Pie XII 1953 - ALLOCUTION AUX JEUNES DACTION CATHOLIQUE ITALIENNE


LETTRE A LA PRÉSIDENTE DES FEMMES CATHOLIQUES D'ALLEMAGNE

(6 novembre 1953)[9]






A l'occasion du Jubilé de l'Association catholique des Femmes allemandes, le Saint-Père a envoyé la lettre que voici à la présidente : Madame Gertrude Ehrle.

Vous Nous avez prié, chère fille, d'accorder Notre Bénédiction à l'Association catholique des Femmes allemandes, à l'occasion de son jubilé d'or, qu'elle célèbre le 16 novembre, en la fête de sainte Gertrude.

Avant de répondre à votre désir, remercions ensemble Dieu de cet heureux essor que, dans sa Toute-Puissance, sa miséricorde et son amour, il lui a accordé durant les cinquante premières années de son existence.

Après Dieu, Notre reconnaissance s'adresse à toutes celles qui, animées par la foi catholique et dans un dévouement inlassable, ont consacré ou consacrent leur savoir et leur travail aux fins et aux nombreuses oeuvres de leur Association. Ne citons que quelques-unes de ces oeuvres : oeuvres de formation et de consultation dans le domaine social et civique, surtout pour les questions concernant le mariage, la famille, l'éducation et l'école ; étude des problèmes de la maîtresse de maison et de l'économie domestique, de ceux de la femme au travail et dans la profession, de ceux de la femme à la campagne et des jeunes paysannes ; secours à la jeunesse féminine, chez les expulsés et les rapatriés ; assistance aux prêtres ; influence sur la radio, le film, la presse et conseils pour leur bon usage ; collaboration avec d'autres organisations de femmes, surtout catholiques, à l'intérieur du pays ou à l'étranger, pour les problèmes intéressant



• Uranius : De obitu Paulini, ni 7. - Migne, P. I., 53, 863.

tout le monde, comme par exemple, le grand problème de la paix.

La multiplicité de ces oeuvres répondait au but principal que l'Association des femmes s'était fixé : envisager les problèmes fondamentaux de la vie féminine et travailler en commun à leur solution à la lumière des principes de l'Eglise catholique. Ce but demeure ainsi que les tâches pratiques qui en découlent. Pour leur accomplissement, vous pouvez compter sur Notre participation paternelle et Nos désirs sincères.

Notre grande inquiétude pour le monde féminin et l'âme féminine, pour la dignité de la femme chrétienne, de la jeune fille, de la non-mariée comme de l'épouse et de la mère, Nous en avons fait l'objet de toute une suite d'allocutions fondamentales et Nous l'avons aussi déclarée à l'Association catholique des Femmes allemandes, il y a déjà plus d'une année, à l'occasion de sa XIIIe Réunion générale 2. Nous avons pu constater, avec satisfaction, que Notre parole a trouvé bon accueil près des femmes de votre Association et que celles-ci sont conscientes de l'importance qu'il y a de nos jours à former la personnalité chrétienne de la femme pour que inébranlablement catholique, elle vive et agisse de la richesse de sa foi.



Il y a crise du mariage.

Nous voudrions éclairer par une courte allusion ce que Nous avons traité en détail dans l'écrit mentionné plus haut : votre Association est au courant de deux grands problèmes de notre temps, la crise du mariage et la question sociale. La crise du mariage ne sera pas diminuée ou écartée par le relâchement de la doctrine du mariage chrétien, mais au contraire elle en sera de plus en plus aggravée. Si toute une série de forces naturelles et surnaturelles doivent contribuer à y remédier, il nous faut avant tout des hommes et des femmes désireux de conformer pleinement au plan divin leur vie conjugale. Il y a crise sociale. De même pour porter remède à la crise sociale les seuls moyens techniques et politiques sont insuffisants. Ce problème aussi réclame de ces hommes, dont chacun en particulier est conscient devant Dieu de ses obligations envers le prochain et l'ensemble de ses frères. Le remède est à trouver dans la formation de la personnalité. Dans les deux cas, dès lors, ce qui est prépondérant, c'est la personnalité chrétienne, l'homme catholique qui dès son enfance a appris à s'imposer des sacrifices par amour pour Dieu et pour son prochain et à renoncer à sa propre volonté. Parce que seul celui qui sait se maîtriser soi-même et être exigeant pour soi peut devenir une personnalité chrétienne.

Ainsi Nous avons indiqué le but principal auquel votre Association doit tendre durant les cinquante prochaines années à venir : la formation de la femme chrétienne à une foi profonde et à des moeurs solides, dans toutes les classes de votre peuple. Le devoir n'est pas facile. Mais il y a à votre disposition deux sources d'énergie : la prière et l'obéissance absolument fidèle aux conseils donnés par ceux qui représentent pour vous le Christ ici-bas.

Que ces deux sources d'énergie coulent toujours abondamment dans votre Association et que la plénitude de la grâce du Christ descende sur elle et sur son travail. En gage de quoi, Nous donnons avec une affection toute paternelle, à l'Association des femmes allemandes, Notre Bénédiction apostolique.












LETTRE DE MONSEIGNEUR J.-B. MONTINI PRO-SECRÉTAIRE D'ÉTAT A MONSIEUR G. LA PIRA, MAIRE DE FLORENCE

(g novembre 1953) 1






Les usines Pignone, de la banlieue de Florence avaient annoncé, le 20 octobre 1953, la fermeture des ateliers.

En conséquence, les ouvriers décidèrent d'occuper les usines et d'assurer la continuité de la fabrication. En fait le 13 janvier 1954, une nouvelle société Pignone annonçait la réouverture de l'usine.

Consulté sur cette question, le Saint-Siège fit adresser la lettre suivante au maire de Florence :

Les émouvantes paroles que vous avez adressées au Saint-Père concernant les événements qui, ces jours-ci, ont tant troublé la paix de nombreuses familles de travailleurs, ont trouvé un douloureux écho dans l'âme du Souverain Pontife, pour lequel le sort de ses fils ne saurait manquer de faire l'objet de vives préoccupations.

Sa Sainteté assure Votre Illustrissime Seigneurie du paternel intérêt qu'Elle porte à cette affaire et Elle espère que tant de soucis communs seront allégés par la collaboration volontaire de tous ceux auxquels incombe le devoir de protéger et de défendre le pain et le travail de si nombreux foyers.

L'affliction et l'intérêt du Saint-Père s'accroissent en voyant reflétée dans ce pénible état de chose la condition malheureuse et dangereuse d'autres villes et campagnes qui, par suite du trouble économique, sont menacées de graves crises morales et sociales. Il n'ignore pas les difficultés très sérieuses, parfois, astucieusement envenimées par les fauteurs de conflits et par des égoïsmes collectifs, qui se présentent à qui veut établir l'équilibre entre les exigences d'une saine économie et celles non moins impérieuses de la vie et d'une élévation convenable des classes laborieuses ; le Saint-Père espère aussi que, aussi bien les chefs d'entreprises que les autorités publiques, déjà sollicitées en vue d'ouvrir de nouveaux débouchés pour le travail et de procurer plus de bien-être à la nation, redoubleront d'efforts pour garantir à ces mêmes classes ouvrières ce qui est indispensable à la sécurité de la vie, grâce à la continuité de l'emploi et à une honnête suffisance concernant le pain et l'habitation, ouvrant ainsi leur esprit toujours généreux et complaisant aux sereines visions de la communauté chrétienne, à la paix sociale et aux espérances surnaturelles de la religion.

Il est donc urgent que les bons s'unissent pour donner une preuve de leur effective solidarité chrétienne en faveur de leurs frères éprouvés par le malheur ou tombés dans l'indigence et faire en sorte que les forces subversives du mal et de la haine ne se prévalent pas de la gravité de la situation présente.

Le Seigneur ne manquera pas de bénir ces efforts, à la condition qu'à ceux-ci s'ajoute la prière confiante, afin que tous et chacun soient éclairés de la lumière de la sagesse et de la charité en rapport avec le besoin.

C'est la grâce que le Souverain Pontife implore de Dieu et, tout en exhortant Votre Seigneurie à se prodiguer encore généreusement au service de la bonne cause, il formule les meilleurs voeux pour la prospérité religieuse et civile de votre population et vous donne avec sa bienveillance habituelle la Bénédiction apostolique.









ALLOCUTION AUX PARTICIPANTS DU IVe CONGRÈS NATIONAL DE LA CONFÉDÉRATION ITALIENNE DES ORFÈVRES
(10 novembre 1953) [10]






Le Saint-Père reçut en audience à Castelgandolfo, les membres du IVe Congrès national de la Confédération italienne des Orfèvres, Joailliers et Horlogers. A cette occasion, Il prononça l'allocution suivante :

Vous savez bien, chers fils, que lorsqu'il Nous est donné de recevoir des groupes professionnels comme le vôtre, Nous ne manquons pas de mettre en lumière plus particulièrement l'importance morale de leurs activités. C'est ainsi que cette fois encore, puisque vous avez voulu au terme de votre quatrième Congrès national Nous donner un témoignage de votre dévotion, Nous sommes heureux de répondre à votre agréable hommage en vous exprimant quelques réflexions sur la valeur spirituelle et sociale de votre oeuvre.



Le métier d'orfèvre répond à des nécessités permanentes.

Certains pourraient croire que votre art est le fruit d'une civilisation trop raffinée dans laquelle il n'aurait qu'une part tout à fait accessoire et superficielle. Et cependant n'a-t-on point découvert dans certains dépôts de l'âge néolitique de petits ornements d'or travaillés grossièrement avec des instruments de pierre ? Des tombes vieilles de plusieurs millénaires renferment parfois des colliers, des anneaux, des bracelets de délicate facture, chefs-d'oeuvre des orfèvres de cette époque, qui donnent un témoignage d'un goût, d'une finesse et d'une habileté technique considérables. Cet art s'est perpétué à travers toutes les périodes de l'histoire, suivant le progrès ou le déclin de la civilisation. N'est-ce donc pas la preuve que les travaux d'orfèvrerie correspondent à de profonds désirs de l'homme, à celui, avant tout, de donner à une matière précieuse et durable une forme artistique, ou encore à un souvenir ou à une idée, une expression impérissable ? Qu'il s'agisse d'un objet d'ornement ou bien d'un instrument destiné au service de l'homme, leur caractère rare et parfois unique confère une splendeur spéciale aux personnes qui s'en servent ou aux circonstances dans lesquelles ils sont employés. N'est-il donc pas vrai que, dans la vie des individus et des sociétés, il existe des conjonctures exceptionnelles dans lesquelles la beauté de l'apparat extérieur doit correspondre à la vivacité intérieure des sentiments ? Quand on veut faire ressortir plus spécialement la dignité de la personne humaine et son éminente grandeur ou bien mettre en évidence les services qu'elle a rendus à la communauté, on a recours aux oeuvres de votre art, non seulement pour leur matière précieuse, mais aussi pour leur conception même et leur parfaite exécution, qui reproduisent excellemment l'idée qu'on veut exprimer.



L'orfèvre doit jouir de qualités techniques et artistiques.

Aussi votre art exige-t-il — en plus des connaissances professionnelles indispensables qui vous permettent d'exécuter les oeuvres les plus délicates — le don de l'invention originale, fruit d'une imagination guidée par un goût sûr et longuement édu-qué. C'est dire la haute valeur culturelle que représente l'exercice de votre profession.



Les objets précieux ont un rôle à jouer dans la vie sociale.

Il ne serait donc pas juste de la juger inutile par elle-même ou même nuisible ; de voir en elle une injure à la pauvreté et comme un défi lancé à ceux qui ne peuvent y participer. Sans doute, dans ce domaine, l'abus est-il facile. Trop souvent, malgré les limites qu'une conscience droite fixe à l'usage des richesses, on voit certains faire étalage d'un luxe provocant, privé de toute signification raisonnable et destiné seulement à la satisfaction d'une vanité qui ignore et par cela même insulte les souffrances et les besoins des pauvres. Mais, d'autre part, il serait injuste de condamner la production et l'usage d'objets précieux, chaque fois qu'ils correspondent à une fin honnête et conforme aux préceptes de la loi morale. Tout ce qui contribue à l'embellissement de la vie sociale, c'est-à-dire tout ce qui met en relief les aspects heureux et solennels, tout ce qui fait resplendir dans les choses matérielles la pérennité et la noblesse de l'esprit, mérite d'être respecté et apprécié.



Ces objets précieux ont même souvent une fonction sacrée à remplir.

L'Eglise catholique n'a-t-elle donc pas donné souvent aux orfèvres l'occasion d'exercer sous les formes les plus variées leur art ? Dans le trésor des grandes cathédrales et souvent également dans de modestes églises, on admire des calices, des ostensoirs, des croix, des reliquaires, ornés parfois de pierres précieuses, d'émaux, ouvrages d'artistes renommés ou de simples artisans, qui ont prodigué toute leur habileté, toute la virtuosité de leur technique, mais aussi toute leur piété et qui ont voulu exprimer par le travail de leurs mains, une offrande de la plus haute valeur, celle de leur coeur. L'Eglise et les fidèles estiment que rien n'est trop beau pour recevoir et conserver la divine Eucharistie et sont souvent disposés aux plus lourds renoncements pour acquérir les vases sacrés dignes de la grandeur de Dieu. Mais ils savent également s'en priver quand c'est nécessaire pour secourir la misère des pauvres.



Le profit ne peut être la seule ligne directrice des orfèvres.

Durant votre Congrès, vous vous êtes occupés, d'autre part, des difficultés auxquelles se heurte l'exercice normal de votre profession. Vous avez fait ressortir combien la recherche d'un gain facile et le désir immodéré de prévaloir sur des concurrents ont une répercussion nuisible sur vos propres intérêts. Le public se rend compte bien vite qu'il est victime de ces tendances et est tenté de vous retirer sa confiance. Aussi vos efforts visent-ils, avec raison, à éliminer de vos rangs ceux qui ne reculent pas devant la fraude et à maintenir élevées les exigences de justice et de moralité pour conserver intacte une réputation de droiture et de probité. Plus que d'autres, vous sentez les conséquences néfastes que les manoeuvres peu honnêtes de certains produisent sur l'activité de votre groupe. Vos sollicitudes obtiendront certainement d'heureux résultats si, excluant toute rivalité stérile entre les diverses classes de votre corporation, ainsi que les divergences d'intérêts régionaux, vous vous unissez, non point dans la recherche du seul profit matériel, mais dans l'accomplissement d'une fonction sociale qui réclame de vous un sens élevé de l'honnêteté et vous donne la joie de produire de belles oeuvres et d'en communiquer aux autres la jouissance.

Pie XII invite les orfèvres à imiter et honorer leur patron saint Eloi.

Pour vous exhorter à cultiver en vous des sentiments dignes de la noblesse de votre art. Nous ne pourrions conclure Nos brèves paroles sans vous proposer l'exemple de votre Patron saint Eloi, que vous honorez particulièrement à Rome dans l'église qui lui est consacrée. Après avoir excellé dans l'exercice de l'orfèvrerie et dirigé l'Hôtel royal des Monnaies de Marseille sous Dagobert Ier, il fut hautement estimé comme conseiller du Roi et vénéré pour son dévouement envers les hommes les plus misérables, les détenus et les esclaves. Il employa son crédit et ses richesses à des oeuvres de bien et fonda des églises et des monastères pour les âmes aspirant à la perfection. Après la mort de Dagobert, il quitta la cour et consacra toute sa personne aux intérêts spirituels de ses contemporains ; il reçut les ordres sacrés et quand, ensuite, il fut nommé évêque de Noyon, il se voua avec un zèle ardent à l'évangélisation des païens de la Frise et de la Flandre.

A l'imitation de votre saint Patron, vous saurez joindre à l'amour de votre art, le souci des nécessités temporelles et spirituelles de ceux qui vous entourent et vous unirez à l'intelligence et à la capacité tous les dons d'un coeur large et désintéressé. Et afin que le Seigneur, créateur et dispensateur de tout bien, vous assiste de son aide divine, Nous implorons pour vous, pour vos familles et pour tous ceux qui vous sont chers l'abondance des faveurs célestes : puisse en être le gage la Bénédiction apostolique que Nous vous donnons de tout coeur.


FAVEURS ACCORDEES DURANT LANNEE MARIALE 579











DÉCRET DE LA SACRÉE PÉNITENCERIE CONCERNANT LES FAVEURS ACCORDÉES DURANT L'ANNÉE MARIALE

(11 novembre 1953) 1






Son Eminence le Cardinal Canali, Grand Pénitencier a publié le Décret suivant :

Afin que la célébration de l'Année Mariale annoncée par la Lettre Encyclique Fulgens corona gloriae, pour le premier centenaire de la définition du dogme de l'Immaculée Conception, produise des fruits spirituels, plus abondants, Sa Sainteté Pie XII glorieusement régnant a daigné accorder, dans l'audience donnée à Son Eminence le Cardinal Grand Pénitencier, le 10 novembre, les faveurs spirituelles suivantes, valables pour toute l'Année Mariale :

1. — L'indulgence plénière toties quoties à tous les fidèles qui, ayant obtenu le pardon de leurs péchés, et s'étant approchés de la Sainte Table, visiteront pieusement un sanctuaire dédié à la Très Sainte Vierge Marie, — ou s'il s'agit de pays de mission, n'importe quelle chapelle — et prieront aux intentions du Souverain Pontife, le jour de l'ouverture de l'Année Mariale et le jour de sa clôture, c'est-à-dire le 8 décembre 1953 et le 8 décembre 1954, fête de l'Immaculée Conception ; et de même pour les fêtes de la Nativité, l'Annonciation, la Purification, les Sept Douleurs et l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie.

2. — De même les fidèles pourront gagner l'indulgence plénière aux mêmes conditions, chaque samedi de l'Année Mariale et toutes les fois qu'ils se rendront en pèlerinage collectif à ces églises ou chapelles.

3. — Les fidèles qui auront accompli les conditions ci-dessus indiquées, participeront pieusement à quelque cérémonie sacrée en l'honneur de la Bienheureuse Vierge Marie pourront également gagner l'indulgence plénière ; si, à défaut des conditions requises ils le font au moins d'un coeur contrit, il leur sera accordé une indulgence de dix années.

4. — Les Evêques Ordinaires des lieux reçoivent la faculté de donner la Bénédiction Papale, avec l'indulgence plénière qui y est attachée, les jours d'ouverture et de clôture de l'Année Mariale, au cours de la Messe pontificale.

5. — Tous les autels dédiés à la Très Sainte Vierge Marie seront privilégiés pour tout prêtre qui y célébrera la sainte messe en suffrage de l'âme d'un fidèle mort en état de grâce.

6. — Là où se trouve un sanctuaire particulier où la Vierge Marie, Mère de Dieu, est honorée d'un culte très spécial, et où affluent les pèlerins, venant même de régions éloignées, les fidèles pourront y gagner, outre les grâces indiquées, l'indulgence plénière non seulement chaque samedi, mais les autres jours de l'Année Mariale, pourvu que s'étant confessés et ayant communié, ils visitent pieusement le sanctuaire et y prient aux intentions du Souverain Pontife.

LETTRE

A L'OCCASION DU PREMIER CENTENAIRE DE LA RESTAURATION DE L'ABBAYE DE LIGUGÉ

fil novembre 1953) [11]






La Lettre suivante fut adressée en cette occasion au Révérendissime Dom Pierre Basset *, Abbé de Saint-Martin de Ligugé [12] ;

Nous avons reçu récemment la nouvelle que bientôt un siècle se serait écoulé depuis la restauration de votre abbaye, de la Congrégation de Solesmes de l'Ordre de saint Benoît, au diocèse de Poitiers dans ces lieux même où saint Martin, avant d'être élevé à l'illustre évêché de Tours, menait sa vie de moine et brillait par sa sainteté et ses miracles. Il est bon de commémorer cet événement, pour rendre grâces à la bonté infinie de Dieu qui, pendant ces cent années, a enrichi de tant de bienfaits ce monastère, bon serviteur de l'Eglise et de l'Etat, à une époque grave de l'histoire française. Pour Nous, qui souhaitons tellement que votre vieille maxime « Prie et travaille » devienne de plus en plus source de bien pour le clergé et le peuple chrétien,

Nous vous félicitons comme vous le méritez de cette prochaine célébration, et Nous vous envoyons Nos bons souhaits et Nos voeux de bonheur. D'autant plus volontiers que, plus d'une fois, Nous le savons, des moines de votre monastère ont apporté un secours de valeur au Siège apostolique en la Ville éternelle , notamment pour l'édition vaticane du Graduel et de l'Antiphonaire romains, pour la formation des clercs au rite grec, pour l'édition nouvelle de la Vulgate. Nous sommes persuadé qu'avec ce centenaire, la communauté monastique et la paroisse Saint-Martin de Ligugé prendront de nouvelles forces pour faire plus et mieux. Et maintenant, en gage des dons de Dieu, et en signe de Notre amour, Nous vous accordons de tout coeur dans le Seigneur, la Bénédiction apostolique, pour vous, cher Fils, vos religieux et tous ceux qui prendront part à cette solennité, en particulier l'évêque coadjuteur de Poitiers et le Supérieur général de la Congrégation de France.




















RADIOMESSAGE A L'OCCASION DES FÊTES MARIALES DE BILBAO

(15 novembre 1953) [13]






Il y a cinquante ans, Notre-Dame de Begona dominant du haut de sa colline la ville de Bilbao, était déclarée patronne du pays basque. Aussi pour commémorer cet événement, des cérémonies se déroulèrent en ce 15 novembre 1953 et Pie XII s'adressa à la foule par la voix de la radio :

Vénérables Frères et chers fils, qui rassemblés en la ville de Bilbao, clôturez en ce moment la grande mission organisée pour commémorer les cinquante années de la proclamation de Notre-Dame de Begona comme Patronne de la « très noble et très Loyale Seigneurie de Biscaye » :

Si celui qui honore sa mère a été comparé à quelqu'un qui accumule un grand trésor[14], à qui dirions-Nous que vous ressemblez en cet instant, lorsque Nous vous contemplons par la pensée en nombre si imposant acclamant avec enthousiasme et une ferveur débordante, au point d'en avoir la voix enrouée, votre Mère du Ciel, cette Mère aux pieds et sous les auspices de laquelle on peut dire que s'est écoulée toute votre vie ?

Nous ne prétendons pas remonter à présent jusqu'aux siècles perdus profondément dans la brume des temps, lorsque votre vigoureuse race — toujours simple, mais toujours indomptable — sans avoir jamais plié le cou sous aucun joug, inclinait cependant immédiatement le front pour recevoir la sève purificatrice du baptême ; et depuis lors ce peuple de saints, de sages et de guerriers, comme on l'a justement appelé, devait toujours être un peuple chrétien avant tout, qui a su conserver à peu près intacte jusqu'à nos jours la plus pure essence de sa forte et saine spiritualité.

Il était donc naturel que la naissance de votre ville, à l'aube même du XIVe siècle, eût lieu pour ainsi dire à l'ombre de cette église, ou monastère, de Sainte-Marie de Begona[15], qui probablement existait déjà, depuis peu après le IXe siècle, et qui, située sur cette dernière hauteur de la colline d'Artagan, devait présider aux six siècles de votre vie, en vous offrant à tout moment, la faveur et la dévotion, un refuge dans vos calamités, une lumière et une inspiration aux heures sombres, une protection et un bouclier au milieu de tous les dangers et contre les coups de tous vos ennemis. La juste attestation de cette protection si manifeste dans les nombreux événements rapportés par les historiens est laissée par les témoins muets mais éloquents que sont non seulement les vingt-huit lampes d'argent qui brûlent constamment devant l'autel de la basilique moderne, mais aussi les innombrables ex-voto couvrant les parois, peut-être offerts d'une main tremblante par quelque vieux loup de mer, qui, à un certain moment, crut qu'il ne foulerait plus la terre ; on arrive ainsi jusqu'aux grands hommages des temps modernes ; l'inoubliable pèlerinage de 1880, le solennel couronnement de X900 et cette proclamation de 1903, qui, pour qu'il ne lui manquât rien, demeura empourprée du sang du martyre.

C'est précisément cette date-là que votre amour filial n'a pas voulu laisser passer sans une digne commémoration ; mais une commémoration si particulière que Nous n'avons pas voulu, Nous non plus, qu'il lui manquât Notre éloge.

En effet, depuis trois semaines, tout d'abord à Bilbao même, puis d'Usansola et Galdacano jusqu'à Guecho et Santurce, sur les rives de cette embouchure du Nervion — qui en arrive à être comme l'épine dorsale de toute votre activité et de votre prospérité moderne —, trois cents missionnaires zélés ont rappelé, dans plus d'une centaine de centres de mission, à près d'un demi-million d'âmes les vérités fondamentales de notre sainte foi, en les exhortant au renouvellement de la vie chrétienne et en leur offrant généreusement la réconciliation et le pardon. Parmi elles, nous citerons spécialement Nos très chers fils, les travailleurs qui sont toujours pour le Père commun l'objet

d'un amour particulier, massés dans ces puissants centres industriels, où la vie est plus dure et où sont plus grands les dangers pour l'âme. Plaise à Dieu que vous ayez obtenu abondamment les fruits souhaités par votre vigilant Pasteur, de telle sorte que, désormais, vous resplendissiez tous par une vie plus profondément religieuse, un plus grand sens de la communauté spirituelle ; une fidélité plus vivante aux traditions, la diminution de l'immoralité, le progrès du désintéressement et de la pureté des moeurs, moins de soif du plaisir et de ses aises et surtout une plus grande aspiration vers le triomphe de la justice sociale. Et ainsi comme au temps où le vaillant soldat biscaïen pénétrait audacieusement dans les forêts américaines, porteur de la civilisation et de la foi ; où le hardi navigateur partait de vos ports pour protéger votre littoral, pour se lancer à la découverte de l'inconnu ou prendre part aux grandes entreprises espagnoles, portant tous inscrit sur leurs bannières ou sur leurs proues le nom de Begona et imprimé dans leurs coeurs l'amour pour la Vierge, leur « Madrecita » chérie, pareillement aujourd'hui tout fils de cette terre altière, de cette noble Ville, doit toujours être un fervent chrétien qui sache porter en lui, dans le domaine de l'apostolat, le zèle, la constance, l'ampleur de vues qui, dans les entreprises humaines, vous ont donné tant de justes triomphes, jusqu'à vous conduire à la situation enviable dans laquelle vous vous trouvez grâce à l'aide divine et à vos efforts personnels. « Emploie ton trésor selon les préceptes du Très-Haut et il te profitera plus que l'or » dit la Sagesse divine, car « Celui qui se confie dans ses richesses tombera ; mais les justes germeront comme le feuillage » [16].

Et Toi, ô très Sainte Mère de Begona, qui de ce « Sanctuaire de la Seigneurie de Biscaye » semblés te réjouir à contempler la fidélité et la dévotion de tes bons fils ; Toi, à qui ils rendent leur culte sous la si douce invocation — spécialement chère pour Nous — de Notre-Dame de l'Assomption : ne manque pas d'intercéder pour eux auprès du Coeur de ton Fils bien-aimé, afin qu'ils continuent toujours à être dignes de leur nom et de leur histoire et, sans se laisser entraîner les uns par les soucis et les travaux de cette vie et les autres par la prospérité excessive d'un moment, n'éloignent jamais leurs regards de ce ciel où Tu les attends, vers lequel ils doivent tendre avec toute leur anxiété et dont ils doivent faire leur unique et véritable patrie.

Ce sont là Nos sentiments et Nos désirs, tandis que pour fortifier les fruits de votre mission et pour implorer du ciel la grâce la plus abondante, Nous vous donnons de tout coeur, avec une paternelle affection, Notre Bénédiction apostolique, à vous Vénérable Frère, prélat du diocèse et à qui doit être attribué avant tout autre le mérite de cette heureuse initiative ; à tous Nos chers Frères dans l'épiscopat, qui sont auprès de vous en ce moment ; aux si dignes autorités qui ont si grandement collaboré à cette entreprise de caractère exclusivement spirituel ; aux prêtres, religieux et religieuses ; ainsi qu'à tous les fidèles qui de n'importe quelle manière entendent Notre voix ; à la bien chère ville de Bilbao ; à toute la Biscaye ; et à toute l'Espagne.




















LETTRE DE MONSEIGNEUR J.-B. MONTINI PRO-SECRÉTAIRE D'ÉTAT AU CONGRÈS DE L'APOSTOLAT DES LAÏCS EN AFRIQUE

(16 novembre 1953) 1






Le 8 décembre s'ouvrait à Kisubi, dans l'Ouganda, ce Congrès, aussi la lettre suivante fut envoyée à Son Excellence Monseigneur Joseph Cabassa, archevêque de Rubaga.

La première Rencontre des Dirigeants d'Apostolat des laïcs en terre africaine s'ouvrira au Séminaire de Kisubi, le jour de la fête de l'Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge, à l'aube de l'Année Mariale commémorative du centenaire de la proclamation dogmatique de 1854 : sous de tels auspices, cette rencontre ne peut qu'être bénie de Dieu, et Sa Sainteté Se plaît, avant toutes choses, à en confier le succès spirituel à la maternelle intercession de la Vierge Immaculée, Mère de Dieu. Qu'elle implore de son divin Fils, en faveur de ces généreux catholiques accourus de diverses contrées de l'Afrique pour mieux se mettre au service de l'Eglise, les grâces de fidélité, de clairvoyance et de résolution qui feront d'eux de vrais et précieux collaborateurs laïcs de la hiérarchie.

Telles sont, en effet, les trois qualités que le Souverain Pontife, en me chargeant d'être son interprète auprès de Votre Excellence, recommande à ses chers fils d'Afrique présents à l'Assemblée.

Fidélité à l'Eglise et à ses pasteurs, fidélité à ses saintes lois, n'est-ce pas la première condition d'une efficace collaboration des laïcs à l'oeuvre d'évangélisation et de civilisation en leurs



D'après le texte français de l'Osservatore Romano du 12 décembre 1953.

patries respectives ? Votre Rencontre, qui a, entre autres, pour thème, la nature de l'apostolat et la formation de l'apôtre, se doit d'insister sur cette primauté de la sanctification de la vie personnelle et familiale. Devant les tâches de l'heure présente le Saint-Père exhorte instamment tous les catholiques d'action à être d'abord, par la grâce, des membres pleinement vivants de l'Eglise et à opérer en eux, selon l'invitation de la récente encyclique Fulgens Corona, « un retour général au Christ et à une vie généreusement et efficacement conforme à ses préceptes » 2.

La clairvoyance est une qualité non moins nécessaire aux dirigeants d'apostolat des laïcs, dès lors qu'ils se penchent sur les problèmes posés dans leurs pays par la rapide évolution des structures ancestrales. Fils de l'Eglise, ils doivent apporter, précise l'encyclique Evangelii Prsecones, leur active collaboration aux efforts missionnaires pour la conversion de leurs frères ; mais fils de la terre africaine, il leur faut également travailler, sur le plan professionnel et civique, « à conformer les institutions sociales et politiques aux principes et aux règles de l'Evangile » 3. Une connaissance exacte de la doctrine catholique est ici requise, mais aussi un jugement lucide et droit pour apprécier les situations concrètes, dénoncer les propagandes mensongères, éclairer l'opinion publique, promouvoir les mesures opportunes. Qu'en tout cela les laïcs africains se montrent dignes de la confiance que leur fait l'Eglise et filialement dociles à ses directives.

Ils trouveront enfin une admirable leçon d'énergie et de résolution dans l'héroïsme du Bienheureux Charles Lwuanga, proclamé naguère par Sa Sainteté Patron de l'Action Catholique africaine. « Son exemple illustre sera un réconfort quotidien pour les promoteurs de cette Action catholique ; il renouvellera leurs forces ; il leur fera surmonter les difficultés ; il trempera leurs énergies pour mener à bien l'oeuvre entreprise pour le Christ » 4. L'heure est venue, en effet, où par la voix de son Chef, l'Eglise presse tous ses fils de « revêtir l'armure de Dieu afin de pouvoir fermement résister aux menées insidieuses du démon » 5 ; elle



2 A. A. S., XXXXV, 1953, p. 585 ; cf. p. 371.

8 A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 514 ; cf. Documents Pontificaux 1951, p. 195-

4 Cf. Décret de la S. C. des Rites, du 23 juillet 1950.

5 Eph., 6, ii.

les presse de poursuivre, avec un zèle persévérant, le bon combat de la foi et de la justice selon l'esprit de l'Evangile.

Puisse la Rencontre d'Ouganda répondre ainsi, pleinement au but qu'elle se propose et servir par l'étude et la prière, la vraie mission des laïcs catholiques dans l'Afrique d'aujourd'hui. C'est dans cette espérance que le Saint-Père appelle sur les membres de l'Assemblée et sur ceux qui l'ont organisée avec dévouement, une particulière abondance de grâces et leur accorde paternellement la Bénédiction apostolique.










Pie XII 1953 - ALLOCUTION AUX JEUNES DACTION CATHOLIQUE ITALIENNE