MARIE CLARET

(7 mai 1950)1

Antoine-Marie Claret est né en 1807 à Salent, dans le diocèse de Vich près de Barcelone. Dès l'âge de 17 ans, le jeune Antoine était envoyé par son père à Barcelone pour se perfectionner dans le métier de tisserand, afin de pouvoir plus efficacement aider son père. Très expert en son métier, il consacrait ses loisirs à l'étude et notamment à celle du latin. Il poursuivit dès lors des études plus régulières au séminaire. Le 21 juin 1835, il était ordonné prêtre et rapidement s'engagea dans le ministère des missions populaires ; en même temps, il publiait des brochures apostoliques. En 1850, il était nommé archevêque de Cuba ; puis, en 1857, rentrait en Espagne pour devenir le confesseur de la reine Isabelle IL II fonda la Congrégation des Missionnaires, Fils du Coeur Immaculé de Marie qui, aujourd'hui, compte 220 communautés et 2.400 membres 2.

A la suite des révolutions politiques, il mourait en exil en France, le 24 octobre 1870.

Lorsque Nous évoquons la vie de saint Antoine-Marie Claret, Nous ne savons ce qu'il faut le plus admirer : l'innocence de son âme que, dès sa plus tendre enfance, des soins attentifs et sa prudence conservèrent intacte, tel un lis entre les épines ; ou l'ardeur de sa charité qui le faisait tendre au soulagement de toutes les misères ; ou enfin son zèle apostolique qui le fit contribuer si fortement, par une activité de jour et de nuit, par des prières instantes pour le salut des âmes, par de nombreux

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXII, 1950, p. 370.

2 La maison-mère des Clarétains ou Fils du Coeur Immaculé de Marie est Via Giu-ta* 131, à Rome.

voyages, par des discours enflammés d'amour pour Dieu, à la réforme des moeurs privées et publiques selon l'esprit de l'Evangile.

Lorsque, jeune homme, il exerçait le métier de tisserand pour obéir à la volonté de son père, il donna à ses compagnons de travail de tels exemples de vertu chrétienne, qu'il excitait l'admiration de tous ; et dès qu'il pouvait cesser le travail et se reposer, il gagnait une église où il passait ses meilleures heures en prières et en contemplation devant l'autel du Saint Sacrement ou l'image de la Vierge. Car il était dans les vues de la Providence qu'avant même \ d'être élevé à un état de vie supérieure, il donnerait aux travailleurs des exemples admirables et imitables d'honneur et de sainteté.

Après quelques années, surmontant bien des obstacles, il put enfin réaliser, le coeur rempli de gratitude pour Dieu, ce qu'il avait toujours souhaité et se consacrer totalement à Dieu. Admis au séminaire diocésain, il se donna avec joie et courage à l'étude, obéissant avec soin au règlement, et s'efforça partout de développer en son âme les dons naUirels pour reproduire par ses paroles et ses actes la vivante image de Jésus-Christ. Aussi est-ce comme un infatigable soldat qu'ayant achevé ses études et devenu prêtre, il se lança tout heureux dans le champ de l'apostolat, comptant moins sur les moyens humains que sur la puissance divine ; et, dès le début de son ministère sacerdotal, il obtint d'admirables fruits de salut. En s'acquittant de ce ministère, il prit toujours un soin particulier à rechercher ce qui lui paraissait répondre le mieux aux besoins de son époque. C'est ainsi que voyant une ignorance assez générale des préceptes divins et la tiédeur d'un grand nombre vis-à-vis de la religion être cause d'un affaiblissement de la piété chrétienne, d'une désertion des églises et de la ruine lamentable des moeurs, il forma avec opportunité le projet d'entreprendre des courses missionnaires pour organiser dans diverses villes et villages des prédications de plusieurs jours.

Pendant qu'il prêchait, son visage rayonnait de la charité dont brûlait son âme : les paroles qui sortaient de ses lèvres, ou plutôt de son coeur, étaient telles que les assistants étaient souvent émus jusqu'aux larmes et, qui plus est, inclinés à tendre d'un coeur sincère vers une vie meilleure et plus sainte.

Aussi lui arrivait-il d'obtenir plus que de salutaires améliorations, le renouvellement des moeurs, qu'il confirmait effica-

cernent en accomplissant au nom de Dieu d'extraordinaires miracles.

Comme sa réputation de sainteté se répandait chaque jour davantage, il fut jugé digne d'être promu archevêque et de se voir confier l'île de Cuba. Bien qu'il y rencontrât de très graves difficultés et des obstacles sans cesse renaissants, il ne se laissa pas décourager par les travaux les plus durs, ni les périls de tous genres ; ce qu'en bon soldat du Christ il avait fait en Espagne, cet excellent, cet intrépide pasteur s'efforça de le réaliser dans l'île.

Rappelé ensuite dans sa patrie, et choisi comme confesseur de la reine et son conseiller, il n'eut pas d'autres préoccupations que la recherche de ce qui était le plus utile au salut de son auguste pénitente : la défense des droits de l'Eglise et le développement de tout ce qui pouvait concourir à l'expansion de la religion catholique.

L'oeuvre si utile qu'il avait déjà commencée depuis longtemps, à savoir la fondation d'un groupe de missionnaires consacrés au Coeur Immaculé de la Vierge Marie fut achevée et si bien affermie et dotée de Règles très sages qu'elle se propagea peu à peu avec succès en Espagne, dans presque toutes les nations d'Europe et jusqu'aux Amériques, ainsi qu'en Afrique et en Asie.

Tels sont, vénérables frères et chers fils, les principaux traits de la physionomie de ce saint et le très bref résumé de ses oeuvres. On voit clairement combien saint Antoine-Marie Claret s'est signalé par sa sublime vertu et par tout ce qu'il accomplit pour le salut de son prochain. Si les ouvriers, les prêtres, les evêques et tout le peuple chrétien tournent leurs regards vers lui, ils auront certes tous des raisons d'être frappés par ses exemples lumineux et d'être entraînés, chacun selon son état, à l'acquisition de la perfection chrétienne, seule source d'où pourront sortir les remèdes que réclame la situation troublée actuelle et d'où pourront naître des temps meilleurs.

Puisse le nouveau saint nous obtenir cela du Divin Rédempteur et de sa Mère Immaculée. Et que ce soit le fruit béni de cette solennelle célébration. Amen.3

3 Cf. Discours à l'occasion de la canonisation de saint Antoine-Marie Claret le 7 mai 195° ; décret sur les miracles, 12 janvier 1050 (A. A. S-, XXXXII, 1950, p. 268) ; décret concernant la canonisation, 5 mars 1950 (A. A. S., XXXXII, 1950, p. 314).


DISCOURS AUX PÈLERINS *

A L'OCCASION DE LA CANONISATION DE SAINT ANTOINE-MARIE CLARET

(8 mai 1950) 1 '     ;

Le lendemain de la canonisation de saint Antoine-Marie Claret2, le Saint-Père reçut en audience les pèlerins espagnols venus à Rome pour cette célébration :

Vous êtes venus, chers fils, de presque toutes les régions de l'Espagne, pour assister au triomphe solennel de celui dont le nom est prêt à jaillir de toutes les lèvres en ce moment : saint Antoine-Marie Claret. Et Nous, en vous accueillant avec la plus grande cordialité, et la plus paternelle affection, Nous désirons vous souhaiter la bienvenue et vous exprimer la satisfaction que nous avons eue à accorder les plus grands honneurs des autels à une si éminente figure, qui est à l'honneur de votre patrie et de l'Eglise.

Il n'est pas de ceux que la gloire tire de l'ombre où ils vivaient ignorés ou cachés. Fils de parents très chrétiens, mais modestes, Antoine-Marie Claret, au cours de son enfance et de sa jeunesse, fit son apprentissage comme tisserand, à l'atelier ; mais très vite, les nombreux dons que le Créateur avait déposés en son âme privilégiée et la générosité avec laquelle il répondit à la voix divine l'élevèrent au-dessus du niveau commun.

C'étaient des temps difficiles et confus : aussi son premier ministère dans sa petite patrie — Salent — ne fut point tellement simple ; et encore plus si l'on considère aussi qu'en son âme ardente résidait quelque chose qu'il n'arrivait pas lui-même à

1 D'après le texte espagnol des A. A. S., XXXXII, 1950, p. 479.

2 Cf. Homélie prononcée lors de la canonisation de saint Antoine-Marie Claret le 7 mai 1950, p. 149.

voir avec clarté ; de là son premier voyage à Rome, sa tentative missionnaire et son retour illuminé qui est suivi de la réalisation de son oeuvre principale, ses Missionnaires Fils du Coeur Immaculé de Marie, qui seront les héritiers de son zèle insatiable, de sa profonde ferveur et de son amour pour les âmes.

De telles qualités exigeaient un plus vaste champ d'action et Notre grand prédécesseur Pie IX vit en lui « un pasteur selon le coeur de Dieu » ; aussi le choisit-il pour le siège métropolitain de Santiago de Cuba, où Antoine-Marie Claret fut un prélat exemplaire, affectionnant son clergé et son séminaire, favorisant les nouvelles institutions religieuses pour le bien de son troupeau, héroïque au milieu des terreurs du tremblement de terre et du choléra, défenseur infatigable de la pureté de la vie chrétienne parmi ses fidèles, auxquels il laissa le meilleur témoignage, celui de son propre sang qui coula dans un attentat sacrilège.

Mais la Providence le voulait à un poste encore plus en vue, celui de confesseur et de conseiller d'une reine ; et dans cette fonction si délicate, Antoine-Marie Claret continua à être toujours le même, fervent, mortifié, pauvre, prudent et surtout si attaché à ce Siège apostolique pour l'amour duquel il abandonna volontairement ce poste enviable ; c'est avec la même fidélité qu'au déclin de sa vie, il faisait frémir d'émotion — ici, dans cette même basilique, — tout le Concile du Vatican écoutant la vigoureuse défense de l'infaillibilité pontificale, faite par ce vieil et prestigieux champion de la foi.

Une grande âme, née comme pour réunir des contrastes : il put être d'humble origine et glorieux aux yeux du monde ; petit de corps, mais un géant de l'esprit ; modeste d'apparence, mais tout à fait capable d'imposer le respect même aux grands de la terre ; fort de caractère, mais avec la douceur suave de celui qui connaît le frein de l'austérité et de la pénitence ; toujours en présence de Dieu, même au milieu de sa prodigieuse activité extérieure ; calomnié et admiré, fêté et persécuté. Et parmi toutes ces merveilles, comme une douce lumière illuminant tout, sa dévotion à la Mère de Dieu.

Notre époque n'est pas moins difficile que celle du saint archevêque de Cuba, confesseur de la reine d'Espagne et fondateur insigne ; aussi estimons-Nous providentiel de pouvoir aujourd'hui le présenter comme modèle pour tous, mais spécialement pour vous, ses compatriotes, qui le vénérez, et encore plus spécialement pour ses fervents fils et filles dont Nous désirons paternellement bénir les instituts respectifs, avec toutes les oeuvres et avec toutes les âmes qui en reçoivent les bienfaits.

Que la bénédiction de Dieu tout-puissant descende sur vous tous, très chers fils, sur tous ceux auxquels vous pensez et que vous aimez, sur votre chère patrie, sur vos saintes intentions et vos justes désirs, et qu'elle demeure à jamais.


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INSTRUCTION DE LA COMMISSION BIBLIQUE SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA SAINTE ÉCRITURE

(13 mai 1950) 1

La lettre suivante fut envoyée par le R. P. Athanase Miller, O.S.B., secrétaire de la Commission biblique, aux Evêques et Supérieurs généraux d'Ordres religieux :

Notre Très Saint-Père le Pape Pie XII, glorieusement regnaret, désirant célébrer dignement le cinquantième anniversaire de la publication de l'Encyclique Providentissimus Deus, faisait paraître, le 30 septembre 1943, l'Encyclique Divino Afflante Spiritu. Le Souverain Pontife rappelait éloquemment le zèle déployé pendant ces cinquante années par ses prédécesseurs en faveur des études bibliques, et démontrait avec force aux evêques et aux fidèles quelle est l'importance de ces études dans l'Eglise et quels moyens il faut employer pour leur donner un plus grand développement et une plus grande efficacité dans l'effort pour l'extension du règne de Dieu parmi les hommes. Il y ajoutait de sages décisions et des prescriptions sur les moyens et la méthode à employer pour faire progresser leur culture et leur développement.

Voulant rendre plus efficaces dans le maximum de zèle et d'obéissance ces recommandations et prescriptions du Souverain Pontife, la Commission pontificale des Etudes bibliques a jugé utile de les appliquer d'une façon spéciale à l'enseignement biblique dans les Séminaires et Instituts religieux, où l'on ne peut le donner avec la même ampleur que dans les facultés de théologie et les Instituts spécialisés. Dans ceux-ci, en effet, on forme les maîtres qui seront chargés d'enseigner la science sacrée

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXII, 1950, p. 495 ; traduction française dans la documentation Catholique, t. XXXXVII, c. 1217.

2 Encyclique Providentissimus ; Ench.  Bibl.  No 118.

3 Ibid., Nos 88 et 8g. Pie X, Lettre apostolique Quoniam in re Biblica du 27 mars 1906 , Ench. Bibl. No 155.

4 Encyclique Divino afflante Spiritu, A. A. S., 35, 1943, p. 321.

aux futurs prêtres et d'approfondir l'étude de cette science, ce qui n'est réservé qu'à un petit nombre. Au contraire, dans les Séminaires et scolasticats religieux, on prépare les futurs prêtres et pasteurs du troupeau du Seigneur qui auront à enseigner les vérités de la foi au peuple catholique et à défendre la Révélation divine contre les attaques des incrédules.

Souvent au cours de ces cinquante années, les Souverains Pontifes ont éloquemment rappelé aux evêques et aux supérieurs religieux qu'ils doivent obtenir par leur parole et leur action que dans les Séminaires et collèges religieux, les études d'Ecriture Sainte « soient justement tenues en honneur et florissantes » 2 — comme l'écrivait le Pape Léon XIII, d'immortelle mémoire —, et que la Sainte Ecriture « y soit enseignée d'une manière adéquate à l'importance de cette science et aux besoins de notre époque » 3.

Récemment encore, Notre Très Saint-Père Pie XII, glorieusement régnant, résumant les enseignements de ses prédécesseurs, et les confirmant de son autorité, rappelait aux prêtres ayant charge d'âmes, qu'ils ne pourraient convenablement expliquer les Saints Livres « si, eux-mêmes, pendant le temps de leur Séminaire, ne se sont pas remplis d'un amour actif et durable de la Sainte Ecriture. C'est pourquoi les evêques, qui ont la responsabilité paternelle de ces Séminaires, doivent s'assurer sérieusement que dans cette matière également, rien ne manque de ce qui peut contribuer à un bon résultat » 4.

Mais à l'époque où tant de nations étaient accablées sous le poids des calamités et des ruines, les Ordinaires et supérieurs des Séminaires, quotidiennement préoccupés des soucis de la vie et de leur sécurité, n'eurent peut-être pas la possibilité de donner à ce devoir toute l'attention que mérite une affaire si importante et si nécessaire. Aussi, maintenant que les guerres sont terminées, le temps semble venu de rappeler ces enseignements et ces dispositions du Souverain Pontife, de les remettre en vigueur et ainsi, grâce à la sollicitude attentive des supérieurs, et à la bonne volonté des professeurs, d'obtenir que la formation scripturaire des futurs prêtres soit reprise et ardemment développée, en

espérant que les fidèles seront ainsi ramenés plus efficacement aux sources les plus pures de la vie chrétienne, et que le monde si cruellement éprouvé s'abreuve et se remplisse de la doctrine du Christ qui est l'unique source de la liberté, de la charité et de la paix.

— Du problème des sciences bibliques :

Pour établir et développer les études bibliques dans les Séminaires et les collèges des religieux, il faut avant tout des maîtres qui soient parfaitement aptes à cet enseignement qui l'emporte sur tous les autres en sainteté et en sublimité.

i° Il est à peine besoin de mentionner que le professeur d'Ecriture Sainte doit exceller parmi tous les autres par sa vie et ses vertus sacerdotales, et même plus que tous les autres, étant donné qu'il jouit d'un contact quotidien avec le Verbe de Dieu.

2° Il doit de plus posséder une science suffisante des matières bibliques, acquise par des études sérieuses et conservée et augmentée par un travail assidu 5.

a) Pour établir avec plus de certitude le degré de suffisance et les qualités de cette science parfaitement acquise, des règles sages établies par Pie XI, de sainte mémoire, demeurent encore en vigueur aujourd'hui, c'est-à-dire qu'on ne peut être professeur d'Ecriture Sainte dans les Séminaires « si on n'a point achevé le cours spécial de cette matière et acquis les grades académiques devant la Commission biblique ou un Institut biblique » 6.

b) Mais, comme cette science embrasse tant de choses, qu'en quelques années on peut bien acquérir une idée générale du sujet, mais qu'on doit abandonner le reste à l'étude ultérieure et à la diligence du maître, il faut de plus un travail assidu et personnel pour compléter la science acquise auparavant, la perfectionner et l'affermir, examiner et discuter scientifiquement les nouvelles questions qui surgissent, étudier et approfondir les diverses parties du programme à enseigner aux élèves. On n'y arrive pas sans lire attentivement les livres nouveaux qui paraissent sur les questions bibliques et même, si les circonstances le permettent, sans accomplir à l'occasion un voyage en Terre

Cf. Léon XIII Encyclique Providentissimus ; Ench. Bibl. No 88.

Motu Proprio Bibliorum Scientiam, 27 avril 1024 ; Ench. Bibl. No 522.

Sainte, afin de voir de ses propres yeux et de parcourir les villes et les pays en rapport avec l'Histoire Sainte.

L'étendue des sciences bibliques est si vaste, on fait de si nombreux et si grands progrès dans l'explication des Livres Saints, on fait appel à tant de sciences auxiliaires (étude des langues, histoire, géographie, archéologie, et les autres), que le professeur, à moins de se livrer chaque jour à un travail assidu, se voit rapidement dépassé par son rude devoir et ne peut fournir aux prêtres qui se livrent au ministère des âmes et même aux fidèles ce qu'ils sont en droit d'attendre de lui.

c) D'où il apparaît facilement combien il est nécessaire que le professeur d'Ecriture Sainte puisse se consacrer complètement à sa charge, afin « qu'ayant heureusement entrepris cette tâche, renouvelant chaque jour ses forces, il puisse, en y mettant tout son zèle, et tous ses soins, la poursuivre jusqu'au bout » 1.

C'est pourquoi il ne doit pas être obligé d'enseigner en même temps que la Sainte Ecriture une autre matière importante au Séminaire. En effet, en termes exprès, il est prescrit dans le Code de droit canonique, qu'il faut veiller « à ce qu'au moins la Sainte Ecriture, la théologie dogmatique, la théologie morale et l'histoire ecclésiastique, aient un professeur distinct pour chaque branche » 8.

Il ne faut pas non plus le charger hors du Séminaire d'autres fonctions ou ministères importants, afin que ces emplois, quelque saints ou louables qu'ils puissent être, ne l'empêchent d'accomplir celui pour lequel il a besoin de temps, de vigueur intellectuelle et de tranquillité d'esprit.

De la méthode d'enseigner la Bible :

En ce qui concerne les méthodes d'enseignement dans les Séminaires des clercs et les collèges religieux, on doit avant tout se souvenir des principes suivants :

i° Le devoir du professeur d'Ecriture Sainte est d'exciter et de nourrir chez ses élèves, en même temps que la connaissance nécessaire des Livres Saints, « un amour actif et durable des Saintes Ecritures » 9.

:re encyclique Divino afflante Spiritu, 1. c, p. 321. lex Juris. Can., c. 1366, § 3. Pie XII, Lettre encyclique Divino afflante Spiritu, I.  c, p. 321

F Cet enseignement doit en effet semer et faire grandir chaque jour chez les futurs prêtres une vénération à l'égard de la divine Parole, qui les portera à y trouver pendant toute leur vie la principale culture de leur esprit, l'occupation de leur intelligence, avec la consolation et la joie de leur coeur.

a) Pour bien arriver à cette fin, rien n'est plus utile encore aujourd'hui que la lecture quotidienne de la Sainte Ecriture, qui autrefois était pour les clercs, tant séculiers que réguliers, un exercice aussi sacré que la méditation ; bien plus, cette lecture était pour eux une méditation 10.

Par conséquent, que le professeur donne à ses élèves une grande estime pour cette lecture des Saints Livres et leur apprenne à s'y livrer avec une foi humble et une religieuse piété u. Qu'il leur recommande de continuer la pratique de cet exercice si utile pour tout le temps de leurs études, afin qu'ils lisent toute la Sainte Ecriture à plusieurs reprises et d'une manière suivie, soit dans la version de la Vulgate, soit dans quelque traduction récente faite en langue vulgaire sur le texte original et régulièrement approuvée par les supérieurs ecclésiastiques, à moins que le texte primitif ne leur plaise davantage. Cette lecture de l'Ecriture Sainte se fera avec plus de fruit si les élèves ont déjà été formés méthodiquement dès le commencement de leurs études à bien lire les Livres Saints et ont été dirigés même par l'exposition d'un court résumé ou d'une analyse, comme cela se fait habituellement dans 1'« Introduction spéciale » l2.

Cette lecture quotidienne continue et faite avec méthode et attention est une excellente préparation pour les candidats au sacerdoce à l'intelligence correcte et la digne célébration de la sainte liturgie, non moins qu'à l'étude fructueuse de la sacrée théologie. Cette lecture quotidienne de l'Ecriture Sainte ne sera pas omise même en temps de vacances, soit qu'elle soit faite en commun, soit qu'elle soit faite par chacun en particulier ; bien plus, c'est en ces jours de plus grand loisir qu'on doit s'y livrer davantage. La fidélité avec laquelle ils s'efforceront de connaître intimement et de goûter de plus en plus la Sainte Ecriture sera un signe évident de la sincérité de leur amour pour la

10 Cf. Jos. I, 8 ; saint Jérôme sur Tite III, g P. L., 36, col. 594 (§ 630) ; Lettre Ll>- 7-8, P. L., 22, col. 533 sq. (C. S. E. L., vol. LIV, p. 426-428).

11 De Imitatione Christi, 1, ch. V.

^ 12 Cf. Pie x, Lettre apostolique Quoniam in re Biblica ; Ench. Bibl. No 169 ; Pie XI, Osservatore Romano, ier octobre 1930 ; Ench. clericorum No 1476.

«f

» Cf. I. Tim., 2, 4

parole de Dieu et de leur ardeur à satisfaire aux obligations que leur impose leur vocation sacerdotale.

2° Dans la façon de faire les classes, le professeur d'Ecriture Sainte aura un soin jaloux de fournir à ses élèves tout ce dont ils auront besoin dans leur futur travail sacerdotal, tant pour leur sainteté personnelle que pour gagner les âmes à Dieu.

a) C'est pourquoi la Sainte Ecriture sera enseignée dans les Séminaires et les Scolasticats d'une manière suffisamment méthodique, solide et complète, pour que les élèves la connaissent dans son ensemble et dans chacune de ses parties, pour qu'ils sachent bien quelles sont les questions les plus importantes qui, à notre époque, se posent au sujet des Livres bibliques, quelles sont les objections et les difficultés qu'on oppose d'ordinaire à l'histoire et à la doctrine bibliques, enfin pour que dans les passages des Saints Livres qu'ils doivent expliquer au peuple, ils s'appuient sur de solides raisons scientifiques.

b) Le temps consacré à l'enseignement de l'Ecriture Sainte est bien souvent trop court pour permettre que l'énorme matière des sciences bibliques puisse être donnée en entier. C'est pourquoi le professeur aura soin de choisir prudemment les matières les plus importantes, en s'inspirant, non de ses propres études, ou de ses préférences, mais en considérant avec soin l'intérêt de ses élèves qui doivent être des prédicateurs de la parole divine. Il ne leur sera réellement utile qu'en leur exposant avec science et clarté quelles sont les principales vérités proposées par l'Esprit-Saint, soit dans le Nouveau, soit dans l'Ancien Testament, comment on aperçoit le progrès de la Révélation depuis les origines jusqu'au Seigneur Jésus et aux Apôtres, quel est le rapport et l'union qui existent entre l'Ancien et le Nouveau Testament ; et il n'oubliera pas de leur montrer quelle est l'importance spirituelle, même à notre époque, de l'Ancien Testament. Il aura donc grand soin de mettre en lumière toutes ces choses, chaque fois qu'il en aura l'occasion, soit dans 1'« Introduction générale ou spéciale », soit en exégèse. Il utilisera à propos les exemples tirés de l'histoire sacrée et profane pour établir tout ce que Dieu a fait pour sauver tous les hommes et les conduire à la connaissance de la vérité 13, et comment sa Providence paternelle a disposé et gouverné toutes choses avec

sagesse, pour qu'elles coopèrent « au bien de ceux qui, selon son dessein, sont appelés à la sainteté » 14.

Il n'est pas douteux que ces raisons surnaturelles et religieuses, exposées et démontrées comme il convient, ne provoquent dans les âmes des élèves un plus grand amour et une plus grande estime des Livres Saints. Les études même plus arides, comme celle des langues hébraïque et grecque, leur sembleront plus faciles et agréables. Quant à ces études, elles ne peuvent être complètement omises dans les Séminaires et scolasticats sans qu'il y ait danger que l'ignorance de ces langues ne prive les clercs de la lecture des textes inspirés originaux et qu'ils ne puissent bien comprendre et juger sainement même les traductions les plus modernes 15.

L'étude des langues et même de la critique, bien que réduite dans les Séminaires et collèges à des aperçus généraux, à la faveur de cette lumière surnaturelle, deviendra plus féconde et plus facile et produira de jour en jour des fruits plus abondants dans l'intelligence du sens des Livres Saints.

Dans l'Introduction Générale, on insistera surtout, sans omettre cependant complètement les autres questions, sur la doctrine de l'inspiration et de la véracité des Saintes Ecritures et sur les règles d'interprétation (herméneutique).

Dans l'Introduction spéciale, tant dans l'Ancien Testament que surtout dans le Nouveau, le professeur parlera spécialement des Livres Saints et montrera clairement la composition de chacun, quel en est le but, l'auteur qui l'a écrit et à quelle époque 16. Dans cette exposition, il évitera de se perdre dans une vaine érudition à propos des opinions des critiques, qui trouble plutôt les esprits des élèves qu'elle ne les enrichit, et il s'attachera plutôt aux notions et aux preuves solides qui peuvent apporter aux hommes de notre temps un secours spirituel et les aider efficacement à résoudre les difficultés et les objections. Pour être à même de traiter d'une manière suffisante de tous les Livres Saints, le professeur emploiera utilement le temps qui lui est accordé et ne se perdra pas dans des questions inutiles ou de moindre importance.

Cf. Rom., 8, 28.

Cf. Pie X, Lettre apostolique Quoniam in re Biblica ; Ench. Bibl. No 165. Cf. Pie X, Lettre apostolique Quoniam in re Biblica ; Ench. Bibl. No 159.

Dans l'exposition exégétique, le professeur n'oubliera jamais que c'est à l'Eglise que Dieu a livré non seulement la garde des Saintes Ecritures, mais aussi le soin de les interpréter, et qu'elles ne doivent être expliquées qu'au nom de l'Eglise et dans son esprit, étant donné qu'elle est la « colonne et l'appui de la vérité »

C'est pourquoi « il regardera comme un devoir sacré de ne jamais s'éloigner même d'un point de la doctrine commune et de la tradition de l'Eglise ; de tous les véritables progrès de cette science dus à la sagacité de nos contemporains, il fera son profit, mais il méprisera les opinions téméraires des novateurs » 18.

Dans le choix des parties qu'il devra expliquer avec plus de soin, il ne se basera pas sur la pure érudition, mais il exposera ce qui éclaire et définit la doctrine des deux Testaments, ne se bornant pas, selon l'expression de Saint Grégoire, à ronger l'écorce sans atteindre la moelle 19.

Dans l'Ancien Testament, il expliquera principalement la doctrine des origines du genre humain, les prophéties messianiques, les psaumes ; dans l'explication du Nouveau Testament, il donnera un résumé méthodique de toute la vie du Christ et commentera en détail, au moins les parties des Evangiles et des Epîtres qui sont lus en public dans l'église les dimanches et jours de fêtes. Il y ajoutera l'histoire de la Passion et de la Résurrection du Seigneur et expliquera complètement, au moins une des Epîtres de Saint Paul, en retenant aussi des autres épîtres les passages qui ont une importance doctrinale.

Voici comment le maître s'acquittera de l'interprétation. En premier lieu, il exposera clairement et scientifiquement le sens littéral du texte, en recourant, s'il en est besoin, au texte original. Mais dans la détermination du sens littéral des textes, il ne procédera point comme font aujourd'hui, hélas ! beaucoup d'exégètes qui ne tiennent compte que des mots et du contexte voisin. Mais il aura devant les yeux les anciennes règles que le Souverain Pontife Pie XII, glorieusement régnant, a rappelées dans l'Encyclique Divino afflante Spiritu, à savoir que l'exégète recherche attentivement ce que la Sainte Ecriture enseigne en.

17 Tim., 3, 15.

18 Cf. Fie X, Lettre apostolique Quoniam in re Biblica ; Ench. Bibl. No 168. 18 Moralia, 20, 9 ; P. L., LXXVI, 149.

d'autres passages semblables, quelle explication les Saints-Pères et la tradition catholique donnent de ce texte, ce qu'exige « l'analogie de la foi », quelle est enfin, si le cas le comporte, la décision de l'Eglise sur l'interprétation de ce texte 2t).

Tout cela, il l'accomplira parfaitement, s'il est versé dans la théologie, s'il est rempli d'un grand et sincère amour de la science sacrée, et si jamais il ne sépare, s'appuyant sur les seuls principes critiques ou littéraires, son activité exégétique de l'ensemble de la doctrine théologique.

Il s'efforcera d'expliquer correctement le sens spirituel des mots, en se basant sur les règles très sages posées constamment par les Souverains Pontifes pour établir que tel est le sens voulu par Dieu 21.

Ce sens spirituel, exposé avec tant de soin et d'amour par les Saints-Pères et les grands exégètes, lui sera d'autant plus intelligible et il le proposera à ses élèves avec d'autant plus de piété qu'il sera lui-même rempli d'une plus grande pureté de coeur, d'une plus haute élévation d'âme, d'une plus profonde humilité d'esprit, d'un plus grand respect et amour de Dieu révélant la vérité.

Les difficultés et obscurités que l'interprète rencontre souvent dans les livres de la Sainte Ecriture, le maître ne les atténuera ni ne les dissimulera, mais après avoir exposé loyalement et consciencieusement la question, il s'efforcera selon ses moyens, en s'aidant de ses diverses connaissances scientifiques, de résoudre le problème. Qu'il n'oublie pas non plus que Dieu a parsemé à dessein les Livres sacrés qu'il a inspirés, de certaines difficultés, afin de nous exciter à les parcourir et à les scruter avec plus d'attention et de nous exercer à une juste humilité d'esprit, en nous faisant connaître, pour notre plus grand bien, les limites de notre esprit22.

Le maître exposera tout ceci, dans la mesure du possible, selon la méthode synthétique, en s'attachant davantage aux choses les plus importantes et en donnant aux autres le développement et la place qui leur conviennent. Qu'il s'applique dès le début à cet art de l'exposition et qu'il s'exerce tous les

20 Pie XII, Lettre encyclique Divino afflante Spiritu, 1. c, p. 310.

21 Lettre encyclique Providentissimus ; Ench. Bibl. No 97 ; Lettre encyclique Spiritus Paraclitus ; Ench. Bibl. No 498 sq. ; Lettre encyclique Dirimo afflante Spiritu, 1. c, p.. 311.

22 Pie XII, Lettre encyclique Divino afflante Spiritu, 1. c, p. 318.

jours à y faire des progrès, en se persuadant bien que le fruit et l'efficacité de son enseignement en dépendent pour une grande part.

3° Quel est le but, quel est le ton des leçons de la Sainte Ecriture qui sont données aux élèves des Séminaires et collèges ? On peut le définir par ce fait qu'elles ne sont pas destinées à former des « spécialistes », mais de futurs prêtres et apôtres. La formation des prêtres, bien qu'elle dépende de l'ensemble des conditions de vie et d'organisation du Séminaire ou du collège, reçoit sans aucun doute une impulsion spéciale de l'étude et de la connaissance de la Bible. C'est surtout par ces leçons, en effet, qu'il faut obtenir que les futurs prêtres se rendent compte et se persuadent de la très grande influence que les Saints Livres ont sur le développement de leur propre vie sacerdotale et sur la fécondité de leur vie apostolique. C'est pourquoi le professeur, non content de fournir à ses élèves les notions et connaissances utiles et nécessaires, leur démontrera aussi avec zèle, à l'occasion, comment la connaissance solide de leur lecture assidue, la pieuse méditation des Saintes Ecritures, les aideront à nourrir leur propre sainteté sacerdotale, à l'affermir, à la développer 2' et à rendre fécond leur ministère apostolique, spécialement les sermons et le catéchisme.

III. — Conseils et règles :

Tout le monde admet que les études bibliques, qui sont si utiles pour la piété sacerdotale et l'activité apostolique, méritent d'être faites et développées avec le plus grand zèle, et c'est pourquoi on ne peut que déplorer vivement qu'on ne leur donne pas toujours l'honneur qu'elles méritent et qu'on les sacrifie souvent injustement à d'autres études et même quelquefois qu'on les néglige indignement. Aussi la Commission pontificale des études bibliques, sous la poussée des renseignements et des voeux qui lui sont venus de diverses parties du monde, a jugé bon de recommander instamment aux ordinaires et aux supérieurs des Ordres religieux, en même temps qu'aux supérieurs des Séminaires et aux professeurs d'Ecriture Sainte, ce qui suit :

a° Dans la bibliothèque biblique des Séminaires et collèges !4, qu'on ajoute aux Pères de l'Eglise et aux commentaires

13 Cf. saint Jérôme, Lettre CXXX à la fin, P. L., 22, c. 1224.

24 Cf. Pie X, Lettre apostolique Quoniam in re Biblica ; Ench. Bibl. No 173.

des grands interprètes catholiques, les meilleurs ouvrages de théologie biblique, d'archéologie et d'Histoire Sainte et, en plus, les encyclopédies ou dictionnaires bibliques et les revues de science biblique, tous ouvrages que les professeurs, pour différentes raisons, ne peuvent se procurer facilement par eux-mêmes, à leur grand désavantage et à celui de leurs élèves.

2° Que les Supérieurs des Séminaires et Collèges apportent un soin et un zèle égal, en dehors du volume de la Bible et du manuel d'Ecriture Sainte dont tous seront munis, à mettre à la disposition des clercs, dans leur bibliothèque particulière, les ouvrages qui les aideront le mieux et le plus efficacement à repasser les leçons entendues dans les classes et à les compléter utilement.

3° Le professeur de sciences bibliques, pour remplir convenablement son office, doit être laissé complètement à ses fonctions et ne point être chargé d'autres responsabilités importantes, et les supérieurs veilleront sur lui et lui accorderont même des secours pécuniaires et d'autres soutiens utiles, à tel point qu'il acceptera volontiers de rester à son poste de professeur, même pendant toute sa vie.

La première condition de progrès pour les études bibliques consiste à fournir au professeur tous les livres et des secours en argent, grâce auxquels il pourra progresser dans la science et s'assimiler les progrès de la science, assister aux congrès qui doivent se tenir en faveur des études, si l'occasion s'en présente, visiter la Terre Sainte, publier le fruit de ses études.

On conseille, là où les élèves sont nombreux (et même ailleurs, pour pourvoir à temps aux futures nécessités) de nommer deux professeurs, l'un pour l'Ancien, l'autre pour le Nouveau Testament.

4° On recommande instamment au professeur d'Ecriture Sainte, soucieux du progrès de ses élèves, de donner à un groupe d'élèves plus doués, un cours libre spécial, soit de langues bibliques ou d'autres qui sont nécessaires ou même utiles aux études scripturaires25, soit de théorie biblique, d'histoire, d'archéologie ou de quelque autre science auxiliaire. Dans ce cours, il pourra traiter également de questions spéciales qui sont maintenant plus à l'ordre du jour au sujet des livres

25 Pie X, Lettre apostolique Quoniam in re Biblica ; Ench. Bibl. Nos 165-167 ; Pie XI, Motu Proprio Bibliorum scientiam ; Ench. Bibl. No 518 et seq.

bibliques et qui auront été l'objet de ses études particulières, ou de ses lectures dans les commentaires.

5° Il lui est aussi conseillé de préparer aux études spéciales, avec la prudence et la modération voulues, et avec l'assentiment des supérieurs, les meilleurs élèves qui font preuve d'un attachement spécial aux Saints Livres, sans toutefois qu'ils négligent les autres études. Il leur donnera la facilité d'apprendre des langues, même modernes, qui sont plus nécessaires à ce genre d'études, et leur apprendra à lire des ouvrages se rapportant « à l'histoire des deux Testaments, à la vie de Notre-Seigneur, des apôtres, aux voyages et pèlerinages de Palestine » 26.

Il n'oubliera pas que ses élèves rencontrent de graves difficultés lorsqu'on les met aux études spéciales sans une préparation suffisante surtout littéraire, et qu'un de ses principaux devoirs est de préparer pour son Séminaire, à l'aide de sa propre expérience, d'excellents professeurs pour l'avenir, qui feront aimer et fleurir de plus en plus les études bibliques.

6° Etant donné que dans le court espace de temps assigné le plus souvent aux cours d'Ecriture Sainte, il est bien difficile de faire face convenablement à tout le programme requis pour la formation théologique et ascétique des clercs et pour le bon emploi de l'Ecriture Sainte dans la liturgie et la prédication, on encourage vivement et on conseille fortement la pratique déjà employée avec fruit dans plusieurs collèges religieux, de donner aux élèves une introduction sommaire, pour encourager et diriger la lecture cursive de l'Ecriture Sainte qu'ils poursuivront pendant tout le cours de leurs études. S'ils s'en acquittent bien, le maître aura la facilité, au long du cours des quatre années de théologie, de s'arrêter davantage à l'explication de la doctrine biblique.

7° Les clercs, élèves de théologie, devront composer une ou deux fois au cours de l'année une homélie sur un passage de l'Ecriture, et le professeur dirigera lui-même ce travail et le corrigera avec soin. De cette façon, dès le début de leurs études théologiques, les élèves apprendront à préparer, en étudiant convenablement et en méditant pieusement, et à écrire avec soin leurs sermons du dimanche et des fêtes, et à proposer et expliquer avec la science, la compétence et le respect nécessaires au

2* Pie X, Lettre apostolique Quoniam in re Biblica ; Ench. Bibl. No 165.

peuple chrétien, du haut de la chaire, le sens vrai et juste de la parole de Dieu.

8° Enfin, dans le but de favoriser, même après l'achèvement du cycle des études théologiques, la culture et le progrès de l'étude de l'Ecriture Sainte et sa continuation persévérante durant la vie, les examens que les prêtres séculiers doivent subir sur les diverses sciences sacrées, au moins pendant trois ans, et les religieux au moins pendant cinq ans, après l'achèvement de leurs études, d'après les prescriptions du Droit canonique27, comprendront également chaque année la préparation de quelques questions importantes d'Introduction générale et spéciale d'exégèse.

De plus, dans les Collations ou Conférences qui doivent être tenues régulièrement par le clergé séculier et régulier, aux termes de ce même Droit canonique, sur des questions de morale et de liturgie2S, on proposera — comme la chose se fait déjà d'une façon très louable en beaucoup d'endroits — l'explication d'un passage de la Bible, soit du Nouveau, soit de l'Ancien Testament, qui sera choisi avec soin par le professeur d'Ecriture Sainte du Séminaire et ensuite publié par lui dans le Bulletin diocésain, si le cas le comporte, ou ailleurs, selon les méthodes de la science biblique.

Nous prions instamment les Excellentissimes Ordinaires et Révérendissimes Supérieurs des Ordres religieux de bien vouloir agréer et mettre en oeuvre, avec leur amour et leur souci du bien commun dont ils sont animés, ce que nous venons d'exposer. Il s'agit, en effet, de faire progresser de jour en jour l'éducation de nos futurs prêtres et de les nourrir de cette science solide et sacrée dont ils doivent se servir au cours de leurs études et ensuite pendant toute leur vie, en évitant toute légèreté, toute témérité, en suivant non leur propre jugement ou leur propre inspiration, mais les normes de la science sacrée et les lois et les préceptes de l'Eglise, et les règles de la pure tradition de l'Eglise, de telle sorte que les Saints Livres soient pour la nourriture et le développement de leur vie spirituelle, comme le pain quotidien, la lumière et la force, et dans le ministère apostolique, le secours efficace grâce auquel ils amèneront beaucoup d'âmes à la vérité, à la crainte et l'amour

27 Codex Jur. Can., c. 130, 590.

28 Ibid., c. 131, 591.

de Dieu, à la vertu et à la sainteté. Nous n'ignorons certes pas les nombreux et graves obstacles qui s'opposent à une rapide et parfaite réalisation de ce que nous venons de recommander, mais nous avons la certitude que les chefs des diocèses et les supérieurs religieux feront tous leurs efforts, sans jamais se décourager, pour que l'étude et l'amour de la Sainte Ecriture fleurissent avec une nouvelle vigueur parmi les clercs et les prêtres et apportent à leurs âmes et à leur activité des fruits abondants de vie et de grâce.

Notre Saint-Père le Pape Pie XII, dans l'audience accordée le 13 mai de l'an 1950, au Révérendissime secrétaire soussigné, a approuvé cette instruction et en a ordonné la publication.

p Le 29 mai, le Boerenbond célébrait le soixantième anniversaire de sa fondation. C'est, en effet, en 1890 que l'Abbé Mellaerts (1845-1925), curé dans la Campine anversoise, crée cette Ligue des Paysans qui voulait défendre les intérêts religieux, moraux et matériels des paysans, améliorer la législation agraire et promouvoir l'organisation corporative de l'agriculture 2.

Cette Ligue reçut du Vatican le Message suivant :

Le 29 mai prochain, le « Boerenbond » célébrera le soixantième anniversaire de sa fondation, et cette heureuse circonstance offre au Saint-Père l'occasion de renouveler à cette méritante Association l'expression de Sa paternelle bienveillance et de lui prodiguer ses encouragements.

Les résultats acquis à ce jour par le « Boerenbond » sont, à eux seuls, déjà éloquents. Sous son égide, en effet, voici près de xoo.ooo fermiers chefs de famille unis, non seulement dans la défense de leurs intérêts professionnels, mais pour la promotion  d'un   ordre   social   et   économique   conforme   aux

1 D'après le texte français de VOsservatore Romano du 28 mai 1950.

2 Le siège du Boerenbond est 24, rue des Recollets à Louvain. On consultera le Rapport w Boerenbond belge qui paraît chaque année et fournit des détails très précis sur l'activité le ''association.


Pie XII 1950 - ALLOCUTION AU CONGRÈS MONDIAL DES CHAMBRES DE COMMERCE