Homéliaire patristique 73

33e dimanche du temps ordinaire A

73 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (
Mt 25,14-30)

Jésus parlait à ses disciples de sa venue; il disait cette parabole: "Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. A l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités."

Homélie

Faire fructifier les dons reçus

Homélie de saint Jean Chrysostome (+ 407)

Homélies sur l'évangile de Matthieu, 78, 2-3; PO 58, 713-714.

Dans la parabole des talents, Jésus nous raconte l'histoire d'un homme qui partit en voyage après avoir confié son argent à ses serviteurs. Il veut ainsi nous révéler la patience de notre Maître, mais, à mon avis, il y fait aussi allusion à la résurrection. Par ailleurs, Jésus ne parle ni d'agriculteurs ni de vignerons, mais d'ouvriers en général. La raison en est qu'il veut s'adresser non seulement aux chefs du peuple ou aux Juifs, mais à tout le monde.

Tout d'abord les serviteurs qui rendent l'argent avec les intérêts déclarent sans tergiverser ce qui vient d'eux et ce qui vient de leur maître. Le premier dit: Seigneur, tu m'as confié cinq talents (Mt 25,20), et le deuxième: Seigneur, tu m'as confié deux talents (Mt 25,22). Ils reconnaissent ainsi que leur Maître leur a donné les moyens de réaliser une opération avantageuse. Ils lui en savent gré et portent à son crédit la totalité de la somme qui est en leur possession.

Que répond alors le maître? Très bien, serviteur bon et fidèle (car on reconnaît l'homme bon à sa sollicitude pour le prochain), tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître (Mt 25,23).

Mais il n'en va pas de même pour le mauvais serviteur: Je savais, dit-il, que tu es un homme dur: tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient (Mt 25,24-25).

Quelle est donc la réponse du maître? Il fallait placer mon argent à la banque (Mt 25,27), c'est-à-dire qu'il fallait parler, exhorter, conseiller. "Mais, réplique l'autre, les gens ne m'écouteront pas." A quoi le maître répond: "Cela n'est pas ton affaire. <> Tu aurais pu au moins mettre cet argent en dépôt et me laisser le soin de le redemander, et je l'aurais réclamé avec les intérêts - entendant par là les oeuvres qui procèdent de l'écoute de la Parole -. Tu avais seulement à fournir la part la plus facile du travail et à me laisser la plus difficile" (cf. Mt 25,27).

Voilà comment ce serviteur a manqué à sa tâche. Aussi, ajoute le maître, enlevez-lui son talent et donnez-le à celui qui en a dix. Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a (Mt 25,28-29).

Qu'est-ce à dire? Celui qui a reçu pour le bien d'autrui la grâce de la parole et de l'enseignement, et n'en fait pas usage, se fera enlever cette grâce. Quant au serviteur zélé, il attirera sur lui une grâce plus abondante, tout comme l'autre perdra celle qu'il a reçue.

Prière

Accorde-nous, Seigneur, de trouver notre joie dans notre fidélité: car c'est un bonheur durable et profond de servir constamment le Créateur de tout bien. Par Jésus Christ.

ou bien

Dieu notre Maître, tu combles l'homme de tes dons pour qu'il collabore à ton oeuvre. Accorde à tes serviteurs de travailler avec courage à faire fructifier les biens reçus de toi, afin qu'au jour de ta venue ils puissent entrer dans ta joie. Par Jésus Christ.


34e dimanche du temps ordinaire A - Le Christ Roi de l'univers

74 Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (
Mt 25,31-46)

Jésus parlait à ses disciples de sa venue: "Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres."

Homélie

Le Royaume préparé pour les justes

Traité sur la fin du monde, 41-43, GCS I, 2, 305-307. Homélie attribuée à saint Hippolyte de Rome (+ 236)

Comme le saint évangile l'affirme avec force, le Fils de l'homme rassemblera toutes les nations; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres: il placera les brebis à sa droite et les chèvres à sa gauche. Alors il dira à ceux qui sont à sa droite: "Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde" (Mt 25,32-34). <>

Venez, vous qui avez aimé les pauvres et les étrangers. Venez, vous qui êtes restés fidèles à mon amour, car je suis l'amour. Venez, vous dont la paix a été la part d'élection, car je suis la paix. Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous.

Vous n'avez pas honoré la richesse, mais fait l'aumône aux pauvres. Vous avez secouru les orphelins, aidé les veuves, donné à boire à ceux qui avaient soif et à manger à ceux qui avaient faim. Vous avez accueilli les étrangers, habillé ceux qui étaient nus, visité les malades, réconforté les prisonniers, apporté votre aide aux aveugles. Vous avez gardé intact le sceau de la foi et vous avez été prompts à vous rassembler dans les églises. Vous avez écouté mes Ecritures et tant désiré entendre mes paroles. Vous avez observé ma loi le jour et la nuit et partagé mes souffrances comme de courageux soldats, pour trouver grâce devant moi, votre roi du ciel. Venez, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde.

Voici que mon Royaume est préparé et mon ciel ouvert. Voici que mon immortalité apparaît dans toute sa beauté. Venez tous, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde.

Alors les justes s'étonneront d'être invités à s'approcher comme des amis - ô merveille - de celui dont les troupes angéliques ne peuvent avoir une claire vision. Ils lui répondront d'une voix forte: Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu...? Tu avais donc faim, et nous t'avons nourri! Maître, tu avais soif, et nous t'avons donné à boire? Tu étais nu, et nous t'avons habillé, toi que nous révérons? Toi l'immortel, quand t'avons-nous vu étranger, que nous t'ayons accueilli? Toi qui aimes les hommes, quand t'avons-nous vu malade ou en prison, que nous soyons venus vers toi! (Mt 25,37-39). Tu es l'Éternel. Avec le Père, tu es sans commencement, et tu es coéternel à l'Esprit. C'est toi qui as tout créé de rien, toi, le roi des anges, toi que redoutent les abîmes. Tu as pour manteau la lumière (Ps 103,2). C'est toi qui nous a faits et modelés avec de la terre, toi qui as créé les êtres invisibles. Toute la terre s'enfuit loin de ta face. Et comment avons-nous accueilli ta royauté et ta souveraineté?

Alors le Roi des rois leur répondra: Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait (Mt 25,40). Chaque fois que vous avez accueilli et vêtu ces pauvres dont j'ai parlé, et que vous leur avez donné à manger et à boire, à eux qui sont mes membres, c'est à moi que vous l'avez fait. Mais venez dans le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Vous jouirez éternellement des biens de mon Père qui est aux cieux, et de l'Esprit très saint qui donne la vie.

Quelle langue pourra donc décrire de tels bienfaits? Personne n'a vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, le coeur de l'homme n'a pas imaginé ce qui a été préparé pour ceux qui aiment Dieu (1Co 2,9).

Prière

Dieu éternel, tu as voulu fonder toutes choses en ton Fils bien-aimé, le Roi de l'univers; fais que toute la création, libérée de la servitude, reconnaisse ta puissance et te glorifie sans fin. Par Jésus Christ.



Année B


Évangile selon saint Marc


Temps de l'avent B

1er dimanche de l'avent B

75 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 13,33-37)

Jésus parlait à ses disciples de sa venue: "Prenez garde, veillez: car vous ne savez pas quand viendra le moment. "

Homélie

Voyez, veillez et priez!

au choix

Homélie de Geoffroy d'Admont (+ 1165)

Homélies pour les fêtes, 23, PL 174, 725-726

Voyez, veillez et priez (cf. Mc 13,33; 14,38). Par ces paroles, le Seigneur notre Sauveur n'a pas averti seulement ses disciples auxquels il parlait physiquement, mais en outre, par ces mêmes paroles, il a révélé clairement à nous-mêmes ce que nous devons faire, comment nous devons veiller. Cette triple parole indique nettement comment doit se sauver chacun de nous qui, oubliant tout ce qui est en arrière, désire se lancer vers l'avenir (cf. Ph 3,14), voudrait saisir le sommet de la perfection auquel il tend.

Celui qui, saisi par l'inspiration divine, aura décidé de renoncer au monde et à ses convoitises, selon l'avertissement que la parole divine nous a donné au début de la lecture d'évangile, (Mc 13,33), doit avoir les yeux ouverts pour comprendre d'emblée, avec sagesse, ce qu'il doit faire ou ce qu'il doit éviter. <>

Mais, pour quiconque vient à la conversion, il ne suffit pas, pour devenir parfait, de comprendre ce qui est bien, s'il ne cherche ensuite à veiller pour agir de même. C'est pourquoi le Seigneur, après avoir exhorté ses disciples à voir, ajoute aussitôt: Veillez et priez (Mc 13,33). Il est prescrit à chacun de veiller, c'est-à-dire de s'appliquer à réaliser effectivement ce qu'il a bien compris, et de repousser la paresse d'une vie oisive dans laquelle il se trouvait jusque-là, par la recherche vigilante d'une activité vertueuse. A celui qui veille ainsi, par le zèle d'une vie fervente, le Seigneur indique une voie encore supérieure, puisqu'il ajoute aussitôt: et priez.

Priez est donc prescrit à tous les élus, c'est-à-dire qu'en désirant les biens éternels, on doit rechercher le fruit de son effort fervent dans la seule espérance de la récompense céleste. Il semble que saint Paul prescrivait à ses disciples cette obstination dans la prière, quand il disait: Priez sans relâche (1Th 5,17). En effet, nous prions sans relâche s i, lorsque nous faisons le bien, nous ne recherchons pour cela aucune gloire terrestre, mais nous nous préoccupons uniquement de désirer les biens éternels. <>

Voyez, veillez et priez. Voyez ce qu'il faut faire, en comprenant ce qui est juste; veillez en faisant le bien; priez en désirant les biens éternels. Pourquoi il est si important pour nous de voir, de veiller et de prier, on le voit clairement par les paroles qui suivent: Car vous ne savez pas quand viendra le moment (Mc 13,33). Donc, parce que no us ignorons quand sera le moment de cette visite, il nous faut veiller et prier sans cesse, c'est-à-dire préparer à cette grâce, par un zèle vigilant, le fond de notre coeur.

ou bien

L'éclat du second avènement du Christ

Sermon de saint Augustin (+ 430)

Sermons sur l'Ancien Testament, 18, 1-2; PL 38, 128-129.

Notre Dieu viendra manifestement, et il ne se taira pas (Ps 49,3)! En effet, le Seigneur Christ, notre Dieu, le Fils de Dieu, viendra de façon cachée dans son premier avènement, et de façon manifest e dans le second. Quand il est venu caché, il n'a été connu que de ses serviteurs; quand il viendra manifestement, il sera connu des bons et des mauvais. Quand il est venu caché, c'était pour être jugé; quand il viendra manifestement, ce sera pour être le juge.

Enfin, quand autrefois il était jugé, il s'est tu, et le prophète avait prédit ce silence: Comme un agneau conduit à l'abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n'ouvre pas la bouche (Is 53,7). Mais Il viendra manifestement, notre Dieu, et il ne se taira pas. S'il s'est tu quand il allait être jugé, il ne se taira pas lorsqu'il viendra comme juge. Et déjà maintenant il ne se tait pas, s'il y a quelqu'un qui veuille l'entendre. Mais le psaume dit: Il ne se taira pas, lorsque ceux qui le méprisent maintenant reconnaîtront sa voix. Car lorsqu'on énonce maintenant les commandements de Dieu, certains les tournent en dérision. Parce que ce qu'il a promis ne se montre pas maintenant, et parce que ce dont il nous menace ne se voit pas maintenant, on se moque de ce qu'il prescrit.

Maintenant ce qu'on appelle le bonheur de ce monde, les méchants le possèdent aussi; et ce qu'on appelle le malheur de ce monde, les bons le possèdent aussi. Si des hommes ne croient qu'aux réalités présentes et ne croient pas aux réalités futures, c'est parce qu'ils observent que les biens et les maux du siècle présent appartiennent indistinctement aux bons et aux mauvais. S'ils ambitionnent les richesses, ils voient qu'elles appartiennent aux pires des hommes aussi bien qu'aux bons. S'ils ont horreur de la pauvreté et des misères de cette vie, ils voient qu'elles font souffrir non seulement les bons, mais aussi les mauvais, et ils disent dans leur coeur: Dieu ne voit pas (Ps 93,7), il ne dirige pas les affaires humaines. Il nous laisse totalement rouler au hasard dans l'abîme profond de ce monde, et il ne nous montre en rien sa providence. Et s'ils méprisent les préceptes de Dieu, c'est parce qu'ils ne voient pas son jugement se manifester.

Cependant, chacun doit remarquer, même maintenant, que Dieu, quand il le veut, regarde et juge, sans attendre une heure. Mais quand il veut, il attend. D'où vient cette différence? Parce que s'il ne jugeait jamais dès maintenant, on ne croirait pas en son existence. Mais s'il jugeait tout dès maintenant, il ne garderait rien pour le jugement. Il réserve donc beaucoup de causes pour ce jugement, mais quelques-unes sont jugées présentement, afin que ceux dont il fait attendre le jugement soient saisis de crainte et se convertissent. Car Dieu n'aime pas condamner mais sauver, et c'est pourquoi il est patient envers les mauvais, pour qu'ils deviennent bons. Cependant l'Apôtre nous dit que la colère de Dieu se révélera contre tout refus de Dieu (Rm 1,18), et qu'il rendra à chacun selon ses oeuvres (Rm 2,6). Il avertit et il reprend l'homme qui le méprise en lui disant: Méprises-tu ses trésors de bonté et de patience (Rm 2,4)? Parce qu'il est bon, parce qu'il est patient avec toi, parce qu'il te fait attendre et ne te détruit pas, tu le méprises et tu juges absolument nul le jugement de Dieu: Refuses-tu de reconnaître que ce don de Dieu te pousse à la conversion? Avec ton coeur endurci, tu accumules la colère contre toi pour le jour de la colère, où sera révélé le juste jugement de Dieu, lui qui rendra à chacun selon ses oeuvres (Rm 2,4-6).

Prière

Donne à tes fidèles, Dieu tout-puissant, d'aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur, pour qu'ils soient appelés, lors du jugement, à entrer en possession du Ro yaume des cieux. Par Jésus Christ.


2e dimanche de l'avent B

76 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 1,1-8)

Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu. Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe: Voici que j'envoie mon messager devant toi, pour préparer ta route.

Homélie

Le messager qui prépare la route

Homélie d'Origène (+ 253)

Homélies sur saint Luc, 22, 1-4, SC 67, 300-302...

Examinons comment l'avènement du Christ est proclamé, et d'abord ce qui est écrit au sujet de Jean: A travers le désert une voix crie: Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Ce qui suit concerne en propre le Seigneur notre Sauveur, car ce n'est pas par Jean Baptiste que tout ravin sera comblé, mais par le Seigneur notre Sauveur. Que chacun se considère soi-même, ce qu'il était avant de croire, et il découvrira qu'il a été une vallée basse, une vallée en pente rapide, plongeant vers les bas-fonds. Mais le Seigneur Jésus a envoyé l'Esprit Saint, son remplaçant. Alors toute vallée a été comblée, par les bonnes oeuvres et les fruits de l'Esprit Saint.

La charité ne laisse pas subsister en vous de vallée, si bien que, si vous possédez la paix, la patience et la bonté, non seulement vous cesserez d'être vallée, mais vous commencerez à être montagne de Dieu. Nous voyons se produire et s'accomplir chaque jour pour les païens cette parole: Tout ravin sera comblé, et pour le peuple d'Israël, qui est tombé de si haut: Toute colline et toute montagne seront abaissées (Lc 3,4-5). <>

C'est à la faute des fils d'Israël que les païens doivent le salut: Dieu voulait les rendre jaloux (Rm 11,11). Si vous dites que ces montagnes et ces collines qui ont été abattues sont les puissances ennemies qui se dressaient contre les hommes, vous ne vous tromperez pas. En effet, pour que les vallées en question soient comblées, il faut que les puissances ennemies, montagnes et collines, soient abaissées.

Mais voyons si une autre prophétie s'est accomplie à l'avènement du Christ. Car le texte poursuit: Les passages tortueux deviennent droits. Chacun de nous était tortueux, du moins s'il l'était et ne le reste plus aujourd'hui, car, par l'avènement du Christ qui s'est réalisé pour notre âme, tout ce qui était tortueux a été redressé. A quoi peut-il nous se rvir en effet, que le Christ soit venu jadis dans la chair, s'il n'est pas venu aussi jusqu'à notre âme? Prions pour que son avènement s'accomplisse chaque jour en nous, et que nous puissions dire: Je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi (Ga 2,20). <>

Donc Jésus mon Seigneur est venu; il a égalisé nos aspérités et converti en routes unies tout ce qui était chaotique, pour faire de nous un chemin sans danger de chute, un chemin facile et très pur, pour que Dieu le Père puisse progresser en nous et que le Seigneur Jésus Christ fasse en nous sa demeure et dise: Mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. (Jn 14,23).

Prière

Seigneur tout-puissant et miséricordieux, ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils; mais éveille en nous cette intelligence du coeur qui nous prépare à l'accueillir et nous fait entrer dans sa propre vie. Lui qui règne avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.


3e dimanche de l'avent B

77 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (
Jn 1,6-8 Jn 1,19-28)

Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.

Homélie

Jean le Précurseur présenté par l'évangéliste Jean

Homélie de Jean Scot Érigène (+ après 870)

Homélie sur le Prologue de Jean, ch. 15; SC 151, 275-277.

Comme il est logique, c'est Jean qui introduit Jean dans son discours sur Dieu; l'abîme appelant l'abîme à la voix des mystères divins (cf. ps 41,8): l'Évangéliste raconte l'histoire du Précurseur. Celui qui reçut la grâce de connaître le Verbe au commencement (Jn 1,1) nous renseigne sur celui qui reçut la grâce de venir en avant du Verbe incarné. Il y eut, dit-il. Il ne dit pas simplement: Il y eut un envoyé de Dieu, mais il y eut un homme (Jn 1,6). Il parle ainsi afin de distinguer le Précurseur, qui participe seulement de l'humanité, et l'homme qui, unissant étroitement en lui divinité et humanité, est venu ensuite: afin de séparer la voix qui passe du Verbe qui demeure toujours de façon immuable, afin de suggérer que l'un est l'étoile du matin qui apparaît à l'aube du Royaume des cieux, et de déclarer que l'autre est le soleil de justice qui lui succède. Il distingue le témoin de celui auquel il rend témoignage, celui qui est envoyé de celui qui envoie, la lampe vacillante de la lumière splendide qui remplit l'univers et qui, pour le genre humain tout entier, dissipe les ténèbres de la mort et des péchés.

Ainsi le Précurseur fut l'homme du Seigneur, non pas Dieu; le Seigneur, dont il fut le Précurseur, fut à la fois homme et Dieu. Le Précurseur fut un homme qui deviendrait Dieu par la grâce. Celui dont il prépare la venue était Dieu par nature; il devait se faire homme par humilité, et parce qu'il voulait opérer notre salut et notre rachat.

Un homme fut envoyé. Par qui? Par le Dieu Verbe qu'il a précédé. Sa mission était d'être Précurseur. C'est dans un cri qu'il envoie sa parole devant lui: A travers le désert, une voix crie (Mt 3,3). Le messager prépare l'avènement du Seigneur. Son nom était Jean, signifiant que la grâce lui a été donnée d'être le Précurseur du Roi des rois, le révélateur du Verbe inconnu, le baptiseur en vue de la naissance spirituelle, le témoin, par sa parole et son martyre, de la lumière éternelle.

Prière

Tu le vois, Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils; dirige notre joie vers la joie d'un si grand mystère, pour que nous fêtions notre salut avec un coeur vraiment nouveau. Par Jésus Christ.


4e dimanche de l'avent B

78 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 1,26-38)

L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph; et le nom de la jeune fille était Marie.

Homélie

Descendant du roi David

Homélie de saint Bède le Vénérable (+ 735)

Homélies pour l'avent, 3; CCL 122, 14-17.

Frères très chers, l'évangile qui est lu aujourd'hui met en valeur la naissance de notre salut. En effet, il nous raconte l'envoi par Dieu d'un ange du ciel chargé d'annoncer à la Vierge la naissance inouïe, dans la chair, du Fils de Dieu, par lequel nous pourrions rejeter notre vieillerie coupable, et être renouvelés au point d'être comptés parmi les fils de Dieu. Donc, pour que nous puissions obtenir les dons du salut promis, écoutons d'une oreille attentive le récit de son origine.

L'ange Gabriel, dit l'évangile, fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph; et le nom de la jeune fille était Marie (Lc 1,26-27).

Ce qui est dit de la maison de David ne concerne pas seulement Joseph, mais aussi Marie. Car la Loi prescrivait que chacun devait épouser une femme de sa tribu et de sa famille, au témoignage de l'Apôtre, qui écrit à Timothee: Souviens-toi de Jésus Christ, le descendant de David: il est ressuscité d'entre les morts, voilà mon évangile (2Tm 2,8). Le Seigneur est véritablement issu de la descendance de David parce que sa mère vierge a réellement pris naissance de la souche de David. L'ange entra chez elle et dit: Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père (Lc 1,30-32).

Le trône de David désigne ici le pouvoir sur le peuple d'Israël, que David gouverna en son temps avec un zèle plein de foi, en obéissant aux ordres du Seigneur et en bénéficiant de son secours. Donc le Seigneur a donné à notre Rédempteur le trône de David son père, quand il décida de le faire s'incarner dans la race de David. Ce peuple, que David dirigea par son pouvoir temporel, le Christ va l'entraîner par une grâce spirituelle vers le royaume éternel dont l'Apôtre dit: Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a fait entr er dans le royaume de son Fils bien-aimé (Col 1,13).

Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob (Lc 1,33). La maison de Jacob désigne l'Église universelle qui, par la foi et le témoignage rendus au Christ, se rattache à la destinée des Patriarches, soit chez ceux qui ont tiré leur origine charnelle de leur souche, soit chez ceux qui, nés charnellement d'une autre nation, sont renés dans le Christ, par le baptême dans l'Esprit.

C'est sur cette maison de Jacob qu'il régnera éternellement: et son règne n'aura pas de fin (Lc 1,33). Oui, il règne sur elle dans la vie présente, lorsqu'il gouverne le coeur des élus où il habite, par leur foi et leur amour envers lui; et il les gouverne par sa continuelle protection, pour leur faire parvenir les dons de la rétribution céleste; il règne dans l'avenir, lorsque, une fois achevé l'état de l'exil temporel, il les introduit dans le séjour de la patrie céleste. Et là, ils se réjouissent de ce que sa présence visible leur rappelle continuellement qu'ils n'ont rien à faire d'autre que de chanter ses louanges.

Prière

Que ta grâce, Seigneur notre Père, se répande en nos coeurs: par le message de l'ange, tu nous as fait connaître l'incarnation de ton Fils bien-aimé; conduis-nous par sa passion et par sa croix jusqu'à la gloire de la résurrection. Par Jésus Christ.



Temps de Noël B

25 décembre - Nativité du Seigneur B

79 Evangile

Commencement de l'Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (
Mt 1,1-25); lecture brève: 1,18-25

Voici la table des origines de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham: Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères.

ou bien

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 2,1-14)

En ces jours-là, parut un édit de l'empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre.

Homélie

Dieu dans la chair

Homélie de saint Basile le Grand (+ 379)

Homélie sur la sainte génération du Christ, 2.6; PG 31,1459-1462.1471-1474.

Dieu sur terre, Dieu parmi les hommes! Cette fois il ne promulgue pas sa loi au milieu des éclairs, au son de la trompette, sur la montagne fumante, dans l'obscurité d'un orage terrifiant, mais il s'entretient d'une façon douce et paisible, dans un corps humain, avec ses frères de race. Dieu dans la chair! Ce n'est plus celui qui agit par intermittence comme les prophètes, mais celui qui assume pleinement la nature humaine et, par sa chair qui est celle de notre race, ramène à lui tout le genre humain.

Comment donc, direz-vous, sa splendeur s'est-elle étendue à tous à partir d'un seul? Comment la divinité peut-elle habiter la chair? Comme le feu habite le fer, non pas en se déplaçant, mais en se communiquant. En effet, le feu ne se jette pas sur le fer mais, en demeurant à sa place, il lui communique sa propre vertu. En cela il n'est nullement diminué, mais il remplit entièrement le fer auquel il se communique. De la même manière, Dieu, le Verbe, qui a habité parmi nous (Jn 1,14), n'est pas sorti de lui-même; le Verbe qui s'est fait chair (Jn 1,14) n'a pas été soumis au changement: le ciel n'a pas été dépouillé de celui qu'il contenait, et pourtant la terre accueillit dans son propre sein cet être céleste. <>

Pénètre-toi de ce mystère: Dieu est dans la chair afin de tuer la mort qui s'y cache. En effet, si des médicaments capables de chasser les poisons sont introduits dans un corps, ils en chassent les causes de corruption, afin que les ténèbres qui règnent dans cet organisme se dissipent quand paraît la lumière. Et de même que, dans l'eau, la glace l'emporte sur le liquide aussi longtemps que règne l'obscurité de la nuit, mais se met à fondre sous le rayon du soleil qui la réchauffe, de même la mort a régné jusqu'à la venue du Christ. Mais quand la grâce de Dieu s'est manifestée pour notre salut (Tt 2,11), quand s'est levé le soleil de justice (Ml 3,20), la mort a été engloutie dans la victoire (1Co 15,54) parce qu'elle ne supportait pas la cohabitation avec la vie véritable.

O profondeur de la bonté et de l'amour de Dieu pour les hommes! Rendons gloire avec les bergers, dansons avec les choeurs des anges, car il est né aujourd'hui un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur (Lc 2,11-12).

Dieu, le Seigneur, nous illumine (Ps 117,27), non sous son aspect de Dieu, pour ne pas épouvanter notre faiblesse, mais sous son aspect de serviteur, afin de conférer la liberté à ceux qui étaient condamnés à la servitude. Qui aurait le coeur assez lâche et assez indifférent pour ne pas se réjouir, exulter d'allégresse, rayonner de joie devant cet événement? C'est une fête commune à toute la création. Tous doivent y contribuer, nul ne doit se montrer ingrat. Nous aussi, élevons la voix pour chanter notre allégresse.

Prière

Père, toi qui as merveilleusement créé l'homme et plus merveilleusement encore rétabli sa dignité, fais-nous participer à la divinité de ton Fils, puisqu'il a voulu prendre notre humanité. Lui qui règne.


La Sainte Famille B

80 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 2,22-40)

Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur.

Homélie

Le Législateur soumis à la Loi

au choix

Homélie de saint Cyrille d'Alexandrie (+ 444)!

Homélie 12, PG 77, 1041 1048 1049

Nous avons vu récemment le petit Emmanuel couché dans une mangeoire, emmailloté comme on fait chez les hommes, mais chanté comme Dieu par l'armée des saints anges. Car Dieu le Père avait conféré aux habitants du ciel cet honneur insigne d'être les premiers à proclamer le Christ.

En outre, nous avons vu aujourd'hui celui-ci obéir aux lois de Moïse, c'est-à-dire que Dieu, le législateur, se soumettait, comme un homme, à ses propres lois. C'est ce que nous enseigne saint Paul: Nous, de même, quand nous étions des enfants nous étions soumis aux éléments du monde. Mais, lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils; il est né d'une femme, il a été sujet de la Loi juive, pour racheter ceux qui étaient sujets de la Loi (Ga 4,3-5). Donc, le Christ a racheté de la malédiction de la Loi ceux qui en étaient les sujets, mais qui ne l'observaient pas. De quelle manière les a-t-il rachetés? En accomplissant cette loi; autrement dit, afin d'effacer la transgression dont Adam s'était rendu coupable, il s'est montré obéissant et docile, à notre place, envers Dieu le Père. Car il est écrit: De même que tous sont devenus pécheurs parce qu'un seul homme a désobéi, de même tous deviendront justes parce qu'un seul homme a obéi (Rm 5,18). Avec nous il a courbé la tête devant la loi, et il l'a fait selon le plan divin de l'incarnation. En effet, il devait accomplir parfaitement ce qui est juste (cf. Mt 3,15).

Après avoir pris pleinement la forme de serviteur, précisément parce que sa condition humaine le rangeait au nombre de ceux qui portent le joug, il a payé aux percepteurs, comme tout le monde, le montant de l'impôt, alors que par nature, et en tant que Fils, il en était dispensé (cf. Mt 18,23-26). Donc, lorsque tu le vois observer la loi, ne sois pas choqué, ne mets pas au rang des serviteurs celui qui est libre, mais mesure par la pensée la profondeur d'une telle économie.

Donc, lorsque fut venu le huitième jour, où l'on obéissait à la loi en accomplissant la circoncision, il reçut son nom, celui de Jésus, qui se traduit par "Salut du peuple." Car c'est ainsi que Dieu le Père voulut que son Fils fut nommé après être né de la femme, selon la chair. C'est alors, certes, que le salut s'est surtout réalisé, non pour un seul peuple, mais pour beaucoup, pour toutes les nations, pour la terre entière. <>

Il est donc devenu lumière pour éclairer les nations païennes mais gloire d'Israël (Lc 2,32). Car si, dans cette nation, certains sont devenus violents, rebelles et butés, un reste a été sauvé (Rm 9,27) et glorifié par le Christ. Ses disciples en ont été les prémices, eux dont la gloire illumine le monde. De toute façon, c'est la gloire d'Israël, puisqu'il en est issu selon la chair, même s'il est Dieu, établi au-dessus de tous les hommes, et béni dans les siècles. <>

L'évangéliste a donc la sagesse de nous aider en nous enseignant tout ce que le Fils incarné a fait à cause de nous et pour nous, lui qui n'a pas dédaigné d'assumer notre pauvreté. Nous devons donc le glorifier comme notre Rédempteur, notre Sauveur et notre Dieu: à lui, et avec lui, à Dieu le Père, gloire et puissance, ainsi qu'à l'Esprit Saint, pour les siècles des siècles. Amen.

ou bien

Mûrir comme une grappe

Homélie de saint Grégoire de Nysse (+ 395) sur le Cantique des Cantiques

Homélies sur le Cantique, 3; éd. jaeger 6, 96-99.

Le petit enfant qui nous est né, Jésus, grandit de façon différente, en sagesse, en âge et en grâce, chez ceux qui l'ont reçu. Il n'est pas le même chez tous mais il se conforme à la capacité de celui en lequel il vit. Il se montre ainsi comme un petit enfant, comme un adolescent ou un homme parfait, selon la nature de la grappe. Car celle-ci, sur la vigne, ne montre pas toujours la même forme, elle change avec le temps: elle fleurit, elle bourgeonne, elle est achevée, puis, parfaitement mûre, elle va se transformer en vin.

La vigne promet donc par son fruit: celui-ci n'est pas encore mûr et à point pour donner du vin, mais il attend la plénitude des temps. Toutefois, il n'est pas absolument incapable de nous réjouir. En effet, il charme l'odorat, avant le goût, dans l'attente des biens futurs, et il séduit les sens de l'âme par les effluves de l'espérance. Car l'assurance ferme de la grâce que l'on espère délecte déjà ceux qui attendent avec constance. Il en est ainsi du raisin de Chypre qui promet du vin avant de l'être devenu: par sa fleur - c'est l'espérance qui est sa fleur - il nous donne l'assurance de la grâce future. <>

Celui dont la volonté s'harmonise à celle du Seigneur parce qu'il la médite jour et nuit, devient un arbre planté près d'un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt (cf. Ps 1,3). C'est pourquoi la vigne de l'Époux, qui a pris racine dans la terre fertile de Gaddi (cf. Ct 1,14 Vg.), c'est-à-dire dans le fond de l'âme, qui est arrosée et enrichie par les enseignements divins, produit cette grappe fleurissante et épanouie dans la quelle elle peut contempler son planteur et son vigneron.

Bienheureuse cette culture dont la fleur reproduit la beauté de l'Époux! Puisque celui-ci est la lumière véritable, la vraie vie et la vraie justice, comme dit la

Sagesse, et bien d'autres vertus encore, lorsqu'un homme, par ses oeuvres, devient pareil à l'Époux, lorsqu'il regarde la grappe de sa propre conscience, il y voit l'Époux lui-même, car il reflète la lumière de la vérité dans une vie lumineuse et sans tache.

C'est pourquoi cette vigne féconde affirme: C'est ma grappe qui fleurit et bourgeonne (cf. Ct 7,7-8 Ct 7,13). L'Époux est en personne cette vraie grappe qui se montre attachée au bois, dont le sang devient, pour ceux qui se sauvent dans la joie, une boisson de salut, dans le Christ Jésus notre Seigneur, à qui soient la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen.

Prière

Tu as voulu, Seigneur, que la Sainte Famille nous soit donnée en exemple; accorde-nous de pratiquer, comme elle, les vertus familiales et d'être unis par les liens de ton amour, avant de nous retrouver pour l'éternité dans la joie de ta maison. Par Jésus Christ.



Homéliaire patristique 73