Chrysostome T4 Lettres



LETTRES DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME



TOME 4



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LETTRES A OLYMPIADE.

On n'a pu retrouver l'ordre chronologique des lettres de saint Chrysostome. Les bénédictins ont conservé l'ordre suivi dans les précédentes éditions.

Cet ensemble doit être compté parmi les plus beaux monuments ecclésiastiques. Il nous fournit, en effet, de précieux renseignements sur ce grand schisme de l'Eglise d'Orient et sur l'exil du saint évêque.

Les dix-sept lettres à Olympiade sont de toutes les plus longues, les plus belles et les plus utiles, nous dit Photius. Les unes offrent à cette pieuse veuve les consolations et les encouragements dont elle a besoin : ce sont de véritables homélies; les autres nous racontent ses tribulations. Voici quelques détails sur Olympiade.

Elle était fille du comte Anysius. Son père la donna en mariage au préfet Nébride (probablement Vannée 384.) Saint Grégoire de Nazianze, invité aux noces, s'excusa de ne pouvoir y assister, et adressa à la jeune épouse un épithalame ou plutôt un discours parénétique. Olympiade ne fut mariée que vingt mois. Devenue veuve à la fleur de son âge, elle voulut demeurer veuve et rien ne put ébranler cette résolution Théodose eut vainement recours aux prières et aux menaces pour lui faire épouser l'espagnol Elpidius, son parent. Ce refus irrita l'empereur, qui, avant de marcher contre Maxime, enjoignit au préfet de la ville de séquestrer tous ses biens jusqu'à ce qu'elle eût atteint l'âge de trente ans. Elle supporta, dit-on, cet acte odieux avec tant de courage qu'elle semblait heureuse d'être dépouillée de sa fortune. A son retour, Théodose comprit que rien ne pourrait vaincre cette résistance, et lui fit rendre ses biens Dés lors, sa maison flat ouverte aux évêques, aux moines, aux prêtres et aux autres clercs qui venaient à Constantinople. L'évêque Nectaire la fit diaconesse; et ce fut elle qui lui ferma les yeux. Les lettres à Olympiade nous disent assez combien elle fut chère à saint Chrysostome. Après l'exil du Saint, elle fut traînée devant les tribunaux, accusée avec les autres amis du Pontife d'avoir mis le feu au temple de Sainte-Sophie. Malgré la fermeté de ses réponses, on la condamna à une forte amende; elle quitta ensuite Constantinople pour se retirer à Cyzique où elle attendit des temps meilleurs. Saint Grégoire de Nazianze, Palladius, Sozomène, Ammien, et d'autres biographes nous ont transmis de nombreux détails sur cette vertueuse femme.

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LETTRE PREMIÈRE.

Cucuse, en 404.


Il ne faut craindre que le péché. — 2. L'adversité nous vaut de grandes récompenses, et c'est pourquoi Dieu permet qu'elle nous afflige. Les trois enfants dans la fournaise. — 3-4. De tout temps le Seigneur a permis qu'il y eût des scandales et des persécutions, afin de mieux manifester sa puissance et sa sagesse. — 5. Conclusion : Olympiade doit bannir de son âme cette tristesse que lui causent les désordres actuels.

A LA VÉNÉRABLE ET TRÈS-PIEUSE DIACONESSE OLYMPIADE, JEAN, ÉVÊQUE, SALUT DANS LE SEIGNEUR.

1. Je vais donc essayer d'adoucir la plaie de votre tristesse et de dissiper ces pensées qui ont amoncelé dans votre âme de si épais nuages. Pourquoi êtes-vous troublée? Pourquoi tant d'affliction et de douleur? Ah ! c'est qu'une violente, une affreuse tempête s'est abattue sur les Eglises, et a répandu sur elles une nuit ténébreuse; elle s'accroît de jour en jour, elle enfante d'horribles naufrages, et l'univers est menacé de périr. Ces calamités, je ne les ignore pas: qui pourrait donc les nier? Bien plus, cette horrible tragédie, je veux la rendre plus sensible encore, en vous la représentant dans un énergique tableau. Nous voyons une mer agitée jusque dans ses profondeurs, les matelots morts et nageant au-dessus des flots, ou bien s'abîmant dans les ondes, les sis du navire dispersés, les voiles déchirées, les mâts rompus, les rames échappées aux mains des rameurs, :es pilotes, loin du gouvernail, assis sur quelques débris du vaisseau, pressant leurs genoux dans leurs mains, et à bout de ressources, réduits à verser des larmes et à pousser des gémissements. Ils ne voient plus ni ciel ni mer, autour d'eux s'étendent d'affreuses ténèbres, une profonde nuit, qui ne leur permet pas même d'entrevoir leurs proches. Les flots mugissent, et de leurs seins les monstres marins se précipitent de toute part sur les passagers: Mais pourquoi me consumer en efforts inutiles? J'ai beau chercher quelque image des maux présents; ils sont au-dessus de toute expression, et je me sens vaincu par leur immensité. Au reste, malgré tant d'horreur, je ne perds pas l'espoir d'un meilleur avenir, quand je songe à cette Providence, qui n'a pas besoin des ressources de l'art pour triompher de la tempête, mais qui d'un signe peut en briser la violence. Elle ne se hâte point, il est vrai, le plus (400) souvent, au contraire, elle ne dissipe point sur-le-champ les maux qui se produisent; elle les laisse s'accroître, et quand ils ont atteint leur développement, quand tout espoir de salut disparaît, elle se révèle par un miracle qui frappe d'étonnement, et ainsi tour à tour elle manifeste sa puissance et exerce la patience de ses serviteurs. Ne vous laissez donc pas abattre, ô Olympiade ! La seule chose qu'il faille redouter, la seule tribulation qui soit à craindre, c'est le péché. N'est-ce pas là ce que je n'ai cessé de vous dire? Tout le reste, embûches, inimitiés, fraudes, calomnies, outrages, accusations, confiscations, exils, glaives acérés, flots soulevés par la tempête, assauts livrés par l'univers conjuré, tout cela ne mérite pas qu'on s'en inquiète. Eh ! tout cela n'est-il pas temporaire, éphémère ? Tout cela ne regarde-t-il point ce corps sujet à mourir, et peut-il causer quelque dommage à une âme qui sait être circonspecte? Aussi, l'apôtre saint Paul voulant nous montrer toute la fragilité des biens et des maux de la vie présente, n'a besoin que d'une seule parole : Tout ce qui se voit, est temporel (2Co 4,18), nous dit-il. Quoi donc, vous redouteriez ce qui est temporel, ce qui s'écoule avec la rapidité d'un fleuve ? Cette image, vous pouvez l'appliquer à tous les événements de cette vie, qu'ils soient joyeux, qu'ils soient tristes. Un autre prophète compare le bonheur de l'homme, non pas à l'herbe des champs, mais à quelque chose de moins durable encore ; toute cette félicité, dit-il, c'est comme la fleur de l'herbe. Il ne s'agit pas seulement d'une partie de ce bonheur, comme la richesse, la volupté, la puissance, les honneurs : non, mais il appelle du nom de gloire tout ce qui jette quelque éclat sur notre vie, et cette gloire il la compare ensuite à l'herbe des champs : Toute la gloire humaine, dit-il, ressemble à la fleur de l'herbe. (Is 40,6)


Mais, direz-vous, l'adversité est un lourd, un insupportable fardeau. Entendez cette autre comparaison, bien capable à son tour de vous faire mépriser l'adversité. Le prophète compare les injures, les outrages, les opprobres, les railleries, les piéges auxquels nous sommes exposés de la part de nos ennemis à un vêtement usé, à la laine rongée par les vers. Voici ses expressions : Ne craignez pas les outrages des hommes; ni leurs mépris. Les vers les dévoreront, comme un vêtement; et la teigne les rongera, comme elle ronge la laine, (Is 51,7 Is 51,8) Ne vous troublez donc point des maux qui surviennent ; n'allez pas implorer celui-ci ou celui-là, ne poursuivez pas des ombres fugitives (c'est une ombre en effet que l'appui d'un homme) ; mais ne vous lassez pas de prier Jésus que vous adorez; qu'il fasse un signe, et à l'instant toutes vos craintes seront dissipées. Vous avez prié, et cependant les maux n'ont point cessé. Ainsi que je le disais tout à l'heure, c'est la conduite ordinaire de la Providence, de ne pas dissiper sur-le-champ les maux qui nous accablent. Elle les laisse s'amonceler autour de nous, et quand nos ennemis ont, pour ainsi dire, consommé toute leur malice, soudain, il ramène un calme et un ordre auxquels on était loin de s'attendre. Non content de nous envoyer les biens que nous attendons et que nous espérons, il se plaît à nous en envoyer de plus nombreux et de plus grands, et c'est pourquoi saint Paul disait: A celui qui peut nous faire du bien avec surabondance, et nous accorder plus que nous ne lui demandons ou que nous ne pouvons espérer. (Ep 3,20)

Ne pouvait-il pas préserver les trois jeunes Hébreux de la tentation? Il ne le fit pas, afin de leur ménager de grandes récompenses. Et c'est pourquoi il les laissa tomber aux mains des barbares; c'est pourquoi il permit qu'on allumât pour eux cette fournaise d'une horrible profondeur, et que dans l'âme du roi s'allumât aussi une colère plus ardente que le, feu de la fournaise; qu'on leur liât ensuite les mains et les pieds, et qu'on les précipitât au milieu des flammes. Mais, lorsque tous les spectateurs les croyaient réduits en cendres, on vit éclater soudain et contre toute attente la merveilleuse puissance du Dieu très-haut,: le feu était enchaîné, et ceux qui avaient été chargés de fers se voyaient délivrés; la fournaise était devenue un temple, une fontaine rafraîchissante; nul palais n'offre tant de magnificence et de splendeur. Cet élément destructeur, plus puissant que le fer ou la pierre, des cheveux en avaient triomphé ! Là, on voyait debout le choeur harmonieux de ces saints, invitant le ciel et la terre à se joindre à leur concert, et leurs chants de reconnaissance s'élevaient jusqu'au Seigneur: ils le remerciaient d'avoir permis qu'ils fussent chargés de chaînes, jetés dans, les flammes par leurs ennemis, entraînés loin de leur patrie; ils le remerciaient d'avoir (401) permis cette captivité où ils vivaient privés de toute liberté, loirs de leur ville, loin de, leurs familles, sur une terre étrangère et barbare. Voilà les sentiments d'une âme reconnaissante. Mais, quand leurs ennemis eurent assouvi leur rage (que pouvaient-ils entreprendre, après avoir essayé de les faire mourir?), quand les athlètes eurent déployé toute leur vigueur, quand ils eurent mérité la couronne et les autres récompenses, quand rien ne manqua plus à leur gloire, alors tous les dangers disparurent, et le prince qui avait allumé la fournaise pour les y précipiter se prit à célébrer la gloire des généreux athlètes, à publier le miracle accompli par Dieu, à envoyer par tout l'univers le récit de ces événements, proclamant avec enthousiasme les merveilles du Très-Haut. C'était un ennemi qui envoyait cette lettre : comment n'y eût-on pas ajouté foi, même chez des ennemis?


Ne voyez-vous pas l'habileté, la sagesse, la merveilleuse puissance du Seigneur? Ne voyez-vous pas tout ce qu'il y a en lui de miséricorde et de bonté? Ne vous effrayez donc point, ne vous troublez point; en toute circonstance, remerciez-le, louez-le, priez-le, conjurez-le. Eussiez-vous devant les yeux le plus horrible tumulte, les plus affreux bouleversements, ne vous inquiétez point. Le Seigneur, en effet, n'est jamais réduit à l'impuissance, quelque funeste que soit la situation, quelque grands que soient les dangers. Il peut relever ceux qui tombent, ramener dans le chemin ceux qui s'égarent, redresser !ceux qui chancellent, délivrer ceux qui sont plongés dans un abîme de péchés et les rendre justes; il peut ressusciter les morts, restaurer un édifice et en accroître la splendeur, rajeunir ce que la vieillesse a terni de son souffle. Ne fait-il pas sortir la créature du néant? Ne communique-t-il pas l'être à ce qui ne l'avait point? A plus forte raison rétablira-t-il ce qui existait déjà, ce qui était l'oeuvre de sa puissance. — Mais combien il en est qui périssent! combien d'autres sont scandalisés! - Que de fois n'a-t-on pas vu de semblables malheurs, auxquels le Seigneur ensuite appliqua le remède capable de les guérir! Si, une fois le danger passé, plusieurs s'obstinèrent, c'est à eux qu'il faut reprocher la persistance de leur mal. Pourquoi vous troubler, pourquoi vous désoler de voir l'un repoussé et l'autre introduit? On menait le Christ au supplice, on demandait la liberté pour Barabbas, et un peuple corrompu s'écriait qu'il fallait préférer un homicide au Sauveur des hommes, à l'auteur de tant de bienfaits. Combien n'y en eut-il pas qui tombèrent et qui périrent? Mais reprenons les choses de plus haut. Ce divin Crucifié ne fut-il pas, des sa naissance, obligé de s'exiler, de fuir, encore au berceau, sur une terre étrangère avec toute sa famille; de se réfugier avec elle dans un pays barbare, si éloigné de sa patrie? Ensuite, que de sang répandu, que de meurtres, quel carnage! De tendres enfants étaient massacrés comme sur un champ de bataille; on les arrachait aux mamelles qui les allaitaient, et cette gorge encore arrosée du lait de leurs mères, on y enfonçait un glaive acéré ! Y a-t-il tragédie plus horrible? Et l'auteur de ces crimes, c'était celui qui cherchait Jésus pour le faire mourir. Dieu cependant, ce Dieu si plein de bonté, en présence de ces crimes, en présence de ces flots de sang, se taisait; il se taisait, quand il aurait pu tout empêcher; et c'était par un secret mystère de son ineffable sagesse qu'il manifestait cette merveilleuse douceur.

Quand Jésus fut revenu de l'Egypte et qu'il eut grandi, de toutes parts on s'arma contre lui. Et d'abord, c'étaient les disciples rte Jean, que la jalousie dévorait, qui s'affligeaient de ses succès, malgré le respect de leur maître pour Jésus, et qui lui disaient : Celui qui était avec toi au delà du Jourdain, voici qu'il baptise, et tout le monde vient à lui. (Jn 3,26) N'est-ce pas le langage d'hommes qu'a pénétrés l'aiguillon de l'envie et que ronge cette passion coupable? N'est-ce pas à ce sujet aussi que l'un de ceux-là entama avec un juif une vive discussion sur les purifications, et mit en parallèle le baptême de Jean avec celui des disciples du Sauveur? Les disciples de Jean, dit l'Evangile, eurent une dispute avec un juif sur la purification. (Jn 3,25) Pour ses miracles, que de calomnies ne lui suscitèrent-ils pas? Les uns l'appelaient Samaritain et possédé du démon. Tu es un, Samaritain, lui disaient-ils, et tu es possédé du démon. (Jn 8,48) Les autres l'appelaient imposteur, et disaient : Il ne vient pas de la part de Dieu, mais il séduit le peuple. (Jn 7,12) D'autres l'appelaient magicien : C'est par Béelzébub, prince des démons, qu'il chasse les démons. (Mt 9,34) Voilà ce que sans cesse ils répétaient. Ils le traitaient, en outre, d'ennemi de Dieu, de débauché; lui reprochaient de s'adonner au vin (402) et d'être l'ami des méchants et des hommes dissolus. Le Fils de l'homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites: C'est un homme qui fait bonze chère et qui s'enivre, qui est l'amides publicains et des pécheurs. (Lc 7,34) Un jour même qu'il s'entretenait avec une pécheresse, ils le traitaient de faux prophète : Si c'était un prophète, disaient-ils, il saurait quelle est cette femme qui lui adresse la parole. (Lc 7,39) Chaque jour enfin ils aiguisaient leurs dents contre lui. Mais ce n'étaient pas seulement les Juifs qui le harcelaient de la sorte : ceux que l'on disait être ses frères lui manquaient d'égards, et ses proches lui faisaient une guerre acharnée. Vous pouvez voir, par les paroles de l'Evangéliste, jusqu'à quel point ils étaient corrompus eux-mêmes. Ses frères, dit-il, ne croyaient pas en lui. (Jn 7,5)

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Vous me parlez de chrétiens scandalisés et détournés du droit chemin. Eh ! combien n'y eut-il pas de disciples qui furent scandalisés au temps de la Passion? L'un d'eux trahit son maître, d'autres prirent la fuite, un autre le renia. Tous l'abandonnèrent, et il demeura seul entre les mains de ses ennemis. Parmi ces hommes qui avaient été témoins de ses merveilles, qui l'avaient vu ressusciter les morts, guérir des lépreux, chasser les démons, multiplier les pains, opérer tant d'autres miracles, et qui ensuite le virent abandonné de tous, enchaîné, entraîné par une vile soldatesque, suivi de la foule tumultueuse des prêtres juifs, entouré d'ennemis qui l'accablaient de: menaces, en face de ce traître qui s'enorgueillissait de son action, parmi ces hommes, dis-je, combien n'y en eut-il pas de scandalisés? Que d'autres se scandalisèrent quand ils le virent flageller ! Il y avait là sans doute une multitude infinie de spectateurs, C'était un jour de fête, et tous les Juifs se trouvaient à Jérusalem ; c'était dans cette capitale que se passaient ces scènes tragiques, et tous ces excès se commettaient- en plein midi. Quel ne devait pas être le nombre des spectateurs, et en le voyant ainsi enchaîné, battu de verges, inondé de sang, interrogé par Pilate, abandonné de tous ses disciples, quels sentiments ne durent-ils pas éprouver ? Nul outrage ne lui fut épargné. On lui enfonça dans la tête une couronne d'épines, on le revêtit d'un manteau de pourpre, on lui mit un roseau dans la main, on se prosterna devant lui, en un mot, il fut le jouet de ses ennemis.

Que dire de ces soufflets qu'on lui appliqua sur la joue, de ces paroles injurieuses qu'on lui adressa : Prophétise, ô Christ, et dis-nous quel est celui qui t'a frappé ? (
Mt 26,68) Et ils le conduisaient çà et là, toute la journée, il dut subir leurs paroles injurieuses, leurs outrages et leurs sarcasmes. Le serviteur du grand-prêtre le souffleta, les soldats se partagèrent ses vêtements. Tout nu, les épaules meurtries de coups, on le mena au supplice et on le cloua sur une croix. Rien ne put amollir ces coeurs farouches ; au contraire, ils redoublèrent de fureur, c'était un spectacle de plus en plus horrible, des injures de plus en plus grossières. Les uns disaient: Toi qui détruis le temple de Dieu et qui le rebâtis en trois jours; d'autres lui criaient : Il a sauvé les autres et il ne peut se sauver lui-même; d'autres enfin : Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix et nous croirons en toi. (Mt 27,40 Mt 27,42)

Pour mettre le comble à l'insolence, ils lui donnèrent à boire du fiel et du vinaigre. Les voleurs aux-mêmes le chargeaient d'opprobres, ses bourreaux poussèrent leur criminelle insolence jusqu'à s'écrier qu'ils lui préféraient ce scélérat, cet auteur de tant de vols et d'assassinats, et quand Pilate leur eut donné le choix, ils choisirent Barabbas, voulant ainsi non-seulement crucifier Jésus-Christ, mais flétrir sa renommée. Ils prétendaient prouver par là que Jésus était pire qu'un voleur, et telle. ment chargé de crimes que ni la pitié, ni la solennité du jour ne pouvaient le sauver. Flétrir sa renommée, c'était là le but de toutes leurs démarches, et c'est aussi pour cette raison qu'ils le crucifièrent entre deux larrons. Mais, loin d'obscurcir la vérité, ils ne firent qu'en augmenter l'éclat. Ils l'accusaient aussi d'aspirer à la royauté : Quiconque se fait passer pour roi, disaient-ils, ne peut être l'ami de César. (Jn 9,12) Oui, ils accusaient de la sorte Celui qui n'avait pas où reposer sa tête. Ils lui reprochaient aussi d'avoir blasphémé. Le pontife déchira ses vêtements en disant: Il a blasphémé, qu'avons-nous encore besoin de témoins ? (Mt 26,65) Et sa mort, peut-il y en avoir de plus violente? N'était-ce pas mourir comme un criminel, comme un homme digne d'exécration ? N'était-ce pas la plus honteuse des morts, la mort de ceux qui se sont souillés des crimes les plus abominables et quine sont pas même dignes de rendre sur la terre leur dernier soupir? Si on lui donne (403) la sépulture, n'est-ce pas comme un bienfait, comme une grâce qu'on lui accorde? On va trouver Pilate et on lui demande le corps de Jésus. Il n'y avait pour l'ensevelir aucun de ses proches, aucun de, ceux qui avaient reçu ses faveurs, aucun de ses disciples, aucun de ceux qui avaient joui de sa confiance et de ses grâces : tous avaient disparu, tous l'avaient abandonné. Et ensuite ce bruit que l'on fit courir après sa résurrection : ses disciples sont venus et ont dérobé son corps (Mt 28,13), ne fut-il pas pour un grand nombre un sujet de scandale et de chute? Ce bruit, en effet, si controuvé qu'il fût, et bien qu'on eût donné de l'argent pour le répandre, n'en eut pas moins accès auprès de plusieurs. Oui, plusieurs y crurent, malgré les sceaux apposés au sépulcre, malgré l'évidence du miracle. Le peuple en effet ignorait ce que Jésus-Christ avait dit de sa résurrection; ses disciples mêmes l'avaient oublié. Ses disciples ne savaient pas, dit l'Evangéliste, qu'il fallait que Jésus ressuscitât d'entre les morts. (Jn 20,9). Combien n'y eut-il donc pas de gens scandalisés dans ces circonstances! Dieu, dans sa bonté, le permit, et conduisit toutes choses avec une divine et ineffable sagesse.


Ses disciples ensuite se cachèrent, s'enfuirent tremblants de frayeur, changeant à tout moment de domicile; et lorsque, cinquante jours après, ils osèrent reparaître, et commencèrent à leur tour à opérer des miracles, ils furent loin d'être en pleine sécurité. Oui, même après tant de miracles, ils furent souvent une occasion de scandale pour les faibles. On les frappait de verges, on jetait le trouble dans l'Eglise, on chassait les apôtres ; souvent leurs ennemis triomphaient et répandaient la terreur dans les âmes. Quand par leurs miracles ils eurent acquis une grande puissance sur le peuple, la mort d'Etienne souleva une persécution qui dispersa les disciples, et jeta de nouveau la consternation dans l'Eglise. De nouveau les disciples furent plongés dans les angoisses, de nouveau ils se virent obligés de fuir, de nouveau ils furent exposés à tous les dangers. Néanmoins l'Eglise faisait des progrès : car les miracles la soutenaient, et sa racine était pleine de vigueur. L'un était descendu par une fenêtre et ainsi échappait aux mains du préfet; d'autres étaient délivrés par un ange qui brisait leurs liens; d'autres que tourmentaient les riches et les puissants se voyaient accueillis par des hommes du peuple, par des ouvriers de toute condition, par des femmes occupées à teindre la pourpre, par des faiseurs de tentes, par des corroyeurs, qui habitaient dans les faubourgs et près du rivage de la mer. Souvent même ils n'osaient se montrer au milieu des villes; ou bien s'ils avaient cette hardiesse, leurs hôtes n'osaient les y recevoir. Et c'est ainsi qu'à travers les épreuves et les consolations s'avançaient les progrès de l'Evangile ; ceux qui naguère avaient été scandalisés, se trouvaient guéris; ceux qui s'étaient égarés, revenaient dans le droit chemin; et ce qui avait été renversé se trouvait relevé et environné d'un nouvel éclat.

En vain l'apôtre saint Paul conjura-t-il le Seigneur d'accorder la paix et la sécurité aux prédicateurs de son Evangile : Dieu ne l'exauça point; il ne céda point à ses instantes prières, et lui répondit: Ma grâce te suffit; car la vertu se perfectionne dans l'adversité. (II Cor. 12, 9.) Si donc maintenant vous voulez mettre en regard de tant de calamités les événements capables de nous réjouir, vous apercevrez, sinon de nombreux miracles, au moins mille circonstances qui ressemblent à des miracles et qui sont autant d'éclatants témoignages de la Providence et du secours de Dieu. Mais pour ne pas vous épargner toute espèce de travail, je vous abandonne le soin de recueillir tous ces faits pleins de consolations et de les mettre en regard de nos malheurs. Votre âme appliquée à cette noble occupation se dérobera à la tristesse et aux inquiétudes qui l'assiégent, et y trouvera de puissants motifs d'encouragement. Saluez mille fois de ma part votre famille bénie. Portez-vous bien. et dans votre corps et dans votre âme, vénérable et pieuse Olympiade.

Si vous voulez m'écrire une longue lettre, apprenez-moi, mais sans me tromper, que vous avez banni de votre- âme toute espèce d'inquiétude et que vous vivez dans un calme parfait. Car tout ce que je me suis proposé dans cette lettre, ç'a été de ranimer votre courage. Je vous écrirai fréquemment. Quand vous m'écrirez, ne me dites pas que vous avez puisé dans ma lettre beaucoup de consolations. Je le sais bien. Dites-moi que vous êtes consolée autant que je le désire; c'est-à-dire que vous n'êtes plus dans le trouble, que vous ne versez plus de larmes, mais qu'au contraire vous êtes calme et joyeuse.

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LETTRE II.

Ecrite à Cucuse, en 404.

1. Il est dangereux de se laisser abattre par le chagrin. — 2. Exemple : Saint Paul, après avoir excommunié le Corinthien incestueux, le réconcilie ensuite avec l'Eglise, pour l'empêcher de tomber dans le désespoir. — 3. C'est la pensée des peines de l'enfer, on plutôt du bonheur céleste qui doit occuper l'âme d'Olympiade. — 4. Que de consolations elle puisera dans le souvenir de ses actions vertueuses, et dans l'espoir des récompenses éternelles! — 5-6. Bel éloge de la sobriété, de la patience, de la modestie et des autres vertus d'Olympiade. — 7. Eloge de la virginité. — 8-10. Digression sur Job et ses malheurs. Retour au sujet. — 14-13. Il console Olympiade qui s'affligeait de son absence.

A OLYMPIADE.

1. Sans doute la lettre que je vous ai écrite, suffirait pour calmer 3-a vivacité de votre douleur. Toutefois vous étiez si abattue, si affligée que j'ai cru nécessaire de vous écrire `encore pour répandre dans votre coeur les plus abondantes consolations et raffermir votre santé. Je vais donc secouer de nouveau cette poussière de la tristesse qui recouvre votre âme. Cet ulcère, cette tumeur, se sont, je crois, changés en poussière. Ce n'est pas une raison pour mettre de côté les précautions: La poussière, en effet, si l'on n'a pas soin de la secouer, met en péril le plus précieux de nos organes; elle s'attache à la prunelle de l’oeil, dont elle trouble la sérénité, et qu'elle couvre comme d'un voile. C'est un malheur que nous devons éviter; et ce reste de maladie, il ne faut rien épargner pour le faire disparaître. Mais levez-vous vous-même, et tendez-nous la main. Voyez ce qui se passe chez les malades. Le médecin a beau prêter le secours de son art; si le malade se montre négligent, il ne recouvre point la santé : Ainsi en est-il de ceux qui souffrent dans leur âme. Faites qu'il en arrive autrement, secondez nos efforts avec toute la prudence dont vous êtes capable, afin que de part et d'autre vous receviez du secours. Mais direz-vous, c'est ce que je désire, seulement je ne puis rien, je fais tout ce que je puis, sans réussir à dissiper ce nuage épais et noir de la tristesse. Vaines excuses, vains prétextes. Je connais la noblesse de votre âme, l'énergie de votre piété, l'étendue de votre prudence et de votre sagesse, et je sais qu'il vous suffit de vouloir commander aux flots de la tristesse, pour qu'aussitôt ils s'apaisent. Mais vous arriverez plus vite encore à ce résultat, si nous vous apportons nous-même quelque secours. Comment donc bannirez-vous cette tristesse de votre coeur? C'est en méditant tout ce que nous vous avons dit dans notre première lettre, car elle renferme bien des motifs de consolation; c'est ensuite en faisant ce que j'exige de vous. Qu'est-ce donc? Quand vous entendrez dire: Une Eglise a péri, une autre est agitée par la tempête, une autre est abîmée dans les flots, une autre est en proie à toutes les calamités, une autre encore est dévorée par un loup ravisseur, au lieu d'être régie par un pasteur; celle-ci est au pouvoir d'un pirate au lieu d'être conduite par un habile pilote, celle-là est aux mains d'un bourreau au lieu d'être traitée par un médecin, il y a certes lieu pour vous de vous affliger. Qui pourrait alors ne pas éprouver une vive douleur? Oui, affligez-vous, mais cependant mettez des bornes à votre chagrin. Si, lorsque nous avons commis nous-mêmes des fautes dont il nous faudra rendre compte, il n'est ni nécessaire, ni prudent, mais il est au contraire funeste et pernicieux de s'affliger outre mesure, à plus forte raison, quand il s'agit des crimes d'autrui, est-il inutile et superflu, satanique et dangereux pour l'âme de se laisser tomber dans la mollesse et le désespoir.

2. Pour vous montrer qu'il en doit être ainsi, je veux vous raconter une vieille histoire. Un corinthien, qui avait reçu le saint baptême, qui avait été admis à la table sacrée, qui en un mot avait participé à tous les mystères de notre religion, qui de plus, à ce que beaucoup disent, avait été chargé d'instruire les autres, après avoir reçu de si grands bienfaits, après avoir été élevé aux plus liantes dignités dans l'Eglise, tomba dans une faute très-grave. il porta des regards criminels sur l'épouse de son père; il ne s'en tint pas à ces désirs impudiques; mais il réalisa son infâme intention. Ce n'était pas seulement une impudicité, c'était un adultère et le plus affreux de tous les adultères. Aussi, quand saint Paul en eût été informé, ne trouva-t-il pas de nom qui pût convenir à ce crime, et pour en faire concevoir toute l'énormité, il employa ces paroles: On dit que chez vous se commettent des impudicités, et de telles impudicités, qu'il n'y a pas de nom pour les exprimer même chez les gentils. (1Co 5,1) 11 ne dit point : telles qu'il, ne s'en commet point de pareilles, mais telles (405) qu'il n'y a pas de nom polir les exprimer, voulant ainsi désigner une faute d'une incroyable gravité.

Il le livre au démon, et le retranche de l'Eglise; il ne permet à personne de l'admettre à sa table. Avec cet homme on ne doit prendre aucune nourriture. Il s'emporte contre lui, il le condamne au dernier supplice, et le bourreau qui doit l'exécuter, qui doit déchirer sa chair, c'est Satan lui-même. Et cependant cet apôtre qui l'avait excommunié, qui défendait à tous les chrétiens de l'admettre à leurs repas, qui faisait prendre à tous le deuil à son sujet: Vous êtes tous enflés d'orgueil, leur disait-il, et vous n'êtes point plongés dans la douleur, et vous n'avez point retranché du milieu de vous celui qui a commis ce crime (1Co 5,2), cet apôtre, dis-je, qui le bannissait de toute réunion, comme un pestiféré, qui le chassait de toutes les maisons, qui le livrait à Satan, qui le condamnait au dernier supplice, ne l'eut pas plus tôt vu plongé dans la douleur, regrettant amèrement son crime, revenant à la pratique des bonnes couvres, qu'il enjoignit aux Corinthiens tout le contraire de ce qu'il leur avait naguère prescrit. Il leur avait dit Retranchez-le, chassez-le, pleurez, que le démon s'empare de lui : Et maintenant, que leur dit-il ? Ayez à son égard une ardente charité, de peur qu'il ne soit comme absorbé par une trop grande tristesse, et que Satan ne triomphe de nous : car nous n'ignorons pas ses artifices. (II Cor. 2, 7.) Ne voyez-vous pas que Satan cherche lui-même à nous plonger dans l'excès de la douleur, que cette tristesse exagérée est un piège qu'il nous tend, afin de changer en poison ce qui eût été pour nous un remède salutaire. Oui, la tristesse dégénère en poison, quand elle est excessive, et elle livre l'homme à Satan. C'est pourquoi saint Paul disait : De peur que Satan ne nous dresse des embûches. C'est comme s'il eût dit : cette brebis était atteinte d'un mal contagieux, on l'a séparée du troupeau, chassée loin de l'Eglise ; mais voici que le mal est guéri, la brebis est redevenue ce qu'elle était auparavant. Telle a été la vertu de la pénitence. Elle est donc rentrée dans le troupeau. Attirons-la vers nous, tendons-lui les bras, embrassons-la, couvrons-la de nos baisers, témoignons-lui en un mot toute notre affection. Si nous ne sommes résolus à le faire, Satan triomphe de nous; il prend, non pas ce qui lui appartient, mais celui qui est devenu notre propriété ; il s'en empare, grâce à notre lâcheté; il le plonge dans l'abîme de la tristesse, et désormais ne l'abandonne plus. C'est pourquoi l'Apôtre ajoute ces paroles: Car nous n'ignorons pas ses artifices (II Cor. 2, 11), c'est-à-dire, les choses mêmes qui nous seraient utiles, du moment où elles se font autrement qu'il ne faudrait, le démon sait en profiter pour renverser celui qui manque de prudence.

3. Ainsi donc pour un tel crime, pour un crime si énorme, l'apôtre saint Paul ne veut point que ce corinthien se laisse abattre par la tristesse ; au contraire il s'empresse, il se hâte, il s'efforce de prévenir le découragement, et assure que toute tristesse excessive est une victoire remportée par Satan, l'oeuvre de sa méchanceté et de ses perfides desseins. N'est-ce donc pas une folie que de s'affliger si vivement, que de se tourmenter ainsi pour des fautes commises par d'autres, fautes dont leurs auteurs rendront un compte rigoureux Faut-il, pour cette raison, jeter son âme dans ces épaisses ténèbres de la tristesse, dans ce trouble, dans cette agitation, dans cette violente tempête de la douleur ? Si vous dites encore une fois, je voudrais, mais je' ne puis; je vous répondrai de nouveau, ce sont de vaines excuses et de purs prétextes. Je connais en effet toute la sagesse, toute la force de votre âme. Mais voici encore un autre moyen qui pourra vous aider à combattre et à vaincre ce funeste, ce mortel chagrin. Suivez le conseil que je vais vous donner. Si vous entendez parler de ces calamités, écartez de votre esprit les souvenirs que ce récit vous rappelle, et transportez-vous par la pensée au jour terrible du' jugement, songez à ce redoutable tribunal, à ce juge incorruptible, à ces fleuves de feu qui coulent devant le tribunal et où bouillonne une flamme pleine d'ardeur, à ces glaives acérés, à ces supplices affreux, à ces tourments éternels, aux ténèbres extérieures, à ce ver plein de venin, à ces chaînes qu'on ne peut briser, à ces grincements de dents, à ces pleurs intarissables, à ces innombrables spectateurs, venus du ciel et de la terre. Les Vertus du ciel seront émues (Mt 24,29), dit le Christ. Sans doute elles n'ont rien à se reprocher, et ce n'est pas elles que l'on jugera; toutefois à la vue du genre humain rassemblé et de tant de nations citées à ce tribunal, elles ne pourront se défendre d'un sentiment de crainte, tant ce (406) spectacle inspirera d'effroi. Oui, songez à ce jour terrible, à cette sentence à laquelle il est impossible d'échapper. Le souverain Juge n'aura pas besoin d'entendre les accusateurs et les témoins; il n'aura pas besoin de preuves ni de démonstrations, mais il produira devant toute cette multitude et mettra sous les yeux des coupables leurs fautes et les circonstances qui les ont accompagnées. Personne ne se présentera pour arracher au supplice, ni le père, ni le fils, ni la fille, ni la mère, ni un proche, ni un voisin, ni un ami, ni un avocat. Personne ne pourra compter ni sur les présents, ni sur ses richesses, ni sur son crédit, ni sur sa puissance. Tout cela aura disparu, comme la poussière que les pieds ont secouée ; et il ne restera que l'accusé et ses oeuvres qui le feront absoudre ou condamner. Personne ne sera jugé pour les fautes d'autrui, mais bien pour les siennes propres. Voilà les pensées qu'il vous faut entretenir dans votre âme, la terreur qu'elle doit ressentir, qu'elle doit opposer à cette tristesse inspirée par Satan et toujours si nuisible : armez-vous ainsi contre lui, et vous n'aurez qu'à vous montrer pour dissiper, pour faire disparaître tousses artifices. Cette tristesse, non-seulement elle est vaine et superflue, mais elle est dangereuse, elle est pernicieuse. Cette crainte du jugement, au contraire, n'est-elle pas nécessaire et utile, n'offre-t-elle pas les plus grands avantages? Mais je me suis laissé entraîner trop loin, et tout ce que je viens de vous dire, ne semble point vous regarder. C'est à moi-même et à ceux qui comme moi sont plongés dans toute sorte de péchés, qu'il faudrait tenir ce langage, bien capable à la fois d'effrayer et d'exciter au bien. Mais vous qui êtes ornée de tant de vertus, qui déjà touchez à la porte des cieux, vous ne pouvez en éprouver le moindre mouvement de crainte. Je vais donc chercher un autre instrument, et toucher une autre corde, puisque la pensée du jugement ne peut produire en vous plus d'effroi que dans les anges. Tournons-nous donc d'un autre côté. Suivez-nous et songez maintenant à vos bonnes actions, aux brillantes récompenses qui leur sont réservées, à ces splendides couronnes, aux choeurs des vierges, à ces portiques sacrés, à cette chambre nuptiale, à la compagnie des anges, à ces entretiens si doux avec l'Epoux céleste, à ces splendeurs merveilleuses, à tous ces blé, en un mot, qui surpassent tout ce que l'on peut exprimer et concevoir.


Chrysostome T4 Lettres