1998 Formation des Diacres




CONGREGATION POUR L'EDUCATION CATHOLIQUE


RATIO FUNDAMENTALIS INSTITUTIONIS

DIACONORUM PERMANENTIUM



NORMES FONDAMENTALES

POUR LA FORMATION DES DIACRES PERMANENTS


INTRODUCTION

1

1. Les itinéraires de la formation

Les premières indications sur la formation des diacres permanents furent données par la Lettre apostolique Sacrum diaconatus ordinem.(1)

(1) Cf. Paul VI, Lett. ap. Sacrum diaconatus ordinem (18 juin 1967): AAS 59 (1967), pp. 697-704. Au chapitre II, consacré aux jeune candidats, la Lettre apostolique prescrit: " 6. Les jeunes candidats au diaconat seront accueillis dans un institut spécial ou ils seront éprouvés, formés à une vie vraiment évangélique et préparés à exercer d'une façon fructueuse leurs fonctions spécifiques. 9. La formation diaconale proprement dite durera au moins trois ans. Le programme des études sera établi de telle façon que les candidats soient méthodiquement et progressivement préparés à exercer d'une façon experte et fructueuse les différents offices du diacre. L'ensemble du cycle des études pourra être ordonné de telle sorte que soit donnée au cours de la dernière année une préparation spécifique correspondant aux diverses fonctions que les diacres, de préférence, exerceront. 10. A cela viennent s'ajouter les exercices pratiques concernant l'enseignement des éléments de la religion chrétienne aux enfants et aux autres fidèles, la divulgation et la direction du chant sacré, la lecture des livres de la Sainte Ecriture dans les assemblées des fidèles, la prédication et l'exhortation au peuple, l'administration des sacrements qui reviennent au diacre, la visite des malades et, en général, l'accomplissement des services qui peuvent leur être demandés ". Au chapitre III, consacré aux candidats d'âge plus mûr, la même Lettre apostolique prescrit: " 14. Il est souhaitable que ces diacres aient des connaissances doctrinales non négligeables, conformément à ce qui a été dit à ce sujet aux nn. 8, 9, 10, et qu'au moins ils soient capables de recevoir la préparation intellectuelle qui, au jugement des conférences épiscopales, leur sera indispensable pour accomplir leurs fonctions spécifiques. Ils devront donc être admis pendant un certain temps dans un institut spécial ou ils auront la possibilité d'apprendre tout ce dont ils auront besoin pour s'acquitter dignement de leur fonction diaconale. 15. cela ne peut pas se faire, la formation de l'aspirant sera confiée à un prêtre d'éminente vertu qui prendra soin de lui, l'instruira et pourra ainsi témoigner de sa prudence et de sa maturité ".



Celles-ci furent ensuite reprises et précisées dans la Lettre circulaire de la Sacrée Congrégation pour l'Education catholique du 16 juillet 1969, Come è a conoscenza, ou l'on prévoyait " divers types de formation " selon les " divers types de diaconat " (pour célibataires, hommes mariés, " destinés aux lieux de mission ou à des Pays encore en voie de développement ", appelés à " exercer leur fonction dans des Nations d'une certaine civilisation et d'une culture assez élevée "). Pour la formation doctrinale, on spécifiait qu'elle devait être au-dessus de celle d'un simple catéchiste et, de quelque manière, analogue à celle du prêtre. On établissait ensuite la liste des matières qui devaient être prises en considération dans l'élaboration du programme des études.(2)

(2) La Lettre circulaire de la Congrégation indiquait que les cours devaient prendre en considération l'étude de la Sainte Ecriture, du Dogme, de la Morale, du Droit Canonique, de la Liturgie, des " enseignements techniques, qui préparent les candidats à certaines activités du ministère, tels que la psychologie, la pédagogie catéchétique, l'éloquence, le chant sacré, la mise en Oeuvre de l'organisation catholique, l'administration ecclésiastique, la manière de tenir à jour les registres de baptême, de confirmation, des mariages, des décès, etc. ".


Par la suite, la Lettre apostolique Ad pascendum précisa que, " pour tout ce qui regarde le cours des études théologiques devant précéder l'ordination des diacres permanents, il est du devoir des Conférences épiscopales de promulguer, en fonction des circonstances locales, les normes opportunes, et de les soumettres à l'approbation de la Sacrée Congrégation pour l'Education catholique ".(3)

(3) Paul VI, Lett. ap. Ad pascendum (15 août 1972), VII b): AAS 64 (1972), p. 540.


Le nouveau Code de Droit Canonique intègre les éléments essentiels de ces dispositions dans le canon CIC 236.


2 A environ trente ans de distance de ces premières indications, et en possession des apports fournis par les expériences qui ont suivi, on a cru opportun à présent d'élaborer une Ratio fundamentalis institutionis diaconorum permanentium. Celle-ci a pour but de s'offrir comme instrument pour orienter et harmoniser, dans le respect des diversités légitimes, les programmes éducatifs parfois très différents les uns des autres tracés par les Conférences Episcopales et par les diocèses.


2. La référence à une théologie sûre du diaconat


L'efficacité de la formation des diacres permanents dépend en grande partie de la conception théologique du diaconat qui la sous-tend. Celle-ci offre en effet les coordonnées pour déterminer et orienter l'itinéraire de la formation et, en même temps, indique le but vers lequel tendre.
La quasi totale disparition du diaconat permanent dans l'Eglise d'Occident pendant plus d'un millénaire a certainement rendu plus difficile la compréhension de la réalité profonde de ce ministère. On ne peut cependant pas dire pour autant que la théologie du diaconat soit sans aucun point de repère autorisé, à la merci complète des différentes opinions théologiques. Les points de repère existent et sont très claires, même s'ils exigent d'être ultérieurement développés et approfondis. On va en rappeler ci-après quelques uns considérés parmi les plus importants, sans avoir aucunement la prétention d'être exhaustif en la matière.

4 Comme il en est de toute autre identité chrétienne il faut avant tout considérer le diaconat à l'intérieur de l'Eglise, mystère de communion trinitaire et d'élan missionnaire. Il s'agit là d'un élément constitutif dans la définition de l'identité de tout ministre ordonné, même s'il n'est pas prioritaire, en tant que sa pleine vérité consiste en une participation spécifique et en une actualisation du ministère du Christ.(4) C'est pour cela que le diacre reçoit l'imposition des mains et se trouve fortifié d'une grâce sacramentelle spécifique qui l'insère dans le sacrement de l'ordre.(5)

(4) Cf. Jean-Paul II, Exhort. ap. postsynodale Pastores dabo vobis (25 mars 1992),
PDV 12: AAS 84 (1992), pp. 675-676.
(5) Cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 28 LG 29


5 Le diaconat est conféré par une effusion spéciale de l'Esprit (ordination), qui réalise en celui qui la reçoit une configuration spécifique au Christ, Seigneur et serviteur de tous. Dans la Constitution Lumen gentium, LG 29, on précise, en citant un texte des Constitutiones Ecclesiae Aegyptiacae, que l'imposition des mains au diacre n'est pas " ad sacerdotium, sed ad ministerium ",(6) c'est-à-dire, non pour la célébration eucharistique, mais pour le service. Cette indication, tout comme l'avertissement de Saint Polycarpe repris aussi par la Constitution Lumen gentium, LG 29,(7) dégage l'identité théologique propre au diacre: celui-ci, en participant à l'unique ministère ecclésiastique, est dans l'Eglise signe sacramentel spécifique du Christ serviteur. Sa tâche est d'être " l'interprète des nécessités et des désirs des communautés chrétiennes " et " l'animateur du service, c'est-à-dire de la diakonia ",(8) qui est une partie essentielle de la mission de l'Eglise.

(6) Le Pontificale Romanum De Ordinatione Episcopi, Presbyterorum et Diaconorum, Editio typica altera, Typis Polyglottis Vaticanis 1990, p. 101, cite au n. 179 des " Praenotanda ", relatifs à l'ordination des diacres, l'expression " in ministerio Episcopi ordinantur " tirée de la Tradition apostolique, 8 (SCh, 11bis, pp. 58-59), reprise par les Constitutiones Ecclesiae Aegyptiacae III, 2: F. X. Funk (ed.), Didascalia et Constitutiones Apostolorum, II, Paderbornae 1905, p. 103.
(7) " Qu'ils soient miséricordieux, actifs; qu'ils marchent dans la vérité du Seigneur qui s'est fait serviteur de tous " (S. Polycarpe, Epist. ad Philippenses, 5, 2: F. X. Funk (ed.), Patres Apostolici I, Tubingae 1901, pp. 300-302).
(8) Paul VI, Lett. ap. Ad pascendum, Introduction: l. c., pp. 534-538.


6 La matière de l'ordination diaconale est l'imposition des mains de l'Evêque; la forme consiste dans les paroles de la prière d'ordination constituée de l'anamnèse, de l'épiclèse et de l'intercession.(9) L'anamnèse (qui parcourt l'histoire du salut centrée sur le Christ) remonte aux lévites, en rappelant le culte, et aux " sept " des Actes des Apôtres, en rappelant la charité. L'épiclèse invoque la force des sept dons de l'Esprit pour que l'ordinand soit à même d'imiter le Christ comme " diacre ". L'intercession exhorte à une vie généreuse et chaste.

(9) Cf. Pontificale Romanum De Ordinatione Episcopi, Presbyterorum et Diaconorum, n. 207: éd. cit., pp. 115-122.


La forme essentielle pour le sacrement est l'épiclèse, qui consiste dans les paroles suivantes: " Nous Te supplions, Seigneur, répands sur eux l'Esprit Saint, qu'il les fortifie des sept dons de ta grâce, pour qu'ils accomplissent fidèlement l'oeuvre du ministère ". Les sept dons ont leur origine dans un passage d'Isaïe (
Is 11,2), selon la version développée qu'en ont donné les Septante. Il s'agit des dons de l'Esprit donnés au Messie, auxquels ont part les nouveaux ordonnés.

7 En tant que degré de l'ordre sacré, le diaconat imprime le caractère et communique une grâce sacramentelle spécifique. Le caractère diaconal est le signe configuratif et distinctif qui, gravé dans l'âme de façon indélébile, configure la personne qui est ordonnée au Christ, qui s'est fait diacre, c'est-à-dire serviteur de tous.(10) Ce signe confère une grâce sacramentelle spécifique, qui est force, vigor specialis, don pour vivre la nouvelle réalité accomplie par le sacrement. " Quant aux diacres, la grâce sacramentelle leur donne la force nécessaire pour servir le Peuple de Dieu dans la diaconia de la Liturgie, de la Parole et de la charité, en communion avec l'Evêque et son presbyterium ".(11) Comme dans tous les sacrements qui impriment le caractère, la grâce a une virtualité permanente. Elle fleurit et refleurit dans la mesure ou elle est accueillie et ré-accueillie dans la foi.

(10) Cf. Catéchisme de l'Eglise Catholique,
CEC 1570
(11) Ibidem, CEC 1588.


8
Dans l'exercice de leur autorité, les diacres, participant au degré inférieur du ministère ecclésiastique, dépendent nécessairement des Evêques, qui ont reçu la plénitude du sacrement de l'ordre. D'autre part, ils sont placés dans une relation spéciale avec les prêtres, et c'est en communion avec eux qu'ils sont appelés à servir le peuple de Dieu.(12)

(12) Cf. Conc. Rcum. Vat. II, Decr. Christus Dominus,
CD 15


D'un point de vue disciplinaire, le diacre, par l'ordination diaconale, est incardiné dans l'Eglise particulière ou dans la Prélature personnelle au service de laquelle il a été admis, ou bien, comme clerc dans un Institut religieux de vie consacrée ou dans une Société cléricale de vie apostolique.(13)

(13) Cf. CIC 266


L'institution de l'incardination ne représente pas un fait plus ou moins accidentel, mais se caractérise comme un lien constant de service envers une portion concrète du peuple de Dieu. Un tel lien implique l'appartenance ecclésiale à un niveau juridique, humain et spirituel et l'obligation du service ministériel.


3. Le ministère du diacre dans les divers contextes pastoraux

9
Le ministère du diacre se caractérise par l'exercice des trois munera propres au ministère ordonné, selon la perspective spécifique de la diaconia.
En référence au munus docendi, le diacre est appelé à proclamer l'Ecriture, à instruire et à exhorter le peuple.(14) Ceci est exprimé dans la remise du livre des Evangiles, prévue dans le rite lui-même de l'Ordination.(15)

(14) Cf. Conc. Rcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium,
LG 29
(15) Cf. Pontificale Romanum De Ordinatione Episcopi, Presbyterorum et Diaconorum, n. 210: éd. cit., p. 125.


Le munus sanctificandi du diacre s'exerce dans la prière, dans la célébration solennelle du baptême, dans la conservation et la distribution de l'Eucharistie, dans l'assistance au mariage et la bénédiction de celui-ci, dans la présidence du rite des funérailles et de la sépulture et dans la célébration des sacramentaux.(16) Il apparaît ainsi évident que le ministère diaconal a son point de départ et son point d'arrivée dans l'Eucharistie, et ne peut se ramener à un simple service social.

(16) Cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 29


Enfin, le munus regendi s'exerce dans le dévouement aux oeuvres de charité et d'assistance (17) et dans l'animation des communautés ou des secteurs de la vie ecclésiale, spécialement en ce qui regarde la charité. Il s'agit là du ministère le plus caractéristique du diacre.

(17) Cf. ibidem LG 29.


10 Les lignes du profil ministériel originaire du diaconat ù comme on peut le constater à partir de l'antique pratique diaconale et des indications conciliaires ù sont donc très bien définies. Toutefois, si ce profil ministériel originaire est unique, les modèles concrets de son exercice restent variés; ceux-ci devront être envisagés d'une fois à l'autre selon les situations pastorales particulières de chaque Eglise. Dans la mise au point de l'itinéraire de formation, on ne pourra pas, bien évidemment, ne pas en tenir compte.


4. La spiritualité diaconale

11
De l'identité théologique du diacre, dérivent avec clarté les traits de sa spiritualité spécifique, qui se présente essentiellement comme une spiritualité du service.
Le modèle par excellence est le Christ serviteur, qui a vécu totalement au service de Dieu pour le bien des hommes. Il s'est reconnu comme celui qui était préfiguré dans le serviteur du premier chant du Livre d'Isaïe (cf.
Lc 4,18-19); il a expressément qualifié son action de diaconie (cf. Mt 20,28 Lc 22,27 Jn 13,1-17 Ph 2,7-8 1P 2,21-25)et il a recommandé à ses disciples de faire de même (Jn 13,34-35 Lc 12,37).
La spiritualité du service est la spiritualité de toute l'Eglise, en tant que toute l'Eglise, à l'image de Marie, est la " servante du Seigneur (Lc 1,28), au service du salut du monde. C'est précisément pour que toute l'Eglise puisse mieux vivre cette spiritualité du service que le Seigneur lui donne le signe vivant et personnel de son être même de serviteur. Il s'en suit que la spiritualité du service est, de manière spécifique, la spiritualité du diacre. Celui-ci en effet, de par l'ordination sacrée, est constitué dans l'Eglise icône vivante du Christ serviteur. Le Leitmotiv de sa vie spirituelle sera donc le service; sa sainteté se manifestera dans un service généreux et fidèle de Dieu et des hommes, spécialement des plus pauvres et des souffrants; son engagement ascétique se traduira dans l'acquisition des vertus requises à l'exercice de son ministère.

12 Il est évident que cette spiritualité devra s'intégrer de manière harmonieuse à la spiritualité liée à l'état de vie de la personne. Pour cela, la même spiritualité diaconale acquerra des connotations diverses selon qu'elle se trouve vécue par un homme marié, par un veuf, par un célibataire, par un religieux, par un consacré vivant dans le monde. L'itinéraire de formation devra tenir compte de ces diverses modulations et offrir, selon les types de candidats, des parcours spirituels différenciés.

5. Le devoir des Conférences Episcopales

13
" Il appartient aux assemblées d'Evêques ou aux Conférences Episcopales légitimes de décider, avec l'assentiment du Souverain Pontife, si et ou le diaconat doit être institué, comme degré propre et permanent de la hiérarchie, pour le bien des fidèles ".(18)

(18) Paul VI, Lett. ap. Sacrum diaconatus ordinem, I, 1: l. c., p. 699.


Aux Conférences Episcopales, le Code de Droit Canonique attribue encore la compétence de spécifier par des dispositions complémentaires la discipline concernant la récitation de la liturgie des heures,(19) l'âge requis pour l'admission (20) et la formation à laquelle est consacré le canon 236 (
CIC 236). Ce canon établit qu'il revient aux Conférences Episcopales de promulguer, selon les circonstances de lieu, les normes opportunes pour que les candidats au diaconat permanent, jeunes ou d'un âge plus mûr, célibataires ou mariés, " soient formés à mener une vie évangélique et soient instruits à remplir dûment les devoirs propres à leur ordre ".

(19) Cf. CIC 276nº 2-3.
(20) Cf. ibidem, CIC 1031nº 3.


14 Pour aider les Conférences Episcopales à tracer des itinéraires de formation qui, tout en répondant aux exigences des diverses situations particulières, soient cependant en harmonie avec le parcours universel de l'Eglise, la Congrégation pour l'Education Catholique a préparé la présente Ratio fundamentalis institutionis diaconorum permanentium, qui entend offrir un point de repère pour la détermination des critères du discernement vocationnel et des différents aspects de la formation. Un tel document n'établit ù selon sa nature ù que les lignes les plus fondamentales de caractère général, qui constituent la norme à laquelle devront se référer les Conférences Episcopales dans l'élaboration ou l'éventuel perfectionnement de leurs rationes nationales respectives. Ainsi, sans aucunement porter atteinte à la créativité et à l'originalité des Eglises particulières, on va indiquer les principes et les critères sur la base desquels la formation des diacres permanents peut être programmée d'une façon assurée et en harmonie avec les autres Eglises.

15 De manière analogue à ce que le Concile Vatican II lui-même a établit pour les rationes institutionis sacerdotalis,(21) les Conférences Episcopales qui ont restauré le diaconat permanent sont invitées dans le présent document à soumettre leurs rationes institutionis diaconorum permanentium respectives à l'examen et à l'approbation du Saint-Siège. Celui-ci les approuvera d'abord ad experimentum, puis pour un nombre déterminé d'années, de manière que puissent être assurées des révisions périodiques.

(21) Conc. Rcum. Vat. II, Decr. Optatam totius,
OT 1


6. Responsabilité des Evêques

16
La restauration du diaconat permanent dans une Nation n'implique pas l'obligation de sa restauration dans tous les diocèses. Ce sera l'Evêque diocésain qui, après avoir prudemment entendu l'avis du Conseil presbytéral et, s'il existe, du Conseil pastoral, entreprendra cette restauration, en tenant compte des nécessités concrètes et de la situation spécifique de son Eglise particulière.
Dans l'éventualité d'une option pour la restauration du diaconat permanent, l'Evêque diocésain aura soin de promouvoir une opportune catéchèse sur le sujet, tant parmi les laïcs que parmi les prêtres et les religieux, de manière que le ministère diaconal soit compris dans toute sa profondeur. Il veillera en outre à la mise en place de structures conformes aux exigences de la préparation des candidats et à la nomination de collaborateurs adéquatement formés, qui soient directement responsables de la formation; dans d'autres cas, selon les circonstances, l'Evêque s'engagera à profiter des structures de formation d'autres diocèses, ou encore des structures régionales ou nationales.
L'Evêque se préoccupera ensuite, sur la base de la ratio nationale et de l'expérience en cours, de faire rédiger et mettre à jour périodiquement un règlement diocésain approprié.


7. Le diaconat permanent dans les Instituts

de vie consacrée et dans les Sociétés de vie apostolique

17
L'institution du diaconat permanent parmi les membres des Instituts de vie consacrée et des Sociétés de vie apostolique est réglée par les normes de la Lettre apostolique Sacrum diaconatus ordinem. Celle-ci établit que l'institution du diaconat permanent parmi les religieux est " un droit réservé au Saint-Siège, auquel il appartient exclusivement d'examiner et d'approuver les voeux des chapitres généraux à ce sujet ".(22) Tout ce qui a été dit ù continue le document ù " doit être entendu comme s'appliquant également aux membres des autres instituts qui professent les conseils évangéliques ".(23)

(22) Paul VI, Lett. ap. Sacrum diaconatus ordinem, VII, 32: l. c., p. 703.
(23) Ibidem, VII, 35: l. c., p. 704.


Tout Institut ou Société qui a obtenu le droit de rétablir en son sein le diaconat permanent assume la responsabilité de garantir la formation humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale de ses candidats. Cet Institut ou Société devra par conséquent s'engager à préparer un programme propre de formation qui admette le charisme et la spiritualité propres de l'Institut ou de la Société et soit en même temps en harmonie avec la présente Ratio fundamentalis, spécialement en ce qui regarde la formation intellectuelle et pastorale.
Le programme de chaque Institut ou Société devra être soumis à l'examen et à l'approbation de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique ou de la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples et de la Congrégation pour les Eglises orientales pour les territoires de leur compétence. La Congrégation compétente, après avoir entendu l'avis de la Congrégation pour l'Education Catholique pour ce qui a trait à la formation intellectuelle, l'approuvera d'abord ad experimentum, puis pour un nombre déterminé d'années, de manière que puissent être assurées des révisions périodiques.


I LES PROTAGONISTES DE LA FORMATION DES DIACRES PERMANENTS


1. L'Eglise et l'Evêque

18
La formation des diacres, comme du reste celle des autres ministres et de tous les baptisés, est un devoir qui concerne toute l'Eglise. Celle-ci, saluée par l'Apôtre Paul comme " la Jérusalem d'en haut " et " notre mère " (
Ga 4,26), engendre à l'image de Marie, " par la prédication et le baptême, à une vie nouvelle et immortelle, des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu ".(24) En imitant la maternité de Marie, l'Eglise accompagne ses fils avec un amour maternel et prend soin de tous pour que tous atteignent à la plénitude de leur vocation.

(24) Conc. Rcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 64


La sollicitude de l'Eglise pour ses fils s'exprime dans l'offrande de la parole et des sacrements, dans l'amour et dans la solidarité, dans la prière et le dévouement de ses divers ministres. Mais en cette sollicitude, pour ainsi dire visible, se rend présente celle-là même de l'Esprit du Christ. En effet, " l'organisme social que constitue l'Eglise est au service de l'Esprit du Christ qui lui donne vie, en vue de la croissance du corps ",(25) dans sa totalité comme dans la singularité de ses membres.

(25) Ibidem, LG 8.


Dans la sollicitude de l'Eglise pour ses fils, le premier protagoniste est donc l'Esprit du Christ. C'est lui qui les appelle, qui les accompagne et qui forme leurs coeurs pour que, reconnaissant sa grâce, ils puissent y correspondre généreusement. L'Eglise doit être bien consciente de cette dimension sacramentelle de son oeuvre éducative.

19 Dans la formation des diacres permanents, le premier signe et instrument de l'Esprit du Christ est l'Evêque propre (ou le Supérieur majeur compétent).(26) C'est lui le plus haut responsable de leur discernement et de leur formation.(27) Tout en accomplissant ordinairement cette tâche à travers les collaborateurs qu'il s'est choisi, il s'efforcera néanmoins, dans les limites du possible, de connaître personnellement tous ceux qui se préparent au diaconat.

(26) A l'Evêque diocésain sont assimilés ceux à qui sont confiés la prélature territoriale, l'abbaye territoriale, le vicariat apostolique, la préfecture apostolique et l'administration apostolique érigée de façon stable (cf.
CIC 368 CIC 381nº 2) ainsi que la prélature personnelle (cf. CIC 266nº 1CIC 295) et l'ordinariat aux armées (cf. Jean-Paul II, Const. ap. Spirituali militum curae (21 avril 1986), art. I, º 1; art. II, º 1: AAS 78 (1986), pp. 482; 483).
(27) Cf. CIC 1025 CIC 1029


2. Les préposés à la formation

20
Les personnes qui, en dépendance de l'Evêque (ou du Supérieur majeur compétent) et en étroite collaboration avec la communauté diaconale, ont une responsabilité spéciale dans la formation des candidats au diaconat permanent sont: le directeur de la formation, le tuteur (là ou le nombre le requiert), le directeur spirituel et le curé (ou le ministre à qui le candidat est confié pour le stage diaconal).

21 Le directeur de la formation, nommé par l'Evêque (ou par le Supérieur majeur compétent), a la charge d'assurer la coordination des différentes personnes engagées dans la formation, de présider et d'animer toute l'oeuvre éducative dans ses diverses dimensions, de maintenir des contacts avec les familles des aspirants et des candidats mariés et avec leurs communautés de provenance. Il a par ailleurs la responsabilité de présenter à l'Evêque (ou au Supérieur majeur compétent), après avoir entendu l'avis des autres formateurs (28) à l'exception du directeur spirituel, le jugement d'idonéité sur les aspirants pour leur admission parmi les candidats, et sur les candidats pour leur promotion à l'ordre du diaconat.

(28) Y compris aussi le directeur de la maison spécifique de formation, lorsqu'elle existe (cf.
CIC 236n 1).


En raison de ses charges déterminantes et délicates, le directeur de la formation devra être choisi avec beaucoup de soin. Il devra être un homme de foi profonde et avoir un grand sens ecclésial, être en possession d'une large expérience pastorale et avoir donné des preuves de sagesse, d'équilibre et de capacité de communion; il devra en outre avoir acquis une solide compétence théologique et pédagogique.
Il pourra être prêtre ou diacre et, de préférence, ne pas être en même temps le responsable des diacres ordonnés. Il serait préférable en effet que cette dernière responsabilité reste distincte de celle de la formation des aspirants et des candidats.

22 Le tuteur, désigné par le directeur de la formation parmi les diacres ou les prêtres d'expérience éprouvée et nommé par l'Evêque (ou par le Supérieur majeur compétent), est l'accompagnateur direct de chaque aspirant et de chaque candidat. Il est chargé de suivre de près le cheminement de chacun, en offrant son soutien et son conseil pour la solution de problèmes éventuels et pour la personnalisation des divers moments de la formation. Il est par ailleurs appelé à collaborer avec le directeur de la formation à la programmation des diverses activités éducatives et à l'élaboration du jugement d'idonéité à présenter à l'Evêque (ou au Supérieur majeur compétent). Selon les circonstances, le tuteur aura la responsabilité d'une seule personne ou d'un petit groupe.

23 Le directeur spirituel est choisi par chaque aspirant ou candidat. Il devra être approuvé par l'Evêque ou par le Supérieur majeur. Sa tâche est de discerner l'oeuvre intérieure que l'Esprit accomplit dans l'âme des appelés et, en même temps, d'accompagner et de soutenir l'oeuvre continuelle de leur conversion; il devra en outre donner des suggestions concrètes pour la maturation d'une authentique spiritualité diaconale et offrir des impulsions visant à encourager d'une façon efficace pour l'acquisition des vertus correspondantes. Pour tout cela, les aspirants et les candidats sont invités à ne se confier pour la direction spirituelle qu'à des prêtres de vertu éprouvée, dotés d'une bonne culture théologique, d'une profonde expérience spirituelle, d'un sens pédagogique marqué, d'une forte et exquise sensibilité ministérielle.

24 Le curé (ou un autre ministre) est choisi par le directeur de la formation en accord avec l'équipe éducative et en tenant compte des diverses situations des candidats. Il est appelé à offrir à celui qui lui a été confié le témoignage d'une profonde communion ministérielle, en l'initiant aux activités pastorales les plus appropriées et en l'accompagnant dans leur accomplissement; il aura soin également de faire une vérification périodique du travail fourni par le candidat lui-même et de rendre compte du déroulement du stage au directeur de la formation.

3. Les enseignants

25
Les enseignants concourent de manière importante à la formation des futurs diacres. Ceux-ci en effet, à travers l'enseignement du sacrum depositum gardé par l'Eglise, alimentent la foi des candidats et les habilitent à la fonction de maîtres du peuple de Dieu. Pour cette raison, ils doivent se préoccuper, non seulement d'acquérir la compétence scientifique nécessaire et une capacité pédagogique suffisante, mais aussi de témoigner par leur vie de la Vérité qu'ils enseignent.
Afin de pouvoir harmoniser leur contribution spécifique avec les autres dimensions de la formation, il est important que les professeurs se montrent disponibles, selon les circonstances, à collaborer et à se confronter avec les autres personnes engagées dans la formation. Ils contribueront ainsi à offrir aux candidats une formation unifiée et leur faciliteront le nécessaire travail de synthèse.

4. La communauté de formation des diacres permanents

26
Les aspirants et les candidats au diaconat permanent constituent nécessairement un milieu original, une communauté ecclésiale spécifique qui influe profondément sur la dynamique de formation.
Les préposés à la formation doivent se préoccuper qu'une telle communauté soit marquée de spiritualité profonde, du sens d'appartenance, d'esprit de service et d'élan missionnaire, et ait un rythme bien précis de rencontres et de prière.
La communauté de formation des diacres permanents pourra ainsi constituer, pour les aspirants et les candidats au diaconat, un précieux soutien dans le discernement de leur vocation, dans leur maturation humaine, dans leur initiation à la vie spirituelle, dans l'étude théologique et l'expérience pastorale.

5. Les communautés de provenance

27
Les communautés de provenance des aspirants et des candidats au diaconat peuvent exercer une influence non négligeable sur leur formation.
Pour les aspirants et les candidats plus jeunes, la famille peut constituer une aide extraordinaire. Elle devra être invitée à " accompagner le parcours de formation par la prière, le respect, le bon exemple des vertus familiales et l'aide spirituelle et matérielle, surtout dans les moments difficiles... Même dans le cas de parents et de membres de la famille indifférents et opposés au choix vocationnel, la confrontation claire et sereine à leur position et les stimulations qui en découlent peuvent être d'un grand secours pour le mûrissement plus conscient et plus déterminé de la vocation ".(29) Pour tout ce qui concerne les aspirants et les candidats mariés, on devra s'efforcer de faire en sorte que la communion conjugale contribue validement à soutenir leur cheminement de formation vers le diaconat.

(29) Jean-Paul II, Exhort. ap. postsynodale Pastores dabo vobis,
PDV 68: l. c., pp. 775-776.


La communauté paroissiale est appelée à accompagner l'itinéraire de chacun de ses membres vers le diaconat par le soutien de la prière et un parcours adéquat de catéchèse qui, tout en sensibilisant les fidèles à ce ministère, apporte au candidat une aide valable pour le discernement de sa vocation.
Les groupes ecclésiaux d'ou proviennent aspirants et candidats au diaconat peuvent continuer à leur apporter assistance et soutien, lumière et chaleur. Mais, ils doivent, en même temps, témoigner du respect pour l'appel ministériel de leurs membres en ne mettant pas d'obstacle, mais bien plutôt en favorisant en eux la maturation d'une spiritualité et d'une disponibilité authentiquement diaconales.


1998 Formation des Diacres