Pie XII 1953 - ALLOCUTION A DES JOURNALISTES


ALLOCUTION A DES OUVRIERS ITALIENS

(14 mai 1953) 1






En la fête de Y Ascension, plusieurs milliers de membres des A.C.L.I. (Association Catholique des Travailleurs Italiens) furent reçus en audience.

Ceux qui estiment que le christianisme est une cause de lassitude et de tristesse devraient assister à une des nombreuses audiences qui se sont multipliées ces derniers temps, au point de rejoindre presque le rythme de l'Année Sainte. Nous-même Nous revenons toujours avec joie au milieu de ces pieuses multitudes qui Nous demandent une parole de réconfort et de bénédiction.

Et voici qu'aujourd'hui Nous souhaitons la bienvenue à des milliers de travailleurs pour la plupart romains, qui Nous sont pour cela doublement chers, tous persuadés qu'en les accueillant dans cette insigne basilique Nous leur manifesterions à eux aussi une tendre affection, semblable à celle que nourrissait et que nourrit pour eux Jésus, le divin travailleur de Nazareth.

Chers fils ! L'Eglise commémore aujourd'hui l'Ascension du Christ au Ciel. — Depuis le jour de Pâques, la sainte Liturgie a été une succession de mélodies et de joyeuses harmonies, où l'Alleluia était toujours la note dominante, répétée par chaque âme, par chaque choeur d'âmes.

Cependant si les chants de joie et de gloire continuent aujourd'hui, quelques notes de tristesse retenue ne manquent pas. Jésus laisse les disciples et monte au Ciel ; il enverra le Saint-Esprit ; en attendant il n'est plus au milieu d'eux vivant et visible. Mais alors que les Apôtres regardent Jésus qui s'élève et qui disparaît derrière la nuée, voici qu'apparaissent deux anges vêtus de blanc, qui leur disent : « O hommes de Galilée, que regardez-vous au Ciel » 2 ? C'est-à-dire que ceux-ci invitent les Apôtres à ne pas tenir leur regard fixé inutilement vers le Ciel ; maintenant les attend la terre, où se trouve le chemin qui les conduira au but, où se trouve la vigne qu'ils devront cultiver, où se trouve le champ de leurs luttes pacifiques. Un jour, oui, ils verront Jésus revenir du Ciel avec grande puissance et grande majesté 3.



Les mouvements ouvriers d'inspiration marxiste nient la vie éternelle.

Mais le son de ces paroles rappelle une autre demande, que vous avez entendue, qui sait combien de fois, dans un sens complètement opposé : « O hommes, pourquoi regardez-vous le ciel ? Le paradis n'existe pas ; il serait donc vain d'espérer l'atteindre. Il n'y a pas de Dieu ; l'âme n'est pas immortelle. Regardez donc plutôt la terre avec ses problèmes ; appliquez-vous à trouver ici leur solution. O hommes, ne regardez pas le ciel ; et si quelqu'un désire le paradis, qu'il se soucie de se le créer ici-bas par tous les moyens ».

Naturellement ces paroles ne sont pas prononcées par une seule voix. Cependant elles sont toujours dites par le même ennemi, unique et multiforme, qui jusqu'à la fin des siècles tentera de rompre le front du bien, pour y semer la destruction et la mort. Elles rte sont pas non plus toujours prononcées aussi brutalement. En effet, quand c'est utile, l'esprit des ténèbres sait se déguiser également en ange de lumière. Alors selon les lieux, les circonstances, l'état d'âme de celui qui l'écoute, il change de ton et de langage ; mais le fond même du discours demeure toujours pareil : « Hommes, ne regardez pas le ciel ; pensez seulement à la terre ».

Cette parole qui a poussé et pousse des personnes de conditions sociales les plus diverses, a été pendant de nombreuses décades et est encore aujourd'hui l'arme d'assaut la plus périlleuse et meurtrière pour les âmes de tant de travailleurs, acteurs eux aussi dans le drame du monde moderne. Aujourd'hui un grand nombre d'entre eux ont oublié le ciel et s'obstinent à se tourner seulement vers la terre, en demandant à celle-ci de se transformer en paradis, où rien ne manque, où le coeur humain sente s'apaiser les inquiétudes et se combler le vide qui l'angoisse.

Or le paradis terrestre, promis par les marxistes, n'existe pas.

Mais en réalité ce paradis est apparu sans cesse moins réalisable sur terre. D'un côté des hommes possédant tous les privilèges de la richesse n'ont pas pour cela acquis la félicité qu'ils désiraient ardemment et sont souvent privés même du minimum de sérénité et de paix. D'un autre côté, ceux qui vivent sans Dieu, empressés seulement à le blasphémer et à le maudire et dépourvus des réconforts suprêmes que seule la foi surnaturelle peut donner dans les épreuves les plus douloureuses, gémissent dans un tourment d'inquiétude et de révolte.

L'Eglise aussi réclame de meilleures conditions de vie ici sur terre. Chers fils, bien chers travailleurs !

La journée d'aujourd'hui a été cette année fort opportunément choisie pour la commémoration habituelle de Rerum Novarum. Et il est remarquable que les idées inspirées par la grande fête d'aujourd'hui coïncident en quelque sorte avec les enseignements contenus dans la mémorable Encyclique du Souverain Pontife Léon XIII, de sainte mémoire, comme la pensée fondamentale de l'Eglise sur la question ouvrière.

Mais — demandera peut-être quelqu'un — ce Pape n'a-t-il pas alors dirigé le regard de tous les croyants, de tous les hommes droits, non point précisément vers le ciel, mais vers la vie présente, vers le triste état des salariés de cette époque, au milieu d'un industrialisme encore fort désordonné et sans frein ? N'a-t-il pas réclamé énergiquement, au nom du Christ, les réformes, l'amélioration de conditions et institutions terrestres et adressé aux propriétaires des moyens de production et aux chefs d'entreprises cet avertissement, digne d'être encore écouté aujourd'hui « que ni les lois divines ni celles des hommes ne permettent d'opprimer pour son propre intérêt les nécessiteux et les malheureux et de trafiquer sur la misère d'autrui » ? Ce Pape si sage n'a-t-Il pas précisément relié la véritable vie chrétienne avec l'ordre juste de ce monde quand, reprenant les paroles de saint Thomas d'Aquin, Il confirmait dans Rerum

Novarum que l'usage des biens temporels « est nécessaire à l'exercice des vertus » et, par conséquent, pour conduire, sur terre, une vie chrétienne digne de l'homme ?

Mais l'Eglise invite les hommes à regarder aussi le ciel.

Oui ; il en est bien ainsi. Lorsque Léon XIII lançait son cri de vérité et de justice dans la question ouvrière, Il voulait que les hommes et particulièrement les travailleurs eussent les deux pieds sur terre. Ici-bas, ils devaient comme chrétiens s'occuper de l'ordre véritable: Toutefois l'homme, créé et sauvé par Dieu, ne peut avoir les deux pieds sur terre, sans tenir son regard tourné vers Dieu, vers la véritable fin de la vie humaine, l'union avec Dieu dans le ciel, là seulement où s'accomplissent définitivement tout ordre et toute justice.

Les mouvements matérialistes sont incapables de sauver l'homme.

Aussi les hommes qui, dans leur pensée et dans leur action, se donnent entièrement à la terre ou qui nient complètement la patrie céleste, n'ont pas une base solide même en ce monde, même si extérieurement ils semblent la posséder ou qu'ils se vantent eux-mêmes de leur prétendu réalisme.

Les catholiques doivent éclairer les réformes sociales par leur foi.

Un véritable ordre humain ici-bas ne peut être parfait ni perfectible s'il ne s'oriente pas vers l'au-delà. C'est là une idée essentielle de Rerum Novarum : « Il n'est pas possible, y lit-on, de comprendre et d'évaluer comme il convient les choses terrestres, si l'esprit ne s'élève pas à la contemplation d'une autre vie, c'est-à-dire de l'éternelle, sans laquelle la vraie notion du bien moral se dissipe obligatoirement et, avant tout, l'univers devient un mystère inexplicable ».

On ne peut dissocier dans ce temps : réforme sociale et foi.

Ils se trompent donc ces catholiques promoteurs d'un nouvel ordre social, qui soutiennent : tout d'abord la réforme sociale, puis on s'occupera de la vie religieuse et morale des individus et de la société. On ne peut en réalité séparer la première chose de la seconde, parce qu'on ne peut désunir ce monde de l'autre, ni diviser en deux parties l'homme qui est un tout vivant.

Léon XIII, le grand avocat des travailleurs chrétiens, leur a en toute clarté indiqué la voie, celle d'un authentique christianisme.



L'Eglise insiste sur l'égale dignité de tous les hommes.

Toutefois Rerum Novarum a intimement relié à la fin transcendante de l'homme non seulement la restauration de l'ordre social dans le monde, mais également la réforme des relations réciproques entre les personnes se consacrant à l'activité économique, le soin des rapports humains quotidiens et concrets entre les employeurs et les ouvriers, entre les chefs et les employés dans les entreprises. Immédiatement avant les passages qui viennent d'être cités et en étroite connexion avec eux, l'Encyclique enseigne que l'Eglise non seulement veut un ordre juste dans l'économie, mais « vise plus haut, à rapprocher le plus possible les deux classes et à les rendre amies ». Et quel en est le motif précis et décisif ? L'égale dignité humaine de tous, qui, de son côté, résulte entièrement de la fin transcendante, commune à tous. Devant cette fin et la patrie commune au ciel, toutes les autres différences entre les hommes demeurent d'une importance secondaire. Léon XIII écrit expressément : « Que tu aies en abondance des richesses et autres biens de la terre ou que tu en sois privé, cela n'a aucune importance pour la félicité éternelle ; mais le bon ou le mauvais usage de ces biens, c'est là ce qui importe au plus haut point ».

Quand la véritable dignité humaine et le destin transcendant de tous les hommes sont réellement vécus jour après jour, l'entreprise devient elle aussi cette étroite communion dans le travail que désire Rerum Novarum. Alors les uns traiteront les autres avec respect dans les paroles et dans les actes ; ils leur faciliteront le travail et l'estimeront, même modeste ; ils s'appliqueront à leur accorder la fonction qui correspond le mieux aux capacités et au sens de responsabilité de chacun. On voit ainsi que, déjà avant notre époque, Léon XIII et l'Eglise ont signalé la grande importance de prendre soin des relations humaines dans l'entreprise.



On a trop longtemps méconnu cet enseignement de l'Eglise.

Dans certains milieux, on railla alors ces idées et désirs, comme s'ils n'eussent été rien d'autre que de pieux rêves. En quelle estime y tenait-on la dignité humaine du travailleur dans l'économie et dans la production ? Pour eux comptaient seuls la force mesurable de travail et le mode de l'appliquer avec le plus grand rendement possible aux énergies de la nature. Aujourd'hui, en revanche, on a le souci d'encourager les relations humaines dans la production, même si c'est souvent pour des motifs pas très nobles ou avec des méthodes plus théoriques que pratiques. Mais encore une fois : les erreurs auraient été évitées si, avec la sagesse de Léon XIII, avec la sagesse de l'Eglise, on avait pris le travailleur pour ce qu'il est réellement : Frère du Christ et co-héritier du ciel. Il est donc pénible de voir que certains catholiques, aujourd'hui, refusent d'introduire dans les entreprises les admirables richesses de l'humanisme chrétien et qu'ils lui substituent une forme ternie d'humanisme détaché de la foi chrétienne. Ils changent ainsi la richesse contre la pauvreté, l'authentique contre le succédané.



L'application de l'enseignement social de l'Eglise entraîne la prospérité matérielle.

Enfin l'auteur de Rerum Novarum était fermement convaincu également que la subordination de la vie à sa fin ultime, le ciel, et par conséquent la pratique de la vie chrétienne, là où elle est et se maintient vraiment telle, « contribue également par elle-même à la prospérité extérieure ». Pour quel motif ? Parce qu'elle conduit à ces vertus, qui préservent l'homme d'une estime excessive des choses de ce monde et qui donnent spécialement à ceux qui jouissent des biens de la fortune la fermeté dans ce qui a été à juste titre appelé 1'« aurea mediocritas » : l'inestimable modération. De la sorte, la juste mesure, la véritable harmonie et l'authentique stabilité favorisent le progrès de la société humaine, progrès conforme à la nature et par conséquent accepté par Dieu.
Faute d'écouter l'Eglise, l'économie est aujourd'hui désordonnée.


Aujourd'hui la production et la consommation des biens économiques s'effectuent dans une société qui ne sait donner au progrès ni mesure, ni harmonie, ni stabilité. C'est la source d'où proviennent — peut-être encore plus que des circonstances extérieures de notre époque — ce sentiment d'incertitude, ce manque de sécurité, que l'on note dans l'économie moderne, incertitude que les espérances de l'avenir elles-mêmes ne peuvent rendre plus tolérable. C'est en vain qu'on leur opposerait les possibilités de la technique et de l'organisation, qui font briller la promesse de produire sans cesse davantage et à moindre coût ; la prévision d'un niveau de vie futur toujours plus élevé ; la quantité des besoins matériels, que les hommes peuvent encore augmenter dans le monde entier. En vain, avons-Nous dit ; car, au contraire, plus exclusivement et incessamment se renforce la tendance à la consommation, d'autant plus l'économie cesse d'avoir pour objet l'homme réel et normal, l'homme qui ordonne et mesure les exigences de la vie terrestre à sa fin ultime et à la loi de Dieu.



Il faut retrouver le sens normal du travail et du loisir.

Si — comme on en trace un tableau prometteur — la machine était destinée à diminuer sans cesse davantage et pour ainsi dire jusqu'à l'extrême le temps du travail et de la peine, le temps libre devrait lui aussi perdre sa signification naturelle de détente et de repos entre deux moments d'activité. Il deviendrait le premier élément de la vie et l'occasion de besoins nouveaux et souvent coûteux, comme d'autre part une source de gains pour ceux qui les satisfont. Ainsi serait bouleversé le rapport naturel du besoin réel et normal avec les exigences suscitées artificiellement. Les revenus augmenteraient nécessairement, mais bien vite ils ne seraient plus suffisants. Le manque de sécurité subsisterait, car l'économie sociale naîtrait d'une humanité et supposerait une humanité déviée de la juste et droite mesure de son existence.



L'Eglise préconise sa formule du repos.

En revanche, dans Rerum Novarum, Léon XIII a sous son regard l'homme sain qui mène une vie conforme aux principes chrétiens. C'est seulement si elle travaille guidée par lui et pour lui, que la technique moderne effectue un progrès harmonieux et durable, dont le bien-être temporel est également partie intégrante. Aussi dans son Encyclique insiste-t-Il fortement sur l'observation des jours de fête. Pour Lui c'est là un signe qui révèle si et jusqu'à quel point l'homme sain et la véritable harmonie du progrès subsistent encore dans la société humaine. Il voit clair et profond quand il met en relation la question ouvrière avec le repos des jours de fête et la sanctification du dimanche ; le bien-être extérieur du travailleur même ne peut être attendu d'une technique de la production, qui exige régulièrement du travailleur et de sa famille le sacrifice du dimanche ; il peut encore moins provenir d'un état de chose, où le dimanche ne serait pas, comme Dieu le veut, un jour de tranquillité et de repos, dans un climat de piété élevée. La technique, l'économie et la société manifestent leur degré de santé morale par la manière dont elles favorisent ou contrarient la sanctification du dimanche.

Pour résoudre les problèmes sociaux, il faut centrer les solutions sur omme, tel qu'il a été créé par Dieu.

Il n'est donc pas douteux que l'affirmation du destin transcendant de l'homme constitue le centre de la doctrine de Léon XIII sur la question ouvrière. Il vous appartient, chers fils, de faire constamment dans chaque cas particulier les applications pratiques auxquelles Nous n'avons pu que faire brièvement allusion.

Chers fils ! Jésus dit un jour que ceux qui chercheront avant tout le royaume de Dieu et sa justice auront par surcroît tout le reste. A cette partie de l'humanité qui vit pour ainsi dire sans espérance sur la terre parce qu'elle a voulu se désintéresser du royaume de Dieu, il convient de répéter avec force et avec douceur qu'il existe bien, en vérité, le système pour résoudre même les problèmes humains : chercher de nouveau Dieu, regarder de nouveau le ciel !




ALLOCUTION AU COMITÉ OLYMPIQUE NATIONAL ITALIEN

(16 mai 1953) 1




Ce jour on inaugurait à Rome un stade grandiose ; c'est pourquoi certaines vedettes sportives italiennes venues en la capitale furent reçues en audience par le Saint-Père :

Chers fils et illustres représentants des activités sportives de la chère jeunesse italienne que Nous désirons saine et forte ! Athlètes qui avez valu au nom de l'Italie un rang élevé dans les grands concours internationaux ! Réunis dans la Ville éternelle pour l'inauguration du Stade olympique, vous avez désiré vous-mêmes qu'il soit, dès le premier jour, placé sous la protection de Dieu moyennant la bénédiction rituelle.

Il Nous est particulièrement agréable de voir unis à vous en Notre présence ceux qui organisent et dirigent les activités sportives nationales. Ils désirent tous non seulement Nous dire la joie que leur cause la réalisation de l'oeuvre rêvée depuis longtemps, mais aussi entendre Notre voix leur dire avec quelles intentions et quels sentiments chrétiens doivent la considérer soit ceux qui s'y exerceront en de nobles concours, soit les foules qui en seront spectatrices, car toutes les choses créées doivent nous servir d'instruments pour glorifier le Dieu Très-Haut.

Nous désirons avant tout féliciter tous ceux qui, après avoir triomphé de grandes difficultés et de longues vicissitudes, ont mené à bien une oeuvre digne d'entrer, par ses dimensions, dans la tradition de grandeur et de beauté propre à la Rome de tous les temps et qui répond — comme on Nous l'a rapporté — aux exigences les plus modernes des constructions de ce genre. Ce stade s'est élevé, dirions-Nous, dans son cadre naturel, car la civilisation gréco-romaine ne savait presque jamais dessiner et fonder une ville sans un amphithéâtre ou un cirque, ou un stade, dont les ruines attestent encore de nos jours son passage glorieux dans les régions du monde ancien.

Le Stade Olympique semble achever l'aspect de la Cité de Rome, car les édifices d'une ville sont en quelque sorte l'expression de sa structure sociale, c'est-à-dire du corps vivant de la collectivité qui la peuple. On peut facilement indiquer, dans une ville bien ordonnée, à l'image des membres dans le corps humain, des édifices qui ont des fonctions spéciales et diverses, mais qui constituent tous ensemble cette harmonie d'activités variées, disposées hiérarchiquement, qui doit être le propre de toute communauté sociale. Sous cet aspect, votre Stade, expression de la santé et de la vigueur physique de la jeunesse, est en harmonie avec les édifices anciens et modernes répondant à des buts différents, et, s'il est fréquenté chrétiennement, il ne sera pas en désaccord avec la sublime fonction qui est la prérogative de la Ville éternelle, et dont la grande Coupole de Michel-Ange est le symbole que tous comprennent.

En présage de cette harmonie entre la Coupole et le Stade, comme entre l'âme et le corps, il y a aussi le double souvenir historique que rappelle le stade. Le lieu où il s'élève suggère le premier de ces souvenirs. Appuyé, d'un côté, à la pente verte du Monte Mario, il s'étend, de l'autre, jusqu'aux rives du vieux Tibre, non loin des arches antiques du Pont Milvius, où semble encore retentir le cri de victoire qui fixa le destin futur de Rome. C'est là, en effet, que Constantin, hardi général et gouverneur perspicace des peuples autant que fondateur de la paix, fit plier et vainquit, après une âpre bataille, les forces du paganisme guidées par Maxence. La victoire sourit à celui qui avait élevé sur le labarum le signe de la Rédemption, signe qui depuis ce jour resplendit sur les enseignes des légions, gage du triomphe universel du Christ. Dieu veuille que, nés dans la vraie foi ou parvenus à sa lumière, les Romains ne dissipent jamais les biens suprêmes que leur valut ce premier et heureux événement.

Le deuxième souvenir historique que Nous désirons noter vient du titre d'Olympique par lequel on désigne votre Stade. Il rappelle, pour l'honneur de ceux qui s'adonnent aux activités gymnico-sportives, le sens d'universalité entre les différents peuples que les célèbres Olympiades stimulaient, quoique faiblement Dans la suite, par l'avènement du christianisme lequel hérita et perfectionna la civilisation qui célébrait ces jeux, ce sens d'universalité se développa dans la vérité chrétienne de la famille humaine unique et dans le devoir qui en découle, de la charité mutuelle entre les peuples, ses membres. C'est ainsi que, même à ce point de vue votre Stade dont s'enrichit la Rome catholique, mère et maîtresse de véritable universalisme, trouve ici son climat naturel et la justification la plus élevée de son nom. Les drapeaux nombreux qui, à partir d'aujourd'hui, flotteront l'un près de l'autre sur ses murs sont donc l'expression de la gloire, la plus belle peut-être, du sport, gloire devenue, grâce au christianisme, une brillante réalité.

Riche d'histoire et de promesses, votre Stade est prêt à accueillir sur son tapis vert, pour vos compétitions ardentes, les remarquables athlètes que vous êtes et sur ses gradins les multitudes enthousiastes qui admireront la fusion parfaite des facultés humaines que les exercices du sport ont l'avantage de mettre en valeur.

Aux uns comme aux autres, Nous voudrions rappeler le principe général que le chrétien est tel partout et qu'aucune circonstance ne doit empêcher la bonne odeur de Jésus-Christ de s'exhaler de sa personne pour l'édification d'un grand nombre, soit qu'il se recueille en prière sous la voûte d'une église soit qu'il s'accorde le sain délassement du sport sous le ciel d'un stade ; que même l'athlète et le spectateur peuvent trouver des avantages dans la conduite chrétienne, pour le but que tous deux se proposent : l'un de conquérir les lauriers, l'autre de rechercher une honnête distraction.

A vous, athlètes, Nous avons déjà indiqué récemment, dans Notre discours au Congrès scientifique national du sport et de l'éducation physique2, de quelle façon l'esprit chrétien doit animer vos exercices et vos efforts et quels moyens concrets il vous suggère afin que votre activité atteigne ses fins, conserve sa valeur et bannisse les abus.

Et maintenant, Notre parole s'adresse aussi au public qui a coutume d'assister nombreux aux concours gymnico-sportifs. Qu'on veuille remarquer la différence profonde qui existe entre les stades antiques du paganisme et ceux des villes chrétiennes. Ce fut déjà un grand progrès pour la civilisation latine lorsque fut abolie, grâce au christianisme, la barbarie des ludi gladia-torii et des venationes sanglantes. Mais en ce domaine, la perfection chrétienne se doit de s'élever toujours plus haut et d'atteindre cette tempérance qui tout en élevant la dignité de l'homme, ne met aucun obstacle à la joie honnête qu'on demande au stade. La modération chrétienne requiert avant tout que l'appel du stade ne s'oppose pas à l'observance des devoirs religieux, surtout aux jours de fête. Elle veut que l'émulation soit noble ; la lutte entre partenaires, respectueuse ; la peine causée par l'échec, indulgente, tolérante, et, en aucun cas, capable de pousser à la violence. Le ton même de la voix, qui s'élève puissante du stade d'une ville chrétienne, doit retentir de toute autre façon que les clameurs inconvenantes d'un stade païen ; la dignité et le choix des expressions doivent être tels qu'ils ne forment pas un trop grand contraste avec le ton solennel des choeurs et des acclamations qui, du même peuple, dans les mêmes stades, montent vers le ciel à l'occasion des fêtes civiques et patriotiques et des rites religieux.

C'est pourquoi tandis que Nous souhaitons le succès de votre oeuvre et Nous apprêtons à bénir le drapeau du Comité Olympique National Italien, Nous élevons Notre prière au Très-Haut, afin que le nouveau Stade serve efficacement au perfectionnement physique et moral du peuple et particulièrement de la très chère jeunesse romaine ; que chaque fois que les multitudes débordantes de sa vaste enceinte la transformeront en un parterre frémissant de vie, il contribue à fortifier le sens de la concorde dont il est l'expression ; et, enfin et surtout, qu'en toute circonstance, le Stade Olympique ne cesse de chanter la gloire de Dieu par les voix de cette génération et celles des générations futures.

Avec ce souhait, Nous vous accordons de tout coeur, comme gage des célestes faveurs, Notre Bénédiction apostolique.



Cf. Documents Pontificaux, 1952, p. 512.












LETTRE AUX CATHOLIQUES DE HOLLANDE

(17 mai 1953)1


force de Dieu au milieu de vous. Continuez votre travail avec désintéressement, dans une charité réciproque, pleins de respect mutuel, sous la direction de vos évêques et prêtres, afin que la charité du Christ puisse régner sans cesse davantage dans vos coeurs, dans vos familles, dans toute votre patrie et partout dans le monde où tant de fils de votre peuple travaillent comme missionnaires.

Afin que vous puissiez, avec la grâce de Dieu, réaliser tout cela, Nous vous donnons de tout coeur Notre paternelle Bénédiction apostolique2.



Les catholiques de Hollande ont célébré les 16 et 17 mai le premier centenaire du rétablissement de la Hiérarchie catholique dans leur pays. Au cours de la cérémonie de clôture le message suivant fut lu :

C'est pour Nous une grande joie de pouvoir participer à la solennelle commémoration de la reconstitution de la Hiérarchie ecclésiastique en Hollande.

Avec une fervente gratitude Nous jetons avec vous un regard en arrière sur l'important et consolant développement que l'Eglise catholique a eu, durant les cent dernières années, dans votre pays. Vous êtes devenus une force spirituelle qui, dans votre noble patrie et à l'étranger, impose l'admiration à tous ceux qui ont pu connaître la richesse de votre vie catholique. Aussi Nous sentons-Nous plein de reconnaissance envers le Dieu infiniment bon, qui a béni abondamment le zèle des catholiques hollandais ; de reconnaissance aussi envers les évêques, les fidèles, qui, avec tant d'abnégation, ont travaillé, combattu et souffert pour instaurer sans cesse plus largement et profondément le Royaume du Christ dans leur patrie.

Très chers catholiques de Hollande, que ce regard en arrière sur les années passées soit pour vous un puissant stimulant, non seulement pour transmettre intact à vos fils cet héritage, mais avant tout pour employer toutes vos forces, à l'exemple de vos pères, à rendre cet héritage plus imposant, plus riche et plus intime. Pour cela il est nécessaire que vous persévériez, avec une modestie reconnaissante mais aussi avec une grande fermeté, dans la lutte, car l'Eglise sur terre est et demeure toujours une Eglise militante. Conservez l'unité comme gage de la





Cf. Lettre à S. Em. le Cardinal de Jong, archevêque d'Utrecht, p. 96.


UNIVERSITAIRES ITALIENS



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ALLOCUTION AUX UNIVERSITAIRES ITALIENS

(24 mai 1953) 1






Le dimanche de la Pentecôte, le Saint-Père a adressé le discours suivant aux diplômés universitaires.

En vous offrant Notre salut de cordiale bienvenue, Nous voudrions, chers fils, vous répéter avec quel intérêt et quelle sollicitude Nous suivons la vie et le développement du « Mouvement des Diplômés Universitaires d'Action Catholique ». Et parce que Nous connaissons votre intention de donner un relief particulier à la fête de Pentecôte, Nous avons consenti volontiers à Nous trouver aujourd'hui au milieu de vous pour vous exprimer Notre approbation et vous exhorter à consolider toujours plus l'oeuvre qui est la vôtre.

Le jour de Pentecôte, l'Eglise commémore la descente du Saint-Esprit. Quelques jours après l'ascension de Jésus au ciel, les apôtres, groupés autour de Marie dans le Cénacle, furent assaillis par un vent impétueux et remplis du Saint-Esprit. Inondés de lumière, transformés dans leur être et leur action et dès lors, rendus méconnaissables à eux-mêmes et aux autres, ils sortirent courageusement du Cénacle et se trouvèrent tout à coup au milieu d'une multitude d'âmes qui toutes attendaient avec crainte quelque chose de neuf et de grand. Et coeperunt loqui : ils commencèrent à parler, laissant tomber la semence de la parole divine sur une terre féconde parce qu'arrosée de la grâce du Saint-Esprit.

Aussi la liturgie d'aujourd'hui n'est-elle qu'un chant de joie qui, dirait-on, atteint et pénètre le monde entier de ses harmonies et de ses résonances.

Quapropter, profusis gaudiis, totus in orbe terrarum mundus exultât2. Dans l'Office divin d'aujourd'hui le Psaume 47 chante : « Grand est notre Dieu et digne de toute louange dans la cité : sa montagne sainte... est la joie de toute la terre ». Et le Psaume 67, qui caractérise bien la Pentecôte et qui partant revient à l'Offertoire de la Messe, peint en images hardies et brillantes les gloires du Dieu d'Israël et la victoire sur ses ennemis qui fuient devant Lui comme la fumée dispersée par le vent : image de l'entrée triomphale du Seigneur le jour de la Pentecôte dans son Eglise où, par le don du Saint-Esprit, il habitera jusqu'à la fin des temps.

Mais il est juste qu'à côté de l'hymne de joie résonne l'invocation fervente qui se répète dans les cathédrales majestueuses des grandes villes comme dans les petits oratoires de campagne et dans les chapelles perdues sur les montagnes : Emitte Spiri-tum tuum : Envoie ton Esprit. Tu vois, Seigneur, comme les circonstances pressent et deviennent toujours plus favorables à un renouvellement profond ; envoie donc ton Esprit et tu renouvelleras la face de la terre : Emitte Spiritum tuum... et reno-vabis faciem terne. Et cette terre, vivifie-la, lui donnant une forme et une âme, tandis que sur les eaux agitées du monde plane déjà ton Esprit, ô Seigneur, comme au commencement quand tu créas le ciel et la terre.

Et en fait, comme aux origines le Christ envoya son Paraclet sur les premiers apôtres, ainsi à cette époque de tournants décisifs pour l'histoire de l'Eglise, Il appelle et rassemble des troupes toujours plus nombreuses de nouveaux apôtres pour les rénover et les transformer en constructeurs habiles et ardents d'un monde nouveau et meilleur.

Vous êtes de ce nombre, chers fils, voici pourquoi Nous ne pouvons vous cacher Notre joie de voir réunie ici autour de Nous une des assemblées les plus qualifiées de disciples de Jésus. Et seul le Seigneur sait avec quelle ferveur Nous le suppliions ce matin de vous reconduire vous aussi à vos demeures, remplis du Saint-Esprit, l'âme inondée de lumière, le coeur enflammé d'amour et votre vie offerte au Christ. Rénovés intimement, vous pourrez ainsi être les rénovateurs que le monde attend.







Praef. de Spiritu Sancto.

Le christianisme doit être partout présent.

1. L'Esprit-Saint vous fera voir avant tout bien clairement qu'aucun champ d'activité humaine ne peut être soustrait à l'action rénovatrice du Christ, per Quem omnia, in Quo omnia. D'autres fois déjà, Nous avons fait remarquer l'erreur grave commise par les hommes quand ils ont voulu se passer de Lui ou se sont franchement révoltés contre Lui au moment de mettre la main à de nouvelles structures. Aucun doute — disions-Nous — qu'il soit l'unique Sauveur, l'unique Maître.

Il importe de reconnaître que l'Evangile doit pénétrer intégralement comme un levain la pensée humaine, et si certains sont encore hésitants devant la nécessité d'une transformation radicale dans le sens chrétien, vous devez leur rappeler que l'activité théorique et publique dans toutes ses branches, et donc l'activité artistique elle aussi, doivent avoir une inspiration chrétienne et ne peuvent être soustraites à l'influence de la pensée et de la grâce du Christ.

A cet endroit, Nous voudrions faire chers fils, une double observation :



Les universitaires doivent développer leurs connaissances religieuses.

Vous voulez et devez être dans le monde présent, les porteurs, les messagers et les apôtres de la pensée chrétienne et du souffle du Saint-Esprit. Mais alors cette pensée doit pour ainsi dire vous saisir et vous pénétrer entièrement vous-mêmes. Or la vie intellectuelle moderne est dominée par la pensée scientifique, technique et économique de telle sorte que le sens des vérités d'un ordre supérieur — la science les appelle vérités métaphysiques — et la capacité de les percevoir commencent à disparaître. Nous n'avons pas besoin de démontrer à quel point Nous comprenons et tenons en haute estime les activités et les conquêtes des sciences naturelles et de la technique. Mais ces vérités métaphysiques soutiennent tout l'être, matériel et spirituel, naturel et surnaturel. Pour les intellectuels et dirigeants catholiques, c'est aujourd'hui une vraie nécessité de bien connaître ce monde des vérités perpétuellement valables et éternelles et de les posséder toujours plus profondément ainsi que l'entière richesse de notre foi. L'enseignement religieux que vous avez reçu dans votre jeunesse, si excellent qu'il ait pu être, ne suffit ni à votre maturité ni aux problèmes nouveaux qui entre temps ont surgi et sont passés au premier plan.

Ayez donc une intelligence profonde des fondements de la foi, de sa structure et de ses vérités particulières.



L'action doit être conforme aux lignes directrices dictées par l'Eglise.

L'autre observation concerne l'action pratique. Vous voulez collaborer afin que, par la vertu du Saint-Esprit, le monde se renouvelle. Mais vous n'y réussirez pas en vous adaptant sans réserve à ce qu'on veut appeler l'esprit du temps, c'est-à-dire à la pensée matérialiste transportée dans l'action et en y cédant au-delà des limites du permis mais seulement en observant avec fidélité et constance la ligne catholique clairement tracée. Sans aucun doute, cela requiert un haut degré de persévérance et de fermeté ; mais l'Esprit-Saint les suscitera en vous.



Les universitaires doivent être unis dans la charité.

2. En second lieu, vous serez remplis de l'Esprit d'amour, brûlants de la divine charité.

Il serait vain de parler d'un monde renouvelé au nom de Jésus si l'angoisse suprême qui fut la sienne n'était pas en vous : ut omnes unum sint : pour que tous soient une seule chose 3. Il laissa entendre que cette unité serait l'un des arguments les plus solides pour soutenir la foi en sa mission divine : ut credat mundus quia tu me misisti.

Soyez donc unis, chers fils ! Ne permettez pas que le démon de la division et de la discorde pénètre parmi vous, rendant moins fort le lien de l'unité avec ce qu'on pourrait appeler des sections diverses mais également nécessaires dans l'unique grande milice catholique.

» Jean, 17, il.




Il en était déjà ainsi aux époques antérieures ; mais c'est par excellence une caractéristique de la vie publique actuelle que les décisions auxquelles l'individu coopère sont toujours et en premier lieu des décisions de nature idéologique. Le catholique, en prenant la responsabilité de sa collaboration, ne peut donc en dernière instance se laisser déterminer par des critiques ou des désirs particuliers, même s'ils sont en soi légitimes ; mais la considération idéologique dont il s'agit doit être pour lui le point déterminant. Cet enseignement vaut pour chaque catholique dans le monde entier. Si l'invocation ut omnes unum sint doit avoir un sens pratique, c'est aujourd'hui et ici précisément qu'elle doit montrer sa force.

Aussi Nous ne Nous lasserons pas de lancer cet avertissement : tandis que la maison menace de brûler, tandis que des attaques violentes sont lancées contre elle de tant de côtés, tandis que devient urgente l'action hardie et disciplinée de toutes les forces catholiques sur tous les fronts, il est indispensable de consumer toute rancoeur au feu de la charité et de renoncer généreusement à toute préférence personnelle afin que tous agissent à temps et ensemble pour la cause du Christ sous la conduite de l'autorité légitime.



Il faut savoir prendre ses responsabilités de chef.

3. Finalement, rappelez-vous le mot connu : Tels chefs, tel peuple.

Vous appartenez aux professions dirigeantes : vous êtes appelés à être — et beaucoup d'une façon eminente — les chefs du peuple. De là résulte votre responsabilité grave devant ceux, spécialement les plus humbles, qui vous demandent de promouvoir de toutes vos forces le progrès et de le mettre, comme le veut l'ordre des choses, au service effectif des individus et de la collectivité.

Pouvons-Nous, chers fils, vous donner quelques indications pratiques qui débordent le cadre de votre activité professionnelle ?

Quand le maire, le juge, le médecin et les autres membres de professions libérales et d'enseignement supérieur sont estimés comme des maîtres dans leur branche, dignes de confiance et soucieux du bien du peuple, qu'ils sont en même temps connus comme des croyants solides fiers de leur foi, que l'on voit à l'église en train de prier, observant en tout les commandements de Dieu et fidèles à leurs devoirs moraux, l'exemple de tels laïcs de classes dirigeantes est aussi et parfois même plus efficace que celui du prêtre. L'irréligiosité ne s'est-elle pas peut-être répandue des classes dirigeantes dans le peuple ? Que d'elles aussi aujourd'hui puisse venir le salut.



27 faut observer la justice sociale.

En outre, vous savez que l'on a déjà fait beaucoup pour ouvrir la voie à l'ordre et à la justice sociale par la législation comme aussi grâce aux dispositions prises par les autorités publiques et les entreprises privées. Mais il reste encore beaucoup à faire. Nous pensons au vaste champ de l'hygiène sociale : il y a encore, hélas, des hommes sans crainte de Dieu qui ne se font pas scrupule de profiter de conjonctures particulières, par exemple du manque de travail, pour réduire le salaire à un minimum intolérable. Non seulement les catholiques n'ont aucun motif pour cacher des cas semblables, contraires à la loi divine et humaine, mais ils doivent s'employer à y porter remède. Vous, les dirigeants, le maire, le médecin, vous êtes peut-être les premiers à avoir connaissance de tels abus. Pourquoi ne de-vriez-vous pas alors vous unir dans l'action commune, et donc d'autant plus vigoureuse, afin de faire valoir les droits de la dignité et de la justice humaine ?



Ef le Saint-Père conclut :

Voilà, chers fils, ce que Nous avons cru devoir vous dire en ce jour d'exultation pour l'Eglise, tandis que Nous invoquions sur vous la descente du Saint-Esprit, rénovateur de la face de la terre.

Soyez conscients de votre vocation.

Il y a aujourd'hui une sainte bataille à combattre et à vaincre : vous êtes au nombre des chefs les plus efficaces dans la grande milice catholique. Il y a tout le chemin de la reconstruction que les hommes doivent parcourir, contraints souvent à gravir péniblement des montagnes abruptes : vous êtes une phalange choisie de guides chrétiens. Il y en a parmi vous — et Nous les saluons affectueusement — professeurs d'Université, de l'enseignement moyen, artistes, médecins, juristes, techniciens. Oh ! que le Saint-Esprit daigne descendre sur vous et répandre dans vos âmes l'abondance de ses dons.

Soyez dociles, chers fils, à ses inspirations : laissez-vous transformer en hommes aux idées claires et à la volonté résolue et tenace. Sortis d'ici, mettez-vous tout de suite au travail. Au dehors dans le monde, il y a une foule d'âmes qui attendent dans l'angoisse. Si vous et tous les hommes de culture catholique allez toujours de l'avant avec une intelligence droite, sans faiblesses, unis dans l'effort de rénovation chrétienne alors Rome, l'Italie et le monde ne tarderont pas à reconnaître que le Seigneur a fait don à son Eglise d'une nouvelle et joyeuse Pentecôte.















Pie XII 1953 - ALLOCUTION A DES JOURNALISTES