A la Rote 1939-2009 5301

1953 4ème centenaire de l’Université Grégorienne

DISCOURS A L'OCCASION DU IVe CENTENAIRE DE L'UNIVERSITE GREGORIENNE

(17 octobre 1953)

L'Université Pontificale Grégorienne fut fondée sous le titre "Collège Romain" par saint Ignace de Loyola et saint François Borgia et reçut tous les droits d'une Université Pontificale du Pape Jules III en 1552; elle fut constamment agrandie et dotée de chaires nouvelles. - Aussi le Souverain Pontife tint-il à prononcer un discours pour commémorer le quatrième centenaire de cette Université.

C'est le coeur plein de joie, Vénérables Frères et chers Fils, que Nous vous voyons devant Nous en cet heureux jour. Nous saluons avec une bienveillance particulière les professeurs ici réunis, et vous, élèves de Notre Université Grégorienne, venus avec un pieux empressement à la suite de ceux qui dirigent vos études sacrées, le Cardinal Préfet de la Sacrée Congrégation des Séminaires et des Universités, votre Grand Chancelier, le Supérieur Général de la Compagnie de Jésus, Vice-Grand Chancelier, ainsi que l'éminent et zélé Recteur de cette Université. Nous saluons les évêques et prêtres de l'un et de l'autre clergé, groupe nombreux et brillant des anciens élèves, les représentants des autres Instituts et Universités et les nobles hôtes que Nous accueillons très cordialement. Vous vous êtes tous volontiers réunis à Rome pour célébrer le quatrième centenaire de la fondation de l'Université Grégorienne, et Nous lisons sur vos visages le désir de Nous voir la louer et l'encourager par Notre parole à continuer sa glorieuse tradition.
Nous ne pensons pas Nous écarter de la vérité en affirmant que pendant ces dernières décades le dessein que saint Ignace nourrissait en fondant le Collège Romain s'est parfaitement et entièrement réalisé. Ce qu'il désirait, ce qu'il voulait c'était d'attirer dans la citadelle 'de l'Eglise des jeunes gens venus de toutes les parties du monde, pour qu'ils retournent dans leurs pays comme prêtres du Christ et apôtres de l'Evangile après avoir solidement développé leur science et leur vertu.

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Le Pape précise le rôle de cette Université.

Le projet de saint Ignace, empêché à son époque et assez longtemps après sa mort par la difficulté des voyages et d'autres obstacles, est maintenant, Dieu merci, passé en actes. Cinquante-huit nations de tous les continents ont envoyé dans cette ville l'espoir de leur clergé pour y puiser à la source abondante tout l'ensemble des principes philosophiques, toutes les richesses de la vérité révélée, pour y étudier la constitution de l'Eglise, sa vie, sa croissance, les dangers qui s'opposent à son développement; ils apprennent son histoire, son droit, la manière dont le Royaume de Dieu s'est étendu à travers le monde durant les siècles passés et dont il croît aujourd'hui dans les Missions. Ils reçoivent enfin la formation nécessaire à de courageux et intègres représentants de Dieu qui les fera entrer dans les sentiments de l'Eglise et se dévouer pour la cause du Christ jusqu'au dernier souffle de leur vie.

Cette Université a de nombreux, titres de gloire

Le Collège Romain ou Université Grégorienne a toujours mérité la faveur des Pontifes romains. Il serait trop long de rappeler tous ceux qui lui témoignèrent une bienveillance particulière. Qu'il Nous soit permis en l'occasion présente d'en nommer quelques-uns: Jules III et Paul V qui élevèrent le Collège Romain à la dignité d'école de philosophie et de théologie; Grégoire XIII qui a mérité par sa grande largesse la reconnaissance très spéciale de votre Institut, à qui Il a donné son nom et dont il est presque considéré comme le fondateur.
Nous ne pensons pas non plus pouvoir taire Benoît XIV, qui traitait familièrement avec certains professeurs comme le P. Roger BOSCOVICH, et qui recherchait avec eux un rapprochement plus étroit entre les sciences expérimentales et la philosophie et la théologie spéculative; Léon XII, qui confia l'administration du Collège Romain à la Compagnie de Jésus rétablie et qui lui donna le nom nouveau d'Université Grégorienne. Les Souverains Pontifes des XIXe et XXe siècles lui ont donné tant de manques de leur bienveillance que Nous croirions faire tort aux autres en distinguant tel ou tel d'entre eux.
En ce qui concerne la philosophie et la théologie, votre Institut a connu pendant le premier demi-siècle de son existence tant de maîtres et de docteurs remarquables que cette époque a pu justement être appelée son âge d'or; mais cela n'enlève rien à la gloire des siècles suivants; car les Généraux de la Compagnie de Jésus n'ont jamais cessé jusqu'à présent de lui fournir de bons et même d'excellents professeurs.

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Pie XII loue la méthode scolastique.

Nous louons la méthode scolastique que l'on utilise chez vous. Nous n'ignorons pas en effet qu'ailleurs, elle est souvent négligée et méprisée. On abandonnera une telle attitude si l'on se souvient que les Souverains Pontifes l'ont souvent recommandée, qu'ils ont même exhorté à lui garder une place d'honneur dans les cours de philosophie et de théologie.
Le but poursuivi par la méthode scolastique est de faire parcourir à la raison humaine les vérités révélées par Dieu et leurs appuis philosophiques en précisant les notions qu'elles contiennent et en présentant les arguments qui soutiennent leur certitude; c'est en outre de résoudre les objections qu'on leur propose et de s'efforcer d'harmoniser toutes les vérités, celles de la métaphysique naturelle et celles de la révélation divine: tel a toujours été et tel est encore le but certain et ferme de la philosophie et de la théologie. On ne doit pas s'imaginer que la connaissance des mystères de la foi et de leurs supposés philosophiques peut s'acquérir facilement et être maîtrisée par notre intelligence sans avoir fait l'objet de longues études, de discussions méthodiques bien menées, de réflexions et de méditations prolongées.
Ne craignez pas que les études spéculatives fassent tort aux sciences positives, spécialement à la théologie positive. Il n y a en effet aucune opposition entre les unes et les autres; bien plus, les sciences positives procèdent d'autant plus sûrement qu'elles s'appuient sur les sciences spectatives (Nous tenons à citer ici le texte latin: Neve timueritis, ne ob studia spectativi generis illae quae "positivae" scientiae nuncupantur et praecipue theologia "positiva" aliquid détrimenti capiant. Inter utrasque enim nulla oppositio, quin etiam illae eo securius prodeunt, quo firmius hisce superstruuntur). Prenez pour exemple le Docteur Angélique lui-même, qui était passionné de connaissances positives, et parmi les théologiens des premiers temps du Collège Romain, François SUAREZ que l'on met à juste titre au rang des plus grands théologiens après saint Thomas, et plus récemment le Cardinal Jean-Baptiste FRANZELIN, pour ne nommer que lui, qui cultiva avec le plus grand zèle l'une et l'autre discipline et les unit d'une manière admirable.

Il ne faut toutefois pas négliger la théologie positive.

L'ordonnance de vos études et vos programmes annuels comportent une part abondante de matières positives fort utiles aux prêtres de notre temps, et surtout vos traités de théologie dogmatique consacrent une place importante à la théologie positive; plaise à Dieu que l'étude des Saints Pères et des écrivains ecclésiastiques fleurisse et se développe parmi vous.

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Il faut maintenir au sommet et d'une manière incorruptible le donné de foi.

En ce qui concerne vos études et votre apostolat, évitez de mélanger la doctrine catholique et les vérités naturelles qui s'y rattachent et qui sont connues de tous les catholiques, avec les essais des érudits pour les expliquer, ou aussi avec les éléments qui leur sont propres ou les raisons particulières, par lesquels les différents systèmes philosophiques et théologiques, qui se trouvent dans l'Eglise, se distinguent entre eux. Il ne faut aussi jamais agir, comme si les matériaux de l'éloquence sacrée et la doctrine religieuse en émanaient et en dépendaient. Aucune attitude d'esprit de ce genre n'est la porte par laquelle quelqu'un devrait entrer dans l'Eglise. Même du plus saint et plus prestigieux docteur, l'Eglise n'a jamais fait et ne fera jamais la source principale de la vérité. Elle considère saint THOMAS et saint AUGUSTIN comme de grands Docteurs et elle leur accorde les plus grands éloges mais elle ne reconnaît l'infaillibilité qu'aux auteurs inspirés de la Sainte Ecriture. Par mandat divin, dépositaire de la Tradition qui vit en Elle, l'Eglise seule est la porte du salut, elle seule est par elle-même, sous la protection et la conduite du Saint-Esprit, la source de la Vérité.

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De même il faut tenir aux principes permanents énoncés par la philosophie traditionnelle:

Les divers systèmes que l'Eglise permet de tenir doivent concorder avec ce que la philosophie antique et la philosophie chrétienne reconnaissaient depuis les débuts de cette même Eglise. Soit que l'on considère leur cohérence interne, soit que l'on s'attache à leur accord éclatant avec les vérités de la foi, ces vérités n'ont jamais été proposées de manière aussi lucide, aussi perspicace, aussi parfaite, n'ont jamais été systématisées de manière aussi solide que par saint THOMAS d'Aquin selon les formules expressives de Notre Prédécesseur Léon XIII: "Distinguant nettement comme il convient la raison de la foi, les unissant toutefois fraternellement, il maintient les droits et la dignité de l'une et de l'autre, de telle sorte que la raison humaine a été portée par lui au plus haut point et qu'il est presque impossible à la foi de recevoir de la raison des soutiens plus nombreux et plus solides que ceux que saint THOMAS lui a donnés". (Encycl Aeterni Patris de Léon XIII)
Parmi ces vérités auxquelles Nous venons de faire allusion, il faut compter, par exemple, ce qui a trait à la nature de notre connaissance, à celle de la vérité; aux principes métaphysiques absolus fondés sur la vérité; à un Dieu infini, personnel, créateur de toutes choses; à la nature de l'homme, à l'immortalité de l'âme, à la dignité de la personne humaine, aux devoirs que la morale naturelle lui fait connaître et lui impose.

Toutefois on est libre d'accepter ou non ce qui est demeuré matière à controverse, ou encore les données des sciences naturelles.

Mais il n'y a pas lieu de ranger au nombre des vérités requérant l'assentiment certain de la raison ce qui est encore controversé chez les grands commentateurs et les meilleurs disciples de saint THOMAS au sujet des vérités qui se situent au niveau de la nature.
Nous ne parlons pas non plus des choses dont on discute pour savoir si elles appartiennent à l'enseignement du saint Docteur et comment on doit les interpréter; de même, Nous passons sous silence, parce que caduques, les simples conséquences de la connaissance imparfaite qu'avaient les anciens de la physique, de la chimie, de la biologie et des autres sciences naturelles.
Tel est bien le sens du
CIS 1366 Par. 2 par lequel le Code établit saint THOMAS guide et maître de toutes les écoles chrétiennes, ainsi que l'affirmait Notre Prédécesseur d'heureuse mémoire, Pie XI: "Que chacun d'eux considère comme inviolable le précepte du Code de droit canonique selon lequel les professeurs doivent diriger les études de philosophie rationnelle et de théologie et la formation des élèves dans ces disciplines entièrement selon la méthode du Docteur Angélique, selon sa doctrine et ses principes" et que tous se conduisent selon cette règle de telle sorte qu'ils puissent eux-mêmes l'appeler leur maître. Mais que l'on n'exige pas des uns et des autres plus que n'exige l'Eglise, maîtresse et mère de tous; dans les choses, en effet, au sujet desquelles les meilleurs auteurs discutent dans les écoles catholiques, personne ne doit être empêché d'embrasser toujours l'opinion qui lui semble la plus vraisemblable". (Encycl. Studiorum ducem 29.9.1923)
C'est de cette façon que vos auteurs et maîtres insignes unirent magnifiquement la fidélité qu'ils gardèrent sans cesse au grand docteur avec la liberté exigée par la recherche scientifique et qui fut toujours sauvegardée par Nos Prédécesseurs, Léon XIII et ceux qui l'ont suivi sur la Chaire de Pierre.
Dans les limites fixées plus haut et qu'il ne faut pas dépasser, il sera donc permis à chaque professeur d'adhérer à une des écoles qui se sont acquis un droit de cité dans l'Eglise, à condition cependant qu'il distingue nettement les vérités à tenir par tous de celles qui caractérisent une école particulière et que, en maître sage, il note ces différences dans son enseignement.

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Il faut en plus de la philosophie et de la théologie étudier les sciences sociales.

Venons-en aux autres disciplines que l'on enseigne à l'Université Grégorienne. Nous commençons par l'Institut des Sciences sociales, instauré en dernier lieu et qui a été récemment annexé à l'Institut de Philosophie. Vous savez bien, très chers fils, l'importance que l'Eglise attribue à l'étude de la question sociale et à sa juste solution, s'il est permis de l'espérer; à tel point qu'il n'y a guère d'autre affaire - Nous n'hésiterions pas à l'affirmer - qui ait en ces derniers temps fait l'objet de plus de soucis pour le Saint-Siège. Aussi Nous accordons tous Nos éloges paternels à cet Institut fondé par vous dans le but d'y former tout particulièrement, mais non exclusivement, les prêtres et les étudiants ecclésiastiques aux doctrines sociales. Sachant comment il fonctionne, Nous ne pouvons Nous empêcher de vous féliciter de tout coeur et de vous décerner des louanges bien méritées pour l'ardeur avec laquelle vous avez commencé et la riche doctrine que vous enseignez aux élèves.
Cet Institut a entrepris d'enseigner la doctrine sociale de l'Eglise dont les points principaux sont contenus dans les documents du Saint-Siège, c'est-à-dire dans les Encycliques, les Allocutions et les Lettres Pontificales. A ce sujet, diverses écoles sociales ont vu le jour qui ont expliqué les documents pontificaux, les ont développés et les ont mis en systèmes. Et cela, Nous estimons qu'on a eu raison de le faire. Mais il était impossible d'éviter que dans l'application des principes, et dans les conclusions, ces mêmes écoles ne procèdent diversement et assez souvent ne diffèrent beaucoup entre elles. Aussi dans ce domaine également, il faut se rappeler ce que Nous avons dit plus haut de l'enseignement de la foi catholique et des écoles théologiques et veiller à ne pas confondre la doctrine sociale authentique de l'Eglise avec les positions différentes propres à chaque école: ces deux aspects doivent toujours être distingués avec grand soin.

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Il est important aussi de connaître le Droit Canon.

A votre enseignement théologique appartiennent aussi les Facultés de Droit Canon, d'Histoire ecclésiastique et de Missiologie.
Pour en venir au Droit Canon, Nous Nous rappelons avec plaisir l'époque où comme étudiant ecclésiastique ou comme jeune prêtre Nous Nous adonnions tout spécialement à ces études ou encore lorsque, invité à prêter Notre collaboration à la rédaction du Droit Canon, Nous y avons consacré plusieurs années. A cette occasion, Nous ne pouvons passer sous silence le P. François-Xavier WERNZ qui fut si longtemps remarquable professeur à votre Université, puis Général de la Compagnie de Jésus, avec qui Nous Nous sommes souvent alors entretenu de questions juridiques et qui occupa, semble-t-il, une place éminente parmi les maîtres de son temps en cette matière. Instruit par cette longue expérience, Nous estimons devoir recommander deux points dont l'un concerne l'acquisition d'une connaissance exacte de cette science, l'autre le ministère sacerdotal.
Que doit faire l'étudiant en Droit pour l'assimiler à fond? D'abord il faut qu'il connaisse bien le système du droit en vigueur, qu'il en possède les normes générales selon leur sens "positif" et "spéculatif". On ne peut donner à quelqu'un le titre de spécialiste en Droit Canon si, compétent dans l'interprétation des Canons, il ne connaît à fond les principes du droit et leurs relations mutuelles. Vous avez le mérite d'accorder une grande importance à la réalisation de cet objectif. Ceci vaut aussi pour l'étude de la Théologie morale, il est bon de le noter. La Théologie Morale, vous le savez bien, fut cultivée tout spécialement dès les débuts de votre Université, à l'école du cardinal LUGO, autrefois professeur au Collège Romain, qui associa admirablement la science spéculative aux applications de la science positive. En vous aidant des disciplines juridiques et des recherches récentes, continuez donc, comme vous le faites, remarquablement, à enseigner fidèlement et d'une manière pratique et à expliquer les vérités morales, naturelles et "positives" aux hommes de notre temps dont les moeurs sont en danger et qui mettent en question jusqu'aux principes moraux eux-mêmes.
Ensuite celui qui veut posséder le Droit Canon doit étudier l'Histoire du Droit très utile pour apprécier mûrement les choses qui le concernent; qu'il connaisse l'avis des anciens sur les mêmes institutions juridiques, qu'il apprenne l'origine du droit, son développement et ses changements, de manière à pouvoir comparer entre eux les systèmes juridiques. Enfin, il faut compléter l'étude de la théorie par celle de la pratique et des applications du droit; à cela peuvent utilement contribuer vos "exercices", d'autant plus qu'ici à Rome, vous avez l'occasion - qui n'existe nulle part ailleurs - de fréquenter les leçons qui se tiennent auprès des Offices du Saint-Siège.
En considérant la nature de sa charge, le spécialiste en Droit Canon se persuadera que le Droit Canon, comme tout ce qui est dans l'Eglise, est orienté tout entier au bien des âmes pour que, en obéissant aux lois tutélaires, les hommes possèdent la vérité et la grâce du Christ; qu'ils vivent, grandissent, meurent saintement, pieusement, fidèlement. Lorsqu'il administre les affaires ecclésiastiques, lorsqu'il exerce les fonctions de juge, lorsqu'il aide de ses conseils les ministres sacrés ou les fidèles, il pensera constamment au salut des âmes auxquelles il peut aussi nuire beaucoup et dont il devra rendre compte. Aussi puisque les cours de Droit Canon doivent précéder l'exercice de l'apostolat, il est extrêmement nécessaire qu'ils y préparent leurs élèves avec soin.

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L'Histoire ecclésiastique a sa place également dans l'enseignement de l'Université.

Nous apprécions vivement les développements que l'Histoire ecclésiastique a reçus dans votre Université où elle constitue une Faculté distincte à laquelle se rattachent les recherches de la Faculté de Missiologie sur l'histoire des Missions, et ses travaux remarquables sur l'ethnologie, la sinologie et l'islamologie, qui contribuèrent à leur développement.
En Histoire de l'Eglise, un des objectifs principaux que vous poursuivez avec fermeté est d'apprendre aux élèves la méthode de la recherche critique tant dans ses principes que dans ses applications pratiques. Cet effort n'a rien d'étonnant; bien plus, il est louable, d'autant qu'ici l'exemple d'autrui vous éclaire. Avec quel zèle et combien fructueux, après l'ouverture des Archives secrètes du Vatican, des Instituts historiques et des chercheurs non-catholiques ont étudié longuement les écrits et les documents qui attestent les travaux de l'Eglise pendant les siècles passés, en ont tiré des renseignements nombreux et intéressants et les ont édités.
Avec quel profit également les Instituts et les savants catholiques sur les traces des Bénédictins de Saint-Maur et des Bollandistes, honneur et gloire de la Compagnie de Jésus, ne se sont-ils pas appliqués à ce genre de recherches!
Nous félicitons donc Notre Université Grégorienne qui suit le même chemin glorieux et, depuis vingt ans, pour exercer ses élèves à cette discipline, les envoie à la Bibliothèque et aux Archives Vaticanes.
Nous sommes persuadé qu'il n'y a guère de branche du savoir qui l'emporte sur l'Histoire ecclésiastique pour entretenir, aiguiser, amener à maturation l'art de sentir avec l'Eglise, pourvu que l'on observe la règle de mesure et de prudence qui consiste à ne pas s'arrêter plus qu'il ne faut à tel ou tel événement ou à telle difficulté; à rapporter au tout chaque aspect particulier et les éléments négatifs aux positifs; à présenter les faits importants et durables, les faits mineurs et passagers comme tels. Qu'on ait surtout à l'esprit ce principe requis absolument d'ailleurs par le respect dû à la vérité: bien qu'on y trouve des fautes humaines, l'Eglise est toujours l'Eglise du Christ, véritable et infaillible dans la conservation et la transmission du dépôt sacré de la foi et sainte, qu'elle est enfin "l'Eglise de Dieu qu'il s'est acquise par son sang".
Ac 20,18 Dieu est toujours grand et admirable dans ses œuvres mais il faut le considérer comme tel là où brille sa charité infinie, où s'accomplit pour nous la Rédemption surabondante, c'est-à-dire dans l'Eglise catholique. Continuez dans la voie où vous êtes engagés, en répétant la parole de l'Apôtre Saint Paul: "Gloire à Dieu dans l'Eglise et dans le Christ Jésus" Ep 3,21

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Pie XII demande aux étudiants de l'Université d'avoir l'ambition de briller par l'éclat de leur science.

Aux plus âgés parmi vous, Nous rappelons volontiers le souvenir des professeurs, comme Louis BILLOT - pour nommer l'un d'entre eux - qui par leur caractère et leur intelligence suscitaient chez les élèves l'amour des études sacrées et de la haute dignité du sacerdoce. C'est de tels maîtres que Nous souhaitons aux étudiants et Nous exhortons en ces termes ceux qui actuellement enseignent chez vous ces disciplines.
De votre Université sont sortis en grand nombre pendant le cours des siècles, des hommes qui ont fait honneur à son nom, dont plusieurs ont mérité le titre de Saint et de Bienheureux, de vaillants martyrs, des évêques et des prêtres qui par la prédication de l'Evangile, le ministère des âmes, les sciences sacrées, l'éducation de la jeunesse, l'enseignement, la défense des droits de l'Eglise, ont brillé par les oeuvres, la parole, les écrits et l'action aussi bien dans les régions où la foi catholique est implantée depuis longtemps que dans ces régions où l'Evangile fut apporté récemment.
Tous ceux-là brûlaient d'un triple feu qui avait envahi leurs âmes: le zèle du salut des âmes, celui de l'étude et du travail, et enfin celui de la prière et de l'abnégation constantes. Parce qu'ils étaient enflammés du feu du ciel, ils furent ardents et rendirent de grands services. Il faut maintenant que vous soyez possédés du désir d'étudier, jeunes gens qui Nous êtes si chers, pour qu'ainsi vous ayez un jour les forces nécessaires pour accomplir de grandes choses au service du Christ et de l'Eglise.
Dans cette assemblée si nombreuse, Nous élevons une prière d'action de grâces au Dieu Souverain et Eternel pour le développement important qu'il a accordé pendant quatre siècles au Collège Romain ou Université Grégorienne; Nous Lui consacrons le nouveau siècle qui commence et Nous Le supplions de le remplir de dons du Saint-Esprit; sur les supérieurs, les professeurs et tous les élèves de cette Institution qui Nous est tellement chère et sur tous ceux qui l'aident de leur prière et de toute autre manière, Nous invoquons toutes les faveurs de Celui qui seul est bon et l'auteur de tous les dons. Que par son intercession maternelle, la Vierge Marie, Mère de Dieu, Siège de la Sagesse et Mère du Bel Amour, à la protection et au patronage de qui Nous vous confions tous, vous les obtienne de son Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Enfin, comme témoignage de Notre bienveillance et comme gage de la grâce divine, qui dépasse toute attente, Nous vous accordons de tout cœur la Bénédiction apostolique.



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1954 Il semble qu'il n'y ait aucune allocution à la Rote pas de trace dans les Documents pontificaux de Pie XII


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1955 Il semble qu'il n'y ait aucune allocution à la Rote pas de trace dans les Documents pontificaux de Pie XII

1955 Prière des juristes

24/5/1955

PRIERE DES JURISTES


O Dieu grand et puissant, de qui toutes choses, comme de leur source naturelle, émanent avec suavité et ordre, accueillez-nous avec bienveillance, nous qui sommes prosternés devant Vous, afin que, cultivant et professant la science du droit, nous expérimentions, de manière toute particulière, le besoin de votre aide pour poursuivre toujours la voie droite, où est attribué à chacun ce qui est sien, sans déviations ni erreurs.

Illuminez nos faibles yeux afin que, à tout moment et en toute occasion, nous sachions reconnaître ce qui est juste: donnez a notre intelligence la pénétration nécessaire pour pouvoir distinguer en toutes choses la trace de votre très sainte volonté; et faites que nous n'ayons jamais de défaillance dans l'application aux règles qui doivent régler l'activité personnelle des hommes, le chemin de la société et l'harmonieux concert des nations.
Que la vertu de votre grâce nous assiste d'une façon toute particulière quand nous avons à prendre des décisions en votre nom et au nom de la société humaine afin que le bien reçoive la récompense promise et le mal son juste châtiment.
Si, comme juristes, nous voulons publiquement reconnaître en vous le principe et la source de tout droit, avant et au- dessus de toute volonté purement humaine et de tout pacte social, comme chrétiens nous professons qu'il existe des relations d'une dépendance intime entre le droit et la morale, entre le droit et la religion, et comme fils de l'Eglise nous admettons et nous acceptons votre suprême magistère et la plénitude de vos droits sacrés.
Seigneur! Dans ce siècle tourmenté, qui semble avancer dans les sentiers de l'histoire comme un aveugle, qui ne sait pas où poser son pied pour se sentir en sécurité, et qui aussi soupire après la lumière et la vie, nous recourons à Vous, pleins de confiance nous implorons la force de pouvoir coopérer à l'équilibre, à la tranquillité et à la paix du monde, en travaillant à la diffusion du droit et de la justice: de telle sorte que, partant des règles purement humaines, nous sachions monter et nous élever jusqu'à vous, pour redescendre ensuite avec un désir plus ardent que, finalement, règnent sur la terre votre volonté et votre loi, que Vous régniez Vous-même, ô Seigneur, comme vous triomphez et régnez au plus haut des cieux et régnerez toujours à travers les siècles des siècles. Ainsi soit-il (1).


(1) Indulgence partielle de 500 jours aux conditions habituelles.



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1956 Il semble qu'il n'y ait aucune allocution à la Rote pas de trace dans les Documents pontificaux de Pie XII

Mais le... ..

1956 Réflexion sur le Droit canonique

3/6/1956

ALLOCUTION A DES PROFESSEURS ET ETUDIANTS DE DROIT CANONIQUE AUTRICHIENS.


Nous vous souhaitons la bienvenue, chers Messieurs, qui, au cours du voyage qui vous a conduits de Vienne à Rome, avez eu la délicatesse de venir jusqu'à Nous.
Vous consacrez vos efforts à l'étude du droit canonique et de l'histoire du droit, ainsi qu'aux recherches en ces matières. Ces deux spécialités - la première par sa nature même, mais la seconde aussi - vous mettent en contact avec les aspects juridiques de la vie de l'Eglise catholique.

Le droit ecclésiastique n'est pas une fin en soi. Il est toujours un moyen ordonné a un but qui le dépasse. Comme tout ce qui existe dans l'Eglise, il est au service du salut des âmes, et, par là, du ministère auprès des âmes. Il doit s'efforcer, en auxiliaire de ce dernier, d'ouvrir à la vérité et à la grâce du Christ Jésus les sentiers qui conduisent au coeur de l'homme, et de les aplanir.
Seulement, le droit canonique ne doit pas pour autant être considéré, par rapport à la structure intime et à l'être même de l'Eglise, comme un ouvrage purement humain surajouté du dehors. Bien sûr, il y a beaucoup de canons qui ne sont que des mesures de protection, destinées, en somme, à préserver le domaine de la foi de toute subversion, celui de la vie de la grâce et des sacrements de toute profanation. Mais il y a, à côté de cela, des normes juridiques qui s'insèrent dans la structure même de l'Eglise, et cela parce que, en raison de leur substance propre elles nous viennent directement du divin Fondateur de l'Eglise: il s'agit de celles qui structurent les articulations mêmes du corps mystique du Christ, comme le sont les règles contenues dans le droit constitutionnel de l'Eglise, ou les définitions qui concernent le pouvoir du pape et celui des évêques. En fondant son Eglise, le Christ n'a pas voulu simplement lancer un vague mouvement spiritualiste, mais édifier une société solidement organisée.


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Le Saint-Père réfute les objections adressées à l'Eglise pour certains articles du code de droit canonique.


Certes, il n'est pas permis au droit canonique d'envahir le domaine des valeurs spirituelles et surnaturelles au service desquelles il est placé. On lui a bien reproché de le faire; et l'on a parlé, à ce propos, des excès de "juridisme " de l'Eglise. Et l'on a trop souvent critiqué l'Eglise pour l'inflexibilité avec laquelle elle reste fermement attachée à l'indissolubilité du mariage chrétien contracté validement et consommé. Il ne s'agit pourtant pas dans ce cas d'une insensibilité ou d'une dureté de coeur de juristes qui se conduiraient comme s'ils étaient incapables de comprendre le tragique de plus d'une situation conjugale: mais ce qui est ici en cause c'est tout simplement la fidélité de l'Eglise à maintenir les droits du mariage, tels que son divin Fondateur les a institués lui-même sans qu'elle ait, pour sa part, pouvoir d'en juger.
Nous n avons donc pas besoin de vous dire, à vous qui êtes juristes, que les quelques rares lois des temps apostoliques seraient insuffisantes pour pourvoir à la direction d'une Eglise universelle qui compte plus de quatre cents millions de fidèles. De plus chaque fois que l'Eglise s'est étendue géographiquement, ou qu'elle a voulu vivifier la vie religieuse des fidèles et lancer de nouvelles fondations, elle a en même temps poursuivi presque spontanément sa tâche de développement juridique, afin d'orienter et de protéger cet élan de vie religieuse.
Nous pouvons donc contempler l'action de la Providence jusque dans la création du code de droit canonique, qui fait maintenant loi dans l'Eglise; la nouvelle mise au point du droit ecclésiastique en tout cas correspondait bien à l'expansion de l'Eglise comme à son développement intérieur, et faisait face à des progrès qui, jusqu'au dix-neuvième siècle n'avaient jamais atteint de telles proportions. Ce faisant, l'Eglise n'est pas tombée dans un excès de "juridisme ". Car c'est bien de nos jours que vous pouvez constater chez les fidèles un élan religieux, des forces spirituelles, tels qu'il n'en existait auparavant pas de plus forts ni de comparables.
Vie spirituelle et structure juridique vont donc de pair dans l'Eglise. Comme symbole de cette union, laissez-Nous vous proposer le saint Pape Pie X. Il fut à la fois le créateur du nouveau code de droit ecclésiastique et celui qui répandit les eaux vives de la vie sacramentelle.
En vous souhaitant, chers Messieurs, de réussir dans vos travaux scientifiques et de savoir trouver dans vos études juridiques une source d'enrichissement intérieur, Nous vous donnons, de tout Notre coeur paternel, la Bénédiction apostolique.


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1957 Il semble qu'il n'y ait aucune allocution à la Rote pas de trace dans les Documents pontificaux de Pie XII



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1958 Il semble qu'il n'y ait aucune allocution à la Rote pas de trace dans les Documents pontificaux



JEAN XXIII


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1959 La Rote, tribunal de la famille chrétienne.


19/10/1959

L'inauguration de l'Année judiciaire du Tribunal de la sacrée Rote romaine Nous procure ce matin la satisfaction de recevoir l'éminent collège des prélats auditeurs, tous les officiers et avocats, immédiatement après la confiante prière à l'Esprit-Saint, pour implorer les dons de la grâce divine sur les multiples tâches de la nouvelle année d'activité.
Chers Fils, l'adresse qui vient d'être lue Nous a été agréable par sa simplicité même, qui convient à ceux qui, possédant l'art de peser les mots, attachent à chacun d'eux une grande importance. Le fait même de ne pas avoir songé à célébrer tout spécialement le premier cinquantenaire de l'activité du tribunal, avec la promulgation de la Constitution apostolique Sapienti Consilio de saint Pie X - célébration qui eût été du reste amplement justifiée - est l'indice d'un esprit réservé qui fait honneur à l'institution et à ses membres.


A la Rote 1939-2009 5301