2004 Apostolorum Successores 185

- d) LE CHAPITRE DES CHANOINES

185
185. Fonction du Chapitre et nomination des chanoines. "Le chapitre des chanoines, cathédral ou collégial, est le collège des prêtres auquel il revient d'accomplir les fonctions liturgiques les plus solennelles dans l'église cathédrale ou collégiale; en outre, il revient au chapitre cathédral de remplir les fonctions qui lui sont confiées par le droit ou par l'Evêque diocésain".
CIC 503 Pour faire partie du Chapitre, l'Evêque appellera des prêtres remarquables par la doctrine et l'exemple de leur vie sacerdotale; il peut aussi appeler des prêtres qui exercent des charges importantes dans le diocèse, en se rappelant toutefois que le Vicaire général, les Vicaires épiscopaux et les consanguins de l'Evêque jusqu'au quatrième degré ne peuvent recevoir la charge de chanoine pénitencier. CIC 509,2 CIC 578,2.

186
186. Erection, modification et suppression du Chapitre. L'érection du Chapitre cathédral, qui n'est pas obligatoire, ainsi que sa modification et sa suppression sont réservées au Siège apostolique.
CIC 504 Dans le respect des lois de fondation, et en tenant compte des coutumes et des usages locaux, le Chapitre élabore lui-même ses Statuts, qui seront ensuite présentés à l'approbation de l'Evêque. CIC 505-506 Il convient d'établir un règlement, dans lequel seront abordées plus en détail les questions sur la manière de procéder.

187
587. Les charges dans le Chapitre. Chaque Chapitre a un président, agissant comme primus inter pares et comme modérateur des réunions. Les Statuts peuvent déterminer que le président est élu par les chanoines, la confirmation de celui-ci revenant à l'Evêque.
CIC 507,1 CIC 509,1 (CONSEIL PONTIFICAL POUR L'INTERPRETATION DES TEXTES LEGISLATIFS, Responsum du 20 mai 1989) Parmi les autres charges du Chapitre - toutes déterminées librement par l'Evêque CIC 509,1 - on doit mentionner celle de chanoine pénitencier, ayant pour importante faculté d'absoudre des censures canoniques au for interne. CIC 508,1. Là où il n'y a pas de Chapitre des chanoines, l'Evêque doit nommer un prêtre qui assure les fonctions de pénitencier. CIC 508,2


- e) L'EVEQUE ADMINISTRATEUR DES BIENS ECCLESIASTIQUES DU DIOCESE. - L'ECONOME ET LE CONSEIL POUR LES AFFAIRES ECONOMIQUES\b

188
188. Devoirs de l'Evêque dans l'administration des biens patrimoniaux. En raison de la présidence qu'il assume dans l'Eglise particulière, c'est à l'Evêque que revient l'organisation de ce qui relève de l'administration des biens ecclésiastiques, par des normes et des indications, en harmonie avec les directives du Siège apostolique et en se servant des éventuelles orientations et subventions de la Conférence épiscopale.
CIC 1276,2
En outre, en tant qu'unique administrateur du diocèse, il lui revient:

- de veiller sur l'administration de tous les biens des personnes juridiques qui lui sont soumises, afin que des abus ne s'y glissent pas; CIC 1276,1, d'établir par décret, après avoir entendu le conseil diocésain pour les affaires économiques, les actes qui dépassent les limites et les modalités de l'administration ordinaire; d'aliéner, avec le consentement du conseil diocésain pour les affaires économiques et du collège des consulteurs, les biens dont la valeur se situe entre la somme minimale et la somme maximale fixées par la Conférence épiscopale. Pour les aliénations de biens dont la valeur dépasse la somme maximale ou bien d'ex-voto ou d'objets précieux, ayant une valeur artistique ou historique, l'autorisation du Saint-Siège est également requise; CIC 392,2 CIC 1281,1-2 CIC 1292,1-2.

- de faire exécuter les donations et les dispositions "mortis causa" (appelées "dernières volontés") en faveur des oeuvres pieuses. Il devra en ce cas accomplir ou faire accomplir la volonté du bienfaiteur. CIC 1300-1301

Dans l'administration des biens, l'observation de la justice étant toujours sauve, l'Evêque doit pourvoir en premier lieu aux nécessités du culte, de la charité, de l'apostolat et de la subsistance des prêtres, en y subordonnant toute autre finalité.

189
189. Principaux critères qui doivent guider l'administration des biens. Les critères de base sont les suivants:

- a) Le critère de la compétence pastorale et technique: il convient "de confier l'administration économique du diocèse à des personnes non seulement honnêtes mais compétentes, de manière qu'elle puisse être proposée comme exemple de transparence pour toutes les autres institutions ecclésiastiques analogues". . L'Evêque doit en effet solliciter la collaboration du Collège des consulteurs et du Conseil pour les affaires économiques dans des domaines déterminés par la loi universelle de l'Eglise
CIC 1277 CIC 1263 CIC 494,1-2; CIC 1281,2 CIC 1292 CIC 1295 CIC 1287,1; CIC 1304-1305 CIC 1310,2, et aussi quand l'importance de la question ou ses circonstances particulières imposent une telle règle de prudence.

- b) Le critère de participation: à travers le conseil presbytéral, l'Evêque doit faire participer le clergé diocésain aux décisions importantes qu'il veut prendre en matière économique et lui demander son avis sur la question. CIC 500,2. Selon la nature de la question, peut être utile de demander également l'avis du Conseil pastoral.
Il est aussi opportun que la communauté diocésaine soit au courant de la situation économique du diocèse. A cette fin, à moins que la prudence ne conseille autre chose dans certains cas, l'Evêque prescrira de rendre publics les rapports économiques à la de chaque année et à la fin des activités diocésaines. Les paroisses et les autres institutions pourront procéder de la même manière, sous la vigilance de l'Evêque.

- c) Le critère ascétique, selon l'esprit évangélique, exige que les disciples du Christ usent de ce monde comme s'ils n'en usaient pas, 1Co 7,31, et qu'ils soient à cette fin mesurés et désintéressés, confiants dans la divine providence et généreux avec ceux qui sont dans le besoin, gardant te, ours le lien de l'amour.

- d) Le critère apostolique, qui conduit à utiliser les biens comme un instrument au service de l'évangélisation et de la catéchèse. Cette règle doit guider l'utilisation des moyens de communication et de l'informatique, l'organisation des expositions d'art sacré, les visites guidées des monuments religieux, etc.

- e) Le critère du bon père de famille dans la manière appliquée et responsable de conduire l'administration. CIC 1284. Pour faire particulièrement apparaître ce critère, l'Evêque:
- veillera à assurer la propriété des biens ecclésiastiques de manière valide sur le plan civil et il fera observer les dispositions canoniques et civiles ou celles qui ont été imposées par le fondateur, par le donateur ou par l'autorité légitime. En outre, il sera attentif à ce que le non-respect de la loi civile n'entraîne pas de dommages pour l'Eglise; CIC 1284,2 n. 2-3.
- observera et fera observer avec soin, en ce qui concerne l'exécution de travaux, les lois civiles relatives sur le travail et sur la vie sociale, en tenant compte des principes de l'Eglise; CIC 1286,1
- fera observer les prescriptions du droit civil, particulièrement en ce qui concerne les contrats CIC 1290 et les dispositions "mortis causa" en faveur de l'Eglise; CIC 1299,2.
- devra connaître et faire observer les décisions de la Conférence épiscopale concernant les actes d'administration extraordinaire CIC 1277 et les conditions pour la cession et la location de biens ecclésiastiques; CIC 1297 CIC 1292,1.
- s'attachera à inculquer chez les pasteurs et chez ceux qui ont en charge ces biens un sens aigu de la responsabilité en ce qui concerne leur conservation, de façon à employer toutes les mesures de sécurité visant à prévenir les vols; CIC 1220,2
- suscitera la préparation et la mise à jour d'inventaires même photographiques, dans lesquels les biens immobiliers, ainsi que les meubles précieux ou présentant une valeur culturelle, seront clairement énumérés et décrits. CIC 1283,2

190
190. Organismes patrimoniaux pour la couverture des dépenses du diocèse. Pour faire face aux principales nécessités économiques, la discipline canonique prévoit la création de deux instituts:

- a) Le diocèse doit pourvoir à la rémunération des clercs qui sont à son service, au moyen de la constitution d'un institut ou d'un organisme spécial pour recueillir les biens et les offrandes fidèles, à moins qu'il n'y soit pourvu autrement.
CIC 1274,1.

- b) Dans la mesure où cela s'avère nécessaire, on constituera aussi un "fonds commun" diocésain, pour subvenir aux autres nécessités du diocèse et pour aider les diocèses les plus pauvres. Cependant, on peut aussi pourvoir à cette finalité au moyen de conventions et d'institutions sur le plan interdiocésain ou national. CIC 1274,3-4
Il est souhaitable que toutes ces institutions soient constituées de telle façon qu'elles aient aussi effet en droit civil. CIC 1274,5

191
191. Participation des fidèles à la subsistance de l'Eglise. L'Evêque emploiera, avec des moyens appropriés, à ce que les fidèles soient éduqués à participer à la subsistance de l'Eglise, comme membres actifs et responsables; ainsi, tous sentiront comme leurs les activités ecclésiales et les oeuvres de bienfaisance, et ils seront heureux de collaborer à la bonne administration des biens.
CIC 222,1 CIC 1261,2
Pour subvenir aux besoins de l'Eglise, l'Evêque sollicitera la générosité des fidèles au moyen d'offrandes et de dons, selon les normes de la Conférence épiscopale. CIC 1262 CIC 1265,2.
Il a en outre compétence pour:
- imposer des contributions modérées, en observant les conditions canoniques CIC 1262-1263
- établir, quand cela convient, des quêtes spéciales en faveur des besoins de l'Eglise; CIC 1266
- édicter des normes sur la destination des offrandes reçues des fidèles à l'occasion des actes liturgiques et sur la rémunération des prêtres qui les célèbrent. CIC 531

A ce sujet, l'Evêque doit mesurer avec attention la nécessité réelle et honnête de réunir des fonds, mais aussi l'occasion de ne pas faire peser sur les fidèles des demandes économiques excessives.
Enfin, l'Evêque n'oubliera pas d'instruire et éventuellement d'informer les fidèles sur le sens des offrandes de Messe et des offrandes réalisées à l'occasion de l'administration des sacrements et des sacramentaux, en relation avec le soutien du culte et des ministres sacrés ainsi qu'avec l'aide aux pauvres; il formera les clercs afin d'éviter en cette matière toute apparence d'intérêt profane. PO 20-21 CIC 952 CIC 1264,2; (CONGREGATION POUR LE CLERGE, Décret Mos iugiter, 28.2.1991)

192
192. Le Conseil diocésain pour les Affaires économiques et l'Econome. Dans chaque diocèse, on doit constituer un Conseil pour les affaires économiques, présidé par l'Evêque ou par son délégué.
CIC 492 De tels conseils doivent être constitués également dans chaque paroisse et dans les autres personnes juridiques. CIC 537 CIC 1280 Pour prendre part à de telles instances on fera appel à des fidèles choisis pour leur connaissance des questions économiques et du droit civil, dotés d'une réputation d'honnêteté et d'un amour pour l'Eglise et pour l'apostolat. Là où a été instauré le ministère diaconal, il faut faire en sorte que les diacres permanents participent à ces organismes, selon leur charisme propre.
L'Evêque examinera, avec son conseil diocésain pour les affaires économiques, les projets d'action, les bilans, les plans de financement, etc., et il prendra les décisions en conformité avec le droit. En outre, le Conseil diocésain pour les affaires économiques, ainsi que Collège des Consulteurs, doit être écouté pour les actes d'administration qui, étant donné la situation économique du diocèse, sont de plus grande importance; pour les actes d'administration extraordinaire (établis par la Conférence épiscopale), l'Evêque a besoin du consentement du Collège des Consulteurs et du Conseil diocésain pour les affaires économiques. Dans l'exécution matérielle des différents actes d'administration, étant sauve sa compétence, l'Evêque s'adjoindra la collaboration de l'économe diocésain. CIC 1277 CIC 1292
Le diocèse doit également être pourvu d'un économe, qui doit être nommé par l'Evêque pour cinq ans, renouvelables, après avoir entendu le Collège des consulteurs et le Conseil pour les affaires économiques.
L'économe, qui peut être un diacre permanent ou un laïc, doit avoir une grande expérience dans les domaines économique et administratif, et connaître la législation canonique et civile concernant les biens temporels et les éventuelles conventions ou lois civiles sur les biens ecclésiastiques.
L'économe diocésain doit administrer les biens du diocèse sous l'autorité de l'Evêque, selon les modalités approuvées par le conseil pour les affaires économiques et selon le budget prévisionnel approuvé. A la fin de chaque exercice, l'économe doit rendre compte des recettes et des dépenses au Conseil pour les affaires économiques. CIC 494


IV. L'EXERCICE DE LA CHARITE

193
193. En suivant les pas du Christ. Le Christ a laissé à ses disciples le commandement de la charité: "Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres"
Jn 13,34. La charité, c'est aimer comme le Christ. Pour en témoigner, les membres de l'Eglise ont fait surgir une quantité innombrable d'oeuvres de charité. L'Eglise en effet sait que sa mission, en tant qu'elle est de nature spirituelle, embrasse aussi tous les aspects temporels de la vie humaine, puisque la réalisation du plan de Dieu pour l'homme met en relation étroite l'annonce évangélique et la promotion humaine. RMi 59. Cette conviction s'exprime à travers les multiples formes d'aide et de soutien intégral des pauvres, des personnes opprimées et laissées-pour-compte, de celles qui se trouvent dans des situations d'indigence et de fragilité et vers lesquelles l'Eglise se tourne avec un amour préférentiel. (JP II, Encycl. Sollecitudo rei socialis, n. 42)
Avec la même attention et la même sollicitude, par l'intermédiaire de ses oeuvres d'assistance, l'Eglise cherche à soulager La "souffrance de l'âme" et la "souffrance du corps". Cette sollicitude se manifeste à travers le devoir chrétien d'accomplir les oeuvres de miséricorde corporelle et spirituelle. (JP II, Lettre apost. Salvifici doloris, n. 5) Dès le début de l'Eglise, de telles oeuvres ont été pratiquées au moyen des aumônes Ac 9,36 He 13,16, de la distribution des biens Ac 2,44-45 Ac 4,32-37, des tables communes Ac 6,2 et des collectes en faveur des pauvres Ac 9,36-39 Ac 10,2 Ac 10,31 Ga 2,9-10. C'est ainsi, qu'au début, furent choisis sept hommes auxquels les Apôtres, par la prière et l'imposition des mains, confièrent le ministère de la charité Ac 6,2-6. Il en est de même aujourd'hui dans la communauté chrétienne qui doit conserver à la charité sa place prééminente et susciter de nouvelles formes d'aide et de promotion qui s'ajoutent aux formes traditionnelles.

194
194. l'Eglise, communauté de charité. La responsabilité de l'Evêque dans le domaine de la charité apparaît déjà dans la liturgie de l'ordination épiscopale quand on pose au candidat cette question précise: "Veux-tu, au nom du Seigneur, être toujours accueillant et miséricordieux envers les pauvres et tous ceux qui ont besoin de réconfort et de secours?". Ainsi, conscient de sa charge de président et de ministre de la charité dans l'Eglise, l'Evêque accomplit personnellement ce devoir sous toutes les formes qu'exigent les conditions de la population et que lui permettent les moyens dont il dispose, tout en s'efforçant de répandre dans le coeur de tous les fidèles - clercs, religieux et laïcs - de réels sentiments de charité et de miséricorde envers ceux qui, pour quelque motif, "peinent sous le fardeau"
Mt 11,28, de telle sorte que règne, dans tout le diocèse, la charité qui accueille et rend témoignage au commandement de Jésus Christ. CD 16 PO 9 AA 8. De cette manière les fidèles pourront faire l'expérience que l'Eglise est une véritable famille de Dieu réunie dans l'amour fraternel 1P 1,22 et bien des hommes et des femmes éprouveront le désir de suivre le Christ.
S'inspirant du modèle du bon Samaritain Lc 10,25-37, l'Evêque fera en sorte que les fidèles soient éclairés, encouragés et soutenus, de manière adaptée dans la pratique de toutes les oeuvres de miséricorde, soit personnellement au milieu des conditions concrètes de leur vie, soit en participant aux diverses formes de charité organisée. C'est ainsi que se concrétise dans la vie chrétienne cette relation réciproque qui existe entre la prédication, la liturgie et le témoignage. Eclairés par l'écoute de la Parole et nourris par les Sacrements, les fidèles se dévoueront dans cet exercice de la charité qui authentifie la foi qu'ils professent. Dans la charité est en effet manifesté le commandement nouveau qui révèle au monde la nature nouvelle des fils de Dieu.
C'est pourquoi l'Evêque aura à coeur de soutenir et de favoriser toutes les initiatives de charité qui ont surgi tout au long de l'histoire et celles qui, de nos jours, continuent à naître en vue d'apporter assistance et promotion intégrale aux plus pauvres, aussi bien dans les pays développés que dans ceux qui sont en voie de développement. Il se préoccupera également de la formation permanente des fidèles qui sont engagés dans de telles initiatives, comme organisateurs ou sur le terrain.
Si le ministère de la charité incombe à tous les ministres, c'est un devoir spécifiquement lié au charisme diaconal. LG 29 (V,22,9). C'est pourquoi tous les candidats aux ordres sacrés, mais surtout les aspirants au diaconat permanent, devront se préparer à l'activité caritative par une formation spécifique, qui devra être perfectionnée à la lumière de l'expérience. Les diacres permanents, selon leurs aptitudes personnelles, pourront apporter une aide à l'administration économique du diocèse.
Les assistants sociaux et les professionnels du monde de la santé feront l'objet d'une attention pastorale particulière de la part de l'Eglise, à plus forte raison s'ils travaillent dans des institutions sanitaires catholiques. Ces fidèles doivent être en mesure de découvrir le sens de leur travail professionnel comme vocation, qui exige certes une compétence technique, mais aussi une sensibilité délicate devant les nécessités humaines et spirituelles des personnes et des patients. (JP II, Lettre apost. Salvifici doloris, n. 29)

195
195. Les oeuvres de charité du diocèse. S'il existe déjà dans le diocèse des oeuvres de charité et de secours, l'Evêque se préoccupera de les développer et de les perfectionner toujours davantage et, si besoin, d'en créer de nouvelles, pour répondre à des besoins nouveaux: surtout dans le domaine de l'assistance en faveur des enfants, des jeunes, des personnes âgées, des malades et des personnes handicapées, des émigrés et des réfugiés, pour lesquels la diaconie de la charité de l'Eglise doit être toujours ouverte et disponible.
AA 8 Les grandes villes, en particulier, sollicitent la créativité des Pasteurs car,dans les métropoles, la pauvreté prend de nouvelles formes: qu'il suffise de penser au grand nombre d'ouvriers provenant de diverses nations et races, aux familles qui ne trouvent pas de logement ou de nourriture aux personnes qui vivent dans les bidonvilles, aux jeunes qui s'adonnent à la drogue. Sans oublier les grandes misères spirituelles, qui se répandent toujours plus, comme la perte du sens la vie, la solitude et l'absence d'espérance.
Pour venir en aide de manière efficace à ceux qui sont dans le besoin, l'Evêque promouvra dans son diocèse la Caritas diocésaine ou d'autres institutions similaires qui, sous sa présidence, gardent vivant le sens de la charité fraternelle dans tout le diocèse et suscitent la collaboration généreuse des fidèles aux oeuvres de charité de l'Eglise particulière, car il s'agit là de manifestations de la charité catholique. La Caritas diocésaine, selon les circonstances, pourra collaborer avec des institutions civiles analogues. La transparence marque son action et sa fidélité au devoir de témoignage l'amour, lui permettra d'animer de manière chrétienne ces institutions civiles et, parfois, d'être en mesure de les coordonner. En tous cas, la Caritas diocésaine participera à toutes les initiatives authentiquement humanitaires afin de témoigner de la présence et la solidarité de l'Eglise face aux nécessités humaines. L'Evêque a soin de proposer aux fidèles laïcs qui travaillent dans ces institutions civiles une formation spirituelle adaptée afin qu'ils puissent offrir un témoignage cohérent et compétent. En même temps, l'Evêque veillera, dans la mesure du possible, à ce qu'une Caritas paroissiale soit présente dans chaque paroisse: en relation à la Caritas diocésaine, elle sera dans la communauté paroissiale un moyen d'animation et de coordination ainsi que d'éveil à la charité du Christ. Il serait souhaitable que, dans chaque institution dépendant de l'autorité ecclésiastique, il y ait des associations spécialisées dans la reconnaissance des cas de nécessité, physique ou spirituelle, dans la collecte des subsides et dans le développement des liens de charité entre les bienfaiteurs et les bénéficiaires.

196
196. Le véritable esprit des oeuvres de charité de l'Eglise. Toute activité caritative de l'Evêque et de la communauté chrétienne doit briller par sa rectitude, sa loyauté et sa grandeur et manifester ainsi l'amour gratuit de Dieu pour l'homme, "car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes"
Mt 5,45.
Sans jamais utiliser les oeuvres de charité à des fins déshonnêtes de prosélytisme, l'Evêque et la communauté diocésaine doivent avoir à coeur, à travers elles, de rendre témoignage à l'Evangile et de susciter le désir d'écouter la Parole de Dieu et de se convertir. Toutes les oeuvres de miséricorde et d'assistance accomplies par la communauté chrétienne doivent manifester l'esprit de charité surnaturelle qui les anime, afin de devenir pour les personnes un motif puissant de rendre gloire au Père céleste Mt 5,16. En entreprenant des oeuvres de promotion humaine et d'assistance à des populations frappées par des calamités, l'Evêque, s'il le juge opportun et en suivant les normes et les directives du Siège apostolique, aura soin de favoriser les relations entre les organismes de charité du diocèse et les organismes semblables des Frères séparés, afin qu'à travers ces actions communes d'aide, il soit rendu témoignage à l'unité dans la charité du Christ et que l'on facilite ainsi la connaissance réciproque qui, un jour, avec l'aide de Dieu, pourrait s'épanouir dans l'unité désirée de ceux qui confessent le nom du Christ. C'est à l'Evêque que revient la charge de donner l'impulsion à de telles relations, et de veiller sur l'action oecuménique des organismes caritatifs diocésains en leur donnant des règles de conduite.

197
197. Rapports entre l'assistance de l'Eglise et l'aide publique ou celle d'organismes privés. Bien qu'il sache que l'autorité civile a le devoir et le mérite d'intervenir dans les divers secteurs de l'assistance sanitaire et sociale afin de pourvoir de la meilleure manière possible aux besoins de tous, l'Evêque ne peut oublier que dans le monde il y aura toujours des pauvres
Mt 26,11, c'est-à-dire des personnes qui ont besoin d'une aide sur le plan spirituel, psychologique ou matériel, et qui sont donc confiées à la charité de l'Eglise. En outre, l'Eglise a, dans ce domaine, une mission irremplaçable qui lui vient de la vertu surnaturelle de charité.
L'Evêque évitera toute apparente compétition entre les oeuvres de charité du diocèse et les oeuvres similaires d'autres institutions publiques ou privées, mais il favorisera plutôt l'estime réciproque et la collaboration entre les unes et les autres. Il lui revient cependant de revendiquer pour l'Eglise le droit de venir en aide aux pauvres et d'être présente là où se font sentir les besoins de secours spirituels ou matériels. Dans ce domaine, il ne peut consentir à un monopole quelconque. Il doit enfin se préoccuper que les oeuvres et les institutions caritatives promues par l'Eglise s'adaptent aussi bien aux exigences du progrès technique et scientifique qu'aux législations civiles, à condition que ces législations soient en conformité avec la doctrine de l'Eglise.


V. IMPORTANCE DU "SERVICE SOCIAL" ET DU BENEVOLAT

198
198. Les assistants sociaux et les bénévoles. Parmi les initiatives modernes d'assistance, ce qu'on appelle le service social occupe une place importante, qui, spécialement dans les usines et les divers lieux de travail, dans les familles, dans les quartiers populaires et les banlieues, dans les prisons, s'exerce comme une forme d'aide proposée aux individus et aux groupes pour développer le sens de la dignité de la vie, éduquer à la conscience des responsabilités personnelles et encourager les engagements visant à surmonter les difficultés matérielles et spirituelles.
Il est donc souhaitable que dans le diocèse il y ait un bon nombre d'assistants sociaux, choisis parmi les jeunes hommes et les jeunes filles comme aussi parmi les religieux, qui reçoivent une formation adéquate, surtout en ce qui concerne la doctrine sociale de l'Eglise, dans des écoles et des centres créés à cet effet. Ces assistants sociaux pourront déployer leurs activités dans des centres sociaux établis dans les paroisses les plus importantes ou dans les archiprêtrés ou les doyennés, au nom et avec le soutien de toute la communauté chrétienne
AA 8 pour faire face à toutes les formes de pauvreté, qu'elles soient nouvelles ou anciennes, "que l'on rencontre souvent dans des secteurs et des catégories non dépourvus de ressources économiques, mais exposés à la désespérance du non-sens, au piège de la drogue, à la solitude du grand âge ou de la maladie, à la mise à l'écart ou à la discrimination sociale". NM 50
Il est consolant de constater comment, ces derniers temps, se sont multipliées diverses formes de bénévolat par lesquelles les chrétiens, avec d'autres personnes de bonne volonté, spécialement les jeunes, consacrent leur temps et leurs énergies dans des organisations d'aide aux pauvres, dans le diocèse ou en différents points du monde. De telles initiatives font beaucoup de bien, car, non seulement elles apportent soulagement à ceux qui souffrent de la pauvreté, mais elles contribuent de manière notable à la formation des jeunes générations chrétiennes et elles sont un moyen efficace pour faire connaître la foi de l'Eglise à d'autres personnes. (JP II, Lettre aux Bénévoles, 5.12.2001) Là où le bénévolat ne serait pas suffisamment développé, il conviendrait donc que l'Evêque suscite un tel esprit, qui pousse à se consacrer au bien des autres et qui favorise la création des structures adéquates, au besoin en les instituant personnellement. Compte tenu du grand intérêt que représentent ces oeuvres pour le bien commun, il sera normal, dans bien des cas, de solliciter la collaboration économique des institutions publiques ou, spécialement dans les pays les plus pauvres, celle d'autres instituts ou organisations, afin d'établir et de faire vivre ces oeuvres.

199
199. Rapports entre charité et liturgie. Pour éveiller parmi les fidèles le sens de la charité chrétienne, l'Evêque montrera comment la participation active et consciente à la liturgie, surtout à l'Eucharistie, amène nécessairement à la pratique de la charité envers les pauvres et ceux qui sont dans le besoin. Pour concrétiser ce lien entre l'Eucharistie et la charité fraternelle, il suscitera la collecte de dons généreux d'argent ou d'autres biens, durant la célébration eucharistique, selon les rubriques et les normes liturgiques.
Dans le même but, l'Evêque peut mettre en oeuvre d'autres initiatives qu'il jugerait opportunes: comme la visite aux malades, aux prisonniers, aux familles pauvres et à des institutions.

200
200. Aide aux diocèses pauvres et aux oeuvres catholiques de charité et d'apostolat. Suivant l'exemple des Apôtres qui, non seulement veillaient à la juste distribution des biens dans chacune des Eglises, mais aussi organisaient des collectes en faveur des communautés plus pauvres
Ac 11,29-30 1Co 16,1-14 2Co 9,2 Rm 15,26 Ga 2,10 etc., l'Evêque devra destiner toutes les aides dont le diocèse aurait la disponibilité à des diocèses plus démunis CD 6 PO 21 , ainsi qu'aux oeuvres catholiques de miséricorde et d'assistance, nationales ou internationales. Il est souhaitable que l'Evêque, dans ce but, propose au clergé et aux fidèles la célébration des "Journées" spéciales instituées au niveau universel ou national, afin d'éveiller l'intérêt, de promouvoir la prière et de demander à la communauté chrétienne sa contribution économique.
Il est important que le clergé, dès les années de formation au séminaire, soit préparé à vivre la pauvreté et la charité mutuelle comme une vocation, suivant en cela l'exemple de l'Eglise primitive Ac 2,44-45 Ac 4,32. Un lumineux témoignage d'esprit évangélique serait donné par les prêtres, avec à leur tête l'Evêque, et les institutions ecclésiastiques, s'ils prenaient l'engagement de remettre chaque année un pourcentage fixe de leurs bénéfices aux oeuvres de charité du diocèse et de l'Eglise universelle. Les laïcs pourraient suivre un tel exemple, selon leurs possibilités.


VI. QUELQUES SECTEURS EN PARTICULIER

201
201. Certains secteurs pastoraux, en fonction des lieux et des diverses situations ecclésiales ou sociales, appellent une attention particulière de la part des Pasteurs. Ce Directoire se limite à en évoquer quelques-uns.

202
202. La famille. Pour l'Evêque, la famille représente une priorité pastorale dans la société contemporaine. . Les défis que la famille doit affronter de nos jours sont énormes: une anthropologie erronée qui sépare l'homme de la famille et de la valeur suprême de la vie; une dévaluation de l'amour conjugal et une mentalité largement favorable à la contraception; une tendance à reléguer la famille dans la sphère privée et à la couper du mariage; les pressions faites auprès des Assemblées parlementaires pour que soient reconnues comme familles, fondées sur le mariage, les unions homosexuelles; la nouvelle situation de la femme qui, bien que ses droits et sa dignité soient reconnus aujourd'hui et que les formes de discrimination dont elle a souffert et souffre encore soient moindres, est dévalorisée dans sa mission d'épouse et de mère, considérée comme une soumission servile et un service qui met à l'écart.
L'Evêque, en tant que premier responsable de la pastorale familiale, insérera cette pastorale dans la pastorale d'ensemble du diocèse et fera en sorte que la famille, fondement et cellule primordiale de la société et de l'Eglise, puisse recevoir en son sein toutes les valeurs et les richesses humaines et chrétiennes pour qu'elle soit toujours plus capable de former intégralement la personne et de transmettre la foi. L'Evêque a le devoir, pour atteindre ce but, de veiller à mettre en place une pastorale familiale efficace et de la mettre en application dans toutes les paroisses ainsi que dans les autres instituts et communautés diocésaines, avec l'active participation de prêtres, de diacres, de religieux et de membres de Sociétés de vie apostolique, de laïcs et des familles elles-mêmes. Ce souci, qui se déploie de manière transversale dans tous les secteurs de la pastorale, concerne les points suivants: la préparation au mariage, lointaine ou immédiate, qui sera conçue comme "un chemin catéchuménal"
FC 66 dans lequel s'insèrent, durant la dernière période, les cours de préparation au mariage qui doivent être dispensés avec sérieux, et avec de bons contenus, d'une durée suffisante et revêtant un caractère obligatoire; (Cf. CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE, La préparation au sacrement du mariage) la formation à un amour responsable, FC 37 qui exige une éducation sexuelle accompagnée de la proposition de principes et de valeurs éthiques; (Cf. CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE, Orientations Sexualité humaine: vérité et signification) l'information sur les méthodes naturelles pour la régulation des naissances, auxquelles on aura recours dans le cas de justes motivations qui ne soient pas le simple refus de la paternité et de la maternité; la bioéthique et surtout, avec l'aide des laïcs la réflexion sur ce thème à travers des cours, des conférences et des rencontres. Afin de promouvoir la participation de la famille à la vie sociale et politique et dans le but de prévenir des lois injustes, l'Evêque aura le souci de promouvoir également une pastorale de la famille dans la société civile, en maintenant des contacts étroits avec les hommes politiques, surtout avec les catholiques, auxquels il proposera des moyens de formation. Il sera bon que l'Evêque institue la Commission de pastorale familiale tant dans le diocèse que dans les Vicariats forains et si possible dans les paroisses. Il est souhaitable que ces organismes aient aussi la compétence dans les secteurs de la vie, de l'enfance, de la femme et, suivant les cas, de la jeunesse. Pour la formation des agents pastoraux, le diocèse pourra ériger un centre de formation ou "Institut de la famille". A cet égard, les associations familiales instituées pour l'aide mutuelle et pour la défense des valeurs de la famille dans la société et dans l'Etat, ont une efficacité avérée. FC 70 FC 72-76
On observe avec une certaine amertume l'augmentation, de nos jours, du nombre de baptisés qui se trouvent dans une situation irrégulière FC 79-84 par rapport au mariage: le soi-disant "mariage à l'essai", les unions de fait, les unions catholiques sanctionnées par le seul rite civil, les divorces; toutes ces situations nuisent gravement aux droits des intéressés, à leurs enfants et à la société dans son ensemble. Dans tous ces cas, il faut que les Pasteurs s'engagent fortement pour obtenir, si possible, la régularisation de ces situations. Qu'ils soient en même temps pleins de charité envers ces personnes, car, souvent, il s'agit de situations qui ne peuvent être modifiées, spécialement lorsqu'il y a des enfants. Quoiqu'il en soit, l'Evêque devra expliquer la norme de l'Eglise selon laquelle ne peuvent être admises à la communion eucharistique les personnes se trouvant dans des situations qui contredisent l'union d'amour entre le Christ et l'Eglise signifiée et rendue présente par l'Eucharistie. (CONGREGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Lettre Annus internationalis sur la communion eucharistique aux fidèles divorcés remariés; CONSEIL PONTIFICAL POUR L'INTERPRETATION DES TEXTES LEGISLATIFS, Déclaration sur CIC 915) En ce qui concerne les divorcés remariés, l'Evêque aura à coeur de leur faire sentir la sollicitude maternelle de l'Eglise et fera en sorte qu'ils ne soient pas mis à l'écart de la vie ecclésiale, puisqu'il est évidemment clair qu'ils peuvent participer habituellement à la vie de leur paroisse. Il est souhaitable que, dans chaque diocèse, ou à un niveau interparoissial, on organise de moments de formation pour ces personnes.

203
203. Les adolescents et les jeunes. Un secteur qui doit intéresser vivement l'Evêque et accroître sa sollicitude paternelle est celui des jeunes et, en particulier, des jeunes étudiants. Sans une orientation claire, ces jeunes se laissent facilement influencer par des opinions diverses et des nouveautés idéologiques, et s'éloignent très facilement de l'Eglise pour suivre des chemins différents des chemins ecclésiaux ou pour vivre même dans une sorte de non-sens. C'est pourquoi il est nécessaire d'amener les jeunes à professer une foi mûre, en les rendant protagonistes de la vie et des choix pastoraux du diocèse. Il sera utile de prévoir que, dans les diverses instances diocésaines et paroissiales, soit représenté le monde des jeunes afin qu'il puisse exprimer ses propres nécessités spirituelles et être inséré progressivement dans la vie diocésaine et paroissiale. L'Evêque doit faire en sorte que dans son diocèse il y ait un bon nombre de prêtres, religieux et laïcs adéquats, qui se consacrent à l'apostolat de la jeunesse. L'Evêque doit faire en sorte que la pastorale juvénile se réalise dans chaque paroisse, ou, au moins, au niveau interparoissial.
Parmi les formes les plus efficaces, se trouve sans aucun doute l'enseignement de la religion dans les écoles, cependant, au niveau pastoral, doivent également être soutenues les oeuvres et les associations ayant pour but la formation des adolescents, comme les différents groupes ou associations qui ont cette finalité.
Ceux qui collaborent dans la pastorale de la jeunesse, doivent se montrer aux jeunes comme des frères et des amis, mais, en même temps, comme porteurs d'une vérité et d'un idéal de vie plus élevé. Ils sauront comprendre leurs aspirations, leurs points de vue et leur manière de s'exprimer, mais sans s'abaisser à des légèretés et des anomalies pour tenter vainement d'être mieux acceptés par eux: en effet, on ne rend pas un service aux jeunes en acceptant leurs défauts, mais en leur indiquant des idéaux. Enfin, ils devront stimuler par des initiatives concrètes leur sens de responsabilité, pour qu'ils se sentent et soient réellement actifs et artisans responsables de la communauté chrétienne.
Parmi les jeunes, les étudiants universitaires occupent une place privilégiée, et de grand intérêt apostolique, de par la particularité de leur sensibilité et de leur milieu. Personnellement, ou en collaboration avec les autres diocèses intéressés, l'Evêque pourra pourvoir au soin pastoral de la jeunesse universitaire, en établissant éventuellement une paroisse personnelle au sein du "campus" universitaire ou à proximité, et en promouvant des résidences et autres centres qui offrent aux étudiants une aide permanente, spirituelle et intellectuelle.
GE 10 CIC 813 (JP II, C.A. Ex Corde Ecclesiae, Normes générales, art. 6 Par. 1-2). Pareillement, il encouragera et soutiendra, pour autant que cela relève de sa compétence, les oeuvres des autres institutions et associations ecclésiales qui travaillent dans ce secteur apostolique, qui n'est pas exempt de difficultés, et il veillera à ce que dans chaque centre, dépendant ou non du diocèse, soient donnés des moyens adaptés de formation chrétienne et qu'y soient observés la discipline qui convient et un comportement humain et spirituel.

204
204. Les ouvriers et les paysans. L'Evêque se préoccupera vivement du soin pastoral des ouvriers et des paysans, car l'évangélisation du monde ouvrier et rural fait partie de la mission de l'Eglise, et aussi parce que ce sont les ouvriers qui paient les conséquences d'une industrialisation peu attentive à la dignité humaine et qui souffrent du déracinement, conséquence de l'émigration. Il ne prêtera pas moindre attention au monde paysan, qui, en bien des lieux, est soumis à de dures conditions de vie et qui souffre parfois de la carence des prêtres.
L'Evêque s'efforcera donc d'entrer en contact direct avec les ouvriers et les paysans, également dans leur milieu, et fera en sorte que des prêtres capables et bien préparés, en particulier en matière de doctrine sociale de l'Eglise, exercent leur ministère apostolique dans les périphéries ouvrières et en milieu rural, avec des moyens et actions qui s'adaptent aux conditions sociales, psychologiques et spirituelles de ces personnes. L'Evêque veillera afin que, dans les paroisses et dans les autres centres affectés à l'assistance des ouvriers et des paysans, soit promue l'activité pastorale entre les familles, soit organisée l'institution et la direction de cercles, associations, écoles du soir, centres de formation professionnelle, lieux récréatifs, etc.
Sont louables les oeuvres et institutions de caractère économique et social, qui ont pour objectif d'aider les démunis, en facilitant l'accès à la propriété ou à l'utilisation des biens ou leur juste distribution, par le biais d'études et d'activités sociales de coopération, d'associations entre ouvriers et artisans, d'initiatives économiques et financières, etc. Il s'agit d'un secteur très vaste, dans lequel les laïcs chrétiens sont appelés à exercer la charité sous forme de justice et de solidarité humaine, en parfaite syntonie avec leur vocation séculière.
AGD 12 GS 30 GS 71. Aussi, l'Evêque ne manquera-t-il pas d'encourager ces laïcs et, si nécessaire, il favorisera personnellement le développement de ces oeuvres, en les imprégnant d'esprit chrétien.
L'Evêque apportera aussi sa propre contribution sur la question écologique pour la sauvegarde de la création, en enseignant le rapport correct que l'homme doit avoir avec la nature, rapport qui, à la lumière de la doctrine sur Dieu, Créateur du ciel et de la terre, est un rapport ministériel, puisque l'homme est placé au centre de la création comme ministre du Créateur. En ce sens, une conversion écologique , est nécessaire dans la conscience que, conjointement à la sauvegarde de la création, il faut agir avec plus d'intensité en faveur d'une écologie humaine qui protège le bien fondamental de la vie dans toutes ses manifestations et qui prépare aux générations futures un environnement qui s'approche le plus possible du projet du Créateur.

205
205. Les personnes souffrantes. Le souci de la santé occupe une place importante parmi les défis actuels. . Malheureusement, les maladies endémiques, présentes dans les diverses parties du monde, sont encore nombreuses. Malgré les efforts de la médecine et de la science pour chercher de nouvelles solutions ou des aides pour les affronter, de nouvelles situations émergent où la santé physique et psychique est toujours plus menacée. La sollicitude pour l'homme pousse l'Evêque à imiter Jésus, le vrai "bon Samaritain", rempli de compassion et de miséricorde, qui prend soin de toute personne qui souffre. Dans le cadre de son diocèse, avec l'aide de personnes qualifiées, l'Evêque est appelé à travailler pour que "l'Evangile de la vie" soit annoncé. L'humanisation de la médecine et de l'assistance aux malades, la présence auprès de tous au moment de la souffrance, dans l'esprit de chacun la figure du Christ, médecin des corps et des âmes. Parmi les instructions qu'il a confiées à ses Apôtres, il n'a pas manqué d'insérer l'exhortation à guérir les malades
Mt 10,8. C'est pourquoi l'organisation et la promotion d'une pastorale adéquate pour les agents du monde de la santé méritent vraiment une priorité dans le coeur d'un Evêque. Cette pastorale devra tenir compte des points suivants: la proclamation de la défense de la vie dans les applications de la technique biogénétique et dans les soins palliatifs ainsi que dans les propositions d'euthanasie la mise à jour de la pastorale sacramentelle, spécialement en ce qui concerne l'Onction des malades et le Viatique, sans oublier l'administration du Sacrement de Pénitence; la présence des personnes consacrées, qui dédient leur vie au soin des malades et des volontaires de la pastorale de la santé; la sollicitude des curés pour les malades des paroisses. L'Evêque doit encourager l'existence des hôpitaux catholiques et, selon les cas, en créer de nouveaux et il doit en soutenir l'idéal catholique quand, pour différents motifs, ils passent sous la direction du personnel laïc. Dans les facultés catholiques de médecine, l'Evêque doit veiller à ce que soit enseignée une éthique conforme au Magistère de l'Eglise, spécialement en ce qui concerne les questions de Bioéthique.

206
206. Les personnes qui demandent une attention pastorale spécifique. L'Evêque doit prêter une attention particulière aux nécessités spirituelles des groupes humains qui, à cause de leurs conditions de vie, ne peuvent bénéficier suffisamment du soin pastoral territorial ordinaire.
CD 18 CIC 771,1. Dans ce paragraphe sont examinées les diverses situations qui exigent des réponses pastorales:

- a) L'émigration internationale. C'est un phénomène aux proportions croissantes, qui requiert la sollicitude des Pasteurs: il suffit de penser au grand nombre de personnes qui vont dans d'autres pays pour y chercher un travail, ou pour faire des études, aux réfugiés, aux nomades. . Ce devoir est particulièrement urgent quand, comme c'est encore souvent le cas aujourd'hui, les émigrés sont des fidèles catholiques. Pour apporter à ces fidèles une attention pastorale conforme à leur nature et à leurs besoins spirituels, il est nécessaire d'établir une collaboration profitable entre les Pasteurs du pays d'origine et ceux des diocèses de destination, aussi bien au niveau individuel qu'au sein des respectives Conférences Episcopales. Ce programme pourra se réaliser au mieux grâce à l'envoi de prêtres, diacres et autres fidèles qui accompagnent les émigrés, en créant dans ce but, des centres spéciaux de formation, ou bien à travers la création de structures pastorales personnelles de coordination de la pastorale destinée à ces fidèles. PO 10. Il ne faut pas non plus oublier les itinérants, c'est-à-dire les pèlerins, les voyageurs, les gens du cirque, les animateurs des parcs d'attraction, les sans abri, etc.

- b) Les groupes dispersés de fidèles. Pour subvenir au soin pastoral et à l'apostolat en faveur des groupes homogènes, dispersés sur le territoire du diocèse, l'Evêque peut ériger une paroisse personnelle ou bien nommer aumôniers quelques prêtres appropriés, en leur donnant les facultés nécessaires. En ce qui concerne l'assistance aux pêcheurs et aux marins, il doit encourager l'oeuvre de l'Apostolat de la Mer, suivant ses formes particulières.
Aujourd'hui, plus que par le passé, il apparaît important que l'Evêque organise une opportune assistance pastorale dans les localités touristiques, en y créant des églises et oratoires succursales des paroisses, de même aussi que suivant les possibilités du diocèse - à proximité des principales voies de communication, gares et aéroports.

- c) Les militaires. Les militaires constituent une catégorie particulière de fidèles qui, de par leur style de vie, requièrent une attention spéciale. Pour leur assistance pastorale, le Saint-Siège a créé l'Ordinariat Militaire correspondant, dont le Prélat est comparable à un Evêque diocésain. Le Pasteur du lieu doit maintenir, par conséquent, des relations fraternelles avec l'Ordinaire Militaire et doit s'efforcer de l'aider dans tout ce qui relève de sa compétence et aussi à avoir des prêtres adéquats, afin que les militaires de profession, leurs familles et les nombreux jeunes qui s'engagent temporairement dans l'armée, puissent compter sur une assistance adaptée pour leur vie chrétienne.

207
207. La pastorale oecuménique. L'Evêque doit étendre son zèle et sa charité pastorale aux membres des Eglises et des Communautés chrétiennes non catholiques. .
Dans ce but, une formation oecuménique de la communauté diocésaine devient nécessaire, de façon à ce que tous les fidèles et, en particulier les ministres sacrés, apprécient l'inestimable don de l'unité, grandissent dans la charité et la compréhension, bien que sans irénisme, des autres frères chrétiens et s'unissent à la prière de toute l'Eglise, suivant le désir et les normes du Concile Vatican II et les instructions du Siège Apostolique. Une importance spéciale doit être accordée à la formation oecuménique dans les séminaires et dans les autres centres et cadres de formation du clergé et des laïcs.
UR 5-12 AA 28 AGD 15
Il est opportun de favoriser également l'exercice pratique de l'oecuménisme: en premier lieu l'oecuménisme spirituel, qui consiste dans la conversion intérieure des chrétiens; puis, la prière, dont une réalisation assez répandue et digne de louange est la fameuse "Semaine pour l'unité des Chrétiens",enfin, la collaboration oecuménique avec les autres chrétiens, dont les principales modalités sont l'oraison communautaire, le dialogue, le témoignage chrétien commun et l'engagement conjoint pour la défense des valeurs humaines et chrétiennes. UR 4 UR 7 UR 12 UR 24 AA 27 GS 90
En outre, il est bon de tenir compte de la situation des mariages mixtes entre catholiques et autres baptisés. Même s'ils peuvent donner de bons fruits au niveau oecuménique, ces mariages demandent toutefois une attention pastorale spéciale, soit pour s'assurer que les deux conjoints connaissent et adhèrent à la doctrine catholique sur le mariage, soit pour éloigner tout risque de détachement de la foi de la part du conjoint catholique et pour favoriser la transmission de la foi catholique aux enfants. CIC 1124-1125.
En ce qui concerne la "communicatio in sacris", les normes données à ce propos par le Concile Vatican II, par le Code de Droit canonique et par le Siège Apostolique, doivent être étroitement observées. UR 8.
Il est nécessaire de former les fidèles pour qu'ils sachent répondre avec clarté aux sollicitations des fameuses "sectes" d'inspiration chrétienne ou syncrétiste, qui peuvent confondre les personnes les moins préparées, non seulement par leurs propres théories, mais aussi par des expériences religieuses fortement sentimentales.

208
208. La pastorale en milieu plurireligieux. La présence, dans des pays de tradition chrétienne, de personnes appartenant à d'autres religions est aujourd'hui un phénomène croissant, spécialement dans les grandes villes et dans les centres universitaires et industriels, où ces dernières se trouvent pour des raisons de travail, d'études ou de tourisme. La charité chrétienne et le zèle missionnaire à l'égard de ces personnes poussent la communauté diocésaine à une aide humanitaire, au dialogue et à l'annonce du Christ de différentes manières: (Au sujet de l'articulation dans le dialogue avec les autres religions et l'annonce chrétienne: Cf. CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX et CONGREGATION POUR L'EVANGELISATION DES PEUPLES, Instruction Dialogue et Annonce)

- a) L'Evêque doit exhorter les fidèles à vivre, de façon désintéressée, la charité chrétienne envers ces personnes, en les aidant dans leurs difficultés d'intégration sociale, scolaire, linguistique, de logement, d'assistance médicale, etc. Pour cela, il pourra se servir de façon opportune des associations catholiques.

- b) Le respect de la tradition religieuse de chacun et de la dignité humaine, invitent à établir un dialogue interreligieux pour promouvoir la compréhension mutuelle et la collaboration. Ce dialogue doit respecter les principes fondamentaux de la conscience religieuse, aujourd'hui exposés aux assauts d'une civilisation sécularisée. Pour réaliser cet apostolat, l'Evêque aura soin de former des personnes aptes à accomplir cette tâche. En ce sens, il est opportun que l'on crée, si cela est possible, là où elle n'existe pas, une Commission pour le dialogue interreligieux et que l'on fasse aussi usage de l'aide d'experts qu'ils soient clercs, religieux ou laïcs.
UR 5-12 AA 28 AGD 15

- c) Enfin, il faut faire en sorte que ces personnes puissent connaître et embrasser la vérité que Dieu a portée dans le monde par le moyen de l'Incarnation de son Fils, puisqu'en aucun autre il n'y a le salut: "car aucun autre nom sous le ciel n'est offert aux hommes, qui soit nécessaire à notre salut". Ac 4,12. Le chemin qui conduit à de telles conversions sera souvent le fruit de l'amitié personnelle et du témoignage de catholiques qui doivent toujours agir dans le plein respect des consciences, de façon à ce que l'adhésion à la véritable foi soit toujours le résultat d'une conviction intérieure et jamais un moyen pour obtenir des avantages matériels ou pour acheter la faveur des personnes. Il serait également utile de prévoir un catéchuménat sérieux et approprié qui tienne compte du chemin spirituel déjà parcouru.

- d) Dans un milieu plurireligieux, l'Evêque se retrouvera souvent engagé dans des initiatives interreligieuses et devra rencontrer d'autres chefs religieux. Ces initiatives, opportunément examiner avec prudence et discernement, pourront se révéler des occasions de rencontres fructueuses et d'échange réciproque. En ce qui concerne le domaine de la prière simultanée des croyants de diverses religions, il est bien d'examiner, à mesure que l'occasion s'en présente, les modalités de déroulement et de participation, en évitant soigneusement tout ce qui peut donner l'impression d'indifférentisme ou de syncrétisme religieux.

209
209. L'Evêque artisan de justice et de paix. Le monde contemporain présente de graves formes d'injustice dues au fossé toujours plus profond entre les riches et les pauvres, à un système économique injuste à cause duquel, dans de nombreuses parties du monde, on souffre la faim et le nombre des marginaux augmente, alors que dans d'autres, on vit dans l'opulence. Injustices dues encore à la guerre qui menace continuellement la paix et la stabilité de la communauté internationale; à la discrimination entre les hommes et à l'affaiblissement de la dignité de la femme, d'une part à cause de la culture hédoniste et matérialiste, et de l'autre, à cause de la non-reconnaissance de ses droits fondamentaux en tant que personne. face à ces défis, l'Evêque est appelé à être prophète en matière de justice et de paix, défenseur des droits inaliénables de la personne, en prêchant la doctrine de l'Eglise, qui défend le droit à la vie de la conception jusqu'à sa conclusion naturelle, et la dignité humaine. Il doit avoir à coeur de défendre les faibles, de devenir le porte-parole de ceux qui ne peuvent parler pour faire valoir leurs droits. En même temps, l'Evêque doit condamner avec force toutes les formes de violence et élever sa voix en faveur des opprimés, des persécutés, des humiliés, des chômeurs et des enfants qui sont blessés par des agissements graves.
Avec la même force d'âme, l'Evêque annoncera la paix du Christ, en appelant ses fidèles et tous les hommes de bonne volonté à la construire, jour après jour. L'Evêque ne se lassera pas d'enseigner que la paix naît de la vie de personnes qui cultivent des attitudes constantes de paix, qui apprécient pleinement la dimension communautaire de la vie, qui s'ouvrent à Dieu en promouvant la fraternité universelle et une culture et une spiritualité de solidarité et de paix et qui invoquent constamment Dieu dans la prière. L'Evêque sera un prophète et un infatigable artisan de paix, montrant que l'espérance chrétienne est intimement liée à la promotion intégrale de l'homme et de la société. (L'Evêque ne manquera pas, en outre, de discerner si sa participation éventuelle à des manifestations ou défilés de protestation, même si cela lui est demandé, ne peut être manipulée ou prêter à des ambiguïtés).



2004 Apostolorum Successores 185