Thomas sur Jean


COMMENTAIRE DE L'ÉVANGILE DE SAINT JEAN

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PAR SAINT THOMAS D'AQUIN, Docteur des docteurs de l'Eglise

notes prises en cours par son secrétaire, Frère Réginald de Piperno

(1269-1272)

Traduction sous la direction du père Marie-Dominique Philippe o. p.

Edition Communauté saint Jean, 3 volumes, 1980.

Édition numérique à partir de la traduction, http://docteurangelique.free.fr, 2004

Les oeuvres complètes de saint Thomas d'Aquin

Pour le moment, seuls les chapitres 1 à 11.





PROLOGUE DE SAINT THOMAS

201


JE VIS LE SEIGNEUR SIEGEANT SUR UN TRONE SUBLIME ET ELEVE; ET TOUTE LA TERRE ETAIT REMPLIE DE SA MAJESTE, ET CE QUI ETAIT AU-DESSOUS DE LUI REMPLISSAIT LE TEMPLE. 1

1. Les paroles du Prophète Isaïe que nous venons de citer sont celles d’un homme qui contemple; et, si on les reçoit de la bouche même de Jean l’Evangéliste, elles conviennent bien pour présenter son Evangile. En effet, comme le dit Augustin 2, les autres Evangélistes nous forment à la vie active, mais Jean nous forme aussi à la vie contemplative. Isaïe 6, 1.

Ces paroles d’Isaïe décrivent de trois manières la contemplation de Jean parce que Jean lui-même a contemplé la divinité du Seigneur Jésus de trois manières. Cette contemplation, elles la montrent en effet élevée, ample et parfaite. Elevée: JE VIS LE SEIGNEUR SIEGEANT SUR UN TRONE SUBLIME ET ELEVE; ample: TOUTE LA TERRE ETAIT REMPLIE DE SA MAJESTE; parfaite: CE QUI ETAIT AU-DESSOUS DE LUI REMPLISSAIT LE TEMPLE.



JE VIS LE SEIGNEUR SIEGEANT SUR UN TRONE SUBLIME ET ELEVE

2. Au sujet de ce premier aspect de la contemplation de Jean, remarquons que l’élévation et la sublimité de la contemplation consistent surtout dans la contemplation et la connaissance de Dieu: Levez au plus haut votre regard et considérez qui a fait ces choses 3 Isaïe 40, 26. Lorsque l’homme élève au plus haut le regard de sa contemplation, il voit en effet et contemple le Créateur même de toutes choses. Et, parce que Jean s’élève au-dessus de tout le créé, c’est-à-dire au-dessus des montagnes, des cieux, des anges, et parvient au Créateur même de toutes choses, il est donc manifeste, comme le dit Augustin, que sa contemplation fut la plus élevée. Aussi dit-il: JE VIS LE SEIGNEUR; et parce que — selon les paroles de Jean lui-même — Isaïe a dit cela quand il a vu sa gloire, celle du Christ, et qu’il a parlé de Lui 4. Jean 12, 41, ce SEIGNEUR SIEGEANT SUR UN TRONE SUBLIME ET ELEVE est donc le Christ.

Or ces paroles d’Isaïe dévoilent la quadruple grandeur que Jean contempla du Verbe incarné. Sa seigneurie: j’ai vu LE SEIGNEUR; son éternité: SIEGEANT; la dignité et la noblesse de sa nature: SUR UN TRONE SUBLIME; enfin sa vérité incompréhensible: ET ELEVE.

Ce sont bien là les quatre manières dont les philosophes anciens parvinrent à la contemplation de Dieu.

3. Certains en effet parvinrent à la connaissance de Dieu par sa seigneurie; c’est la voie la plus efficace. Nous voyons en effet, dans la nature, les réalités agir en vue d’une fin, et atteindre des fins utiles et déterminées. Etant dépourvues d’intelligence, ces réalités ne peuvent se diriger elles-mêmes à moins d’être mues et dirigées par l’intelligence d’un autre. Ainsi, ce mouvement même des réalités de la nature vers une fin déterminée indique l’existence d’une réalité plus élevée qui les dirige vers leur fin et les gouverne. Et donc, puisque toute la nature suit son cours et se dirige avec ordre vers une fin, il nous faut nécessairement reconnaître une réalité plus élevée, qui dirige les autres et les gouverne comme un maître; et cette réalité, c’est Dieu. Isaïe, dans le texte cité, montre bien cette seigneurie que possède le Verbe de Dieu quand il dit LE SEIGNEUR; et le Psaume déclare à son sujet: Toi, tu domines sur la puissance de la mer et tu apaises le mouvement de ses flots Ps 88, 10 comme pour dire: "Tu es le Seigneur de la nature et celui qui gouverne toutes choses". Jean, lui, montre qu’il possède cette connaissance du Verbe quand il dit: Il est venu chez lui Jean 1, 11, c’est-à-dire dans le monde, car le monde entier Lui appartient en propre.

4. D’autres parvinrent à la connaissance de Dieu à partir de son éternité. Ils virent en effet que tout dans les réalités de la nature est soumis au changement, et que plus quelque chose est noble dans les degrés des réalités, moins cela est soumis au changement: ainsi les corps inférieurs sont soumis au changement à la fois quant à leur substance et quant au lieu; tandis que les corps célestes, qui sont plus nobles, sont immuables selon la substance et ne sont mus que selon le lieu. De là on peut conclure avec évidence que le Principe premier de toutes les réalités, qui est aussi le Principe suprême et le plus noble, est immuable et éternel. Et c’est cette éternité du Verbe que le Prophète désigne quand il dit SIEGEANT, c’est-à-dire au-delà de toute mutabilité et ayant la préséance dans son éternité. Le Psalmiste l’affirme: Ton trône, ô Dieu, est établi pour toujours Ps 44, 7; et saint Paul aussi: Hier et aujourd’hui Jésus-Christ est le même He 13, 8; Il le sera à jamais. Cette éternité, Jean la montre quand il dit: Dans le Principe était le Verbe Jean 1, 1.

5. D’autres encore accédèrent à la connaissance de Dieu à partir de la dignité de Dieu Lui-même; ce sont les Platoniciens. Ils considèrent en effet que tout ce qui est par participation se ramène à ce qui est tel par son essence comme au premier et au suprême; c’est ainsi que tout ce qui est feu par participation se ramène au feu qui est tel par son essence: Il est donc nécessaire, puisque toutes les réalités existantes participent à l’être et sont des êtres par participation, qu’au sommet de toutes les réalités existe quelque chose qui soit l’être même par son essence, de telle sorte que son essence soit son être; et cette réalité, c’est Dieu, qui est la cause absolument suffisante, suprêmement digne et parfaite de tout l’être, et de qui tout ce qui existe participe l’être. Isaïe montre cette dignité lorsqu’il dit: SUR UN TRONE SUBLIME, ce qui, selon Denys (Cf. DENYS, La hiérarchie céleste, 13, 4 (304 C), se rapporte à la nature divine De même le Psalmiste: Le Seigneur est élevé au-dessus de toutes les nations Ps 112, 4. C’est aussi cette dignité du Verbe que nous montre Jean lorsqu’il dit: Et le Verbe était Dieu Jean 1, 1.

6. D’autres enfin parvinrent à la connaissance de Dieu à partir de l’incompréhensibilité de la Vérité. En effet, toute vérité que notre intelligence peut saisir est limitée; car, selon Augustin, "tout ce qui est connu est limité par la compréhension de celui qui connaît" (Cité de Dieu, 12, 19); et si [ce qui est connu] est limité, [ce qui est connu] est déterminé et particularisé. C’est pourquoi il est nécessaire que la Vérité première et suprême, qui surpasse toute intelligence, soit incompréhensible et infinie; et cette Vérité, c’est Dieu. Aussi le Psalmiste dit-il: Ta grandeur, ô Dieu, est élevée au-dessus des cieux Ps 8, 2, c’est-à-dire au-dessus de toute intelligence créée, non seulement humaine, mais même angélique car, comme le dit l’Apôtre, Dieu habite une lumière inaccessible 1 Tm 6, 16. Isaïe nous montre l’incompréhensibilité de cette Vérité quand il dit: ET ELEVEE, c’est-à-dire au-dessus de toute connaissance d’une intelligence créée. C’est cette incompréhensibilité que nous fait entendre Jean par ces paroles: Personne n’a jamais vu Dieu Jean 1, 18.

Ainsi la contemplation de Jean, dans son élévation, découvrit la seigneurie, l’éternité, la dignité du Verbe et son incompréhensibilité, et son incompréhensibilité, et c’est cela qu’il nous a livré dans son Evangile.


TOUTE LA TERRE ETAIT REMPLIE DE SA MAJESTE

7. La contemplation de Jean fut encore ample. En effet, la contemplation est ample quand, dans une cause, quelqu’un peut voir tous les effets de cette cause, c’est-à-dire quand il connaît non seulement l’essence de la cause, mais encore sa puissance qui la fait s’étendre à de nombreux effets. C’est de cette extension que parle l’Ecclésiastique: Il fait abonder la sagesse comme les eaux du Phison et comme le Tigre à la saison des fruits 17, et le Psalmiste: Le fleuve de Dieu déborde d’eaux 18; car la profondeur de la sagesse de Dieu se voit dans sa connaissance de toutes choses — Avec toi, Seigneur, dès le commencement est la sagesse qui connaît tes oeuvres 19 Ainsi donc, parce que Jean l'Evangéliste a été élevé à la contemplation de la nature et de l’essence du Verbe divin, quand il dit: Dans le Principe était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu 20, il nous manifeste aussitôt la puissance de ce Verbe, selon laquelle Il est présent en toutes choses, en disant: Tout a été fait par Lui C’est pourquoi sa contemplation fut ample. Aussi, dans le texte cité, le Prophète, après avoir dit: JE VIS LE SEIGNEUR SIEGEANT, ajoute-t-il au sujet de sa puissance: ET TOUTE LA TERRE ETAIT REMPLIE DE SA MAJESTE, c’est-à-dire: tout l’ensemble des réalités et de l’univers vient de la majesté et de la puissance du Verbe de Dieu, par qui tout a été fait et dont la lumière illumine tout homme venant en ce monde 22. Le Psalmiste, lui, dit à ce sujet: Au Seigneur est la terre et tout ce qu’elle renferme 23.
17. Sir 24, 35 (LXX 24, 25).
18. Ps 64, 10.
19. Sg 9,9.
20. Jean 1, 1.
21. Jean 1, 3.



ET CE QUI ETAIT AU-DESSOUS DE LUI REMPLISSAIT LE TEMPLE.

8. Enfin la contemplation de Jean fut parfaite. En effet la contemplation est parfaite quand celui qui contemple est conduit et élevé à la hauteur de la réalité contemplée; s’il demeurait à un niveau inférieur, si haut que soit ce qu’il contemple, sa contemplation ne serait pas parfaite. Aussi faut-il, pour qu’elle soit parfaite, qu’il s’élève et atteigne la fin même de la réalité contemplée en s’attachant et adhérant, par la volonté aimante et par l’intelligence, à la vérité contemplée. Job nous dit Connaissez-vous les routes des nuées — c’est-à-dire la contemplation de ceux qui prêchent —, savez-vous qu’elles sont parfaites? 24 parce qu’ils adhèrent fermement, par la volonté aimante et l’intelligence, à la Vérité suprême contemplée. Or Jean n’a pas seulement enseigné comment le Christ Jésus, le Verbe de Dieu, est élevé au-dessus de tout, et comment tout a été fait par Lui, mais aussi que nous sommes sanctifiés par Lui et que nous adhérons à Lui, par la grâce qu’Il répand en nous, lorsqu’il dit: De sa plénitude nous avons tous reçu 25. Ainsi sa contemplation, on le voit, fut parfaite. Isaïe montre cette perfection lorsqu’il ajoute: ET CE QUI ETAJT AU-DESSOUS DE LUI REMPLISSAIT LE TEMPLE. Le chef du Christ, en effet, c’est Dieu 26, et ce qui est sous le Christ, ce sont les sacrements de son humanité, par lesquels les fidèles sont remplis de la plénitude de la grâce. Ainsi donc, CE QUI ETAIT AU-DESSOUS DE LUI, c’est-à-dire les mystères de son humanité, REMPLISSAIT LE TEMPLE, c’est-à-dire les fidèles qui sont le temple saint de Dieu, comme le dit saint Paul 27. En effet, par les sacrements de son humanité, tous les fidèles du Christ reçoivent la plénitude de sa grâce.

La contemplation de Jean fut donc élevée, ample et parfaite.
22. Jean 1, 9.
23. Ps 23, 1.
24. Jb 37, 16.
25. Jean 1, 16.
26. 1 Corinthiens 11, 3.




9. Cependant il faut remarquer que ces trois modes de contemplation correspondent aux différentes sciences. A la science morale, qui traite de la fin ultime, revient la perfection de la contemplation; la science naturelle, qui considère les êtres procédant de Dieu, en a la plénitude; tandis que la métaphysique possède, entre toutes les sciences philosophiques, la hauteur de la contemplation. Mais l’Evangile de Jean renferme tout à la fois ce que ces sciences possèdent séparément: sa perfection est donc totale.

10. Ce qui précède nous apprend donc quelle est la matière de cet Evangile. En effet, alors que les autres Evangélistes traitent principalement des mystères de l’humanité du Christ, Jean montre avant tout dans son Evangile, et d’une manière qui lui est propre, la divinité du Christ 28, sans taire pour autant les mystères de son humanité. En voici la raison: après que les autres Evangélistes eurent écrit leurs Evangiles, des hérésies s’élevèrent au sujet de la divinité du Christ; elles enseignaient que le Christ était homme seulement, comme Ebion et Cérinthe le pensaient faussement 29. C’est pourquoi Jean l’Evangéliste, qui avait puisé la vérité de la divinité du Verbe à la source même du coeur divin, écrivit, à la prière des fidèles, cet Evangile où il nous a livré son enseignement sur la divinité du Christ et a réfuté toutes les hérésies.
27. 1 Corinthiens 3, 16.
28. Voir plus haut, n° 1.
29. Ebion est le fondateur supposé de la secte des ébionites." Origène (Contra Celsum, VI, 61, 65; In Matth. Comment., XVI, 12; P. G. XIII, 1409) sait que parmi les Judéo-chrétiens il en est qui croient en Jésus, comme tous les fidèles de la grande Eglise, tandis que d’autres (les ébionites) pensent que Jésus est né comme les autres hommes et ne reconnaissent pas sa divinité. Semblablement, S. Irénée (Adv. haereses, I, XXVI, 2) avait noté que les ébionites reconnaissaient l’existence d’un seul Dieu, créateur de l’univers, rejetaient la conception virginale de Jésus, utilisaient uniquement l'Evangile de S. Matthieu (...), s’opposaient aux doctrines antinomistes de S. Paul et vivaient conformément aux ordonnances de la Loi de Moïse. A ces renseignements, S. Hippolyte ajoute que, pour les ébionites, les observances juives suffisaient à procurer la justification; Jésus avait accompli toute justice en recevant le baptême de Jean et en pratiquant la Loi, d’où il suivait que tous les hommes peuvent comme lui devenir des Christs par leur fidélité à Moïse (Philosoph., VII, XXXIV; X, XXII)" (G. BAROY, art. Ebionites, in Catho licisme, III [et Ané 19521, col. 1231).
Cérinthe est, lui aussi, un hérétique de la fin du 1 siècle." S. Irénée, le premier à parler de Cérinthe (...) le fait enseigner en Asie (Adv. Haereses, I. XXVI) et l’y montre en opposition avec S. Jean (ibid., III, III, 4): "Il existe encore des gens, écrit-il, qui ont entendu Polycarpe raconter que Jean, le disciple du Seigneur, vint un jour aux thermes d’Ephèse. Lorsqu’il aperçut Cérinthe, il en sortit précipitamment sans prendre de bain, en disant: Fuyons, de peur que l’édifice ne tombe sur nous. Cérinthe s’y trouve, l’ennemi de la vérité !" L’anecdote ainsi rapportée a de grandes chances d’être authentique. Quant à la doctrine de Cérinthe, S. Irénée la résume en disant que l’hérétique a enseigné la distinction du Créateur et du Dieu suprême, celui-ci restant inconnu du démiurge; de plus, selon Cérinthe, Jésus était fils de Marie et de Joseph, un homme semblable à tous les autres, sur qui, au jour du baptême, était descendue une vertu sortie du Dieu suprême, et qui, abandonné de cette vertu avant la Passion, avait souffert et était mort selon la loi commune (ibid., I, XXVI, 1; III, XI, 1; cf. Hippolyte, Philosoph., VII, XXXIII, 1-2 X, XXI). Irénée ajoute, et ceci est important (ibid., III, XIII, 1), que S. Jean a écrit son Evangile contre Cérinthe, pour montrer que Jésus n’était pas simple ment un homme, mais le Fils de Dieu venu en ce monde, le Verbe fait chair" (G. BARDY, art. Cérinthe, in Catholicisme, II, col. 834).




Ces paroles d’Isaïe montrent encore clairement l’ordre suivi dans cet Evangile. En effet, Jean nous présente d’abord LE SEIGNEUR SIEGEANT SUR UN TRONE SUBLIME ET ELEVE, quant il dit: Dans le Principe était le Verbe 30. Ensuite il montre comment TOUTE LA TERRE ETAIT REMPLIE DE SA MAJESTE, par ces paroles: Tout a été fait par Lui 31. Enfin il manifeste comment CE QUI E TAIT AU-DESSOUS du Seigneur REMPLISSAIT LE TEMPLE, en disant: Et le Verbe s’est fait chair (...) et nous avons vu sa gloire 32.

De même ces paroles d’Isaïe manifestent bien la fin de cet Evangile: il faut que les fidèles, devenus le temple de Dieu, soient remplis de la majesté divine. C’est pourquoi Jean lui-même dit: Ces miracles ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son Nom.

Nous voyons donc clairement par là quelle est la matière de cet Evangile — la connaissance de la divinité du Verbe — 33 quel est son ordre et quelle est sa fin.


II




11. Tout ce qui vient d’être dit permet de situer l’auteur lui-même de cet Evangile, et cela de quatre manières: du point de vue de son nom, de sa vertu, de son symbole et de son privilège.

Le nom de l’auteur de cet Evangile est Jean, nom qui signifie "en qui est la grâce". En effet, seuls ceux qui ont en eux la grâce de Dieu peuvent contempler les secrets de la divinité, et c’est pourquoi l’Apôtre dit: Nul ne connaît les secrets de Dieu, si ce n’est par l’Esprit de Dieu 34.

Jean vit donc LE SEIGNEUR SIEGEANT SUR UN TRONE SUBLIME ET ELEVE. A cela, il fut disposé du fait qu’il était vierge. C’est aux vierges en effet qu’il appartient de voir le Seigneur, comme le Seigneur Lui-même l’a dit: Bienheureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu 35.

Le symbole de Jean est l’aigle. Voici pourquoi: les trois autres Evangélistes se sont occupés de ce que le Christ a accompli dans la chair et ils sont désignés par des vivants qui marchent sur la terre, à savoir par l’homme, le boeuf et le lion 36. Jean, lui, volant comme un aigle au-dessus des nuages de la faiblesse humaine, contemple la lumière de l’immuable Vérité avec les yeux du coeur, du regard le plus pénétrant et le plus ferme qui soit possible à l’homme, et, attentif à la divinité même de Notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle Il est égal à son Père, il s’est efforcé principalement, dans son Evangile, de la manifester autant que, homme parmi les hommes, il l’a cru nécessaire. De ce vol de Jean il est dit au Livre de Job: L’aigle c’est-à-dire Jean — à ton commandement s’élèvera-t-il en haut? et encore: Ses yeux perçants voient de loin 37 car du regard de l’esprit il contemple le Verbe même de Dieu dans le sein du Père.

Quant à son privilège, il fut d’être, parmi tous les disciples du Seigneur, celui qui fut le plus aimé par le Christ: Jean fut en effet le disciple que Jésus aimait 38, comme lui-même l’a dit sans se nommer. Or aux amis on révèle ses secrets, comme le montrent ces paroles de Jésus: Je ne vous appelle plus mes serviteurs, mais mes amis, parce que tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître 39. Le Christ a donc révélé ses secrets de façon toute spéciale à ce disciple très spécialement aimé. A ceux qu’enfle la démesure — à savoir les orgueilleux — le Christ cache la lumière — c’est-à-dire la vérité de sa divinité — et il annonce à son ami — Jean — que la lumière est son partage 40; c’est lui en effet qui, voyant plus parfaitement la lumière du Verbe incarné, nous la manifeste en disant: Le Verbe tait la lumière, la vraie, qui illumine tout homme venant en ce monde 41.

Telle est donc la matière, tel est l’ordre, telle est la fin, tel est l’auteur de cet Evangile de Jean, que nous avons en main.
30. Jean 1, 1.
31. Jean 1, 3.
32. Jean 1, 14.
33. Jean 20, 31.
34. 1 Corinthiens 2, 11.
35. Mt 5, 8.
36. Cf. Ez 1, 10 et Ap 4, 7-8.
37. Jb 39, 27 et 29.
38. Jean 21, 20.
39. Jean 15, 15.
40. Job 36, 32-33. Saint Thomas lit ici, dans la Vulgate, immanibus au lieu de in manibus (dans ses mains). Lorsqu’il commente le Livre de Job, saint Thomas lit in manibus. Saint Grégoire le Grand et, à sa suite, la Glose et Hugues de Saint-Cher, donnent les deux interprétations. Voir SAINT GRÉG0IRE, Moralium lib. 27, eh. 14, PL 76, col. 414.
41. Jean 1, 9.





PROLOGUE DE SAINT JÉROME



Voici Jean l’Evangéliste, l’un des disciples du Seigneur: Dieu l’a choisi vierge et l’a appelé du milieu des noces alors qu’il voulait se marier.

L’Evangile donne un double témoignage de sa virginité: il a été aimé de Dieu plus que les autres et c’est à lui que le Seigneur, suspendu à la croix, confia sa Mère, afin que la Vierge fût gardée par un homme vierge.

Ensuite, l’Evangéliste montre clairement dans cet Evangile ce qu’il était lui-même lorsque, commençant à parler de l’oeuvre du Verbe incorruptible, il est seul à témoigner que le Verbe s’est fait chair et que les ténèbres n’ont pas étreint la lumière 1. Il montre encore ce qu’il était lui-même en plaçant au début de son Evangile le signe que fit le Seigneur au cours des noces, pour prouver au lecteur que là où le Seigneur a été invité, le vin des noces doit manquer, et que, une fois les réalités anciennes changées, toutes les réalités nouvelles instituées par le Christ apparaissent. Du reste, il écrivit cet Evangile en Asie, après avoir, dans l’île de Patmos, écrit l’Apocalypse. Ainsi, c’est par un homme vierge qu’aura été reconnue une fin incorruptible — par cette parole du Christ dans l’Apocalypse: "Je suis l’Alpha et l’Oméga" 2 — Celui à qui la Genèse, le premier livre de l’Ecriture, attribue un commencement incorruptible.

Tel est Jean. Lorsqu’il sut proche le jour de son départ, ayant réuni ses disciples à Ephèse, il leur manifesta le Christ par de nombreux signes, puis il descendit dans le lieu creusé pour sa sépulture et, après avoir prié, il fut déposé aux côtés de ses pères, aussi étranger aux douleurs de la mort qu’il fut exempt de la corruption de la chair.

Il écrivit son Evangile après tous les autres: c’était dû à cet homme vierge. Nous n’expliquerons pas en détail dans quel ordre il écrivit ses livres ni comment ils furent ordonnés, pour, après avoir donné le désir de savoir, laisser aux chercheurs le fruit du travail, et réserver à Dieu l’enseignement magistral.
1. Jean 1, 14 et 5.
2. Ap 1, 8.




Explication de ce prologue par saint Thomas

202

12. En faisant précéder cet Evangile d’un prologue, Jérôme a une double intention: décrire l’auteur de l’Evangile et montrer que c’est à lui qu’il revenait d’écrire ce livre.

Dans ce prologue, divisé en deux parties, il décrit d’abord la vie de Jean, puis sa mort [n° 201. Dans la première partie, il présente en premier lieu l’auteur de l’ouvrage par les dons qui lui furent accordés en cette vie; puis, à partir de là, il montre son aptitude à écrire l’Evangile [n° 16].

Pour présenter l’auteur, saint Jérôme commence par montrer ses privilèges; puis il en donne des preuves [n° 15].




VOICI JEAN L’EVANGELISTE L’UN DES DISCIPLES DU SEIGNEUR: DIEU L’A CHOISI VIERGE ET L’A APPELE DU MILIEU DES NOCES ALORS QU’IL VOULAIT SE MARIER.

13. L’auteur de l’Evangile est décrit ici en premier lieu par son nom: VOICI JEAN, c’est-à-dire: "en qui se trouve la grâce" — C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis 3, dit saint Paul. Puis il est désigné par son office: L’EVANGELISTE — selon ces paroles du Seigneur: Le premier je dirai à Sion: "Les voici"; et à Jérusalem je donnerai un Evangéliste 4. Puis par sa dignité: L’UN DES DISCIPLES DU SEIGNEUR — Tous vos fils, dit Isaïe, seront instruits par le Seigneur 5. En quatrième lieu par sa vertu de chasteté, lorsque Jérôme dit: VIERGE. Ensuite par le choix divin: DIEU L’A CHOISI. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, dit Jésus à ses Apôtres, c’est moi qui vous ai choisis 6. Enfin Jérôme présente Jean par la manière dont Jésus l’ap pela: IL L’A APPELE DU MILIEU DES NOCES, celles où le Christ fut invité avec ses disciples et où Il changea l’eau en vin.

14. On objectera sans doute que, d’après Matthieu 7, Jean fut appelé de sa barque avec son frère Jacques et ne fut donc pas appelé comme le dit Jérôme. A cela il faut répondre qu’il y eut diverses vocations des Apôtres. En effet, appelés en premier lieu à vivre dans l’intimité du Christ, ils furent ensuite appelés à devenir ses disciples quand, après avoir tout abandonné, ils suivirent Jésus. Ce que dit ici Jérôme, il faut l’entendre de la première vocation, par laquelle Jean fut appelé des noces l’intimité du Christ; et ce que dit Matthieu s’entend de la dernière vocation, celle où Jean fut appelé de sa barque avec son frère Jacques, c’est-à-dire quand, après avoir abandonné filets et barque, il suivit le Christ.
3. 1 Corinthiens 15, 10.
4. Isaïe 41, 27.
5. Isaïe 54, 13.
6. Jean 15, 16.
7. Mt 4, 18. 20.



L’EVANGILE DONNE UN DOUBLE TEMOIGNAGE DE SA VIRGINITE:

IL A ETE AIME DE DIEU PLUS QUE LES AUTRES ET C’EST A LUI QUE LE SEIGNEUR, SUSPENDU A LA CROIX, CONFIA SA MERE, AFIN QUE LA VIERGE FUT GARDEE PAR UN HOMME VIERGE.
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15. Jérôme prouve ici le privilège de la virginité de Jean par deux signes. D’abord par le signe du plus grand amour. A ce propos il dit: A son égard (il s’agit de Jean) L’EVANGILE — c’est-à-dire les paroles qui sont conte nues dans l’Evangile — DONNE UN DOUBLE TEMOIGNAGE DE SA VIRGINITE, parce qu’il y est dit que [a été aimé du Seigneur plus que les autres, lui, ce disciple qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites 8 Or la cause de cet amour tout spécial fut la pureté de Jean; la pureté en effet appelle l’amour. comme le dit l’Ecriture: Celui qui aime la pureté 4u coeur, à cause de la grâce répandue sur ses lèvres aura le roi pour ami 9.

Jérôme donne ensuite un second signe — le fait que Jésus confia sa mère à Jean — lorsqu’il dit: ET C’EST A LUI, c’est-à-dire à Jean, QUE LE SEIGNEUR Dieu, le Christ, alors qu’Il était SUSPENDU A LA CROIX, CONFIA SA MERE (comme Jean lui-même le rapporte dans son Evangile) 10, AFIN QUE LA VIERGE, Marie, FUT GARDEE, comme il convenait, PAR UN HOMME VIERGE, Jean.

III


ENSUITE L’EVANGELISTE MONTRE CLAIREMENT DANS CET EVANGILE CE QU’IL E TAIT LUI-MEME

LORSQUE, COMMENÇANT A PARLER DE L’OEUVRE DU VERBE INCORRUPTIBLE, IL EST SEUL A TE MOIGNER QUE LE VERBE S’EST FAIT CHAIR ET QUE LES TENEBRES N’ONT PAS ETREINT LA LUMIERE 11. IL MONTRE ENCORE CE QU’IL ETAIT LUI MEME EN PLAÇANT AU DEBUT DE SON EVANGILE LE SIGNE QUE FIT LE SEIGNEUR AU COURS DES NOCES, POUR PROUVER AU LECTEUR QUE LA OU LE SEIGNEUR A ETE INVITE, LE VIN DES NOCES DOIT MANQUER, ET QUE, UNE FOIS LES REALITES ANCIENNES CHANGEES, TOUTES LES REALITES NOUVELLES INSTITUEES PAR LE CHRIST APPA RAISSENT. DU RESTE, IL ECRI VIT CET EVANGILE EN ASIE, APRES AVOIR, DANS L’ILE DE PATMOS, ECRIT L’APOCALYPSE. AINSI, C’EST PAR UN HOMME VIERGE QU’AURA ETE RECONNUE UNE FIN INCORRUPTIBLE — PAR CETTE PAROLE DU CHRIST [L’APOCALYPSE]: "JE SUIS L’ALPHA ET L’OMEGA" — A CELUI A QUI LA GENESE, LE PREMIER LIVRE DE L’ECRITURE, ATTRIBUE UN COMMENCEMENT INCORRUPTIBLE.
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16. Jérôme montre ici qu’il revenait à Jean d’écrire cet Evangile, pour trois raisons.

La première concerne le commencement de son Evangile. Celui-ci commence en effet en parlant du Verbe incorruptible, dont il ne convient pas de parler à moins d’être incorrompu. C’est pour cette raison que Jérôme dit: L’EVANGELISTE MONTRE CLAIREMENT CE QU’IL ETAIT LUI-MEME, c’est-à-dire vierge incorruptible, LORSQUE COMMENÇANT A PARLER DE L’OEUVRE DU VERBE INCORRUPTIBLE, IL EST SEUL A TEMOIGNER QUE LE VERBE S’EST FAIT CHAIR ET QUE LES TENEBRES N’ONT PAS ETREINT LA LUMIERE.
8. Jean 21, 24.
9. Prov 22, 11.
10. Jean 19, 27.
11. Jean 1, 14 et 5.


17. La seconde concerne le début des miracles. Jean commence en effet le récit des miracles successifs du Seigneur par celui du changement de l’eau en vin pendant des noces 12 où le vin manqua, mais où le Christ substitua un vin nouveau, celui de la virginité. A ce propos Jérôme dit: EN PLAÇANT LE SIGNE, c’est-à-dire le miracle, QUE FIT LE SEIGNEUR AU COURS DES NOCES, au début de son Evangile, c’est-à-dire avant les autres miracles, IL MONTRE ENCORE CE QU’IL ETAIT LUI-MEME, c’est-à-dire un homme vierge, POUR PROUVER AU LECTEUR QUE LA OU LE SEIGNEUR A ETE IN VITE, LE VIN DES NOCES, c’est-à-dire le plaisir du mariage, DOIT MANQUER, ET QUE, UNE FOIS LES REALITES ANCIENNES CHANGEES, c’est-à-dire l’eau antique transformée en vin nouveau, TOUTES LES REALITES NOUVELLES INSTITUEES PAR LE CHRIST APPARAISSENT, c’est-à-dire que les hommes convertis au Christ doivent dépouiller le vieil homme et revêtir l’homme nouveau, comme le dit l’Apôtre 13 et comme le montrent ces paroles de l’Apocalypse: Et Celui qui était assis sur le trône dit" Voici, je fais toutes choses nouvelles" 14.

18. Cependant, d’après ce que dit Jérôme: LA OU LE SEIGNEUR A ETE INVITE, LE VIN DES NOCES DOIT MANQUER, il semble que quiconque a Dieu et l’ai me doive s’abstenir du mariage et qu’il n’est pas permis de se marier. Je réponds en disant que l’homme est invité par Dieu de deux façons: ou bien selon la grâce commune, et alors il n’est pas nécessaire que manque le vin des noces; ou bien il est invité au faîte particulier de la contemplation dans ce cas le vin des noces doit manquer. L’Apôtre en donne la raison: C’est, dit-il, qu’une femme mariée cherche à plaire à son mari — elle est donc nécessairement empêchée de contempler — au contraire la femme non mariée cherche comment plaire à Dieu 15.
12. Jean 2, 1-11.
13. Col 3, 1.
14. Ap 21, 5.
15. 1 Corinthiens 7, 34.


On peut dire aussi que pour ceux qui aiment Dieu et L’ont en eux par la grâce, le vin des noces doit manquer quant à ses effets, je veux dire qu’ils ne doivent pas s’enivrer du plaisir de la chair. Celui-ci peut en effet atteindre de telles proportions, et s’exercer avec tant de violence, que même entre époux il peut devenir un péché mortel.

19. La troisième raison concerne le rang de rédaction de ce livre. En effet, c’est après tous les autres livres canoniques que cet Evangile a été écrit. Sans doute les livres canoniques commencent par la Genèse et s’achèvent par l’Apocalypse, mais cet Evangile fut rédigé à la prière des évêques d’Asie après que Jean eut été appelé de l’île de Patmos. Cependant on ne plaça pas cet Evangile au terme des livres canoniques, bien qu’il ait été écrit en dernier lieu, ce qui fait dire à Jérôme qu’il convenait bien à Jean d’écrire cet Evangile (comme on l’a dit plus haut) afin que, dans l’Apocalypse, dernier livre selon l’ordre du canon de l’Ecriture (mais non selon l’ordre de rédaction), UN HOMME VIERGE ait reconnu UNE FIN INCORRUPTIBLE A CELUI A QUI LA GENE SE, PREMIER LIVRE DE L’ECRITURE, ATTRIBUE UN COMMENCEMENT INCORRUPTIBLE — elle dit en effet: Au commencement Dieu créa le ciel et la terre 16
16. Gn 1, 1.



IV


TEL EST JEAN. LORSQU’IL SUT PROCHE LE JOUR DE SON DEPART,

AYANT REUNI SES DISCIPLES A EPHESE, IL LEUR MANIFESTA LE CHRIST PAR DE NOMBREUX SIGNES, PUIS IL DESCENDIT DANS LE LIEU CREUSE POUR SA SEPULTURE ET, APRES AVOIR PRIE, IL FUT DEPOSE AUX COTES DE SES PERES, AUSSI ETRANGER AUX DOULEURS DE LA MORT QU’IL FUT EXEMPT DE LA CORRUPTION DE LA CHAIR.
205
20. Ici Jérôme désigne l’auteur du dernier Evangile en faisant l’éloge di privilège de sa mort, avant de conclure, de tout ce qui précède, au bien fondé de la place de cet Evangile [n° 22].

21. Le privilège de la mort de Jean est admirable et extraordinaire, puisqu’il n’y ressentit aucune douleur. Cela, Dieu l’a fait pour que celui qui demeura totale ment étranger à la corruption de la chair fût exempt de la douleur de la mort.

V


IL ECRIVIT SON EVANGILE APRES TOUS LES AU TRES:

C’ETAIT DU A CET HOMME VIERGE. NOUS N’EXPLIQUERONS PAS EN DETAIL DANS QUEL ORDRE IL ECRIVIT SES LIVRES NI COMMENT ILS FURENT ORDONNES, POUR, APRES AVOIR DONNE LE DESIR DE SAVOIR, LAISSER AUX CHERCHEURS LE FRUIT DU TRAVAIL, ET RESER VER A DIEU L’ENSEIGNEMENT MAGISTRAL.
206
22. Jérôme souligne ici qu’il convenait que Jean écrivît son Evangile en dernier lieu. [Il indique aussi que,] dans les livres de la Sainte Ecriture, on peut considérer deux ordres celui de l’époque de leur rédaction et celui de leur place dans la Bible.



CHAPITRE I, Le Verbe s'est fait chair

1
(
Jn 1)



[1] 1 Dans le Principe était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. 2 Il était dans le Principe auprès de Dieu.

[2] Tout a été fait par Lui, et sans Lui rien n’a été fait. 4 qui a été fait en Lui était vie.

[3] Et la vie était la lumière des hommes, la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas étreinte.

[4] 6 Il y eut un homme envoyé de Dieu; son nom était Jean. Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. 8 Il n’était pas la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière.

[5] Il était la lumière, la vraie, qui illumine tout homme venant en ce monde. 10 Il était dans le mon de, et le monde a été fait par Lui. Et le monde ne L’a pas connu.

[6] 11 Il est venu chez Lui, et les siens ne L’ont pas reçu. 2 à tous ceux qui L’ont reçu, Il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, 13 ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu.

[7] 14 Et le Verbe s’est fait chair, et Il a habité parmi nous.

[8] Nous avons vu sa gloire, gloire qu’Il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.

[9] 15 Lui rend témoignage, et il crie Voici Celui dont j’ai dit: Celui qui vient après moi est passé avant moi, parce qu’avant moi Il était.

[10] 16 Et de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce sur grâce. 17 Parce que la Loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

[11] 18 Personne n’a jamais vu Dieu; le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui, L’a fait connaître.

[12] Et voici quel fut le témoignage de Jean lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander: "Qui es-tu?" Il confessa, il ne nia pas, il confessa: "Je ne suis pas le Christ" Ils lui demandèrent: "Quoi donc? Es-tu Elie?" Il dit" Je ne le suis pas". " Es-tu le Prophète?" Il répondit" Non". Ils lui dirent alors" Qui es-tu, que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés? Que dis-tu de toi-même?"" Je suis, déclara-t-il, la voix de celui qui crie dans le désert Rendez droit le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe

[13] 24 Les envoyés étaient des Pharisiens. Ils l’interrogèrent et lui dirent: "Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Elie, ni le Prophète?" Jean leur répondit" Moi, je baptise dans l’eau; au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas. 27 Il est Celui qui doit venir après moi, qui existait avant moi, et moi je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure". 28 Cela se passait à Béthanie, au delà du Jourdain, où Jean baptisait.

[14] Le lendemain, Jean vit Jésus venir à lui, et il dit" Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui qui enlève les péchés du monde. 30 C’est Celui dont j’ai dit un homme vient après moi, qui est passé devant moi, car avant moi il était. 31 Et moi je ne le connaissais pas, mais c’est pour qu’Il fût manifesté à Israël que je suis venu baptiser dans l’eau". Et Jean rendit témoignage: "J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et Il est demeuré sur Lui. 3° Et moi je ne Le connaissais pas; mais Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit: Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est Lui qui baptise dans l’Esprit Saint. Et moi j’ai vu, et j’ai attesté que c’est Lui le Fils de Dieu

[15] Le lendemain, de nouveau Jean se tenait là avec deux de ses disciples. Fixant son regard sur Jésus qui passait, il dit" Voici l’Agneau de Dieu".

Les deux disciples l’entendirent parler ainsi, et ils suivirent Jésus. Jésus se retourna, les vit qui Le suivaient et leur dit: "Que cherchez-vous?" Ils Lui répondirent" Rabbi (ce qui signifie Maître), où habites-tu?"  "Venez et voyez", leur dit-Il. Ils vinrent donc et virent où Il demeurait, et ils demeurèrent auprès de Lui ce jour-là. C’était environ la dixième heure. ° André, frère de Simon-Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et avaient suivi Jésus. 4111 trouva d’abord son frère Simon et lui dit: "Nous avons trouvé le Messie" (ce qui signifie le Christ). Et il l’amena à Jésus. Fixant sur lui son regard, Jésus dit: "Tu es Simon, fils de Jean; tu t’appelleras Céphas" (ce qui signifie Pierre).

[16] Le lendemain, Jésus, voulant partir pour la Galilée, trouve Philippe et lui dit: "Suis-moi". Philippe était de Bethsaïde, la ville d’André et de Pierre. Philippe trouva Nathanaël et lui dit: "Celui dont il est parlé dans la Loi de Moïse et dans les prophètes, nous L’avons trouvé; c’est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth". Nathanaël lui dit: "De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon?" — "Viens et vois" lui dit Philippe. Jésus vit Nathanaël qui venait à Lui et Il dit à son sujet: "Voici un véritable Israélite, un homme sans artifice". — " D’où me connais-tu?" Lui dit Nathanaël. — "Avant que Philippe t’appelât, répondit Jésus, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu". Nathanaël Lui répondit: "Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le Roi d’Israël". Il reprit: "Parce que je t’ai dit Je t’ai vu sous le figuier, tu crois; tu verras mieux encore". ' Et Il ajouta: "En vérité, en vérité je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. "




Thomas sur Jean