Pie XII 1952 - ALLOCUTION A L'OCCASION DE LA BÉATIFICATION DANTOINE-MARIE PUCCI


INSTRUCTION DE LA S. CONGRÉGATION DE LA PROPAGANDE CONCERNANT LES COLLECTES EN FAVEUR DES MISSIONS

(29 juin 1952) 1


Depuis de nombreuses années, les catholiques ont manifesté un intérêt croissant pour la grande cause de la propagation de la foi parmi les infidèles, à laquelle ils ont donné généreusement non seulement leurs fils, mais aussi les ressources matérielles nécessaires.

Selon les normes prescrites par les Pontifes romains, les offrandes pour les Missions sont faites par l'intermédiaire des Oeuvres pontificales de la Propagation de la Foi, de Saint-Pierre-Apôtre et de la Sainte-Enfance, et au moyen de la quête de l'Epiphanie. Ces normes, pour reprendre les paroles de Pie XI dans le Motu Proprio Romanorum Pontificum, ont pour but « d'aider de façon bien déterminée les Missions catholiques, grâce aux offrandes de tout le monde catholique, de sorte que toutes les offrandes d'argent, si minimes soient-elles, faites à l'intention des Missions en général, dans toutes les nations et par tous les fils de l'Eglise, soient accumulées en un seul centre, et que tout cet argent, confié exclusivement au pouvoir et à la libre disposition de Nous-même et de la Sacrée Congrégation De Propaganda Vide, soit distribué, au moyen de personnes choisies par Nous, à toutes les Missions selon les besoins de chacune d'elles ».

Afin que toute l'activité de collaboration missionnaire s'exerce dans chaque pays selon les prescriptions du droit canonique 2,












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DOCUMENTS PONTIFICAUX



COLLECTES EN FAVEUR DES MISSIONS



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des Motu Proprio Romanorum Pontificum, du 3 mai 1922 ; Vix ad sumni Pontificatus, du 24 juin 1929 ; Decessor Noster, du 24 juin 1929, et d'autres documents relatifs à la même matière, la Sacrée Congrégation De Propaganda Vide estime opportun de rappeler certaines normes qui devront être observées par les directions nationales et diocésaines des Oeuvres pontificales missionnaires, ainsi que par les Ordres religieux, Congrégations religieuses et Sociétés sans voeux, que dans la récente instruction nous désignerons brevitatis causa, sous le nom d'Instituts missionnaires.

1. Les Instituts missionnaires peuvent, au moyen de conférences et de publications périodiques, faire connaître aux fidèles les besoins réels de leurs maisons de formation des missionnaires et des Missions qui leur sont confiées et faire appel à la générosité des catholiques ; en même temps, ils doivent rappeler à leurs auditeurs ainsi qu'aux lecteurs de leurs respectives publications périodiques les buts spécifiques des OEuvres pontificales missionnaires et les inviter à s'inscrire à ces oeuvres, spécialement à l'occasion de la « Journée missionnaire ».

2. Les Instituts missionnaires, pour exercer toute activité de coopération missionnaire en pays catholique, doivent obtenir la permission de l'Ordinaire du lieu par l'entremise de la direction diocésaine des oeuvres missionnaires et éviter les dénominations et les formes de présentation susceptibles d'engendrer, dans l'esprit des fidèles, quelque confusion entre la finalité des Instituts missionnaires eux-mêmes et la finalité des OEuvres pontificales missionnaires, ou créer de graves difficultés au développement de ces dernières.

3. Les Instituts missionnaires doivent apporter toute leur cordiale collaboration à la préparation et à la célébration de la « Journée missionnaire » et remettre au bureau diocésain compétent les offrandes recueillies, même celles qui proviennent de paroisses ou d'églises dirigées par les religieux. Et afin de ne pas compromettre le succès de ladite « Journée missionnaire », ils s'abstiendront de toute collecte et forme de propagande en faveur d'eux-mêmes et de leurs Missions respectives, pendant une période de temps convenable avant ladite célébration annuelle.

4. Les directeurs nationaux devront veiller à ce que personne, profitant des fins propres des OEuvres pontificales missionnaires, ne demande des offrandes pour les Missions en général, mais avec l'intention d'aider des territoires qui ne dépendent pas de la Sacrée Congrégation de la Propagande.

5. Que les directions nationales et diocésaines sachent organiser la propagande missionnaire parmi les fidèles de façon à éviter toute dépense non nécessaire et toute initiative qui ne se rapporte pas directement à la collaboration pour les Missions.

6. La « Journée missionnaire » devra être célébrée selon les normes établies par les documents officiels et selon les dispositions pratiques que la direction nationale croirait opportun de donner en raison de circonstances spéciales.

7. Dans les collèges, pensionnats et autres institutions de ce genre dirigés par des religieux ou des religieuses, c'est un devoir pour les directeurs et directrices de favoriser l'inscription des élèves aux OEuvres pontificales missionnaires, de célébrer avec un soin particulier la « Journée missionnaire » annuelle et d'envoyer tous les droits d'inscription et toutes les offrandes au bureau diocésain compétent.


ALLOCUTION AUX MEMBRES DE L'OEUVRE DES RETRAITES DE ROME

(2g juin igs2)1


Recevant en audience plus de 3 500 membres de l'OEuvre des Retraites, le Pape prononça l'allocution suivante :

« En cette solennelle fête du Prince des Apôtres, Saint Pierre, Nous désirons, chers fils, vous adresser le même salut que le premier Pape adressait, voici près de vingt siècles, aux chrétiens de l'Asie Mineure : « Que la grâce et la paix vous soient départies en abondance... Vous aimez Jésus sans L'avoir jamais vu ; vous croyez en Lui sans Le contempler encore, et à cause de Lui, vous tressaillez d'une joie ineffable et pleine de gloire, sûrs d'atteindre l'objet de votre foi, qui est le salut de vos âmes 1 ». Il Nous semble en effet que ce sont là les sentiments qui vous animent et les éloges que vous méritez.

L'OEuvre des Retraites de Persévérance vous unit dans le but d'encourager et de perfectionner chez vous la pratique de la vie chrétienne. Or qu'est donc la vie chrétienne sinon l'amour de Jésus-Christ, la foi en sa parole, l'espérance en sa grâce ?

1 D'après le texte italien de l'Osservatore Romano, du 1er juillet 1952. t I Petr., 1, 2, 8-9.




Chaque mois, dans la mesure du possible, vous consacrez un jour à écouter une parole appropriée d'instruction ou de méditation religieuse, morale ou sociale. De cette manière, vous vous préparez à vous approcher avec davantage de foi et de ferveur du sacrement de la Pénitence, qui raffermit votre fidélité, et de celui de l'Eucharistie, qui renouvelle votre zèle. La plupart d'entre vous font, au moins une fois, une « retraite fermée » de trois jours, souvenir inoubliable, révélation, changement complet, commencement d'une nouvelle vie, dans la paix et dans la joie d'une conscience pure.

Dans ces retraites un grand nombre d'entre vous ont appris à bien prier, ont en quelque sorte découvert Jésus et commencé à l'aimer vraiment. Vos zélés directeurs pourraient citer plus d'un exemple des merveilleux effets de la grâce divine dans vos âmes, et Nous exprimons le souhait que de généreuses aides matérielles et spirituelles permettent à des groupes sans cesse plus nombreux de profiter des Retraites fermées. Notre vénéré Prédécesseur les estimait et les louait à un tel point, et Nous sommes Nous-même si persuadé de leur extraordinaire efficacité, que Nous ne saurions assez recommander une oeuvre si avantageuse. A l'imitation de Notre-Seigneur, qui se retirait dans le désert ou sur les montagnes pour prier, tous les saints et les chrétiens fervents ont tiré du recueillement et de l'oraison une lumière et une force surhumaines, spécialement quand ils se consacraient, sous la direction d'hommes spirituels, experts, à la méditation des grandes vérités révélées par Dieu.

L'OEuvre à laquelle vous appartenez a le précieux avantage de renouveler périodiquement votre vie chrétienne et de lui fournir un aliment au moyen d'exercices et d'exhortations opportunes. Soyez-lui fidèles. Vos âmes, avant tout, puis vos familles et également vos paroisses en seront ranimées et renouvelées. Vous pourrez dire comme le prêtre qui monte à l'autel pour la millième fois : Je m'approcherai du Dieu qui réjouit ma jeunesse. Il y a une jeunesse de l'âme qui ne se conserve que dans le contact fréquent et filial avec Dieu. La prière et la communion sont vos deux sources de jeunesse. Puisse votre exemple apporter un peu plus de prière et d'union avec Dieu dans le monde égoïste et écervelé. Serrez vos rangs, devenez sans cesse plus nombreux, afin que votre multitude attire au moins l'attention des étrangers. Rappelez-vous les paroles de Saint Pierre que Nous avons citées au début : « Vous exulterez d'une joie ineffable ». Le chrétien fervent doit être heureux dans le fond de l'âme, heureux d'une joie incomparable, que les douleurs, les peines, l'incertitude du lendemain ne peuvent étouffer, parce qu'elle provient d'une sécurité surnaturelle et repose en Jésus-Christ. La bonne nouvelle de sa venue parmi nous, de sa victoire sur le monde du péché, de sa présence réelle dans la sainte Eucharistie : ce sont des certitudes qui permettent de conserver la paix et même la joie au milieu des plus graves difficultés.

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Ce n'est pas de l'égoïsme, mais de la confiance en Dieu, car il est malheureusement vrai que plus d'un de vos frères ne partagent pas votre foi, qu'ils sont souvent agités, angoissés, pleins d'amertume et parfois de rébellion et de haine ; mais votre prière et votre exemple sont ce que Dieu réclame avant tout de vous pour leur donner, à eux aussi, la lumière et la paix. Votre charité envers eux ne sera efficace et n'apportera la grâce que si elle est solidement appuyée sur votre foi,

Soyez saintement orgueilleux de votre foi. Les incrédules se vantent de ne croire qu'à ce qu'ils voient ; vous, en revanche, « vous aimez Jésus sans l'avoir vu ; même maintenant, vous croyez en lui sans le voir » ; mais votre foi est fondée sur le témoignage des Evangiles, sur le sang des martyrs, sur la sainteté de l'Eglise catholique et apostolique. Votre foi, loin d'être une faiblesse, est une force, une noblesse, une victoire. C'est le nom que lui donne Saint Jean l'Evangéliste : « La victoire qui triomphe, c'est notre foi. Qui est-ce qui triomphe du monde, si ce n'est celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu 3 ? » Voyez comme les deux Apôtres Pierre et Jean sont d'accord pour faire de la foi en la divinité de Notre-Seigneur le centre de la vie chrétienne. Vous comprenez ainsi la grandeur de la communion mensuelle par laquelle vous professez votre foi en la présence de Dieu dans l'Eucharistie. De la sorte, avec cette pratique organisée, au jour et à l'heure déterminés, vous rendez à Notre-Seigneur Jésus-Christ précisément ce témoignage de foi qu'il attend de tout chrétien. Tandis que tant d'autres cherchent le paradis sur la terre, vous demeurez fidèles à Jésus ; et comme Saint Pierre, au moment où le Rédempteur divin annonçait son Sacrement d'amour et où les foules scandalisées s'éloignaient de Lui, vous Lui direz : « Seigneur, à qui irions-nous ? Vous avez les paroles de la vie éternelle4. » De cette manière, la parole du Seigneur à ceux qui ont cru en son amour se réalise en vous : « De même que je vis par mon Père vivant qui m'a envoyé, de même celui qui me mange vivra par moi5. » Vous vivez par Jésus-Christ, vous vivez par l'Eucharistie ; vous recevez de Jésus, avec la sainte communion, la lumière et la force. Vivez donc d'une manière digne d'une grâce ainsi annoncée, et puisque Saint Pierre vous a adressé son salut par Nos lèvres, puisse-t-il de même vous donner aujourd'hui aussi son fervent conseil : « Je vous exhorte à vous conduire de telle sorte que le prochain, à la vue de vos bonnes oeuvres, glorifie Dieu8. »

En souhaitant que la puissante intercession du Prince des Apôtres fasse descendre sur vous ici présents et sur tous ceux qui n'ont pas pu se joindre à vous, sur toutes les sections de l'OEuvre des Retraites de Persévérance, sur leurs Directeurs et bienfaiteurs, l'abondance des faveurs célestes, Nous vous donnons de tout coeur Notre paternelle Bénédiction apostolique.





Cf. I Petr., 2, 12.

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AVERTISSEMENT DU SAINT-OFFICE CONCERNANT CERTAINS LIVRES QUI TRAITENT DE L'« ÉTREINTE RÉSERVÉE»

(30 juin IÇ52)1


C'est avec une vive inquiétude que le Saint-Siège constate qu'un certain nombre d'écrivains, traitant de la vie conjugale, en sont venus, ces derniers temps, à parler sans pudeur de tout ce qui s'y rapporte, descendant parfois jusqu'aux détails minutieux sans en rien voiler. Certains même décrivent, approuvent et conseillent un certain acte, appelé « étreinte réservée ».

Dans une affaire aussi importante qui touche à la sainteté du mariage et au salut des âmes, la Suprême Sacrée Congrégation du Saint-Office, pour ne pas manquer à son devoir et par mandat exprès de S. S. Pie XII, Pape par la divine Providence, avertit gravement tous les écrivains susdits d'avoir à renoncer à cette façon de faire. Elle exhorte aussi instamment les pasteurs à veiller d'une façon particulière sur ce domaine et à apporter avec soin les remèdes opportuns.

Quant aux prêtres, dans le ministère des âmes ou dans la direction des consciences, qu'ils ne se risquent jamais, soit de leur propre initiative, soit qu'on les interroge, à parler d'une façon qui laisserait entendre qu'il n'y a rien à objecter de la part de la loi chrétienne contre 1'« étreinte réservée ».


INSTRUCTION DU SAINT-OFFICE SUR LART SACRÉ

(30 juin 1952)1


Un certain nombre d'excès s'étant produits dans la construction et la décoration d'églises, S. Em. le Cardinal Pizzardo a envoyé l'instruction suivante aux Evêques.

Le but et la fin de l'art sacré, comme l'indique son nom même, sont de contribuer de la meilleure manière à l'honneur de la maison de Dieu et d'alimenter la foi et la piété de ceux qui se rassemblent dans le temple pour participer aux offices divins et implorer les faveurs célestes.

Aussi l'art sacré a-t-il toujours été l'objet des soins et de la vigilance assidue de l'Eglise, afin qu'il suive les normes par elle fixées, telles qu'elles découlent de la doctrine révélée et d'une règle sûre, et de façon qu'il puisse à bon droit prendre le titre de « sacré ».

Aussi peut-on bien lui appliquer les paroles du Bienheureux Pie X qui, après avoir énoncé de sages règles pour la musique sacrée concluait en ces termes : « Rien ne doit survenir dans le temple qui puisse troubler ou même seulement affaiblir la piété et la dévotion des fidèles, rien qui puisse provoquer légitimement le dégoût ou le scandale, rien surtout qui soit indigne de la Maison de prières et de la Majesté de Dieu2. »

Aussi, dès les premiers siècles de l'Eglise le IIe Concile de Nicée en condamnant l'hérésie des iconoclastes, confirma le culte des saintes images et décida des peines sévères contre



















ceux qui oseraient opposer « leurs propres fantaisies aux constitutions ecclésiastiques ».

Dans la suite, le Concile de Trente dans sa XXV° session, fixa des règles convenables pour l'iconographie chrétienne, et concluait par ces paroles précises une importante exhortation aux évêques : « Les évêques, se souvenant qu'à la maison de Dieu ne convient que la sainteté, doivent veiller avec la plus grande diligence à ce que rien n'y paraisse de désordonné, de confus, rien de profane ou de déshonorant. » Et Urbain VIII en donnant des règles pratiques pour l'observation des directives du Concile de Trente s'exprime en ces termes : « Ce que l'on présente aux fidèles ne doit rien comporter de désordonné ou de singulier, mais doit contribuer à raffermir la dévotion et la piété. »

Enfin, le Code de Droit Canonique rassemble et coordonne presque toute la législation de l'Eglise sur l'Art Sacré dans les canons 485, 1161, 1162, 1164, 1178, 1261, 1268, 1269, paragraphe 1, 1279, 1280, 1385, 1399.

Mais on doit particulièrement rappeler ici la disposition des canons 1261 et 1399 X2° : dans le premier, l'attention des Ordinaires est appelée sur la grave obligation de veiller à ce que ne soient pas introduites dans le culte divin des choses qui soient en contradiction avec la vraie foi ou avec la tradition ecclésiastique ; dans le second, sont déclarées interdites les images contraires au sentiment et aux prescriptions de l'Eglise.

Encore récemment, le Siège Apostolique a condamné les déviations et les confusions dans l'art sacré. Et l'on doit repousser l'objection de ceux qui soutiennent que l'art sacré doit s'adapter aux conditions et aux nécessités des temps nouveaux : car l'art sacré, né avec la société chrétienne, a des fins propres qu'il doit toujours poursuivre et une fonction propre qu'il doit remplir en permanence.

C'est pourquoi Pie XI, lors de l'inauguration de la nouvelle Pinacothèque Vaticane, après avoir rappelé un prétendu « art nouveau », ajoutait ces importantes paroles : « Nous l'avons déjà dit à des artistes et à des prêtres ; notre espoir, notre voeu le plus ardent peut être seulement que soit obéie la loi canonique, clairement formulée dans le Code de Droit Canonique et qui est la suivante : qu'un tel art ne soit pas admis dans nos églises et qu'il ne soit pas appelé à les construire, à les transformer, à les décorer... »

Et dans ces derniers temps, le Souverain Pontife Pie XII dans l'encyclique sur la Sainte Liturgie publiée le 20 novembre 1947 expose avec précision et clarté le but de l'art sacré : « Il est absolument nécessaire de donner aussi libre cours à l'art moderne, s'il sert avec la révérence nécessaire les édifices sacrés et les rites sacrés ; de façon qu'il puisse lui aussi unir sa voix à l'admirable cantique de gloire que les génies ont chanté à travers les siècles passés en 1'« honneur de la foi catholique ».

Nous ne pouvons donc faire moins, en devoir de conscience, que déplorer et réprouver ces formes et ces images d'introduction récente qui semblent être des déformations et des dépravations de l'art véritable et qui répugnent évidemment à l'honneur et à la piété, offensant ainsi le sentiment religieux.

Tout cela étant attentivement considéré, la Sacrée Congrégation qui s'est toujours préoccupée de la façon dont l'art sacré pourra contribuer à conserver la foi et la piété dans le peuple chrétien, a considéré comme nécessaire de rappeler à tous les Ordinaires les règles à suivre pour que l'art sacré s'inspire des principes et assume les formes qui conviennent à la beauté et à la sainteté de la maison de Dieu.

Pour l'architecture :

L'architecture sacrée, même si elle prend des formes nouvelles, doit toujours remplir sa fonction qui est la construction de la Maison de Dieu, maison de prière qui n'est en aucun cas assimilable à un édifice profane. Qu'elle vise seulement à la commodité des fidèles en leur facilitant la tâche de suivre avec l'esprit et avec les yeux, le développement des cérémonies sacrées ; qu'elle vise à l'élégance des lignes mais sans oublier la simplicité pour se complaire à de vides artifices, et surtout qu'elle évite tout ce qui peut manifester de la négligence dans le travail de l'artiste.

Le canon 1162, par. I, dit qu'aucune église ne peut être édifiée sans le consentement écrit de l'Ordinaire du lieu ; ce consentement le Vicaire Général ne peut le donner sans une autorisation spéciale.

On lit dans le canon 1164, par. I : « Les Ordinaires auront soin en recherchant le jugement des experts, s'il est nécessaire,

que les églises soient édifiées ou reconstruites selon les formes admises par la tradition chrétienne et les lois de l'art sacré. »

La Sacrée Congrégation rappelle aussi la stricte obligation d'observer exactement la disposition du canon 1268, par. 2 et 1269, par. I : « La Très Sainte Eucharistie doit être conservée dans le lieu le plus eminent et le plus distingué de l'Eglise, c'est-à-dire normalement à l'autel majeur à moins qu'un autre endroit ne paraisse plus honorable et plus propre à la vénération et au culte. La Sainte Eucharistie doit être conservée dans un tabernacle inamovible placé au centre de l'autel. »

Pour l'art figuratif :

1) Selon les règles du canon 1279 : « Il n'est permis à personne de faire placer ou de placer sans l'autorisation de l'Ordinaire dans une église, une image de forme inusitée ;

2) L'Ordinaire n'approuvera pas pour l'exposition à la vénération publique des fidèles, des images non conformes à l'usage de l'Eglise ;

3) Il ne permettra pas que soient exposées dans les églises des images qui seraient l'expression d'une fausse doctrine ou qui pourraient offenser la pudeur ou l'honneur, ou qui pourraient induire en erreur les esprits simples.

4) Dans le cas où les Commissions diocésaines manqueraient d'experts, dans le cas où se produiraient des doutes ou des divergences d'opinions, les Ordinaires demanderont l'avis des Commissions métropolitaines ou de la Commission Centrale de Rome.

5) Selon les dispositions des canons 485 et 1178, les Ordinaires feront retirer des édifices sacrés tout ce qui est en contradiction avec la sainteté du lieu ; et ils interdiront que soient exposées à la vénération des fidèles une multiplicité désordonnée de statues et d'images de faible valeur, et le plus souvent stéréotypées.

6) Les Evêques et les Supérieurs religieux n'accorderont pas l'autorisation d'imprimer des livres ou des périodiques reproduisant des images non conformes au sentiment et aux décrets de l'Eglise.

Pour que les Ordinaires puissent obtenir de leur Commission d'Art Sacré les avis qu'on est en droit d'attendre de véritables experts, ils choisiront les membres la composant parmi des personnes qui, à une indiscutable compétence en matière d'art, unissent une foi authentique, une véritable piété et une pleine volonté d'adhérer aux directives du Saint-Siège.

Et que ce soit pour l'architecture ou pour les arts figuratifs, qu'on donne la préférence aux artistes qui possèdent à la fois la compétence professionnelle et une foi sincère, une véritable piété.

On doit enfin veiller à ce que des professeurs respectueux des traditions de l'art chrétien et dociles aux directives du Saint-Siège, instruisent dans l'art sacré les candidats au sacerdoce, dans les écoles de philosophie et de théologie, selon l'âge et les capacités de chacun, mais en leur donnant le juste sens de l'art sacré.



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LETTRE A MADAME ASSUNTA GORETTI

( 3 juillet 1952 ) 1


Le Saint-Père a envoyé la lettre suivante à Madame Assunta Goretti, mère de sainte Maria Goretti, à l'occasion du 50e anniversaire du glo rieux martyre de la Sainte, qui a été solennellement célébré le 6 juillet à Corinaldo, à Nettuno et à Verrières.

Vers ton Corinaldo2, chère fille, vers l'humble maison où naquit ta « Marietta », qu'en ce jour l'ardente piété de pèlerins transforme en sanctuaire, Notre paternelle pensée s'envole en ce 50e anniversaire de son glorieux martyre.

Puis, en même temps, que Nous offrons à Dieu la bénédiction et la louange pour le miracle de la grâce qu'il s'est plu à accomplir dans ton héroïque fille, Nous voulons te faire partager la sainte joie dont déborde Notre coeur en cette fête solennelle qui rappelle le si bel exemple présenté par Dieu en Maria Goretti à la fragile jeunesse.

A ce monde sensible aussi à la surhumaine beauté de la vertu chrétienne qui domine le péché, la sensualité et la faiblesse de l'âge, la martyre victorieuse enseigne ce dont est capable la faiblesse lorsque la grâce la soutient, et comment la vie la plus courte, si Jésus-Christ la remplit, fait briller la sagesse au milieu des ténèbres du monde corrompu et corrupteur, pousse irrésistiblement à la vertu et rend service pendant des siècles à l'humanité entière.

A l'innocence de ta fille, Notre souvenir fidèle ne peut manquer de t'associer, ô heureuse mère, qui, inspirée par l'Esprit-Saint qui aime les humbles, et soutenue par la pauvreté et le dur calvaire de la vie, as rencontré dans la sainte crainte de Dieu, dans la prière de tous les jours, dans l'exercice des vertus familiales, les moyens assurés d'une éducation chrétienne, à la hauteur de toutes les épreuves, prête à tous les sacrifices, aguerrie à toutes les luttes contre l'esprit du monde.

Rendant grâces au Seigneur qui réconforte de cette façon son Eglise dans les vicissitudes de son rude pèlerinage, et qui confond l'orgueil du monde, en mettant tous les hommes à l'école des petits et des humbles, Nous aimons une fois de plus à montrer à nos fils et filles, aux petits et aux grands, et surtout à la jeunesse féminine en butte aux embûches du monde et de Satan, le nom et les exemples de cette vierge martyre, que Dieu a préparée comme un éclatant modèle pour notre époque, et que toi, tu as gardée comme un lis au milieu des épines.

Nous demandons à ta sainte, à Notre Sainte Maria Goretti, son horreur du péché, son amour pour Jésus, l'époux de la pureté. En l'invoquant, d'une façon spéciale, pour qu'elle te soutienne dans la prolongation de tes jours, nous t'accordons de grand coeur, à toi, chère fille, à tous ceux qui te sont chers, à tous ceux qui, à l'occasion de ce cinquantenaire, la fêteront dans ton Corinaldo, et dans les lieux sanctifiés par son martyre, la grâce de la Bénédiction apostolique. 3



1 D'après le texte italien de l'Osservatore Romano du 6 juillet 1952.

2Hameau situé dans les Marais Pontins.

5 Discours au peuple après la canonisation de sainte Marie Goretti, 24 juin 1950. (Cf. Documents Pontificaux 1950, p. 219.)

Homélie prononcée lors de la messe célébrée en l'honneur de sainte Marie Goretti, le 25 juin 1950 (Documents Pontificaux 1950, p. 223).

cheminots de naples



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ALLOCUTION A UN GROUPE DE CHEMINOTS DE NAPLES

(6 juillet 1952) 1


Le dimanche 6 juillet, le Pape reçut en audience générale une grande foule de pèlerins ; parmi ceux-ci se trouvait un groupe de cheminots de Naples, auquel Pie XII s'adressa.

Quand, ce matin, comme chaque jour, Nous Nous sommes approché de l'autel de Dieu pour offrir le divin Sacrifice, Nous demandions en quelque sorte à Jésus de Nous suggérer ce que Nous devrions vous dire, chers fils cheminots de la Division de Naples, à vous qui êtes une très chère partie du troupeau qui Nous est confié par le suprême Pasteur invisible de toutes les âmes.

Il Nous a semblé qu'il voulait Nous l'indiquer quand Nos yeux, et encore plus Notre attention, se sont arrêtés sur les premiers mots de l'Epître de la Messe d'aujourd'hui : « Carissimi : omnes unanimes in oratione estote »2. Très chers fils : soyez tous unanimes dans la prière ! Peut-être avez-vous vous-mêmes déjà lu ou entendu ces paroles ; Nous pensons que vous serez heureux de vous les entendre répéter, simplement, avec quelques recommandations de votre Père commun, qui n'a pas besoin de vous redire l'affection particulière avec laquelle II vous accueille et toute la joie avec laquelle II se retrouve au milieu de fils si laborieux et fidèles.

Nous connaissons vos journées pénibles et pleines de responsabilités. Votre tâche multiforme réclame, Nous semble-t-il, surtout deux qualités : une exactitude parfaite et une attention toujours vigilante, et ces qualités ne doivent pour ainsi dire point s'épuiser ni se consumer avec le temps qui s'écoule, mais plutôt persévérer avec une fraîcheur et une énergie toujours égales. Pensez, pour ne citer que quelques exemples, à quelles graves conséquences pourraient conduire une simple erreur dans les signaux de protection et d'avertissement, dans les aiguillages, une négligence dans la manutention des lignes, des rails, des courbes, une inadvertance dans le fonctionnement régulier des freins. Mais, en plus de l'accomplissement de si graves devoirs, vous vous prodiguez également afin que votre activité contribue à rendre le voyage plus agréable à tant de vos frères. Nous avons entendu Nous-même plusieurs fois des pèlerins italiens et étrangers exprimer leur satisfaction pour l'attitude courtoise et cordiale des employés du service des chemins de fer. Nous savons d'autre part que pour bon nombre d'entre vous l'horaire de travail finit par supprimer pratiquement la différence entre le jour et la nuit et même entre les jours fériés et les jours ouvrables.

Or cette situation pourrait vous induire à croire que vous êtes pour ainsi dire dispensés du devoir d'élever votre pensée vers Dieu. Peut-être certains d'entre vous seraient enclins à penser que le devoir de la prière ne concerne que les âmes ensevelies entre les murs d'un cloître, ou, comme vous voudrez, consacrées à Dieu, ou encore vos épouses et vos enfants. Mais il n'en est pas ainsi, chers fils. Certainement vous aussi vous devez vivre votre vie divine ; vous avez donc vous aussi à faire respirer votre âme. Or, — comme Nous l'avons déjà dit d'autres fois, — la respiration de l'âme, c'est la prière. Soyez donc tous, sans exception, unanimes dans la prière. Serait-il donc possible de laisser à d'autres le soin de respirer pour vous ?

Nous avons élevé en février dernier un cri d'angoisse et d'alarme devant les périls imminents : or qui ne voit que la cause de ce massacre redouté, silencieux mais horrible, est l'asphyxie, le manque de respiration ? 3

Mais tout de suite vient à Notre esprit et à Nos lèvres une seconde exhortation. Vous pourriez en effet être déjà bien persuadés de la nécessité de la respiration de l'âme, c'est-à-dire du besoin de prier, mais ensuite être induits à croire que ce serait suffisant une fois par semaine, par exemple à la Messe du
























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dimanche, ou bien quelques instants chaque jour, par exemple avant de vous coucher.

Et pourtant le divin Maître a dit à tous : Vous devez toujours prier4, et à tous il a fait répéter la même invitation par ses Apôtres : Priez sans interruption 5.

Chers fils, voulez-vous être vraiment des chrétiens, voulez-vous être des hommes, et pas seulement des machines ou des instruments tout au plus de production ? Faites en sorte que votre prière ne soit pas seulement de quelques instants par jour ou de quelques minutes par semaine. Vous savez par expérience qu'aucune occupation, qu'aucun travail ou aucune fatigue n'interrompent le rythme de votre respiration ; même durant le sommeil la respiration continue, et malheur s'il n'en était pas ainsi ! Pourquoi ne devrait pas s'accomplir quelque chose de semblable pour la respiration de l'âme qui est la prière ?

Regardez toutes les créatures de l'univers. Partout où vous tournez le regard, vous voyez Dieu ; car les cieux, la terre, la mer, les plantes, les êtres animés, en un langage mystérieux mais précis, vous parlent de Lui et de sa puissance. C'est toute une harmonie que vous entendez se répandre suavement à travers le créé. Surtout à certains lieux, à certaines heures, tout est chant, tout est enchantement. Vous avez l'impression que l'univers entier murmure précisément une prière.

Quelle merveille si sur les touches de l'immense et merveilleux orgue qu'est le créé se posaient sans cesse les mains de tous les hommes ! Ce serait comme une mélodie et une harmonie continues qui s'élèveraient jusqu'au Créateur pour lui dire votre profonde adoration et votre gratitude, et comme pour faire parvenir jusqu'à lui le cri de votre imploration.

Mais, peut-être, demanderez-vous : comment cette respiration continue de l'âme est-elle possible en pratique ? comment est-il possible de prier alors que l'on continue à travailler, que l'on continue à se fatiguer, que l'on continue à se nourrir et à pleurer, à jouir et à souffrir ?

Voici, chers fils, une méthode simple et facile, que connaissent déjà probablement plus d'un d'entre vous. Au début de chaque journée, offrez au Coeur divin de Jésus vos pensées, vos paroles, vos actions, vos joies, vos douleurs, en union avec les intentions pour lesquelles II s'immole Lui-même quotidiennement sur les autels. Cette offrande, renouvelée si possible durant la journée, surtout avant les actions les plus importantes, de toute façon jamais rétractée, même pas implicitement par des actes en opposition avec elle, suffit pour que votre vie de chaque pur devienne une prière continue. Qui peut dire toutes les grâces actuelles que votre vie, ainsi transformée et élevée, obtiendrait de Dieu et comment elles descendraient comme en une pluie de bénédictions sur le monde desséché et brûlé ? Quel accroissement de grâce sanctifiante se réaliserait parmi les âmes en cette vie, et quelle augmentation de gloire dans l'éternité ?

De cette manière le mécanicien, le chef de train, le contrôleur, le receveur, le garde-voie, le télégraphiste, l'employé, tous avec leurs journées de travail, partout où le devoir les oblige à les passer, sans ajouter de la fatigue à la fatigue, voire avec le même travail et la même fatigue, peuvent coopérer avec Jésus à sauver tant d'âmes, peuvent aider le monde à devenir meilleur. Alors on n'aurait plus le spectacle d'une terre transformée parfois en un véritable enfer dans lequel les hommes sont las d'habiter.









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Pie XII 1952 - ALLOCUTION A L'OCCASION DE LA BÉATIFICATION DANTOINE-MARIE PUCCI