Pie XII 1952 - ALLOCUTION AUX PÈLERINS VENUS A ROME POUR LA BÉATIFICATION DE SOEUR MARIE BERTILLE BOSCARDIN


LETTRE DE MONSEIGNEUR J.-B. MONTINI SUBSTITUT A LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT AU FRÈRE CLANCY, SUPÉRIEUR GÉNÉRAL DES IRISH CHRISTIAN BROTHERS

(12 juin 1952) 1 les succès dont la Divine Providence a couronné l'oeuvre méritoire d'éducation des Christian Brothers.


Le Saint-Père prie afin que - en ce moment où il est plus urgent que jamais de fournir une solide éducation à la jeunesse — le Dieu Tout-Puissant continue à bénir et à favoriser les travaux zélés des Frères des Ecoles Chrétiennes d'Irlande. En gage de cette faveur divine et comme promesse de Sa paternelle bienveillance, Sa Sainteté vous donne, à vous et à tous les membres de votre très estimé Institut sa Bénédiction apostolique spéciale.







En juin 1802, Edmond Rice, ému en voyant dans quelles conditions vivaient les jeunes, fonda à Waterford en Irlande, une Congrégation de Frères pour leur venir en aide. Cet Institut religieux fête en 1952 son 150e anniversaire. Il est aujourd'hui répandu en Irlande, aux Etats-Unis et en Australie et compte 2.200 religieux 2.

« Le Saint-Père, ayant appris que bientôt on célébrerait le cent cinquantième anniversaire de l'Institut des « Christian Brothers » d'Irlande, ne veut pas manquer cette occasion de vous envoyer Ses salutations paternelles et Ses félicitations.

Sa Sainteté m'a chargé, à cet effet, de vous envoyer Ses cordiales congratulations en cette occasion solennelle et de vous exprimer une fois de plus l'assurance de son paternel encouragement pour les louables réalisations de votre Institut dans le domaine de l'éducation chrétienne de la jeunesse.

1 D'après le texte anglais de l'Osservatore Romano, des 13-14 juin 1952.

2 La Maison-Mère des Irish Christian Brothers est siTuée à Dublin, St Mary's Marino.


` class=Rtyle49 style='margin-top:0cM;margin-right:0cm;margin-bottom:21.1pt;margin-left:39.1pt;elane-height:10.55pt vous et les Frèbes vous chanterez un hymne de re­connaissance à Dieu pour le don de Ses nombreuses faveurs et bénédictions. Le Souverain Pontife m% prie de vous dire que Lui aussi élèvera Sa voix pour reme2cier Dieu du fait qu'Edmond Ignace >Rice <'span>a été invité à faire cette grande fondation, et pour


UN DÉCRET DU SAINT-OFFICE CONDAMNANT LE LIVRE DE M. ROBERT MOREL: LA MÈRE, VIE DE MARIE

(14 juin 1952) '






Dans la réunion plénière du mercredi 28 mai 1952 de la Suprême Sacrée Congrégation du Saint-Office, les Eminentis-simes et Révérendissimes Cardinaux préposés à la défense de la foi et des moeurs, sur l'avis des Révérendissimes Consultées, ont condamné et prescrit de placer à l'Index des livres défendus La Mère, Vie de Marie, par Robert Morel (Paris, Se-quana, 1946) et sa traduction allemande Das Leben Marias (Ol-ten, Walter).

Et le jeudi suivant, </span&29 mai, Notre Très Saint Père le Pape Pie XII, dans l'audience accordé% à S. Excelle.ce Révérendissime l'Assesseur du Saint-Office a approuvé la décision des Emi-nentissimes Pères, qui lui avait été soumise, l'a confirmée et a ordonné sa publication 2.

DISCOURS



AUX ÉTUDIANTS DE L'UNIVERSITÉ DE ROME

<p>

(15 juin 1952) 1

Recevant en audience les étudiants de l'Université de Rome, Pie XII prononça le discours suivant :

Votre présence est vivement agréable à Notre coeur, chers fils du Studium Urbis, qui, sous la conduite de M. le Ministre de l'Instruction publique 2, du Recteur Magnifique 3 et d'illustres professeurs du glorieux Athénée, êtes venus à Nous, comme pour conclure par une profession publique de foi et de dévotion au Vicaire du Christ, les travaux de l'année académique, c'est-à-dire un autre pas en avant sur la voie du progrès civil, but poursuivi par votre Université comme par toutes les autres.

Depuis longtemps vous désiriez venir Nous témoigner votre filiale affection ; mais les devoirs impérieux de Notre charge pastorale Nous ont contraint à renvoyer jusqu'à ce jour cette rencontre désirée.

Du reste vous n'ignorez pas la sollicitude assidue avec laquelle Nous suivons la vie universitaire, ses progrès, ses problèmes, ses luttes ; de même que vous ne méconnaissez pas les témoignages de Notre prédilection, particulièrement celui que Nous voudrions voir considéré par vous comme un don jailli du plus profond de Notre coeur : la Chapelle Universitaire que vous avez si souvent désirée et accueillie avec joie, comme centre spirituel et couronnement de la Cité des Etudes.

Et quel meilleur don pouvions-Nous offrir à la Jeunesse universitaire romaine, si ce n'est un temple, qui demeurant un



1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXIV, 1952, p. 481.

2 L'auteur n'a pas su $iscerner dans cet ouvrage les sources limpides des l'avec les faits légendaires, plaçant tous ces textes mélangés sur le même niveau. De plus, 1 Vierge Marie est replacée dans son cadre naturel, mais en négligeant les éléments sur-aturels. L'ouvrage est enfin marqué à plusieurs reprises par un réalisme indécent.

monument éternel de Notre affection, soit en même temps, avec sa salle destinée au culte, avec la crypte dédiée à la pieuse mémoire des jeunes morts de la guerre, avec sa consécration à la Sagesse éternelle, le sanctuaire où la jeunesse puisse trouver un aliment pour le triple flambeau qui devra indiquer et éclairer le chemin de sa vie : la patrie — comme extension de la famille —, la science et la religion qui sont les trois piliers d'une société moderne bien ordonnée ?

i. Les étudiants sont les futurs dirigeants du pays.

Or, vous êtes, non point exclusivement, mais de préférence à toute autre catégorie de la jeunesse, l'avenir de votre patrie, parce que les professions libérales sont parmi les activités civiques celles qui donnent davantage le ton à la vie de la nation et en marquent le cours. La direction de la société de demain repose principalement dans l'esprit et dans le coeur des universitaires d'aujourd'hui. Et puisque vous êtes venus à Nous pour recevoir quelques pensées salutaires, il Nous semble que Nous pouvons vous dire : pénétrez, enracinez, approfondissez en vous la conscience de futurs dirigeants de la nation et, en même temps, les responsabilités particulières envers la patrie, dans chacune des professions auxquelles vous vous consacrerez après avoir heureusement terminé vos études.

L'avenir de la patrie parmi les peuples modernes et civilisés dépend donc en premier lieu de sa jeunesse universitaire. Aussi chaque catégorie de citoyens regarde ses équipes avec une timide espérance et, conformément à une antique tradition, a l'habitude de les entourer d'une accueillante sympathie ; c'est pour cela que les groupes professionnels des anciens en suivent attentivement les événements ; c'est pour cela que les Etats n'épargnent point les sacrifices pour assurer, dans la mesure du possible, la stabilité et le développement des Athénées. Et la patrie se fie à v/us lon seulement en des circonstancer extraordinaires, par exEmple, que Dieu l'en préserve, si elle se trouvait en grave danger, parce qu'elle est déjà accoutulée à compter sur les nobles impulsions de la jeunesse universitaire toujours prête à répondre à un de ses appels et entraînant toutes les autres jeunes âmes, mais également dans le cours normal de la vie nationale, que vous alimenterez par l'exercice de votre profession.

Un sentiment de tendre émotion se répand dans Notre coeur en vous voyant à présent si jeunes et hardis et en pensant en même temps que, dans quelques années, qui s'écouleront rapidement en réalité, tant de gens ayant besoin de vos conseils, de votre aide et de votre appui auront recours à vous avec confiance, en pensant que de vos décisions dépendront la vie de tant de malades, la paix de tant de familles, le triomphe de la justice, l'éducation de tant d'enfants, le sort de tant d'ouvriers ; que votre capacité déterminera le progrès du pays, l'emploi avisé de ses ressources, le développement des industries, des communications, des routes, de la navigation, des machines, la sécurité contre les calamités, la santé publique, l'économie, le visage extérieur de la nation. Et de quels autres sinon de vous et de votre intelligence, peut-elle attendre les nouvelles découvertes de la science, les inventions bienfaisantes et utiles, en un mot ce progrès technique et scientifique qui fait honneur au peuple qui s'en fait le promoteur ? En vérité, vous serez l'intelligence de la patrie, mais surtout vous en serez le coeur, parce que c'est de vous que dépendront si largement le bien-être du peuple, la sainteté des lois, l'honnêteté des moeurs, la droiture politique, la bonne entente avec les peuples voisins, la paix laborieuse.

Nous désirons vous rappeler cela, non point pour que, flattés dans votre orgueil, vous vous sépariez du peuple, comme en une caste privilégiée, mais pour que vous vous pénétriez des graves responsabilités sociales qui dès à présent doivent être affrontées au moyen d'une préparation appropriée. C'est précisément en ces années de jeunesse, où l'esprit est plus agile et ouvert, où sont moindres les soucis de la vie ordinaire, où le temps est plus facilement libre, que naît le médecin qui ne se trompe pas, le juriste qui ne tâtonne pas, le technicien sûr et précis, le littérateur qui ouvre de nouvelles voies, l'homme d'Etat prévoyant et sagace.

Votre amour de la Patrie, vos idéaux scientifiques et professionnels se réalisent par conséquent dès à présent dans l'étude assidue et méthodique qui exige une discipline voulue plus qu'imposée, une austérité de vie, un recueillement constant, une pureté de moeurs qui est l'aide la plus efficace pour un profit réel dans le savoir.

2. Les Universitaires doivent cultiver la science

L'autre flambeau qui illuminera votre chemin sera la science elle-même, dans ses branches multiples, que vous sentirez vous-mêmes le besoin de cultiver incessamment. La maturité des années vous dira combien vous devez être reconnaissants envers Dieu de vous avoir dirigés sur les sentiers de la science, qui en échange des nombreuses peines qu'elle exige, sait donner à ceux qui s'y consacrent des satisfactions inestimables et des titres d'authentique noblesse, qu'aucun autre travail ne peut accorder à l'exception de l'art. Quel splendide ornement de la personne est la science approfondie, possédée et ensuite utilisée pour le bien d'autrui ! Quelles vives satisfactions, Nous ne voulons pas dire d'amour-propre, mais de la tendance humaine primordiale envers la science et envers ses plus larges visions ! Peu d'autres biens terrestres peuvent l'égaler dans le perfectionnement de l'homme.

Toutefois, tout en vous laissant profondément pénétrer par son charme, ne croyez pas qu'elle puisse vous satisfaire entièrement. Un tel espoir non seulement serait surévaluation erronée de son pouvoir de perfection, mais provoquerait d'amères désillusions le jour où, avec la maturité de l'esprit, surgira en vous la conscience des valeurs humaines plus profondes et totales, car l'homme acquiert par degrés la conscience de tout son être. Ce jour-là même la philosophie, qui est l'interprète de la nature et de la conscience naturelle et ainsi en quelque sorte la règle de la vie, ne saura répondre à tous les problèmes et à toutes les difficultés. Il conviendra de remonter à des sources plus hautes, auxquelles conduisent le sincère amour de la vérité et sa sûre possession : Nous voulons dire aux sources religieuses surnaturelles.

3. Les Universitaires doivent être des hommes de foi :

Notre exposé Nous a conduit au troisième point que Nous entendons aborder ; Nous voulons parler de la foi chrétienne, ce flambeau qui éclaire le chemin de la vie, cette sécurité qui réconforte et encourage en toute circonstance, « cette chère joie sur laquelle se fonde toute vertu » 4. Infusée par le baptême, la foi a été nourrie en vous et cultivée dès vos jeunes années par la prière et les Sacrements, par l'enseignement du catéchisme, par l'exemple — Nous l'espérons — de ceux qui vous entourent. Maintenant que vous êtes adultes et arrivés à l'âge où vous devez de vous-mêmes choisir et vous décider, il faut que vous fassiez devenir comme votre possession particulière et consciente, que vous compreniez sans cesse plus profondément et que vous viviez toujours plus intensément le trésor de la foi catholique et la richesse de vérité et de grâce que Jésus-Christ vous a donnés par sa rédemption et par son Eglise, et dont II a posé le germe dans vos âmes dès votre berceau.

C'est là le plus haut devoir de votre vie, dont l'accomplissement exige le concours de l'homme tout entier : l'esprit et le coeur, la conviction intérieure et la force de la volonté.

Cependant, plusieurs subissent une crise de foi :

Une première expérience doit vous faire réfléchir : d'où vient-il que tel ou tel compagnon de votre entourage, auparavant croyant et pieux, le seuil de l'Université franchi, subit une crise qui petit à petit se résout dans l'indifférence religieuse ou sous une autre forme plus ou moins explicite d'athéisme ? Vous ne pouvez vous attendre, chers fils, à ce que Nous traitions en quelques paroles un problème si délicat. D'autre part, cependant, Nous avons tant à coeur votre avenir et vous-mêmes que Nous ne pouvons Nous dispenser de vous exposer quelques brèves réflexions en la matière.

Nous laissons de côté le fait qu'à l'origine de ces crises se rencontrent des difficultés intellectuelles et d'autres circonstances qui sont à rechercher, plutôt que dans le pur domaine de la raison, parmi les forêts sauvages des passions déréglées et des déviations morales ou peut-être même dans le domaine incertain des concessions que l'on estime devoir faire aux exigences d'une carrière enviée. De toutes manières une chose est certaine : il n'y a point de religion et, par conséquent, de vie religieuse personnelle, sans culte de Dieu. Mais le culte de Dieu n'est pas seulement un simple et froid acte intellectuel ; il est la louange de Dieu, le service de Dieu, l'abandon confiant en Dieu avec tout son coeur et toute son âme 5. De même « croire »





















est certainement avant tout admettre — et pénétrer dans les limites du possible — les vérités révélées par Jésus-Christ, mais également en tirer généreusement les conséquences qu'elles comportent pour la vie morale. Si donc quelqu'un estimait suffisant pour sa vie religieuse de consacrer au culte de Dieu la petite demi-heure de la Messe du dimanche, comment pourrait-il espérer éviter qu'elle dépérisse et tarisse ?

Considérez en outre que les vérités religieuses vous ont été présentées à l'âge de l'enfance et à l'école sous une forme correspondant à l'intelligence de l'enfant et de l'adolescent. La maturité intellectuelle qui permet de comprendre des problèmes et des rapports plus profonds, n'est venue qu'avec les années et, maintenant seulement, vient d'être complètement acquise par vous. Si donc, tandis que vous progressez de degré en degré dans les sciences profanes, vous ne faisiez pas des progrès analogues dans les connaissances religieuses et dans la vie de l'esprit, pourriez-vous vous étonner d'en arriver à être sujets à de telles crises ? Soyez donc conscients de votre responsabilité : perfectionnez sans cesse davantage la compréhension intellectuelle de votre foi et appliquez-vous à vivre selon les lois des grandes vertus chrétiennes.

Encore un mot sur la question de la prétendue opposition entre la foi et les sciences naturelles. La conciliation entre elles suppose deux principes. Le premier est que la méthode des sciences n'est valable que dans le domaine où elles sont réellement compétentes, c'est-à-dire celui des sens ; le second est que au-delà des connaissances et des réalités physiques, il existe d'autres réalités, les réalités métaphysiques — par exemple la causalité —, qui ne dépendent pas des données des sens, mais des lois ontologiques universelles. Bien loin d'être inférieures en certitude aux lois de la nature sensible, elles sont supérieures à celles-ci, parce qu'elles valent pour tout être en tant que tel. Or elles conduisent avec une force irrésistible à la connaissance naturelle de Dieu.

Il est vraiment funeste qu'avec le surprenant développement des sciences, ait progressé pour ainsi dire du même pas l'oubli des vérités métaphysiques dans l'esprit d'une partie des savants. Mais non pas de tous, certes ; nous trouvons, en effet, dans chaque branche des sciences, des maîtres parmi les plus grands qui furent en même temps des hommes profondément religieux. Même chez un agnostique comme Darwin, la question de l'existence d'un sage Créateur fut présente à son esprit jusqu'à la fin de sa vie ; il admit que cette pensée « often cornes over me with overwhelming force » (souvent s'abat sur moi avec une force écrasante) et que l'univers n'est pas l'oeuvre du hasard6. Nous-même avons cru pouvoir indiquer, dans Notre dernier discours à l'Académie des Sciences, que l'on note aujourd'hui parmi les savants un mouvement croissant de retour à l'idée de la création 1.

Nous n'ajouterons à présent plus qu'un mot au sujet de la crise religieuse. Les difficultés concernant la foi ne doivent pas être regardées en elles-mêmes, mais il faut les placer dans l'ensemble du problème de la religion et du monde. Des questions particulières ont déjà eu, ou trouveront un jour, leur solution, soyez-en sûrs, mais parmi les faits qui se présentent à l'esprit devant l'humanité considérée dans son histoire antique et moderne, devant les données de la sociologie spécialement contemporaine, une loi apparaît à notre regard avec une évidence saisissante : une vie conforme à la dignité de l'homme n'est possible que si les individus, les autorités publiques, sont établis sur la base de la religion, s'ils reconnaissent le Dieu personnel, son ordre, ses commandements. Des « masses » sans Dieu ne se laissent contenir, à la longue, qu'au moyen de la terreur. Cette loi a toujours été valable ; mais aucune génération autant que celle-ci n'a dû en expérimenter aussi tragiquement sur elle-même la valeur. Cela n'est-il donc point pour tout esprit serein un puissant témoignage de l'existence de Dieu ?

Avec Dieu dans l'esprit, avec Dieu dans le coeur, avec Dieu dans la profession, en vous conformant sans hésitations à sa sage loi et à ses aimables dispositions, parfois mystérieuses, vous pourrez affronter avec un esprit tranquille la difficile traversée qui vous attend. Sans Lui, même les activités professionnelles, et spécialement celles qui ont des rapports plus intimes avec l'esprit humain, avec la philosophie, l'enseignement, la jurisprudence, la médecine, la politique, seraient réduites dans leur vigueur.

Soyez certains que le meilleur moyen pour éviter d'inutiles naufrages et conserver resplendissant le flambeau de la foi est d'en pratiquer les préceptes avec la candeur que vous aviez

« Francis Darwin, The Life and Letters of Charles Darwin, London 1887, vol. I, p. 316. 7 Cf. Documents Pontificaux ioji, p. 125.

lorsque vous appreniez les commandements divins sur les genoux de vos mères, et pour ainsi dire sous leurs yeux, particulièrement vous qui, loin de vos maisons, vous sentez parfois engloutis et comme devenus anonymes dans la grande ville, et par conséquent d'autant plus exposés aux séductions du mal.

Le Pape formule en terminant ses meilleurs souhaits à l'adresse des étudiants :

Voici, chers fils, comment Nous voudrions la chère jeunesse universitaire : consciente des graves responsabilités sociales, appliquée à s'y préparer, généreuse dans l'aspiration à la perfection, maîtresse dans les sciences, forte dans la foi, dévouée à la patrie, continuatrice des nobles traditions de l'Athénée Romain qui a donné tant d'hommes insignes à l'Eglise et à l'Italie. Que le Royaume de Dieu, qui est une harmonie de ciel et de terre, d'oeuvres humaines et de vertus morales, de sérénité dans le temps et de béatitude éternelle, s'établisse dans vos âmes !


ALLOCUTION AU COLLÈGE PONTIFICAL ESPAGNOL

(20 juin 1952) 1


Le Collège Pontifical Espagnol fut fondé à Rome le ier avril 1892 ; à l'occasion du 60e anniversaire de cette fondation le Saint-Père reçut en audience les supérieurs de ce Collège et leur dit :

Dans une décision qui cadre parfaitement avec toute votre histoire d'affection et de dévotion envers le Siège de Pierre, vous avez voulu, très chers Supérieurs et élèves de Notre Collège Espagnol de San José, venir célébrer près de Nous les soixante années de votre Institution, comme vous l'avez fait, voici deux lustres, à l'accomplissement de son demi-siècle d'existence.

Tout ce que Nous avons dit en cette solennelle occasion, Nous le répétons : Notre satisfaction, la confiance que Nous avons mise en vous, l'importante mission qui vous attend, les moyens pour la mener à bonne fin, vos éminents modèles 2.

Mais si Nous désirons insister sur quelque chose ce serait seulement sur ce que votre Patrie attend de vous. La situation d'il y a dix ans, grâce à Dieu, n'est plus la même ; le peuple espagnol comme il l'a démontré récemment aux splendides journées de Barcelone 3, purifié dans l'épreuve, élevé dans le sacrifice, instruit par la douloureuse expérience, se fait remarquer chaque fois davantage par sa profonde religiosité. Comme en ce moment, dans les champs immenses de votre Castille, se dorent les moissons et se courbent les pointes des blés, écrasées par la fécondité des épis mûrs, de même, en Espagne, « regiones...



1 D'après le texte espagnol de l'Osservatore Romano, du 22 juin 1952.

2 Cf. Discorsi e Radiomessaggi, vol. V, p. 112.

8 II s'agit du Congrès Eucharistique de Barcelone, du 1er juin 1952, cf. p. 228.



albas sunt iam ad messem » 4, et tous attendent la main du prêtre qui sache porter tout ce fruit béni aux greniers du Seigneur. « Prêtre — dit dans ses fameuses Etymologies votre Saint Isidore — signifie qui donne le sacré — (sacrum dans) — 5. » Très chers élèves, donnez le sacré à votre et Notre Espagne ; donnez le divin ; donnez-lui Dieu, car elle a faim de Lui et vous le demande avec anxiété ; mais pour pouvoir le lui donner, mettez-le d'abord profondément dans vos âmes !

Dans Nos contacts quotidiens avec Nos fils du monde entier qui, en nombre sans cesse plus impressionnant arrivent à la maison du Père, Nous avons à Nous occuper de tant de matières, de tant de questions ; laissez-Nous vous dire aujourd'hui que Nous éprouvons, à vous parler, une satisfaction spéciale, et, sans que Nous le voulions, vient à Nos lèvres ce « Filioli », « Filioli mei » de notre aimable Rédempteur et de l'Apôtre de l'Amour ! Oui, très chers fils, votre Père le Pape sait qu'il parle aux fils élus d'une nation spécialement aimée, aux élèves d'un Collège pour lequel II éprouve, pour le moins, le même amour dont témoignèrent ses Prédécesseurs ; votre Père rend grâces au ciel, qui éclaira des hommes illustres qui furent vos Fondateurs ; Il vous recommande à votre Vierge de la Clémence et vous exhorte à vivre dans la pleine conscience de la grâce toute particulière qui consiste à être choisi là où tout est bon, pour se former ensuite là où tout est choisi. « Vos autem sacerdotes Domini vocabimini », Vous serez appelés prêtres du Seigneur si vous savez répondre à une si grande prédilection en étant des saints et des sauveurs. Alors et seulement alors, l'Eglise et la Patrie vous béniront.

4 Jean, 4, 35.

5 I Isidori Hispal., Etymolag. I., 7, c. 22, no 17 Migne P. L., t. 82, col. 292-292.


RADIOMESSAGE AUX CATHOLIQUES DE COLOMBIE

(20 juin 1.952)1


En la Fête du Sacré-Coeur, les catholiques de Colombie tenaient leur premier Congrès des OEuvres ; c'est en ce même jour que le Pape envoya le radiomessage que voici :

Très chers fils colombiens, vous qui Nous écoutez des hautes montagnes et savanes de l'intérieur, de même que vous qui suivez Notre voix des vallées riantes des régions centrales ou des fraîches côtes de l'une et de l'autre mer — c'est votre Père de Rome qui vous parle — c'est le Vicaire du Christ qui s'adresse à vous, en un grave moment de votre histoire.

Par un dessein providentiel, vous achevez de célébrer la Première Assemblée Nationale de vos OEuvres Catholiques, — grande revue de forces au service de l'apostolat, — et dont une des résolutions a été cette « Croisade de la paix » que vous concluez aujourd'hui en renouvelant votre consécration au Sacré-Coeur de Jésus.

Aurons-Nous donc besoin de vous dire avec combien d'amour, avec combien de joie Nous avons accueilli immédiatement votre désir d'entendre aujourd'hui, précisément aujourd'hui, Notre voix, alors que Nous désirions Nous-même vous parler ?
La Colombie a connu ces derniers mois des luttes fratricides :


Car la Colombie traverse des heures difficiles : leur gravité a été mise suffisamment en relief par la voix commune de vos Pasteurs. Le démon de la discorde et de la violence, non

content de séparer le monde en deux camps qui se regardent les sourcils froncés, désire vous diviser vous aussi et vous lancer les uns contre les autres, comme si, au lieu de frères, vous fussiez les ennemis les plus acharnés. Réalisera-t-il son dessein néfaste ? Transformera-t-il votre patrie en un champ clos de luttes fratricides ? Sera-t-il capable de diminuer jusqu'à un tel point le grand nom de la Colombie 2 ?

Le Pape rappelle le passé religieux du pays :

La Colombie est un peuple de vieille civilisation, dont Nous avons Nous-même plus d'une fois rattaché l'histoire à celle des anciens et vaillants paladins — Quesada, Ojeda, de la Cosa, Belalcazar, — sous la poussée héroïque desquels cédèrent les premières portes du Nouveau Monde 3.

La Colombie est un symbole de culture authentique et de bonne foi, comme cela serait démontré — puisque Nous parlons en harmonieux castillan — en rappelant seulement les noms de Caros, de Cuervo, de Marroquin ou de Gomez Restrepo, pour citer les premiers qui viennent à Nos lèvres.

Cependant la Colombie, que Nous avons appelée une porte pour la foi et la civilisation, un jardin de la Vierge 4, est surtout synonyme de religiosité, de catholicisme sincère et ardent, de terre élue, où notre sainte Religion se conserve dans toute sa splendeur. N'est-ce pas par hasard, en Colombie, que dans des circonstances si critiques a été invoquée par tous « l'action pacificatrice de l'Eglise » ?

Pie XII lance une exhortation à la paix :

Eh bien ! la voici ; l'Eglise du Christ, qui, par la bouche de son chef visible, exhorte tous les Colombiens à la paix dans l'ordre et dans la justice, à la fidélité, à la doctrine de Jésus-Christ ; à cette paix, — l'unique véritable et possible, — qui naît de la réconciliation intérieure de l'âme avec Dieu, qui s'appuie sur les sentiments de fraternité et de concorde et qui, surmontant les bas instincts qui s'efforcent de la troubler, se dresse fermement sur les solides bases de l'amour et de la charité.

Et en cela précisément, très chers Colombiens, Notre confiance est grande ; car la paix se fonde sur la charité et sur l'amour ; et vous clôturez cette « Croisade de la Paix » en renouvelant votre consécration à ce Coeur si doux, symbole, centre et organe de cette suprême et divine charité, qui tout d'abord nous réconcilie avec le Père et, ensuite, s'infusant dans nos coeurs, nous enseigne à nous élever au-dessus de tous les autres amours et à nous sentir frères.

Chers Fils, c'est à ce Coeur Divin dont vous reconnaissez avoir reçu tant de grands bienfaits, que Nous recommandons vos problèmes et toutes vos difficultés, au nom de l'Eglise qui est née de sa blessure ouverte et à laquelle vous êtes appelés, en qualité de pieux fils, afin que dans la prière et dans la pénitence, dans l'intensification de la vie chrétienne, dans la dévotion à la Mère céleste et dans la fidélité à vos pasteurs, vous trouviez finalement le chemin de la paix.

On a dit, et il en est ainsi, que la Colombie est une terre singulière, où, en raison de la diversité des altitudes, de la distribution parfaite et de la latitude même, la variété du climat et de l'ambiance est d'un tel enchantement que n'importe quelle personne venue de n'importe quelle partie du monde pourra y trouver un coin agréable pour vivre à son aise ; et serait-il possible que celle qui offre un riant foyer à tout le monde, le rende ingrat pour ses propres fils ?

Il a été dit aussi que le caractère colombien, par son fonds même de culture et de religiosité, se distingue tout de suite par un je-ne-sais-quoi de sincérité courtoise et mesurée, qui rend son heureux possesseur entreprenant sans imprudences ni craintes et accueillant sans feintes ni réserves ; et serait-il admissible qu'un peuple semblable se laissât entraîner vers les abîmes de l'anarchie, où ne subsisterait plus rien ni des partis, ni de la société, ni d'autre chose ?

Le Sacré-Coeur de Jésus ne le permettra pas ; la Vierge de Chiquinquira, votre Reine, ne le tolérera pas ; cela ne se réalisera pas, si vous vous rappelez ce que vous devez à vous-mêmes ; cela ne sera pas si vous voulez écouter la voix de votre Père, qui est en train de vous parler et dans le coeur duquel vos anxiétés ont une si grande place.

La bénédiction du ciel que Nous avons l'habitude de toujours invoquer à la fin de Nos discours entend être un gage des meilleures grâces du Très-Haut. Nous ne voudrions jamais vous exclure d'aucune, très chers fils de la catholique Colombie ; mais cette fois Notre Bénédiction de Père que Nous donnons à tous avec la plus grande affection, veut être avant toute chose une promesse de paix ; d'une paix, — don des plus précieux, grâce, source de grâces — qui vous serve de réconfort pour l'esprit, de sécurité dans la vie et de sûre garantie de félicité et de progrès pour l'avenir.


ALLOCUTION A L'OCCASION DE LA BÉATIFICATION DANTOINE-MARIE PUCCI

(23 juin 1952) 1




Le dimanche 22 juin le Père A. M. Pucci2 était déclaré bienheureux ; le lendemain Pie XII recevait en audience les pèlerins venus à Rome, pour cette célébration :

« Chers Servites de Marie, et vous tous pieux pèlerins des diocèses de Pistoie, Prato, Florence, Lucques et de quelques autres, qui êtes venus honorer le Bienheureux Antoine-Marie Pucci, Nous vous accueillons avec une vive joie et Nous faisons monter vers le ciel les plus ferventes actions de grâces pour les merveilleux exemples donnés par le saint prêtre que Nous avons élevé hier aux honneurs des autels.

1 D'après le texte italien des A. A. S., XXXXIV, p. 587.

2 Le Père Antoine-Marie Pucci (1819-1892) était un religieux Servite de Marie ; à vingt-huit ans, il était nommé curé de Viareggio, en Toscane ; il y fonda de très nombreuses oeuvres. Il mourut, le 6 janvier 1892, d'une pneumonie contractée en courant au chevet d'un mourant, sous une pluie battante... et en se dépouillant en chemin de son manteau pour en couvrir un vieillard miséreux.

3 Cf. Matth., 9, 38.




Nous voudrions brièvement rappeler à votre esprit cette sainteté sacerdotale, en même temps que Nous prions le « Maître de la moisson », par l'intercession du nouveau Bienheureux, d'envoyer un grand nombre de semblables ouvriers3 au service de la sainte Eglise. La grandeur du prêtre est sublime aux yeux de la foi en raison des pouvoirs divins que Dieu Notre-Seigneur lui a accordés ; mais quand elle resplendit dans une âme entièrement consacrée à sa charge pastorale, nous pouvons contempler sur terre une authentique image du divin Rédempteur et ami des hommes, Jésus.

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documents pontificaux



antoine-marie pucci



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L'Evangile nous enseigne qu'il existe une puissante grâce de sanctification pour les prêtres, obtenue par les mérites et la prière de Jésus-Christ. N'a-t-Il pas supplié le Père, dans la prière sacerdotale 4 de les sanctifier dans la vérité, alors qu'il s'offrait Lui-même comme victime en sacrifice pour eux ? La grâce du prêtre catholique a depuis environ vingt siècles produit des fruits incomparables dans tous les pays du monde, et le nombre des Saints revêtus du caractère sacerdotal s'accroît sans cesse pour la gloire de Dieu et le réconfort de toute l'humanité. Il n'est rien de plus grand sur terre qu'un saint prêtre.

Le prêtre, qui met en pratique les conseils inoubliables reçus le jour de son ordination, s'achemine à grands pas vers la perfection. Avant de leur imposer les mains, l'évêque dit en effet à ceux qui vont être ordonnés : Rendez-vous compte de ce que vous faites, imitez ce que vous accomplissez à l'autel ; faites donc que meurent en vous tous les vices et les concupiscences. Que votre enseignement soit une médecine spirituelle pour le peuple de Dieu ; que le parfum de votre vie soit à l'avantage de l'Eglise du Christ, afin que par la prédication et par l'exemple vous édifiiez la maison, c'est-à-dire la famille de Dieu5.

Le Bienheureux Antoine-Marie Pucci entendit ces paroles le 24 septembre 1843 à Florence, dans l'église du Saint-Sauveur, des lèvres de l'évêque qui l'ordonnait. Il s'y était préparé par une pureté sans tache et par le don entier de lui-même à Dieu dans la vie religieuse. Au curé qui lui avait demandé, alors qu'il était un jeune garçon : « Que feras-tu quand tu seras grand ? », il avait répondu : « Je veux me faire religieux dans un Ordre consacré à la Vierge Marie ». La voix silencieuse de Dieu l'invitait clairement au sommet de la perfection évan-gélique, et il avait senti pour cela la nécessité d'observer les conseils de pauvreté, de chasteté et d'obéissance dans la vie religieuse, en immolant librement la triple concupiscence, celle qui incline les âmes vers les biens de la terre, celle qui les porte vers les plaisirs de la chair et celle qui inspire la soif de l'indépendance. Il avait choisi, à l'imitation de Notre-Seigneur et de Sa très sainte Mère, d'être pauvre, chaste et obéissant. De cette manière il devenait plus apte à comprendre la sainteté

4 Jean, 17, 17-19.

5 Cf. Pontf. Rom., De ordinat. Presbyt.

du sacerdoce ; il se mettait déjà, avec le divin Sauveur, en état d'hostie pour la célébration du sacrifice qu'il renouvellerait sur l'autel. Il s'y préparait également par de sérieuses études et par la formation spirituelle qu'il recevait de ses Supérieurs et Maîtres, conformément à la tradition plusieurs fois séculaire des Sept Saints Fondateurs de l'Ordre des Servites de Marie.

Nommé vicaire, il s'employa en même temps, pendant trois ans, à approfondir et compléter ses connaissances des choses sacrées, car il voulait, selon l'exhortation reçue le jour de son ordination, que « son enseignement fût une médecine spirituelle pour le peuple de Dieu », comme il le fut en réalité durant les 45 années qu'il consacra à la même paroisse de Saint-André de Viareggio. Tout en lui était prédication, parce que l'accord était parfait entre ses paroles et ses actions, entre le ton recueilli de ses conversations et de ses sermons et la manière dont il priait ou agissait en toute circonstance. « Le parfum de sa vie était vraiment à l'avantage de ses fidèles », et maintenant ce parfum se répandra dans l'Eglise universelle, avec les honneurs qui lui sont rendus et l'autorité conférée à son exemple par la solennelle Béatification.

Son unique souci fut d'« édifier la maison, c'est-à-dire la famille de Dieu ». Nous n'avons pas besoin ici d'exposer longuement l'oeuvre constructive du saint curé. Son peuple était sa famille. Il connaissait toutes ses brebis, les visitait et pouvait, grâce à la vénération que sa personne inspirait, pénétrer partout. En une époque où l'Eglise et les prêtres étaient exposés au mépris et à l'ostracisme, il recueillait le respect général. Durant les deux années du terrible choléra qui sévit à Viareggio, sa charité héroïque vainquit tous les préjugés. Il rétablissait la paix, il guidait la jeunesse, il consolait les malades. Mais, non content de cette action individuelle il appela les fidèles à se réunir et, devançant les formes actuelles d'Action Catholique, il institua les Associations pour chaque catégorie de ses paroissiens, enfants et adolescents, hommes et femmes ; il leur donna de sages règlements et les anima de son zèle. Il fonda et dirigea la nouvelle Institution religieuse des Soeurs Mantellates Servites de Marie, à Viareggio, pour l'instruction et l'éducation des jeunes filles ; il fonda également le premier Hospice marin pour les pauvres enfants malades ; il introduisit les Conférences de Saint Vincent de Paul, les OEuvres Pontificales de la Propagation de la Foi et de la Sainte Enfance. Ainsi sa

paroisse fut vraiment la famille et la maison de Dieu, entièrement organisée, solidement unie, et lui le bon Pasteur et le Père de tous. A l'imitation du Maître divin, il passa en faisant le bien. Le voir, l'écouter, réconfortait et conduisait à Dieu.

Cependant Nous ne pourrions terminer ces brèves paroles sans faire allusion à la très grande part qu'eut dans la vie du nouveau Bienheureux la dévotion à la Sainte Vierge.

Dès le début, il voulut se consacrer à Dieu par l'intermédiaire de Marie dans l'Ordre de ses fidèles Servites, et son premier sermon comme curé fut pour se placer lui-même, avec tout son peuple, sous la protection de la Mère des Douleurs. Son zèle ingénieux en organisa le culte, le fit pénétrer dans la vie quotidienne, le renouvela sans cesse avec une telle intensité que Viareggio devint par excellence la « Cité de la Mère des Douleurs ». Nous-même, Vénérables Frères et chers fils, Nous sommes si persuadé que la Reine céleste est pour les prêtres la mère, la gardienne de la chasteté, l'inspiratrice dans les difficultés de la vie, la source des plus abondantes grâces — comme Nous l'avons exposé, par exemple, dans l'Exhortation « Menti Nostrae » au Clergé du monde catholique — que Nous les invitons avec insistance à imiter le Bienheureux Antoine-Marie Pucci et à chercher auprès de la Mère de Jésus la force pour réaliser le sublime idéal de sainteté que l'état sacerdotal réclame.

Que le nouveau Bienheureux soit pour les religieux un modèle de fidélité aux devoirs de leur vocation, pour les prêtres un exemple lumineux dans l'exercice du ministère sacré, pour les laïcs l'image d'un saint ecclésiastique, dans lequel resplendit la dignité de tout le Clergé. Avec ce voeu, Nous donnons de tout coeur, en gage des plus hautes faveurs divines, Notre paternelle Bénédiction apostolique.


Pie XII 1952 - ALLOCUTION AUX PÈLERINS VENUS A ROME POUR LA BÉATIFICATION DE SOEUR MARIE BERTILLE BOSCARDIN