Homéliaire patristique 106

Le Sacré-Coeur de Jésus B

106 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (
Jn 19,31-37)

Jésus venait de mourir. Comme c'était le vendredi, il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat (d'autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque).

Homélie

Tout-puissant, Dieu remet les péchés

Sermon de saint Augustin (+ 430)

On suggère d'utiliser comme homélie le texte figurant comme seconde lecture dans le Livre des jours ou la Liturgie des Heures, et de prendre comme seconde lecture le texte qui est donné ici

Sermon 213, 2b, éd des Mauristes, 5, 942

Je crois en Dieu, le Père tout-puissant. Voyez comme c'est concis, et comme c'est riche! Il est Dieu, et il est Père: Dieu par sa puissance, Père par sa bonté. Que nous avons de la chance: trouver un Père en la personne de notre Seigneur! Croyons donc en lui et attendons tout de sa miséricorde, parce qu'il est tout-puissant. Que personne ne dise: Il ne peut pas pardonner mes péchés. Comment, tout-puissant, ne le pourrait-il pas? Mais tu insistes: Moi, j'ai beaucoup péché! et je te réponds: Mais il est tout-puissant! Et toi: J'ai commis de si grands péchés que je ne puis en être délivré et purifié. Je réponds: Mais lui est tout-puissant!

La rémission des péchés. Si elle n'existait pas dans l'Église, il n'y aurait aucun espoir, car alors nous ne poumons aucunement espérer la vie future ni la libération éternelle. Nous rendons grâce à Dieu qui a fait ce don à son Église.

Voici que vous allez venir à la fontaine sainte, que vous serez purifiés par le baptême, renouvelés par le bain salutaire de la nouvelle naissance. En remontant de ce bain, vous serez sans aucun péché. Tous les péchés passés qui vous poursuivaient seront détruits. Ils étaient semblables aux Égyptiens qui poursuivaient les Israélites jusqu'à la mer Rouge. Que veut dire: jusqu'à la mer Rouge? Jusqu'à cette fontaine, consacrée par la croix et le sang de Jésus Christ. En effet, nous appelons rouge ce qui rougeoie. Or, ne voyez-vous pas que tout ce qui touche à Jésus Christ est rougeoyant? Interrogez les yeux de la foi. Si tu regardes la croix, remarque le sang. Si tu vois celui qui est cloué, vois ce qu'il a versé. Le côté du Christ a été percé par la lance, et notre rançon en a jailli. Voilà pourquoi le signe du Christ imprime sa marque sur le baptême, c'est-à-dire sur l'eau où vous êtes plongés, comme si vous traversiez la mer Rouge.

Vos péchés, ce sont vos ennemis. Ils vous poursuivent, mais seulement jusqu'à la mer. Dès que vous y serez entrés, vous leur échapperez et ils seront détruits, de même que les Israélites s'échappèrent à pied sec, tandis que l'eau engloutissait les Égyptiens. Et que dit l'Écriture? Il n'en resta pas un seul (cf. ps 105,11).

Que vos péchés soient nombreux ou non, qu'ils soient grands ou petits: il n'en restera pas un seul.

Prière

Seigneur notre Père, en vénérant le Coeur de ton Fils bien-aimé, nous disons les merveilles de ton amour pour nous; fais que nous recevions de cette source divine une grâce plus abondante. Par Jésus Christ.



Temps ordinaire B

2e dimanche du temps ordinaire B

107 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (
Jn 1,35-42)

Jean Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit: "Voici l'Agneau de Dieu."

Homélie

André, le premier Apôtre

Homélie de Basile de Séleucie (+ 459)

Éloge de saint André, 3-4, PG 28, 1104-1105.

André, le plus illustre des Apôtres, est touché par les paroles du Baptiste. Quittant son maître, il court vers celui qu'il lui désigne: ses paroles lui sont parvenues comme un signal, et il gagne même de vitesse la langue de Jean. Signe évident de son amour, il accourt vers le Seigneur, emmenant avec lui l'évangéliste Jean. Laissant là le flambeau, tous deux s'élancent vers le soleil.

André a été la première plantation du Seigneur. C'est lui qui ouvrit la porte à l'enseignement du Christ. Le premier, il récolta les fruits de la terre cultivée par les prophètes. Le premier, il embrassa celui que tous attendaient, devançant ainsi l'espérance de tous. Le premier, il montra que les commandements de la Loi étaient arrivés à leur terme.

Le premier, il mit un frein à la langue de Moïse, et il ne la laissa plus parler après la venue du Christ. On ne l'en blâma pas, et il ne jeta pas le blâme sur celui qui avait été le guide des Juifs, mais, avant l'envoyé, il honora celui qui l'avait envoyé. Qui plus est, il se montra le premier à honorer Moïse, en étant le premier à reconnaître celui que Moïse avait annoncé: Le Seigneur notre Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète tel que moi: écoutez-le (Dt 18,15). André, pour obéir à la Loi, l'a rejetée. Il a entendu la parole de Moïse: Ecoutez-le.

Ayant entendu Jean proclamer: Voici l'Agneau de Dieu (Jn 1,37), il va spontanément vers celui qu'il lui désigne. L'ayant trouvé, et ayant reconnu en lui le prophète annoncé, il lui amène son frère. A Pierre, qui ne le connaît pas encore, il révèle le trésor: "Nous avons trouvé le Messie (Jn 1,41), celui dont nous désirions la venue. <> Oh! Nous qui avons veillé durant tant de nuits près des eaux du Jourdain, nous venons de trouver celui que nous désirions."

Dès qu'André a fini de parler, Pierre, son frère, qui l'a écouté attentivement, part en toute hâte, plein d'enthousiasme. En amenant Pierre au Seigneur, André fait de son frère un disciple comme lui. C'est la première bonne chose à mettre à son actif: il a augmenté le nombre des Apôtres, il a présenté Pierre au Christ, si bien que Jésus trouvera en lui le guide de ses disciples.

C'est donc André qui aura semé en Pierre tout le bien qui, par la suite, sera porté au crédit de celui-ci. La louange adressée à l'un rejaillit également sur l'autre, car les vertus de l'un appartiennent aussi à l'autre, et chacun se glorifie des mérites de l'autre.

Vraiment, quelle joie Pierre ne procurera-t-il pas à tous les disciples quand il rompit leur silence embarrassé en répondant sans retard à la question du Seigneur! <> Pierre seul prononça ces paroles: Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16)! Il parlait au nom de tous, comme s'il était la langue de ceux dont Jésus attendait une réponse, ou comme si eux tous s'exprimaient par lui. En une seule phrase, il proclama le Sauveur et son plan de salut.

Oh! Que cette proclamation s'accorde bien avec celle d'André! Pour approuver les paroles qu'André avait dites à Pierre lorsqu'il l'avait conduit au Christ, le Père céleste les a aussi inspirées à Pierre.

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, qui régis l'univers du ciel et de la terre, exauce, en ta bonté, les prières de ton peuple et fais à notre temps la grâce de la paix. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, ton Fils a interpellé ceux qui le suivaient sans le connaître vraiment. Comme eux, nous sommes à la recherche du Christ, le Messie, et, souvent, nous ne savons où le trouver. Fais-nous voir aujourd'hui le lieu de sa demeure et rends-nous prompts à le suivre. Lui qui règne.


3e dimanche du temps ordinaire B

108 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 1,14-20)

Après l'arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu; il disait: "Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle."

Homélie

Le repentir, chemin de la conversion

Homélie de saint Césaire d'Arles (+ 543)

Sermon 144, 1-4, CCL 104, 593-595

La lecture de l'évangile, frères bien-aimés, nous a fait entendre ces paroles du Seigneur: Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche (Mt 4,17). Le Royaume des cieux est le Christ qui, nous en avons la certitude, connaît les actes bons et mauvais et juge tous les motifs de nos actes.

Aussi nous faut-il devancer Dieu en confessant nos fautes et réprimer tous les dérèglements de l'âme avant le jugement. Nous nous exposons au danger si nous ne savons quel traitement suivre pour nous guérir du péché. Nous devons faire pénitence avant tout parce que nous savons que nous aurons à rendre compte des raisons de nos errements.

Voyez, frères bien-aimés, combien la bonté de notre Dieu est grande envers nous, si grande qu'il veut remettre le péché de celui qui s'en reconnaît coupable et le répare avant le jugement. Car lui, le juste juge, fait toujours précéder le jugement d'un avertissement, pour n'avoir jamais à exercer une justice sévère. Si Dieu veut tirer de nous des ruisseaux de larmes, ce n'est pas pour rien, frères bien-aimés, mais pour que nous puissions recouvrer par le repentir ce que nous avions perdu par la négligence.

Car notre Dieu sait que l'homme n'a pas toujours une volonté droite, et qu'il peut souvent pécher dans sa chair ou commettre des écarts de langage. Au ssi nous a-t-il appris la voie du repentir par laquelle nous pouvons réparer les dommages que nous avons causés, et nous corriger de nos fautes. Pour être sûrs d'en obtenir le pardon, nous ne devons donc jamais cesser de regretter nos péchés.

Si affaiblie que soit la nature humaine par tant de blessures, personne ne doit désespérer. Car le Seigneur est d'une générosité si grande qu'il répand de bon coeur sur tous ceux qui sont à bout de force les dons de sa miséricorde. <>

Mais l'un de vous dira peut-être: "Pourquoi craindrais-je, puisque je ne fais aucun mal?" Sur ce point, écoutez ce que dit l'apôtre Jean: Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n'est pas en nous (1Jn 1,8). Que personne donc ne vous égare, mes bien-aimés, car la pire espèce de péché est de ne pas apercevoir ses péchés. Alors que tous ceux qui reconnaissent leurs fautes peuvent se réconcilier avec Dieu en se repentant, aucun pécheur ne mérite davantage notre pitié que celui qui croit n'avoir rien à se reprocher. <>

Je vous exhorte donc, mes bien-aimés, avec les paroles de l'Écriture, à vous tenir humblement sous la main toute-puissante de Dieu (1P 5,6). Et que personne ne refuse de réparer son péché, puisque personne n'en est exempt, car ce serait déjà une faute que de prétendre être sans péché. Il peut se faire que l'un soit moins coupable que l'autre, mais nul n'est exempt de tout péché. Les hommes sont certes pécheurs à des degrés divers; il n'y en a pourtant aucun qui soit net de toute souillure.

Voilà pourquoi, mes bien-aimés, il faut que ceux qui se sont rendus coupables d'offenses plus graves implorent leur pardon avec plus de foi. Quant à ceux qui se sont préservés des fautes les plus honteuses, qu'ils prient afin de ne pas les commettre. Par la grâce de Jésus Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec le Père et l'Esprit Saint pour les siècles des siècles. Amen.

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, dirige notre vie selon ton amour, afin qu'au nom de ton Fils bien-aimé, nous portions des fruits en abondance. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, en ton Fils Jésus tu as invité ton peuple à la conversion. Rends-nous accueillants à la Bonne Nouvelle et prêts à répondre à ton appel. Alors nous pourrons marcher à la suite du Christ et préparer les hommes à l'avènement de ton Règne. Par Jésus Christ.


4e dimanche du temps ordinaire B

109 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 1,21-28)

Jésus, accompagné de ses disciples, arrive à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.

Homélie

L'autorité de Jésus

Homélie de saint Jean Chrysostome (+ 407) sur la Lettre aux Hébreux

Homélies sur la Lettre aux Hébreux, -5,3; PG 63, 50.

Considérez Jésus Christ, apôtre et grand prêtre pour notre confession de foi, lui qui est digne de confiance pour celui qui l'a institué, tout comme Moïse, sur toute sa maison (He 3,1-2). Que signifie: Il est digne de confiance pour celui qui l'a institué! Cela veut dire qu'il dirige par sa providence les êtres qui lui appartiennent, et ne les laisse pas périr par sa négligence.

Comme Moïse qui fut digne de confiance dans toute sa maison ; c'est-à-dire: apprenez qui est votre grand prêtre, apprenez son origine, et vous n'aurez pas besoin d'autres encouragements ni consolations. Le Christ est appelé apôtre parce qu'il a été envoyé. Il est appelé aussi grand prêtre pour notre confession, c'est-à-dire notre confession de foi. Jésus est comparé, ajuste titre, à Moïse puisqu'il a été chargé comme Moïse de gouverner un peuple, mais un peuple plus nombreux et chargé d'une mission plus importante. Moïse avait gouverné à titre de serviteur, le Christ gouverne en sa qualité de Fils. Ceux dont Moïse avait la charge n'étaient pas à lui, ceux que guide Jésus lui appartiennent.

Pour attester ce qui allait être dit (He 3,5). Que dis-tu là? Est-il possible que Dieu accepte un témoignage humain? Oui, sans aucun doute, car il appelle le ciel, la terre et les collines à être ses témoins. Voici ce qu'il dit par son prophète: cieux, écoutez; terre, prête l'oreille, car le Seigneur parle (Is 1,2). Et encore: Écoutez, vous aussi, fondements inébranlables de la terre (Mi 6,2), c'est le procès du Seigneur avec son peuple. A plus forte raison prend-il des hommes à témoin.

Que signifie: Pour attester! Pour que les hommes attestent, même quand ils agissent impudemment, que le Christ nous parle vraiment en sa qualité de Fils, car ceux dont Moïse avait la charge n'étaient pas à lui, mais ceux que guide Jésus lui appartiennent.

Prière

Accorde-nous, Seigneur, de pouvoir t'adorer sans partage, et d'avoir pour tout homme une vraie charité. Par Jésus Christ.

ou bien

Qui es-tu Seigneur, toi qui parles avec autorité? Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth? Toi, le Saint de Dieu, venu pour mettre fin à la puissance du mal, délivre nos esprits et nos corps de tout ce qui les entrave. Alors, possédés de ton Esprit, nous chanterons à jamais ta victoire. Toi qui règnes.


5e dimanche du temps ordinaire B

110 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 1,29-39)

En quittant la synagogue de Capharnaüm, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean, alla chez Simon et André. Or, la belle-mère de Simon était au lit avec de la fièvre.

Homélie

Jésus vient nous sauver

Homélie de saint Pierre Chrysologue (+ 450)

Sermon 18, 1-3; CCL 24, 107-108.

Ceux qui ont écouté attentivement l'évangile de ce jour savent pour quelle raison le Seigneur du ciel est entré dans d'humbles demeures terrestres. Puisqu'il est venu par bonté secourir tous les hommes, il n'est pas étonnant qu'il ait bien voulu porter ses pas en tous lieux.

Etant venu dans la maison de Pierre, Jésus vit sa belle-mère alitée, avec de la fièvre (Mt 8,14). Voyez quel motif a conduit le Christ chez Pierre: nullement le désir de se mettre à table, mais la faiblesse de la malade; non le besoin de prendre un repas, mais l'occasion d'opérer une guérison. Il voulait exercer sa divine puissance, et non prendre part à un banquet avec des hommes. Ce n'était pas du vin qu'on versait chez Pierre, mais des larmes. <>

Aussi le Christ n'est-il pas entré dans cette maison pour prendre sa nourriture, mais pour restaurer la vie. Dieu est à la recherche des hommes, non des choses humaines. Il veut leur donner les biens célestes, il ne désire pas trouver les biens terrestres. Le Christ est donc venu ici-bas pour nous prendre avec lui, il n'est pas venu chercher ce que nous possédons.

Etant venu dans la maison de Pierre, Jésus vit sa belle-mère alitée, avec de la fièvre. Dès qu'il fut entré chez Pierre, le Christ vit ce pour quoi il était venu. L'aspect de la maison ne retint pas ses regards, ni la multitude venue à sa rencontre, ni l'hommage de ceux qui le saluaient, ni la famille qui le pressait. Il ne jeta même pas un coup d'oeil sur les dispositions prises pour le recevoir, mais il écouta les gémissements de la malade et porta son attention à la fièvre qui la consumait. Il vit qu'elle était dans un état désespéré, et aussitôt il étendit les mains pour qu'elles accomplissent leur oeuvre divine. Et le Christ ne prit pas place à la table des hommes avant que la femme ne se lève de sa couche pour louer Dieu.

Il lui prit la main, dit l'évangile, et la fièvre la quitta (Mt 8,15). Voyez comment la fièvre quitte celle que le Christ tient par la main. La maladie ne résiste pas devant l'auteur du salut. Il n'y a pas de place pour la mort, là où est entré le Prince de la vie.

Prière

Dans ton amour inlassable, Seigneur, veille sur ta famille; et puisque ta grâce est notre unique espoir, garde-nous sous ta constante protection. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, ton Fils est passé parmi nous en faisant le bien: il guérissait les malades et proclamait la Bonne Nouvelle. Il savait aussi se retirer dans la solitude pour te prier. Accueille notre prière avec la sienne, car il est le seul à te prier comme il faut. Lui qui règne.


6e dimanche du temps ordinaire B

111 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 1,40-45)

Un lépreux vient trouver Jésus; il tombe à ses genoux et le supplie: "Si tu le veux, tu peux me purifier."

Homélie

Le Christ guérit celui qui croit

Homélie de saint Paschase Radbert (+ 860)

Commentaire sur l'évangile de Matthieu, 5, 8, CCM 56 A, 475-476.

Le Seigneur guérit chaque jour l'âme de tout homme qui l'implore, l'adore pieusement et proclame avec foi ces paroles: Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier (Mt 8,2), et cela quel que soit le nombre de ses fautes. Car celui qui croit du fond du coeur devient juste (Rm 10,10). Il nous faut donc adresser à Dieu nos demandes en toute confiance, sans mettre nullement en doute sa puissance.

Et si nous prions avec une foi pleine d'amour, nous bénéficions certainement, pour parvenir au salut, du concours de la volonté divine qui agit en proportion de sa puissance et qui est capable de produire son effet. C'est la raison pour laquelle le Seigneur répond aussitôt au lépreux qui le supplie: Je le veux (Mt 8,3). Car, à peine le pécheur commence-t-il à prier avec foi, que la main du Seigneur se met à soigner la lèpre de son âme. <>

Ce lépreux nous donne un conseil excellent sur la façon de prier. Ainsi ne met-il pas en doute la volonté du Seigneur, comme s'il refusait de croire en sa bonté. Mais, conscient de la gravité de ses fautes, il ne veut pas présumer de cette volonté. Quand il dit que le Seigneur, s'il le veut, peut le purifier, il fait bien d'affirmer ainsi le pouvoir qui appartient au Seigneur, de même que sa foi inébranlable. Car, pour obtenir une grâce, la foi pure et vraie est à bon droit requise tout autant que la mise en oeuvre de la puissance et de la bonté du Créateur.

Par ailleurs, si la foi est faible, elle doit d'abord être fortifiée. C'est alors seulement qu'elle révélera toute sa puissance pour obtenir la guérison de l'âme et du corps. L'apôtre Pierre parle sans aucun doute de cette foi quand il dit: Il a purifié leurs coeurs par la foi (Ac 15,9). Si le coeur des croyants est purifié par la foi, nous devons entendre par là la force de la foi, car, comme le dit l'apôtre Jacques, celui qui doute ressemble au flot de la mer (Jc 1,6).

Mais la foi pure, vécue dans l'amour, maintenue par la persévérance, patiente dans l'attente, humble dans son affirmation, ferme dans sa confiance, pleine de respect dans sa prière et de sagesse dans ce qu'elle demande, est certaine d'entendre en toute circonstance cette parole du Seigneur: Je le veux.

En ayant présente à l'esprit cette réponse admirable, nous devons regrouper les mots selon leur sens. Aussi bien le lépreux a-t-il dit pour commencer: Seigneur, si tu le veux, et le Seigneur: Je le veux. Le lépreux ayant ajouté: Tu peux me purifier, le Seigneur ordonna avec la puissance de sa parole: Sois purifié (Mt 8,2-3). Vraiment, tout ce que le pécheur a proclamé dans une vraie confession de foi, la bonté et la puissance divine l'ont aussitôt accompli par grâce.

Un autre évangéliste précise que l'homme qui recouvra la santé était tout couvert de lèpre (Lc 5,12), afin que personne ne perde confiance en raison de la gravité de ses fautes. Car tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu (Rm 3,23).

C'est pourquoi, si nous croyons à bon droit que la puissance de Dieu est à l'oeuvre partout, nous devons le croire également de sa volonté. Il veut, en effet, que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité (1Tm 2,4).

Prière

Dieu qui veux habiter les coeurs droits et sincères, donne-nous de vivre selon ta grâce; alors tu pourras venir en nous pour y faire ta demeure. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur Jésus, tu aurais voulu que tes actions bienfaisantes restent ignorées de la foule, mais leur éclat fut tel que la nouvelle s'en répandit partout. Donne-nous aujourd'hui encore des signes de ta miséricorde, afin que nous puissions répandre la Bonne Nouvelle. Toi qui règnes.


7e dimanche du temps ordinaire B

112 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 2,1-12)

Jésus était de retour à Capharnaüm, et la nouvelle se répandit qu'il était à la maison. Tant de monde s'y rassembla qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte. Il leur annonçait la Parole. Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes.

Homélie

Le Christ pardonne les péchés

Homélie de saint Jean Chrysostome (+ 407)

Homélies sur l'évangile de Matthieu, 29, 2; PG 57, 359-360.

Les Juifs professaient que Dieu seul peut remettre les péchés. Jésus, avant même de remettre les péchés, a révélé les secrets des coeurs, montrant par là qu'il possédait aussi cet autre pouvoir réservé à Dieu. Évidemment, les scribes se gardaient bien de dévoiler leurs pensées. Or, quelques scribes se disaient: Cet homme blasphème. Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit: Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises (Mt 9,3-4)?

Aussi bien, il ne revient à personne d'autre qu'à Dieu de connaître les secrets des coeurs. C'est ce que dit le prophète: Toi seul, tu connais les secrets des humains (2Ch 6,30). Il est encore écrit: Dieu, toi qui scrutes les coeurs et les reins (Ps 7,10). <> Jésus révèle donc sa divinité et son égalité avec le Père en dévoilant aux Juifs le fond de leur coeur, et en divulguant des pensées qu'ils n'osent pas déclarer ouvertement par crainte de la foule. Et il fait cela avec beaucoup de douceur, en posant la question: Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises?

A tout prendre, si quelqu'un avait lieu de ne pas être satisfait, c'était bien le paralytique. Il aurait pu manifester sa déception au Christ en lui disant: "Soit! Tu es venu pour soigner une autre maladie et guérir un autre mal. Mais quelle preuve aurai-je que mes péchés sont pardonnes?" Or, il ne dit rien de tel, mais il se confie à celui qui a le pouvoir de le guérir.

Alors les Juifs, terriblement jaloux, se mettent à comploter contre le bien des autres. C'est pourquoi Jésus les réprimande, mais avec une extrême douceur: "Si donc, veut-il dire, vous refusez d'ajouter foi à ce que je viens de dire et que vous taxiez mes paroles d'orgueil, voici que je les confirme en dévoilant vos secrets. Et je vous apporte encore une autre preuve: Voyez, je vais montrer mon pouvoir sur ce corps paralysé! "

Par ailleurs, dans les premières paroles qu'il adresse au paralytique, Jésus n'affirme pas clairement qu'il agit de sa propre autorité. Il ne dit pas: "Je te pardonne tes péchés", mais: Tes péchés sont pardonnes (Mt 9,2). Ensuite, lorsque les scribes l'y contraignent, il déclare sans ambiguïté que ce pouvoir lui appartient: Pour que vous sachiez, dit-il, que le Fils de l'homme a le pouvoir, sur terre, de pardonner les péchés... (Mt 9,6). <>

D'ailleurs, avant même de guérir l'infirme, il avait posé cette question aux scribes: Qu'est-ce qui est le plus facile? De dire: Tes péchés sont pardonnes, ou bien de dire: Prends ta civière et rentre chez toi (Mt 9,5-6)? Autrement dit: "Qu'est-ce qui vous semble le plus facile? De montrer son pouvoir sur un corps inerte, ou de pardonner à une âme ses fautes?" C'est évidemment de guérir un corps, car le pardon des péchés dépasse cette guérison autant que l'âme est supérieure au corps. Mais puisque l'une de ces oeuvres est visible, et l'autre pas, je vais accomplir également l'oeuvre qui est visible et moindre, pour prouver celle qui est plus grande et invisible.

A ce moment-là, Jésus a témoigné par ses oeuvres qu'il est, comme l'a dit Jean Baptiste, celui qui enlève les péchés du monde (cf. Jn 1,29).

Prière

Accorde-nous, Dieu tout-puissant, de conformer à ta volonté nos paroles et nos actes dans une inlassable recherche des biens spirituels. Par Jésus Christ.

ou bien

Par nos seules forces, Seigneur Dieu, nous sommes incapables de parvenir jusqu'à toi. Suscite-nous des compagnons débordants de foi, qui nous permettent, malgré notre paralysie, de marcher vers le pardon que tu offres à tous les hommes. Par Jésus Christ.


8e dimanche du temps ordinaire B

113 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 2,18-22)

Comme les disciples de Jean Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus: "Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens?" Jésus répond: "Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l'Époux est avec eux?"

Homélie

Le Christ, époux de l'Église

Homélie de saint Paschase Radbert (+ 860)

Commentaire sur l'évangile de Matthieu, 10, 22; CCM 56 B, 1072-1073.

Une union si étrange et extraordinaire a eu lieu lorsque le Verbe s'est fait chair dans le sein de la Vierge et a ainsi habité parmi nous (Jn 1,14). De même que tous les élus sont ressuscites dans le Christ lorsqu'il est ressuscité, de même ces noces ont été célébrées en lui, et l'Église a été unie à l'Époux par les liens du mariage quand l'Homme-Dieu a reçu en plénitude les dons de l'Esprit Saint et que toute la divinité est venue habiter dans son corps.

En vertu de cette alliance, l'Épouse, comme je l'ai dit, a vraiment reçu en cadeau les arrhes de ces dons de l'Esprit Saint qui a demeuré tout entier dans le Christ. Celui-ci est devenu homme par l'Esprit Saint et, en sa qualité d'Époux, il est sorti du sein de la Vierge, qui fut en effet sa chambre nuptiale. Mais l'Église, en renaissant de l'eau dans le même Esprit, devient un seul corps dans le Christ, si bien que les deux ne font plus qu'une seule chair (Mt 19,5), ce qui, par rapport au Christ et à l'Église, est un grand mystère (Ep 5,31).

Et ce mariage dure depuis le début de l'Incarnation du Christ jusqu'au moment où le Christ lui-même reviendra, en sorte que tous les rites de l'union nuptiale soient accomplis. Alors, ceux qui seront prêts, et qui auront rempli comme il le faut les conditions d'une si grande union, feront, pleins de respect, leur entrée avec lui dans la salle des noces éternelles.

En attendant, l'Épouse promise au Christ est amenée à son Époux, et elle fait alliance avec lui, chaque jour, dans la foi et la tendresse, jusqu'à ce que lui-même revienne. Voilà pourquoi Paul disait: Je vous ai fiancés, en effet, à un Époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ (2Co 11,2). Ainsi, une seule épouse et femme, promise au Christ, s'attachera-t-elle à lui lorsque l'Église, venue des Juifs aussi bien que des Gentils, sera rassemblée dans l'unité. Car tous les saints de l'Ancien Testament qui ont vécu depuis le commencement du monde, et qui ont tous cru que le Christ viendrait dans la chair pour sauver l'humanité, ont part à ces noces qu'ils avaient vues par la foi, fût-ce de loin. Voilà pourquoi l'Écriture dit: Il envoya ses serviteurs pour appeler les invités à la noce (Mt 22,3). Car le Christ avait déjà invité tous ceux qu'il a appelés, puisque tous, depuis Abel le juste, avaient été inspirés par Dieu et attendaient la venue du Christ.

Prière

Fais que les événements du monde, Seigneur, se déroulent dans la paix, selon ton dessein, et que ton peuple connaisse la joie de te servir sans inquiétude. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur Jésus Christ, tu as été enlevé à nos yeux de chair, mais tu restes auprès de nous car tu nous sauves. Que la nouveauté de ton salut ne cesse de faire notre joie, en attendant la vie bienheureuse où tu nous combleras de ta présence. Par Jésus Christ.


9e dimanche du temps ordinaire B

114 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 2,23 Mc 3,1-6) ou 2,23-28

Un jour de sabbat, Jésus marchait à travers les champs de blé; et ses disciples, chemin faisant, se mirent à arracher des épis. Les pharisiens lui disaient: "Regarde ce qu'ils font le jour du sabbat! Cela n'est pas permis."

Homélie

Le jour du Seigneur

Sermon d'Eusèbe d'Alexandrie (+ 6e siècle?) sur le dimancheSermons sur le dimanche, 16, 1-2; PG 86,1, 416-421.

Écoute, mon enfant, je vais t'exposer les raisons pour lesquelles la tradition de garder le dimanche et de nous abstenir de travailler nous a été transmise.

Lorsque le Seigneur confia le sacrement aux disciples, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le donna à ses disciples, en disant: "Prenez, mangez: ceci est mon corps, rompu pour vous en rémission des péchés." De même, il leur donna la coupe en disant: "Buvez-en tous: ceci est mon sang, le sang de l'Alliance Nouvelle, répandu pour vous, et pour la multitude en rémission des péchés. Faites cela en mémoire de moi " (cf. Mt 26,26-15 Co Mt 11,24).

Le jour saint du dimanche est donc celui où l'on fait mémoire du Seigneur. C'est pourquoi on l'a appelé "le jour du Seigneur". Et il est comme le seigneur des jours. En effet, avant la Passion du Seigneur, il n'était pas appelé "jour du Seigneur", mais "premier jour".

En ce jour, le Seigneur a établi le fondement de la résurrection, c'est-à-dire qu'il a entrepris la création; en ce jour, il a donné au monde les prémices de la résurrection; en ce jour, comme nous l'avons dit, il a ordonné de célébrer les saints mystères. Ce jour a donc été pour nous le commencement de toute grâce: commencement de la création du monde, commencement de la résurrection, commencement de la semaine. Ce jour, qui renferme en lui-même trois commencements, préfigure la primauté de la sainte Trinité.

La semaine comporte évidemment sept jours: Dieu nous en a donné six pour travailler, et il nous en a donné un pour prier, nous reposer et nous libérer de nos péchés. Si donc nous avons commis des fautes durant ces six jours, nous pouvons les réparer le dimanche et nous réconcilier avec Dieu.

Rends-toi donc de grand matin à l'église de Dieu, approche-toi du Seigneur pour lui confesser tes péchés, apporte-lui ta prière et le repentir d'un coeur contrit. Sois présent pendant toute la sainte et divine liturgie, achève ta prière, ne sors pas avant le renvoi de l'assemblée.

Contemple ton Seigneur, tandis qu'il est partagé et distribué sans être détruit. Et si ta conscience est pure, avance-toi et communie au corps et au sang du Seigneur. Si, au contraire, elle te condamne pour de coupables et mauvaises actions, interdis-toi de communier jusqu'à ce que tu l'aies purifiée par le repentir. Reste jusqu'à la fin de la prière et ne sors pas de l'église avant qu'on ne t'ait renvoyé. Rappelle-toi le traître Judas: il n'a pas achevé sa prière avec les autres, ce qui a été le début de sa perte. <>

Ce jour-même, comme nous l'avons souvent répété, t'a été offert pour la prière et pour le repos. Voici donc le jour que fit le Seigneur, qu'il soit pour nous jour de fête et de joie (Ps 117,24)! Rendons gloire à celui qui est ressuscité en ce jour, ainsi qu'au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

Prière

Seigneur notre Père, nous en appelons à ta providence qui jamais ne se trompe en ses desseins: tout ce qui fait du mal, écarte-le, et donne-nous ce qui peut nous aider. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, les lois que tu nous donnes ne cherchent pas à écraser l'homme mais à l'épanouir en vérité. Garde-nous du légalisme qui fait passer le précepte avant la miséricorde, et accorde-nous de vivre pleinement dans la liberté de ton Esprit. Par Jésus Christ.



Homéliaire patristique 106