Faustine journal 1024

19 mars 1937.

Je me suis unie à l’adoration qui a lieu aujourd’hui, en notre maison. Cependant mon âme était pleine et une étrange appréhension me rongeait le coeur, aussi ai-je redoublé mes prières. Et tout à coup, j’ai aperçu le regard de Dieu au fond de mon coeur.




1025 Quand j’ai pris place devant l’appétissant déjeuner, j’ai dit au Seigneur : « Merci pour tous ces dons, mais mon coeur se meurt de langueur pour Vous et rien de ce qui est terrestre n’est à mon goût. Je désire la manne de Votre amour. »




1026 Aujourd’hui, une force étrange me poussait à l’action. Je dois résister à cette attirance; sinon j’irai immédiatement dans cette direction.




1027 21 mars 1937. Dimanche des rameaux. Durant la Sainte Messe, mon âme a été plongée dans l’amertume et les souffrances de Jésus. Jésus m’a fait connaître combien il a souffert durant ce cortège triomphal. En écho à l’Hosanna, résonnait dans le Coeur de Jésus : « crucifie-Le ! » Jésus m’a fait ressentir ce la de façon particulière.




1028 Le médecin ne m’a pas permis de me rendre à la Chapelle pour le Chemin de croix, comme j’en avais le très grand désir. Cependant j’ai pu prier dans ma chambre séparée. Tout à coup, j’ai entendu la sonnette de la chambre voisine. J’y suis entrée et j’ai rendu service à un grand malade.

De retour dans ma chambre, j’ai aperçu tout à coup Notre Seigneur Jésus, qui s’est adressé à moi en ces termes : « Ma fille, le service que tu viens de Me rendre, Ma causé une plus grande joie que si tu avais longuement prié. » J’ai répondu : « Mais ce n’est pas à Vous, ô Jésus, mais à ce malade que j’ai rendu service. » Le Seigneur m’a répondu : « Oui, ma fille, mais quoi que tu fasses pour ton prochain, c’est à Moi que tu le fais. »




1029 Ô mon Jésus, donnez-moi la sagesse, éclairez ma raison de Votre lumière et cela, ô Seigneur, dans le but unique de Vous mieux connaître ! Car, plus je Vous connais, plus passionnément je Vous aime, unique objet de mon amour. En Vous sombre mon âme, en Vous se fond mon coeur. Je ne sais pas aimer à moitié, mais de toute la force de mon âme et de toute l’ardeur de mon coeur. Vous avez Vous même, ô Seigneur allumé mon amour pour Vous. En Vous s’est résorbé mon coeur pour l’éternité.




1030

22 mars 1937.

Parlant aujourd’hui à une personne, j’ai perçu que son âme était en peine, quoique extérieurement elle fasse semblant d’être gaie et de ne souffrir aucunement. J’eus l’inspiration de lui dire que ce qui la tourmentait était la tentation. Lorsque je lui eus découvert ce qui la torturait, elle s’est mise à pleurer tout haut et m’a déclaré qu’elle était justement venue me voir pour cela, pour en parler, car elle sentait que cela la soulagerait. Cette souffrance venait de ce que cette âme était attirée d’un côté par la grâce de Dieu, et de l’autre par le monde. Elle passa par une lutte terrible jusqu'à verser des larmes comme un petit enfant. Puis elle s’en alla calmée et tranquillisée.




1031 Durant la sainte Messe, j’ai eu la vision de Notre Seigneur Jésus cloué sur la Croix, dans de grandes souffrances. Un faible gémissement sortait de Son Coeur. Puis Il dit : « Je désire, Je veux le salut des âmes. Aide-Moi, Ma fille à sauver les âmes ! Joins tes souffrances à Ma Passion et offre-les au Père des Cieux, pour le rachat des pécheurs ! »




1032 Quand je vois que le poids de l’épreuve dépasse mes forces, je n’analyse pas, je n’approfondis pas. Mais je me sauve comme un enfant vers le Coeur de Jésus et je Lui dis seulement : « Vous seul pouvez tout ». Et je me tais, car je sais que Jésus interviendra alors, Lui seul, dans cette affaire et moi, au lieu de me tourmenter, j’occupe ce temps à l’adorer.




1033 Lundi Saint. J’ai supplié le Seigneur qu’Il me permette de prendre part à Sa douloureuse Passion, afin de participer autant qu’une créature, autant que cela est possible, corps et âme, à cette Passion. Et cela à un degré tel que je ne puisse en ressentir toute l’amertume. Le Seigneur m’a répondu qu’Il m’accorderait cette grâce et que le jeudi, après la Sainte Communion, Il me l’octroierait de façon particulière.




1034 Ce soir, mourut dans de grandes souffrances, un homme jeune encore. J’ai entrepris de dire à son intention le chapelet que m’enseigna le Seigneur. Je l’ai dit en entier. Comme l’agonie se prolongeait, j’ai voulu commencer les litanies des Saints. Mais tout à coup, j’entendis ces mots : « Récite le chapelet ». Je compris que cette âme avait particulièrement besoin de l’aide des prières et d’une grande miséricorde. Je me suis alors enfermée dans ma chambre. Je suis tombée en croix devant Dieu, et j’ai imploré Sa miséricorde pour cette âme. Ce faisant, j’ai ressenti l’immense Majesté de Dieu et Sa grande Justice. Je tremblais de peur, mais je n’ai pas cessé de supplier la miséricorde divine pour cette âme. Puis j’ai pris ma croix sur ma poitrine, cette croix qui est celle de mes voeux, et je l’ai posée sur la poitrine de l’agonisant, en disant à Notre Seigneur : « Jésus, que Votre regard rempli d’amour se pose sur cette âme, comme il s’est posé sur l’holocauste que je fis le jour de mes voeux éternels ! Je vous en supplie par la force de la promesse que Vous m’avez faite envers les agonisants qui invoqueront Votre miséricorde pour eux. » L’agonisant cessa de souffrir et mourut en paix. Oh ! Profitons de la miséricorde divine tant qu’il en est encore temps ! Demandons-Lui de nous prendre en pitié !




1035 Je me rends de mieux en mieux compte à quel point chaque âme éprouve le besoin de la miséricorde divine, toute sa vie durant, mais particulièrement à l’heure de la mort. Le chapelet en question anéantit la colère de Dieu ainsi qu’il me l’a dit Lui-même.




1036 Je me trouve si faible que, si ce n’était la Sainte Communion, je tomberais continuellement. Une seule chose me donne la force : la Sainte Communion. D’elle, je tire mes forces. En elle je trouve tout mon réconfort. J’appréhende la vie, les jours où je serais privée de la Sainte Communion. J’ai peur de moi-même. Jésus caché dans l’hostie me tient lieu de tout. Du tabernacle je tire forces, pouvoir, courage, lumière. Là, dans les moments de tourment, je cherche l’apaisement. Je ne saurais rendre gloire à Dieu, si je n’avais l’Eucharistie dans le coeur.




1037 Pologne, ma chère Patrie, si tu savais combien d’offrandes et de prières j’adresse à Dieu en ton nom ! Prends bien garde de rendre gloire à Dieu, qui t’élève et te distingue. Mais sache être reconnaissante !




1038 Je ressens une terrible douleur à la vue des souffrances de mon prochain. Toutes ses souffrances se répercutent dans mon coeur. Je porte aussi ses tourments, au point que cela m’anéantit physiquement. Afin de soulager mon prochain, je voudrais que toutes ses douleurs retombent sur moi.




1039 Au sein de plus terribles tourments, je regarde vers Vous, ô mon Dieu, et quoique l’orage s’amasse sur ma tête, je sais pourtant que le soleil ne saurait s’éteindre. De même, la perversité des créatures ne m’étonne pas et j’accepte à l’avance tous les événements. Mes lèvres se taisent, alors que mes oreilles sont saturées de railleries. Je m’efforce au calme du coeur, au milieu des plus grandes souffrances, et je me protège de tous les traits, par le bouclier de Votre nom.




1040 L’ardent désir de ce jour de Fête embrasse mon âme toute entière. Je ne ressens quelque soulagement que lorsque je fais de ferventes prières pour hâter cette Fête. J’ai entrepris une neuvaine à l’intention de certains prêtres, afin que Dieu leur accorde lumière et inspiration, afin qu’ils s’efforcent de promouvoir cette Fête et que l’Esprit de Dieu inspire le Saint Père dans toute cette affaire.

Cette neuvaine consiste en une heure d’adoration devant le Très Saint Sacrement. J’ai imploré Dieu avec ferveur de hâter cette Fête. J’ai prié le Saint Esprit d’inspirer certaines personnes dans cette affaire. Cette neuvaine sera terminée le jeudi Saint.




1041 23 mars 1937. C’est aujourd’hui le septième jour de la neuvaine. J’ai reçu une grande grâce incompréhensible : Jésus Miséricordieux m’a fait la promesse que je serais présente à la célébration de cette Fête solennelle.




1042 Ce Mardi Saint 23 mars, est un jour où Dieu m’accorda bien des grâces.




1043 Tout à coup, je fus envahie par la présence de Dieu, et je me vis simultanément, dans la Chapelle du Saint Père, et en même temps dans notre chapelle. La célébration du Saint Père et de toute l’Eglise était étroitement liée à celle de notre Chapelle, et tout particulièrement à notre Congrégation. Je prenais donc part simultanément à la Fête solennelle à Rome, et chez nous, puisque cette solennité était étroitement liée à celle de Rome. Malgré ce que j’écris ici, je ne peux les différentier, mais seulement en parler comme c’est, c’est-à-dire comme je les ai vues. J’ai vu que dans notre Chapelle, Notre Seigneur Jésus était exposé dans l’ostensoir, sur le Maître-Autel. La Chapelle était parée comme pour les grandes cérémonies et ce jour-là, tout le monde pouvait y pénétrer, si on le désirait. La foule était si dense. La foule était si dense que je ne pouvais la parcourir des yeux. Tous ceux qui prenaient part à cette cérémonie étaient animés d’une grande joie et beaucoup d’entre eux obtinrent ce qu’ils désiraient.



Cette même cérémonie avait lieu à Rome dans un beau sanctuaire et le Saint Père, en compagnie de tout le clergé célébrait cette cérémonie. Tout à coup, j’aperçus Saint Pierre qui se tenait entre l’Autel et le Saint Père. Ce qu’a dit Saint Pierre, je n’ai pu l’entendre. Mais je sais que le Saint Père comprenait son langage.




1044 Sur ce, quelques ecclésiastiques que je ne connaissais pas, commencèrent à m’examiner et à m’humilier, ou plutôt à critiquer ce que j’avais écrit. Cependant je vis Jésus Lui-même prendre ma défense et leur donner à comprendre ce qu’ils ne savaient pas.




1045 Puis, tout à coup, j’ai vu sortir de la Sainte Hostie ces deux rayons de lumière (tels qu’ils sont peints sur ce tableau) qui se répandirent sur le monde entier. Ce ne fut qu’un moment, mais cela me sembla durer toute la journée. Notre Chapelle fut surpeuplée et toute cette journée fut remplie de joie.




1046 Ensuite, j’ai vu sur notre Autel Notre Seigneur Jésus vivant, (sous le même aspect qu’Il a sur le tableau). J’ai cependant senti que ni les Soeurs ni tous ces gens n’avaient vu Notre Seigneur Jésus, tel que je le vis. Jésus contempla avec grande bienveillance et allégresse le Saint Père, certains prêtres et tout le clergé, le peuple et notre Congrégation.




1047 Je fus ensuite transportée à proximité de Jésus et je me tins debout sur l’Autel à coté de Notre Seigneur. Quant à mon âme, elle fut remplie d’un immense bonheur que je ne suis pas en état de concevoir ni de décrire. Une paix profonde ainsi que la quiétude submergèrent mon âme. Jésus se pencha vers moi et me demanda avec bienveillance : « Que désires-tu, Ma fille ? » - Je répondis : « Je désire gloire et vénération à Votre Miséricorde. » - « Je reçois déjà toute vénération en instituant et célébrant cette Fête. Que désires-tu encore ? » Alors j’ai regardé cette immense foule qui rendait hommage à la Miséricorde divine et j’ai dit au Seigneur Jésus : « Bénissez tous ceux qui sont réunis pour Vous vénérer, pour vénérer Votre infinie Miséricorde ! » Jésus traça de la main le signe de la Sainte Croix. Cette bénédiction se réfléchit sur les âmes comme un trait de lumière.



Mon âme s’absorba dans Son amour, je sentis qu’elle s’était comme fondue en Dieu et avais disparu en Lui. Quand je revins à moi, une paix profonde emplissait mon âme. Et une étrange compréhension de bien des choses se communiqua à mon esprit, compréhension qui, auparavant, m’était refusée.




1048 Je suis immensément heureuse, bien que je sois la dernière des derniers. Et je ne voudrais, en aucun cas, modifier quoi que ce soit à ce que Dieu m’a donné. Même avec un Séraphin, je ne voudrais faire échange de la façon dont Dieu se fait connaître, Lui-même, intérieurement à moi. Mon intime union avec Dieu est telle qu’aucune créature ne peut le concevoir, et en particulier lorsque les profondeurs de Sa Miséricorde s’emparent de moi. Je suis heureuse de tout ce que Vous me donnez, Seigneur.




1049 24 mars 1937. Mercredi Saint. Mon coeur languit de Dieu, je désire m’unir à Lui. Une légère crainte perce en mon âme et, en même temps, une sorte de flambée d’amour embrase mon coeur. Amour et souffrance cohabitent en mon coeur.




1050 Je ressens une grande souffrance en mon corps, mais je sens que Dieu me soutient, sinon, je ne pourrais la supporter.




1051 Ô mon Jésus, je vous implore pour l’Eglise entière, faites-lui partager l’amour et la lumière de Votre Esprit. Donnez force aux paroles des prêtres, afin que les coeurs endurcis se repentent et reviennent à Vous. Seigneur, donnez-nous de saints prêtres ! Vous-même, gardez-les en sainteté, ô Divin Grand Prêtre ! Que la force de Votre Miséricorde les accompagne partout ! Protégez-les des embûches et des pièges diaboliques, qui menacent sans cesse les âmes des prêtres ! Que la force de Votre Miséricorde, ô Seigneur, réduise et détruise tout ce qui pourrait ternir la sainteté des prêtres, car tout est en votre pouvoir !




1052 25 mars 1937. Jeudi Saint. Durant la Sainte Messe j’ai vu le Seigneur qui m’a dit : « Mets ta tête sur Ma poitrine et repose-toi ! » Le Seigneur m’a étreinte sur son Coeur et m’a dit : « Je vais te donner une parcelle de Ma Passion, Mais n’aie pas peur ! Sois vaillante, ne cherche pas de soulagement ! Accepte tout, en t’abandonnant à Ma volonté ! »




1053 Lorsque Jésus prit congé de moi, une si grande douleur m’étreignit l’âme, qu’il m’est impossible de l’exprimer. Les forces physiques m’abandonnèrent. Je suis alors vite sortie de la Chapelle et me suis mise au lit. Je perdis la notion de ce qui se passait autour de moi. Mon âme soupirait après le Seigneur, et toute l’amertume de Son Coeur Divin se communiquait à moi. Cela dura trois heures environ. J’ai prié le Seigneur qu’Il m’abrite des regards de l’entourage. Malgré mon désir, je n’ai pu m’alimenter de toute la journée jusqu'à ce que le soir soit venu.



Je désirais ardemment passer toute la nuit dans le cachot avec Notre Seigneur Jésus. J’ai prié jusqu’à onze heures. A onze heures le Seigneur m’a dit : « Va t’allonger et prendre du repos ! Je t’ai fait subir trois heures ce que J’ai souffert toute une nuit. » Et je me suis immédiatement mise au lit.



Je n’avais plus aucune force physique, la torture m’ayant laissée complètement sans forces. Pendant tout ce temps, je fus comme évanouie. Chaque frémissement du Coeur de Jésus se répercutait dans mon coeur et transperçait mon âme. Si ces tortures m’avaient concerné seule, j’aurais moins souffert. Mais contemplant Celui que j’aimais de tout mon coeur, et voyant qu’Il souffrait et que je ne pouvais en rien alléger Ses souffrances, mon coeur se dissolvait dans l’amour et l’amertume. J’agonisais avec Lui, mais je ne pouvais trépasser. Je n’échangerais pas ce martyre pour toutes les jouissances du monde entier. Au cours de cette souffrance, mon amour s’accrût de façon inconcevable. Je sais que le Seigneur m’a soutenue de Sa Toute-Puissance, car autrement, je n’aurais pas pu tenir un seul instant. J’ai subi tous les tourments en même temps que Lui et de façon particulière. Le monde ignore tout ce que Jésus a souffert.

Je L’ai accompagné, tant au Jardin qu’au cachot, et devant les juges. J’étais avec Lui dans chacun de Ses tourments. Pas un de Ses mouvements, pas un de ses regards ne put m’échapper. J’ai connu la Toute-Puissance de Son Amour et de sa Miséricorde envers les âmes.




1054 26 mars 1937. Vendredi. Dès le matin, j’ai ressenti la Passion en mon corps : les cinq Plaies du Christ. Cette souffrance dura jusqu’à trois heures. Quoiqu’extérieurement il n’y ait aucune trace, ces souffrances sont pourtant douloureuses. Je me réjouis de ce que Jésus me tienne à l’abri des regards humains.




1055 A onze heures, Jésus m’a dit : « Mon hostie, tu es un doux soulagement pour Mon Coeur torturé ! » J’ai cru après ces paroles que mon coeur allait brûler. Il le donna une si étroite union avec Lui que mon coeur épousa Son Coeur avec amour et que je ressentais Ses plus légères palpitations et Lui les miennes. Le feu de mon amour, une fois créé, fut réuni au feu éternel de Son Amour. Cette grâce, par son immensité, dépasse toutes les autres. Sa qualité de Trinité m’envahit toute et je suis entièrement plongée en Lui. Cette Toute-Puissance immortelle fortifie quelque peu ma petitesse. Je suis plongée en un inconcevable amour et, du fait de Son martyre, un inconcevable supplice. Tout ce qui touche à Son Essence se communique à moi.




1056 Jésus m’avait fait connaître et pressentir cette grâce, mais aujourd’hui Il me l’a accordée. Je n’aurais osé rêver de cette grâce. Mon coeur est comme une perpétuelle extase, quoique extérieurement, rien ne m’empêche de fréquenter mon prochain ni de vaquer à mes occupations. Rien ne saurait avoir de le pouvoir d’interrompre mon extase. Personne n’est en état de la soupçonner, car j’ai prié Dieu de bien vouloir m’abriter des regards humains. A la suite de cette grâce, une mer de lumière de connaissance de Dieu et de moi-même pénétra dans mon âme. L’étonnement m’envahit toute et pénétra dans mon âme et m’amena comme à une nouvelle extase, suscitée par le fait que Dieu ait daigné s’abaisser jusqu’à moi, si petite.




1057 A trois heures, j’ai prié en croix pour le monde entier. Jésus vient de terminer Sa vie temporelle. J’ai entendu ces sept paroles. Puis Il me regarda et dit : « Bien-aimée fille de Mon Coeur, tu M’es un doux soulagement parmi de terribles souffrances. »




1058 Jésus m’ordonne de faire une neuvaine, avant la Fête de la Miséricorde, pour la conversion du monde entier et la propagation de la Miséricorde divine et je dois la commencer aujourd’hui. « Je désire que chaque âme glorifie Ma bonté ». dit-Il. – Je désire avoir la confiance de Mes créatures. Exhorte les âmes à une grande confiance, en l’abîme de Ma Miséricorde. Que l’âme faible et pécheresse ne craigne pas de s’approcher de Moi, car même si elle comptait plus de péchés qu’il n’y a de grains de sable sur terre, tout sombrera dans le gouffre de Ma miséricorde. »




1059 Lorsque Jésus rendit le dernier soupir, mon âme fut broyée par la douleur, et durant un long moment, je ne pus revenir à moi. Je trouvai dans les larmes une sorte de soulagement. Celui que chérissait mon coeur avait expiré. Qui peut concevoir ma douleur ?




1060 Dans la soirée, j’ai entendu des chants à la radio, des Psaumes chantés par des prêtres. Je fondis en larmes. Toute ma douleur se renouvela dans mon âme et j’ai pleuré douloureusement, sans pouvoir trouver d’apaisement. J’entendis alors une voix dans mon âme : « Ne pleure pas. Je ne souffre plus. Pour la fidélité avec laquelle tu M’as accompagné, dans les supplices et dans la mort, ta propre mort sera solennelle ; et Je t’accompagnerai en cette heure dernière. Parle, chérie de Mon Coeur ! Je vois ton amour si pur. Fortifié par la lutte que tu mènes, il surpasse l’amour des anges. A cause de toi, Je bénis le monde. Je vois tes efforts, tendus vers Moi et ils Me ravissent le Coeur. »



Après paroles, je cessai de pleurer. Mais je remerciai le Père des Cieux de nous avoir envoyé Son Fils et d’avoir ainsi permis le rachat du genre humain.




1061 J’ai entrepris une heure d’adoration et de reconnaissance pour toutes les grâces qui me furent octroyées et pour l’épreuve de ma maladie. Celle-ci étant également. J’ai été malade quatre mois durant, mais je ne me souviens pas d’avoir perdu une seule minute : tout fut pour Dieu et pour les âmes. En toutes circonstances je désire Lui être fidèle.

Pendant cette adoration, j’ai compris avec quelle vigilance et quelle bonté Jésus m’entourait et me défendait de tout mal. Merci Jésus, tout particulièrement de m’avoir visitée dans ma solitude. Je vous remercie d’avoir inspiré à mes Supérieures de m’envoyer faire cette cure. Communiquez-leur, Jésus, la Toute puissance de Votre bénédiction, et compensez toutes les dépenses encourues à cause de moi.




1062 Aujourd’hui, Jésus m’ordonne de consoler et de calmer certaine âme qui s’est ouverte à moi et m’a conté ses peines. Cette âme est agréable au Seigneur, mais elle-même n’en sait rien. Dieu la tient en grande humilité. J’ai rempli les directives du Seigneur.




1063 Ô mon doux Maître, Bon Jésus, je Vous abandonne mon coeur, afin que Vous le formiez et le façonniez à Votre guise. Ô amour insondable, je penche le calice de mon coeur devant Vous, tel un bouton de rose sous la rosée. Vous seul, mon Bien-aimé, connaissez le parfum de cette fleur qu’est mon coeur. Que la senteur de mon offrande Vous soit donc agréable, Dieu immortel, délices éternels. Déjà, sur cette terre, Vous m’êtes le Ciel. Que chaque battement de mon coeur soit un nouvel hymne d’adoration envers Vous, ô Sainte Trinité ! Si je disposais d’autant de coeurs qu’il y a de gouttes d’eau dans l’océan et de grains de sable sur le globe terrestre, je Vous les offrirais tous, ô mon Amour, Trésor de mon coeur. Je désire amener à Vous aimer tous ceux à qui j’aurai affaire dans la vie, quels qu’ils soient. Ô mon Jésus, vous êtes toute Beauté, mon Reposoir. Ô mon unique Maître, Juge, Sauveur et Epoux en même temps – je sais que chacun de ces titres va nuancer l’autre – j’ai tout placé en Votre Miséricorde.




1064 Mon Jésus, soutenez-moi, lorsque viendront les jours sombres et difficiles, les jours de souffrances et d’épreuves lorsque la souffrance et la lassitude commenceront à écraser mon corps et mon âme ! Soutenez-moi, Jésus, donnez-moi la force de supporter la souffrance ! Veillez sur ma bouche, afin qu’il n’en sorte aucun mot de plainte adressé aux créatures ! Tout mon espoir réside en Votre Coeur très miséricordieux. Je n’ai rien pour ma défense si ce n’est votre Miséricorde. Je me fie à elle.




1065 27 mars 1937. Aujourd’hui je reviens de l’hôpital de Pradnik après quatre mois de traitement. Et je remercie. Et je remercie Dieu de tout cela. J’ai profité de chaque instant pour glorifier Dieu. Lorsque j’ai été un moment à la Chapelle, j’ai su combien je vais devoir souffrir et lutter dans toute cette affaire. Ô Jésus ma force, Vous seul pouvez m’aider, fortifiez-moi !




1066 28 mars. Résurrection. Pendant la célébration, j’ai vu le Seigneur rayonnant de gloire qui m’a dit : « Ma fille, la paix soit avec toi ! » Il me bénit et disparut et mon âme s’est emplie d’une joie indescriptible. Mon coeur s’est fortifié pour la lutte et les souffrances.




1067 Aujourd’hui j’ai conversé avec le Père qui m’a recommandé une grande prudence, en ce qui concerne les brusques apparitions de Notre Seigneur Jésus. Pendant qu’il me parlait de la Miséricorde divine j’ai ressenti dans mon coeur une sorte de force, de pouvoir. Mon Dieu, je désire tant me confesser de tout et je ne le peux pas ! Le Père m’a dit que le Seigneur Jésus est très généreux pour se communiquer aux âmes ; et que pourtant d’un autre côté Il serait comme avare, « Et quoique Dieu soit toute générosité, me dit le Père, soyez malgré tout prudente, car ces soudaines apparitions éveillent la suspicion (quoique personnellement je ne vois ici rien de mal, ni quoi que ce soit en contradiction avec la foi). Soyez un plus prudente et quand la Mère Supérieure arrivera, vous pourrez parler de cette affaire ! »




1068

29 mars 1937.

Durant la méditation de ce jour, j’ai vu Notre Seigneur rayonnant de beauté. Il me dit : « La paix soit avec toi, Ma fille ! ». Mon âme se mit à trembler d’amour pour Lui et je Lui dis : « Ô Seigneur, quoique je Vous aime de tout mon coeur, je Vous prie de ne plus m’apparaître car mon directeur de conscience m’a dit que Vos brusques apparitions éveillaient la suspicion, que peut-être Vous seriez un leurre ! Et bien que je Vous aime plus que ma vie, et que je sache que c’est Vous, le Seigneur mon Dieu qui me visitez, avant tout, je dois obéir à mon confesseur. » Jésus écouta mes paroles avec gravité et bienveillance et me dit exactement ceci : « Dis à ton confesseur que si je suis sur ce pied d’intimité avec ton âme c’est parce que tu ne voles pas Mes bienfaits ! C’est pourquoi Je déverse toutes mes grâces sur elle. Car Je sais que tu ne les accapareras pas pour toi. Mais pour marquer que sa prudence m’est agréable, tu ne me verras plus et Je ne me montrerai plus à toi de cette façon, jusqu’à ce que tu te rendes compte de ce que Je viens de te dire. »




1069 2 avril 1937. Ce matin, pendant la Sainte Messe, j’ai entendu ces paroles : « Dis à la mère Supérieure que Je désire que l’adoration se fasse ici, afin d’implorer Miséricorde pour le monde entier. »




1070 Ô mon Jésus, Vous seul, vous savez par quelles transes passe mon coeur ! Ô Vous qui êtes ma force, Vous pouvez tout ! Et quoique je m’expose à de grandes souffrances, je Vous resterai toujours fidèle, car je suis soutenue par Votre grâce particulière.




1071 3 avril 1937.. Aujourd’hui, le Seigneur m’a dit : « Va dire à Monsieur l’abbé que je désire que durant la fête de Ma Miséricorde soit fait un sermon sur cette insondable Miséricorde ! » J’ai rempli le souhait de Dieu, cependant, ce prêtre ne voulut pas reconnaître le langage du Seigneur. Quand je fus revenue de la confession, j’entendis ces mots : « Fais ce que Je t’ordonne et sois tranquille. C’est une affaire entre lui et Moi. Tu ne répondras pas de cela. »




1072

4 avril 1937. Le dimanche de Quasimodo, c’est-à-dire le jour de la Fête de la Miséricorde.

Le matin, après la Sainte Communion, mon âme est demeurée plongée en la Divinité. J’étais unie aux Trois Personnes Divines, de telle façon qu’étant unie à Jésus, je l’étais en même temps, au Père et au Saint-Esprit. Mon âme s’est plongée dans une joie inconcevable. Le Seigneur me fit connaître toute l’immensité de la profondeur de Son insondable Miséricorde. Oh ! Si les âmes voulaient comprendre combien Dieu les chérit. Toutes les comparaisons, même les plus tendres et les plus fortes, ne sont que de pâles reflets, comparés à la réalité.

Ainsi unie au Seigneur, j’ai appris que bien des âmes adoraient cette Miséricorde de Dieu.




1073 Me rendant à l’adoration, j’ai entendu ces mots : « Ma fille chérie écris, aujourd’hui, Mon Coeur s’est reposé dans ce couvent ! Proclame dans le monde Ma Miséricorde et mon Amour ! Les flammes de la Miséricorde Me brûlent. Je voudrais les déverser sur les âmes. Oh ! Quelle douleur elles me causent, quand elles ne veulent pas les recevoir.

Fais ce qui est en ton pouvoir, Ma fille, pour étendre le culte de Ma Miséricorde ! Je compenserai tes manques. Dis à l’humanité douloureuse de se blottir dans Mon Coeur Miséricordieux et Je la comblerai de paix.

Proclame, Ma fille, que Je suis l’Amour et la Miséricorde même ! Quand l’âme s’approche de Moi avec confiance, Je la comble de tant de grâces qu’elle ne peut les contenir toutes et qu’elle les projette sur d’autres âmes.




1074 Je protégerai leur vie durant, comme une tendre mère son nourrisson, les âmes qui propageront la vénération de Ma miséricorde. A l’heure de la mort Je ne serai pas pour elles un Juge, mais le Sauveur Miséricordieux.

Lorsqu’arrive sa dernière heure, l’âme n’a plus rien pour sa défense que Ma Miséricorde. Heureuse l’âme qui, sa vie durant, puisait à la source de la Miséricorde, car la Justice ne l’atteindra pas.




1075 Ecris : Tout ce qui existe est enfoui au coeur de Ma Miséricorde, plus profondément que l’enfant dans le sein de sa mère. Que l’incrédulité en Ma Bonté Me blesse douloureusement ! Ce sont les péchés de méfiance qui Me blessent le plus douloureusement. »




1076 Durant la Sainte Messe, la Soeur Maîtresse des novices a joué un chant ravissant qui avait pour sujet la Miséricorde de Dieu. J’ai alors demandé au Seigneur qu’Il lui fasse connaître plus profondément l’abîme de cette inconcevable Miséricorde.




1077 Quand j’ai pris congé du Seigneur, avant d’aller me reposer, j’ai entendu ces mots : « Hostie agréable à Mon Coeur, à cause de toi, Je bénis la terre ! »




1078 7 avril 1937. Lorsqu’aujourd’hui, une certaine personne est entrée dans la Chapelle, j’ai tout à coup ressenti une terrible douleur, aux bras, aux jambes, au côté, tout comme Jésus au supplice. Cela n’a duré qu’un moment mais, à cela, je reconnais qu’une âme n’est pas en état de grâce.




1079 À un certain moment, j’ai vu le Saint Père réfléchissant à cette affaire.




1080 10 avril 1937. Aujourd’hui, la Mère Supérieure m’a donné à lire un article sur la Miséricorde Divine, où figurait également une reproduction de ce tableau qui est peint. Cet article a paru dans le « Tygodnik » de Wilno et nous a été envoyé à Cracovie, par l’Abbé Sopocko, fervent apôtre de la Miséricorde de Dieu. Dans cet article sont citées les paroles que Notre Seigneur Jésus m’a dites, certaines expressions sont reproduites à la lettre.




1081 Lorsque j’ai pris en main cet hebdomadaire un trait d’amour m’a transpercé le coeur : « Sur ton ardent désir, J’ai hâté la fête de la Miséricorde. »

Mon âme s’enflamma d’un amour si ardent qu’il me semblait me dissoudre en Dieu.




1082 Cette belle âme qui répand l’oeuvre de la Miséricorde Divine de par le monde, est très agréable à Dieu par sa profonde humilité.




1083 Bien avant chaque grande grâce, mon âme est soumise à une épreuve de patience, car je pressens cette grâce, mais ne la possède pas encore. Mon âme brûle d’impatience, mais l’heure n’est pas venue. Ces moments sont si étranges qu’il est difficile de les décrire.




1084 13 avril 1937. Aujourd’hui il me faut garder le lit toute la journée. Une toux brusque m’a terrassée, et m’a tant affaiblie que je n’ai plus la force de marcher. Mon coeur brûle d’accomplir l’oeuvre de Dieu, mais les forces physiques m’ont abandonnée. Je ne puis en ce moment percer à jour Vos intentions, ô Seigneur ! C’est pourquoi je répète cet acte de volonté amoureuse : « Faites de moi ce qu’Il Vous plaira ! »




1085 Les tentations sont fortes. Tout un flot de doutes s’attaque à mon âme, le découragement est prêt à entrer en jeu. Mais le Seigneur fortifie ma volonté, et sur elle se brisent, comme sur des rochers, toutes les tentations de l’ennemi. Je vois combien Dieu me secourt de ses grâces, ce qui me soutient sans cesse. Je suis très faible et je dois tout à la grâce de Dieu.




1086 Lorsque certains jours, j’ai décidé de m’exercer à pratiquer certaine vertu, je suis tombée dix fois plus souvent, qu’un autre jour, dans l’erreur contraire à cette vertu. Le soir je me suis penchée sur ce problème : Pourquoi aujourd’hui ai-je particulièrement échoué ? Et j’ai entendu ces mots : « Tu as trop compté sur toi et trop peu sur Moi. » Et j’ai compris la cause de mes échecs.




1087

Brusque retour à la santé

Après avoir écrit une lettre à l’Abbé Sopocko, le dimanche onze avril, ma santé s’aggrava tout à coup. Je n’ai pas envoyé cette lettre, mais j’ai attendu que s’exprime clairement la volonté de Dieu. Cependant ma santé s’aggrava à un tel point que je dus me mettre au lit. La toux me torturait de si terrible façon qu’il me sembla que si cela devait se répéter, quelques fois encore, ce serait sûrement la fin.



1088 Le 14 avril, je me sentais si mal que j’ai éprouvé des difficultés à me lever pour aller assister à la Sainte Messe. Je me sentais bien plus malade que lorsqu’on m’envoya en traitement. Je souffrais de forts râles et ronflements dans les poumons, et de bizarres douleurs. Lorsque je reçus la Sainte Communion, je ne sais pourquoi, ou plutôt comme si quelque chose m’y poussait, je commençai à dire la prière suivante : « Jésus, que Votre Sang pur et sain circule dans mon organisme malade ! Que Votre Corps pur et sain transforme mon corps débile ! Que se propage en moi une vie saine et forte, s’il est vrai que Votre sainte volonté est que j’entreprenne l’oeuvre en question et cela me sera la marque expresse de Votre sainte volonté ! »

Après avoir ainsi prié, j’ai ressenti subitement une sorte d’élancement dans tout l’organisme, et je me suis sentie tout à coup complètement rétablie. Ma respiration est aussi normale que si je n’avais jamais été malade des poumons et je ne ressens plus aucune douleur. Ce qui est, pour moi, la preuve que je dois me mettre à l’oeuvre.

Cela se passa le dernier jour de la neuvaine que je faisais au Saint Esprit.




1089 Après ce retour à la santé, je me suis trouvée unie à Notre Seigneur Jésus de façon purement spirituelle. Jésus me donna de fortes assurances, c'est-à-dire qu’Il me confirma Ses exigences. Durant tout le jour, je demeurai dans cette intimité avec Notre Seigneur Jésus et je Lui parlai de détails concernant la nouvelle Congrégation.



Jésus a infusé dans mon âme force et courage pour l’action et je comprends maintenant que le Seigneur, s’Il réclame quelque chose d’une âme, lui donne la possibilité de l’accomplir, et par l’intermédiaire de la grâce la rend capable de cet accomplissement. S’agirait-il donc de l’âme la plus misérable, elle peut sur l’ordre du Seigneur entreprendre des choses qui dépassent son entendement. Et c’est là justement le signe par lequel on peut reconnaître que c’est l’oeuvre du Seigneur, si se révèlent en cette âme ce pouvoir et cette force de Dieu, qui rendent l’âme courageuse et vaillante. En ce qui me concerne, au premier abord, la grandeur du Seigneur m’effraye toujours un peu. Mais par la suite, une paix profonde que rien ne peut troubler, pénètre en mon âme, ainsi que la force intérieure, pour l’accomplissement de ce qu’exige le Seigneur à ce moment-là.




1090 Et j’entendis ces mots : « Va et dis à la Supérieure que tu es en bonne santé. »

Combien de temps serais-je en bonne santé ? Je ne le sais, ni le demande. Je sais seulement que je jouis en ce moment d’une bonne santé. L’avenir ne m’appartient pas. J’ai demandé la santé comme signe de la volonté de Dieu, et non, pour chercher un soulagement à ma souffrance.




1091 16 avril 1937. Aujourd’hui, quand le sentiment de la Majesté de Dieu m’a envahie, mon âme a su que le Seigneur quoique si grand, se complaît dans les âmes pleines d’humilité. Plus l’âme s’abaisse, plus le Seigneur s’approche d’elle avec bienveillance, s’unissant étroitement à elle, l’élevant jusqu’à Son Trône. Heureuse l’âme que le Seigneur Lui-même défend ! J’ai su que seul l’amour a de la valeur, que l’amour est toute grandeur et que rien ne peut égaler un seul acte de pur amour envers Dieu, rien, aucune oeuvre.




1092 Ô Jésus, protégez-moi de Votre miséricorde ! Et de même, jugez-moi avec bienveillance, car sinon, Votre justice peut me perdre, à juste titre !




1093 17 avril. Aujourd’hui, pendant le cours de catéchisme, j’ai été confirmée en la croyance (que je ne comprenais d’ailleurs en mon for intérieur depuis longtemps) qu’une âme aimant Dieu sincèrement, et intimement unie à Lui, bien que vivant extérieurement dans des conditions difficiles, peut vivre pure et intacte au milieu de la corruption. Rien n’a le pouvoir de gêner sa vie intérieure, car l’immense amour de Dieu lui donne la force de lutter. Et d’autre part, Dieu prend particulièrement la défense de l’âme qui L’aime sincèrement et le fait parfois même de façon miraculeuse.




1094 Lorsqu’un jour, Dieu me fit connaître intérieurement que je n’avais jamais perdu l’innocence. Et malgré les divers dangers où je me suis trouvée, Lui-même avait veillé à ce que demeure intacte la virginité de mon âme et de mon coeur. Je passai alors ce jour en ardentes actions de grâces. Je remercie Dieu d’avoir bien voulu me protéger du mal et également d’avoir trouvé grâce à Ses yeux et enfin de condescendre à m’en assurer Lui-même.




1095 Quelques années plus tard, Il voulut bien me le confirmer. A dater de ce moment, je n’ai plus connu aucune révolte des sens contre l’âme. J’ai écrit cela en détail dans un autre journal. A chaque fois que je me souviens de cette inestimable grâce, explose dans mon coeur un nouveau feu d’amour et de gratitude envers Dieu. Et cet amour-là me mène à l’oubli complet de moi-même.




1096 Depuis ce temps-là, je vis sous la protection virginale de Marie qui me garde et m’édifie. Je suis bien tranquille près de Son Coeur Immaculé, car je suis si faible et si inexpérimentée que je me blottis dans son Coeur comme un petit enfant.




1097 Bien que Dieu m’ait confirmée dans cette vertu, pourtant je veille sans cesse et crains jusqu’à ma propre ombre, tellement j’ai pris Dieu en affection.




1098 Cette grâce divine ne m’a été donnée que parce que j’étais le plus faible des êtres humains, et c’est pourquoi Dieu m’entoura de Sa particulière et toute puissante Miséricorde.




1099 24 avril. A l’avance, je sens s’annoncer chacune des grandes grâces. Une étrange langueur et un étrange désir de Dieu m’envahissent. Je suis en attente de cette grâce, plus elle est grande, plus grand est le pressentiment, et plus forte, la querelle avec l’adversaire de mon salut.



Parfois mon âme se trouve dans un état que je ne peux évoquer qu’en utilisant une comparaison : ce sont deux bons amis, l’un d’eux prépare un grand festin auquel il invite son ami. L’un et l’autre se réjouissent, mais l’heure du festin est fixée. Les moments qui précèdent la grâce, sont si pressants qu’il m’est difficile de les décrire. Ils sont caractérisés par une pénible langueur et un feu d’amour. Je sens que le Seigneur est là, mais je ne peux complètement m’abîmer en Lui, car ce n’est pas encore l’heure. Dans un tel moment, je me suis trouvée plus d’une fois tout à fait démunie de grâces tant d’esprit et de volonté que de coeur. Je demeure toute seule et j’attends l’Unique Dieu. C’est Lui- même qui arrange cela en moi avant Son arrivée.




1100 23 avril 1937. Aujourd’hui j’ai commencé trois jours de retraite.

Le soir, j’ai entendu dans mon âme ces paroles : « Ma fille, sache bien que c’est à toi que Je parle tout particulièrement par l’intermédiaire de ce prêtre afin que tu ne doutes pas de ce que Je requiers ! » Dès la première méditation, les paroles de ce prêtre à propos de mon âme m’avaient frappée. C’étaient les paroles suivantes : « Il m’est interdit de contrecarrer tant la volonté de Dieu que Sa complaisance, quelles qu’elles soient. Puisque je me suis convaincue de la vérité et de l’authenticité de la volonté de Dieu sur moi, j’ai le devoir de l’accomplir, personne ne peut me libérer de ce devoir.

Quelle que soit cette volonté de Dieu, du moment que j’en ai connaissance, je dois la remplir. » C’est là un petit aperçu, mais toute cette méditation m’a pénétré l’âme et je n’ai aucun doute, je sais ce que Dieu exige de moi et qu’il me faut accomplir.




1101 Il y a au cours de la vie des moments où l’on prend conscience de soi-même, c'est-à-dire de ces moments qui baignent dans la lumière de Dieu, où l’âme se trouve alors intérieurement instruite de choses qu’elle n’a lues dans aucun livre ; et personne parmi les hommes n’a pu l’en instruire. Ce sont là des moments d’approfondissement de soi-même, que Dieu accorde à l’âme. Ce sont là de grands secrets… Souvent j’obtiens la lumière, la possibilité de connaître la vie et l’humeur intime de Dieu : cela m’emplit d’une indicible confiance et d’une joie que je ne puis contenir en moi. Je désire alors me fondre toute en Lui…




1102 La quintessence de l’amour est le sacrifice et la souffrance. La vérité porte une couronne d’épines… La prière procède de la raison, de la volonté et du sentiment.




1103 Il y eut aujourd’hui un bien bel enseignement à propos de la bonté et de la miséricorde de Dieu ! Durant cette conférence, mon âme éprouva l’amour de Dieu et comprit que le langage de Dieu est vivant.




1104 Ma principale résolution est toujours la même : m’unir au Christ miséricordieux et garder le silence

La fleur que je dépose aux pieds de Notre Dame, en ce mois de mai, c’est m’exercer au silence.




1105 La vertu qui n’est pas prudente, n’est pas vertu. Nous devrions prier souvent le Saint-Esprit de nous accorder la grâce d’être réservé et prudent. La prudence est formée d’une prise en considération, d’une réflexion raisonnable et d’une ferme résolution. La décision définitive nous revient toujours en dernier lieu. Il nous faut décider, donc nous pouvons et devons demander conseil et chercher la lumière…




1106 Aujourd’hui durant la méditation, Dieu m’a donné la lumière intérieure et la compréhension de ce qu’est la sainteté et en quoi elle consiste. Quoique j’aie entendu ces choses bien des fois, pendant les conférences, l’âme les comprend différemment, lorsqu’elle en a connaissance à la lumière de Dieu qui alors l’illumine.

Ce ne sont ni les grâces, ni les apparitions, ni les ravissements,ni aucun don accordé qui mèneront mon âme à la perfection, mais son intime union avec Dieu. Ces dons ne sont que des ornements de l’âme, ils ne constituent ni l’essentiel, ni la perfection. Sainteté et perfection résident pour moi, en une étroite union de ma volonté avec celle de Dieu. Dieu ne fait jamais violence à notre libre arbitre. Il dépend de nous, d’accepter ou non, la grâce divine, de nous dépend de collaborer avec elle ou de la laisser se perdre.



Durant la dernière soirée d’étude, qui était une préparation au renouvellement de nos voeux, le Père parla du bonheur qui résulte de trois voeux, et de la récompense accordée à ceux qui les auront fidèlement observés. Or, tout à coup, mon âme se trouva précipitée dans de très grandes ténèbres intérieures. Au lieu de joie, mon âme s’emplit d’amertume et je ressentis dans mon coeur une violente douleur. Je me suis sentie si misérable et si indigne de cette grâce ! Ayant le sentiment de cette misère et de cette indignité, je n’oserais tomber pour les baiser aux pieds de la benjamine des postulantes. Je les voyais en mon âme, ces postulantes, belles et agréables à Dieu, et je me voyais, moi, dans un gouffre de misère.

Après la conférence, je me suis jetée aux pieds de Dieu, toute abîmée dans la douleur et les larmes. Je me suis plongée dans la mer de l’infinie miséricorde divine et ce n’est que là que j’ai connu quelque soulagement et que j’ai senti Sa Toute-Puissante miséricorde m’envahir.




1108 30. Ce jour est celui du Renouvellement des Voeux. Dès le réveil la présence de Dieu m’a envahie et je me suis sentie l’enfant de Dieu. L’amour divin s’est déversé dans mon âme. Dieu m’a fait reconnaître combien tout dépend de Sa volonté. Puis il m’a dit : « Je désire accorder une indulgence plénière aux âmes qui iront se confesser et communieront en cette Fête de la Miséricorde… Ma fille, ne crains rien, Je suis toujours avec toi, bien qu’il te semble parfois que Je n’y sois pas. Ton humilité M’attire des hauteurs de Mon Trône et Je m’unis étroitement à toi. »



29 avril 1937. Le Seigneur m’a donné connaissance des querelles qui eurent lieu au Vatican à propos de cette Fête ; le Cardinal Pacelli y a beaucoup travaillé.




1110 Aujourd’hui donc, nous renouvelons nos voeux et nous prêtons serment au cours d’une grande cérémonie. Lorsque les Soeurs prononcèrent les voeux, j’entendis un chant céleste : « Saint, Saint, Saint, » en différents tons et dont aucune langue humaine ne saurait exprimer la grâce.




1111 Cet après-midi, j’ai conversé avec ma chère Mère Marie-Josèphe, Maîtresse des novices. Nous avons fait un tour de jardin, et j’ai parlé avec elle quoique assez superficiellement. Elle est demeurée cette même chère Soeur Maîtresse des novices, quoiqu’elle ne le soit plus vraiment, puisqu’elle est maintenant notre Supérieure. Et voici dix ans que j’ai prononcé mes voeux. L’âme qui est entrée dans les ordres ne peux vivre sans porter la Croix » m’a-t-elle dit. Puis ensuite elle me dévoila certaines souffrances par lesquelles je suis passée à Varsovie, bien que je ne lui en aie jamais parlé. Toutes les grâces que je reçus durant mon noviciat furent alors présentées aux yeux de mon âme. Oh ! Quelle reconnaissance j’ai envers elle ! Lorsque mon âme était plongée dans les ténèbres et qu’il me semblait être damnée, c’est elle qui me tira du précipice à force d’obéissance.




1112 Souvent mon âme est troublée par la souffrance et aucun être humain ne peut comprendre ce tourment.



1113

Premier mai 1937.


Faustine journal 1024