Bernard Opuscules 339

FLEURS OU PENSÉES EXTRAIT DES OEUVRES DE SAINT BERNARD.

339 Tome 4, p. 628-646

1. La chasteté est en péril au sein des délices, l'humilité, au comble des richesses, la piété, dans le torrent des affaires, la vérité, dans les conversations sans fin et la charité, au milieu de ce siècle pervers (De Conver. ad. cler. n. 37).

2. Rien de plus précieux que le temps; mais, hélas! rien n'est aujourd'hui regardé comme plus vil (Tr. de cont. Man. ad cler. n. 55.)

340 3. Les jours de salut s'écoulent, et personne n'y songe : personne ne se reproche d'avoir laissé perdre des moments qui ne se représenteront jamais (Ibid).

4. Il n'y a rien de si dur, qui ne cède a plus dur que soi (4. de Consid. c. 3. n. 8). Aussi n'y a-t-il point d'habitude qui ne puisse triompher d'une autre.

5. Imputez-vous tout ce qua vous souffrez de celui qui ne peut rien vous faire sans vous (de Con. 4, n. 9).

341 6. Ce n'est pas de la tête du scorpion, mais de sa queue, où se tâche son dard, qu'il faut se défier ( 4. de Consid. 4. n. 9).

7. Que vous sert-il d'être sage, si vous ne l'êtes point pour vous (Ibd). 8. On manque de tout, quand on se flatte de tout posséder (2,de Consid. 7. 14).

9. Un homme insensé sur le trône, n'est qu'un singe sur le haut d'un toit (Ibidem.).
342 10. Tenez-vous dans un juste milieu, si vous ne voulez point excéder la mesure (Ibidem. 10. 19).

11. Sur un homme qu'elle prend au dépourvu, la prospérité fait l'effet du feu sur la cire, ou des rayons du soleil sur la neige (
Sg 12 Sg 21).

12. Il n'est pas difficile d'être humble dans une basse condition, mais l'être au comble des honneurs, c'est faire preuve d'une grande et rare vertu (4. Hom. sup. miss. 9).

343 13. Il n'y a pas de misère plus misérable qu'une fausse joie (Tract. de Lib. Arb. n. 14).

14. Nous sommes convaincus d'avoir voulu une chose, lorsqu'elle ne serait point arrivée, si nous ne l'avions point voulue (Ibidem).

15. Un esprit répandu au dehors, ne sent pas le mal qui le ronge au dedans (de Con. ad cler. 4. n. 15).

344 16. Si on fuit la persécution, ce n'est pas la faute de celui qui fuit, mais de celui qui persécute (Epist. I).

17. La volonté est réputée pour le fait, là où le fait exclut toute nécessité (Tract. ad Hug).

18. Nul ne mérite plus notre colère, qu'un ennemi qui feint d'être notre ami (De Conv. ad Hug).

19. Ceux qui placent leur trésor dans le ciel, n'ont rien à craindre des voleurs (
Sg 41).

345 20. Quiconque ne plait point à Dieu, est incapable de se le rendre favorable (Sg 32)

21. La négligence des évêques, est la mère de l'insolence des clercs (Epis. 152).

22. On doit faire le bon plaisir de ses amis, mais non pas au point de leur donner la mort (Epist. 215).

346 23. Dès que l'eau d'un fleuve cesse de couler, elle se corrompt (Serm. I. de quadra).

24. Toutes les choses du monde ont une fin, et leur fin n'a pas de fin (Serm. 9. in Ct).

25. Vous donnez à votre parole un grand poids, si vous commencez par être convaincu vous-même de ce dont vous voulez convaincre les autres (Serm. 65. n. 3).

26. J'aime à entendre une prédication qui ne cherche point à se faire applaudir, ruais à me faire gémir (Ibid).

347 27. La voix de la tourterelle n'est point douce, mais ce qu'elle dit est doux (Ibid).

28. Bon gré, malgré, le Jébuséen habite dans vos frontières; on peut le subjuger, mais l'exterminer, jamais (Serm. 57,in
Ct 10).

29. C'est peu de couper une fois, il faut tailler souvent, toujours (Ibid), parce que les vices repoussent constamment.

30. Le vice et la vertu ne peuvent pousser ensemble, il faut couper la cupidité, pour donner de la force à la vertu ()

348 31. Retranchez le superflu, le salutaire pousse. Tout ce que vous retranchez à la cupidité profite à l'utilité (Ibid).

32. Un pasteur qui est instruit, mais qui n'est pas bon, nourrit moins par l'abondance de sa science, qu'il ne nuit par la stérilité de sa vie (Serm. 76. in
Ct 18).

33. Quelquefois, l'ambition, au comble de ses voeux, nuit moins que lorsqu'elle est déçue (Epist. 126), parce que alors, elle recourt aux moyens violents.

349 34. C'est en vain qu'on entreprend de lire, ou qu'on veut entendre un poème d'amour, quand on ne tonnait point l'amour (Serm. 79. in Ct 1).

35. Un coeur de glace ne peut comprendre une parole de feu (Ibid) ; de même que celui qui ne sait pas le grec ne comprend point en grec.

36. La renommée ne peut attribuer à la vertu ce que la conscience taxe de vice (Serm. 7I. n. 2).

350 37. La vertu se contente de la candeur de la conscience, quoiqu'elle ne soit pas accompagnée de la bonne odeur d'une bonne réputation (Ibid).

38. Il y a bien des choses que vous dédaignez dans l'oisiveté, et que vous mangez avec appétit après le travail (Epist. I. n. 11), car le meilleur assaisonnement, c'est la faim.

39. L'ennemi est plus ardent à nous passer l'épée dans les reins, que ferme à nous résister en face (
Ct 12).

351 40. Faire mal, quel que soit celui qui l'ordonne, ce n'est point obéir, c'est désobéir (Epist. 6. n. 3), à Dieu.

41. Ce que chacun préfère à tout, voilà quel est son Dieu (Tract. de Cont. num. ad cler. 5. 17).

42. Il y en a beaucoup qui ne courraient pas avec tant d'ardeur après les honneurs, s'ils sentaient que ce sont en même temps des charges (Trac. de off. Epist. 6. 17).

352 43. Plaise à Dieu que nos modernes Noés nous laissent au moins de quoi nous couvrir (Ct 29 , tant on pèche maintenant, ouvertement et sans pudeur.


44 N'avoir pas de hautes pensées de soi en haut lieu n'est pas chose facile.


45 Si vous aimez mieux être grand que bon, ne comptez point sur le prix, mais sur le précipice (Epist. 22. ad Ardul).


46 C'est folie de déposer un trésor là où on ne pourra point le reprendre quand on voudra (Tract. de Off. Epis. 5).


47 C'est l'épreuve qui montre la foi de chacun (Ct 4)


48 Si on nous a ordonné d'aimer notre prochain comme nous-mêmes, c'est pour nous apprendre à nous aimer d'abord (Ct 4 Ct 10).


49 Ce qui fait une bonne conscience, c'est de se repentir, et de s'abstenir du mal (Ct 4).


50 Les médecins se servent du même feu pour amputer un membre à un roi qu'à un sujet (Ct 11).


51 C'est le propre d'un bon pasteur de ne point chercher, mais de sacrifier ses intérêts (4. de Consi. 11).


52 Dépenser sans nécessité et sans utilité, ce n'est point dépenser, mais dissiper (3 de Consid. 4).


53, Quand tu appartiens à tout le monde, sois donc au moins un de ceux à qui tu appartiens (I de Consid. 5. 6).


54 L'amour parait souvent insensé, mais c'est à ceux qui ne connaissent point l'amour (Prof. in bib. de Consid).


55 La mesure, pour aimer Dieu, est de l'aimer sans mesure (Tract. de Dil. Deo. 1. n. 6).


56 Je n'approuve point un savant qui ne sait point la manière de voir (Serm. 36. 3).


57 Il y en a qui veulent savoir seulement pour savoir; c'est curiosité.


58 Il y en a qui veillent savoir pour se faire connaître ; c'est vanité.


59 Il y en a qui veulent savoir, pour vendre leur savoir, c'est un commerce honteux.


60 Il y a en a qui veulent savoir pour s'édifier; c'est de la prudence (Serm. 36,3).


61 Prendre de la nourriture et ne point la digérer, c'est une chose pernicieuse pour celui qui le fait (Ct 4)


62 Celui dont la lumière de la discrétion n'éclaire point la course, ne court point, il se précipite (Serm. in crum Icis).


63 Il est impossible que celui qui plaît aux bons et. déplaît aux méchants, ne soit pas bon (Epist. 148).


64 I1 n'est pas sûr de dormir près d’un serpent. (Epist. 241).


65 Il peut arriver à la véritable amitié de faire entendre des reproches; des flatteries, jamais (Epist. 242).


66 Mieux vaut qu'un homme périsse que l'unité (Episi. 102). Il faut expulser celui qui trouble la concorde.


67 Le seul cas où il ne soit pas permis d'obéir à nos parents, c'est quand Dieu lui-même est en cause (Epist. 111).


68 Quand une fois on a goûté à l'esprit , la chair ne peut plus causer que du dégoût (Ibid).


69 Le coeur de l’homme ne se ne se rassasie pas plus d'or que son corps d'air (de Cons. Ad. cler).


70 Le fait de l’orgueil, c’est la privation de la grâce (Serm. 54 in cant).


71 Nous sommes toujours sous l'oeil qui voit tout, bien qu'il ne soit vu de personne (Serm. 55. in Ct).


72 Un homme de bien ne se laisse prendre qu'à la feinte du bien (Serm. 66 in )


73 Il faut prendre les hérétiques, non par la force des armes, mais par celle des arguments (Serm. 64 in ) Voir les notes au même endroit.


74 La lumière est agréable à l’homme, surtout quand il sort des ténèbres (Serm. 54, in )


75 La science sans la charité, enfle; la charité, sans la science, erre (Serm. 69. In cant).


76 Le jour montre ce que; la nuit avait laissé dans les ténèbres (Serm. 75. In )


77 Mieux vaut le scandale que l’abandon de la vérité (Epist 78)


78 Quiconque n’a d’autre maître que soi, est disciple d’un sot (Epist. 88).


79 On ne saurait juger de la même manière deux conduites qui, pour être semblables dans leurs résultats, ne le sont nullement dans leurs motifs (Epist. 84).


80 Rien de moins glorieux que d'être trouvé avide de gloire (Epis. 106)


81 Quand on aspire à de grandes choses, les petites nous semblent moins agréables (Epist. 153).


82 Quiconque ne court pas, ne saurait atteindre celui qui court (Episi. CCLIV. 4).


83 Ne point aspirer à monter, c'est descendre ()


84 On ne fait jamais bien, ce qu'on fait malgré soi (Épis. 258).


85 Il faut être grand pour tomber dans l'adversité sans tomber de la sagesse (2 de Consid. 12).


86 Le chien défend le foin quoiqu'il n'en mange point (Epist. 312 n. 1).


87 Si vous êtes sage, vous serez -une vasque plutôt qu'un tuyau (Ser. 18. 3), c'est-à-dire, vous ne donnerez aux autres que quand vous serez plein vous-même.


88 Ce qui montre la différence d'un pasteur d'avec un mercenaire, c'est la persécution (De Conv. ad cler. 22).


89 L'ignominie de la croix n'est point. désagréable à celui qui n'est point ingrat envers le Crucifié (Serm. 25. n. 8).


90 Être toujours avec une femme et ne point pécher avec elle, c'est plus que ressusciter un mort (Serm. 65. n. 4).


91 Un maître familier nourrit titi serviteur insensé. (Serm. cont. vit. ingr. )


92 C'est un acte de clémence en Dieu, de refuser aux ingrats ce qu'ils demandent (); (c'est ne leur point donner l'occasion de pécher par ingratitude).


93 Il est facile de nager quand on nous soutient le menton (Serm. 12. in Ct 8).


94 Dieu nous charge, quand il nous décharge ; et il nous charge de ses bienfaits, quand il nous décharge de nos péchés (Serm. 15. in psal. qui habitat. 1).


95 Efforçons-nous de plaire à tous en tout, mais par-dessus tout à celui qui est plus que tout (Ct 4).


96 C'est une vaine excuse que de dire qu'on a obéi aux hommes, si on a désobéi à Dieu (Epist. 7. 8).


97 Qui croira la muraille qui prétend enfanter le rayon de soleil qu'elle laisse entrer par la fenêtre (Serm. 3. in Ct 5)?


98 La beauté d'une peinture ou d'une créature, ne fait point la louange du pinceau (Ct 6 Serm Ct 17).


99 C'est avoir du goût que de trouver aux choses le goût quelles ont.


100 Il n'y a pas plus grande démangeaison pour l'oeil que l'envie (Serm. de Verb. Is n. 10.)


101 fous naissons sur la terre, nous mourons sur la terre et nous retournons dans la terre, d'où nous sommes sortis (Serm. s. Mart n. 1.)


102 Ne point donner aux pauvres ce qui appartient aux pauvres, c'est un crime égal au sacrilège (Tract. de conf. num ad cler. n. 21).


103 Si vous occupez un poste plus élevé, il n'en est pas plus sùr (Epis. 237).


104 De même que ce qui plaît n'est pas toujours permis, de même ce qui est permis n'est pas toujours à propos (Epist. 25. 2).


105 Celui dont la vie est méprisée, n'a plus à s'attendre qu'à voir sa prédication égaiement méprisée (Serm. 1, pas. n. 10).


106 On ne se repent guère d'une chute, quand on demeure encore sur un terrain glissant (Serm. 1. in fas. 16).


107 L'indice de la vraie componction se trouve dans l'éloignement des occasions ()


108 C'est une triste pauvreté que le manque de mérite, et de trompeuses richesses que la présomption qui fait croire qu'on en a (Serm. 66. in Ct 6).


109 On n'est point excusable d'être ignorant, quand on fait profes3ion d'instruire les enfants (Tract. de Con. in. nain. ad Cler. 5. 15).


110 C'est se montrer indigne de. lait et de laine, que de ne vouloir point faire paître les brebis (Ct 20).


111 Malheur à toi, ecclésiastique ! la mort est dans la bonne chère, la mort est dans les délices (Ct 20). (Car tu manges ainsi les péchés du peuple.)


112 Malheur à ceux qui, vivant dans la chair, ne sauraient plaire à Dieu et présument pouvoir se le rendre propice (De Conv. ad Cler).


113 Le zèle sans la science nuit là même où il s'empresse de rendre service. (Ct 38).


114 Tout ce qui n'est pas Dieu ne saurait suffire à une âme qui a soif de Dieu. (De Cont. nud. 33).


115 Sauter sans regarder, c'est tomber avant de tomber. (Ct 26).


116 Un malade qui ne sent plus son mal est bien mal. (I de Consid. 1).


117 L'homme qui fuit le travail ne fait point ce pour quoi il est né. De cont. ad Cler. 29).


118 C'est le propre du sage de s'en rapporter plus au jugement des autres, dans les choses douteuses, qu'au sien. (Epis. 82,1).


119 Je me passerai volontiers d'un bien spirituel, si grand qu'il soit. si je ne puis me le procurer qu'au prix d'un scandale. (Epis. 82).


120 Ce qui est dans l'ordre d'une façon aussi belle que salutaire, c'est que vous portiez, le premier, le fardeau que vous voulez faire porter aux autres. (Epis. 222,3).


121 La parole que les oeuvres accompagnent est forte, mais ce qui assure à la parole et aux oeuvres la grâce et l'efficacité, c'est la prière (Ibid).


123 Un faux catholique est plus nuisible qu'un hérétique déclaré. (Serm. 65, in cant. 4).

123. Ce n'est pas un échange sans profit lorsque, se trouvant maître de tout, on renonce à tout. (Tract. de Cont. Mund. ad Cler. I).


124 C'est plus la concupiscence que la substance du monde qui nuit. ()


125 Ce qui fait surtout qu'on doit fuir les richesses, c'est qu'on ne peut qu'à grand'peine et, pour ainsi dire, jamais les posséder, sans s'y attacher. (Ibid).


126 Le coeur de l'homme s'attache facilement à ce qu'il voit tous les jours. ()


127 Celui qui se propose de tout quitter doit se compter au nombre des choses à quitter.


128 Le véritable amour a sa récompense dans ce qu'il aime. (Tract. de dilig. Deo, n. 17).


129 Qu'un simple sujet fasse fausse route, il se perd seul ; mais que ce soit un prince , il entraîne beaucoup d'autres à sa suite. (Épis. 117).


130 La vraie joie est celle qui vient du Créateur, non de la créature. (Epis. 114).


131 Un homme vicieux n'a point horreur des vicieux. (1. de Cons. 10).


132 Là où lotit le monde sent mauvais, la mauvaise odeur de l'un ne se fait point remarquer. (Ibid).


133 Les honneurs charment ceux qui ne font que les considérer; mais ce sont des fardeaux qui effraient ceux qui les pèsent. ;Tract. de Of'. et Mor. Epis. 7).


134 La vraie charité n'est point sans sa récompense, et pourtant elle n'est point mercenaire. (Tract. de Dili. Deo 17).


135 Celui qui garde son corps garde un bon castel. (Sema. 2,de Ass. n. 2). Proverbe vulgaire.


136 Il n'y a que les malheureux qui n'aient point d'envieux. (Serm. 5, de Verb. )


137 Maudit celui qui gâte lui-même son propre sort. (Lib de Consid. et Serm. de sept. partibus).


138 C'est tendre la main au séducteur que de ne point la tendre au précepteur. (Serm. 77,in ).


139 Quiconque envoie paître ses brebis sans gardien est le pasteur des loups non des brebis. (Ct 6).


140 La vie du pauvre, est répandue dans les rues qu- parcourent les riches. (4, de Consid. 2).


141 L'ambition est la croix des ambitieux ; elle tourmente tout le monde, et plaît â tout le monde. (3,de Consid. I).


142 Dans la bouche d'un homme du monde, des plaisanteries sont des plaisanteries, dans la bouche d'un piètre ce sont des blasphèmes. (Lib. n, de Consid. 15).


143 Une âme vaine imprime, la marque de sa vanité au corps. (Apol. ad Guil. 9).


144 La mollesse dans les vêtements indique la mollesse de l'âme. ()


145 L'Église brille dans ses murailles et gèle dans ses pauvres. (Apol ad. Guil. 11).


146 C'est aux frais des pauvres qu'on flatte le,a yeux des riches. ()


147 Je crains plus la dent du loup que la houlette du berger. (Tract. de Vit. et Off. Epis. 35).


148 Hippocrate enseigne l'art de sauver son âme en ce monde, et le Christ, celui de la perdre. (Serm. 31, in ).


149 Le plaisir du goût auquel on sacrifie tant de nos jours s'exerce dans un espace qui n'est pas large de deux doigts. (de Cons. ad Cler. n. 13).


150 L'amour insatiable des richesses tourmente bien plus l'âme par le désir, qu'il ne la rafraîchit par l'usage. (Ct 14).


151 Les richesses ne servent à peu près qu'à ceux qui ne les ont pas; les riches n'en ont guère que le nom et les ennuis. ()


152 Le démon ne tend guère d'embûches sérieuses qu'à la persévérance, parce qu'il sait que c'est l'unique vertu qui doit être couronnée. (Epist. 24).


153 La garde de la langue est toujours utile, toutefois elle ne doit point exclure l'affabilité (4, de Consid. 6,23).


154 Partout il faut mettre un frein à la langue toujours prête à parler, mais il le faut surtout à table. ()


155 Voilà l'extérieur qu'il convient d'avoir : des manières réservées, un visage serein, un langage sérieux. (Ibid).


156 Quand ou est assis sue le trône, on n'a plus que faire des degrés qui y mènent. (5, de Consid. 22).


157 Lequel des deux est pire de médire on d'écouter médire ? C'est ce que je n'userais décider. ( 2,de Consid. II. 12).


158 La prudence suspend son jugement quand elle délibère. (Serm. de s. Magd. n. 1).


159 Une tristesse religieuse pleure ses péchés ou les péchés d'autrui. (Ct 2).


160 Reconnais, ô homme, l'estime que Dieu fait de toi, par ce qu'il est devenu pour toi. (Serm. 1, de Epiph.)


161 C'est le comble de la démence d'être effronté pour le mal, et honteux pour la pénitence ; de courir tête baissée au devant des blessures, et de n'oser recourir au remède de son mal. (Serm. in Circum).


162 Pour conserver son humilité, une piété qui vient de Dieu a coutume de procéder ainsi : plus elle fait de progrès, moins elle croit en faire. (Serm. 15, de Div. 4).


163 Voici deux choses qui plaisent également à Dieu, un pécheur contrit et un juste dévot. Et rien ne lui dél1ait davantage qu'un juste ingrat et un pécheur tranquille dans son péché. (Serm. de Div. 4).


164 Celui qui se porte bien ne sent pas le mal d'un autre, non plus que l'homme rassasié ne ressent les tourments du famélique. (Tract. de Grad. hun. n. 6).


165 C'est un belle chose que l'humilité, puisque l'orgueil même en emprunte le manteau, de peur de paraître trop laid. (Ct 47).


166 C'est une triste victoire que de vaincre un homme et d'être vaincu en même temps par le vice. (Exhi. ad mili. n. 2).


167 C'est dans toutes sortes de détours que s'égarent les impies qui cherchent, par un mouvement naturel, à satisfaire leur appétit, et négligent, comme des insensés, les moyens d'arriver à leurs fins. (de Dilig. Deo. n. 19).


168 Celui qui aime Dieu n'a pas besoin d'être excité à le faire par l'appât d'une récompense qui n'est pas Dieu lui-même. Autrement ce ne serait point Dieu qu'il aimerait, mais la récompense. (Ct 17).


169 Naturellement tout le monde aspire au souverain bien. Voulez-vous y arriver? Commencez par viser plus haut : (Tract. de Cont. mund. ad Cler. 33). Car si vous visez plus bas, vous n'atteindrez jamais au but.


170 La route qui conduit au souverain bien est étroite et presque impraticable; il vous sera plus facile de la parcourir si vous méprises, que si vous acquérez tout. (Ct 33).


171 C'est un échange malheureux et d'une folie extrême, que de laisser le travail avec les hommes pour le feu de l'enfer avec les démons. (Ct 28).

CENSURE D'ÉTIENNE, SECOND ABBÉ DE CÎTEAUX, SUR QUELQUES PASSAGES DE LA BIBLE.

Le frère Étienne, abbé de Newmonster, à tous présents et futurs serviteurs de Dieu, salut.

Nous disposant à écrire cette histoire, parmi les livres que nous avons rassemblés en grand nombre de diverses communautés, pour Suivre le plus exact, nous en avons trouvé un qui différait beaucoup dg la plupart des autres. Comme il était le plus complet de tous, nous l'avons

a Cette censure, que nous plaçons ici, se trouve dans le manuscrit de la Bible de Cîteaux, que le second abbé de ce monastère, nommé Étienne, a pris soin de faire copier, comme l'atteste cette remarque placée à la fin : L'an 1109 de l'Incarnation de Notre Seigneur, a été terminée l'écriture de ce présent livre, sous le gouvernement d'Étienne, second abbé de Cîteaux.

pris pour guide pour écrire cette histoire selon les renseignements que nous y avons rencontrés. Mais après l'avoir écrite, nous n'avons pas été peu frappés de la différence de toutes ces histoires. La raison nous disait, en effet, que le texte que tous les écrivains de notre temps ont reçu des mains d'un seul interprète, je veux dire de saint Jérôme, sans se mettre en peine des autres, a été traduit de l'hébreu, seule source authentique, doit être partout le même. Mais il y a des livres de l'ancien Testament qui ont été traduits par le même père, non sur le texte hébreu, mais sur le texte chaldaïque, parce qu'il ne les a trouvés que dans ce dialecte, même chez les Juifs, ainsi qu'il nous le dit lui-même dans son prologue sur Daniel. Nous avons adopté cette Version comme celle des autres livres. Mais fort étonné de la différence que nos livres, traduits par un même auteur, présentaient avec les autres, nous sommes allés trouver des Juifs réputés très-instruits dans leurs écritures, et nous avons rapproché avec le plus de soin possible du texte latin, tons les passages des Écritures où se lisaient les textes et les endroits que nous trouvions dans l'exemplaire dont nous avons parlé plus haut, et que nous avions déjà fait entrer dans notre travail, mais que nous n'avions pas rencontrés dans la plupart des autres livres latins. Ces juifs, feuilletant avec nous plusieurs de leurs livres, nous traduisaient les passages que nous leur indiquions, de l'hébreu ou du chaldaïque en latin, mais ne trouvèrent ni les endroits ni les versets qui nous inquiétaient le plus. Par conséquence, nous avons retranché, comme superflu ainsi qu'on le voit en plusieurs endroits de ce livre, et surtout dans les livres des Rois, où se trouvait le plus d'erreurs, tout ce qui ne se rapportait ni à l'hébreu, ni au chaldaïque, ni à la version donnée par les livres latins où ces passages faisaient défaut. Et maintenant nous prions tous ceux qui liront ce volume de ne plus y replacer ces endroits et ces passages superflus. Il est bien facile de reconnaître à quelle place ils se trouvaient, puisque le parchemin conserve en cet endroit les traces du grattage auquel il a été soumis. Nous défendons aussi, au nom de Dieu et de notre ordre, à qui que ce soit, de se servir avec peu de précaution de ce volume que nous avons préparé avec tout le soin possible, et d'y faire, avec l'ongle, aucune marque sur le texte ou sur les marges.




DES ACTES DU CHAPITRE GÉNÉRAL DE CITEAUX.

TENU EN L'ANNÉE MC2VI.

A la requête de Monseigneur l'archevêque de Lyon, qui demande qu'on corrige la leçon de l'Évangile de la passion de Notre-Seigneur qui se lit selon saint Mathieu le dimanche des Rameaux, il est enjoint à l'abbé de la Ferté de voir avec soin ce que pensent de cette correction les Églises de Cluny et de Lyon, et d'en faire son rapport au prochain chapitre.

L'AN MCC.

On écrira dans le texte de l'évangéliste saint Mathieu ces mots qui y manquent : « Ils se partagèrent ses vêtements. »





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