2002 Magistère Mariage 507

TITRE XIII: Des remèdes juridiques opposables à la

sentence.

chapitre I - De la plainte en nullité de la sentence

ART.207 - La sentence souffre d'un vice de nullité qui n'est pas corrigible et donc d'une nullité irrémédiable:
- 1) quand elle est portée par un tribunal absolument incompétent ou par un nombre non légal de juges, contrairement à ce que prescrit le CIS 1576 Par. 1;
- 2) quand elle intervient entre des parties dont l'une au moins n'a pas qualité pour ester en justice, et y a cependant été admise;
- 3) quand une personne a agi au nom d'une autre, sans en avoir reçu un mandat régulier CIS 1892.

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ART.208 - La nullité dont il est question à
l'article 207 peut toujours être objectée ou opposée par tout intéressé et par mode ou sous forme d'exception; mais l'opposition par voie d'action introduite devant le tribunal qui a rendu la sentence doit être faite dans le délai de trente ans à compter du jour où la sentence a été rendue publique CIS 1933.

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ART.209 - La sentence souffre d'un vice de nullité qui est corrigible;
- 1) - quand il n'y a pas eu de citation régulière;
- 2) - quand la sentence est dépourvue des motifs de la décision
- 3) - quand elle ne porte pas les signatures prescrites par le droit;
- 4) - quand elle n'indique pas l'année, le mois, le jour ni le lieu où elle a été rendue
CIS 1894.

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ART.210 - Dans les cas mentionnés à l'article 209, la plainte en nullité de la sentence peut être portée, ou bien jointe à l'appel qui est interjeté dans les dix jours, auprès du tribunal de l'instance supérieure, ou bien à part et seule en tant que plainte, devant le tribunal qui a rendu la sentence incriminée, mais alors dans les trois mois à dater du jour ou la sentence a été publiée
CIS 1895.

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ART.211 - Par. 1 - Peuvent déposer une plainte en nullité de la sentence, non seulement les parties qui se jugent lésées, mais encore le promoteur de justice s'il a été partie dans l'affaire ou s'il est intervenu dans le procès, et le défenseur du lien.

Par. 2 - Bien plus, le tribunal lui-même peut rétracter d'office ou spontanément la sentence nulle qu'il a prononcée et la corriger dans les laps de temps indiqués ci-dessus pour engager une action judiciaire de plainte en nullité
CIS 1897


Par. 3 - Que si, dans les laps de temps préfixés, il n'est pas déposé de plainte en nullité, et si la sentence n'a pas été corrigée, le vice de la sentence, quand il est corrigible, est présumé purgé et la nullité avoir été guérie.

Par. 4 - Si la partie qui engage la plainte en nullité devant les juges qui ont porté la sentence nulle, craint que le tribunal n'ait pas la liberté nécessaire pour se désavouer et que, dans ces conditions, elle le tienne à juste titre pour suspect, elle peut réclamer que, dans ce même tribunal(au même degré de juridiction), d'autres juges soient substitués aux précédents CIS 1896.

512Index Table

chapitre II - De l'appel.

ART.212 - Par. 1 - La partie qui s'estime lésée par la sentence, de même que le promoteur de justice, s'il intervient au procès, ont le droit de faire appel, c'est-à- dire d'en appeler du tribunal qui a porté la sentence au tribunal supérieur CIS 1879.

Par. 2 - Le défenseur du lien, dès la première sentence prononçant la nullité du mariage, est tenu d'en appeler au tribunal supérieur dans le délai fixé par la loi; s'il néglige de le faire, le président doit user de son autorité pour l'y obliger CIS 1986.

Par. 3 - L'appel interjeté par le défenseur du lien profite également à la partie qui défend la validité du mariage, le droit propre qu'a cette partie de présenter elle- même un appel restant entier; mais l'appel qu'interjette cette partie ne dispense nullement le défenseur du lien de l'obligation d'en appeler.

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ART.213 - En appel, le tribunal est constitué de la même manière et d'après les mêmes principes qu'en première instance
Titre II ; la procédure est la même Titres VII à XIII. , y compris les citations et la concordance du doute, c'est-à-dire l'accord au sujet des fermes du doute ou de la question à soumettre au tribunal.

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ART.214 - Par. 1 - On peut en appeler d'une sentence ou d'un arrêt ou décret interlocutoires
Titre XI à un tribunal supérieur, seulement lorsqu'ils ont la force de sentence définitive CIS 1880 n. 6).

Par. 2 - La sentence ou le décret interlocutoires sont considérés comme ayant force de sentence définitive lorsqu'ils causent une gêne que ne peut faire disparaître la sentence définitive: par exemple, lorsqu'il arrive que des preuves pouvant exercer une influence réelle sur le jugement à porter soient repoussées par la sentence ou le décret interlocutoires.

515Index Table

ART.215 - Par. 1 - Conformément aux CIS 1881-1884, l'appel doit être interjeté dans les dix jours, et il doit être poursuivi par l'appelant dans l'espace d'un mois.

Par. 2 - Si la question se pose au sujet du droit d'appel, c'est le tribunal d'appel qui en connaîtra et prononcera la recevabilité du recours.

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ART.216 - Par. 1 - Soit le défenseur du lien, soit les parties, peuvent, s'ils le jugent utile dans les causes surtout de grande importance, en appeler directement, sans passer par le tribunal intermédiaire, à la Sacrée Rote Romaine ou, dans le cas visé par
l'article 12 , au tribunal du Saint-Office.

Par. 2 - Si l'un ou l'autre des appelants en appelle aux tribunaux précités du Saint-Siège, l'appel doit se poursuivre exclusivement devant ces tribunaux.

Par. 3 - De même, la partie qui, en temps utile, en a appelé au tribunal d'appel diocésain a le droit de demander que son appel soit transféré à la Sacrée Rote Romaine, ou bien, dans le cas de l'article 12 , au tribunal du Saint- Office, à moins cependant que les citations à comparaître n'aient déjà été régulièrement faites par le tribunal diocésain d'appel voir art. 85 (Par l'envoi des citations à comparaître, le tribunal d'appel a ouvert l'instance et res desinit esse integra). La même règle est applicable au défenseur du lien.

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ART.217 - Par. 1 - Comme les sentences qui terminent les causes matrimoniales ne passent jamais à l'état de chose jugée, les causes elles-mêmes peuvent être révisées devant le tribunal supérieur (L'application d'une sentence erronée peut avoir pour effet de maintenir les âmes en état de péché mortel), sans excepter les cas dans lesquels il n'y eut pas d'appel, ceux où l'appel a été abandonné et enfin ceux où le droit d'appel s'est trouvé périmé
CIS 1736 CIS 1740 CIS 1886.

Par. 2 - Dans le cas où, dans les causes matrimoniales, deux sentences ont statué dans le même sens, une nouvelle instance ou proposition ultérieure de la même cause devant un tribunal ne doit pas être admise, à moins qu'on n'apporte de nouveaux arguments ou documents graves CIS 1903 CIS 1989.

Par. 3 - Il n'est pas requis que ces arguments ou documents soient très graves, encore moins décisifs, c'est-à- dire exigeant péremptoirement une sentence contraire; c'est au tribunal de troisième instance d'en apprécier la valeur au point de vue de la révision du procès, après avoir entendu le défenseur du lieu.

518Index Table

ART.218 - Par. 1 - Une cause matrimoniale jugée par un tribunal ne peut jamais être jugée une seconde fois par un autre tribunal du même degré, même si elle devait être reprise avec de nouveaux arguments ou documents; c'est seulement le tribunal de l'instance supérieure qui pourra de nouveau juger la même cause, et cela à la suite d'un appel interjeté. (Comm. Pont., 16 juin 1931.)

Par. 2 - Il faut entendre la règle précédente en ce sens qu'elle n'est valable que s'il s'agit réellement de la même cause, c'est-à-dire du même mariage et du même motif de nullité (Si le motif de nullité est différent, c'est un autre procès qui commence).

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ART.219 - Par. 1 - Si, au cours du procès, un autre chef de nullité vient à être invoqué, on doit décider s'il faut l'admettre d'après les règles ordinaires de la compétence; une fois admis, on observera les autres règles relatives à l'instruction de la cause.

Par. 2 - Mais, si ce nouveau motif de nullité est présenté en appel et si rien ne s'y opposant, il est admis par le tribunal, celui-ci le jugera de la même manière qu'il le ferait si c'était en première instance (ou pour la première fois).

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ART.220 - Après une seconde sentence (celle donnée par le tribunal d'appel) confirmant la première sentence de nullité du mariage, et si le défenseur du lien ne croit pas, en conscience, nécessaire d'en appeler à nouveau, les époux ont le droit, dix jours après la signification de la seconde sentence, de contracter un nouveau mariage
CIS 1987.

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ART.221 - Par. 1 - Si, après la seconde sentence déclarant la nullité du mariage, le défenseur du lien estime, en conscience, qu'il doit provoquer l'ouverture d'une troisième instance, la procédure aura lieu conformément aux prescriptions de
l'article 213

Par. 2 - D'après ce que lui suggère sa conscience, le défenseur du lien peut d'ailleurs poursuivre ou bien abandonner l'appel interjeté en vue d'obtenir cette troisième instance.

Par. 3. Dans le cas ou l'appel est abandonné, les parties ont le droit de contracter un nouveau mariage après que leur a été signifié le décret du tribunal déclarant que l'appel doit être considéré comme abandonné CIS 1886 ou périmé CIS 1736-1737


522Index Table

ART.222 - Par. 1 - Si, au cours du procès et avant le prononcé de la sentence, des documents authentiques établissent que l'un des deux époux est décédé, les actes sont déposés aux archives et il n'y a pas lieu de rendre une sentence, à moins que l'autre époux ou un héritier du défunt pour des motifs graves tels, par exemple, que la légitimité des enfants nés du mariage attaqué ou l'obtention de l'héritage, veuille poursuivre le procès CIS 1972. En pareils cas, ce sont les personnes précitées qui peuvent interjeter un appel et le poursuivre.

Par. 2 - Par contre, si l'un ou si les deux époux viennent à mourir, le défenseur du lien n'a ni le devoir ni le droit d'interjeter ou de poursuivre l'appel dont parle le CIS 1986


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ART.223 - Si l'un des époux ou les deux essayent de contracter un mariage soit après une première sentence, soit après une double sentence conforme, décidant la nullité de leur union conjugal, mais alors que ces sentences ont été l'objet d'un appel, le tribunal doit prononcer, soit d'office soit sur la demande du défenseur du lien, l'inhibition (ou l'interdiction) de l'exercice du droit de se marier, conformément au
CIS 1672 Par. 3, jusqu'à la sentence définitive.

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TITRE XIV; après la sentence

Formalités à remplir après la sentence déclarant la nullité d'un mariage

ART.224 - Quand la double sentence prononçant la nullité du mariage a été signifiée aux parties, ainsi que le prescrit l'article 204, Par. 1 , et lorsque, dans les dix jours qui suivent, le défenseur du lien n'en a pas appelé, le président du tribunal est tenu de la notifier à l'Ordinaire du lieu où le mariage a été célébré CIS 1987-1988.

525Index Table

ART.225 - Par. 1 - Cet Ordinaire du lieu doit aussitôt que possible enjoindre au curé de la paroisse, où la célébration du mariage figure dans les registres paroissiaux, de mentionner la sentence de nullité et les interdictions éventuellement stipulées (par exemple dans les causes d'impuissance); sur ces registres de mariage et aussi sur le registre des baptêmes, si l'un des deux ou les deux époux ont été baptisés dans cette paroisse.

Par. 2 - Le curé de la paroisse est tenu, à son tour, de noter aussitôt, dans les registres susmentionnés, la sentence de nullité et les interdictions éventuellement stipulées. Si l'un des deux époux ou tous deux ont été baptisés ailleurs que là où ils se sont mariés, le curé doit en outre informer le ou les curés des paroisses où le baptême a eu lieu, de la sentence déclarative de nullité qui vient d'être prononcée et, le cas échéant, des interdictions stipulées, afin que cette sentence et ces prohibitions soient mentionnées ou inscrites dans le registre des baptêmes. Enfin le curé de la paroisse où le mariage a été célébré doit, le plus tôt possible, rendre compte à son propre Ordinaire de ce qu'il a fait.

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TITRE XV: procédure des cas d'exception

La procédure à suivre dans certains cas d'exception.

ART.226 - Toutes les fois qu'il s'agit du cas excepté visé dans le CIS 1990 l'Official, après avoir entendu les époux, s'ils ont comparu, et mûrement considéré l'affaire, recherchera si l'existence de l'empêchement c'est-à-dire le chef de nullité, est prouvée sans contestation possible par un document certain et authentique, contre lequel on ne peut soulever aucune objection ou exception. S'il lui semble que l'existence de l'empêchement est incontestable et qu'il apparaisse avec une pareille certitude ou par quelque autre moyen légitime (Commiss. Pont., 16 avril 1931, ad I) qu'il n'a pas été accordé de dispense, il déférera la question à l'Ordinaire.

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ART.227 - Par. 1 - L'Ordinaire, agissant comme juge, citera toujours et entendra les parties, prendra également l'avis du défenseur du lien et du promoteur de justice, si c'est ce dernier qui accuse le mariage ou simplement parce que l'Ordinaire juge bon de l'entendre; puis, selon sa prudente estimation, il peut rendre une sentence déclarative de nullité de mariage, dans laquelle il expose brièvement les raisons de droit et de fait qui la motivent.

Par. 2 - Que si l'Ordinaire pense que toutes les conditions requises par le
CIS 1990 pour qu'il puisse lui- même traiter judiciairement cette cause de nullité de mariage, comme un cas d'exception, ne sont pas vérifiées, Il transmettra la cause au tribunal diocésain qui observera la procédure normale, conformément aux Titres V et suivants .

528Index Table

ART.228 - En cas d'absence ou d'empêchement de l'Ordinaire, la sentence mentionnée dans l'article précédent sera rendue par l'Official sur mandat spécial du même Ordinaire.

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ART.229 - Par. 1 - De cette sentence déclarative de nullité de mariage rendue par l'Ordinaire ou par l'Official, - le défenseur du lien, s'il estime, tout bien pesé, que l'existence de l'empêchement n'est pas certaine ou qu'une dispense le concernant est probablement intervenue, est tenu conformément au
CIS 1991, d'en appeler au tribunal de seconde instance, auquel les actes du procès seront transmis et qu'on informera par écrit qu'il s'agit d'un cas d'exception examiné et jugé en vertu du CIS 1990.

Par. 2 - Soit le promoteur de justice, s'il est intervenu, soit la partie qui s'estimerait lésée par la sentence dont il a été parlé plus haut art. 227, Par. 1 ont le même droit (que le défenseur du lien), c'est-à-dire le droit d'en appeler.

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ART.230 - Le tribunal de seconde instance décidera, observant la même procédure qu'indique
l'article 227 , si la sentence doit être confirmée, ou s'il y a plutôt lieu de procéder suivant les voies juridiques habituelles: dans ce cas il renverra la cause au tribunal de première instance CIS 1992.

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ART.231 - Par. 1 - Si l'un des époux était certainement tenu d'observer dans la célébration du mariage la forme canonique, et qu'il ait seulement contracté mariage devant l'autorité civile ou devant le ministre d'un culte acatholique; ou bien encore si des apostats de la foi catholique se sont mariés dans leur état d'apostasie soit civilement, soit selon un rite non catholique, il n'est besoin ni de formalités judiciaires ni de l'intervention du défenseur du lien pour que leur état libre soit constaté. En conséquence, c'est à l'Ordinaire lui-même qu'il appartient de trancher ces sortes de cas, ou au curé compétent, après avis de l'Ordinaire, dans l'enquête qui doit précéder la célébration du mariage, enquête dont il est question dans le
CIS 1019 ss.

Par. 2 - S'il subsiste quelque doute au sujet de la vérification des conditions mentionnées au paragraphe 1, il faudra suivre les règles de la procédure judiciaire habituelle pour trancher la question de la valeur du mariage célébré.

532Index Table

TITRE XVI: frais judiciaires

Des frais judiciaires; de l'assistance judiciaire gratuite ou de la réduction des frais de justice.

ART.232 - Les parties doivent être contraintes de payer une certaine somme au titre de frais judiciaires, à moins qu'elles n'en soient dispensées par la concession de l'assistance judiciaire gratuite CIS 1908.

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ART.233 - Tout tribunal doit avoir un tableau des taxes et un tarif établi par le Concile provincial ou par l'assemblée des évêques. On y spécifiera ce que les parties ont à verser pour chacun des actes judiciaires, le montant des honoraires dus aux avocats et aux procureurs, ce qu'il faut payer pour les traductions et transcriptions, les vérifications portant sur les documents dont l'exactitude et l'authenticité sont à contrôler, ainsi que pour les copies faites sur les pièces déposées dans les archives
CIS 1909 Par. 1.

534
ART.234 - Mais le tribunal doit veiller sur les points suivants:
- 1) - les frais judiciaires ne doivent pas être trop augmentés par suite d'actes judiciaires superflus ou inutiles;
- 2) - les parties ne doivent pas être grevées plus que de juste par le taux des honoraires et par les frais des experts; le montant en sera fixé par le président et d'après les tarifs en usage auprès des tribunaux civils pour les actes similaires;
- 3) - Pour leurs honoraires et leurs frais, les procureurs et les avocats ne peuvent réclamer aux parties d'autres émoluments que ceux qui sont prévus et approuvés par les tableaux existant au tribunal; si une partie le demande, le président fixera par un décret les honoraires à verser.

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ART.235 - Par. 1 - Afin de pourvoir aux frais judiciaires, aux honoraires des experts, s'il y a une expertise, ainsi qu'à l'indemnité à verser aux témoins, le président peut ordonner qu'une somme convenable soit déposée à titre de provision dans la caisse du tribunal, somme qui pourra être majorée en cours de procès, au cas où le président le jugerait utile.

Par. 2 - Bien que ladite somme doive généralement être déposée par celui qui intente l'action, c'est-à-dire par le demandeur, le président est chargé de décider, si l'autre partie intervient dans le procès, si elle doit verser une provision et quelle doit en être la valeur.

Par. 3 - A la partie qui s'y refuse on peut assigner un terme péremptoire pour qu'elle s'acquitte du versement requis.

536Index Table

ART.236 - Par. 1 - Dans la sentence qui clôt le procès, le tribunal décidera si les frais judiciaires doivent être acquittés seulement par la partie qui actionne ou bien encore par l'autre partie, quand elle est intervenue au procès; en ce cas, il déterminera, pour l'une et l'autre parties, la proportion de leurs versements.

Par. 2 - En tout cas, il faut tenir compte du degré de pauvreté de la partie qui a perdu le procès et lui accorder une remise sur les frais.

Par. 3 - Il n'y a pas possibilité de faire un appel distinct portant uniquement sur l'imputation des dépenses; mais la partie qui se juge lésée peut, dans les dix Jours, faire opposition devant le même juge, lequel peut connaître à nouveau de cette question et modifier ou réduire la taxation imposée CIS 1913 Par. 1.

Par. 4 - L'appel contre une sentence sur la cause principale implique l'appel contre le décret fixant les frais CIS 1913 Par. 2.

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ART.237 - Par. 1 - Si la pauvreté réelle et le bon droit de celui qui intente l'action paraissent bien établis, le tribunal lui accordera l'assistance judiciaire gratuite (remise totale des frais judiciaires); le président lui désignera un avocat. La partie convoquée peut obtenir également la même faveur, toutes les fois que pour des motifs très sérieux le tribunal juge opportun d'accorder pareille remise.

Par. 2 - Si la partie n'est pas absolument dénuée de ressources, mais qu'elle soit néanmoins incapable d'acquitter les frais habituels d'un procès, elle peut obtenir une diminution des frais judiciaires; mais l'avocat sera toujours désigné d'office par le tribunal.

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ART.238 - Par. 1 - Celui qui désire obtenir une remise totale ou partielle des frais judiciaires doit adresser au président une requête à cet effet, en y joignant les pièces établissant nettement sa situation économique il doit prouver également qu'en intentant un procès, Il n'agit pas à la légère ni pour des motifs futiles.

Par. 2 - Avant d'accorder l'assistance gratuite ou une remise des frais judiciaires, le président doit prendre l'avis du promoteur de la justice et du défenseur du lien, après leur avoir transmis la requête et les documents qui l'appuient, et, s'il le juge nécessaire, il se renseignera davantage et, au besoin, en secret
CIS 1915.

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ART.239 - Si, à la suite d'une remise totale. ou partielle des frais judiciaires, il apparaît en cours du procès, d'après les actes de la cause ou de nouveaux documents, que la prétendue pauvreté ou le bon droit présumé sont inexistants, le tribunal, soit d'office, soit à la demande du défenseur du lien ou du promoteur de justice, doit retirer la concession de la remise totale ou partielle des frais judiciaires.

540Index Table

ART.240 - Par. 1 - L'avocat désigné pour l'assistance judiciaire gratuite ne peut se dérober à cette charge, si ce n'est pour un motif approuvé par le président. S'il refuse son ministère, le président du tribunal peut lui infliger une peine disciplinaire en rapport avec sa faute, peine que le tribunal est même en droit d'élever jusqu'à celle de la suspension des fonctions CIS 1916 Par. 1.

Par. 2. Mais, si l'avocat ne remplit pas sa charge avec l'application. requise, le président doit le rappeler à l'ordre, soit d'office, soit à la. demande du défenseur du lien ou, s'il intervient au procès, du promoteur de la justice.

Donné à Rome, au Palais de la Sacrée Congrégation de la Discipline des Sacrements, le 15 août 1936.

D. card. JORIO, Préfet.

F. Bracci, Secrétaire.

541
NOTE.

Il est rappelé, aux Révérendissimes Ordinaires des lieux qu'ils doivent observer les prescriptions contenues dans la Lettre de cette Sacrée Congrégation en date du 1er Juin 1932, et reproduites dans le Document III de l'Appendice, surtout en ce qui concerne les notifications qui sont à transmettre chaque année à cette Sacrée Congrégation au sujet des causes matrimoniales jugées par leurs tribunaux.








PIE XII

Allocutions à de jeunes époux - 1939-42

24/5/1939 LA MISSION DES EPOUX

550Index Table

Depuis l'instant de votre mariage vous voilà devenus fondateurs de nouvelles familles destinées à alimenter un avenir qui se perd dans les mystérieux desseins de la divine Providence, à donner à la cité de bons citoyens soucieux de procurer à la société elle-même le salut et la sécurité, ces biens dont jamais peut-être le besoin ne s'est fait sentir autant qu'aujourd'hui; des familles destinées encore à alimenter l'Eglise de Jésus-Christ, parce que c'est des nouvelles familles que l'Eglise attend de nouveaux enfants de Dieu obéissant à ses saintes lois; des familles destinées enfin à préparer de nouveaux citoyens pour la Patrie céleste, quand sera achevée cette vie d'ici-bas.


12/7/1939 LE SACREMENT

551Index Table

Reportez-vous à ce que vous enseigne le catéchisme et que nous voulons vous rappeler en cette audience: c'est qu'à la base de la famille chrétienne il y a un sacrement. Cela veut dire qu'il ne s'agit pas d'un simple contrat, d'une simple cérémonie ou d'un appareil extérieur destiné à marquer une date importante de la vie, mais, au sens vrai et propre du mot, d'un acte religieux de vie surnaturelle, d'où découle comme un droit permanent d'obtenir de Dieu toutes les grâces, tous les secours nécessaires ou utiles pour sanctifier la vie du mariage, pour accomplir les devoirs de l'état conjugal, pour en surmonter les difficultés, en maintenir les résolutions, et en atteindre l'idéal le plus élevé.
Dieu s'est porté garant de ces grâces en élevant le mariage chrétien à la dignité de symbole permanent de l'indissoluble union du Christ et de l'Eglise.


8/11/1939 LA PLACE DE DIEU

552Index Table

(Nouvelles obligations résultant du mariage.)

Le mariage n'est pas pour vous une alliance purement humaine; il est un contrat où Dieu a sa place, la seule qui lui convienne, c'est-à-dire la première. Vous vous êtes unis devant son autel non seulement pour vous alléger l'un et l'autre le poids de la vie, mais aussi pour collaborer avec Dieu lui-même à la continuation de son oeuvre créatrice, conservatrice et rédemptrice. En même temps qu'il recevait et bénissait vos promesses, Dieu vous a conféré une grâce spéciale pour vous rendre toujours plus facile l'accomplissement des devoirs particuliers, qui vous incomberont désormais.


23/10/1940 L'AMOUR CHRETIEN

(L'homme, oeuvre de l'amour de Dieu - Beauté de l'amour humain)

553Index Table

De quelle indicible et nouvelle beauté vient s'enrichir cet amour de deux coeurs humains, lorsque s'unit harmonieusement à son cantique l'hymne de deux âmes vibrantes de vie surnaturelle! Ici également se vérifie l'échange des dons; et alors par la tendresse sensible et ses saines joies, par l'affection naturelle et ses élans, par l'union spirituelle et ses délices, les deux êtres qui s'aiment s'identifient dans tout ce qu'ils ont de plus intime, depuis la profondeur inébranlable de leurs croyances jusqu'à l'insurmontable sommet de leurs aspirations. C'est alors un "consortium omnis vitae divini et humani juris communicatio, une entière communauté de vie, une participation aux mêmes droits divins et humains" (I D De ritu nupt. XXIII,2).

554Index Table

Tel est le mariage chrétien, modelé, selon la célèbre expression de saint Paul Ep 5,32, sur l'union du Christ et de son Eglise. Dans l'une comme dans l'autre, le don de soi est total, exclusif, irrévocable; dans l'une et dans l'autre, l'époux est le chef de l'épouse, qui lui est soumise comme au Seigneur; dans l'une et dans l'autre, le don mutuel devient principe d'expansion et source de vie.

555Index Table

L'amour éternel de Dieu a fait surgir du néant le monde et l'humanité; l'amour de Jésus pour l'Eglise engendre les âmes à la vie surnaturelle; l'amour de l'époux chrétien pour son épouse, participe à ces divines effusions alors que, selon la volonté formelle du Créateur, l'homme et la femme préparent l'habitation d'une âme où vivra le Saint-Esprit avec sa grâce. Ainsi les époux, dans la mission providentielle qui leur est assignée, sont les vrais collaborateurs de Dieu et de son Christ; leurs oeuvres elles-mêmes ont quelque chose de divin; ils peuvent se dire, même ici, "divinae consortes naturae, - participants de la nature divine" 2P 1,4.


15/1/41 L'ORDRE ET LE MARIAGE

Le sacerdoce et le mariage, seuls états de vie consacrés par un sacrement.

556Index Table

L'ordre et le mariage, vous le savez bien, couronnent et achèvent le septénaire sacramentel. Pourquoi donc Dieu a-t- il, dans son Eglise, donné cette place spéciale à l'ordre et au mariage? Sans doute serait-il téméraire de notre part de demander au Créateur les raisons de ses oeuvres et de ses préférences et de lui dire: "Quare hoc fecisti, pourquoi avoir agi de la sorte"? Toutefois, sur les traces des grands docteurs et en particulier de saint Thomas d Aquin, il nous sera permis de chercher et de goûter les convenances et les harmonies cachées au sein de la pensée et des choix divins pour y puiser une plus amoureuse confiance et nous élever à une idée plus haute de la grâce reçue.

557Index Table

Lorsque le Fils de Dieu daigna s'incarner, la parole du Sauveur du genre humain ramena à sa splendeur première le lien conjugal de l'homme et de la femme que les passions humaines avaient fait déchoir de sa noble origine, et il l'éleva à la dignité de sacrement; d'un sacrement très grand dans l'union du Christ avec son épouse, l'Eglise notre mère, fécondée par le sang divin pour nous régénérer dans la parole de foi et l'eau du salut Ep 5,26 et "donner le pouvoir de devenir enfants de Dieu à ceux qui croient en son nom, à ceux qui ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme" Jn 1,12-13.

Ces mots de Saint Jean désignent une double paternité dans l'Eglise, celle de l'Ordre, celle du mariage. - Le rôle des prêtres et des évêques dans l'édification de l'Eglise.

558Index Table

Mais que feraient-ils s'ils n'avaient auprès d'eux d'autres ouvriers pour extraire, pour tailler, pour polir les pierres, suivant les besoins de l'édifice? Et qui sont ces ouvriers? Ce sont les époux qui donnent à l'Eglise ses pierres vivantes et qui les travaillent avec art; c'est vous-mêmes, filles et fils bien aimés.
Aussi notez-le bien: votre paternité, votre maternité, ne devra pas se borner à extraire et à réunir par vos fatigues les blocs de pierre brute; vous aurez encore à les dégrossir, à leur donner la forme qui leur permettra le mieux d'entrer dans l'édifice. C'est pour ce double office que Dieu a institué le grand sacrement de mariage.

559Index Table

C'est une doctrine connue de l'angélique docteur saint Thomas d'Aquin: ce sacrement qui a consacré votre union, - fait de vous "les propagateurs et les conservateurs de la vie spirituelle, selon un ministère à la fois corporel et spirituel" qui consiste "à engendrer les enfants et à les former au culte de Dieu" (Contra gentes IV,58). Vous êtes, toujours sous la conduite des prêtres, les premiers et les plus proches éducateurs et maîtres des enfants que Dieu vous a donnés et confiés. Dans l'édification du temple de l'Eglise, composé non pas de pierres mortes, mais d'âmes vivant d'une vie nouvelle et céleste, vous êtes pour vos enfants comme des précurseurs spirituels, prêtres vous-mêmes du berceau et de l'enfance, et vous devez leur montrer le ciel.

560Index Table

Votre mission dans l'Eglise, époux chrétiens, n'est pas simplement d'engendrer des enfants pour les offrir, pierres vivantes, au travail des prêtres, ministres plus élevés de Dieu. Les grâces si abondantes que le sacrement de mariage vous communique, ne nous sont pas données seulement pour rester pleinement et constamment fidèles à la loi de Dieu dans le moment auguste d'appeler vos enfants à la vie, et pour affronter et supporter avec un courage chrétien les peines, les souffrances et les préoccupations qui souvent accompagnent ce moment et le suivent. Ces grâces vous ont été données également pour vous sanctifier, vous éclairer et vous fortifier dans votre ministère corporel et spirituel; car, avec la vie naturelle, vous avez aussi le devoir, comme instruments de Dieu, de conserver et de contribuer à développer, dans les enfants donnés par Lui, la vie spirituelle infuse en eux par le baptême.


29/1/1941 AFFECTION SURNATURELLE

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Une affection mutuelle née de la seule inclination réciproque ou de la seule complaisance dans les dons humains que vous découvrez, avec tant de satisfaction, l'un chez l'autre, une telle affection, pour belle et profonde qu'elle se révèle dans l'intimité des conversations confiantes entre nouveaux mariés, ne peut suffire. Elle ne saurait pleinement réaliser l'union de vos âmes, telle que l'a entendue et désirée l'amoureuse Providence de Dieu en vous conduisant l'un vers l'autre. Seule, la charité surnaturelle, lien d'amitié entre Dieu et l'homme, peut former entre vous des noeuds que rien ne puisse desserrer ni les secousses, ni les vicissitudes, ni les épreuves inévitables au cours d une longue vie à deux; seule la grâce divine peut vous élever au- dessus de toutes les petites misères quotidiennes, au- dessus de toutes les oppositions et différences, de goûts ou d'idées qui germent et qui repoussent comme de mauvaises herbes sur les racines de la pauvre nature humaine. Cette charité et cette grâce, n'est ce pas la force et la vertu que vous êtes allés chercher dans le grand sacrement de mariage? Cette charité divine plus grande que la foi et l'espérance c'est d elle qu'ont besoin le monde, la société et la famille.



2002 Magistère Mariage 507