Pie XII 1956 - RADIOMESSAGE AUX TRAVAILLEURS DE DIVERSES NATIONS RÉUNIS A MILAN


ALLOCUTION A DEUX PÈLERINAGES ESPAGNOLS

(4 mai 1956)1






Le 4 mai, le Saint-Père a reçu dans la salle du Consistoire deux pèlerinages espagnols. Il leur a adressé un discours en espagnol dont nous publions la traduction ci-dessous :

Le « pèlerinage national espagnol à la Terre Sainte » est le bienvenu en cette maison du Vicaire du Christ, précisément au retour d'un voyage qui Nous le rend encore plus digne d'être reçu, car il se présente à Nous comme pénétré et parfumé par l'arôme de ces Lieux Saints que le Christ, Notre-Seigneur, consacra lui-même par sa vie terrestre et par sa précieuse passion et sa mort. L'intime dépendance, l'union spirituelle entre les lieux que vous venez de visiter et ceux où vous vous trouvez à présent sont telles que votre décision filiale de modifier le chemin de retour et de passer par Rome Nous paraît tout à fait naturelle et, dirions-Nous, comme une conséquence logique et une manière de compléter votre itinéraire, de sorte que vous pouvez affirmer maintenant qu'il ne vous reste plus rien à voir.

C'est très bien, très chers fils ; et que l'impression que vous avez reçue ne s'efface jamais de vos âmes. Avoir pu prier là où le Verbe se fit chair pour nous ; avoir pu évoquer sa passion et sa mort surtout sur le lieu même où se dressa sa croix sont des grâces toutes spéciales. Et si l'on pouvait s'exprimer ainsi, il faudrait vivre une vie de sainteté et d'amour ineffable envers notre divin Rédempteur pour répondre en quelque façon aux grâces que vous avez reçues ces jours-là. Veuille le Seigneur que ce chemin devienne de plus en plus facile et plus libre afin que les chrétiens puissent continuer à parcourir sans empêchements ces Lieux Saints, avec le même esprit de sincère dévotion et d'amour envers Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel vous venez de le faire.

Mais Nous voyons également en votre compagnie un important groupe de pèlerins de Zamora, unis à vous par une fraternité particulière, car ils reconnaissent comme père et pasteur celui qui a été pour vous, dans ce voyage, un pasteur et un père.

L'antique Zamora, posée comme une sentinelle sur les rives du Duero et faisant partie de cette chaîne de points d'appui qui fut longtemps la frontière d'une patrie et d'une foi, avec ses robustes et lourdes murailles, avec ses ruelles tortueuses, avec sa merveilleuse cathédrale romane, éveille dans les âmes le souvenir d'une époque, dont les gloires furent chantées par le « Romancero » ou les fortes strophes des chansons de geste ; mais à Nous elle Nous rappelle davantage cet esprit vigoureux, peut-être un peu sec, mais toujours généreux et logique, dont une des caractéristiques les plus précieuses est l'adhésion sans réserve à une foi chrétienne profondément vécue. Vieilles terres de Léon et de Castille, blondes en été, grises en automne et prodigieusement vertes au printemps ; vieux champs où ont toujours fleuri la piété sincère, le christianisme transformé en sève et en vie, la gravité des moeurs et une certaine aversion pour les demi-teintes, qui plus d'une fois vous a sauvés en certains moments difficiles. Ne soyez jamais indignes de vos aïeux, qui surent animer de leur souffle héroïque une histoire, où cette foi fut un des principaux éléments. Que votre ciel vous enseigne la limpidité de l'âme, votre terre la générosité austère et vos rivières profondes et opulentes la profondeur et la richesse d'une foi qui a, ici, en cette Rome universelle, son centre et sa base.

Recevez, pèlerins de Terre Sainte, une Bénédiction qui soit pour vous comme le complément de toutes les grâces que vous avez reçues durant ce voyage inoubliable ; et vous, très chers fils de Zamora, la même Bénédiction, avec tous Nos meilleurs sentiments et souhaits ; et recevez tous Notre Bénédiction pour vos parents et vos amis, pour vos projets et vos aspirations, pour vos villes respectives et pour toute la très chère Espagne, jamais absente dans les prières du Père commun.


PRIÈRE

POUR LA SANCTIFICATION DU CLERGÉ A RÉCITER PAR LE CLERGÉ

(4 mai 1.956) 1






A l'occasion de la dixième journée de sanctification sacerdotale ' est célébrée le 8 juin, Sa Sainteté Pie Xll a composé la prière suivante Sacré-Coeur2 :

Seigneur Jésus, pontife éternel, bon Pasteur, source de vie, qui, sans mérite de notre part, par un don spécial de votre Coeur très sacré, nous avez comptés au nombre de vos prêtres pour accomplir ce que votre grâce nous inspire, donnez-nous en abondance les dons de votre miséricorde secourable. Vous qui vous êtes sanctifié pour nous afin que nous soyons nous-mêmes vraiment saints (Jn 17,19), faites que, ne nous écartant jamais de la voie que vous êtes, bien instruits de votre doctrine et fidèles à obéir aux commandements de votre loi, nous reproduisions dans nos moeurs l'image de votre Coeur très doux et que, en vous et par vous, nous plaisions en toutes choses au Père céleste.

Que resplendisse en nous, avec la prudence, toute forme de justice et qu'à une chaste tempérance s'ajoute la force du courage.

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXVIII, 1956, p. 592, traduction française de Documentation Catholique, T. LUI, col. 742.

2 Cf. Prière pour la sanctification du clergé à réciter par les' fidèles, p. 441.




Qu'une foi sincère imprègne nos coeurs, que l'espérance des biens immortels y déverse une rosée de consolation ; qu'y brille la céleste flamme allumée par votre Coeur, fournaise ardente de charité. Faites que nous méditions continuellement vos pa

» Une indulgence partielle de mille jours est attachée à la récitation de cette prière.




rôles dans lesquelles brille la sagesse éternelle, et qu'après nous en être nourris, nous en nourrissions les brebis de votre troupeau confiées à nos soins. Que les ennemis de votre Evangile révèrent la solidité de notre unité, et qu'ils ne surprennent rien en nous qu'ils puissent imputer à votre Eglise notre Mère, sans tache ni ride. Faites enfin que, recherchant non nos intérêts propres, mais votre gloire, nous persévérions jusqu'au dernier souffle dans notre vocation avec une volonté droite et une conscience pure ; et que, lorsque notre corps mourra, vous soyez au milieu des splendeurs des saints notre récompense éternelle, vous qui, sur cette terre, êtes notre docteur et notre ami. Qui vivez et régnez avec Dieu le Père dans l'unité du Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Amen s.


ALLOCUTION SUR L'UNITÉ ET L'UNIVERSALITÉ DE LA CULTURE

(5 mai 1956) 1






Recevant, le samedi 5 mai, les groupes fédéralistes du « comité international pour l'unité et l'universalité de la culture », le Pape a prononcé, en français, le discours suivant :

Nous avons été très sensible, Messieurs, aux termes si élevés et si déférents de l'adresse que Nous a transmise la présidence de votre comité, et c'est de grand coeur que Nous répondons aux désirs exprimés dans les discours et les voeux qui ont marqué votre séance solennelle du 15 mars dernier.



Le Saint-Père encourage les membres de l'association pour l'universalité de la culture à travailler non seulement pour des buts culturels mais aussi pour la paix malgré les nombreux obstacles.

Le comité international pour l'unité et l'universalité de la culture poursuit depuis sa fondation un idéal généreux et désintéressé, digne d'être proposé en exemple à tous ceux qui veulent concourir efficacement à l'élévation morale de l'humanité. Non contents de favoriser les échanges culturels entre les peuples, vous désirez désormais travailler plus directement à la grande oeuvre de paix, que Nous ne cessons de promouvoir. Volontiers Nous accueillons l'occasion qui Nous est offerte d'encourager et de bénir cet effort, car la résolution de contribuer à l'union des esprits et des coeurs correspond aux fins que l'Eglise elle-même, sur un plan supérieur, a reçu pour mission d'assurer, et Nous savons la force que la plupart d'entre vous trouvent dans cette pensée.





il

Une croisade comme la vôtre se heurte par sa nature même à de lourds obstacles, que seule une foi solide peut affronter : indifférence et inertie, scepticisme et égoïsme risquent d'étouffer les plus beaux élans ; les fruits mêmes, que certains pourraient escompter de leur collaboration, pourraient faire exploiter à des fins particulières un mouvement qui, au contraire, veut et doit demeurer universel. Mais rien de tout cela ne saurait vous arrêter : convaincus de la valeur dynamique des idées et de l'obligation qui incombe aux hommes de traduire en actes les suggestions de la vérité reconnue, vous êtes décidés à mettre au service des valeurs supérieures de la culture et de la paix les ressources de votre compétence et le rayonnement de votre autorité. Vous pensez, avec l'auteur inspiré, que la justice produira la paix (Is 32,17), et vous estimez, non sans raison, qu'il existe une sorte de justice intellectuelle, condition préalable d'un monde plus fraternel, Nous voulons dire un devoir d'information et de compréhension mutuelle, qu'il faut mettre à la base de tout accord constructif, de toute collaboration profonde, de toute fédération internationale.

Cet effort de longue haleine constitue la tâche primordiale du comité international pour l'unité et l'universalité de la culture. Une si noble ambition devrait être partagée par quiconque reconnaît l'unité foncière de la famille humaine. Même ceux qui n'hésitent pas à l'admettre en théorie, reculent parfois devant les tâches pratiques qui s'ensuivent. Votre but est précisément de hâter leur mise en oeuvre, d'en favoriser les conséquences. Si les obstacles géographiques à l'unité et à l'universalité de la culture, distances et climats, frontières naturelles ou étendue des océans, perdent chaque jour de leur importance comme facteurs externes, les conditions de vie sont encore loin malheureusement de favoriser cette égalité, que toutes les âmes généreuses appellent de leurs voeux. Nul ne peut plus en bonne conscience poser la question qu'adressait au divin Maître, il y a bientôt deux mille ans, le légiste de l'Evangile : « Et qui est mon prochain ? » Le prochain, c'est tout homme, le Noir de l'Afrique centrale ou l'Indien des forêts de l'Amazone, en attente de biens spirituels plus encore que de biens matériels. Les dons de la civilisation et de la culture ont l'avantage de ne pas se perdre en se répandant, mais au contraire de croître et de s'enrichir avec les espaces qu'ils conquièrent. Cette semence de lumière et de vie, ce goût nouveau pour la vérité, la beauté,




UNITE ET UNIVERSALITE DE LA CULTURE



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la bonté, prospèrent en tout terrain, et comme le progrès de l'esprit — quand il est conforme à la vérité et à la bonté de Dieu — appelle celui de l'âme, le patient effort de l'éducateur et du maître fraye le chemin au pionnier de l'Evangile. Les nations les plus civilisées ont eu parfois des torts envers les peuples qu'elles ont pris en tutelle ; il faut reconnaître toutefois qu'elles apportaient des éléments de culture d'une valeur authentique et d'une fécondité inépuisable. Et ceux qui suscitaient dans le coeur d'autrui un sentiment d'estime et de reconnaissance pour leur propre nation, en évitant l'esprit étroit du nationalisme, ne perdaient pas leur temps : ils travaillaient pour l'unité et l'universalité de la culture.

Grâce à Dieu, à mesure que la conscience humaine perçoit plus vivement l'étendue et la portée de ses responsabilités, le règne de la vérité s'étend, des esprits chaque jour plus nombreux s'ouvrent à des perspectives plus larges qui appellent cet ordre moral et juridique nouveau, que vous appuyez de l'autorité de votre science, de l'ardeur de vos convictions, de l'efficacité de vos initiatives. C'est pourquoi Nous souhaitons vivement la création du conseil pour la stabilité de la paix, dont l'idée proposée par vous a déjà reçu bon accueil. L'activité d'une telle institution sera soutenue par la foi de ses membres dans le destin suprême de l'humanité, appelée à constituer une seule famille spirituelle, riche des trésors sans limites de son unique Créateur et Père.

Tel est le voeu que Nous formons et que Nous présentons à Dieu par l'intercession toute-puissante de Celui, qui est mort non seulement pour sa nation, mais encore pour rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés (Jn 11,51-52). Il ne Nous reste plus qu'à implorer sur vous-mêmes, sur vos familles, sur votre organisation et vos travaux l'effusion la plus abondante des grâces du ciel. En gage de quoi, Nous vous accordons Notre paternelle Bénédiction apostolique.

DISCOURS

A L'OCCASION DU 450e ANNIVERSAIRE DE LA GARDE SUISSE PONTIFICALE
(6 mai 1956) 1






A l'occasion des fêtes qui se sont déroulées pour le quatre cent cinquantième anniversaire de Service au Vatican de la Garde suisse, le Souverain Pontife a prononcé un discours.
Voici la traduction de la première partie, qu'il dit en allemand :


Salut et bienvenue à vous tous, chers fils et filles ! Salut aux Gardes actuellement en service actif, sous les ordres de leur commandant, de l'aumônier de la Garde, et du Corps des officiers, aussi bien qu'aux anciens gardes qui se sont retrouvés avec eux pour le quatre cent cinquantième anniversaire de la Garde suisse pontificale. Nous leur présentons de tout coeur Nos voeux paternels pour ces solennités.

Notre bienvenue également à tous les parents et compatriotes des Gardes qui se sont joints à eux. Lorsque Nous les voyons ici devant Nous, ils deviennent pour Nous comme le souvenir vivant du peuple appliqué et ordonné que Nous avons connu et apprécié à l'occasion de notre séjour en Suisse, coeur de l'Europe, sans égal pour la beauté de sa nature, si riche par ses valeurs culturelles.

Nous Nous réjouissons de l'occasion que la fête d'aujourd'hui Nous offre, pour parler de vous et à vous, Notre Garde suisse.



Le Saint-Père trace un magistral historique de la Garde suisse vaticane.

Les origines de votre troupe remontent à l'époque héroïque des guerriers suisses, au temps où l'armée de mercenaires des

Confédérés passait pour invincible, où celui qui les avait de son côté pouvait compter sur la victoire. Le Pape qui prit les Suisses à son service pour assurer la liberté et l'indépendance du Chef suprême de l'Eglise, fut Notre prédécesseur Jules II, cette grande figure dont le Moïse de Michel-Ange exprime magistralement la presque surhumaine puissance du corps et de l'âme, la volonté inflexible, ne reculant devant aucune tâche, aucune difficulté. L'homme qui conduisit les Suisses à Jules II était l'évêque de Sion, le cardinal Matthieu Schiner, un des grands hommes d'Etat de l'histoire de la Confédération. En face de l'idée nationale et politique déjà fortement répandue, il appartenait aux tenants convaincus de cet universalisme d'après lequel la chrétienté, non seulement sur le plan religieux, mais aussi sur le plan social et politique, formait une grande famille embrassant tous les peuples sous le Pape tête de l'Eglise, et l'Empereur son protecteur.

Pour les troupes de mercenaires suisses qui étaient au service du Pape, cette conception religieuse avait aussi une profonde signification. C'est Ulrich Zwingli lui-même, encore au sein de l'Eglise catholique, qui écrivait en propres termes dans une lettre à son ami Vadian : « Les Suisses voient le triste état de l'Eglise de Dieu, mère de la chrétienté, et jugent mauvais et dangereux que chaque tyran puisse attaquer impunément selon ses convoitises la Mère commune de la chrétienté2. » Les Suisses ont mérité le titre de gloire que le Pape Jules II leur donna après leur campagne victorieuse de l'été 1512 : « Defensores eccle-siasticae libertatis, défenseurs de la liberté de l'Eglise 3. »

Indépendamment des troupes mercenaires pour la guerre, Jules II a constitué avec des jeunes gens de la Confédération, une Garde pour sa protection personnelle. Le 22 janvier 1506, cent cinquante Suisses pénétrèrent par la Porta del Popólo, dans la Ville éternelle, défilèrent sur le Campo de' T-iori pour se rendre au Vatican, reçurent là la Bénédiction du Pape, et gagnèrent ensuite leur quartier, dont l'emplacement était à peu près comme aujourd'hui, à la droite de la place Saint-Pierre. C'étaient les débuts de la Garde suisse pontificale. Caspar von Silenen dTJri,



2 Zwingli opéra, éd. Schuler et Schulthess, 4, Zürich, 1841, p. 169 ; cité ici d'après Pastor, Geschichte der Päpste, 3, 2, 8-9e éd., 1926, p. 953, note 2.

3 Bulle Etsi Romani Pontifices, 5 juillet 1512. Die Eidgenössischen Abschiede, 3, 2, Lucerne, 1869, p. 633.



qui les avait amenés de leur patrie, fut leur premier commandant *.

La Garde suisse pontificale n'était pas conçue comme une troupe de combat. Mais elle dut elle aussi fournir son tribut à la mort, le matin du 6 mai 1527, jour qui est entré dans l'histoire sous le nom du cruel « Sac de Rome ». Sur les cent quatre-vingt-neuf Suisses, tous — à l'exception des quarante-deux à qui était confiée la garde du palais et qui emmenèrent au dernier moment le Pape Clément VII par le passage couvert de l'enceinte jusqu'au château Saint-Ange — donnèrent leur vie sur place, dans un combat corps à corps avec la troupe des assaillants qui avaient réussi à franchir les murs. Leur commandant Caspar Roist de Zurich fut grièvement blessé et conduit dans le Quartier, où les assaillants le poursuivirent et le massacrèrent, sans égard pour sa femme qui s'était jetée sur lui pour le protéger. Bien que déjà libéré pour rentrer dans sa patrie, il était resté de son propre chef, parce qu'il jugeait incompatible avec son honneur d'abandonner le Pape juste au moment où le danger menaçait. Cette fidélité, et le fait que la scission religieuse divisait déjà sa patrie, et même sa famille, donnent à sa mort et à celle de ses compagnons un caractère particulièrement émouvant 5.

On ne devra jamais oublier la mort sanglante de ces Suisses, pas plus que celle des gardes qui donnèrent leur vie le 10 août 1792 aux Tuileries.

Notre prédécesseur d'heureuse mémoire, Pie XI, eut une juste et noble idée lorsqu'il voulut personnellement découvrir et bénir le monument de Caspar Rôist et de ses compagnons dans la cour de votre Quartier. Vous ne pouviez vous-mêmes choisir pour votre serment aucun meilleur jour que l'anniversaire du Sac de Rome, et c'est tout à fait à propos que vous avez transféré également les solennités de votre jubilé à ce 6 mai.

* Robert Durrer, Die Schweizergarde in Rom und die Schweizer in päpstlichen Diensten, 1, Lucerne, 1927, p. 21, note 29. 5 Durrer, p. 405-407.




Plus tard, aux moments dangereux, lorsque le combat des armes menaçait, Nos prédécesseurs ont ramené les Suisses à l'intérieur du Palais. Ainsi, en 1798, quand Pie VI fut contraint de quitter le Quirinal et Rome, en 1805 lorsque Pie VII en fut emmené, en 1848 quand la foule excitée se précipitait aux











































































i fenêtres de ce palais, la Garde n'offrit aucune résistance, disposée à se rendre sans combat. Les Papes entendaient éviter de faire verser le sang inutilement. Mais quelque chose du sentiment de l'honneur de Caspar Rôist et de ses compagnons doit toujours vous rester et vous inspirer, chers fils de la Garde suisse.



Il rappelle que les Gardes suisses ne remplissent pas un quelconque service et il précise la nature élevée de celui-ci.

Vous ne remplissez pas un quelconque service de mercenaires, qui se pourrait concevoir et mesurer d'une manière purement commerciale, sans une idée plus élevée ; vous prêtez votre serment de fidélité au successeur de Pierre et au représentant du Christ et vous êtes appelés par la nature de votre service à figurer et à représenter la dignité du Siège apostolique. Lorsque des visiteurs sollicitent la permission d'entrer aux portes du Vatican, c'est par vous qu'ils sont reçus. Quand ont lieu de grandes manifestations, vous êtes de ceux qui assurent le service d'ordre. Chaque fois que paraît le Pape, vous êtes également dans sa suite. Il ne peut pas se faire, que votre bonne tenue, votre probité, votre amour de l'ordre, votre maîtrise de vous-mêmes, votre amabilité, ne soient attirants et n'éveillent confiance et respect. Le fortiter et fideliter — courageusement et fidèlement — du lion de Lucerne, vaut aussi pour vous.

Nous saisissons donc cette occasion, chers fils, pour vous dire Notre gratitude pour les bons services que vous avez rendus au Saint-Siège, à Nos prédécesseurs et à Nous-même.

Et Nous pouvons ajouter aux remerciements, un mot de paternelle exhortation : si la manière dont vous remplissez votre service est authentique et digne, il faut qu'à l'accomplissement extérieur corresponde l'intention intérieure qui vous fait vraiment servir pour l'amour de l'Eglise, du Christ, de Dieu. Mais une telle intention ne peut croître que sur le terrain d'une vie animée par la crainte de Dieu et d'un dévouement inspiré par la foi. Vous avez toujours compté dans vos rangs des camarades qui furent pour vous des modèles, aussi et surtout par leur attitude religieuse. Regardez-les. Imitez-les, et marchez sur leurs traces.



Le Pape poursuivit en français ; Il cite des paroles d'hommes d'Etat suisses qui déclaraient que fournir la Garde pontificale était un grand honneur pour la Suisse.

L'un des hommes d'Etat catholiques de la Confédération, dont tous les Suisses connaissent le nom et apprécient l'oeuvre, a écrit en 1935 : « Je considère comme un grand honneur pour mon pays qu'il continue à fournir au chef de la catholicité sa garde personnelle. Le Saint-Siège témoigne ainsi à la Confédération suisse son amitié efficace 6. »

Ces mots signifient au fond que la Garde suisse apparaît en quelque sorte comme le symbole des bonnes relations entre le Saint-Siège et la Confédération et contribue à les renforcer quand elles existent ; cela vaut du passé, ne serait-ce que parce que plusieurs de ses commandants ont rendu à l'une ou l'autre des parties intéressées des services diplomatiques appréciés ; qu'il suffise de rappeler pour le 16e siècle Jost Segesser von Baldegg. Les relations s'établirent d'une manière particulièrement étroite entre le Saint-Siège et le canton catholique de Lucerne. De la famille lucernoise des Pfyffer von Altishofen sont sortis jusqu'à dix de vos commandants. Pour ces cent dernières années, un nom au moins mérite d'être relevé dans la série remarquable des chefs de votre Corps : le comte Louis de Courten dont Nous-même pouvions écrire, lorsque déjà avancé en âge il mourut en 1937 : « Le comte de Courten a bien mérité du Saint-Siège, et son nom occupera une place d'honneur dans l'histoire glorieuse de la Garde suisse 7. »

Mais Nous appliquons aussi volontiers les paroles de Joseph Motta au présent et à l'avenir. Il est surtout une question de première importance, au sujet de laquelle le Saint-Siège et les hommes responsables de la Suisse savent toujours se rencontrer et se comprendre : l'action en faveur de la paix et de la collaboration des peuples. Nous ne pouvons que confirmer les catholiques suisses dans la persuasion que c'est leur devoir de mettre en oeuvre les valeurs intellectuelles et spirituelles qui leur sont propres, pour résoudre les problèmes de la vie publique.



8 Dans Gaston Castella, La Carde fidèle du Saint-Père, Préface, p. 16.

7 Paul Krieg und Leonard Von Matt, Die päpstliche Schweizergarde, Zürich, 1948/


P- 30.

Et voici enfin la traduction de sa conclusion qu'il prononça en italien :

Le ministre de Suisse à Rome, Pierre Falk, annonçait le 18 février 1513, c'est-à-dire deux jours avant la mort du grand Pontife Jules II, que celui-ci s'était également souvenu des Suisses avec éloge et confiance, et qu'il avait dit : Ipsi serva-bunt Nobis et Ecclesise Romans Fidem prout hactenus fecerunts.

Il est probable que le Pontife mourant pensait aussi aux difficiles circonstances politiques de cette époque en Italie. Mais la Garde suisse peut bien prendre ces paroles dans leur signification religieuse et morale, et les appliquer à elle-même, puisqu'une histoire de quatre cent cinquante ans en confirme la vérité. Elles sont en même temps un encouragement à la discipline et au courage, et un signe de votre profond sens des responsabilités. Tâchez donc d'être toujours à la hauteur de votre mission dans le service de Dieu, vous serez alors fidèles à l'Eglise et à son Chef visible.

8 Collection Girard, à la Bibliothèque cantonale, Fribourg, 7, n. 09 ; cité ici d'après Durrer, p. 169.




Avec un tel souhait, et en gage de Notre paternelle bienveillance, Nous vous donnons de tout coeur, ainsi qu'à tous ceux qui sont ici présents, et à vos familles, la Bénédiction apostolique.




RADIOMESSAGE DE CLÔTURE AU CONGRÈS EUCHARISTIQUE NATIONAL ITALIEN DE LECCE

(6 mai 1956) 1






Le dimanche 6 mai, le Saint-Père a clôturé par un radiomessage le quinzième congrès eucharistique italien qui s'est déroulé à Lecce sous la présidence de Son Em. le cardinal Mimmi, archevêque de Naples, légat pontifical. Voici la traduction des paroles de Sa Sainteté :

En cette soirée solennelle de foi et de grâce, où vous voulez, chers fils accourus de toutes les régions d'Italie à la noble et riante ville de Lecce, rivaliser avec les anges pour offrir à Jésus-Eucharistie le triomphe suprême de l'adoration et de l'hommage, Nous n'aurions pas pu ne pas accueillir votre désir d'entendre Notre parole sceller en quelque sorte les splendeurs du quinzième congrès eucharistique national par le témoignage de Notre vénération et de Notre amour.

Avant tout, Nous rendons grâces à Dieu pour le réconfort que vous avez apporté à Notre coeur, très chers fils de la région salentine, en ces mémorables journées de foi et de renouvellement spirituel, accompli sous la direction de vos pasteurs — et, en premier lieu, du très zélé évêque de ce diocèse — et à la lumière de tant d'insignes écrivains et orateurs qui ont profondément et amplement illustré tous les points du dense programme de vos assises eucharistiques. Le congrès, qui se conclut aujourd'hui, demeurera dans la série des congrès eucharistiques nationaux comme un anneau resplendissant de leur précieuse chaîne, comme une perle limpide enchâssée dans la couronne du divin Roi eucharistique, comme une sublime strophe dans l'hymne de gloire qu'un peuple riche de si grandes traditions religieuses chante publiquement au cours des âges, devant l'autel où se manifeste, dans le mystère du pain vivant et source de vie, l'amour infini de Dieu pour l'homme.

La parfaite réussite du quinzième congrès est due particulièrement à la ferveur religieuse bien connue des chères populations des Pouilles, non moins qu'à l'heureux choix de la ville de Lecce qui, avec une hardiesse édifiante, a accepté la charge et l'honneur de l'accueillir dans ses antiques murailles, sans épargner les fatigues ni les sacrifices. Votre cité, ô fils de Lecce, généreusement offerte par vous comme noble scène pour le grandiose triomphe de l'Eucharistie, est vraiment digne de représenter la catholique Italie en cette heure de foi.



Le Saint-Père rappelle le glorieux passé culturel et chrétien de Lecce et déclare que la place « Trois cent mille », érigée en souvenir du congrès eucharistique, restera une des plus pures gloires de la ville.

Lecce, appelée pour sa culture et sa grâce l'Athènes des Pouilles et pour la douceur de son idiome la Florence du midi, est, par l'ancienneté et la splendeur de son histoire, une des plus illustres cités d'Italie ; elle partage avec celles-ci le mérite de conserver intact l'antique visage et coeur chrétien, même dans le développement moderne des industries et des commerces. Le passé religieux de cette ville, dont on fait remonter la fondation à l'époque romaine, est attesté encore aujourd'hui par ses monuments et par ses splendides édifices sacrés, dont, entre autres, la basilique de la Sainte-Croix, la cathédrale dédiée à l'Assomption de Marie, l'église de Saint-Dominique, avec leur style caractéristique qui rappelle le baroque espagnol, dit « plateres-que », visant à exprimer avec des formes d'allégresse exubérante et d'élégance recherchée la félicité d'un peuple qui vit et veut honorer au maximum sa foi. Une éloquente démonstration de sa vitalité religieuse présente a été donnée par les ferventes journées de ce congrès : on vit alors, en effet, accourir, au pied des saints autels, autorités et peuple, soldats et travailleurs, enfants et malades, en un mot toutes les catégories de la cité et de la péninsule salentine, dans laquelle, déjà durant l'année préparatoire, le pèlerinage eucharistique « Jésus qui passe » avait répandu des trésors de bénédiction. Et la cité a décidé de perpétuer la mémoire de la ferveur religieuse et eucharistique de



ces journées dans le singulier don de cette « Place des Trois Cent Mille » spécialement construite et devenue en ce moment le coeur religieux de la très chère Italie offert au congrès.

En effet, de cette place, remplie par vous, très chers fils de Lecce et des Pouilles, et par les représentants des autres régions italiennes, des chants s'élèvent vers le ciel, pour résonner spirituellement partout en échos dans l'Eglise ; hymnes et cantiques de vénération, de gratitude et d'amour envers le divin Sauveur, guide et pasteur des âmes, envers Lui qui connaît tout et peut tout et qui nourrit mystiquement les hommes de sa chair, afin de les préparer à être ses convives au banquet éternel, ses cohéritiers dans la gloire et les concitoyens des saints dans la patrie céleste. Oui, ô chers fils, faites que tous entendent pour leur salut l'allégresse de vos cantiques au Christ : Sit laus plena, sit sonora, sit jucunda, sit décora mentis jubilation



Il invite les fidèles à rendre à la sainte Eucharistie un triple hommage : de vénération, de gratitude, d'amour.

2 Seq. Miss. SSmi Corp. Christi.
3 Hymn. Verbum Supern, ad Laud. in festo SSmi Corp. Christi.




Que votre cantique soit celui de la vénération pour l'Agneau, qui efface les péchés du monde par Son sacrifice perpétuel et par Son précieux sang qui a racheté auprès du Père les hommes de toutes les tribus et langues, les peuples et les nations (Apoc. V, 9). En vérité, Il « est digne... de recevoir la puissance et la richesse et la gloire et la bénédiction » (Apoc. V, 12). Que votre cantique soit en outre celui de la gratitude pour Celui qui, après nous avoir donné toutes sortes de biens créés pour nous, et comme ayant épuisé son trésor, veut se donner lui-même à nous. Et « il se donna à nous comme associé par la naissance, comme aliment en nous nourrissant, comme prix en mourant et il se donnera comme récompense en régnant » 3. Mais que votre hymne soit surtout un hymne d'amour pour Celui qui accomplit tout par amour pour les créatures humaines ; et qui poussé seulement par son amour, habita parmi nous et voulut rester présent parmi ses préférés dans le mystère eucharistique, en renouvelant sans cesse une immolation par laquelle seraient obtenus pour les hommes les mêmes fruits de rédemption que la première source et origine de toutes les grâces 4. Que ce triple cantique de vénération, de gratitude et d'amour jaillisse du fond du coeur et soit de nature à donner une orientation et une intensité à toute la vie.



Le Saint-Père souligne que le thème du congrès : « l'Eucharistie, sacrement d'unité et lien de charité », est d'une actualité toute particulière pour le monde actuel.

4 Conc. Trid. Sess. XXII, cap. 2.

5 Seq. Miss. SSmi Corp. Christi.

6 S. Thomas 3 p. q. 73 a. 3 ad 3.




Mais pour ainsi dire comme laudis thema specialis5, le présent congrès s'est proposé d'approfondir par l'étude et de faire revivre dans les consciences des hommes d'aujourd'hui deux effets particuliers de l'Eucharistie, définie « sacrement d'unité et lien de charité » 6. Si la société humaine a toujours éprouvé le besoin de réaliser en elle les biens suprêmes de l'union et de la fraternité, aujourd'hui elle en sent profondément, presque tragiquement, la nécessité. Un spectacle douloureux est celui des divisions qui brisent et sectionnent le corps vivant de la famille humaine en zones et en secteurs, en groupes et en blocs séparés comme par des abîmes qu'il semble impossible de combler ; spectacle toujours douloureux, mais beaucoup plus quand les divisions séparent des frères en les opposant les uns aux autres : ils sont doublement frères pourtant parce qu'à la simple fraternité humaine s'ajoute une autre supérieure, fondée sur une même croyance, sur la foi en un même Rédempteur et Seigneur Jésus-Christ, que tous reconnaissent comme principe de leur salut et maître de leur vie. Bien que toutes les conditions concrètes de la vie humaine concourent à pousser l'homme à accomplir tous ses efforts pour éliminer les différends, au moins les plus graves, et assurer aux peuples, comme aux groupes particuliers, la vie commune dans une fraternelle collaboration pour le bien, cet objectif fondamental s'est toutefois révélé de tous temps comme le problème le plus ardu de l'histoire, au point d'en arriver à faire croire que sa solution est au-dessus des forces humaines. Et peut-être est-il bien le plus ardu, sinon en lui-même, tout au moins du fait des circonstances concrètes dans lesquelles tour à tour se présente le problème.

Mais voici que la bénignité divine est venue là encore soutenir l'homme, en engageant avec une générosité infinie le Fils unique de Dieu incarné et donné en aliment à ses créatures. La foi en l'Eucharistie, sa présence permanente, le renouvellement mystique du sacrifice du Golgotha, la communion physique et spirituelle avec l'unique Rédempteur, le Christ, rappellent et stimulent les hommes à l'union fraternelle, mais, bien plus, ils la réalisent dans ce Corps mystique, dont les membres actuels sont si nombreux et auquel tous sont invités à s'intégrer. La foi et la communion eucharistique sont vraiment le lien donné par Dieu aux hommes pour reconstituer l'unité primitive de la famille humaine, brisée par la première faute. Oh ! combien seraient, en effet, différentes les familles, les cités, les nations et la terre entière, si toutes les âmes, s'approchant fréquemment de ce foyer divin d'amour, recevaient en elles une étincelle de ce feu, au point d'en faire un bienfaisant incendie, qui détruise toutes les impuretés, élimine toutes les scories, apaise tous les différends, consume tous les égoïsmes et réchauffe la froideur des coeurs, en leur rendant la ferveur d'un sincère et généreux amour fraternel. Est-ce donc là un idéal vain et sans fondement ? Non, chers fils : regardez, en ce moment, l'immense multitude qui, avec une joie intime et une paix ineffable, se presse autour de cet autel. N'est-ce donc pas le Christ vivant dans la substance de la chair humaine qui vous a réunis et vous a faits vous reconnaître frères et fils du même Père ? Congregavit nos in unum Christi amor '. Aucun homme, aucune foi, aucune idée, aucune exigence ou crainte communes ne réussiront jamais à donner aux hommes une unité stable et vitale, comme peuvent la donner et l'assurer la foi et la vie dans le Christ. Si vous voulez donc contribuer, dans la mesure où vous le pouvez, à étendre au monde et à l'avenir le précieux bien dont vous jouissez en ce moment, faites que tous tournent leur regard et leur coeur vers la divine Hostie de salut, et demandez cette grâce : l'unité dans la charité.



Certains exploitent les divisions entre les hommes pour des fins partisanes. Les chrétiens doivent redoubler leurs efforts pour l'unité du monde.

C'est là le besoin essentiel du monde d'aujourd'hui, bien que tous n'en soient pas intimement persuadés ni ne soient



7 Liturg. Vers. Antiph. In Coena Domini.

même disposés avec une volonté sincère à tenter tous les moyens pour en hâter la réalisation. Mais, tandis que certains en étouffent l'appel en eux-mêmes, et autour d'eux dans l'intention de tirer un avantage des divisions, que d'autres se déclarent contents s'ils réussissent à imposer une apparence d'unité au moyen de la domination de la force et que d'autres encore, découragés, se soumettent à l'idée des conflits inévitables, il y a l'immense foule des vrais fidèles du Christ, qui, illuminés et fortifiés par sa grâce, en reconnaissent la nécessité et l'urgence, fondées sur la volonté divine et sur l'exemple du Christ. Vous êtes parmi ces foules élues, chers fils, groupés en ce moment auprès de l'autel, où le Dieu fait homme et caché sous les voiles de l'Eucharistie, s'offre comme chef de l'humanité et lien entre les peuples. Ici l'appel, invoquant l'unité dans la charité, jaillit de vos poitrines et, ici, l'appel se transforme en prière et la prière en action. Mais votre cri d'appel à la fraternité et votre prière pour l'obtenir du ciel s'élèvent en ce jour d'un coin de la terre qui, par sa position singulière entre l'Orient et l'Occident, a la signification d'un symbole et la valeur d'un présage. Votre sol, très chers fils de la région salentine, fut déjà dans le passé un pont naturel vers cet Orient mystérieux, berceau de civilisation et de culture, et duquel l'Occident tira l'inspiration et la préparation pour son grand destin ; et voici qu'il redevient en cette solennelle circonstance du congrès eucharistique le rivage spirituel de toutes les âmes qui entendent réunir entre eux non seulement les hommes, mais la terre et le ciel, au moyen de l'unique médiateur Jésus-Christ. Puissent ainsi les échos de votre congrès parvenir jusqu'aux derniers confins du monde, en allumant partout avec une nouvelle ardeur la flamme de la fraternité et de la paix.



Le Saint-Père invite les chrétiens à une fidélité toujours plus grande Notre-Seigneur Jésus-Christ,

Parmi les pieux souvenirs et les saintes émotions de ces journées eucharistiques touchant à leur fin, avec le réveil d'une foi plus vive et avec le renouvellement des moeurs publiques et privées, conservez intact pour toute la vie, l'amour de Jésus-Eucharistie, que le congrès a ranimé dans vos coeurs. Que la riante et chère ville de Lecce, qui jouit du patronage de son cher saint Oronzo, dont le nom est porté avec honneur par un grand nombre de ses fils, ainsi que de l'insigne co-patron saint Bernardin Realino, son infatigable apôtre, élevé par Nous-même aux honneurs suprêmes des autels, maintienne et accroisse sa réputation de ville exemplairement chrétienne. Et de même que les mains habiles de vos artisans savent modeler dans l'humble matière les pieuses images de saints et tirer de la pierre même de votre sol les admirables ouvrages qui ornent les édifices sacrés, de même aussi la grâce divine, à laquelle vous offrez vos âmes dociles et malléables, vous transformera et enrichira, selon le modèle même du Christ, en hommes dont l'Eglise puisse se dire fière.



Il termine par une fervente prière pour le peuple italien.

O Jésus-Eucharistie, centre et but de tous les coeurs, écoutez avec bonté l'humble prière, que Nous vous présentons avec un accent ému pour ce peuple de prédilection, qui de tant de manières Vous démontre sa dévotion et son affection filiale ; exaucez ses prières et accordez-lui surtout le précieux don de votre charité et de votre amour, en l'encourageant — par ce charme divin que vous répandiez déjà sur la terre, lorsque vous passiez dans les villes et les bourgades, en apportant le bien et le salut pour tous — à recourir continuellement à la source d'eaux vives, au banquet mystique, où Vous êtes non seulement le Père qui invite, mais aussi la victime qui s'offre en aliment. Faites que, grâce à cette participation constante, tous ne fassent qu'un avec Vous, parce qu'ils ne seront ainsi également tous qu'une seule chose, selon Votre ardent désir ut omnes unum sint, laissé aux hommes sur la terre comme Votre suprême testament. Et alors, chez ce peuple qui Vous appartient, la réalisation du royaume promis — royaume de vérité et de vie, de sainteté et de grâce, d'amour et de paix — sera une heureuse réalité.

Avec ces sentiments et avec ce souhait, de tout coeur Nous vous bénissons tous : Notre très cher et très digne légat, qui Nous a représenté avec tant d'honneur ; Nos frères dans l'épis-copat ; tous ceux qui sont là présents ou qui écoutent Notre voix et toute la très chère nation italienne, toujours objet des prédilections divines.





LETTRE A Mgr CHARLES LAGIER A L'OCCASION DU PREMIER CENTENAIRE DE L'OEUVRE D'ORIENT
(y mai 1956) 1






Le Saint-Père a bien voulu envoyer la lettre suivante à Monseigneur Charles Lagier, Protonotaire apostolique « ad instar », Président général de l'« OEuvre d'Orient » à l'occasion du premier centenaire de cette oeuvre :

C'est avec un grand plaisir, qu'à l'occasion du premier centenaire de 1'« OEuvre d'Orient », dont vous occupez dignement la charge de président, Nous vous adressons toutes Nos félicitations, ainsi qu'à tous les membres de votre organisation. En effet, le dévouement avec lequel vous vous consacrez à la gloire de Dieu est pour Nous une source de grande joie. Nous sommes loin d'ignorer l'importance de votre oeuvre pour la sauvegarde et la propagation du catholicisme en Orient, ni l'ardeur avec laquelle vous la soutenez par votre prière et vos efforts. Notre espérance est donc grande quand Nous pensons à l'accroissement providentiel de cette institution, qui, après de modestes débuts en France, étendit bientôt ses rameaux à travers toute l'Eglise, comme un grain de sénevé devenu un arbre très robuste. C'est sans contredit le signe que votre société a conquis l'attachement profond du peuple chrétien, et qu'elle répond parfaitement à ses voeux. Qui serait sans savoir, en effet, que l'Eglise, dans sa charité maternelle, bien que soucieuse du salut de tous les peuples, a toujours regardé avec une particulière bienveillance cet Orient autrefois tellement resplendissant de

l'éclat de la foi chrétienne ? Il fut le berceau du salut du genre humain et de la sagesse chrétienne, et c'est de là encore que partit la prédication de l'Evangile qui devait s'étendre jusqu'aux extrémités de la terre.

Ces efforts dévoués que vous avez su, cher fils, prodiguer généreusement jusqu'à présent pour le bien de l'Eglise, semblent aujourd'hui plus que jamais, à cause des circonstances plus difficiles de notre époque, réclamer de Notre part un encouragement spécial. Les événements qui viennent de se produire, en effet, dans ces pays, le progrès de l'éducation civique et la constitution récente de nouvelles nations, font que de jour en jour on a besoin de nouveaux subsides de tout genre soit pour aider les nombreuses et florissantes oeuvres et institutions catholiques, soit pour en susciter de nouvelles en temps opportun, là où s'en fait sentir l'urgente nécessité ; tout cela d'ailleurs a également l'avantage de rapprocher plus facilement, avec la grâce divine, ceux qui depuis si longtemps vivent séparés de l'unité catholique.

Continuez donc, cher fils, à consacrer comme vous le faites, tous vos soins et toute votre activité à cette très noble cause pour que cette moisson qui produit déjà des fruits abondants pousse chaque jour de plus profondes racines et croisse davantage avec la grâce de Dieu.

Nous ajouterons volontiers, enfin, un souhait très sincère : que votre société qui voit déjà le couronnement de tant d'efforts méritants et qui en France, au Canada, en Belgique et au Mexique, a recruté un si grand nombre d'adhérents, puisse encore y progresser chaque jour davantage et s'y agréger de nouveaux membres soutenus par l'encouragement des évêques.

En demandant à notre Sauveur de réaliser ces voeux, Nous vous adressons, cher fils, ainsi qu'à tous les membres de 1'« OEuvre d'Orient », et à toutes vos entreprises, en gage des secours célestes, Notre Bénédiction apostolique.

LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT A MONSEIGNEUR GONZALEZ A L'OCCASION DE LA XVIe SEMAINE SOCIALE


Pie XII 1956 - RADIOMESSAGE AUX TRAVAILLEURS DE DIVERSES NATIONS RÉUNIS A MILAN