Pie XII 1952



DOCUMENTS PONTIFICAUX

de Sa Sainteté PIE XII



« Nous connaissons bien les nuages menaçants qui
se condensent sur le monde et seul Notre-Seigneur
Jésus sait Notre inquiétude permanente pour le sort
d'une humanité dont II a voulu Lui, le Pasteur Su-
prême invisible, que Nous fussions le Père et le
Maître visible. » Pie XII

Discours aux Hommes d'Action catholique d'Italie 12 octobre 1952








DOCUMENTS PONTIFICAUX

DOCUMENTS PONTIFICAUX
DE SA SAINTETÉ PIE XII
réunis et présentés par

R. KOTHEN



EDITIONS SAINT-AUGUSTIN SAINT-MAURICE (Suisse)



LETTRE PRÉFACE DE SON EM. LE CARDINAL CLÉMENT ROQUES Archevêque de Rennes


IMPRIMATUR

Mechlinioe, die 19a Martii 1955 t L. J. SUENENS Eppus tit. Isinden. Vie. gen.



Tous droits réservés



Monsieur l'Abbé,



En publiant le présent volume des « Documents pontificaux » de Sa Sainteté le Pape Pie XII, tout à la fois vous montrez le succès de la belle oeuvre que vous avez entreprise, et vous donnez une preuve nouvelle de Y étonnante activité apostolique de celui que la Providence plaça voici maintenant quinze ans à la tête de son Eglise.

En vérité la simple lecture de la liste des documents présentés dans ce volume fait jaillir à la pensée l'apostrophe que l'apôtre Paul s'adressait à lui-même et qui semble être le stimulant continuel de l'ardeur apostolique du Souverain Pontife « Vce mihi si non evangelisavero — malheur à moi si je ne prêche pas l'Evangile ! » Le nombre des discours, allocutions ra-diophoniques, lettres qui emplissent cet ouvrage montre qu'en cette année 1952, comme en celles qui l'ont précédée, il ne s'est pas passé de semaine où le Saint-Père n'ait, à plusieurs reprises, profité des moindres occasions pour prêcher ou rappeler cette Vérité dont il disait à un visiteur : « Voilà mon rôle : transmettre la sainte parole que je crois entendre. Parler inlassablement au nom de la justice, au nom de la liberté, au nom de l'Esprit » (René Benjamin : La visite angêlique).

Face à tant d'erreurs qui sollicitent les esprits et pervertissent les âmes. Pie XII dresse le flambeau de la doctrine évangélique ; il en rappelle sans cesse les principes comme le fondement sûr et irremplaçable de toute vie qui se veut noble et féconde. Qu'on lise par exemple le discours devant la jeunesse universitaire de Rome, ou celui qu'il adressa au Congrès mondial des Jeunesses féminines catholiques et l'on verra l'importance primordiale qu'il attache à l'étude de cette doctrine chrétienne qu'il prêche avec l'insistance de l'apôtre : « Insta opportune, importune. » Chaque document que comporte ce livre révèle ce souci constant du Pape de conserver intact et de propager le dépôt de la doctrine

révélée, d'en faire profiter un peu plus les âmes que les circonstances amènent à ses pieds.

Un nombre important de textes montre aussi sa préoccupation de ne point couper l'Evangile de la vie réelle et d'en marquer les multiples points d'insertion dans les contingences temporelles. Souvent le Pape traite en ces pages du problème social ; cette année, comme toutes les autres, voit par exemple la lettre qu'il adresse aux présidents des différentes Semaines sociales pour rappeler la position de l'Eglise sur le sujet traité. — D'autre part ce sont des agriculteurs et industriels agricoles, des fonctionnaires, des cheminots, des bourgmestres d'Autriche, le directeur de la Chronique sociale de France qui bénéficient des directives du Saint-Père.

Comment ne pas mentionner aussi les audiences fréquentes du corps médical et de ses auxiliaires, infirmiers ou hospitaliers, et le souci du Pape d'attirer leur attention sur les aspects moraux de leur profession ? Combien de problèmes très spéciaux et délicats n'a-t-il pas soulevés en ces dernières années, projetant sur eux la claire lumière de la morale chrétienne ?

Au surplus, et le présent volume en est un nouveau témoignage, on reste en admiration devant la qualité si variée des auditoires auxquels s'adresse le Saint-Père ; une fois de plus on voit qu'aucun sujet qui intéresse l'homme ou le chrétien n'est étranger à la sollicitude du Père commun des fidèles. Sa voix, que la radio emporte aux quatre points cardinaux, est le vivant symbole de cette unité dans la multiplicité que réalise l'Eglise catholique dont il est le Chef.

Tout en vous félicitant, Monsieur l'Abbé, pour votre filiale et persévérante initiative, je forme le voeu que, mieux connu grâce à vous, l'enseignement du Saint-Père soit porté par votre livre à beaucoup d'âmes, prêtres, religieux ou fidèles, et qu'il les mette en goût d'écouter plus attentivement sa parole qu'un silence récent, dû à la maladie, nous a rendue plus chère encore : currat et clarificetur.

Je vous prie d'agréer, Monsieur l'Abbé, l'expression de mes sentiments bien dévoués en Notre-Seigneur.

Clément Cardinal ROQUES

Archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo.






INTRODUCTION







Durant l'année 1952, il n'y a pas eu de canonisations ; mais le Souverain Pontife a procédé à quatre béatifications :

le 4 mai, une religieuse italienne, enseignante : Rosa Venerini ( X656—1728 )1

le 18 mai, une religieuse espagnole, éducatrice : Raphaël-Marie du Sacré-Coeur ( 1850—1925 )2

le 8 juin, une religieuse italienne, hospitalière : Maria Bertilla Boscardin ( 1888—1922 ) 3

le 22 juin, un religieux italien, Servite de Marie : Antoine-Marie Pucci ( 1819—1892 ) 4

Le Saint-Siège a créé en 1952 de nouveaux diocèses dont : 1 au Brésil ( MARILLA ) 5 en Colombie ( ARMENIA, PEREIRA, BUCARAMANGA, PALMIRA, CALI, ZIPAQUIRA) 1 aux Etats-Unis ( KANSAS CITY ) 1 au Canada ( FORT WILLIAM )

Sur les territoires dépendant de la S. Congrégation de la Propagande on note les créations suivantes :

1 nouveau diocèse aux Iles Falkland 1 nouveau diocèse au Pakistan

4 nouveaux diocèses aux Indes

1 nouveau diocèse en Afrique du Sud

5 nouveaux Vicariats apostoliques en Colombie

2 nouveaux Vicariats apostoliques en Indonésie 1 nouveau Vicariat apostolique au Congo Belge 1 nouveau Vicariat apostolique au Ruanda



RENNES, le 12 août 1954.



1 Cf. p. 178. i Cf. p. 191. 8 Cf. p. 249. * Cf. p. 269.

i nouveau Vicariat apostolique au Tanganika

1 nouveau Vicariat apostolique en Indochine

1 nouveau Vicariat apostolique en Afrique occidentale française

1 nouveau Vicariat apostolique à la Côte d'Ivoire

i nouveau Vicariat apostolique au Sénégal

4 préfectures apostoliques aux Indes

î préfecture apostolique au Nigeria 5

A la fin de cette année le bilan de l'organisation hiérarchique s'établissait comme suit :

Patriarches résidentiels 10

Sièges métropolitains et archiépiscopaux 321

Sièges épiscopaux 1121

Prélatures et Abbayes nullius 58

Administrations Apostoliques 12

Prélats de rite oriental avec juridiction ordinaire 18

Circonscriptions missionnaires 390

Parmi les grands événements de l'Eglise, il faut citer la reprise des Congrès eucharistiques internationaux : du 2y mai au 1er juin se tenait en effet à Barcelone le XXXVe Congrès, faisant suite à celui qui avait eu lieu en 1938 à Budapest (Hongrie) 6

De nombreux autres Congrès ont réuni d'innombrables catholiques,

citons :

le 4 mai Le Congrès Mariai de l'Afrique du Sud 7

le 10 août Le Katholikentag de Berlin 8

le 14 septembre Le Katholikentag de Vienne 9 le 12 octobre Le Congrès des Hommes d'Action Catholique d'Italie 10

les 3 et 31 déc. Fêtes aux Indes en l'honneur de Saint François Xavier 11

D'autre part l'Eglise continue à être persécutée avec violence, dans les régions situées au delà du rideau de fer, et notamment en Bulgarie où le 20 septembre 1952 Mgr Bossilkoff est condamné à mort ; pratiquement tout le clergé y est emprisonné ou dispersé.

D'importants documents pontificaux sont venus encore jeter l'alarme sur cette situation glorieuse mais pénible :

le 18 janvier Lettre Apostolique aux Catholiques de Chine 12
le 27 mars Lettre Apostolique aux Catholiques de Roumanie 13

le 7 juillet 'Lettre Apostolique adressée aux Peuples de Russie 14

Il faut y ajouter :

le 15 décembre Lettre Encyclique aux Eglises Orientales 15

Un très grand nombre' d'allocutions adressées à divers groupes mettent l'accent sur le nécessaire apostolat des diverses professions et des diverses nationalités.

Toutefois il faut relever — dans l'ordre pastoral — deux préoccupations dominantes du Saint-Père, durant l'année 1.952 :

— provoquer le réveil des consciences

— souligner l'importance de l'éducation personnelle 16

Dans l'ordre pratique, le Saint-Siège a provoqué, durant cette année, l'éclosion de deux institutions nouvelles destinées à intensifier la vigilance et l'ardeur des Chrétiens dans deux domaines précis :

i° La Commission Pontificale pour le Cinéma chargée de l'étude des problèmes cinématographiques ayant rapport à la foi et aux moeurs.

20 Le Comité permanent des Congrès internationaux pour l'Apostolat des Laïcs qui a pour tâche de préparer la publication des Actes du




Congrès tenu à Rome en octobre 195117 ; de se mettre au service des oeuvres d'apostolat et de garder le contact avec la « Conférence des Présidents des OEuvres Internationales Catholiques » et autres Comités internationaux du même genre.
* Depuis peu, les Editions diffusant sous des formes diverses les Documents Pontificaux se multiplient et il y a lieu de s'en réjouir, car plus les Chrétiens se nourriront de la parole papale, plus ils seront invités à penser et à agir avec discipline et unité, selon les exigences de la sagesse humaine et en suivant l'inspiration de l'Esprit-Saint.


Il faut noter qu'une édition hebdomadaire de l'Osservatore Romano en français, fournit sous l'aspect d'un journal le texte intégral d'un grand nombre d'écrits et de discours de Pie XII. Le quotidien « La Croix » de Paris et l'hebdomadaire « Documentation Catholique » restent de précieux diffuseurs des Documents Pontificaux.

Une revue mensuelle intitulée « Documents Pontificaux » s'est essayée également à faire connaître en 1953 l'enseignement du Souverain Pontife 18. Toutefois elle n'a eu qu'une existence éphémère.

Au Canada, l'Institut Social Populaire de Montréal continue la publication de brochures de 48 pages environ contenant le texte intégral d'un certain nombre de documents rassemblés autour d'une idée principale 19.

Les très précieux « Actes de S. S. Pie XII » édités par la Bonne Presse de Paris, continueront à aider ceux qui veulent trouver commodément le recueil des textes du Souverain Pontife. Pour le Pontificat de Pie XII, six volumes ont paru, recouvrant la période 1939—1944 20.

17 Documents Pontificaux, 1951, p. 418.

18 Aux Editions « Les Presses Continentales », Paris.

19 Editions Bellarmin, Montréal.

20 Editions de la Bonne Presse, Paris.




D'autre part, des études, gravitant autour d'un sujet déterminé, ont été faites récemment en prenant pour base unique les directives des Papes. Ainsi par exemple les Moines de Solesme ont imaginé une nouvelle collection intitulée : « Les Enseignements Pontificaux » et qui donne les textes pontificaux concernant un thème unique ; ces textes s'échelonnent de Pie VI à Pie XII.

Cinq volumes ont paru jusqu'à ce jour :

La Paix Intérieure des Nations Le Corps Humain Le Problème Féminin La Liturgie Le Mariage 21

De même deux commentaires de certains documents viennent de paraître dans une nouvelle collection « Le Monde et la Foi » 22.

R. P. M. M. Labourdette O.P., dans « Foi Catholique et Problèmes modernes » analyse l'Encyclique Humani Generis.

M. Jean le Cour Grandmaison dans « Le Monde n'est pas un combinat géant » commente le Radiomessage de Noël 1952.

Monseigneur Pierre Veuillot vient de publier en deux gros volumes, sous le titre « Notre Sacerdoce », tous les documents pontificaux de Pie X à Pie XII sur le sacerdoce 23.

D'ailleurs dans d'autres langues, les textes pontificaux reçoivent également une large diffusion.

En néerlandais, par exemple, nous connaissons les volumes annuels édités par les Pères Dominicains d'Anvers 24 et les fascicules publiés par les Pères Rédemptoristes de Hollande 25.

D'ailleurs les feuilles hebdomadaires des Katholieke Archief26 viennent aussi rapidement mettre à la portée du lecteur les documents romains.

C'est le même rôle que joue en allemand la « Herder Korrespondenz » 27.

21 Editions Desclée, Tournai.
22 Editions Desclée, Bruges.
23 Editions de Pleurus, Paris.
24 Akten van Z. H. Paus Pius XII, Edition 'T Croeit, Antwerpen.
25 Ecclesia Docens, Editions Gooi en Sticht, Hilversum.
26 Secrétariat de l'Action- catholique, Heemstede, Hollande.
27 Editions Herder, Fribourg en Brisgau.
28 Paulusverlag, Fribourg.



En Suisse une « Soziale Summe Pius XII » vient de paraître en deux forts volumes. Les auteurs en sont les Pères A. F. Utz et J. P. Groner28.

En italien on dispose d'abord du quotidien : « Osservatore Romano » et en plus des ouvrages annuels « Discorsi e Radiomessaggi di Sua Santità Pió XII » qui constituent déjà une collection de 14 volumes s'étendant de 1939 à 1953 29.

En langue espagnole, la revue hebdomadaire de l'Action Catholique de Madrid Ecclesia publie tous les documents importants, et Christian-dad de Barcelone édite également la Collecion de Documentos Pontificios. De même, dans cette même ville, il y a un volume annuel paraissant sous le titre « Anuario Petrus » 30 et portant en sous-titre « La Voix du Pape durant l'Année... »

En Angleterre il y a un fascicule périodique portant à la connaissance du public les documents de Vie XII31 et une toute récente édition américaine porte le titre de « The Pope speaks — Addresses and Publications of the Holy Father » 32.

La revue mensuelle « The Catholic Mind » publie d'ailleurs dans chacun de ses numéros la traduction anglaise des principaux documents 33.

De leur côté toutes les revues diocésaines font une large place à la diffusion des documents pontificaux.

Avouons, très naïvement, que quand sur une table, nous voyons toute cette documentation étalée, la collection que nous présentons nous-même, ne fait pas du tout piètre figure, au contraire, elle a grande allure.

De plus, elle demeure après le texte officiel™ l'instrument de travail jusqu'à présent inégalé.

C'est pourquoi nous osons, — malgré l'abondance mentionnée — continuer notre publication.





ALLOCUTION A DES PELERINS BAVAROIS

(1" janvier 1952) 1






Le mardi 1er janvier le Saint-Père reçut dans la Salle du Trône une centaine de pèlerins bavarois auxquels il dit :

Vous venez de Bavière, et, en particulier, de l'Aima Mater de Munich, à Rome et à Nous. Recevez Notre cordial salut. Que celui-ci soit en même temps une bénédiction pour l'année nouvelle qui débute aujourd'hui.

Pendant ces jours, vous avez vu Rome, l'unique et l'incomparable. Le Passé se survit toujours en ses ruines et il ressuscite souvent d'une manière impressionnante au regard du visiteur.

La Roma eeterna, la Rome éternelle annonce avant tout une chose : le gouvernement de la Providence divine. Ce règne peut se toucher du doigt dans l'Histoire de la Cité, vieille de deux millénaires et demi, et la Civitas Dei de saint Augustin doit être lue ici à Rome.

Cependant, Saint-Pierre demeurera sans doute toujours le sommet d'une visite à Rome. C'est Elle (cette basilique) le symbole de la Rome éternelle et religieuse, de la Foi chrétienne, de l'Eglise catholique et de Sa volonté d'apporter au monde entier la Vérité et la Grâce du Christ, comme de Son assurance de transcender la durée, et de survivre à tous les temps.

Vous venez d'un pays qui, après un écroulement sans nom dans le monde, offre le spectacle d'un redressement sans exemple.

Reconstruisez avec une espérance pleine de confiance mais une espérance toujours finalement ancrée en Dieu.

Saluez Munich et ses chers et grands Pasteurs, Munich à laquelle Nous rattachent de nombreux et d'aimables souvenirs 2.



Que l'Amour et la Grâce de Jésus-Christ vous soient abondamment départis à tous, en gage de quoi Nous vous donnons à vous et aux vôtres dans la Patrie, avec une paternelle bienveillance, la Bénédiction apostolique.





DÉCRET DE LA SACRÉE CONGRÉGATION DES RITES PROROGEANT POUR TROIS ANS LE RÉTABLISSEMENT FACULTATIF DE LA CÉLÉBRATION DE LA VIGILE PASCALE,

AVEC DE NOUVELLES DISPOSITIONS ET DES MODIFICATIONS DE RUBRIQUES
(11 janvier 1952) 1




Le rétablissement facultatif de la célébration de la vigile pascale, par décret de la Sacrée Congrégation des Rites du 9 février 1951, au jugement des Ordinaires de lieux, avait été concédé pour un an et à l'essai2. Malgré la brièveté du temps dont on disposait, de très nombreux diocèses du monde entier l'ont célébrée et avec un succès réellement très grand.

Beaucoup d'Ordinaires de lieux, qui ont usé de la faculté susdite, ont envoyé à cette Sacrée Congrégation le rapport demandé sur la célébration de cette vigile pascale, louant beaucoup la restauration du rite, mentionnant les abondants fruits spirituels qui en sont résultés, demandant enfin la prorogation de la faculté de célébrer de la même manière cette vigile.

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXIV, 1952, p. 48.
2 Cf. Décret du 9 février 1951 dans Documents Pontificaux 1951, page 52.


Cependant d'autres Ordinaires, après avoir entendu les rapports des curés, n'ont pas manqué de nous en référer sur quelques difficultés ou doutes qui se rencontrent dans la célébration du rite rétabli, avec l'intention de voir ces difficultés réglées et ces doutes résolus au moyen de dispositions opportunes, par le Siège Apostolique.

Et Sa Sainteté le Pape Pie XII a mandé à la Commission spéciale d'hommes compétents, qui avait préparé le rite de la vigile pascale, de soumettre à un examen attentif les relations précitées. Cette Commission, après avoir mûrement tout discuté et examiné, a conclu à la confirmation et à la prorogation pour trois ans de la faculté de célébrer la vigile pascale restaurée, si Sa Sainteté le jugeait bon, en y ajoutant quelques dispositions et modifications des rubriques.

Et enfin, sur rapport du Cardinal Pro-Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites soussigné 3, Sa Sainteté a daigné approuver les dispositions et modifications de rubriques qui suivent, pour la célébration facultative de la vigile pascale restaurée, selon l'avis des Ordinaires de lieux et pour trois ans. Quant à l'édition liturgique du rite et des rubriques de cette sainte Vigile, elle reste réservée au Saint-Siège 4.





ALLOCUTION A LA NOBLESSE ROMAINE

(14 janvier 1952) 1


Selon la tradition, la noblesse romaine est venue présenter ses voeux au Saint-Père à l'occasion du Nouvel An. Le Pape prononça le discours suivant :

Fidèles à votre ancienne tradition, vous êtes venus, chers fils et filles, apporter cette année encore au Chef visible de l'Eglise le témoignage de votre dévotion et de vos voeux de Nouvel An. Nous les accueillons avec une vive et affectueuse reconnaissance, et Nous vous offrons, en échange, Nos souhaits les plus fervents. Nous les formulons dans Nos prières, afin que cette année qui vient de s'ouvrir soit marquée par le sceau de précieuses faveurs de la Providence. Comme d'habitude, Nous désirons ajouter à ces voeux quelques étrennes spirituelles pratiques que Nous résumerons brièvement en une triple exhortation.


1° L'aristocratie a une nouvelle mission sociale à remplir :

Tout d'abord, regardez avec intrépidité, avec courage, la réalité présente. Il Nous semble superflu d'insister pour rappeler à votre esprit ce qui fut, voici trois ans, l'objet de Nos considérations ; il Nous paraîtrait vain et peu digne de vous de le voiler sous de prudents euphémismes, spécialement après que les paroles de votre éloquent interprète Nous ont donné un si clair témoignage de votre adhésion à la doctrine sociale de l'Eglise et aux devoirs qui en découlent. La nouvelle Constitution d'Italie ne vous reconnaît plus en tant que classe sociale dans l'Etat, ni dans le peuple, nulle mission particulière, nulle attribution, nul privilège. Une page de l'histoire a été tournée ; un chapitre a été clos ; on y a mis le point qui indique la fin d'un passé social et économique ; un nouveau chapitre a été ouvert qui inaugure des formes de vie fort diverses. On peut penser ce que l'on veut ; mais le fait est là ; c'est la « marche fatale » de l'histoire. Certains sentiront-ils douloureusement une si profonde transformation ; mais à quoi sert-il de s'attarder à en goûter longuement l'amertume ? Tout le monde doit finalement s'incliner devant la réalité ; la différence réside seulement dans la « manière ». Tandis que dans la fortune adverse les médiocres ne savent que bouder, les esprits supérieurs savent, selon l'expression classique, mais dans un sens plus élevé, se montrer « beaux joueurs » en conservant imperturbablement leur attitude noble et sereine.


La vraie noblesse réside dans l'exercice des vertus :

Elevez votre regard et tenez-le fixé sur l'idéal chrétien. Tous ces bouleversements, ces évolutions ou révolutions, le laissent intact ; on ne peut rien contre ce qui est l'essence intime de la véritable noblesse, celle qui aspire à la perfection chrétienne, telle que le Rédempteur l'a indiquée sur la Montagne. Fidélité sans condition à la doctrine catholique, au Christ et à son Eglise ; capacité et volonté d'être également pour les autres des modèles et des guides. Est-il peut-être nécessaire d'en énu-mérer les applications pratiques ? Donnez au monde, même au monde des croyants et des catholiques pratiquants, le spectacle d'une vie conjugale irréprochable ; édifiez-le par un foyer vraiment exemplaire ; opposez une digue à toute infiltration, dans votre demeure, dans votre cercle, de principes néfastes, de condescendances ou tolérances pernicieuses, qui pourraient contaminer ou troubler la pureté du mariage et de la famille. C'est là certainement une digne et sainte entreprise tout à fait susceptible d'intéresser le zèle de la noblesse romaine et chrétienne, à notre époque.

Tout en proposant ces réflexions à votre esprit, Nous pensons tout spécialement aux pays où la catastrophe destructrice a frappé avec une rigueur particulière les familles de votre classe, en les réduisant de la puissance et de la richesse à l'abandon et même à la dernière misère ; mais en même temps, elle a découvert et mis en lumière la noblesse et la générosité avec lesquelles tant d'entre elles sont demeurées fidèles à Dieu même dans l'infortune, et la magnanimité et la dignité avec lesquelles elles savent supporter leur sort, vertus qui ne s'improvisent pas, mais fleurissent et mûrissent à l'heure de l'épreuve.



3° Les membres de la noblesse doivent apporter leur concours aux oeuvres de construction sociale :

Apportez enfin à l'oeuvre commune votre collaboration dévouée et empressée. Le champ est très vaste où votre activité peut s'exercer utilement : dans l'Eglise et dans l'Etat, dans la vie parlementaire et administrative, dans les lettres, dans les sciences, dans les arts, dans les diverses professions. Line seule attitude vous est interdite : elle serait radicalement opposée à l'esprit d'origine de votre condition ; Nous voulons parler de 1'« abstentionnisme ». Plus qu'une « émigration », il serait une désertion ; parce que, quoi qu'il puisse arriver et quoi que cela puisse coûter, il convient, avant tout, de maintenir, contre tout danger de la plus petite fissure, l'union étroite de toutes les forces catholiques.

Il peut se faire que, dans la situation présente, un point ou l'autre vous déplaise. Mais dans l'intérêt et pour l'amour du bien commun, pour le salut de la civilisation chrétienne, dans la crise qui, loin de s'atténuer, semble plutôt aller en croissant, soyez fermes sur la brèche, à la première ligne de défense. Vos qualités particulières peuvent trouver là, aujourd'hui encore, à s'employer parfaitement. Vos noms, qui résonnent hautement jusque dans les souvenirs du lointain passé, dans l'histoire de l'Eglise et de la société, rappellent à la mémoire des figures de grands hommes et font retentir comme un écho dans vos âmes la voix qui exhorte au devoir de vous en montrer dignes.

Le sens inné de la persévérance et de la continuité, l'attachement à la tradition sainement entendue, sont des notes caractéristiques de la véritable noblesse. Si vous savez unir à celles-ci une ample largeur de vues sur la réalité contemporaine, spécialement sur la justice sociale, et une loyale et franche collaboration, vous accorderez à la vie publique un concours de la plus haute valeur.

Telles sont, chers fils et filles, les pensées que Nous avons cru opportun de vous suggérer à l'aurore de cette nouvelle année. Veuille le Seigneur vous inspirer la résolution de les réaliser et qu'il daigne féconder votre bonne volonté par l'abondance de ses grâces, en gage desquelles, Nous vous donnons, de tout coeur, à vous, à vos familles, à vos enfants, à vos malades et infirmes, à tous ceux qui vous sont chers, proches et lointains, Notre paternelle Bénédiction apostolique 2.





LETTRE DE MONSEIGNEUR MONTINI SUBSTITUT A LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT AU R. P. PAUL DEZZA S. J.

(18 janvier 1952) [1]




L'Université Grégorienne Pontificale ayant créé un Institut d'Etudes sociales, un prêtre du diocèse de Mantoue : l'abbé Aldo Leoni a présenté une thèse intitulée : « Sociologie et géographie religieuse d'un diocèse ». — A cette occasion, la Secrétairerie d'Etat envoya la lettre suivante au directeur de cet Institut :

« L'annonce de la création d'un Centre spécial de sociologie religieuse — dû à l'initiative de l'Institut de Sciences Sociales, et dont le volume de la collection Studia Socialia, que vous avez adressé en hommage à Sa Sainteté, constitue le premier essai2 — a été accueillie avec un intérêt particulier par le Saint-Père, à qui n'échappe point l'importance de cette initiative bien inspirée, visant à favoriser une organisation plus rationnelle de l'activité apostolique.

En effet, si la première et indispensable préparation à l'apostolat doit consister dans la prière qui lui assure l'aide de la grâce, il paraît cependant évident combien est profondément utile une connaissance plus approfondie des moyens pratiques, afin de mieux conduire et adapter aux exigences modernes le travail de l'apostolat. »



* On lira les allocutions à la Noblesse romaine :
— le 14 janvier 1948 dans Documents Pontificaux 1948, p. 24.
— le 15 janvier 1949 dans Documents Pontificaux 1949, p. 28.
— le 12 janvier 1950 dans Documents Pontificaux 1950, p. 18
— le 11 janvier 1951 dans Documents Pontificaux 1951, p. 28.




LETTRE APOSTOLIQUE AUX CATHOLIQUES DE CHINE

(18 janvier 1952)1




L'Eglise de Chine, depuis que ce pays est soumis h un régime communiste, connaît une terrible persécution. Aussi le Pape envoie-t-il le message suivant à cette Eglise dans l'épreuve.

Le Pape rappelle la glorieuse histoire de la Chine :

Nous désirons vous manifester avant tout Notre ardente affection envers la nation chinoise tout entière : dès les temps les plus reculés, elle s'est distinguée entre les autres peuples de l'Asie par ses hauts-faits, par les monuments de sa littérature, par l'éclat de sa civilisation, et, lorsqu'elle fut illuminée par la lumière de l'Evangile, qui dépasse immensément la sagesse de ce monde, elle en tira de plus grandes richesses spirituelles, à savoir les vertus chrétiennes, qui perfectionnent et affermissent les vertus naturelles. Car, la religion chrétienne, vous le savez, ne contredit à aucune doctrine, pourvu qu'elle soit vraie, à aucune institution de la vie privée et publique, pourvu qu'elle s'inspire de la justice, de la liberté et de la charité ; elle les encourage bien plutôt, les soutient et les accroît. Loin de refuser ou de rejeter le génie particulier des divers peuples, leur caractère, leurs arts et leur culture, elle les accueille, au contraire, avec empressement et, de cette variété même, tire avec joie un lustre nouveau.
Le Saint-Père énumère les tribulations de l'Eglise de Chine :


1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXIV, 1952, p. 153.




Aussi est-ce avec une immense douleur que Nous voyons chez vous l'Eglise catholique considérée, décrite et attaquée comme ennemie de votre nation, ses évêques, ses prêtres, ses religieux et religieuses souvent, hélas ! chassés de leur résidence et entravés dans le libre exercice de leurs fonctions ; comme si cette Eglise, toute consacrée aux choses du ciel, n'avait pas pour tâche d'inculquer et de fortifier la vertu dans les âmes, d'éclairer les esprits dans les écoles et collèges, de soulager les souffrances humaines dans les hôpitaux, de relever et consoler les enfants et les vieillards dans les hospices, mais avait, au contraire, pour but de rechercher des avantages matériels et la domination terrestre.



L'Eglise entière suit les événements qui se passent en Extrême-Orient :

Aussi quoique, dans Notre récente Encyclique : Evangelii proecones 2, Nous Nous soyons adressé à tous les fidèles qui, en Extrême-Orient, ont souffert et souffrent à cause de leur attachement à la religion, c'est pourtant vers vous qu'à nouveau se tourne Notre coeur, c'est à vous particulièrement que Nous désirons adresser la présente lettre, c'est vous que Nous voulons consoler et encourager paternellement, car Nous savons bien vos angoisses, vos anxiétés, vos adversités. Connaissant aussi la fermeté de votre foi, votre ardent amour pour le Christ et son Eglise, Nous rendons grâces à Dieu le Père par son Fils unique, notre divin Rédempteur, qui vous a donné et vous donne la force surnaturelle de livrer de saints combats pour sa gloire et le salut des âmes.

2 On lira le texte de l'Encyclique Evangelii Proecones, du 2 juin 1951, dans : Documents Pontificaux 1951, p. 195.
» Rm 1,8.
4 He 11,37-38.
5 Ph 1,29.


Vers vous, de toutes les parties du monde, les catholiques tournent avec admiration leurs esprits et leurs coeurs ; « votre foi est annoncée dans le monde entier »3 ; et l'on peut vous appliquer ces paroles de l'Apôtre des Gentils : « Ils ont été dans l'épreuve,... dans le besoin, dans la détresse, dans l'affliction,... eux dont le monde n'était pas digne » 4. C'est donc à votre gloire bien loin d'être à votre confusion, qu'il « vous a été donné non seulement de croire au Christ, mais encore de souffrir pour Lui » 5.



Que les catholiques de Chine demeurent forts :

Il s'agit de la cause de Dieu et de sa Sainte Eglise : « Ne soyez donc en rien effrayés par les adversaires » 6 ; mais soyez forts, de cette force d'âme qui s'appuie, non sur les ressources humaines, mais sur la grâce divine, et qui s'obtient par d'instantes prières. Offrez à Dieu comme un suave holocauste, vos difficultés, vos souffrances, vos angoisses, pour qu'il daigne enfin, dans sa bonté, accorder à l'Eglise de Chine la paix, la tranquillité, la liberté et qu'il fasse comprendre à tous — ce qui est d'ailleurs plus clair que l'éclat du soleil — que l'Eglise ne cherche pas les choses de la terre, mais celles du Ciel et que, selon sa mission, c'est vers la patrie céleste qu'elle oriente et dirige ses enfants, par l'acquisition des vertus et la pratique des bonnes oeuvres.

L'Eglise catholique n'est pas une puissance terrestre :

Il ne manque pas d'hommes — tout le monde le sait et le voit facilement — qui tendent à s'emparer du pouvoir terrestre, à l'étendre et à l'accroître de jour en jour ; ce n'est pas là ce que désire, ce que demande l'Eglise.


Elle vise, au contraire, à répandre les bienfaits spirituels :

Elle s'applique à répandre la vérité de l'Evangile ; elle en enrichit l'âme des humains ; elle rend ceux-ci meilleurs et dignes du ciel.


L'Eglise prêche la fraternité entre tous :

Elle s'efforce de faire régner entre les citoyens la concorde fraternelle, console et soulage, selon ses moyens, les malheureux, assure et renforce, grâce aux vertus chrétiennes, plus puissantes que toutes les armes, les fondements mêmes de la société.


Les catholiques sont les meilleurs soutiens des autorités publiques :

• Ibid., 1, 29.

Les fils de l'Eglise ne le cèdent à personne en patriotisme ; ils obéissent par devoir de conscience et selon les règles établies par Dieu aux autorités publiques : ils rendent à chacun ce qui lui est dû, à commencer par Dieu.


L'Eglise catholique est supra-nationale :

L'Eglise catholique n'appelle pas à elle un seul peuple ou une seule nation, mais ce sont tous les hommes, à quelque race qu'ils appartiennent, qu'elle aime de la divine charité du Christ, qui doit les unir tous par des liens fraternels. Personne ne peut donc prétendre qu'elle est au service d'une puissance particulière ; de même qu'on ne peut exiger d'elle que, brisant l'unité dont son divin Fondateur lui-même a voulu la marquer, elle laisse se constituer dans chaque nation des églises séparées, qui pour leur malheur, soient détachées du Siège Apostolique où Pierre, Vicaire de Jésus-Christ, vit dans ses successeurs jusqu'à la fin des siècles. Une communauté chrétienne qui agirait ainsi, se desséchera comme le sarment coupé du cep 7 et ne pourra pas produire de fruits de salut8.


L'Eglise ne vise qu'à confier l'apostolat de la Chine à des évêques et à des prêtres chinois :

Cela, Vénérables Frères et chers fils, vous le savez parfaitement. Aussi, à de telles embûches, même habiles, même dissimulées, même déguisées, sous une apparence de vérité, vous opposez fermement votre volonté. Et vous savez bien aussi que si des hérauts de l'Evangile sont venus vers vous de nations étrangères, c'est uniquement afin de pourvoir aux immenses besoins de votre nation en ce qui concerne la religion chrétienne, et pour prêter secours au clergé indigène qui n'est pas assez nombreux encore pour suffire à ces besoins. C'est si vrai que, dès qu'il a été possible de confier vos diocèses à des évêques qui fussent vos concitoyens, le Saint-Siège l'a fait très volontiers. Il y a vingt-cinq ans, en effet, que Notre Prédécesseur d'heureuse mémoire, Pie XI, dans son ardente charité pour l'Eglise de Chine, consacrait lui-même, dans la majesté de la Basilique vaticane, les six premiers évêques choisis dans votre nation ; et Nous-même, n'ayant rien plus à coeur que de voir le progrès de votre Eglise s'affermir et s'étendre chaque jour davantage, avons constitué, il y a quelques années, la Hiérarchie ecclésiastique en Chine et élevé un de vos concitoyens pour la première fois, dans les annales de l'Histoire, aux honneurs de la pourpre cardinalice *.


Il est odieux de chasser de Chine les missionnaires étrangers ;

Demander que tous les missionnaires qui ont quitté leur chère patrie et sont venus chez vous cultiver, au prix de leurs travaux et de leurs sueurs, le champ du Seigneur, soient chassés de votre pays comme s'ils en étaient les ennemis, c'est là une exigence non seulement douloureuse, mais encore des plus funestes pour la croissance même de votre Eglise. Car le fait que ces missionnaires ne sont pas citoyens d'une seule nation étrangère, mais qu'ils sont choisis dans beaucoup d'entre elles, dans toutes celles où la religion chrétienne est déjà florissante et vigoureux le zèle de l'apostolat chrétien, montre à l'évidence que l'Eglise catholique a pour caractère propre d'être universelle ; ces hérauts de l'Evangile ne cherchent, en effet, rien d'autre, ne désirent rien tant que d'adopter votre terre comme une seconde patrie, de l'éclairer de la lumière de la doctrine catholique, de la former aux moeurs chrétiennes, de l'aider par une charité surnaturelle, et de l'amener, par l'augmentation progressive du clergé indigène, à un état de pleine maturité qui lui permette de se passer du secours et de la collaboration des missionnaires étrangers.

Il n'apparaît pas moins évident à toute personne de bonne foi que les religieuses qui, comme des anges consolateurs, se consacrent aussi parmi vous au soin des écoles, des orphelinats, des hôpitaux, sont animées par l'esprit divin de la charité ; sous son impulsion, après avoir renoncé aux noces terrestres, pour s'unir à l'Epoux céleste, elles adoptent comme leurs, vos propres enfants, surtout les pauvres et les abandonnés, et, d'un coeur surnaturel et doucement maternel, elles les élèvent et leur donnent dans toute la mesure de leurs forces, l'instruction et l'éducation convenables 10.


L'Eglise ne demande que la liberté d'action nécessaire à son mandat divin :

Comme vous le savez bien, l'Eglise catholique agit ainsi par le mandat et sur l'ordre reçus de son divin Fondateur ; elle agit ainsi, disons-Nous, sans rien demander d'autre que de jouir parmi vous de la légitime liberté de pouvoir accomplir sa mission pour le bien et le salut du peuple lui-même.


Il ne faut pas s'étonner si l'Esprit du mal s'attaque aux représentants de l'Eglise :

Et si elle tombe sous le coup des calomnies et des fausses accusations, que ses Pasteurs et ses fidèles ne se troublent pas ; qu'ils s'appuient plutôt avec confiance sur les promesses de Jésus-Christ, exprimées en ces solennelles paroles : « Les Portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle » 11 ; « voici que je suis parmi vous tous les jours jusqu'à la fin des siècles » 12. Bien plus, faites monter vers Dieu les plus ardentes prières pour les persécuteurs eux-mêmes : afin que, dans sa bonté, Il illumine et touche leurs esprits de sa lumière et de sa grâce persuasive, qu'il les oriente vers les célestes vérités. Poursuivez donc votre action, Vénérables Frères et chers fils, sans crainte

des périls ni des difficultés, mais vous souvenant des sublimes sentences du Divin Rédempteur : « Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés ; Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés... Bienheureux êtes-vous quand on vous maudit, quand on vous persécute ou que l'on dit par mensonge toute sorte de mal contre vous à cause de moi : réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux » I3. De même qu'aux premiers âges les Apôtres allaient pleins de joie... parce qu'ils avaient été trouvés dignes de souffrir des outrages pour le nom de Jésus14, ainsi vous-mêmes, ne craignez point, mais tournant vers le ciel vos regards, vos esprits et vos coeurs, soyez remplis de cette sainte joie et des célestes consolations qui dérivent d'une bonne conscience et sont nourries de la ferme espérance de la récompense éternelle.

En d'autres circonstances déjà, au cours des siècles, votre Eglise a connu la persécution et elle en a subi de très violentes ; déjà le sang sacré des martyrs empourpra votre sol ; et toutefois vous pouvez à bon droit répéter : « Nous moissonner, c'est nous multiplier ; c'est une semence que le sang des chrétiens » 15.


L'Eglise sortira victorieuse de toutes ces épreuves :

En vérité, comme chacun peut l'observer, toutes les réalités humaines, tristes ou heureuses, débiles ou puissantes, disparaissent tôt ou tard ; mais la société que le Christ Notre-Seigneur a fondée, c'est jusqu'à la fin des siècles, qu'à travers les adversités et les contradictions, les embûches et les triomphes, les combats et les victoires, elle poursuit sa route sous la conduite de la Toute-Puissance éternelle, s'acquittant de sa mission de paix et de salut : elle peut être combattue, elle ne peut être vaincue. C'est pourquoi, animés d'une ferme confiance dans les divines promesses, ne craignez rien ; de même qu'après l'orage et la tempête, le soleil brille à nouveau ; ainsi sur votre Eglise, après tant de souffrances, d'angoisses et de troubles, la paix, la tranquillité, la liberté resplendiront un jour enfin par la grâce de Dieu.


Le Pape exhorte tous les chrétiens à prier pour les catholiques de Chine :

Mais entre temps, Nos supplications et celles de tout le peuple chrétien s'unissent très étroitement et ardemment à vos prières ; elles font comme une douce violence au ciel pour obtenir du Père des miséricordes qu'au plus tôt et au mieux se réalisent ces espérances.

C'est cela qu'implorent — Nous les en prions — les saints martyrs qui furent déjà pour vos aînés des exemples d'héroïsme et qui maintenant jouissent dans le ciel de la gloire immortelle ; plus encore c'est cela qu'implore la Vierge Marie Mère de Dieu, Reine de la Chine, que vous aimez et vénérez avec une si ardente piété ; qu'elle apporte son très puissant réconfort à ceux surtout qui sont en proie aux périls et aux angoisses dans les prisons ou en exil ; qu'elle assiste particulièrement ceux d'entre vous qui, dans les rangs d'une pacifique association, se consacrent à son service et se glorifient de son nom ; qu'elle leur donne force, consolation et secours.

Et tandis que Nous élevons vers le Ciel Nos mains suppliantes, et implorons pour vous la grâce divine, source de force chrétienne, Nous accordons dans l'effusion de Notre coeur à chacun d'entre vous, Vénérables Frères, comme à tous les fidèles confiés à votre sollicitude pastorale, en gage de cette même grâce et en témoignage de Notre paternelle bienveillance, la Bénédiction apostolique.





Pie XII 1952