Pie XII 1953 - ALLOCUTION AU CONSISTOIRE


ALLOCUTION A DES PÈLERINS DES ÉTATS-UNIS

(14 janvier 1953) 1






L'archevêque de Los Angeles, Mgr Mac Intyre, ayant été élevé à la dignité cardinalice, un groupe d'Américains l'accompagna à Rome à l'occasion de la réception de son chapeau. Le Saint-Père reçut en audience ce groupe et dit :

L'Est et l'Ouest se donnent la main, n'est-ce pas, Vénérable Frère, en cette joyeuse visite à Rome ?

Avec la fraîche vigueur et le zèle de Los Angeles unis à la foi indéfectible de New-York en Notre présence ici, une centaine de précieux souvenirs sont ranimés et se rallument comme autant d'aimables espérances, tandis que Nous vous souhaitons la bienvenue, Vénérable Frère et chers fils dans le Seigneur, témoins loyaux et affectueux des merveilleuses oeuvres de la grâce de Dieu dans le coeur de l'Amérique.

En ces jours de si grandes afflictions et anxiétés pastorales, c'est un précieux réconfort et une source de confiance que vous vous trouviez si complètement chez vous avec Nous et Nous avec vous, alors qu'un de vos vénérés prélats prend sa place d'honneur et de responsabilité dans le Collège des Cardinaux.

Mais Notre joie dans cette rencontre de coeurs est provoquée avant tout par la promesse qu'elle apporte de votre dévouement et de votre participation décidée et militante à Nos projets et sacrifices pour le salut du monde des âmes. Votre nouvel émi-nent Cardinal n'a pas manqué de vous rappeler souvent, dans la ligne de Nos intentions, que l'abondance spirituelle et matérielle avec laquelle le Maître de la moisson a béni l'Amérique, d'un bout à l'autre du grand continent, de la Californie à New-York, constitue un clair appel, une vocation d'en-haut à un rôle dirigeant à la fois dans l'Eglise et dans l'Etat ; un rôle dirigeant auquel Nous savons que vous êtes préparés à donner son vrai nom chrétien de courageuse lutte pour la justice et la charité au service du Prince de la Paix.

Puisse Notre-Seigneur et Sa Mère, votre Patronne Immaculée, vous assister dans vos pieux efforts, sagement guidés le long du chemin par votre vaillante hiérarchie, pour conduire l'Amérique aux pieds du Christ et avec elle tous les peuples avec vous à Rome. C'est là Notre espoir et la grâce que Nous demandons pour notre Mère l'Eglise, en vous donnant à vous, ainsi qu'à ceux qui vous sont chers, affectueusement comme toujours, Notre paternelle Bénédiction apostolique.





ALLOCUTION A DES PÈLERINS FRANÇAIS

(±6 janvier 1953)1






Des pèlerins avaient accompagné l'archevêque de Paris et l'évêque du Mans venus à Rome recevoir leur chapeau de cardinal ; aussi le Saint-Père leur adressa la parole, disant :

L'illustre et nombreuse délégation qui vous accompagne, Vénérables Frères, montre assez l'estime dont vous êtes entourés et le retentissement de votre élévation aux honneurs cardinalices. Un tel spectacle augmente la joie qui fut la Nôtre en vous inscrivant parmi les membres du Sacré Collège. Outre les raisons personnelles qui justifiaient votre élection, Nous avons été heureux de donner à l'Eglise de France une nouvelle marque de Notre bienveillance. Vous savez en effet combien Nous l'aimons, cette chrétienté de France, et avec quelle sollicitude Nous suivons les signes de sa vitalité, ses luttes, ses progrès.
Le Pape souligne les caractéristiques de l'archidiocèse de Paris.


La lourde charge de la métropole demandait à Paris un Pasteur d'expérience et de grand travail. Depuis plus de trois ans, celui qui s'y dépense a conquis par sa maîtrise et bonté le clergé et les fidèles. Il anime l'action pastorale si complexe de la ville et de la banlieue. Des églises s'édifient dans les quartiers nouveaux, multipliant les centres de culte et attirant de nombreux fidèles. Un clergé instruit et zélé pousse la générosité parfois jusqu'à l'héroïsme. Attentif aux besoins des âmes, l'Archevêque de Paris est ouvert à tous les problèmes nationaux et internationaux, président actif du mouvement chrétien pour la paix du Christ. Paris s'apprête à l'accueillir avec enthousiasme dans la Basilique Métropolitaine de Notre-Dame, où vibre le coeur de la grande ville et de toute la nation.

Non contents de l'attendre à son retour, beaucoup de pèlerins ont tenu à l'escorter jusqu'à Rome pour manifester personnellement le rayonnement de son zèle apostolique. Ce n'est pas sans raison que le Conseil municipal de Paris a envoyé une délégation que Nous sommes heureux de saluer ici. La place que tient l'Eglise dans la vie de la cité est dignement soulignée par le prestige de son chef. Nous aimons également à voir autour du Vicarius castrensis un groupe important d'aumôniers militaires. Nous savons en effet l'excellente organisation de cette importante institution. Grâce à son bon fonctionnement, pratiquement toute la jeunesse de France trouve durant le temps de son service militaire, le soutien moral et le secours spirituel du prêtre. Et comme Nous voudrions, s'il était possible, nommer tant d'autres représentants des oeuvres, qui dépendent de l'Archevêque de Paris et bénéficient de sa sollicitude pastorale !



s'adressant à l'évêque et aux fidèles du Mans, le Pape dit :

La ville du Mans, vieille cité romaine, qui honore en saint Julien le fondateur de son église, eut jadis des cardinaux, mais voici près de quatre siècles qu'elle attendait un nouvel honneur. Le Pasteur, qui a voué sa longue carrière à cet unique et cher diocèse, possède une renommée qui dépasse de beaucoup les limites de son territoire épiscopal. Dès 1933, Notre vénéré Prédécesseur le nommait Assistant au trône pontifical : en 1936 l'élection à l'Académie française consacrait un talent d'écrivain et une culture classique depuis longtemps reconnus. Après les Bossuet, les Fénelon, et tant d'autres Prélats éminents, il y représente l'Eglise catholique, héritière de cet humanisme gréco-latin, dont les qualités d'équilibre et de clarté font un instrument de formation irremplaçable. Il Nous a plu de trouver, unies à une courtoisie exquise, les qualités d'un Evêque et celles d'un humaniste accompli. Des témoignages d'estime réciproque ont précédé depuis longtemps les gestes par lesquels Nous avons conféré à l'Evêque du Mans d'abord le titre personnel d'Archevêque, puis le « chapeau » cardinalice. Il Nous pressait de faire entrer plus avant dans l'intimité de Nos pensées et de Nos sollicitudes celui auquel Nous déclarons Notre paternelle confiance. Aussi accueillons-Nous avec joie les témoignages nom

breux de gratitude et de bonheur qui ont accompagné sa récente nomination : l'exultation de la ville épiscopale, dont le vénérable chapitre s'est fait l'interprète, la fierté de l'Académie, dont un représentant si distingué atteste ici-même la reconnaissance.

Chers pèlerins du Mans, venus accompagner votre Evêque dans la réception de sa très haute dignité, soyez fiers de l'honneur qui en rejaillit sur votre diocèse, et montrez-vous fidèles collaborateurs d'un Père si aimé et si attentif au bien de vos âmes.



terminant, le Pape souligne les traits actuels du catholicisme



En vous voyant près de Nous, Vénérables Frères et chers fils, c'est un peu toute la France qui s'évoque à Nos yeux, et c'est vers elle que Notre coeur se tend. Le bien s'y fait, grâce à Dieu, et il se fera toujours plus sous la conduite de chefs spirituels très aimés et très respectés. Leur zèle remarquable et leur unité d'action Nous persuadent chaque jour davantage que le renouveau catholique, sensible surtout dans les élites intellectuelles et sociales, s'étendra sans trop tarder à toutes les classes de la société, et que les institutions elles-mêmes seront petit à petit pénétrées des principes évangéliques, sans lesquels on bâtit sur le sable. On note en effet parmi les catholiques de France, particulièrement dans l'Action Catholique, un effort de lucidité qui retient à juste titre l'attention du monde. Les progrès de la sociologie sont fructueusement utilisés dans les domaines où ses données sont valables ; on cherche à voir clair pour agir efficacement. Ceci est bien dans la tradition de votre Pays et produira, Nous l'espérons, les plus heureux fruits. De courageuses initiatives, tempérées par la prudence de la Hiérarchie, s'efforcent d'adapter l'enseignement catéchistique et toute la pastorale aux conditions actuelles des villes et des campagnes. Et surtout Nous tenons à louer le souci de formation sérieuse et de vie intérieure qui accompagne ces recherches. L'esprit apostolique de l'Episco-pat de France, son courage à défendre la liberté proclamée par l'Evangile, expliquent à Nos yeux l'autorité de ses interventions.

Afin que l'union toujours plus étroite des fidèles avec leurs Pasteurs attire à l'Eglise tant d'âmes indifférentes et fasse avancer dans l'amour du Christ toute la famille des enfants de Dieu, Nous vous donnons du fond du coeur, à vous-mêmes ici présents, à tous ceux qui vous sont chers, à vos paroisses, à vos diocèses, Notre paternelle Bénédiction apostolique.










ALLOCUTION A DES PÈLERINS CANADIENS

(16 janvier 1953) 1






Recevant les pèlerins, qui avaient accompagné Son Em. le Cardinal Léger, archevêque de Montréal venu à Rome, lors de sa promotion au cardinalat, Pie XII prononça l'allocution que voici :

Voici donc le grand diocèse de Montréal représenté au Sacré Collège. La chrétienté florissante du Canada français peut être fière du nouveau Prince de l'Eglise qui lui est donné.

Nous connaissions les qualités de coeur de l'Archevêque de Montréal. Il avait déclaré dès son élection que les petits, les humbles, les malades, les travailleurs, seraient la portion choisie de son troupeau, et il n'a pas déçu leur attente. C'est un père qu'ils ont trouvé en lui, un père qui se penche sur leur misère, qui vient lui-même à leur chevet, qui souffre de leurs douleurs et cherche tous les moyens de les soulager. Le Foyer de charité, qu'il a fondé, est un symbole et un signe tangible de l'amour ardent qui l'anime. A la suite du divin Maître, il manifeste une prédilection pour la miséricorde : il veut être bon Samaritain pour être bon Pasteur.

1 D'après le texte français de l'Osservatore Romano du 18 janvier 1955.




Mais un Evêque ne peut tout faire par lui-même. Il doit animer, diriger, instruire. Là aussi, les diocésains de Montréal trouvent le chef qu'il leur fallait. Les problèmes se posent dans tous les domaines, à cause de l'évolution rapide des conditions de vie. Il ne suffit plus de protéger la famille et la paroisse ; il faut armer pour une existence nouvelle ; préparer des personnalités fortes, capables de représenter dignement dans la cité la pensée catholique ; ouvrir à la charité internationale, infuser l'esprit chrétien dans les institutions qui se fondent chaque jour ;

faire connaître et mettre en pratique la doctrine sociale de l'Eglise.

Comment ne pas faire allusion à la dévotion mariale qui a inspiré la campagne du chapelet et suscité la ferveur enthousiaste de tant de coeurs généreux ? La Reine des Apôtres est aussi la Mère du Bon Conseil. Tant que les fidèles et le Pasteur regarderont ensemble l'Etoile de la Mer, Nous avons confiance que la vie chrétienne des foyers, des paroisses et de tout le diocèse sera en bonnes mains et prospérera pour la plus grande gloire de Dieu.

Soyez donc, Vénérable Frère, le protecteur des faibles, l'entraîneur des hésitants, l'animateur des fervents, le guide et l'assurance de tous. Que vos diocésains sachent combien Nous sommes heureux de vous savoir à leur tête, et avec quelle joie Nous avons conféré la pourpre romaine à leur dévoué Pasteur. En bénissant ceux qui vous entourent, Nous avons une pensée particulière pour vos très dignes parents. Que Dieu vous les garde longtemps et les comble de ses grâces. Nous bénissons toutes vos oeuvres, vos intentions et vos projets, demandant à la divine Providence d'accorder à Notre paternelle Bénédiction apostolique toute l'efficacité et toute l'extension que du fond du coeur Nous désirons lui donner.










ALLOCUTION A DES PÈLERINS ALLEMANDS

(18 janvier 1953) 1






Après les pèlerins Français, Canadiens, Américains, voici les Allemands : tous venus à Rome pour fêter leurs nouveaux Cardinaux respectifs ; ces derniers furent également reçus par le Pape, qui prononça ïallocution suivante.

Soyez les bienvenus, chers fils et filles de Munich et de Spire, qui êtes venus si nombreux accompagner votre Evêque — les uns, leur ancien, les autres leur nouveau Pasteur — dans la Ville éternelle, pour prendre part aux célébrations du Consistoire.

Les catholiques de Spire peuvent être fiers : leur diocèse est devenu pour ainsi dire l'école supérieure d'où sont sortis les archevêques et cardinaux de Munich-Freising. C'est pour nous une satisfaction de savoir que dans les deux diocèses — le diocèse de la Vieille Bavière comme dans le diocèse du Pala-tinat — les élections des deux nouveaux Pasteurs furent accueillies avec joie.

Si, peu de temps après son élection au siège de Munich, rendu vacant par suite du décès du cardinal Faulhaber, nous avons conféré la pourpre cardinalice au nouvel archevêque, c'est d'abord parce qu'ils n'ont rien perdu de leur cordialité nos rapports avec Munich et la Bavière ainsi qu'avec toute l'Allemagne, sans exclure la partie orientale. (Berlin ne fut-il pas notre résidence pendant près de cinq années ?) Aussi bien tenons-nous à manifester notre joie et notre satisfaction de voir les plus hautes autorités de la Bavière et de la République allemande témoigner par l'envoi de délégations spéciales leur chaleureuse participation à l'entrée d'un enfant de leur peuple dans le Sénat de l'Eglise catholique.

Cette élection est en outre un pieux hommage à la mémoire du cardinal Faulhaber, à qui nous unissait une très vieille amitié. En ce jour de la fête de la Chaire de Saint-Pierre à Rome qui vous voit groupés autour de son successeur, nous relevons une des consignes du testament spirituel de votre pieux Pasteur : la fidélité et l'amour émouvant avec lesquels il servait l'Eglise, précisément parce qu'elle est l'Eglise du Christ. Suivez son exemple. Votre nouveau Pasteur, nous en sommes certain, vous donnera en cela le meilleur exemple.

Mais c'est aussi pour témoigner notre bienveillance paternelle au nouvel archevêque de Munich que nous l'avons revêtu de la dignité cardinalice. Certes il ne l'a pas recherchée. Il songeait sérieusement à décliner son transfert à Munich, parce que, disait-il, on surestimait ses capacités. Mais nous avons entendu tant d'éloges de sa personne et appris qu'on y attachait tant d'espoirs, que nous lui assignons sans crainte cette nouvelle charge. Elle n'est pas légère. L'évolution des temps et les bouleversants événements du passé ont causé, à Munich et en Bavière comme ailleurs, un profond changement dans les structures sociales, qui a de fortes répercussions dans la vie religieuse.

Adapter l'ensemble du ministère à cette évolution : voilà la première tâche du nouveau Pasteur. Dans cette entreprise vous pouvez tous — Pasteurs et brebis — compter sur notre prière quotidienne et notre souvenir dans le saint sacrifice.

Quelles directives vous donnerons-nous, chers fils et filles, aujourd'hui, en cette époque où toutes choses, même dans le domaine religieux, exigent des décisions fermes ?

Voici deux consignes.

On a toujours vu les catholiques allemands en première ligne, en fait de clairvoyance et d'action efficace, lorsqu'il s'agissait des devoirs des chrétiens dans la vie publique. Nous avons confiance que cette précieuse capacité se conservera et qu'elle se renouvèlera dans la jeunesse.

Vous avez en outre dans vos traditions de vie chrétienne des valeurs irremplaçables : irremplaçables pour vous, dans le temps et dans l'éternité, irremplaçables pour le bonheur et la prospérité de tout votre peuple. Nous songeons à la simplicité du genre de vie, à la modération et à l'esprit d'économie, à la prière quotidienne en famille ; à la sanctification du dimanche, dès le samedi soir ; nous songeons au respect de la jeune fille et de la femme, à l'esprit de discipline chrétienne dans le mariage, la famille et l'éducation, au respect de l'autorité voulue de Dieu : autorités civiles, évêque, Pape.

Avez-vous déjà songé que, pareille à une force puissante de la nature, cet esprit chrétien, pendant des siècles, a préservé votre pays de graves dangers ? Aujourd'hui, comme vous le sentez tous, à la ville et à la campagne, cette vie chrétienne est l'objet d'une attaque concentrée, en comparaison de laquelle les menaces d'autres temps étaient presque toujours légères. Vous devez défendre et sauver votre existence chrétienne, votre existence catholique ! Tous dirigent les yeux vers vous, et attendent qu'au moins vous teniez bon. Vous n'y réussirez que si votre vie chrétienne repose sur une foi convaincue, une foi que vous avez reçue comme une grâce sans mérite de votre part, et que vous cultivez et développez. Pour la défendre, vous êtes généreusement prêt à vous opposer, fût-ce au prix de sacrifices et de renoncements, aux courants de la laïcisation et de la corruption. Qu'à cette intention le Christ Jésus, béni dans tous les siècles, vous donne sa force et son amour !

Comme gage de ces faveurs, Nous vous donnons de tout coeur la Bénédiction apostolique, à vous et à tous ceux qui vous sont chers, aux catholiques allemands et à tout le peuple allemand.










CONVENTION ENTRE LE SAINT-SIÈGE ET LA COLOMBIE

(29 janvier 1953)1






La Convention suivante a été signée entre Son Excellence Monseigneur Antonio Samoré, nonce apostolique en Colombie et M. Uribe-Holguin, ministre des affaires étrangères de Colombie2.

Article premier. — Le Saint-Siège et le gouvernement de Colombie conviennent d'accepter l'offre que par l'entremise de leurs supérieurs respectifs ont faite ou peuvent faire les différents Ordres et Congrégations religieuses de continuer les Missions qu'ils ont actuellement ou de prendre à leur charge celles qui leur seraient assignées, en fournissant le personnel que le maintien et le développement desdites Missions exigent. Le gouvernement de Colombie délivrera des papiers spéciaux d'identité aux missionnaires établis dans le pays ou qui y viennent comme tels, qui leur permettront d'avoir les plus grandes facilités de circulation et les meilleurs égards de la part des autorités colombiennes civiles et militaires.

Art. 2. — Les Missions auxquelles se réfère la présente Convention comprennent les territoires suivants de la République :

a) Onze (il) territoires érigés en vicariats apostoliques, à savoir : Caqueta (vicariat de Florentia) ; Casanare (vicariat de Casanare) ; Guajira (Vicariat de Riohacha) ; Pacifico (vicariat de Buonaventura ; Putumayo (vicariat de Sibundoy ; Rio Atrato

(vicariat de Quibdo) ; Rio Cesar (vicariat de Valladupar) ; Rio Magdalena (vicariat de Barrancabermeja) ; Rios Meta y Vichada (vicariat de Villavicencio) ; Rio San Jorge (vicariat de San Jorge) et Rio San Juan (vicariat d'Istmina).

b) Sept (7) territoires érigés en préfectures apostoliques, à savoir : Arancao (préfecture d'Arancao) ; Labateca (préfecture de Labateca) ; Rio Amazonas (préfecture de Leticia) ; Rios Minas y Patia (préfecture de Tumaco) ; San Andrés y Providencia (préfecture de San Andrés y Providencia) ; Tierradentro (préfecture de Tierradentro) et Vaupés (préfecture de Mitri).

Le Saint-Siège pourra ériger librement d'autres vicariats et préfectures apostoliques comme aussi faire des divisions ou séparations dans ceux qui existent actuellement, en en donnant avis préalable au gouvernement de Colombie, dont le consentement sera nécessaire, pour que les stipulations contenues dans les articles 5, 6, 7, 9, 11, et 16 de la présente Convention s'étendent aux vicariats ou préfectures érigés en totalité ou en partie sur des territoires non-inclus parmi les territoires spécifiés aux alinéas a) et b) du présent article.

Art. 3. — Les limites des Missions actuelles sont fixées dans un appendice de la présente Convention. Celles des Missions qui seront érigées dans l'avenir, seront déterminées dans un échange de notes.

Art. 4. — Les Missions qui desservent des territoires contigus aux pays voisins de Colombie s'efforceront d'établir des résidences et des centres missionnaires aux principaux points limitrophes. La fondation de localités auxdits points sera l'objet de l'appui le plus ferme de la part des autorités colombiennes.

Art. 5. — Le gouvernement de Colombie comme juste compensation du sacrifice que font les missionnaires pour évangé-liser les indigènes, contracte l'obligation de pourvoir les Missions en question dans la présente Convention des subsides fiscaux fixés à l'article 6 et à l'article 7.

Art. 6. — Le gouvernement de Colombie versera annuellement, à titre de contribution, une somme de trente mille pesos (3o'ooo) à chacun des vicariats et préfectures apostoliques mentionnés aux alinéas a) et b) de l'article 2 de la présente Convention. En outre, il versera annuellement, à titre de contribution, la somme de trois cent soixante mille pesos (36o'ooo), destinée à subvenir aux besoins extraordinaires que les Missions peuvent avoir.



Les payements stipulés ici seront faits par le gouvernement de Colombie chaque semestre du calendrier, dans les soixante (60) premiers jours du semestre. En conséquence, le total de la somme fera l'objet de deux (2) comptes semestriels, qui seront réglés au Saint-Siège par l'intermédiaire de la nonciature de Bogota.

Paragraphe, — Il est entendu que les subsides mentionnés remplacent intégralement ceux de l'article 6 de la Convention entre les parties contractantes signé le cinq (5) mai mil neuf cent vingt-huit (1928).

Art. 7. — Le gouvernement de Colombie, sans préjudice des contributions indiquées à l'article précédent aidera, avec les ressources de son budget ordinaire et dans la mesure de ses possibilités, à la construction d'orphelinats, d'écoles, de dispensaires ou de centres sanitaires et autres établissements de bienfaisance, érigés sur les territoires de Missions. De même, le gouvernement de Colombie recherchera la façon d'augmenter les subsides départementaux et municipaux en faveur de l'éducation et des oeuvres de bienfaisance sur les mêmes territoires.

Comme encouragement à la formation du clergé indigène colombien, suivant les désirs du Saint-Siège, le gouvernement de Colombie aidera effectivement et dans la mesure de ses moyens à la construction de Séminaires sur les territoires de Missions et au maintien de quelques pensions dans les Séminaires déjà établis ou qui s'établiraient dans l'avenir.

Art. 8. — Les chefs des Missions mentionnées aux alinéas a) et b) de l'article 2 de la présente Convention et ceux des Missions, qui seront établies dans l'avenir, rendront compte directement à la nonciature apostolique de Colombie de l'emploi qu'ils font chaque année des secours reçus du gouvernement de Colombie.

A son tour, la nonciature apostolique rendra compte de cet emploi, à titre d'information, au ministère des Relations extérieures.

Art. ç. — Afin que l'éducation soit orientée en territoire de Mission, suivant l'esprit des enseignements de l'Eglise catholique, apostolique et romaine, et en accord avec elle, le gouvernement de Colombie confie aux prélats chefs de Missions les attributions suivantes de direction et de contrôle de cette même éducation :

a) Créer et aménager les écoles publiques primaires, secondaires, professionnelles, agricoles et normales, conformément aux normes de la présente Convention ;

b) Assurer pour lesdites écoles primaires, secondaires, professionnelles, agricoles et normales, conformément aux normes de la présente Convention, les nominations, promotions et mutations de maîtres, avec détermination du montant de leurs traitements ;

c) Inspecter l'enseignement et veiller à ce que, dans les centres d'éducation de chaque territoire missionnaire respectif y compris les centres privés, cet enseignement soit orienté conformément aux articles 12, 13 et 14 du Concordat en vigueur. Dans les cas où, en vertu de prescriptions légales colombiennes actuellement en vigueur ou qui le seront dans l'avenir, sera requise l'autorisation de quelque autorité colombienne pour l'ouverture ou le fonctionnement de centres d'éducation privés, l'autorité colombienne respective entendra, avant d'en décider, le prélat correspondant chef de Mission. Rien de ce qui est prescrit dans le présent alinéa ne sera applicable aux centres privés destinés exclusivement à l'éducation d'enfants d'étrangers non catholiques.

d) Distribuer les fournitures et organiser les restaurants
scolaires pour les écoles primaires, conformément aux normes
de la présente Convention.

§ 1. — Le gouvernement de Colombie s'oblige à inclure dans ses budgets annuels les dépenses nécessaires pour le bon fonctionnement des écoles situées en territoires de Missions, en nombre suffisant, avec des traitements convenables pour les maîtres ; chose qui devra être fixée préalablement chaque année.

g 2. — La création et l'aménagement d'écoles, les nominations, promotions et mutations dont il est question dans le présent article, ainsi que la fixation de traitements devront être approuvés ou pourront être approuvés par l'autorité colombienne respective dans les trois (3) mois qui suivent la date à laquelle le bureau correspondant reçoit la copie des actes contenant les mesures mentionnées.

g 3. — La non-approbation aura pour effet de suspendre l'exécution de la mesure prise par le prélat chef de la Mission, aussi longtemps que n'aura pas été réalisé un accord entre l'autorité colombienne respective et le prélat correspondant.

g 4. — L'aménagement d'écoles, dont il est question à l'alinéa a) du présent article et les mutations de maîtres auxquelles se réfère l'alinéa b) du même article ne pourront pas être désapprouvés par l'autorité colombienne correspondante, lorsqu'ils répondent à des motifs d'ordre religieux ou moral ; mais, en pareil cas, à la copie de l'acte respectif, sera jointe au moins une déclaration explicite du prélat qu'existent l'un ou l'autre motif ou les deux motifs à la fois.

Art. 10. — Etant donné l'importance transcendante qu'a pour la nation colombienne l'évangélisation dans la religion catholique des indigènes et compte tenu des conditions particulières dans lesquelles ceux-ci se trouvent, les autorités du gouvernement de Colombie donneront aux missionnaires catholiques un appui et une protection spéciaux afin qu'ils puissent développer leur oeuvre librement et sans obstacle.

Art. 11. — Le gouvernement de Colombie s'oblige à concéder dans les lieux où il les détient et pour la durée de la présente Convention, la quantité de terrains communaux en friche requis, de l'avis dudit gouvernement, pour le service des Missions, lesquels terrains seront destinés à des jardins cultivés, à des pâturages, etc. Les concessions de ces terrains primeront sur toute autre concession, à l'exclusion de ceux qui sont destinés à la construction de voies publiques ou à l'exploitation du sous-sol et seront concédés en conformité aux lois en vigueur au moment de leur concession. Le gouvernement de Colombie sollicitera l'avis du chef respectif de la Mission concernant l'adjudication de terrains et la répartition des concessions, afin d'arriver ainsi à une meilleure information au sujet des droits déjà acquis par les indigènes.

Art, 12. — En vue d'éviter tout danger d'oppression pour les indigènes et de persécution pour les missionnaires, le gouvernement de Colombie s'oblige à favoriser la bonne intelligence entre ses agents et les chefs respectifs de Missions, et à empêcher par les moyens en son pouvoir qu'elle soit troublée. La nomination de fonctionnaires civils pour les territoires de Mission portera sur des personnes recommandables à tous points de vue et notoirement favorables aux Missions et aux religieux missionnaires. Restera réservée aux autorités suprêmes des hautes parties contractantes la solution des questions qui peuvent être suscitées entre l'autorité civile et le chef de chaque Mission, à la suite des mesures prises par celui-ci pour la sauvegarde du bien spirituel et des intérêts matériels des indigènes ou dans l'exercice des fonctions spéciales assignées par l'article 13 de la présente Convention ; sera aussi cause suffisante de déplacement des employés du gouvernement une plainte du chef de la Mission, à la condition d'être toujours basée sur des faits prouvés.

Art. 13. — Afin de stimuler les indigènes à se réunir d'abord en familles et à se grouper ensuite dans les « réductions 3 », et en vue de faciliter en même temps à l'autorité civile l'exercice des fonctions qui lui incombent, le chef de la Mission respective unira à la fin primordiale de sa charge, qui est la civilisation chrétienne, celle de favoriser la prospérité matérielle du territoire et des indigènes qui y sont établis. C'est pourquoi, il aura soin d'étudier attentivement les productions de la région à sa charge et enverra des renseignements au gouvernement de Colombie, en lui proposant les méthodes propres à tirer de plus grands profits de ces productions. Il aura soin aussi de répandre parmi les indigènes les industries les plus intéressantes. Le gouvernement de Colombie, pour sa part, s'oblige à aider les chefs des Missions dans le développement de l'agriculture et de l'industrie, et à protéger efficacement les propriétés des indigènes.

Art. 14. — Les Ordinaires des territoires de Missions jouiront en Colombie des mêmes privilèges que les autres Ordinaires diocésains quant au for judiciaire, en accord avec la Convention additionnelle au Concordat promulgué par la loi colombienne trente-quatre (34) de mil huit cent quatre-vingt-douze (1892).

Le gouvernement de Colombie reconnaîtra la franchise postale et télégraphique aux syndics et procureurs pour tout ce qui concerne leurs fonctions.

Art. 15. — La présente Convention quel que soit le nombre de vicariats et préfectures apostoliques qui existent durant le temps de son application, demeurera en vigueur depuis la date de sa signature jusqu'au premier (ier) janvier mil neuf cent soixante-dix-huit (1978) ; cependant, quant aux effets fiscaux seulement, on considère qu'elle est en vigueur depuis le premier (ier) du mois en cours.

En ce qui concerne le montant des secours fiscaux, les hautes parties contractantes feront tous les cinq (5) ans une étude, ayant pour effet de déterminer s'il y a lieu de les modifier en raison des variations substantielles dans le coût de la vie dans le pays ; cela, sans préjudice que le gouvernement de Colombie puisse attribuer des sommes plus importantes si, en raison de ces variations, le développement des Missions l'exige.



Territoire sur lequel sont groupés des Indiens convertis.


MESSAGE AUX ÉLÈVES DES ÉCOLES CATHOLIQUES DES ÉTATS-UNIS

(10 février 1953) 1






Comme les années précédentes, Pie XII au début du Carême s'est adressé aux écoliers américains pour faire appel à leur générosité.

Cette année de nouveau, au commencement du Carême, Nous venons, chers enfants, Nous entretenir brièvement avec vous. Mais cette année la grippe, ou, comme vous l'appelez si souvent, la « flu », a réussi à pénétrer ici, à Rome, au Vatican, et comme tant d'entre vous, Nous avons dû garder le lit pendant un certain temps pour nous remettre et reprendre des forces. Pour cette raison, les médecins ont dit que Nous ne devions pas vous parler à la radio. Mais Nous désirons au moins vous envoyer cette courte lettre.

Enfants d'Amérique, vous avez été si bons et généreux, ces années passées, en offrant vos dons pour aider vos frères et soeurs dans les pays au-delà de la mer ! Nous savons que notre cher Seigneur vous a bénis pour cela dans une bien plus grande mesure, car II agit exactement comme si c'était à Lui-même que vous ayez donné vos offrandes de vêtements, ou de vivres ou d'argent. « Ce que vous faites à un de ces petits », dit-il, « c'est à Moi que vous le faites ». Et naturellement en fait de donner personne ne peut « dépasser » Notre-Seigneur. Aussi en retour vous bénit-Il certainement bien plus, car II vous donne l'amour et la bonté de vos chers parents, de vos frères et soeurs, de vos bons maîtres ; Il vous donne votre grande éducation catholique et, mieux et plus merveilleux que tout, Il se donne Lui-même à vous lorsqu'il vient dans votre coeur à la Sainte

Communion. Non, Notre-Seigneur n'oublie jamais une faveur faite à un de ces « petits », au-delà de la mer, qui sont les siens.

Et cette année encore ils ont de nouveau besoin de votre aide. Trop d'entre eux ont toujours faim et froid et sont sans maison. Un trop grand nombre ont encore besoin de remèdes, de vitamines et de lait. Un trop grand nombre, exactement de votre âge, doivent porter des vêtements qui ne protègent pas leurs petits corps contre le vent, la pluie et le froid. Et maintenant, tout récemment, à cause des terribles inondations en Hollande, en Angleterre et en Belgique, plusieurs milliers d'enfants ont perdu leurs maisons et tout ce qu'ils avaient. Aussi vos vêtements, vos pièces de monnaie, vos boîtes de conserve et tout ce que vous pouvez donner, comme vos maîtres vous l'indiqueront, représentera beaucoup pour eux.

Ne dites- pas : « Mais mon offrande est si petite. Qu'est-ce pour tant de pauvres enfants ? ». Rappelez-vous : chacun de vous peut-être peut ne donner que peu. Mais vous êtes plusieurs milliers, et lorsque toutes les choses sont recueillies et réunies ensemble, cela fait une grande quantité, exactement comme le puissant océan est fait de beaucoup de gouttes d'eau, bien que chacune d'elles soit bien menue.

Aussi savons-Nous, chers enfants, que vous serez généreux dans vos offrandes et encore plus dans vos prières et vos sacrifices. Car la chose la plus importante de toutes, plus importante même que d'assurer à vos pauvres petits amis la chaleur, la santé et la bonne nourriture, est de les maintenir bons et à l'abri du péché. Vous devez donc prier fortement pour que leur infortune ne les rende pas mauvais ou ne les amène pas dans leurs troubles à oublier notre cher Seigneur. Sans doute pouvez-vous réciter au moins un Ave Maria supplémentaire, chaque jour durant le Carême, afin que Notre-Dame, leur Mère comme la vôtre, les guide et les garde à l'abri du péché. Offrez vos petits actes de sacrifice pour eux. Essayez d'être particulièrement bons et obéissants pendant le Carême pour eux. Recevez souvent Notre-Seigneur dans la Sainte Communion, et lorsque vous avez Notre-Seigneur dans votre coeur et que vous Lui adressez vos prières pour votre mère et votre père et pour vos frères et soeurs, rappelez-Lui aussi Ses autres enfants qui ont tant besoin de Son aide.

Priez également pour Nous qui, avec un coeur de Père, vous envoyons, d'ici, de la Cité du Vatican, à vous et à ceux qui vous sont chers, une Bénédiction paternelle.




Pie XII 1953 - ALLOCUTION AU CONSISTOIRE