1983 Documents postconciliaires 5099

RATIO INSTITUTIONIS SACERDOTALIS


TABLE DES MATIERES


Décret d'approbation (version française)
Lettre de la Congrégation pour l'Education Catholique
Préface (Mgr Emile Marcus)
Table des abréviations utilisées

PREMIERE PARTIE
L'EGLISE ET LA FORMATION DE SES FUTURS PRETRES
Introduction
1. L'Eglise se veut tout entière impliquée dans la formation de ses futurs prêtres et l'organise en conséquence Ref
2. L'Eglise ne cesse de perfectionner la formation de ses futurs prêtres Ref
3. L'Eglise veille à ce que la formation de ses futurs prêtres tienne compte, à chaque époque, des nécessités de sa mission Ref
3.1 L'enracinement diocésain du presbytérat
3.2 La nécessité de capacités humaines vérifiées Ref
3.3 L'importance accrue de l'aptitude à la collaboration et au dialogue Ref
3.4 La difficulté du discernement pastoral dans un monde complexe Ref
3.5 La nécessité de procéder à des adaptations Ref
3.6 L'importance d'une bonne hygiène de vie Ref
3.7 La joie de servir comme prêtre Ref
4. L'Eglise protège l'originalité que confère à la formation de ses prêtres le "mystère" dont est habité ce ministère Ref
5. L'Eglise se soucie de faire connaître la formation de ses futurs prêtres et d'y intéresser le plus possible les communautés chrétiennes Ref

DEUXIEME PARTIE
LA FORMATION AU MINISTERE PRESBYTERAL
(Ratio Institutionis Sacerdotalis)

Introduction
Chapitre I - LES DIMENSIONS DE LA FORMATION
Introduction Ref
L'esprit, les composantes et l'unité de la formation
11- La formation humaine Ref
Former des hommes aux capacités humaines vérifiées
111 Rapports du candidat à sa propre histoire et à ses racines; connaissance et développement de ses propres ressources Ref
112 Rapports à son affectivité et à la sexualité Ref
113 Rapports aux autres et à la société Ref
12- La formation spirituelle
Former des hommes "disponibles à l'Esprit-Saint" Ref
121 Les fondements évangéliques de la spiritualité des futurs prêtres diocésains Ref
122 A cause de la mission, les prêtres diocésains sont appelés à suivre Jésus dans son obéissance, sa chasteté et sa pauvreté Ref
123 Sens et conditions, étapes et moyens de la formation spirituelle Ref
13 - La formation intellectuelle
Former des hommes à la foi solide et éclairée Ref
131 La visée des études Ref
132 Les études dans l'ensemble de la formation Ref
133 La formation universitaire Ref
14 - La formation pastorale Ref
Former des hommes apostoliques, pasteurs de leur peuple
141 Ses fondements et ses objectifs Ref
142 Ses contenus Ref

Chapitre II - MOYENS ET RESPONSABILITES
21 Les moyens Ref
211 Les étapes de la formation Ref
212 La communauté de formation Ref
213 Le discernement en vue de l'ordination presbytérale Ref
22 Les responsabilités Ref
221 Responsabilités relevant de l'évêque et du diocèse Ref
222 Responsabilités de l'institution de formation Ref
223 Collaborations entre l'institution de formation et le diocèse Ref
224 Collaborations entre les évêques: la Conférence des Evêques de France Ref
Conclusion. Ref

TROISIEME PARTIE
PROGRAMME DES ETUDES POUR LA FORMATION AU MINISTERE PRESBYTERAL
(Ratio Studiorum)

Chapitre I - ORIENTATIONS GENERALES Ref
1 Les étapes de la formation intellectuelle Ref
2 Les acteurs de la formation intellectuelle Ref
3 Les moyens pédagogiques Ref

Chapitre II - LES DISCIPLINES PARTICULIERES
1 Philosophie Ref
2 Ecriture Sainte Ref
3 Théologie dogmatique et fondamentale Ref
4 Théologie morale Ref
5 Liturgie Ref
6 Droit canonique Ref
7 Histoire de l'Eglise Ref
8 Patristique Ref
9 Théologie spirituelle Ref
10 Théologie des pratiques pastorales Ref


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25 février 1998: séminaires


CONGREGATION POUR L'EDUCATION CATHOLIQUE



N. 212/98/5

DECRET (SEMINAIRES ET INSTITUTS DE FORMATION)

La Conférence épiscopale française, suivant avec une vive sollicitude pastorale les multiples et rapides mutations culturelles et sociales qui apparaissent dans la société contemporaine, a engagé avec un grand zèle de nombreuses délibérations pédagogiques afin d'adapter à la nouveauté ainsi caractéristique de la situation, la préparation scientifique et pratique des futurs prêtres. Dans cette entreprise peu facile, stimulée par le zèle missionnaire, elle a pu puiser aux expériences passées d'organisation et de vie des séminaires d'utiles inspirations, et bien plus encore dans les nombreuses suggestions doctrinales et pédagogiques mûries au Synode des Evêques de 1990 et répandues ensuite dans le monde par l'Exhortation apostolique du Souverain Pontife Jean-Paul II. Convenablement soutenue donc par ces aides, comme par d'autres appuis appropriés de la part des formateurs expérimentés et des documents officiels du Saint-Siège et de cette Eglise locale, elle s'est occupée, d'un effort et d'une intention commune, de préparer la troisième édition de sa Ratio (Ratio insitutionis sacerdotalis et Ratio studiorum), autant que de promouvoir efficacement l'instrument nécessaire au travail de la formation des séminaristes sous l'aspect humain, spirituel, intellectuel et pastoral, et ainsi, avec l'aide de Dieu, de frayer des voies apostoliques plus adaptées à la nouvelle évangélisation qui, spécialement aujourd'hui, au seuil du troisième millénaire, réclame avec plus d'insistance de jour en jour, un profond renouvellement des institutions ecclésiastiques.
Dans ces sages travaux de rédaction, une particulière importance a surtout été accordée à la pratique et à l'organisation des études philosophiques et théologiques de sorte qu'un fondement solide puisse être donné au ministère pastoral que les futurs prêtres devront exercer dans la société contemporaine pluraliste.
Puisque donc cette Congrégation pour l'Education Catholique (des Séminaires et des Instituts de Formation) a examiné avec la diligence qui convient la dite "Ratio" française soumise à son approbation, et que, compte-tenu de l'importance de l'affaire, elle l'a pesée attentivement, dans les règles, sous tous ses aspects, elle concède volontiers l'approbation demandée selon la norme du CIC 242, étant sauve la disposition du canon cité plus haut selon laquelle, après un laps de temps convenable, ce même document soit de nouveau examiné et soumis à l'approbation du Saint-Siège.

A Rome, au siège des Congrégations,
le 25 février de l'an du Seigneur 1998.

Pio Cardinal LAGHI Préfet
Joseph SARAIVA MARTINS Secrétaire


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CONGREGATIO DE INSTITUTIONE CATHOLICA

(DE SEMINARIIS ATQUE STUDIORUM INSTITUTIS)


Rome, le 25 février 1998 Prot. N. 212/98/6


Excellence,

Nous sommes heureux de pouvoir concéder l'approbation à la Ratio institutionis sacerdotalis (Ratio institutionis et Ratio studiorum) française, dont le texte a été voté par l'Assemblée des Evêques réunie à Lourdes, le 7.11.1997, sous le titre "La formation des futurs prêtres".
Cette troisième édition de la Ratio française, se présente, par rapport aux précédentes, dans une rédaction profondément renouvelée; le style et la composition ont été améliorés et le contenu approfondi par la proposition d'une solide pédagogie et d'une riche doctrine. Il ne fait aucun doute qu'avec l'élaboration de ce texte, un progrès de très grande qualité, unanimement apprécié, vient d'être réalisé. L'ensemble de la matière a été soigneusement étudié et repensé à la lumière de l'Exhortation apostolique Pastores dabo vovis, PDV 1 du Code de droit canon CIC 1 et d'autres documents officiels du Saint-Siège et ceci en référence constante à la situation pastorale actuelle qui requiert des pasteurs d'âme bien préparés.
La première partie du document Ref. expose les convictions profondes qui animent et motivent l'Episcopat français en matière de formation sacerdotale et formule les points d'insistance qui devront désormais guider le travail de formation dans les Séminaires diocésains ou interdiocésains. Elle apparaît en quelque sorte comme une clé de lecture et d'interprétation pour la suite du document: Partie II, et Partie III, .

La deuxième partie, "La formation au ministère presbytéral" (Ratio institutionis sacerdotalis), se caractérise par la richesse de sa doctrine sur le sacerdoce, la forte insistance sur l'identité du prêtre, la profondeur de ses vues en matière de formation spirituelle, doctrinale, humaine et pastorale, l'ardent esprit missionnaire qui l'anime d'un bout à l'autre. Son but est de donner aux fidèles de vrais pasteurs d'âme, capables de s'adonner aux tâches du ministère avec dévouement, enthousiasme et joie. Toute l'Eglise est invitée à entrer dans cette oeuvre apostolique en apportant sa contribution tant à la formation qu'à la culture des vocations.
Le caractère diocésain du sacerdoce et de la formation sacerdotale est tout particulièrement mis en lumière. Les candidats doivent approfondir leur appartenance à leur diocèse d'origine, apprendre à le connaître et à l'aimer.
Les moyens que les Evêques désirent mettre à la disposition des éducateurs pour une formation renouvelée et adaptée aux circonstances de notre temps sont de nature à engager tous les protagonistes de la formation sur les chemins de l'espérance. En inaugurant une ère nouvelle toute imprégnée de confiance, d'estime réciproque et de sérénité, les orientations données et les initiatives proposées contribueront, au seuil de ce troisième millénaire, à renforcer la solidité des institutions et à accroître leurs potentialités dans la dispensation d'une formation de qualité.
La troisième partie, Programme des études pour la formation au ministère presbytéral (Ratio studiorum), précise les étapes de la formation, les visées, les programmes et la pédagogie pour chacune des matières enseignées, sans omettre les dispositions de l'horaire qui doit leur être affecté. Il est surtout à remarquer que la philosophie retrouve sa place première dans le 1er cycle.

C'est donc bien volontiers que nous approuvons cette nouvelle Ratio institutionis sacerdotalis française. Comme l'approbation se veut définitive, nous souhaiterions que soient insérées au texte les deux modifications suivantes:
-- au numéro 142.1, à la 4e ligne, le passage: "Cette activité, davantage marquée par l'exercice d'un apostolat en qualité de laïc" pourrait être remplacé par: "Cette activité, exercée par un laïc qui se prépare à être prêtre" (...)
-- au numéro 222.3, à la 1ère ligne, après "l'équipe animatrice", il conviendrait d'ajouter: "au titre de sa responsabilité éducative première dans la préparation au sacerdoce".

Ces deux précisions, mineures, ne veulent en rien atténuer la valeur du texte de très grande qualité.
La rédaction de la nouvelle Ratio française, en effet, a voulu montrer à tous - aux candidats, au clergé et aux fidèles - le sérieux et la beauté du parcours de formation offert aux jeunes dans les Séminaires. Ce parcours est véritablement digne du plus généreux engagement.
Nous souhaitons vivement que cette nouvelle Ratio institutionis sacerdotalis donne un nouvel élan à la formation sacerdotale et qu'elle oriente et soutienne de très nombreux candidats dans leur marche vers le sacerdoce, en leur traçant un chemin de sainteté.
En rendant grâce de tout coeur pour l'excellent travail accompli, en exprimant aussi des remerciements à tous ceux qui ont contribué à l'élaboration de ce texte si riche de contenu doctrinal et pédagogique, nous vous renouvelons, Excellence, l'expression de nos sentiments respectueux et dévoués.

Pio Cardinal LAGHI Préfet
José SAVAIRA MARTINS, Secrétaire


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PREFACE

La mise à jour des documents qui régissent la formation des prêtres répond à une nécessité. L'exercice des fonctions presbytérales requiert, en effet, une grande qualité d'attention à la vie des hommes et à tout le contexte culturel et institutionnel de la société. De plus, les conditions de réception des données de la foi, les moyens à mettre en oeuvre pour en imprimer toute l'existence et pour en témoigner évoluent eux aussi. Enfin, l'initiation à la part essentielle et immuable de la consécration et de la mission des prêtres invite, en raison même de leur nature, à la prise en compte de tout ce qui importe, selon les lieux et les temps, à l'annonce de la foi, à la sanctification des fidèles et à la conduite des communautés chrétiennes.
Rien d'étonnant donc à ce qu'il ait fallu remettre sur le métier la Ratio Institutionis et la Ratio Studiorum des Séminaires que l'Assemblée plénière des évêques de France avait promulguées avec l'approbation de la Congrégation pour l'Education Catholique, en 1983, et publiées en 1984 (Les Evêques de France. La formation au ministère presbytéral. Coll. Documents d'Eglise, Le Centurion, 1984). Rouvrir ces dossiers est d'ailleurs conforme au Décret sur la formation des prêtres du concile Vatican II qui a disposé que le programme de la formation des prêtres propre à chaque pays serait "revu à intervalles déterminés ... afin qu'elle réponde toujours aux besoins pastoraux des régions où ils auront à exercer leur ministère" OT 1 (Les deux Ratio de 1983 avaient été approuvées par la Congrégation pour six ans. Le report de leur mise à jour fut motivé par l'attente des conclusions du Synode des évêques de 1990, puis de la visite apostolique des Séminaires).Ainsi pourrait-on se dire que le travail des évêques de France, depuis trois ans, sur les deux Ratio, dont cet ouvrage rend le résultat accessible à tous, ne fait, au fond, que marquer une étape. C'est vrai. Mais, par son ampleur et l'intérêt qu'il a suscité, il n'en revêt pas moins le caractère d'une forte et solennelle affirmation. Tous ceux qui ont assisté les évêques dans l'élaboration de ces deux documents, membres et experts de la Commission épiscopale des Ministères ordonnés, membres du Conseil National des Grands Séminaires et toutes les personnes et instances sollicitées pour émettre leurs critiques et faire des suggestions, s'en sont aperçu. Au fur et à mesure du déroulement d'un travail qui aurait pu se limiter au toilettage des Ratio antérieurement en vigueur dont la qualité était reconnue, les évêques de la Conférence épiscopale se sont pris de passion pour un ouvrage qui ne symbolise rien moins que leur conviction d'avoir à lancer plus que jamais l'appel au Sacerdoce ministériel. Un travail de nature plutôt technique veut donner comme un nouvel élan à la pastorale des vocations.
On s'en rendra compte en lisant ces pages, leurs auteurs, les évêques de France, proclament leur intense désir que des baptisés, venus de communautés chrétiennes aussi diverses que possible, accèdent librement, courageusement et avec bonheur à l'Ordination. Ils croient en un Maître de la moisson qui appelle des ouvriers pour sa moisson! Ils savent que la vitalité des communautés chrétiennes, l'avenir de la participation des laïcs à leur animation, la mise en valeur du témoignage des religieux, la fécondité du ministère des diacres dépendent aujourd'hui de la volonté de l'église tout entière de "faire des prêtres" pour les envoyer en mission pour et avec le peuple qui leur est confié.
Telle est la foi dont le pape Jean-Paul II s'est fait lui-même le témoin dans le message qu'il a adressé aux séminaristes en vue de la veillée de prière pour les vocations, le 21.8.1997, devant la cathédrale Notre-Dame de Paris, au cours des XIIè Journées Mondiales de la Jeunesse: "Vous êtes pour vos évêques comme 'la pupille de l'oeil'" (Don et mystère, 10); le séminaire est une continuation, dans l'Eglise, de la communauté apostolique groupée autour de Jésus, à l'écoute de sa parole, en marche vers l'expérience de la Pâque, dans l'attente de l'Esprit donné pour la mission PDV 60. Vous êtes la joie de vos évêques qui regardent l'Eglise diocésaine à travers le séminaire et qui s'y rendent présent par les éducateurs. Vous êtes un don pour l'Eglise, qui lui permet de se tourner avec confiance vers l'avenir. Le peuple de Dieu tout entier se réjouit lorsque des jeunes acceptent de se préparer au sacerdoce, indispensable pour sa croissance et sa sanctification."
Que comportent plus précisément ces Ratio qui fassent figure de nouveauté par rapport à celles de 1983? Dans la préface qu'il avait consacrée à l'ouvrage (Les Evêques de France. La formation au ministère presbytéral. Coll. Documents d'Eglise, Le Centurion, 1984, p.5-11) qui les rendait accessibles au public, Mgr Lucien DALOZ - Président de ce que l'on appelait à l'époque la "Commission du clergé et des séminaires" - avait fort insisté sur le souci de la Conférence épiscopale de prendre en compte l'héritage du Décret de Vatican II sur le ministère et la vie des prêtres, et notamment deux de ses orientations majeures. D'une part, la priorité à la fonction d'annoncer la Parole de Dieu: "Jusque dans les ultimes débats, la dimension missionnaire de la formation a été rappelée, raconte Mgr DALOZ, aussi bien dans le programme des études que dans les étapes et les modalités de l'initiation pastorale". Seconde orientation, et pourrait-on dire énoncée avec d'autant plus de soin que l'on invitait fortement les prêtres à ne pas rester étrangers aux hommes et à leurs conditions de vie, la nécessité "de l'enracinement en Jésus-Christ" présenté comme "la première affirmation des normes pour la formation des futurs prêtres", puisque ceux-ci "deviennent ... sacrements du Christ Pasteur de son Eglise". Les textes de ces Ratio manifestaient bien, en effet, le souci de préparer les séminaristes à assumer convenablement les tensions qui peuvent résulter des deux aspects de la vie sacerdotale ainsi mis en lumière.
Autre point d'attention des évêques qui avaient eu à rédiger ces documents: "situer clairement et fermement les prêtres, dans leur ministère et dans leur vie, au sein de l'Eglise, peuple de Dieu", ceci étant illustré par le rappel des modalités d'exercice de leurs fonctions telles que les indiquait Presbyterorum Ordinis: dans la coopération avec les évêques, la solidarité avec les autres prêtres, l'articulation avec le ministère diaconal, la nécessité de progresser "pour que s'établissent une articulation et une coordination satisfaisante, où la mission propre des laïcs au coeur du monde soit bien respectée".
Ces orientations demeurent et les évêques qui ont eu à rédiger les nouveaux documents qui régissent désormais la formation des prêtres ne les ont certes pas ignorés. Mais ils ont eu à tenir compte d'autres éléments de situation. Leurs travaux se sont déroulés dans une conjoncture qui, en treize ans, s'était profondément transformée.
D'abord elle s'était aggravée pour toutes les raisons que l'on sait, notamment la stagnation du nombre des ordinations de prêtres diocésains autour d'une centaine par an pour tout le pays, et ses conséquences pour la vie des diocèses. Cette conjoncture s'était simultanément améliorée, et de bien des manières. Retenons: l'essor du diaconat permanent, l'entrée en responsabilité de très nombreux laïcs dont la formation s'améliore sans cesse, la découverte enthousiaste et joyeuse de la vie en Eglise dans le cadre des synodes diocésains et de leur mise en application, le bon fonctionnement des Conseils d'Eglise, la réorganisation en cours de la pastorale grâce à toutes sortes de mesure concernant l'aménagement du territoire ainsi que la concertation entre les services diocésains, dans les mouvements, dans les communautés et groupes issus du Renouveau, enfin, et traversant le tout, les progrès dans la pratique de ce que les théologiens appellent l'ecclésiologie de communion.
Les deux Ratio de 1997 reflètent aussi la recherche initiée par la Conférence des évêques de France sur la proposition de la foi dans la société actuelle qui devait aboutir, en 1996, à la rédaction de sa Lettre aux catholiques de France. A maintes reprises, au cours des travaux sur les Ratio, il a été fait référence à cette Lettre, à l'esprit qui la sous-tend, comme à ses trois grands vecteurs: comprendre notre situation de catholiques dans la société actuelle, aller au coeur du mystère de la foi, former une Eglise qui propose la foi.
De cette Lettre, c'est peut-être la proposition centrale "de ne pas renoncer à être une Eglise pour tous" qui a le plus déteint sur les Ratio, avec le défi ainsi lancé du bon usage du contexte de pluralisme dans lequel, de fait, nous nous trouvons, et de la laïcité elle-même. Bien des dispositions de la Ratio Institutionis Sacerdotalis et de la Ratio Studiorum relèvent de la volonté "de notre part, au titre de notre citoyenneté et de notre foi, (de) contribuer au vouloir vivre de notre société et (d')y montrer activement que l'Evangile du Christ est au service de la liberté de tous les enfants de Dieu" (p. 29).
Etablies sur la base des Normes fondamentales pour la formation des futurs prêtres promulguées en 1970 par la Congrégation pour l'Education catholique comme "la ligne de marche que l'on devra suivre afin de garder l'unité dans la diversité légitime", les deux Ratio présentées dans cet ouvrage ont bénéficié des nombreux documents récents du Magistère qui, d'une manière ou d'une autre, abordent les questions relatives au ministère et à la vie des prêtres, mais tout particulièrement l'Exhortation apostolique par laquelle le pape Jean-Paul II a conclu le Synode des évêques de 1990. Les encouragements et les recommandations de la Congrégation, à la suite de la visite apostolique des séminaires, de 1993 à 1995, avaient offert aussi de précieux points de repère.
Les évêques ont voté les deux Ratio, au cours de leur Assemblée plénière, le 7.11.1997 (La Ratio Institutionis Sacerdotalis a été votée par 92 oui, 2 non et 1 bulletin blanc sur 96 votants, la Ratio Studiorum par 93 oui, 2 non et 1 bulletin blanc sur 97 votants). La Congrégation pour l'Education Catholique en a concédé l'approbation le 25.2.1998. (Cf. la lettre du cardinal Pio LAGHI et le Décret de la Congrégation).

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Ces documents développent quelques exigences précises que nous ne ferons que signaler ici. On voudra bien ne pas les isoler de l'ensemble des orientations énoncées qui manifestent un grand souci de donner cohérence aux multiples aspects de la formation des prêtres afin qu'ils mènent, une fois ordonnés et jusqu'à leur dernier souffle, "la vie même du bon pasteur" PO 13.
- 1. Source et principe unificateur de la mission des prêtres, la charité pastorale inspirera toutes les activités qui concourent à la formation.
- 2. La formation devra prendre une dimension diocésaine puisqu'elle a pour but de former des prêtres qui auront à partager la responsabilité pastorale de leur évêque, au service du diocèse qui lui est confié. Si le séminaire accueille des séminaristes de diocèses autres que celui sur lequel il est situé, cette disposition appelle de sa part un effort particulier envers les séminaristes de ces diocèses.
- 3. Commencer par "une Propédeutique" est souhaitable. Les institutions permettant d'offrir cette possibilité sont placées sous l'autorité de l'évêque fondateur.
- 4. L'Ecriture Sainte, dont l'enseignement "doit permettre aux séminaristes de s'ouvrir à la Révélation, de l'accueillir, de la comprendre et de l'inscrire dans leur vie, en vue de l'annoncer, quand ils seront prêtres, conformément à la foi de l'Eglise" (p. 65), a une place centrale, dès la première année et tout au long de la formation.
- 5. La formation philosophique doit être développée "pour éveiller l'intelligence à la recherche du sens, à une authentique liberté de penser et à une saine critique" (p. 62).
- 6. L'insertion pastorale doit être bien intégrée dans l'ensemble de la formation. Elle en fait partie et elle contribue au discernement de la vocation. Les séminaristes ne doivent pas être mis à contribution prématurément ni de telle manière que cela nuirait aux autres aspects de leur formation.
- 7. Les séminaristes, avec les prêtres qui sont chargés de leur formation au séminaire, constituent une communauté de vie. Vivre au séminaire, c'est se mettre ensemble à l'école du Christ, à l'exemple du groupe des apôtres.
- 8. Le ministère diocésain est un chemin spécifique de vie spirituelle. "C'est l'exercice loyal, inlassable, de leurs fonctions dans l'Esprit du Christ qui est, pour les prêtres, le moyen authentique d'arriver à la sainteté" PO 13.
- 9. Le séminaire lui-même est un lieu qui compte pour l'éveil des vocations. Tout doit être fait pour donner une bonne visibilité et assurer son rayonnement.
- 10. Un séminaire est soit diocésain, soit interdiocésain de jure, soit de statut international, romain ou particulier.
Les textes de la Ratio Institutionis Sacerdotalis et de la Ratio Studiorum sont confiés à tous ceux et celles qui s'intéressent à la formation des prêtres, sachant bien qu'ils seront les bénéficiaires de leur indispensable ministère pour naître et grandir dans la vie de Dieu Père Fils et Esprit Saint, et s'engager activement dans les tâches multiples de la vie ecclésiale, notamment l'évangélisation. Ils intéressent particulièrement les personnes qui interviennent d'une manière ou d'une autre dans la formation, et d'abord les équipes de formateurs des Séminaires.
Ces documents vaudront ce que nous saurons en faire. Leur premier usage par les formateurs consistera en leur réception, au sein de l'équipe qu'ils constituent, et progressivement, dans les diverses composantes de l'Eglise dont on souhaite qu'elle soit tout entière impliquée dans la formation de ses futurs prêtres. Les supérieurs de séminaires veilleront à les présenter aux séminaristes en montrant l'importance que leur donnent les évêques.
Puissent-ils comprendre, ces séminaristes, combien leur diocèse compte sur eux et les aime! Qu'ils accueillent le bonheur de se consacrer au Seigneur!

+ Emile MARCUS
Archevêque de Toulouse
Président de la Commission épiscopale
des Ministères ordonnés

Abréviations particulières

CEMIOR Commisssion épiscopale des ministères ordonnés
CNGS Conseil national des grands séminaires
RIS Ratio institutionis sacerdotalis


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PREMIERE PARTIE

L'EGLISE ET LA FORMATION DE SES FUTURS PRETRES

INTRODUCTION

L'Eglise sait que sa vitalité dépend pour une bonne part de la qualité de ses prêtres, et que celle-ci à son tour dépend de la formation qu'elle leur donne. Aussi veut-elle leur donner la meilleure formation possible.
L'Eglise se fait aujourd'hui d'autant plus attentive à cette exigence qu'elle mesure l'ampleur des responsabilités auxquelles les prêtres vont être confrontés dans les temps qui viennent. Le contexte dans lequel ils devront exercer leur ministère est celui d'un changement de siècle, de la mondialisation, du brassage des cultures et ... de tous les soupçons. Il leur faudra exprimer le message qui leur est confié de manière audible mais sans le trahir, inventer les moyens de manifester ensemble, sous la conduite des évêques en communion avec le Pape, en collaboration avec les diacres, et avec les laïcs baptisés auxquels ils sont envoyés, l'éternelle jeunesse de la Parole de Dieu et l'actualité permanente de la Pâque du Christ.
Il faut s'attendre aussi à ce que les fidèles laïcs soient de plus en plus exigeants pour leurs prêtres, en raison même de ce qui leur est désormais demandé et que l'Exhortation apostolique concluant le Synode romain de 1987 a formulé de manière particulièrement ambitieuse. Leurs efforts dans l'ordre de la perfection évangélique demeurant le vecteur de toute action, ils sont invités "à participer à la vie de l'Eglise-Communion" dont les formes sont multiples (il s'agit de la mise en oeuvre des ministères, offices et fonctions, considérés comme autant de dons de l'Esprit à l'Eglise) d'une part, et d'autre part à se porter "coresponsables dans l'Eglise-Mission". Sont ainsi évoqués respectivement les Chapitres II et III de Christifideles Laïci CL 17-43. Quand l'Eglise déploie ainsi la mission qui découle de la grâce baptismale, elle ne diminue en rien ni ne relativise les charges des ministres ordonnés, mais tend plutôt à les accroître en les précisant.
La diminution du nombre des prêtres en notre pays dans les années à venir exige de leur part une clairvoyance renouvelée sur leur identité comme participants d'abord au sacerdoce du Christ, unique prêtre, et ainsi au ministère de l'Eglise. En "coopérateurs" avisés de l'Ordre des évêques, comme le dit le rituel de l'ordination des prêtres, ils seront amenés à rendre plus vif leur sens apostolique et devront présenter de grandes capacités d'adaptation.
Ampleur de la mission, nouvelles modalités de collaboration avec les laïcs, renouvellement des dispositifs pastoraux sont autant d'enjeux nouveaux de la formation des futurs prêtres. C'est pourquoi les textes de la Ratio Institutionis Sacerdotalis et de la Ratio Studiorum des séminaires de France sont précédés de quelques considérations sur ce que les futurs prêtres en formation sont en droit d'attendre de l'Eglise, comme aussi, réciproquement sur ce qu'elle peut leur apporter. La dimension ecclésiale de cette formation est essentielle et requiert la prise en compte de la situation présente de l'Eglise dans notre pays puisque l'objectif de la révision de ces textes est d'adapter les lois universelles de l'Eglise dans ce domaine "aux circonstances des lieux et des temps" OT 1.
L'implication de l'Eglise dans la formation de ses futurs prêtres se vérifie de bien des manières, entre autres celles-ci: elle s'y implique tout entière (Par. 1), ne cesse de la perfectionner (Par. 2), elle en soigne particulièrement certains aspects en fonction des nécessités de sa mission évaluées au fil du temps (Par. 3), elle en protège l'originalité (Par. 4), enfin, elle se soucie de la faire connaître et d'y intéresser tous les fidèles (Par. 5).

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1- L'EGLISE SE VEUT TOUT ENTIERE IMPLIQUEE DANS LA FORMATION DE SES FUTURS PRETRES ET L'ORGANISE EN CONSEQUENCE

La Ratio Institutionis Sacerdotalis définit avec beaucoup de soin les rôles respectifs des acteurs de la formation au ministère presbytéral. Toute l'Eglise y est impliquée, car elle a "la grâce et la responsabilité d'accompagner ceux que le Seigneur appelle à devenir ses ministres dans le sacerdoce" PDV 65. L'Eglise donnée et reçue comme "mystère" permet de bien situer la place et le devoir qu'ont, dans la formation des futurs prêtres, les différents membres et les groupes divers qui la constituent. L'Eglise, en effet, est "le 'sacrement' de la présence et de l'action de Jésus-Christ au milieu de nous et pour nous. C'est à sa présence salvifique que l'on doit l'appel au sacerdoce: non seulement l'appel, mais l'accompagnement pour que l'appelé puisse reconnaître la grâce du Seigneur et y répondre librement et avec amour. C'est l'Esprit de Jésus qui fait la lumière et donne la force dans le discernement et dans le parcours de la vocation" PDV 65. Et cela doit se vérifier tout au long de l'itinéraire orientant vers l'ordination et le ministère presbytéral. L'Eglise du Christ conduit communautairement la pastorale des vocations.
"Le premier représentant du Christ dans la formation sacerdotale est l'évêque" PDV 65. Père et Pasteur de tous, l'évêque se tient proche de ceux qui vont participer demain au même sacerdoce et à son propre ministère: prêtres, ceux-là deviennent - et seront traités - comme "des frères et des amis" PO 7. Cette proximité facilite l'insertion dans le diocèse et manifeste la finalité pastorale de toute la formation. Le Code de Droit canonique décrit les multiples aspects de cette responsabilité épiscopale, dans les CIC 232-264.
Le groupe des formateurs, autour duquel doit se construire la communauté éducative du séminaire, a une place primordiale dans la formation des futurs prêtres. Les différents formateurs, dit encore Pastores dabo vobis "doivent se sentir profondément unis à l'évêque, qu'ils représentent à divers titres et de diverses manières" PDV 66.
Unie à l'évêque, la communauté éducative du séminaire aura aussi des liens forts avec l'ensemble du diocèse. Là où un séminaire accueille des candidats de plusieurs diocèses, on veillera particulièrement à favoriser les liens entre le séminaire, les séminaristes, les évêques et les diocèses concernés. Alors, sous la conduite de l'évêque, ont à jouer leur rôle, évidemment diversifié selon les étapes de la formation et même en amont, les familles, les communautés chrétiennes, les ministres ordonnés, les mouvements spirituels et apostoliques, les instituts et communautés religieuses apostoliques et contemplatives ... et donc, finalement, tout le Peuple de Dieu.
Voilà ce qui fonde un certain nombre de pratiques dont la présente Ratio Instituitonis Sacerdotalis fait mention: l'existence du prêtre délégué de l'évêque pour le suivi de la formation des séminaristes et le lien avec le séminaire, les collaborations du supérieur et des directeurs avec les diocèses, les insertions et les stages des séminaristes et la collaboration de prêtres, de laïcs et de membres des instituts religieux pour en faire l'évaluation, etc.
Il importe grandement aujourd'hui de manifester en toutes occasions cette place que tiennent les évêques et chaque Eglise particulière dans la formation des prêtres et d'en informer les communautés chrétiennes. Il n'est pas exceptionnel aujourd'hui dans les diocèses de France qu'un jeune, habité par le projet de consacrer sa vie au Christ comme prêtre, cherche ailleurs que du côté du Service des Vocations quel chemin de préparation, ici ou là, pourrait bien lui convenir. Il est important de manifester la grandeur de la vocation du prêtre diocésain: il est prêtre dans et pour un diocèse, comme "coopérateur de l'Ordre épiscopal" PO 2 PO 12; par le ministère de l'évêque, il est consacré par Dieu PO 5, exerçant au nom même de l'évêque, et à son niveau d'autorité, la charge du Christ Tête et Pasteur PO 6.
C'est par un sain réflexe que l'Eglise tout entière se rend ainsi attentive à la formation de ses prêtres. L'analogie avec ce qui se passe vis-à-vis des catéchumènes est intéressante. Ne s'agit-il pas, dans l'un et l'autre cas, d'une approche du mystère du Christ: respectivement pour entrer dans la condition de disciple par le sacrement du baptême et pour entrer dans celle d'apôtre, de ministre du Christ, par le sacrement de l'Ordre?

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2- L'EGLISE NE CESSE DE PERFECTIONNER LA FORMATION DE SES FUTURS PRETRES

Partout en France les communautés catholiques réclament des prêtres. Avec une foi persévérante, les évêques lancent l'appel. Tout le monde aujourd'hui est à même de vérifier que, sans prêtre, ou si les prêtres sont trop peu nombreux, les communautés chrétiennes s'étiolent faute d'être fondées dans la réception ministérielle qualifiée de la Parole de Dieu, nourries par les sacrements qui communiquent à leurs membres la vie du Christ, conduites dans l'exercice de la vocation et de la mission de leurs membres. La participation des diacres, d'innombrables laïcs, comme aussi des membres des instituts religieux, à la vie quotidienne de l'Eglise, pour généreuse et compétente qu'elle soit, ne supprime jamais le besoin de prêtres: elle ne fait au contraire que l'aviver. Seul un prêtre remplace un prêtre.
Il résulte de cette situation de manque une sensibilité beaucoup plus vive qu'en d'autres époques aux questions qui concernent la formation des futurs prêtres. Les formateurs mesurent les enjeux liés à la qualité de leurs prestations dans les multiples domaines de l'initiation au sacrement de l'Ordre et à tout ce que comportent "le ministère et la vie des prêtres"; les évêques les encouragent et les soutiennent dans la charge qu'ils leur ont confiée. Les prêtres y sont heureusement associés notamment sous l'angle de la formation pastorale et sont de plus en plus partie prenante de la vie du séminaire. Les autres fidèles eux-mêmes s'intéressent à cette formation: ils accompagnent, soutiennent, admirent ceux qui en sont chargés, non sans les questionner aussi, émettre des critiques, formuler des souhaits. Les familles des séminaristes, dont certaines s'inquiètent, au moins au départ, de l'orientation prise par leur fils, veulent être sûres que leur est assuré le meilleur équipement possible, tant du point de vue humain que spirituel, en vue de ce qu'elles appréhendent comme l'entrée dans une passionnante mais rude aventure.
L'Eglise affine ainsi les normes de la formation de ses futurs prêtres en fonction du développement contemporain de sa Tradition, authentifié par le Magistère, sur la nature et la pratique de ce ministère. C'est ainsi que ces Ratio ont pour constante référence des documents contemporains, issus respectivement du Concile Vatican II, de plusieurs Assemblées Générales du Synode des évêques (1967, 1971, 1974, 1990), de la Conférence des Evêques de France qui ont traité d'une manière renouvelée du sacerdoce ministériel et des divers aspects de la vie des prêtres. Les documents du Magistère qui traitent directement de la formation des futurs prêtres (en particulier OT 1 et la Ratio Fundamentalis Institutions Sacerdotalis - 1970 -) sont, eux aussi, pris en compte de ce point de vue.
Quelles sont les principales données ainsi retenues?
LG 1 et tout au long PO 2-3, comme aussi PDV 11-15, énoncent que l'Eglise tout entière est sacrement du salut en Jésus-Christ, Unique et Souverain Prêtre, qui suscite son Peuple sacerdotal. Dans et pour cette Eglise, les prêtres ont pour identité spécifique de participer, comme coopérateurs des évêques, au ministère du Christ Tête et Pasteur du Peuple de Dieu. Les prêtres exercent leur ministère au service de l'Eglise universelle qui est "mystère, communion et mission", dans l'Eglise locale à laquelle ils appartiennent au sein du presbyterium que préside l'évêque.
Les prêtres sont "les coopérateurs de l'ordre épiscopal". Leur identité et leur ministère sont fondés dans le sacrement de l'Ordre. Celui-ci revêt une dimension trinitaire. Tout chrétien, par le baptême, est en communion intime avec le mystère de la Sainte Trinité. L'ordination, qui consacre un chrétien comme prêtre, spécifie cette communion trinitaire, sans laquelle on ne peut pas comprendre l'identité des prêtres. Il convient, sur ce point majeur, de se référer constamment au PO 2 concernant la "nature du presbytérat".
"Menant la vie même du Bon Pasteur" PO 14 les prêtres participent à la charité pastorale du Christ Jésus, source intérieure et unificatrice de toute leur vie de ministre de l'Evangile, ce qui "n'est possible que si, par la prière, ils pénètrent de plus en plus profondément dans le mystère du Christ" PO 14. Configurés au Christ Tête qui est à la fois Prophète, Prêtre et Pasteur de la Nouvelle Alliance, ils sont envoyés pour exercer, conformément à la mission reçue des apôtres, la triple responsabilité d'enseigner, de sanctifier et de gouverner. Ce faisant, les prêtres sont tout à la fois au service de l'Eglise déjà rassemblée et des communautés d'Eglise appelées à se développer et à se multiplier, ces deux aspects pouvant donner cours à des formes diverses de l'exercice de leur ministère, mais ne devant jamais être dissociés ni a fortiori opposés.
Le ministère des prêtres comporte finalement "une mission de salut d'ampleur universelle, jusqu'aux extrémités de la terre: n'importe quel ministère sacerdotal participe en effet aux dimensions universelles de la mission confiée par le Christ aux apôtres" PO 10. L'esprit missionnaire avec lequel ils sont invités à exercer leurs fonctions s'applique au peuple qui leur est immédiatement confié et au-delà de toutes frontières.
Les prêtres, qui ont déjà reçu comme baptisés "une vocation et une grâce qui comporte pour eux la possibilité et l'exigence de tendre malgré leur faiblesse humaine à la perfection", sont tenus de l'acquérir au titre de leur consécration dans le sacrement de l'Ordre par lequel ils deviennent "les instruments vivants du Christ Prêtre éternel, habilités à poursuivre au long du temps" l'action admirable du Christ PO 12. Mais cela est à comprendre dans une sorte de réciprocité avec l'exercice du ministère qui, exercé loyalement et de manière inlassable, dans l'Esprit du Christ, "offre le moyen authentique d'arriver à la sainteté". Pastores dabo vobis traite de la vie spirituelle du prêtre à partir de cette même "synthèse riche et stimulante" PDV 20 et montre admirablement que la charité pastorale, "participation à la charité pastorale du Christ Jésus" est "le principe intérieur, la vertu qui anime et guide la vie spirituelle du prêtre, en tant que configuré au Christ Tête et Pasteur" PDV 23. La charité pastorale, lisons-nous dans ce texte, "constitue le principe intérieur et dynamique capable d'unifier les diverses et multiples activités du prêtre. Grâce à elle, peut se réaliser l'exigence essentielle et permanente d'unité entre la vie intérieure et de nombreux actes et responsabilités du ministère ... Or cette exigence est plus que jamais impérieuse dans un contexte socioculturel et ecclésial fortement marqué par la complexité, la fragmentation, la dispersion. C'est seulement en rapportant chaque instant et chaque geste au choix fondamental, celui de 'donner sa vie pour le troupeau', que l'on peut assurer cette unité vitale, indispensable, pour l'harmonie et l'équilibre de la vie spirituelle du prêtre ...". Cette perspective, fondamentale pour la vie des prêtres, devra l'être aussi pour leur formation.
Quand, sous la responsabilité de l'évêque, des prêtres membres d'instituts de vie consacrée partagent avec les prêtres diocésains un service apostolique dans l'Eglise locale, les uns et les autres doivent être attentifs à établir entre eux une collaboration fraternelle fondée sur la participation au même sacrement de l'Ordre et à la même mission reçue de l'évêque.

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3- L'EGLISE VEILLE A CE QUE LA FORMATION DE SES FUTURS PRETRES TIENNE COMPTE, A CHAQUE EPOQUE, DES NECESSITES DE SA MISSION

Le thème de l'Assemblée Générale du Synode des Evêques en 1990 portait sur la formation des prêtres "dans les circonstances actuelles" et l'Exhortation apostolique qui en promulgue les décisions et les orientations débute par une évocation "des exigences et des caractéristiques du temps présent" et par une ouverture "aux perspectives du troisième millénaire" PDV 5. A fortiori doit-on tenir compte des circonstances particulières des lieux et des temps dans les adaptations des lois universelles qui régissent cette formation.
Des documents nombreux décrivent notre société en profonde transformation, ses évolutions et ses incertitudes au sujet de l'avenir. Certains relèvent en particulier les facteurs qui se rapportent aux problèmes éducatifs. Ces données marquent en profondeur non seulement la vie et le ministère des prêtres mais aussi leur formation. Elles doivent donc rester présentes à l'esprit tant des formateurs que des candidats au ministère presbytéral. C'est ainsi que les Ratio (Ratio Institutions Sacerdotalis et Ratio Studiorum) présentées ici tiennent compte de l'analyse de la société retenue par la Lettre aux Catholiques de France que les évêques ont adoptée au cours de l'Assemblée Plénière de 1996 à Lourdes. Mais elles n'ignorent pas pour autant le caractère très évolutif des situations et des mentalités; et ces mêmes Ratio invitent aussi à se donner les moyens de rester attentif à l'actualité.
La conjoncture ecclésiale présente invite à prêter une particulière attention aux données que voici:

3.1- L'enracinement diocésain du presbytérat

Tout prêtre séculier appartient à un diocèse. L'"incardination" conditionne considérablement l'exercice du ministère. Il importe donc d'en tenir compte, dans la formation des futurs prêtres, pour une raison fondamentale qui tient à la définition même du diocèse comme "portion du Peuple de Dieu confiée à un évêque pour qu'avec l'aide de son presbyterium il en soit le pasteur" CD 11: la fécondité du ministère de l'évêque et des prêtres rend nécessaire aujourd'hui plus que jamais une grande cohésion du presbyterium uni à l'évêque PO 7. Celle-ci, d'ailleurs, n'est jamais acquise définitivement. Elle exige de constants efforts. Il importe que les futurs prêtres en soient avertis et se préparent à y travailler. Sur ce point, le rôle des formateurs est rendu plus délicat quand un diocèse doit recourir à un séminaire qui n'est pas situé sur son territoire. L'éveil du "sens diocésain" demeure possible dans ce cas si l'on veut bien s'en donner les moyens. Les Instituts religieux et les Communautés nouvelles qui ont la faculté de former leurs propres prêtres ne sauraient ignorer, eux non plus, ce "caractère diocésain" de toute formation sacerdotale, dans la mesure où leurs sujets qui reçoivent l'ordination auront à exercer une part de leur ministère dans les diocèses. Optatam totius, en affirmant "l'importance capitale de la formation sacerdotale" disait en ce sens: "Cette formation, en raison même de l'unité du sacerdoce catholique, est nécessaire pour les prêtres des deux clergés et de tous rites. C'est pourquoi les prescriptions, qui concernent directement le clergé diocésain, sont valables pour tous, compte tenu des adaptations nécessaires" préambule. Pastores dabo vobis, dans une section intitulée "au service de l'Eglise et du monde", rappelle que "chaque prêtre, qu'il soit diocésain ou religieux, est uni aux autres membres du presbyterium en fonction du sacrement de l'Ordre, par des liens particuliers de charité apostolique, de ministère et de fraternité" PDV 17.

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3.2- La nécessité de capacités humaines vérifiées

Les conditions de vie des prêtres exigent une bonne maîtrise de la vie personnelle et une maturité affective suffisante. Tant la fragilisation des références morales dans la société que la précarisation du statut social des prêtres font que le "milieu" est pour eux beaucoup moins porteur.
Aussi l'Eglise demande-t-elle que l'on soit attentif à appeler et former au presbytérat des personnalités suffisamment solides. Par ailleurs, la mission dans un monde sécularisé appelle une vie de foi forte et bien enracinée dans la tradition vivante de l'Eglise. La préparation doit en tenir compte. Enfin, puisque la pyramide des âges du clergé indique un fort vieillissement, il faudra aussi aider les futurs prêtres à acquérir une conscience pratique de cette situation qui appelle compréhension et dialogue entre générations.

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3.3- L'importance accrue de l'aptitude à la collaboration et au dialogue

Les collaborations des prêtres sont multiples: avec l'évêque, entre les membres du presbyterium, avec les diacres, avec les membres des instituts religieux et des sociétés de vie apostolique, comme avec l'ensemble des fidèles, tout particulièrement ceux qui prennent une part active auprès des prêtres dans leur tâche spécifique de gouvernement, ceux qui sont membres des conseils d'Eglise désormais nombreux, et ceux qui portent des responsabilités dans l'animation des paroisses, des aumôneries, des mouvements et des services diocésains. Le fait que les laïcs participent désormais à l'exercice de la charge pastorale rend particulièrement importante cette aptitude à travailler avec eux. Les prêtres de demain devront, plus que par le passé, collaborer avec eux en respectant la vocation propre des baptisés et en assumant totalement leur propre charge pastorale dans le triple domaine de l'annonce de la Parole de Dieu et de l'enseignement, de la sanctification, et du gouvernement de l'Eglise.
Plus largement, la formation devra se faire attentive à éveiller au sens de la catholicité, par un souci actif de la vie de l'Eglise à travers le monde et de la mission universelle. Elle devra tendre aussi à développer l'aptitude à oeuvrer pour l'unité des chrétiens, à ouvrir à la rencontre et au dialogue avec les croyants des religions non chrétiennes.

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3.4- La difficulté du discernement pastoral dans un monde complexe

Dans la formation d'un futur prêtre, à notre époque, beaucoup de choses se jouent dans le va-et-vient des séminaristes entre le lieu de leur vie communautaire et les paroisses, aumôneries et mouvements qu'ils rejoignent pour leurs insertions. Il importe donc, quel que soit le régime d'alternance entre les deux types d'activités, de leur offrir les moyens d'assumer les découvertes qu'ils font "sur le terrain". Concrètement, il s'agit de les aider à faire le lien entre leurs études et les situations pastorales rencontrées en leur apprenant comment la Parole de Dieu éclaire l'action des hommes. Il est nécessaire aussi de les aider à relire de telles expériences en fonction des orientations pastorales données au plan diocésain et de l'histoire locale, à discerner ce qui peut être bénéfique et heureux, à interpréter les difficultés et les épreuves, en référence à la "vie apostolique" telle qu'on la découvre dans le Nouveau Testament.

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3.5- La nécessité de procéder à des adaptations

Dans un monde en mutation et largement sécularisé, il importe que les séminaristes apprennent à percevoir ce que les changements peuvent avoir de significatif, à entrer en dialogue avec des personnes ou des groupes qui se tiennent à distance de l'Eglise, à discerner les enjeux des évolutions de toutes sortes pour la mission. Songeons par exemple à ce qu'exigé de l'Eglise l'attention aux pauvres de toutes sortes de pauvretés, dans une société gravement productrice d'exclusions et d'égarements.Dans une Eglise qui adapte les moyens de sa mission, il leur faut être ouverts à des structures pastorales souvent nouvelles et savoir s'y adapter; il leur faut aussi avoir le sens de la recherche créatrice dans le domaine des moyens pastoraux à mettre en oeuvre au coeur des situations en constante évolution.

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3.6- L'importance d'une bonne hygiène de vie

Depuis plusieurs années, les évêques de notre pays et ceux qui les assistent sont sensibilisés aux problèmes de santé de tous ordres qui affectent les prêtres. On évoque le surmenage, le rythme d'activités déraisonnable, la nourriture négligée, le manque de sommeil, les vacances insuffisantes ou inexistantes, etc. Nous n'entrerons pas ici dans leur description ni l'analyse des causes. Nous ne cherchons pas à éluder notre responsabilité; mais nous ne saurions ignorer non plus certaines lacunes, de la part de prêtres eux-mêmes, quant à leur hygiène de vie. Ces questions sont à traiter aux diverses époques de la vie des prêtres, mais il importe certainement de s'en occuper en amont de l'ordination, c'est-à-dire pendant la formation. Tout comme celles qui précèdent, elles relèvent des divers acteurs de la formation qui ont à alerter les séminaristes sur la nécessité de commencer à mettre en place, sans plus attendre, les points de repères qui s'imposent pour garder un bon équilibre.

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3.7- La joie de servir comme prêtre

La question de l'éveil des vocations demeure primordiale dans notre pays. Elle concerne chacune des Eglises diocésaines en son entier, y compris, évidemment, les responsables de la formation des futurs prêtres et les séminaristes eux-mêmes. Sans les solliciter plus qu'il ne serait raisonnable et prudent, il importe que ceux-ci acceptent de manifester leur joie, le bonheur de la communauté qu'ils constituent ensemble, la grandeur d'une vie qui aspire à être toute donnée au Seigneur et à ses frères, l'importance de ce que le Christ dépose en fidélité à la volonté du Père et par la puissance de l'Esprit-Saint entre les mains du prêtre par l'ordination.

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4- L'EGLISE PROTEGE L'ORIGINALITE QUE CONFERE A LA FORMATION DE SES PRETRES LE "MYSTERE" DONT EST HABITE CE "MINISTERE"

La formation des futurs prêtres nécessite l'acquisition de connaissances dans de nombreuses disciplines et porte sur de multiples aspects du comportement relationnel. C'est pourquoi il n'est pas inutile d'en discerner le principe unificateur.
On en trouve une expression, brève mais fort suggestive, dans les lineamenta préparés par le Synode des évêques, à l'usage des Conférences Episcopales, en vue de son assemblée de 1990. On lit dans ce texte que "les prêtres sont appelés à suivre le Christ et 'à être avec lui' Mc 3,14. C'est dans cette radicale dépendance à l'égard du Christ et dans cette communion avec lui que prennent leur vrai sens les grandes attitudes évangéliques: l'obéissance dans le service et l'esprit de disponibilité, la chasteté dans le célibat pour le Royaume, la pauvreté dans le détachement des biens terrestres et dans la solidarité avec les pauvres". Il y a là comme une règle d'or de la formation des prêtres dans ses divers aspects. On la retrouve dans l'Exhortation apostolique Pastores dabo vobis, au chapitre 5, intitulé "Il en institua douze pour être ses compagnons". PDV 42 Là est développée l'idée selon laquelle la formation des candidats au presbytérat doit les préparer à "vivre à la suite du Christ comme les apôtres". Retenons de ce texte ces quelques lignes significatives: "Le 'séminaire', dans ses différentes formes ... avant d'être un lieu ou un espace matériel, est un espace spirituel, un itinéraire de vie, une atmosphère qui favorise et assure un processus de formation permettant à celui qui est appelé par Dieu au sacerdoce de devenir, par le sacrement de l'Ordre, une image vivante de Jésus-Christ, Tête et Pasteur de l'Eglise" PDV 42.
Envisager ainsi l'initiation au ministère presbytéral appelle, de la part des futurs prêtres, une prise de conscience profonde de la relation avec le Christ unique et souverain prêtre, dans laquelle va les établir l'ordination. Cette relation s'enracine dans une consécration autre que celle déjà réalisée par les sacrements de l'initiation chrétienne.
S'il est vrai que le décret du Concile Vatican II sur le ministère et la vie des prêtres les invite "à mener la vie même du Bon Pasteur" et à trouver dans la charité pastorale "l'unité de leur vie" PO 14, il ne concède en rien que ces fonctions des prêtres, dont le caractère est fondamentalement pastoral, puissent être comprises indépendamment du "caractère spécial" dont ils sont marqués à l'ordination par l'onction du Saint-Esprit. Celle-ci, précise le décret, "les configure au Christ prêtre, si bien qu'ils sont capables d'agir au nom du Christ-Tête en personne" PO 2. "Par le ministère de l'évêque, Dieu consacre des prêtres qui participent de manière spéciale au sacerdoce du Christ ..." dit encore ce décret PO 5, quand il aborde la question des prêtres comme ministres des sacrements et en particulier de l'Eucharistie.
Presbyterorum Ordinis PO 2 unit étroitement "l'annonce apostolique de l'Evangile" dont la priorité est nettement affirmée et "l'offrande du sacrifice spirituel des chrétiens en union avec le sacrifice du Christ" qui reste première dans l'ordre de l'économie salvifique. Les Pères du Concile Vatican II ont inclus "l'annonce apostolique de l'Evangile" dans l'objectif unique du sacerdoce ministériel: "que toutes les nations deviennent une offrande agréable, sanctifiée par l'Esprit-Saint" Rm 15,16.
Ainsi désirés comme pasteurs et messagers de l'Evangile, les prêtres qu'il s'agit de former n'en demeurent pas moins des prêtres qui, en célébrant "le mystère du sacrifice eucharistique ... exercent leur fonction principale ..., en s'unissant à l'acte du Christ Prêtre, chaque jour ..." PO 13. Il faut à l'Eglise des prêtres témoins du mystère du salut en Jésus-Christ par leur consécration et l'exercice de leurs fonctions, lesquelles sont indissociables.
Il résulte de ces considérations quelques caractéristiques de la formation des futurs prêtres qu'il ne faudra jamais perdre de vue, tant pour comprendre cette Ratio que pour l'appliquer.

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4.1- La formation au presbytérat concerne tout l'être du baptisé qui veut devenir prêtre et non pas seulement telles ou telles de ses facultés, comme c'est le cas pour une formation professionnelle. Il s'agit d'une initiation à la vie apostolique et non pas d'un apprentissage ou d'un entraînement à des activités que comporte cette vie. Un séminariste est autre qu'un étudiant en psychologie doublé d'un praticien de la pastorale. Et le séminaire ne fait pas que préparer à un "métier", encore que le presbytérat nécessite l'acquisition de qualifications fortes et précises dans plusieurs domaines. Il est ce lieu à la fois protégé et ouvert, où tout est disposé de façon à ce que les futurs prêtres apprennent à trouver l'unité de leur vie dans la configuration au Christ Prêtre, Prophète et Pasteur, dont l'ordination est le sacrement.

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4.2- Cette formation prépare à des fonctions dont l'exercice est à venir, mais elle requiert un engagement humain et spirituel au présent. Il ne s'agit pas, pour les séminaristes, d'apprendre à prier à la manière des prêtres, seulement en vue de le faire quand ils seront ordonnés, mais de prier dès le temps de leur formation en étroite union avec le presbyterium diocésain qu'ils souhaitent rejoindre. Il ne leur est pas demandé de faire des études pour qu'ils s'en servent plus tard, dans les divers actes du ministère, mais de s'engager au jour le jour, à la manière du disciple qui devient apôtre, envers le Christ qui est la voie, la vérité, la vie. On ne demande pas aux séminaristes de fréquenter des paroisses, des aumôneries, des mouvements pour qu'ils s'exercent à y tenir un rôle ultérieurement, mais de laisser l'Esprit-Saint les apprêter progressivement à exercer la triple fonction presbytérale que décrit Presbyterorum ordinis. C'est dire que la formation des prêtres ne tire pas seulement son intérêt de son aboutissement, mais que ses enjeux sont aussi pour le présent. Elle consiste à entrer petit à petit, à la manière des apôtres, dans "la suite du Christ".

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4.3- Cette formation, enfin, nécessite de la part des formateurs, mais aussi des séminaristes eux-mêmes, une constante vérification de sa cohérence. Quand on en énumère les divers aspects que sont le développement des aptitudes humaines appropriées, l'engagement spirituel, l'acquisition des connaissances, la pratique pastorale, avec sa dimension missionnaire, il ne faut jamais oublier qu'il s'agit de les conjuguer pour progresser vers un unique objectif: que les futurs prêtres apprennent, chacun et ensemble, à "être avec le Christ" et à le suivre comme l'ont fait les apôtres.
En bref, la norme absolue de la préparation des futurs prêtres, c'est de les disposer à laisser l'Esprit-Saint faire d'eux tous les coopérateurs des évêques dont l'Eglise a besoin en fonction des nécessités du service pastoral, y compris dans sa dimension missionnaire. Ceci suppose que chacun d'eux s'efforce de tendre vers la sainteté jusqu'à accepter qu'un autre ceigne ses reins et le conduise là où il ne voudrait pas aller Jn 21.

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5- L'EGLISE SE SOUCIE DE FAIRE CONNAITRE LA FORMATION DE SES FUTURS PRETRES ET D'Y INTERESSER LE PLUS POSSIBLE LES COMMUNAUTES CHRETIENNES

Il serait bon que cette préoccupation d'offrir aux futurs prêtres une formation de qualité se traduise par quelques signes publiquement perceptibles. Vont en ce sens la diffusion large de dépliants, de brochures et documents audiovisuels présentant cette formation, de même que l'accueil organisé en certaines circonstances dans les séminaires telles que des journées portes ouvertes et des rencontres, par exemple sur le thème de la vocation. La bonne opinion que peuvent donner de leur formation les séminaristes eux-mêmes demeure bien évidemment le plus convaincant de ces signes.
Les jeunes qui envisagent ce ministère, comme aussi leur famille et ceux qui les soutiennent, ont besoin de voir clairement quelle préparation propose l'Eglise, surtout dans un contexte où les pistes peuvent être passablement brouillées. Aussi l'institution ayant vocation d'accueillir ces jeunes et de les former doit-elle être bien visible, parfaitement identifiable, et ses responsables prêts à rendre compte de ce qui s'y passe.
La qualité de l'accueil dans le lieu de formation, et ce lieu lui-même, ne sont pas neutres; parmi les éléments de la décision que prend un jeune de s'engager dans la formation au ministère presbytéral, l'accueil de la communauté de formation est un repère important. Certes on ne devient pas séminariste pour la seule satisfaction de vivre au sein d'une communauté sympathique et dans un lieu propice au développement de la vie spirituelle! Cependant, la sensibilité actuelle aux conditions de vie fraternelle dans un séminaire exprime une exigence évangélique dont il est bon d'avoir conscience.
Voici donc le texte de cette Ratio Institutionis Sacerdotalis, suivi par celui de la Ratio Studiorum, pour la formation des futurs prêtres des diocèses français. Nul doute que l'un et l'autre paraissent exigeants. Il serait indu, cependant, de les qualifier de tracassiers ou de décourageants.
Sans nier les difficultés que comporte aujourd'hui l'exercice du ministère presbytéral, il faut rappeler qu'il est d'abord l'apprentissage de la joie humaine et spirituelle qu'éprouve un prêtre à être intimement associé à la mission du Christ Bon Pasteur pour le bonheur des hommes et leur salut. Les difficultés actuelles ne doivent pas conduire à envisager la formation des chrétiens qui se préparent à l'ordination comme un entraînement à porter sur leurs épaules toutes les difficultés de l'Eglise. C'est au Peuple de Dieu tout entier qu'il revient d'assumer ses épreuves, y compris celle qu'engendre notre actuel manque de prêtres. Il serait invraisemblable que le temps des fiançailles que représente l'initiation au sacrement de l'Ordre ne soit pas celui d'un grand bonheur.

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DEUXIEME PARTIE


1983 Documents postconciliaires 5099