Pie XII 1957 - ALLOCUTION AU XIe CONGRÈS DES NOUVELLES ÉQUIPES INTERNATIONALES » (28 avril 1957)

ALLOCUTION AU XIe CONGRÈS DES NOUVELLES ÉQUIPES INTERNATIONALES » (28 avril 1957)


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Une place spéciale avait été réservée à l'audience générale du dimanche 28 avril dans la Basilique vaticane, aux délégués du XIe Congrès des « Nouvelles Equipes internationales », tenu les jours précédents à Arezzo. Au cours de l'audience, le Souverain Pontife leur a adressé en français les paroles suivantes :

Après avoir tenu à Arezzo leur XIe Congrès, les membres des « Nouvelles Equipes Internationales » ont désiré venir à Rome pour Nous témoigner leur attachement et obtenir la bénédiction du Père commun sur leurs travaux.

Vous avez choisi pour thème de vos échanges de vues votre attitude en face de la crise du communisme. L'opinion publique, profondément troublée par les événements internationaux des derniers mois, prend conscience de plus en plus qu'au prix de cruels déchirements, la vérité parvient à se faire jour. Maintenant apparaissent, dans une lumière qui ne laisse subsister aucun doute, les aberrations d'un système, qui conduit ses adeptes à mépriser les lois fondamentales de la nature humaine, celles qui gouvernent de manière imprescriptible le comportement des individus, des familles, des sociétés. D'autre part, vous possédez une doctrine, une organisation, des forces vives, capables de résoudre les problèmes majeurs du temps présent ; il vous appartient donc de mettre en évidence vos projets, de démontrer leur sérieux, leur efficacité et les résultats de votre action.

Mais votre tâche est ardue, car vous avez à respecter intégralement la vérité de l'être humain, corps et âme, individu et membre de la société, citoyen de cette terre et appelé à entrer dans

le Royaume éternel de Dieu. Au lieu d'opposer les hommes dans une lutte sans pitié de classes ennemies, vous avez à les unir, au service du bien de tous ; au lieu de les abuser par les fausses promesses d'une prospérité sans limites, vous les guiderez dans le travail patient d'amélioration d'eux-mêmes, des institutions, de toute la société dans laquelle ils vivent.

Puisque, dans vos pays respectifs, vous entendez poursuivre le même idéal, que vos efforts s'harmonisent pour y arriver plus vite et plus sûrement ; que les travailleurs de toute condition et les responsables de tout rang avancent de commun accord, forts d'une solidarité, qui les rende meilleurs et leur assure une précieuse garantie de succès.

Nous invoquons sur vous les faveurs célestes et vous en accordons pour gage Notre Bénédiction apostolique.


DISCOURS A DES HISTORIENS ALLEMANDS

(28 avril 1957) 1






Recevant en audience spéciale un groupe de membres de l'Association historique de Souabe, le Saint-Père a prononcé une brève allocution en allemand, dont voici la traduction :

Nous vous souhaitons la bienvenue, Messieurs et Mesdames, membres de la Société historique de Souabe.

Dans une description du caractère souabe, Nous lisons : « Malgré les différences naturelles, économiques et culturelles, les traits fondamentaux de l'être de tous les Souabes sont communs : attitude sincère, simple et généreuse, fermeté de caractère, fidélité et conscience du devoir dépeignent parfaitement le Souabe. Il est rempli d'un bon sens indéniable et d'esprit d'initiative. Il rejette toute convention et tout formalisme vide. Directement, sans détour ni excuse, il exprime sa pensée... Voir rapidement les deux faces de chaque question, est encore une des caractéristique typiques du Souabe, aussi bien que sa tendance à concilier les contraires. »

Il s'agit là de caractéristiques pleines de bienveillance ! La vivacité, le goût de la réalisation et l'équilibre de la race souabe ont comme conséquence que le territoire occupé par elle — du Lech qui encercle dans une large courbe Wurtemberg et Hohen-zollern, jusqu'à la source du Danube et au lac de Constance — est riche, très riche même, en histoire et en culture. Nous voyons dans l'époque des Hohenstauffen l'apogée du destin historique de votre partie souabe, mais non point sa fin. Villes et gens de Souabe ont encore dans la suite des temps place dans l'histoire, et ils voient se dérouler sur leur sol d'importants événements his-

toriques. Nous rappellerons seulement ici, entre beaucoup d'autres, l'exemple d'Augsbourg, de sa puissante position sous les Fugger et les Welser et de son décisif Reichstag au XVIe siècle.

Comme membre du « Peuple des Poètes et des Penseurs », la Souabe n'a pas manqué non plus d'apporter sa réelle contribution. Nous voudrions évoquer au moins deux noms : votre Frédéric Schiller est Souabe. L'autre, qu'en tant que Pape, Nous ne croyons pas pouvoir laisser sous silence, est saint Albert le Grand, le plus illustre savant allemand du moyen âge.

En créations artistiques le sol de Souabe est également très riche. Nous osons à peine en citer une seule, car, sous prétexte de ne pas apparaître partial, Nous ne terminerions jamais l'énu-mération. Nous devons cependant en nommer une : les églises baroques de l'Allemagne méridionale, et parmi elles, les églises de Souabe, bijoux d'art, et toutes, l'expression d'un appel puissant aux hommes : Elevez vos coeurs vers Dieu !

Vous poursuivez les recherches et mettez davantage en lumière l'histoire de la Souabe. Nous vous félicitons de ne pas vous limiter aux personnalités et aux événements historiques importants, mais de faire porter aussi votre intérêt sur tout ce qui dans l'Eglise et l'Etat a contribué à la prospérité de votre patrie souabe. Ceux qui travaillaient dans le silence, ont souvent comme partout, servi au mieux le salut temporel et éternel de leurs concitoyens.

Nous souhaitons à vos travaux historiques un très large succès, et Nous vous accordons de grand coeur la Bénédiction apostolique.


DISCOURS AUX COMITÉS RÉGIONAUX POUR LA MISE EN VALEUR DE LA FRANCE

(2g avril ig57) 1






Lors d'un voyage d'études en Italie, les participants à la « Conférence nationale des Comités régionaux pour la mise en valeur de la France » ont été reçus en audience par le Saint-Père, qui leur a adressé en français le discours suivant :

Nous sommes heureux d'accueillir aujourd'hui la Mission d'études en Italie de la Conférence nationale des comités régionaux pour la mise en valeur de la France, et de saluer cet effort que vous poursuivez, Messieurs, en vue d'une exploitation plus rationnelle des ressources et du travail de votre pays. Nous avons pris, en effet, le plus vif intérêt aux documents traitant de l'organisation et des travaux de vos comités, qui nous ont été aimablement communiqués.



Malgré des avantages réels, la congestion urbaine croissante est nuisible à la vie de la nation.

1 D'après le texte français de 1'OsserUflfore Romano, du 10 mai 1957.




La France, si variée et si belle, si harmonieuse dans sa diversité, a vu depuis des siècles se concentrer autour de sa capitale une partie de plus en plus considérable de ses activités administratives, intellectuelles et économiques. Un simple regard sur les réseaux de routes et de chemins de fer en donne déjà une certaine idée. Il n'est pas douteux que ce rassemblement de forces n'ait présenté et ne présente encore de grands avantages ; mais depuis longtemps déjà, on s'accorde à le reconnaître, la situation s'est aggravée ; il en résulte une congestion croissante, nuisible à la vie de la nation, et spécialement à son expansion économique.

Des séries d'études et de projets cherchent les remèdes à ce mal et, depuis quelques années, des textes législatifs apportent aux initiatives privées le secours financier et les cadres administratifs nécessaires. Les organismes issus de ces efforts se sont constitués en Conférence nationale, afin de coordonner leurs travaux. Des journées d'études permettent de confronter les documentations et. les expériences, et très sagement, des regards au-delà des frontières vous apprennent ce que d'autres pays ont déjà réalisé ou tenté dans un but analogue. C'est la raison pour laquelle vous visitez actuellement l'Italie, et Nous souhaitons de tout coeur que ce voyage vous fournisse le complément d'information que vous désirez.



Les aspects moraux du problème.

Il n'est pas de Notre compétence d'entrer dans les questions économiques concernant vos programmes ; mais vous Nous permettrez d'exprimer ici les réflexions que Nous suggèrent vos entreprises. Il n'échappe, en effet, à personne que de graves intérêts humains se trouvent en jeu, et Nous aimons à noter tout de suite que les documents, dont Nous avons pris connaissance, témoignent du soin avec lequel ils ont été considérés. En de tels problèmes, le respect de toutes les données objectives constitue la plus grave des responsabilités, comme aussi le plus compliqué des devoirs, si l'on veut ne majorer aucun avantage, ne négliger aucun inconvénient. Le technicien doit éviter les prévisions discutables et les approximations dangereuses, se défier de ses propres tendances et de celles du milieu, auquel il appartient ou pour lequel il travaille. En particulier, lorsqu'il s'agit de supputer les données psychologiques, les besoins individuels et sociaux, il importe d'observer une juste hiérarchie des valeurs et de ne pas tout subordonner aux intérêts économiques. D'autre part, le souci prépondérant des conditions humaines qu'entraîneront les changements proposés, n'autorise pas à maintenir des situations, qui constituent pour l'avenir même des familles et pour l'économie nationale un obstacle certain.

Le rendement économique doit croître de manière rationnelle dans chaque région, mais selon les impératifs du bien supérieur de toute la nation, lequel comporte un élément moral des plus précieux. C'est ainsi que, quittant les régions où l'on mène une vie austère, affluent continuellement vers les villes des hommes



pleins de santé et d'ardeur, riches de l'acquis de plusieurs générations laborieuses, de ces hommes dont toute la nation a besoin pour les tâches difficiles et pour l'exemple de son peuple. On ne saurait permettre que leur pays natal, devienne peu à peu un désert inhabitable. Il faut au contraire empêcher que de telles populations ne s'altèrent, afin que leur vigueur continue à renforcer les agglomérations urbaines pour le plus grand bien de tous.



Comment maintenir et développer la vie des provinces.

L'unité, vers laquelle évolue le monde, crée nécessairement des sujétions nouvelles, une subordination plus étroite, dont il faut se réjouir, dans la mesure où elle s'oppose à l'égoïsme instinctif des individus, des familles, des localités et même des régions ou des nations. Ce serait cependant un abus et une erreur de transformer cette subordination en véritable servitude, car le dirigisme exagéré tue l'initiative et ne convient ni à la dignité de l'esprit ni à la juste liberté des hommes. Seule une volonté loyale de servir le bien commun permet d'harmoniser les décisions de l'organisme supérieur et l'intérêt spontané ou réfléchi des citoyens.

Il y a donc lieu d'éduquer sainement l'opinion publique et les particuliers pour susciter un intérêt général envers les problèmes régionaux, pour apprendre à les considérer dans l'ensemble de l'économie nationale, pour faire admettre et même souhaiter l'intervention des compétences et des pouvoirs publics, sans toutefois refuser les efforts que suppose tout progrès, ni les sacrifices d'ordre matériel et sentimental, sans lesquels les réformes les plus justifiées et les plus raisonnables risquent d'échouer.

Déjà la création d'Instituts d'économie régionale et d'un Institut français des économies régionales assure une précieuse collaboration, intellectuelle, technique et financière, en vue de constituer, non pas des unités autonomes, mais des foyers animateurs de chaque région, pour le plus grand bien de l'économie générale. Ces instituts, en effet, visent à développer méthodiquement l'expansion, non seulement industrielle, mais aussi agricole, en adaptant et en modernisant les activités selon un plan national, et celui-ci comporte l'obligation d'exporter largement, car un pays qui chercherait à maintenir indûment son autarcie se condamnerait à l'étouffement.

Des réalisations audacieuses et encourageantes commencent à stimuler les esprits, et Nous formons les meilleurs voeux pour que le mouvement d'expansion normalisée, auquel vous consacrez vos efforts, amène dans toutes vos provinces l'épanouissement d'une vie nouvelle, à la fois plus humaine et plus sociale, plus conforme aux aspirations profondes des individus et de la nation. Il Nous est particulièrement agréable de parler de vie nouvelle en ce temps de Pâques, où l'Eglise fête la Résurrection de Celui qui demeure pour tous la Voie, la Vérité et la Vie, de Celui qui est venu non pour être servi, mais pour servir, et servir jusqu'à la mort. C'est dans cet idéal de générosité et dans cette aspiration au vrai bien, spirituel et total, que Nous prions le Seigneur tout-puissant et miséricordieux de vous aider à poursuivre la tâche de longue haleine, que vous avez entreprise. A cette intention, et comme gage des faveurs célestes, Nous vous accordons à tous, ici présents, à vos familles, à tous ceux dont vous portez la pensée dans le coeur, Notre paternelle Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION A LL. AA. SS. LE PRINCE ET LA PRINCESSE DE MONACO

(30 avril 1957) 1






Le 30 avril, le Prince Rainier III de Monaco et son épouse la Princesse Grâce furent reçus en audience solennelle par le Souverain Pontife, qui prononça en français Y allocution suivante :

En ces jours où la joie pascale déborde dans sa plénitude. Vos Altesses Sérénissimes, accompagnées des illustres personnalités qui composent leur entourage, ont voulu venir dans la Ville éternelle et dans la maison du Père commun. Ainsi Nous est offerte l'heureuse occasion de manifester la satisfaction que Nous procure cette visite courtoise et filiale et de vous féliciter pour les faveurs et les grâces que la divine bonté a daigné vous accorder.

Le charme de la jeunesse, la prospérité de votre Principauté, et les autres circonstances qui marquent votre vie attirent sur vous tous les regards. Aussi souhaitons-Nous ardemment que l'on puisse admirer sans cesse en vous la splendeur de la foi chrétienne, l'équilibre harmonieux entre la fidélité irréprochable aux exigences de la morale catholique et le respect des devoirs que vous impose votre rang, l'exemple convaincant d'un bonheur appuyé solidement sur la paix de la conscience, la sérénité de l'âme et l'union parfaite des esprits dans la charité.

Au point où les Alpes s'abaissent vers la Méditerranée et semblent perdre leur âpreté pour esquisser un geste de bienveillance et de douceur, s'étend sur un coin de terre privilégié, le territoire de votre Principauté : des collines au profil gracieux, un promontoire qui enserre une rade accueillante, dont les eaux

calmes, animées par la course légère des voiliers, reflètent l'azur du ciel et l'image d'un séjour paisible. •

Nous savons qu'en ce lieu enchanteur le peuple monégasque ne forme avec ses Princes qu'une seule grande famille, partage spontanément leurs préoccupations et leurs joies et goûte, à l'abri des secousses qui agitent de plus grands pays, la tranquillité propice à l'épanouissement des qualités humaines les plus attirantes. L'Eglise qui révère et loue les oeuvres de Dieu et les dons qu'il accorde aux siens, a toujours offert sa collaboration à ce peuple favorisé des attentions de la Providence, et pour lequel Nous exprimons le voeu fervent qu'il brille toujours par la pureté de la foi, l'intégrité des moeurs et la pratique constante des principes de justice et de charité, qui sont la meilleure assurance de stabilité et de prospérité pour les nations.

Et tandis que dans ces sentiments Nous élevons à Dieu Nos ferventes prières, Nous accordons à Vos Altesses Sérénissimes, à la petite princesse Caroline, jeune vie à peine éclose sur qui Nous invoquons les grâces les plus choisies du Ciel, à toutes les personnalités ici présentes, et à tous les habitants de la Principauté, Notre Bénédiction apostolique.


PRIÈRE POUR UN PÈLERINAGE D'OUVRIERS A LOURDES



(ier mai 1.957) 1





Voici la traduction française d'une prière composée en italien par le Souverain Pontife, à l'intention d'un pèlerinage à Lourdes, organisé en mai 1957 par la direction et les ouvriers des usines « Fiat », de Turin :

O Marie, Vierge Immaculée, qui, de votre grotte miraculeuse, ne cessez de venir en aide aux victimes du péché et de la douleur, voyez aujourd'hui à Vos pieds, d'humbles pèlerins d'Italie, membres d'une grande famille de l'industrie mécanique, qui implorent de Vous la paix que la fortune, le gain et le succès désiré promettent mais ne peuvent pas donner.

Les forces du mal conspirent contre nous, vous le savez ; elles combattent la vérité dans les esprits, la vertu dans les coeurs ; mais notre vie a soif de ces biens : sans eux il n'y a que tourment et inquiétude intérieure, illusions faciles et vaines espérances.

Sauvez nos âmes, ô Marie, de l'oppression d'un travail qui les assujettit à la matière ; sauvez-les du matérialisme du siècle, de l'orgueil de la pensée, de toute envie malsaine ; et faites que notre fatigue quotidienne soit une école de sacrifice et de don de soi à tout ce qui est bien, un exercice d'amour généreux pour la famille, pour la société et pour Dieu.

Sous votre bénédiction, ô Vierge Immaculée, nous consacrons à notre foi, qui ranime aujourd'hui sa flamme à Vos pieds, le travail qui nous rend frères, les renoncements qui l'ennoblissent, les charges qui en sont la gloire.

Confiants dans votre secours, ô Mère, qui faites des prodiges de votre grotte un admirable instrument d'apostolat, nous vou-

Ions être, nous aussi, des apôtres par la parole et par l'exemple, pour pouvoir partager avec tous nos compagnons de travail les joies de la vie chrétienne, afin que régnent dans notre milieu de travail, la foi, la piété et l'union des coeurs dans la parfaite fraternité des fils de Dieu.

Que par cette fraternelle union des âmes il nous soit donné, ô Marie, de hâter pour l'Italie la pacifique victoire du message de rédemption apporté aux hommes par votre divin Fils ; — qu'il nous soit accordé de donner à la face du monde un bon témoignage de notre foi en Lui et en son Eglise ; — et, dans cette foi, confirmée par la rectitude de leur vie, qu'il soit accordé, à tous ceux qui aujourd'hui vous invoquent comme notre espérance et notre salut, de jouir, après le bon combat ici-bas, de la félicité éternelle.

S Notre Saint-Père le Pape Pie XII a daigné accorder une indulgence de trois ans pour cette prière.




Ainsi soit-il 2.




MESSAGE AU PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS DU BRÉSIL



(ier mai 1957) 1





Pour marquer l'anniversaire de la découverte du Brésil et de la première messe célébrée en cette partie du Nouveau Monde, de grandes cérémonies se sont déroulées sur tout le territoire de la République, A cette occasion, le saint Sacrifice de la messe fut offert pour la première fois dans la nouvelle cité de Brasilia.

Rendant hommage à ces manifestations de foi, le Souverain Pontife a fait parvenir à Son Exc. Juscelino Kubitschek, Président des Etats-Unis du Brésil, un message en portugais, dont voici la traduction :

1 D'après le texte portugais de l'Osseroafore Romano, du 6-7 mai 1957.




En ce jour anniversaire de la découverte du Brésil et de la première messe célébrée sur les terres de Santa Cruz, il Nous est très agréable qu'une si grande date soit marquée par l'offrande, pour la première fois, du saint sacrifice de la messe à Brasilia. En demandant à Dieu de continuer de répandre ses faveurs célestes sur la noble nation brésilienne, pour qu'elle progresse et prospère à la lumière de l'Evangile et des enseignements de l'Eglise, Nous accordons de tout coeur à Votre Excellence, aux autorités présentes à cette cérémonie pleine de signification et à tout le cher peuple brésilien, Notre spéciale Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION A L'OEUVRE BELGE DES « STATIONS DE PLEIN AIR »

(3 mai 1957) 1






OEuvre sociale fondée en 1931 par M. l'abbé Froidure, vicaire de Sainte-Alêne, en Belgique, les « Stations de plein air » ont pour but de prendre en charge les enfants abandonnés à eux-mêmes pendant les heures de travail des parents ; de venir en aide aux familles nécessiteuses ; de créer des établissements pour enfants malades, délaissés ou diminués. A l'occasion du XXVe anniversaire de cette institution, Monsieur l'abbé Froidure et plusieurs de ses protégés furent reçus en audience par le Saint-Père, qui leur adressa en français l'allocution suivante :

De même que le jour de votre arrivée à Rome, chers fils, laissera en vous des souvenirs ineffaçables, Nous garderons Nous aussi longtemps présent au coeur la joie que Nous ressentons maintenant, joie de vous accueillir et de recevoir avec vous, en pensée, tous ceux qui n'ont pu vous accompagner, mais vous ont chargés de leurs souhaits et de leurs dons. Nous avons maintenant, en effet, l'occasion de rencontrer Nos fils les plus dépourvus des biens de ce monde, ceux à qui s'adresse davantage Notre sollicitude, parce qu'ils l'attendent avec plus de ferveur et qu'ils y trouvent un puissant motif de consolation et un allégement à leurs souffrances.

Ainsi donc se réalise un rêve magnifique qui, maintes fois, dut vous paraître illusoire et auquel vous refusiez peut-être de croire ! Et pourtant la Divine Providence vous permet maintenant de le vivre ! Elle a suscité tant de dévouements, de collaborations, de sympathies que vous pouvez, vous aussi, participer au privilège qu'envient beaucoup d'autres chrétiens : celui de venir prier sur les lieux consacrés par la mort des Apôtres saint Pierre et saint Paul et de nombreux martyrs ; celui aussi de dire votre attachement au Père commun et de recevoir sa bénédiction et ses encouragements. Soyez donc les bienvenus chez Nous, et remerciez le Seigneur qui vous a conduits jusqu'ici, pour Nous permettre de vous manifester quelle place vous tenez dans Nos préoccupations.

En dépit de vos modestes ressources, vous n'avez pas voulu vous présenter devant Nous les mains vides et vous avez désiré Nous offrir plusieurs dons en témoignage de votre affection. Ces présents Nous apparaissent d'autant plus précieux, que chacun d'eux représente une part de votre travail, des privations et des sacrifices, et traduit aussi avec force l'ardeur de vos sentiments. Nous vous en remercions avec effusion.



Il y a, même dans les pays les plus développés, un nombre impressionnant de misérables.

Votre présence ici, chers fils, met en évidence un contraste de l'époque moderne. Quiconque s'intéresse même de loin aux questions sociales ne peut qu'admirer les progrès accomplis pendant ces derniers temps en matière d'allocations familiales, de pensions, d'assurances sociales, de politique du logement. Ces progrès ont amélioré notablement la condition de milliers d'ouvriers et de petites gens. A regarder superficiellement la situation des pays d'Europe les plus fortunés, on pourrait avoir l'illusion que, chez eux, le réseau des lois et des organisations d'assistance constitue un appareil efficace pour combattre la misère, ou du moins les causes involontaires qui la provoquent. Hélas ! vous savez par expérience personnelle qu'il n'en est pas ainsi. Malgré tant d'efforts louables et de bonnes intentions, il faut bien constater, chez les populations des pays les plus développés de ce continent, une proportion encore impressionnante de personnes, dont le revenu reste inférieur au minimum vital. Ce sont des centaines de milliers de gens, qui vivent constamment en proie aux plus dures nécessités, privés d'un logis décent, torturés par la faim, luttant désespérément pour garder un peu de dignité et ne pas sombrer définitivement dans la misère noire et le désespoir. Plusieurs fois déjà l'opinion publique a été ébranlée par tel ou tel cas plus tragique, qui lui révélait avec éclat des détresses insoupçonnées. Mais bientôt après, l'indifférence et l'oubli retom-



bent comme un voile épais pour cacher ces spectacles pénibles et faire taire ces voix lancinantes qui clament leur appel.



Le taudis : foyer de maladies et d'immoralité.

Comment expliquer ce grand nombre de délaissés, sinon par le fait que les lois et les organisations d'assistance sociale s'adressent à ceux qui sont déjà capables de s'aider eux-mêmes, d'apporter une contribution déterminée qui leur permettra de jouir des garanties prévues ? Souvent à cause de circonstances malheureuses, d'un oubli ou d'une négligence, l'intéressé perd son droit à l'assistance ou constate que rien n'est prévu pour son cas, devenu subitement tragique. Voilà un homme, une famille réduite à l'indigence, contraints d'accepter des conditions d'habitation, un genre de vie indignes d'êtres humains et dont il leur sera extrêmement difficile de sortir. De ceux-là, de ceux qui n'ont pas les moyens de s'organiser, et dont on n'escompte aucun avantage politique ou économique, la société se désintéresse, alors qu'ils souffrent cruellement et que leur faiblesse les expose aux manoeuvres d'exploiteurs sans scrupules, qui tâcheront de leur extorquer le peu qu'ils possèdent encore et de les maintenir dans cet état d'infériorité. Faut-il évoquer le lamentable exemple de l'exploitation des taudis ? Des maisons vétustés, délabrées, dépourvues des installations hygiéniques les plus nécessaires, rapportent parfois à leurs propriétaires des sommes importantes, sans qu'il leur en coûte rien, puisqu'ils négligent depuis longtemps d'y faire les réparations indispensables. On ne dira jamais assez le tort que ces habitations causent aux familles condamnées à s'y réfugier. Privés d'air et de lumière, vivant dans la saleté et dans une promiscuité indicible, les adultes et surtout les enfants, deviennent vite la proie des maladies contagieuses, qui trouvent dans leurs organismes débilités un terrain favorable. Mais les dommages moraux sont bien plus graves encore : l'immoralité, la délinquance juvénile, la perte du goût de vivre et de travailler, la révolte intérieure contre une société qui tolère de pareils abus, ignore et laisse croupir ainsi des êtres humains, peu à peu transformés en épaves. Et la société elle-même supportera les conséquences de cette imprévoyance : pour n'avoir pas voulu prévenir le mal et y porter remède à temps, elle dépensera des sommes énormes, afin d'entretenir tout un appareil de répression de la délinquance et de payer les frais de séjour prolongé dans les sanatoriums et les cliniques. Que de millions consacrés à soigner des maux qu'il serait plus facile et moins coûteux de prévenir !

L'une des conséquences les plus néfastes du logement insalubre et insuffisant c'est la déficience grave de l'éducation des enfants. Combien d'entre eux sont moralement abandonnés par leurs parents, privés de soins et d'affection, contraints de vivre sur la rue ou dans une ambiance marquée par le vice ! Inévitablement, aux tares physiques s'ajoutent des déséquilibres psychologiques et affectifs ; les tendances moins bonnes, livrées à l'anarchie, ne tardent pas à étouffer les autres et à rendre le sujet inapte à toute vie sociale ordonnée. Ainsi le mal, accidentel peut-être à l'origine, s'enracine très vite et aggrave lourdement la tâche de la rééducation.



Le premier rôle des oeuvres d'assistance : découvrir et aider les nécessiteux.

Des personnes de bonne foi, mais ne possédant sur la question que des informations insuffisantes, croiront aisément que la majorité de ceux qui vivent dans les taudis, ou doivent se contenter de ressources inférieures au minimum vital, en sont là par leur faute ou leur négligence, et que les organismes d'assistance sont capables de secourir quiconque en aurait besoin. En fait, les institutions existantes s'adressant surtout, ainsi que Nous l'avons déjà dit, à ceux qui peuvent s'aider eux-mêmes, elles devraient être adaptées et leur action étendue même à ceux qui, pour une raison quelconque, sont incapables de bénéficier des mesures déjà en vigueur. Il est normal que les organismes chargés de répartir les fonds destinés à l'assistance aient la préoccupation d'une bonne gestion ; mais on ne peut admettre qu'ils perdent de vue leur objectif principal et recherchent d'abord leurs intérêts propres, au détriment de la fin pour laquelle ils ont été créés : il arrive ainsi qu'ils se ferment aux plus misérables et à ceux qui ont le plus urgent besoin de leur intervention.

Nous voudrions donc attirer l'attention des pouvoirs publics sur cette plaie persistante de la société contemporaine : il reste encore toute une portion de la société — atteignant jusqu'à 10 et même 20 % de la population totale dans les pays d'Europe les mieux pourvus — qui ne peut pas vivre une vie décente et vraiment humaine, qui demeure livrée sans défense à la maladie et à la corruption morale, et devient même souvent victime de gens sans scrupules ; il en résulte pour les Etats des charges financières considérables destinées à endiguer les maux engendrés par la persistance des taudis. Les bonnes volontés et les compétences ne manquent pas, prêtes à étudier sérieusement le problème et à suggérer des remèdes. Il faudrait adapter les lois qui traitent de cette matière, les compléter, remédier aux vices de fonctionnement des organismes de secours, réprimer vigoureusement toutes les formes d'exploitation. Les solutions pratiques doivent tenir compte des circonstances propres à chaque pays, à chaque région, à chaque situation. Elles doivent surtout considérer la misère sous son aspect principal, l'aspect humain. Que l'on envisage les difficultés personnelles de l'intéressé et celles de sa famille, ses possibilités de relèvement, et qu'on le suive avec attention et affection, en déléguant pour ce travail des auxiliaires éprouvés. Souvent, en effet, les prescriptions des lois et des règlements s'avèrent incapables de couvrir toute la complexité de la vie réelle, et suscitent même des difficultés qui empêchent une action de secours vraiment efficace. Il importe donc de confier l'oeuvre de relèvement à des personnes actives, sérieuses et pleinement dévouées à leur tâche, que l'on munira de l'autorité et des pouvoirs nécessaires à l'exécution de leur mission.



Les « Stations de plein air ».

L'initiative privée aura évidemment son rôle important dans la lutte contre la misère. L'oeuvre des Stations de plein air, grâce à laquelle vous avez pu entreprendre votre voyage à Rome, en donne une preuve éclatante. Fondée depuis plus de 25 ans pour envoyer au grand air les enfants des quartiers pauvres, elle s'est heureusement développée et, mettant à profit des collaborations dévouées, elle conduit avec succès de nombreuses activités d'assistance aux plus besogneux, à qui elle procure des logements, des secours en vêtements, en mobilier ; elle s'occupe des enfants moralement abandonnés, place au travail les adolescents et déploie bien d'autres formes ingénieuses de charité. Quelle que soit, chers fils, l'attitude des hommes à votre égard, leur indifférence ou leurs injustices, vous pouvez être sûrs que le Seigneur ne vous oublie pas, Lui qui a déclaré : « Deux passereaux ne se vendent-ils pas un as ? Et pas un d'entre eux ne tombe sur la terre à l'insu de votre Père. Et vous donc ! Vos cheveux mêmes sont tous comptés ! » (Mt 10,30) Le Seigneur vous regarde comme ses enfants, vous aime et vous protège d'autant plus qu'il vous voit dépourvus des biens de ce monde et en butte, comme il le fut lui-même, à l'incompréhension de beaucoup. Ne craignez donc pas qu'il vous abandonne ! Si la souffrance et les privations vous pèsent, songez qu'au milieu de ce dépouillement il vous reste l'essentiel : la présence d'un Père très bon, qui récompensera votre fidélité. Sans doute, vous demande-t-il de prier avec ferveur, de rester droits, honnêtes et courageux, même quand vient la tentation de céder, comme tant d'autres, à l'attrait du mal. La Providence multiplie de jour en jour le nombre de ceux qui connaissent vos nécessités, veulent les secourir et s'y emploient de tout coeur. Apportez-leur votre collaboration avec la volonté de vous entraider, autant que possible, et de soutenir de plus pauvres que vous. Rentrés dans votre pays, vous manifesterez votre reconnaissance au Seigneur, en vous mettant à l'oeuvre avec plus de joie et plus d'ardeur, et vous susciterez autour de vous un renouveau de confiance, condition première pour l'amélioration de votre sort et de celui de tous vos compagnons.

Nous invoquons sur vous tous, sur vos familles, sur vos bienfaiteurs et sur tous ceux qui s'efforcent de venir en aide aux déshérités, les plus abondantes faveurs divines et de tout coeur Nous vous en donnons pour gage Notre Bénédiction apostolique.

DISCOURS AU XVIe CONGRÈS DE LA CHAMBRE DE COMMERCE INTERNATIONALE
(4 mai 1957) 1






Recevant en audience les nombreux délégués au XVIe Congrès de la Chambre de commerce internationale, qui allait se tenir à Naples, le Souverain Pontife leur adressa en français le discours suivant :

Les importants travaux du XVIe Congrès de la Chambre de commerce internationale, qui doit s'ouvrir incessamment à Naples, viennent d'être précédés de la réunion du conseil auquel vous appartenez, Messieurs, et vous avez exprimé le désir de pouvoir rendre une visite d'hommage et de dévotion au Père commun avant de quitter Rome. Il Nous est très agréable d'y répondre et d'adresser par votre intermédiaire à tout le congrès Nos salutations et Nos encouragements.

La Chambre de commerce internationale, qui tenait à Rome en 1923 son deuxième congrès, a pris d'année en année une place toujours plus considérable dans l'étude et la défense des intérêts de l'économie privée. L'ampleur de son développement et l'autorité de ses techniciens lui ont valu près du Conseil économique et social des Nations Unies une situation privilégiée et lui permettent de représenter toutes les branches de l'activité économique internationale, de recueillir et d'interpréter la pensée de ceux qui y sont intéressés, de déployer une action permanente en vue de l'amélioration des conditions du commerce, de favoriser le rapprochement et l'entente des hommes d'affaires, de les grouper, de les organiser, et de contribuer ainsi au maintien de la paix et des relations cordiales entre les nations.

1 D'après le texte français de l'Osservatore Romano, du 17 mai 1057.




La volonté de faire prendre une juste conscience des corrélations économiques internationales impose une somme de recher-


Pie XII 1957 - ALLOCUTION AU XIe CONGRÈS DES NOUVELLES ÉQUIPES INTERNATIONALES » (28 avril 1957)