Paul VI Homélies 30064

27 septembre 1974

PRIÈRE DU SAINT-PÈRE À L’OUVERTURE DU SYNODE DES ÉVÊQUES

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Une Église vivante, toujours en recherche de sa propre identité et à l’écoute attentive de la Parole de Dieu. Voilà l’image qu’offrait le 27 septembre dernier la Chapelle Sixtine où, serrés autour du Vicaire du Christ, se trouvaient réunis tous les Pères Synodaux provenant des cinq continents, venus au Vatican pour célébrer la troisième assemblée générale du Synode des Evêques et pour affronter en collégialité apostolique les thèmes de l’évangélisation du monde contemporain. Les Pasteurs des Églises locales auront à donner une nouvelle extension à l’annonce de l’Évangile et à la vie de l’Église à notre époque. Dans cette intention ils se sont unis au Saint-Père qui a ouvert le Synode par une prière dont voici le texte :



Seigneur Jésus, le thème de cette réflexion précédant le Synode que nous allons commencer, nous ne voyons pas comment l’exprimer sinon en termes de prière.

En abordant nos travaux de réflexion et nos discussions sur l’« évangélisation du monde contemporain », nous serions tentés d’analyser aussitôt les besoins spirituels de ce monde, les possibilités d’apostolat, et de rechercher les méthodes capables d’assurer une présence plus vigoureuse de l’Église. Nous préférons nous tourner avant tout vers Toi, pour confirmer en nous cette première certitude ; que le fait même de l’évangélisation naît de Toi, Seigneur ; comme un fleuve, il a une source, et Toi, Christ-Jésus, Tu es cette source. Tu es la cause historique, Tu es la cause efficiente et transcendante de ce phénomène prodigieux ; l’apostolat vient de Toi, ô Maître ; de Toi, Sauveur; de Toi, principe et modèle ; de Toi, à la fois grand prêtre et victime pour le salut de l’humanité, l’apostolat a jailli, il a été confié aux disciples choisis, appelés par Toi au rang d’Apôtres, et des Apôtres il est arrivé à nous, Évêques, selon une succession ininterrompue. Ta parole, comme une flamme qui se propage dans le temps et dans les relais de l’histoire, arrive à nous, à la fois très douce et impérative, toujours vivante, toujours nouvelle, toujours actuelle : « Comme le Père m’a envoyé, Moi aussi je vous envoie » (
Jn 20,21 cf. Jn 15,22 Jn 17,18).

A tel point, Seigneur, que nous devrons remonter jusqu’au mystère de la Sainte Trinité pour retracer l’origine première du mandat qui nous presse, et pour découvrir, dans les insondables profondeurs de la vie divine, le dessein d’amour qui marque de son empreinte, qualifie et soutient notre mission apostolique.

Mais comment cela peut-il se faire ? Nous sommes, nous, de pauvres êtres perdus dans l’océan de l’histoire et dans la foule innombrable de l’humanité, comment pouvons-nous être choisis pour une mission de telle nature et de telle importance ?

Voici, Seigneur, que nous résumerons dans cet instant de prise de conscience et de synthèse notre histoire spirituelle. Nous nous rappelons le chant prophétique de Marie : Respexit humilitatem ancillae suae... fecit mihi magna qui potens est : selon une analogie qui nous vient de la grandeur de la bienheureuse Vierge, nous aussi, nous avons été choisis, non certes pour notre stature humaine, mais bien plutôt pour notre petitesse, afin que, dans l’oeuvre messianique que Tu as voulu nous confier, aucune ambiguïté ne vienne de notre valeur humaine mais qu’au contraire, à cause de notre petitesse, il soit plus évident que c’est ton oeuvre qui s’opère par l’humble ministère de nos personnes. Que tes paroles, ô Jésus notre Maître, soient encore pour nous un appel à l’humilité et à la confiance : Non vos me elegistis ; sed Ego elegi vos et posui vos ut eatis et fructum afferatis et fructus vester maneat... (Jn 15,16). O histoire personnelle et intime de notre vocation à Te suivre, Seigneur, de notre vocation à ton service, à ton sacerdoce, auquel nous participons à un titre spécial en vertu de l’ordination épiscopale qui nous infuse cette certitude intérieure qui nous permet d’affronter, jusqu’à la fin de notre vie terrestre, l’aventure singulière et dramatique de la mission qui nous est confiée ! Quelle forte et douce chaîne soutient l’inguérissable caducité de notre nature humaine, rendue encore plus fragile par l’habitude critique qui caractérise l’intelligence moderne ! Voici quels sont les anneaux de cette chaîne logique et salvatrice qui nous soutient : tout d’abord, l’authenticité de notre sacerdoce ; oui, il est authentique, le sacerdoce catholique ! En second lieu, sa validité ; oui, il est valide, son triple pouvoir de magistère, de ministère, de direction pastorale ! En troisième lieu, l’intimité que non seulement Tu consens à nous donner, mais que Tu nous imposes d’avoir avec Toi, ô Christ ! Toi, le premier et indéfectible ami entre tous, pour adhérer ainsi à ta volonté salvifique et entrer dans ce courant d’Amour que Tu nourris envers les hommes.

Et puis d’autres liens aussi viennent remédier à notre disproportion en face du mandat que Tu nous as donné : la confiance, particulièrement celle que Tu as souvent communiquée à tes disciples (cf. Lc 12,32) ; une confiance qui nous impose comme un devoir le courage (cf. Mt 10, 16, 28), une confiance qui nous fait une obligation de l’initiative (cf. Mt 10,27), de l’annonce de l’Evangile au monde entier (Mt 28,29), de la persévérance au-delà des calculs d’opportunité : usque in finem (cf. Mt 24,12-14). Et avec la confiance, l’espérance : spes atttem non confondit (Rm 5,5). Enfin et toujours, la charité : quis nos separabit a cantate Christi ? Nous nous souvenons, oui, nous nous souvenons de ces paroles enflammées de l’Apôtre, qui nous assurent une garantie sans limite et contre toute difficulté, dans l’entreprise difficile que présente l’évangélisation du monde pour nous, hommes parmi les hommes, à nous qui sommes dépourvus de puissance terrestre, à nous qui sommes pauvres de ressources temporelles (Rm 8, 35, ss.).

Seigneur Jésus ! Nous voici prêts à partir pour annoncer encore ton Evangile au monde dans lequel ta Providence mystérieuse mais pleine d’amour nous a fait vivre ! Seigneur, prie le Père, comme Tu l’as promis (Jn 16,26), afin qu’il nous envoie, par ton intermédiaire, l’Esprit Saint, l’Esprit de vérité et de force, l’Esprit de consolation, qui rende notre témoignage clair, bon et efficace. Et sois avec nous, Seigneur, pour nous rendre tous un en Toi et capables, par ta puissance, de transmettre au monde ta paix et ton salut.






25 décembre 1974

VENEZ, OUI FRÈRES, VENEZ !

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Le Saint-Père, au cours de la Messe de minuit dont la célébration suivit l’ouverture de la Porte-Sainte a prononcé l’homélie suivante :



Notre parole, qui ose maintenant interpréter la voix de Noël et le langage symbolique de ce rite jubilaire, est simple et unique : venez ! Oui, Frères, venez !

Mais c’est une parole polyvalente! Veuillez en écouter la résonance au fond de vos coeurs ; veuillez essayer de la comprendre.

Parce que, tout d’abord, elle se veut parole universelle. A tous nous lançons, comme un cri de rappel, cette invitation jaillie du coeur : Venez ! Le mot résonne dans cette basilique ; mais il est adressé à tous les fidèles, à toute l’Eglise ici réunie des quatre points cardinaux ; venez, « d’un seul coeur et d’une seule âme » (
Ac 4,32), célébrer ensemble la nativité du Christ et accomplir ensemble le Jubilé du renouveau et de la réconciliation dans la merveille et la joie de l’unité de foi et d’amour que le Seigneur nous a laissée comme son commandement et son héritage ; venez !

Cette même parole, pleine de respect et d’espérance, s’étend ensuite partout où le nom du Christ définit une fraternité et en appelle une heureuse plénitude : venez ! Nous gardons toujours disponible, autour de notre et votre unique Seigneur et Maître, la place d’honneur et d’amour qui vous est due en ce Noël de nouveauté et de réconciliation : venez ! C’est l’invitation oecuménique !

L’invitation s’élargit aussitôt aux grands cercles de l’humanité non chrétienne, avec la même résonance mais avec un accent différent bien que tout aussi respectueux et cordial : vous aussi, amis, vous êtes invités, vous aussi, vous êtes attendus à cette rencontre de fraternité. Notre voix tremble d’émotion — non d’incertitude — en affirmant que l’appel est aussi et, en un certain sens, spécialement pour vous qui, en Abraham, êtes avec nous solidaires de notre foi, et toujours fils de la promesse, qui se réalise déjà en nous.

Notre appel ne s’en tient pas là. Il veut s’étendre à ceux qui sont loin, aux esprits vagabonds, solitaires, découragés aux coeurs fermés, et jusqu’à ceux qui se sont rendus réfractaires à la religion et à la foi : venez ! Sera-ce une parole jetée aux vents ? En tout cas, elle ne manquera pas d’une certaine force secrète qui ne vient pas de notre faible voix mais du fait irréfutable auquel elle rend témoignage : le Christ vous attend ! Il vous attend, vous aussi, et peut-être avec une impatience pleine d’amour : venez !

Vous nous demandez, vous tous nos Frères, vous tous Hommes auxquels parvient notre invitation, pressante et si confiante : d’où vient-elle ? Quels motifs la mettent sur nos lèvres ?

Ne nous demandez pas en ce moment une réponse adéquate : nous vous donnerons seulement celle qui surgit de vous-mêmes. Et la voici : venez, parce que c’est la voie où sont déjà engagés vos pas. Venez, parce que vous en avez inconsciemment le désir et vous en avez absolument besoin. Venez, parce que le chemin de l’homme porte la marque de la direction vers laquelle nous vous appelons. Disons le grand mot qui résume tout : la fin de la vie humaine est Dieu ! Venez ; et nous vous ferons rencontrer ou redécouvrir ce Dieu vivant que vous n’avez jamais cessé de chercher. Vous êtes en train de le chercher quand la ligne de votre vie est simple et naturelle, car, comme par une attraction naturelle, nous sommes tous orientés vers le pôle d’origine et le pôle final de notre existence. C’est la synthèse de Saint Augustin qui brosse en ces termes bien connus le destin qui est nôtre : « Toi ô Dieu, Tu nous as fait pour Toi, et notre coeur n’aura pas de paix tant qu’il ne reposera pas en Toi » (Cong 1, 1). Et aujourd’hui encore où la vie pour nous n’est plus simple, mais compliquée dans le développement de sa pensée et de son progrès, la vérité est toujours celle-là, plus que jamais ; où débouchent en effet la pensée et le progrès dans leurs conclusions extrêmes, quand ils ne veulent pas se perdre dans la nuit du néant sinon dans une aspiration suprême et dans un hymne extatique), adressé à l’Etre absolu et nécessaire, le Dieu de la lumière et de la vie ?

Nous vous le répétons encore : venez ! Parce que, disons-le avec une humble mais salutaire franchise, nous sommes pécheurs ; ce qui veut dire que, si le prodige de Noël, n’était pas réellement advenu, nous ne pourrions même pas cheminer dans l’espérance et notre sort serait désespéré. Nous n’avons pas la capacité de rejoindre Dieu, mais Dieu a eu l’infinie bonté de venir à notre rencontre, bien plus d’arriver Lui-même jusqu’à nous, des espaces insondables de son royaume qui est mystère. Il est venu à notre rencontre au point de se faire l’un de nous, au point de se faire homme ; et c’est ainsi qu’il « est apparu sur terre et s’est mis à converser avec les hommes » (Ba 3,38). Voilà l’Évangile, voilà Noël. Noël ! Le point de contact vital du Verbe de Dieu — qui est Dieu lui-même avec le Père et l’Esprit Saint — avec nous, gens de cette petite planète qu’est la terre; Emmanuel est son nom, qui justement veut dire : Dieu avec nous (Mt 1,23 Is 7,14).

Mais alors, il semble qu’il faille dire que rien d’autre n’est nécessaire ; nous n’avons pas à aller à Lui, si Lui est venu à nous. La solution ultime de nos problèmes ne serait-elle pas déjà atteinte ? Le salut déjà assuré ?

Ecoutez une dernière fois notre invitation, Frères et Hommes de bonne volonté, invitation que nous répétons encore pour les pas qui nous restent à faire, afin que la rencontre se réalise et s’achève dans l’étreinte, bien plus dans la communion avec le Christ, le Dieu-homme, notre Sauveur, notre régénérateur dans l’ordre de la vie surnaturelle qui nous est destinée. Venez ! Les pas qui nous reviennent sont au nombre de deux, insignifiants par rapport à la distance que Jésus, le Messie divin, a comblée pour s’approcher de nous ; mais pour nous ils sont extrêmement importants, et ils ne manquent pas de difficultés dramatiques en ce qui nous concerne.

Le premier pas, le grand pas, qui humilie notre orgueil fermé, notre autosuffisance présomptueuse, mais qui élargit notre esprit aux dimensions immenses et exaltantes de la Parole révélatrice de Dieu, est la foi. Au seuil de la crèche, de l’Evangile, du salut, il y a la foi. De notre côté, il faut la foi ; nous devons croire au royaume de Dieu qui est ouvert devant nous, et dire avec le personnage anonyme de l’Évangile : « Je crois, Seigneur, mais Toi, viens en aide à mon incrédulité » (Mc 9,24).

Puis le second pas que la célébration du Jubilé veut signifier, avec sa discipline spirituelle simple mais profonde, et avec l’ouverture symbolique de ses portes de miséricorde et de pardon, le pas de la métamorphose intérieure, le pas courageux de la vérité morale, le pas évangélique du fils prodigue qui retourne à la maison paternelle, le pas que le Père attend et que du dedans il inspire et rend joyeux : le voilà, c’est le pas de la conversion du coeur : « Je me lèverai et j’irai ».

Chacun de nous peut le faire, ce pas, il le doit. C’est, au fond, si facile. C’est si beau. C’est si doux. C’est le pas que nous sommes en train de faire. Le pas de Noël pour l’Année Sainte, qu’ensemble nous avons inaugurée cette nuit.

L’Église est avec nous ! Que le monde le soit de même ! Le coeur rempli de ces souhaits, nous reprenons maintenant notre prière.






Homélies 1975

Eglise et documents vol. VIII – Libreria editrice Vaticana
II- DISCOURS ET HOMÉLIES DU PAPE EN DIVERSES CIRCONSTANCES






1er janvier 1975

LA PAIX PASSE PAR LA RÉCONCILIATION

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La huitième Journée mondiale de la paix a eu, le premier janvier de l’Année Sainte 1975, son expression liturgique la plus élevée avec la Sainte Messe que Paul VI a célébrée à Saint Pierre en l’honneur de la Mère de Dieu dont la nouvelle liturgie a fixé la fête solennelle le premier jour de l’an.



Voici l’Année nouvelle !

Voici une nouvelle période de notre vie !

Saluons notre Vie ? C’est le Christ qui est notre Vie ! notre principe : en Lui toutes les choses sont créées et conçues (cf. Col
Col 2,15-17). Il est notre modèle et notre Maître (cf. 1Co 11,1 Ep 5,1 Mt 23,8). Il est le terme et la plénitude de notre vie, présente et future (cf. Ga 2,20 Rm 60,5 1Th 4,17 Ap 1,8 etc. ). Nous saluons Notre Seigneur Jésus-Christ, auquel soit honneur et gloire dans tous les siècles (Rm 16,27) !

Et puis nous saluons Marie, la Mère bénie de Jésus, que l’Eglise honore aujourd’hui pour ce privilège de choix dont Elle a été l’objet et qui est pour nous une chance inestimable, le privilège d’être en même temps la mère de Dieu fait homme, notre Frère et notre Sauveur. Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre douceur et notre espérance, salut !

Et maintenant un salut à vous, Pueri Cantores, qui venez de toutes les parties du monde pour donner ici, dans la Rome catholique, centre de l’unité et de la paix, un exemple admirable d’harmonie et d’allégresse. Chantez, chantez ! Vos voix qui se fondent en un seul choeur de foi et de prière, sont un message prophétique de paix et d’espérance pour le monde entier ! Salut à vous, petits chanteurs !

Après ce prélude plein de joie nos esprits se fixent maintenant sur le thème que, tous ensemble aujourd’hui, nous prenons comme objet de nos réflexions et de notre prière : la paix.

La paix est comme le soleil du monde.

Comment fixer notre regard sur ce soleil ? Il est trop lumineux ; nous restons tout éblouis ! Mais, de même que nous le faisons pour le soleil, limitons-nous en ce moment à voir le reflet de sa splendeur, sous l’un de ses multiples aspects qui nous le rendent compréhensible.

Soyez attentifs. Qu’est-ce que la paix ? C’est l’art d’être d’accord.

Les hommes sont-ils d’accord spontanément, automatiquement ?

Oui et non. Ils sont d’accord « potentiellement », c’est-à-dire qu’ils sont faits pour être d’accord. Au fond de leur être, il y a la tendance, l’instinct, le désir, le besoin, le devoir d’être d’accord, c’est-à-dire de vivre en paix. La paix est une exigence de la nature même des hommes. La nature humaine, fondamentalement, est unique ; elle est la même en tous ; elle est par elle-même portée à s’exprimer en société, à mettre les hommes en communication entre eux. Ceux-ci ont besoin de recevoir d’autrui la vie, ils ont besoin d’être élevés et éduqués par d’autres, ils ont besoin de s’entendre, c’est-à-dire de parler un langage commun ; ils éprouvent l’instinct et le besoin de se connaître, de vivre ensemble ; ce sont des êtres sociaux, ils forment des familles, des tribus, des peuples, des nations, et ils tendent aujourd’hui, comme poussés irrésistiblement par tous les genres de communications sociales à se réunir en une seule famille, composée de nombreux membres jouissant d’une certaine indépendance et d’une certaine authenticité caractéristique et distincte, mais qui sont désormais complémentaires et interdépendants. Qui ne voit que ce mouvement est non seulement nécessaire, mais bel et bon, et qu’il est le seul qui puisse maintenant faire pleinement sien le nom de civilisation ? L’humanité est unique, et elle tend à s’organiser en forme communautaire. C’est cela la paix. Le Christ a synthétisé en une seule parole et annoncé ce destin suprême de l’humanité, en disant aux hommes de ce monde : « Vous êtes tous frères » (Mt 23,8) ; et, en nous révélant la vérité religieuse et lumineuse de la Paternité divine, il conférait à la fraternité humaine universelle sa raison, sa capacité de se réaliser, sa gloire et sa félicité. Redisons-le : c’est cela la paix, c’est-à-dire la fraternité, concordante, solidaire, libre et heureuse, des hommes entre eux.

Mais existe-t-elle, cette paix ? Hélas ! quelle distance entre l’ontologie et la déontologie de la paix; entre son être et son devoir être ! L’histoire, dirait-on, avec ses guerres, ses compétitions, ses divisions, dément dans le passé, avec une phénoménologie indescriptible et inépuisable, la réalité de la paix !

Suivez-nous encore avec votre patiente attention. Du reste, contempler le panorama du monde et ses destinées mérite de nous tous cet effort de compréhension. Nous le disons : s’il est vrai que malheureusement la paix n’a pas réellement toujours représenté dans le passé le tableau souhaité de l’humanité ordonnée et pacifique, mais qu’a prévalu le tableau contraire de la lutte entre les hommes, nous nous sommes cependant senti autorisé, ces derniers temps, avec l’assentiment du monde et poussé non seulement par notre foi religieuse, mais par la maturité de la conscience moderne, par l’évolution progressive des peuples, par la nécessité intrinsèque de la civilisation moderne, à proclamer deux affirmations capitales : la paix est objet de devoir, la paix est possible !

Voici que surgit alors en nos esprits une question, un doute, qui sont peut-être le scepticisme, qui, de manière voilée mais crûment, accuse notre enthousiasme pour la paix d’utopie, de rêve, d’illusion, d’anachronisme pour le moins, comme si c’était une fable inspirée encore de l’âge d’or de Virgile, absente au rendez-vous des événements espérés. Et la question est celle-ci : le baromètre de la paix, aujourd’hui, ne vire-t-il pas au mauvais temps ? Sous d’autres formes, encore plus dures et plus effrayantes, le monde ne retourne-t-il pas aux positions dialectiques et polémiques d’avant-guerre, c’est-à-dire à une contestation par principe de la méthode et du règne de la paix ? Que nous laissent présager les armements mondiaux et locaux, dont le caractère terrifiant a été porté à un degré inconcevable ? La politique des équilibres contrastants pourra-t-elle vraiment conjurer la catastrophe mondiale ? Et jusqu’où pourra mener le radicalisme des luttes de classes, si elles ne sont plus modérées par le sens de la justice et du bien commun, mais dominées par la passion de la vengeance et du prestige ? Nous devons enregistrer ces dernières années une sorte de piège qui fait trembler tout le monde, une sorte d’insulte qui salit l’honneur de notre manière de vivre, une augmentation effrayante de la criminalité organisée, avec l’arme toujours braquée de la menace à la vie innocente et le chantage de la corruption sans frein : où est le droit ? Où est la justice ? Où est l’honneur ? et où est alors cette tranquillité de l’ordre, qui répond au nom de Paix ? Que l’on se rappelle le rapport du Procureur Général de la Cour Suprême de Cassation, le Docteur Mario Stella Richter, pour l’inauguration de l’année judiciaire (1974). Et nous devons ensuite faire aussi mention des guerres et des guérillas qui persistent encore en diverses parties du monde, avec leur cortège de victimes et de ruines déplorables : tous nous les avons douloureusement présentes à l’esprit.

Nous nous référons, sans faire maintenant aucun commentaire, à des faits et à des conditions qui blessent ou qui empêchent la paix dans nombre de situations sociales et politiques de notre terre pour introduire dans notre méditation un principe, une méthode que nous tirons de l’enseignement chrétien authentique et qui, appliqués aux tentatives et aux procédures toujours en cours pour sauvegarder et promouvoir la paix, seraient indubitablement positifs et efficaces, même s’ils s’avèrent psychologiquement difficiles. Ils se résument en un mot : « réconciliation » : c’est un des points du programme de l’Année Sainte qui vient d’être inaugurée.

La réconciliation fait passer la paix du for externe au for interne; c’est-à-dire du domaine extrêmement réaliste des compétitions politiques, militaires, sociales, économiques, celles en somme du monde de l’expérience, au domaine non moins réel mais impondérable de la vie spirituelle des hommes. Il est difficile de parvenir à ce plan, certes : mais il est le plan de la véritable paix, de la paix située dans les esprits avant de l’être dans les actions, dans l’opinion publique avant de l’être dans les traités, dans le coeur des hommes avant de l’être dans la trêve des armes. Pour avoir une vraie paix, il faut lui donner une âme. L’âme de la paix est l’amour. Nous en avons fait graver la formule sur la médaille frappée à l’occasion de notre visite a l’Assemblée des Nations-Unies, en octobre 1965 : Amoris alumna Pax. Oui, c’est l’amour qui vivifie la paix, plus que la victoire et la défaite, plus que l’intérêt, la peur, la faiblesse, le besoin. L’âme de la paix, répétons-le, est l’amour qui, pour nous les croyants, descend de l’amour de Dieu et se répand en amour pour les hommes. Voici quelle est la clé du mécanisme de la vraie paix, la clé de cet amour qui se nomme charité. L’amour-charité engendre la réconciliation : dans le cycle des rapports humain, il est un acte créateur. L’amour surmonte les discordes, les jalousies, les antipathies, les oppositions héritées du passé comme celles qui surgissent dans le présent. L’amour donne à la paix son véritable enracinement, il arrache l’hypocrisie, la précarité, l’égoïsme. L’amour est l’art de la paix ; il engendre une pédagogie nouvelle qui est tout entière à refaire, si nous pensons que, depuis les jeux de nos enfants jusqu’à certains traités d’ethnologie et de philosophie de l’histoire, l’opposition, la lutte, l’emploi de la force, l’utilité de la violence semblent constituer une nécessité, une expression de l’honneur, une source d’intérêt. Par-dessus tout, l’amour, oui, l’amour chrétien, réussira-t-il à arracher du plus profond des coeurs la racine empoisonnée et tenace de la vengeance, des « règlements de comptes », de l’« oeil pour oeil », et du « dent pour dent », (Mt 5,38) dont dérivent en chaîne le sang, les représailles et les ruines, comme l’obligation perpétuelle d’un point d’honneur ignoble ? L’amour réussira-t-il à désinfecter ces sédiments de la psychologie collective, ces bas-fonds sociaux où la mafia a sa loi secrète impitoyable ; réussira-t-il à faire disparaître la tricherie populaire, la vendetta privée ou collective, ou la lutte tribale, ces faux devoirs devenus des obsessions, qui engendrent un engagement aveugle et fatal ? Réussira-t-il à apaiser ces orgueils nationalistes ou raciaux qui se transmettent inexorablement d’une génération à l’autre, préparant des revanches qui sont pour chacune des parties en lutte des haines funestes et des massacres inévitables ? (cf. Mt 1,12).

Oui, l’amour réussira, parce que Jésus-Christ nous l’a enseigné, lui qui en a inscrit l’engagement dans la prière par excellence, le « Notre Père », obligeant nos lèvres obstinées à répéter les paroles prodigieuses du pardon : « Pardonne-nous nos offenses, Père, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». L’amour de la réconciliation n’est pas faiblesse, il n’est pas lâcheté ; il demande des sentiments forts, nobles, généreux, parfois héroïques ; il exige de se vaincre soi-même, et non l’adversaire ; il peut sembler parfois aller jusqu’au déshonneur (pensez à « l’autre joue » qu’il faut tendre à celui qui a frappé la première — cf. Lc 6,29 pensez au manteau qu’il faut donner à celui qui demande la tunique — cf. Mt 5,40) ; mais il ne sera jamais un outrage au devoir de justice, ou un renoncement au droit du pauvre ; il sera en réalité l’art patient et sage de la paix, de la ferme volonté de vivre ensemble en frères, selon l’exemple du Christ et avec la force de notre coeur modelé sur le sien.

C’est difficile, difficile ; mais tel est l’Evangile de la réconciliation qui, à bien y regarder, est au fond plus facile et donne plus de bonheur que de porter en soi et d’allumer chez autrui un coeur plein de rancoeur et de haine. L’homme est bon à son origine : il doit redevenir et être bon. C’est pourquoi, rappelons-nous que le Christ est notre paix (cf. Ep 2,14).





6 janvier 1975

EPIPHANIE : FÊTE DE LA FOI ET DU CHRIST RÉVÉLÉ

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Une cérémonie des plus significatives s’est déroulée le 6 janvier dernier à Saint-Pierre du Vatican pour célébrer l’Epiphanie de l’Année Sainte et mettre en lumière le visage missionnaire de l’Eglise.

Environ 600 missionnaires appartenant à plus de 70 Ordres religieux et Congrégations missionnaires avaient été invités par le Pape pour vivre près de lui leur veillée de grâce avant leur départ pour les terres lointaines. Après l’Evangile le Saint-Père a prononcé l’homélie que voici :



Fils et Filles, tous très chers dans le Christ,



Voici un jour mémorable ! Pour votre vie : il marque en effet un moment qui confirme les autres étapes décisives de votre vocation, de votre choix ecclésial, religieux, missionnaire pour les années à venir que le Seigneur vous accordera durant votre pèlerinage dans le temps. C’est un moment qui qualifie, c’est-à-dire qui donne une forme, un aspect, un style, aussi bien à votre vie spirituelle intérieure, à votre spiritualité missionnaire, qu’à votre action extérieure professionnelle dans laquelle seront engagés votre coeur, votre travail, votre consécration au service de l’Eglise : votre activité missionnaire.

Jour mémorable : efforçons-nous de le bien vivre, avec toute l’intensité de nos esprits, et en tenant compte des circonstances qui le rendent singulier et digne d’une réflexion subséquente.

Le foyer, le centre de nos pensées est maintenant celui de l’Epiphanie. Epiphanie signifie manifestation, apparition, révélation. Epiphanie est un terme générique, abstrait ; il acquiert sa signification et sa valeur de l’objet auquel il se réfère. Dans le cas présent, nous savons bien à qui et à quoi il se réfère : c’est à la manifestation de Jésus-Christ sur cette terre, au monde, à l’humanité (cf. saint augustin, Sermo 200 ; P.L. 38, 1029). Par elle-même cette parole englobe tout le plan de la révélation de Dieu. La fameuse lettre aux Hébreux s’ouvre précisément sur une vision synthétique. Comment Dieu s’est-il manifesté aux hommes ? « A bien des reprises et de bien des manières » (
He 1,1). Le spectacle merveilleux du panorama naturel et, pouvons-nous ajouter, tout le champ de la création, le royaume des sciences, l’expérience des choses, la cosmologie, pour celui qui les observe bien et qui pénètre, avec son intelligence et avec la sympathie de notre capacité de connaître et d’identifier, la raison profonde des êtres, sont déjà des formes de langage à travers lesquelles Dieu, le Principe créateur de l’univers, parle à qui sait l’écouter : il parle de puissance, il parle de sagesse, il parle de beauté, il parle de mystère. Quelque myope que soit l’homme, quelqu’insensible qu’il se montre devant le panorama des choses, qu’elles soient très petites ou très grandes, microbes ou astres de grandeur démesurée, un Dessein, une Pensée, une Parole émanant des êtres existants ; une exigence logique fondamentale réclamerait de lui, de l’homme et d’autant plus qu’il est mieux instruit et plus évolué, une reconnaissance religieuse, une adoration, un cantique des créatures. Citons un auteur, initié à cette confrontation de l’homme moderne avec le monde exploré qui l’entoure ; il écrit : « l’enrichissement et le trouble de la pensée religieuse, en notre temps, tiennent sans doute à la révélation qui se fait, autour de nous et en nous, de la grandeur et de l’unité du Monde. Autour de nous, les Sciences du Réel étendent démesurément les abîmes du temps et de l’espace ; et elles décèlent sans cesse les liaisons nouvelles entre éléments de l’Univers ». (pierre teilhard de chardin, Le Milieu divin, p. 23).

Efforçons-nous, nous autres religieux, nous croyants, de ne pas perdre de vue ce premier plan de la révélation naturelle de Dieu, mais de le tenir présent sur le fond de notre vision panoramique, cognitive et spirituelle, pour alimenter d’éléments authentiques notre sentiment religieux et notre émerveillement existentiel devant l’oeuvre de Dieu et devant notre vie elle-même ; et pour être mieux en mesure d’estimer à sa juste valeur l’épiphanie nouvelle, gratuite, stupéfiante, mystérieuse que Dieu a daigné accomplir dans l’histoire des hommes par l’Incarnation et l’économie du salut qui s’en est suivi. De la plate-forme de la révélation naturelle, nous pourrons mieux apprécier l’originalité exceptionnelle de l’apparition du Verbe de Dieu lui-même, « par qui tout a été fait » (Jn 1,3), à un moment, en un lieu du monde, qu’il a crée, dans l’Evangile. Le Verbe de Dieu, Dieu lui-même, s’est manifesté sous une forme humaine. Il a habité avec nous. Merveille des merveilles : il s’est manifesté sous les aspects les plus simples et les plus humbles, dans le silence, dans la pauvreté, enfant, puis jeune homme, puis artisan, et finalement Maître et Prophète, capable de dominer miraculeusement les choses et les souffrances humaines, la mort elle-même, et de se présenter dans la perspective préparée pour les siècles, celle de Messie et Fils de l’homme, bien plus Fils de Dieu, l’Agneau qui expie tous les péchés des hommes offerts à son rachat, le Sauveur, le Ressuscité pour le règne de Dieu et pour les siècles à jamais.

Oh, Fils très chers, vous connaissez ce grand mystérieux déroulement de la révélation du Christ et vous savez comment il pénètre toute la terre, toute l’histoire ; et comment la voie, la vérité, la vie, c’est Lui, ce Jésus dont aujourd’hui, nous, son Eglise, nous célébrons la manifestation dans le monde. Méditerons-nous jamais assez cette « histoire sainte », ce dessein de Dieu à l’égard de l’humanité, ce mystère du salut, dont dépend tout notre destin ? Non jamais assez ! Les années si brèves et si rapides de notre existence terrestre ne suffiront pas à satisfaire notre besoin d’étude, de méditation, de contemplation.

Et oui, nous tous, nous ne négligerons jamais de prolonger cette recherche théologique et spirituelle pendant toute la durée de votre vie. Elle sera comme la lampe allumée sur la route qui s’ouvre devant nous. Mais voici qu’une double conclusion, l’une et l’autre venant du mystère même de l’Epiphanie, se reflète, avec une clarté décisive sur votre vie. Et de cette double conclusion, vous, Fils et Filles très chers, ne manquez pas de faire le programme de votre vie.

La première conclusion est la foi. Il faut accepter en totalité la vérité, la réalité de l’Epiphanie, c’est-à-dire de la révélation de Dieu, Père et Créateur de toute chose, par le Verbe, son Fils, Jésus Christ, dans l’Eprit Saint, lumière et force des baptisés qui sont fidèles à cette investiture de la vie humaine appelée par grâce à la vie divine. Aujourd’hui, c’est la fête du Credo, de ce Credo proclamé, comme une alliance nouvelle et une ineffable communion vitale, au moment de notre baptême. Il nous faut répéter aujourd’hui, avec une adhésion totale, une conviction neuve, un réconfort incomparable, le Credo, un et catholique, nôtre et en même temps commun à tous les fidèles du Christ qui s’est révélé. Oh ! Nous savons quel drame à propos de la question de la foi, drame marqué par les recherches, les controverses, les doutes, les négations, il existe aujourd’hui en tant d’esprits, et se trouve sinon réduit à néant, du moins surmonté par un acte de foi décisif. Vous êtes missionnaires ? Alors de quelle mission, sinon de celle de la foi ? C’est pour la foi que vous partez et que vous affrontez le monde. Vous devenez des gens bien particuliers: dans un monde qui développe sa science à la mesure de sa propre pensée, vous mesurez votre certitude sur la Parole de Dieu, dont l’Eglise, Mère et Maîtresse, garantit l’authenticité. Dans un monde qui semble mesurer sa propre maturité rationnelle, spécialement dans le domaine religieux, d’après les insatiables subtilités de ses doutes et de ses sophismes, vous marchez droit et d’un pas assuré, avec une mentalité que celui qui ne vous connaît pas qualifiera peut-être de purement élémentaire et populaire, alors qu’elle s’apparente à la simplicité et à la lucidité de la sagesse divine. Vous marchez avec la logique de la foi, devenue principe de pensée et d’action, comme nous l’enseigne Saint Paul : le juste, c’est-à-dire l’homme bon, authentique, vit de la foi (cf. Rm 1,17 Ga 3,11), c’est-à-dire en tirant de la foi les principes qui orientent sa propre vie.

La deuxième conclusion pour le programme de votre vocation est la nécessité du Christ, parce qu’il est le Christ, c’est-à-dire parce qu’il émane de lui une attraction qui oblige à militer pour sa gloire. Qui l’a rencontré, qui l’a connu au moins un peu en profondeur, qui a entendu l’appel séduisant et le charme de sa voix, ne peut pas ne pas le suivre ; il le suit avec un esprit de confiance et d’aventure, qui fait du disciple un héros, un apôtre, selon la définition emphatique mais réaliste qu’en donne encore Saint Paul en ces termes : « Quant à nos frères, ce sont les délégués des Eglises, la gloire du Christ » (2Co 8,23). Nécessité du Christ pour lui-même : il mérite bien le don, l’amour, le sacrifice de la vie. Et en même temps nécessité du Christ pour les hommes, pour tous les frères de la terre, parce que Lui, Lui seul est le Sauveur (cf. Ac 4,12), tandis que l’annonce de son salut est conditionnée par l’action apostolique, par la diffusion missionnaire (cf. Rm 10,14 ss.). Vous, les missionnaires, vous personnifiez cette nécessité du Christ. Aujourd’hui comme hier. Si d’une part en effet le missionnaire catholique doit reconnaître tout ce qu’il y a de vrai et de saint même dans les autres religions (cf. Décl. Nostra aetate, NAE 2) et en particulier, les trésors de foi et de grâce que les Eglises et les communautés chrétiennes malheureusement toujours séparées de nous, conservent et alimentent encore, et si, dans son zèle apostolique, il doit s’abstenir de tout prosélytisme déloyal, le mot du récent Concile oecuménique reste toujours vrai, selon lequel « c’est seulement par l’Eglise catholique du Christ, laquelle est le moyen général du salut, que peut s’obtenir toute plénitude des moyens du salut » (Décret Unitatis redintegratio, UR 3).

En disant cela, Nous ne faisons pas de triomphalisme. Nous essayons, vous le savez bien, d’interpréter le système historico-social, c’est-à-dire ecclésial, que le Seigneur a établi pour la diffusion de l’Evangile et pour l’édification de son Eglise ; et vous, les missionnaires, vous qui travaillez et collaborez avec la Hiérarchie apostolique, vous êtes les « crucifères », les porteurs de la Croix, envoyés dans le monde. C’est pour cela que vous sera remis aujourd’hui un Crucifix que Nous avons béni : humble crucifix, signe pour vous de patience et de courage réconfortant ; signe de foi, de libération et de joie pour ceux auxquels vous aurez l’honneur de le prêcher et de le porter par votre ministère.




Paul VI Homélies 30064