Homéliaire patristique 146

1er janvier - Sainte Marie, Mère de Dieu C

146 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 2,16-21)

Quand les bergers arrivèrent à Bethléem, ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire.

Vierge et Mère de Dieu

Homélie

Homélie attribuée à saint Jean Chrysostome (+ 407)

Homélie éditée par E. Bickersteth, dans Orientalia Christiana Periodica 32, 1966.

Recourons tous à la Vierge sainte, Mère de Dieu, pour recevoir ses bienfaits. Autant qu'il y a de vierges parmi vous, consacrez-vous à la Mère du Seigneur. Car elle est votre protectrice pour vous procurer ce privilège magnifique et incorruptible.

Réellement, cette Vierge est une grande merveille! Car pourra-t-on jamais trouver un être plus grand que tout ce qui existe? Or, elle seule est apparue plus vaste que la terre et le ciel. Car qui donc est plus saint qu'elle? Ni nos ancêtres, ni les prophètes, ni les Apôtres, ni les martyrs, ni les patriarches, ni les pères, ni les anges, ni les Trônes, les Dominations, ni les Séraphins et les Chérubins, on ne peut trouver aucun être, visible ou invisible, dans toute la création, qui la dépasse. Elle est la servante et la Théotokos, la Vierge et la Mère. Et personne ne doit en douter en demandant: Comment peut-elle être la servante et la Théotokos? Ou comment peut-elle être la Vierge et la Mère?

Accepte avec foi, ô homme, et ne mets pas en doute des doctrines qui ont été examinées et approuvées par les Pères. Demeure dans la crainte et crois sans discussion, sans trop de curiosité. Si tu mesures ta foi à tes pensées, vois quel danger tu cours! Mais si tu crois la parole qui a été proclamée, ce n'est plus à toi de te défendre, mais au chef de la communauté.

Crois donc ce qui nous a été dit de la Vierge, et n'hésite pas à confesser qu'elle est en même temps servante et Théotokos, Vierge et Mère. En effet, elle est servante comme la créature de celui qui est né d'elle; elle est Théotokos en tant que par elle Dieu a été enfanté dans une chair d'homme. Elle est Vierge parce qu'elle n'a pas conçu à partir d'une semence humaine. Elle est mère parce qu'elle a donné la vie à celui qui, de toute éternité, était engendré par le Père.

Elle est donc la mère du Seigneur des anges et des hommes. C'est en elle que le Fils de Dieu s'est incarné afin de pouvoir être crucifié. Et voulez-vous savoir comment la Vierge surpasse les puissances du ciel? Écoutez: celles-ci volent dans la crainte et le tremblement en voilant leurs regards, tandis que la Vierge offre à Dieu la race des hommes et que nous recevons par elle celui qui remet les péchés. C'est elle qui le portait quand les anges le glorifiaient en chantant à sa naissance: Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre, bienveillance aux hommes (cf. Lc 2,14)!

Réjouissez-vous donc, la mère de l'enfant et le ciel, la jeune fille et la nuée, la Vierge et la Mère, orgueil et fondement de notre Église. Priez pour nous sans relâche, afin que nous puissions atteindre le bonheur préparé pour ceux qui aiment Dieu, par la grâce et l'amour de notre Seigneur Jésus Christ envers les hommes. A lui, en même temps qu'au Père et à l'Esprit Saint, gloire, puissance, honneur, maintenant et touj ours et pour les siècles des siècles. Amen.

Prière

Dieu tout-puissant, par la maternité virginale de la bienheureuse Vierge Marie, tu as offert au genre humain les trésors du salut éternel; accorde-nous de sentir qu'intervient en notre faveur celle qui nous permit d'accueillir l'auteur de la vie, Jésus Christ ton Fils, notre Seigneur. Lui qui règne.


2e dimanche après Noël C

147 Évangile

Commencement de l'Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (
Jn 1,1-18)

Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.

Homélie

Allons voir la Parole de Dieu

Sermon du bienheureux Guerric d'Igny (+ 1157)

Sermons pour Noël, 5, 1-2; SC 166, 223-226

Vous vous êtes réunis, mes frères, pour entendre la parole de Dieu. Mais Dieu nous a préparé quelque chose de meilleur: il nous est donné aujourd'hui non seulement d'entendre, mais aussi de voir le Verbe de Dieu, pourvu seulement que nous allions jusqu'à Bethléem pour voir cette parole que Dieu a réalisée et qu'il nous a montrée (cf. Lc 2,15).

Dieu savait bien que les sens de l'homme sont incapables de saisir l'invisible, rebelles aux enseignements célestes et réfractaires à la foi, à moins que la réalité même exposée par la foi ne soit elle-même présentée visiblement à nos sens pour les convaincre. Car s'il est vrai que la foi naît de ce qu'on entend (Rm 10,17), elle naît bien plus facilement et plus vite de ce qu'on voit, comme nous l'apprend l'exemple de celui qui s'entend dire: Parce que tu m'as vu, tu crois (Jn 20,29), toi qui étais incrédule à l'égard de ce que tu avais entendu. <>

Cependant Dieu, voulant condescendre à notre lourdeur, a aujourd'hui rendu visible pour nous son Verbe, qu'il avait d'abord rendu audible. Il l'a même rendu palpable, au point que certains d'entre nous ont pu dire: Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c'est le Verbe, la Parole de vie (1Jn 1,1).

Ce fut depuis le commencement de cette éternité qui n'a pas de commencement. Nous l'avons entendu quand il fut promis au commencement du temps, nous l'avons vu et touché quand il s'est montré à la fin des temps. <>

Cette parole qui vient de Dieu, j'ai parfois remarqué, mes frères, qu'on l'écoute avec ennui. Pourtant, la Parole qui vient de Dieu, peut-on la voir sans éprouver de la joie? Je serai le premier à me condamner, parce que le Verbe qui est Dieu, lorsqu'il se présente à moi aujourd'hui tel que je suis, s'il ne me réjouit pas, je suis un impie; s'il ne m'édifie pas, je suis un réprouvé.

S'il se trouve donc parmi nous un frère qui souffre de langueur spirituelle, je ne veux pas que ses oreilles se fatiguent plus longtemps à écouter ma parole méprisable. Qu'il se rende jusqu'à Bethléem, et que là il contemple celui que les anges désirent contempler (cf. 1P 1,12), qu'il contemple le Verbe que le Seigneur nous a montré (cf. Lc 2,15). Qu'il se représente en esprit en quel état la Parole de Dieu, vivante et énergique (He 4,12), est couchée là, dans une mangeoire. <>

Parole sûre et qui mérite d'être accueillie sans réserve (1Tm 1,15): ta Parole toute-puissante, Seigneur, qui dans une telle profondeur de silence, venant de ton trône royal bondit (Sg 18,14-15) jusque dans les crèches des animaux, elle nous parle mieux, pour l'instant, par son silence. Celui qui a des oreilles, qu'il entende (Mt 11,15) ce que nous dit ce saint et mystérieux silence du Verbe éternel; parce que, si mon oreille ne me trompe, entre autres choses qu'il dit, il parle de paix au peuple des saints et des fidèles (Ps 84,9), à qui le respect et l'exemple qu'il donne ont imposé un silence religieux.

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, lumière pour les hommes qui croient, daigne remplir de ta gloire le monde entier en te faisant connaître à tous les peuples. Par Jésus Christ.




Epiphanie du Seigneur C

148 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (
Mt 2,1-12)

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent: "Où est le roi des Juifs qui vient de naître?"

Homélie

L'or, l'encens et la myrrhe

Homélie de saint Bruno de Segni (+ 1123)

Sermons sur l'Epiphanie, 1; PL 165, 863-864.

Frères très chers, le dernier verset de la lecture de l'Evangile qui vient de retentir à nos oreilles vise à édifier les fidèles; les mages, guidés par l'étoile, venant d'Orient jusqu'à Bethléem, entrèrent dans la maison où la bienheureuse Vierge Marie demeurait avec l'enfant; ouvrant leurs trésors, ils offrirent trois dons au Seigneur: l'or, l'encens et la myrrhe, par lesquels ils le confessèrent vrai Dieu, vrai homme et vrai roi.

Ce sont bien les dons que la sainte Église ne cesse d'offrir à Dieu son Sauveur. Elle offre l'encens lorsqu'elle le confesse et croit en lui comme étant le véritable Seigneur, créateur de l'univers; elle offre la myrrhe lorsqu'elle affirme qu'il a pris la substance de notre chair, dans laquelle il a voulu souffrir et mourir pour notre salut; elle offre l'or quand elle n'hésite pas à proclamer qu'il règne éternellement avec le Père et l'Esprit Saint. <>

Cette offrande peut recevoir un autre sens mystique. L'or signifie la sagesse céleste selon Salomon: Le trésor le plus désirable se trouve dans la bouche du sage (Pr 21,20). Et ailleurs: Les lèvres du juste redisent la sagesse (Ps 36,30). L'encens y symbolise la prière pure, selon le Psalmiste: Que ma prière, Seigneur, s'élève devant toi comme un encens (Ps 140,2). Car, si notre prière est pure, elle exhale vers Dieu un parfum plus pur que la fumée de l'encens; et de même que cette fumée monte vers le ciel, ainsi notre prière se dirige vers le Seigneur. La myrrhe symbolise la mortification de notre chair.

Donc nous offrons l'or au Seigneur lorsque nous resplendissons devant lui par la lumière de la sagesse céleste. <> Nous lui offrons de l'encens lorsque nous élevons vers lui une prière pure. Et de la myrrhe lorsque, par l'abstinence, mortifiant notre chair avec ses vices et ses convoitises (Ga 5,24), nous portons la croix à la suite de Jésus.

Prière

Aujourd'hui, Seigneur, tu as révélé ton Fils unique aux nations, grâce à l'étoile qui les guidait; daigne nous accorder, à nous qui te connaissons déjà par la foi, d'être conduits jusqu'à la claire vision de ta splendeur. Par Jésus Christ.


Baptême du Seigneur C

149 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 3,15-16 Lc 3,21-22)

Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n'était pas le Messie.

Homélie

au choix

Les cieux, s'ouvrirent

Homélie attribuée à saint Hippolyte (+ 236)

Sermon sur la sainte Théophanie 6-9; PG 10, 858-859.

Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l'eau; voici que les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour" (Mt 3,16-17).

Voyez, mes bien-aimés, combien nous aurions subi la perte de biens nombreux et importants, si le Seigneur avait cédé à l'invitation de Jean et n'avait pas reçu le baptême. Auparavant les cieux étaient fermés, notre patrie d'en haut était inaccessible. Après être descendus au plus bas, nous ne pouvions plus regagner les hauteurs. Le Seigneur n'a pas été seul à recevoir le baptême. Il a renouvelé le vieil homme et il lui a confié de nouveau le sceptre de l'adoption divine. Car aussitôt les cieux s'ouvrirent. Les réalités visibles se sont réconciliées avec les invisibles; les hiérarchies célestes ont été comblées de joie; sur la terre les maladies ont été guéries; ce qui était demeuré caché s'est révélé; ce que l'on rangeait parmi les ennemis est devenu amical. Car vous avez entendu l'évangéliste vous dire: les cieux eux-mêmes s'ouvrirent, pour les trois merveilles que voi ci. Il fallait ouvrir au Christ, l'Époux, les portes de la chambre nuptiale. Semblablement, comme l'Esprit descendait sous la forme d'une colombe et que la voix du Père retentissait en tout lieu, il fallait que s'élèvent les portes du ciel (cf. ps 23,7). Et voici que les cieux s'ouvrirent et qu'une voix se fit entendre, qui disait: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour. "

Ce Fils bien-aimé, qui apparaît ici-bas, ne s'est pourtant pas séparé du sein du Père: il est apparu sans apparaître. Ce qui apparaissait était différent, car, à ce qu'il semblait, le baptiseur était supérieur au baptisé. C'est pourquoi le Père envoya l'Esprit Saint sur le baptisé. Car, de même que, dans l'arche de Noé, la colombe a manifesté l'amour de Dieu po ur les hommes, ainsi maintenant, l'Esprit, descendant sous cette apparence, pareil à celle qui apportait une pousse d'olivier, s'est arrêté au-dessus de celui à qui il rend témoignage. Pourquoi? Pour que l'on constate avec certitude que c'est bien la voix du Père, et que l'on ajoute foi à la prédiction prophétique annoncée longtemps auparavant. Quelle prédiction? La voix du Seigneur domine les eaux, le Dieu de la gloire déchaîne le tonnerre, le Seigneur domine la masse des eaux (Ps 28,3). Que dit cette voix? Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour.

Je vous en prie, écoutez-moi attentivement: je veux remonter à la source de la vie et contempler la source d'où jaillissent les guérisons. Le Père de l'immortalité a envoyé dans le mon de son Fils vivant, son Verbe. Celui-ci est venu vers l'homme pour le laver dans l'eau et dans l'Esprit. Il l'a fait renaître pour rendre incorruptibles son âme et son corps, il a éveillé en nous son souffle de vie, il nous a revêtus d'une armure incorruptible.

Je proclame donc, avec la voix du héraut: Venez, toutes les tribus des nations, au bain de l'immortalité! Par ce joyeux message, je vous annonce la vie, à vous qui demeurez encore dans la nuit de l'ignorance. Venez de la servitude à la liberté, de la tyrannie à la royauté, de la corruption à l'incorruptibilité. Vous voulez savoir comment? Par l'eau et par l'Esprit Saint, cette eau par laquelle l'homme régénéré est vivifié, cet Esprit, ton Défenseur, envoyé pour toi, afin de montrer que tu es Fils de Dieu.

ou bien

Jésus baptisé pour nous

Homélie de Grégoire Palamas (+ 1359)

Homélies, 16; PG 151, 198-199.

Lorsque Dieu voulut manifester et exposer clairement son dessein, qui dépasse toute expression, il envoya du désert Jean, appelé le Précurseur. Celui-ci baptise ceux qui se présentent et les exhorte à croire en celui qui doit venir. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint (Mt 3,11), dit-il. Il leur enseigne que celui-là est supérieur à lui-même autant que l'Esprit Saint est supérieur à l'eau. Il témoigne, en effet, que celui qui vient est le Maître, le Créateur de l'univers, qui a autorité sur les anges et sur les hommes. Tous les hommes constituent sa moisson spirituelle et il tient la pelle à vanner dans sa main (Mt 3,12), c'est-à-dire évidemment les puissances temporelles.

Sur lui-même, Jean atteste qu'il est seulement le Précurseur de celui qui vient; il désigne également Isaïe comme étant le héraut du Seigneur. Quant à lui, il se proclame le serviteur envoyé pour annoncer à l'avance l'avènement de son maître, et pour préparer les fidèles à l'accueillir, car il dit: Je suis la voix qui crie à travers le désert: Aplanissez le chemin du Seigneur (Jn 1,23).

Jésus vient au baptême pour obéir à celui qui envoya Jean, comme lui-même l'a dit: C'est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement tout ce qui est juste (Mt 3,15). Car son baptême devait le manifester à Israël. Puisqu'il venait pour ouvrir le chemin du salut et assurer aux baptisés qui le suivraient ce que lui-même a montré et révélé: que l'Esprit Saint leur est donné et que, par lui-même, il instituerait le baptême comme un remède pour purifier les souillures provenant de notre origine et de notre vie esclave des sens.

Lui-même, en tant qu'homme, n'avait pas besoin de purification, étant né d'une Vierge sans tache, et toute sa vie étant exempte de péché. Mais, parce que c'est pour nous qu'il est né, c'est aussi pour nous qu'il est purifié. Donc il est baptisé par Jean et, comme il sort de l'eau, les cieux s'ouvrent pour lui, et voici qu'on entend, venant d'en haut, la voix du Père: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en lui j'ai mis tout mon amour (Mt 3,17). Et, pareil à une colombe, l'Esprit de Dieu descend sur lui pour montrer quel est celui qui reçoit ce témoignage du ciel.

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, quand le Christ fut baptisé dans le Jourdain, et que l'Esprit Saint reposa sur lui, tu l'as désigné comme ton Fils bien-aimé; accorde à tes fils adoptifs, nés de l'eau et de l'Esprit, de se garder toujours dans ta sainte volonté. Par Jésus Christ.

ou bien

Dieu éternel, c'est dans la réalité de notre chair que ton Fils unique est apparu; puisque nous reconnaissons que son humanité fut semblable à la nôtre, donne-nous d'être transformés par lui au plus intime de notre coeur. Lui qui règne.



Temps du carême C

1er dimanche de carême C

150 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 4,1-13)

Après son baptême, Jésus, rempli de l'Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain; il fut conduit par l'Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l'épreuve par le démon.

Homélie

au choix

Le rôle des tentations

Homélie de saint Jean Chrysostome (+ 407)

Homélies sur Matthieu, 13, 1; PG 57, 207-209.

Alors Jésus fut conduit au désert par l'Esprit pour être tenté par le démon (Mt 4,1). Que signifie cet "alors"? Après la descente de L'Esprit Saint, après la voix venue d'en-haut et qui disait: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en lui j'ai mis tout mon amour (Mt 3,17). Le plus surprenant est cette affirmation de l'évangéliste: c'est le Saint-Esprit qui le conduisit en ce lieu! En effet, tout ce que Jésus a fait et enduré était destiné à nous instruire. Il a donc voulu être conduit en ce lieu pour lutter avec le démon, afin que nul parmi les baptisés ne soit troublé s'il subit après son baptême de plus grandes tentations, comme si c'était extraordinaire; mais il doit supporter tout cela comme étant dans l'ordre des choses. C'est pour cela que vous avez reçu des armes: non pour rester oisifs, mais pour combattre.

Voici pour quels motifs Dieu n'empêche pas les tentations qui vous surviennent. D'abord pour vous apprendre que vous êtes devenus beaucoup plus forts; puis, afin que vous gardiez la mesure, au lieu de vous enorgueillir des grands dons que vous avez reçus, car les tentations ont le pouvoir de vous humilier. En outre, vous serez tentés afin que ce génie du mal, se demandant encore si vous avez vraiment renoncé à lui, soit convaincu, par l'expérience des tentations, que vous l'avez totalement abandonné. Quatrièmement, vous êtes tentés pour être entraînés à être plus forts et plus solides que l'acier. Cinquièmement, afin que vous ayez la certitude absolue que des trésors vous ont été confiés. Car le démon ne vous aurait pas assaillis, s'il n'avait pas vu que vous receviez un plus grand honneur. <>

Et remarquez en quel lieu l'Esprit Saint a conduit Jésus: non pas en ville, ni sur la place publique, mais au désert. Car, puisqu'il voulait attirer le démon, il a donné prise à celui-ci non seulement en ayant faim, mais aussi en venant en ce lieu. Le démon s'attaque surtout à ceux qu'il voit seuls et à l'écart. <> Lorsqu'il voit des gens rassemblés, il n'a plus la même audace, il perd confiance. Aussi faut-il surtout que nous soyons toujours ensemble, pour ne pas offrir une proie facile au démon. Celui-ci trouve donc Jésus dans le désert, et un désert inaccessible.

Voyez avec quelle ruse et quelle perversité le démon s'approche, et comme il saisit le bon moment! Il n'aborde pas celui qui jeûne, mais celui qui a faim. Apprenez ainsi comme le jeûne est un grand bien, et l'arme la plus puissante contre le démon; sachez qu'après le baptême il ne faut pas se livrer au luxe, à l'ivrognerie, aux repas plantureux, mais s'adonner au jeûne. C'est pour cela que Jésus lui-même a jeûné, non pas qu'il en eût besoin, mais afin de nous instruire.

ou bien

Le Christ triomphe du Tentateur

Homélie d'Origène (+ 253)

Homélies sur le Cantique, 3, 13; GCS 8, 221,19 223,5.

La vie des mortels est pleine de pièges dangereux, pleine de lacets trompeurs, tendus contre le genre humain par celui qui est appelé le chasseur géant: Nemrod, dressé contre le Seigneur. Qui est ce géant, sinon le démon, qui se révolte contre Dieu même?

Et parce que l'ennemi avait tendu partout ses lacets, et qu'il y avait capturé presque toute l'humanité, il fallait que se dressât quelqu'un de plus fort et de plus digne, qui les déchirerait afin de frayer le chemin à ceux qui marcheraient à sa suite. C'est pourquoi le Sauveur lui-même, avant qu'il se fût uni en mariage avec l'Église, est tenté par le démon, si bien que, triomphant des pièges de la tentation, il découvre son épouse à travers eux, et il l'appelle à lui pour lui enseigner et lui montrer à l'évidence que ce n'est pas à travers l'oisiveté et les plaisirs, mais à t ravers beaucoup de détresses et de tentations qu'il lui faudra rejoindre le Christ.

Car personne d'autre ne s'est montré capable de vaincre tous ces pièges. En effet, il est écrit: Tous les hommes sont pécheurs (Rm 3,23). Et aussi: Car aucun homme n'est assez juste sur terre pour faire le bien sans pécher (Qo 7,20). Et encore: Nul n'est exempt de souillure, n'aurait-il vécu qu'un seul jour (cf. ps 50,7; Jb 15,14). Donc, notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ est le seul qui n'a pas fait de péché; mais le Père l'a pour nous identifié au péché (2Co 5,21) afin que, dans cette ressemblance de la chair du péché, il condamnât le péché au moyen du péché. Le Sauveur est donc entré dans ces filets, mais il est le seul qui n'ait pu y être capturé. Au contraire, en les ayant rompus et déchirés, il donne à l'Église l'assurance d'oser rompre les filets, de traverser les pièges et de dire avec allégresse: Comme un oiseau, nous avons échappé au filet du chasseur; le filet s'est rompu: nous avons échappé (Ps 123,7).

Mais qui a rompu les filets, sinon celui-là seul qu'ils n'ont pu retenir? Pourtant il s'est livré à la mort volontairement, et non pas, comme nous, sous la contrainte du péché. Et parce qu'il fut libre entre les morts (cf. ps 77,6), après avoir vaincu celui qui détenait l'empire de la mort, il a supprimé la captivité qui contraignait à la mort. Et non seulement il s'est ressuscité lui-même d'entre les morts, mais en même temps il a éveillé ceux qui étaient captifs de la mort et il les a fait asseoir aussitôt dans les cieux. En effet, montant dans les hauteurs, il a emmené captive la captivité (cf. Ep 4,8), non seulement en entraînant les âmes, mais aussi en ressuscitant leurs corps. L'Évangile atteste en effet que les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent et entrèrent dans la ville sainte (Mt 27,52-53) du Dieu vivant, Jérusalem.

Prière

Accorde-nous, Dieu tout-puissant, tout au long de ce carême, de progresser dans la connaissance de Jésus Christ et de nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle. Lui qui règne.


2e dimanche de carême C

151 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 9,28-36)

Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante.

Homélie

Le Christ annoncé par la Loi et les Prophètes

Homélie de saint Cyrille d'Alexandrie (+ 444)

Homélie sur la Transfiguration, 9, PG 77, 1011-1014.

Jésus gravit la montagne avec les trois disciples qu'il a choisis. Puis, il est transfiguré par une lumière éclatante et divine, au point que son vêtement semblait briller comme la lumière. Ensuite, Moïse et Élie, encadrant Jésus, parlaient entre eux de son départ qui devait s'accomplir à Jérusalem, c'est-à-dire du mystère de son Incarnation et de sa passion salvatrice, qui devait se réaliser sur la croix. Car il est vrai que la loi de Moïse et la prédication des prophètes avaient montré à l'avance le mystère du Christ. Sans doute la Loi décrivait cela comme sur un tableau, mais par des reflets et des esquisses; quant aux prophètes, ils le prédisaient sous des formes fragmentaires et variées (He 1,1), annonçant que nous verrions à découvert, le moment venu: qu'il ne refuserait pas de souffrir la mort sur le gibet, pour le salut et la vie de tous.

Quant à cette présence de Moïse et d'Élie et à leur entretien, ils avaient pour but de montrer que la Loi et les prophètes formaient comme l'escorte de notre Seigneur Jésus Christ, le Seigneur qu'ils avaient montré par des indications concordantes. En effet, les annonces des prophètes ne contredisaient pas la Loi. Après être apparus, ils ne se taisaient pas, mais ils parlaient de la gloire dont le Seigneur allait être comblé à Jérusalem par sa passion et sa croix, et surtout par sa résurrection.

Peut-être le bienheureux Pierre, ayant cru que l'avènement du règne de Dieu était arrivé, a-t-il désiré demeurer sur la montagne, car il a dit qu'il fallait dresser trois tentes, ne sachant ce qu'il disait (Lc 9,33). Car ce n'était pas le temps de la fin du monde, et ce n'est pas dans le temps présent que les saints jouiront de l'espérance qui leur a été promise. Car saint Paul affirme: Il transfigurera nos pauvres corps à l'image de son corps de gloire (Ph 3,21), celui du Christ.

Puisque le plan de salut n'était pas encore achevé, n'étant qu'à son commencement, il n'était pas possible que le Christ, venu par amour dans le monde, renonce à vouloir souffrir pour lui. Car il a gardé la nature humaine pour subir la mort dans sa chair, et la détruire par sa résurrection d'entre les morts.

D'ailleurs, outre ce spectacle étonnant et mystérieux de la glorification du Christ, il s'est produit quelque chose de nécessaire pour confirmer la foi en lui, non chez les disciples seul ement, mais aussi chez nous. Du haut du ciel se fit entendre la voix de Dieu le Père, qui disait: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour: écoutez-le (Mt 17,5)!

Prière

Tu nous as dit, Seigneur, d'écouter ton Fils bien-aimé; fais-nous trouver dans ta parole les vivres dont notre foi a besoin: et nous aurons le regard assez pur pour discerner ta gloire. Par Jésus Christ.


3e dimanche de carême C

152 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 13,1-9)

Un jour, des gens vinrent rapporter à Jésus l'affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer pendant qu'ils offraient un sacrifice.

Homélie

Courage et constance

Catéchèse de Syméon le Nouveau Théologien (+ 1022)

Catéchèses, 3, 347-370; SC 96, 308-310.

On suggère d'utiliser comme homélie le texte figurant comme seconde lecture dans le Livre des jours ou la Liturgie des Heures, et de prendre comme seconde lecture le texte qui est donné ici.

Tout péché non regretté et non avoué est une blessure mortelle, comme aussi de tomber dans le désespoir, ce qui dépend de notre liberté et de notre volonté. Car, si nous ne nous abandonnons pas au gouffre du laisser-aller et du désespoir, les démons ne pourront absolument rien contre nous. Même après avoir été blessés, nous devenons plus courageux et plus expérimentés, si nous le voulons, par un fervent repentir. <>

Nous garder de toute blessure ne dépend pas de nous, mais il dépend de nous d'être immortels ou mortels. En effet, si nous ne désespérons pas, nous ne mourrons pas, la mort n'aura sur nous aucun pouvoir; mais nous serons toujours puissants si nous nous réfugions par le repentir auprès de notre Dieu, le tout-puissant et l'ami des hommes.

C'est pourquoi je m'exhorte moi-même, et vous tous avec moi, à manifester par nos bonnes actions tout notre zèle, tout notre courage, par la constance et l'endurance. Alors, poursuivant notre route selon tous les commandements et toutes les prescriptions du Christ, dans la ferveur de notre âme, nous parviendrons aux demeures éternelles sous la conduite de l'Esprit Saint, et nous serons reconnus dignes de nous tenir debout devant l'unique et indivisible Trinité, et de l'adorer dans ce même Christ, notre Dieu. A lui la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen.

Prière

Tu es la source de toute bonté, Seigneur, et toute miséricorde vient de toi; tu nous as dit comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage; écoute l'aveu de notre faiblesse: nous avons conscience de nos fautes: patiemment relève-nous avec amour. Par Jésus Christ.


4e dimanche de carême C

153 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (
Lc 15,1-3 Lc 15,11-32)

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui: "Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux." Alors Jésus leur dit cette parabole: "Un homme avait deux fils."

Homélie

au choix Après le baptême, un autre pardon est possible

Homélie de saint Jean Chrysostome (+ 407)

Homélies sur la pénitence, 1,3-4; PG 49, 282-283.

Dieu se contente d'obtenir de nous un regret facile pour nous faire grâce de nos nombreux péchés. Voici une parabole à l'appui de cette affirmation. Il y avait deux frères. Après le partage de leur patrimoine, l'un d'eux resta à la maison et l'autre, après avoir dévoré toute sa part, se condamna à l'exil, ne pouvant supporter la honte de sa misère. J'ai choisi de vous raconter cette parabole pour vous enseigner qu'il y a un pardon pour les fautes postérieures au baptême, si nous le voulons vraiment. Je ne dis pas cela pour vous porter à l'insouciance, mais pour vous préserver du désespoir, car celui-ci nous fait plus de mal que l'indolence.

Donc, ce fils exilé offre l'image de ceux qui sont tombés après le baptême. Il est évident qu'il les représente, puisqu'il est appelé "fils". Car nul ne peut être appelé ainsi lorsqu'il n'est pas baptisé. En outre, il avait habité la maison de son père, qui lui avait donné une part de ses biens. Or, avant le baptême, on ne peut participer aux biens du Père, ni recevoir son héritage. Ainsi tous ces traits marquent la condition des fidèles. En outre, le prodigue était le frère d'un homme très estimable, et personne n'est un "frère" s'il n'a pas reçu la seconde naissance, celle que donne le Saint-Esprit.

Or, que dit le prodigue tombé dans la pire misère? Je vais retourner chez mon père (Lc 15,18). La raison pour laquelle son père l'a laissé s'éloigner et ne l'a pas empêché de partir à l'étranger, c'était qu'il découvrirait clairement par expérience de quel bienfait l'on jouit en restant à la maison. Souvent Dieu, lorsque ces paroles ne peuvent nous persuader, permet à l'expérience des faits de nous apporter ses leçons.

Après s'être éloigné dans un pays étranger, le prodigue, ayant appris par ses propres déboires dans quelle misère on tombe en quittant la maison paternelle, s'en revint donc vers son père. Celui-ci ne lui garda pas rancune, mais le reçut à bras ouverts. Et pourquoi donc? Parce qu'il était un père, non un juge. Et ce furent des danses, un festin, des réjouissances, bref toute la maisonnée rayonnait de joie.

Alors vous dites: "Est-ce ainsi que l'on récompense l'inconduite?" On ne fête pas son inconduite, mais son retour; ni son péché, mais sa conversion; ni sa méchanceté, mais sa transformation. Bien plus, quand le fils aîné s'est indigné de toute cette joie, le père l'a calmé avec douceur en lui disant: Toi, tu vis toujours avec moi. Mais lui était perdu, et il est retrouvé; il était mort, et il est revenu à la vie (cf. Lc 15,31.32). Lorsqu'il faut sauver celui qui se perd, ce n'est pas le moment de rendre des sentences, ni de faire une enquête minutieuse, mais uniquement celui de la miséricorde et du pardon.

ou bien

Même ceux qui sont loin de lui, Dieu les comprend

Homélie de saint Augustin (+ 430) sur le psaume 138

Homélies sur les psaumes, ps 138, 5-6; CCL 40, 1992-1993.

De loin tu as compris mes pensées, tu as découvert mon sentier, tu as prévu tous mes chemins (cf. ps 138,3-4). Que signifie de loin? Pendant que je suis encore voyageur, avant mon arrivée dans la patrie, tu as compris ma pensée. Songez au plus jeune fils (Lc 15,11-32, passim), car lui aussi est devenu le Corps du Christ, l'Église venue des nations païennes. Le plus jeune était parti au loin. En effet, un père avait deux fils. L'aîné n'était pas parti au loin, il travaillait aux champs et il symbolisait les saints qui, sous la Loi, observaient les pratiques et les préceptes de la Loi.

Mais le genre humain, qui s'était égaré dans le culte des idoles, était parti au loin. Rien, en effet, n'est aussi loin de celui qui t'a créé que cette image modelée par toi-même, pour toi. Le fils cadet partit donc dans une région lointaine, emportant avec lui sa part d'héritage et, comme nous l'apprend l'Évangile, il la gaspilla en menant une vie de désordre. Souffrant de la famine, il s'engagea au service d'un propriétaire du pays qui le chargea de garder un troupeau de porcs, et le malheureux, mais en vain, désirait se rassasier des gousses que mangeaient les porcs.

Après tant de malheurs et d'accablement, d'épreuves et de dénuement, il se rappela son père et voulut revenir vers lui. Il se dit: Je me lèverai, et j'irai vers mon père. Reconnaissez donc sa voix dans cette parole du psaume: Tu sais quand je m'asseois et quand je me lève (Ps 138,2). Je me suis assis dans la misère, je me suis levé dans le désir de ton pain. De loin tu as compris mes pensées. Aussi, dans l'Évangile, le Seigneur nous dit-il que son père vint au-devant de lui. C'est vrai, parce qu'il avait compris de loin ses pensées. Tu as prévu tous mes chemins. Lesquels? sinon les mauvais chemins qu'il avait suivis pour abandonner son père, comme s'il pouvait se cacher à ses regards qui le réclament, ou comme si l'écrasante misère qui le réduisait à garder les porcs n'était pas le châtiment que le père lui infligeait, dans son éloignement, en vue de le recevoir à son retour?

Il ressemblait à un fuyard qu'on arrête, poursuivi par la légitime revendication de Dieu, qui sévit contre nos passions, où que nous allions, si loin que nous puissions nous éloigner. Donc, comme un fuyard qu'on arrête, il dit: Tu as découvert mon sentier, et tu as prévu tous mes chemins. Avant même que j'y sois entré, avant même que j'y aie marché, tu les as vus d'avance. Et tu as permis que je suive mes chemins dans la peine, pour que, si je ne voulais plus peiner, je revienne dans tes chemins.

Parce qu'il n'y a pas de dissimulation dans mon langage (cf. ps 138,4). Pourquoi parle-t-il ainsi? Parce que je confesse ma faute devant toi: j'ai suivi mon propre sentier, je me suis éloigné de toi; je t'ai quitté, toi auprès de qui j'étais bien; et pour mon bien, il a été mauvais pour moi d'avoir été sans toi. Car, si je m'étais trouvé bien sans toi, je n'aurais peut-être pas voulu revenir à toi.

Donc le psalmiste qui confesse ainsi ses péchés déclare qu'il est le Corps du Christ, maintenant qu'il est justifié, non par lui-même, mais par la grâce, lorsqu'il dit: Il n'y a pas de dissimulation dans mon langage.

Prière

Dieu qui as réconcilié avec toi toute l'humanité en lui donnant ton propre Fils, augmente la foi du peuple chrétien, pour qu'il se hâte avec amour au-devant des fêtes pascales qui approchent. Par Jésus Christ.



Homéliaire patristique 146