Thomas sur Jean 55

55 Jn 8,21-30


21 Jésus leur dit donc de nouveau: " Moi je m’en vais, et vous me chercherez et vous mourrez dans votre péché. Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir. " Les Juifs disaient donc: "Va-t-il donc se tuer, pour qu’il dise: 'Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir’?" 2 Et il leur disait: "Vous, vous êtes d’en bas, moi, je suis d’en haut. Vous, vous êtes de ce monde, moi je ne suis pas de ce monde. 24 vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés. Si en effet vous ne croyez pas que moi je suis, vous mourrez dans votre péché. " Ils lui disaient donc: "Toi, qui es-tu?"Jésus leur dit: "Le principe, moi qui vous parle. 2 beaucoup à dire sur vous, et à juger; mais celui qui m’a envoyé est véridique. Moi, ce que j’ai entendu de lui, c’est ce que je dis dans le monde. " Et ils ne connurent pas qu’il parlait de son Père, Dieu. 28 leur dit donc: "Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez que Moi je Suis, et que de moi-même je ne fais rien; mais comme le Père m’a enseigné, c’est cela que je dis. 29 Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul parce que moi, ce qui lui plaît, je le fais toujours. " 30 Comme il disait cela, beaucoup crurent en lui.

1165. Après avoir manifesté à son sujet le privilège de la lumière [n° 1146], le Seigneur manifeste ici l’effet de la lumière, qui est de libérer des ténèbres.

Il montre d’abord qu’eux-mêmes sont retenus dans les ténèbres, puis il enseigne le remède par lequel ils pourraient en être libérés [n° 1172].



I

JÉSUS LEUR DIT DONC DE NOUVEAU: "MOI JE M’EN VAIS, ET VOUS ME CHERCHEREZ, ET VOUS MOURREZ DANS VOTRE PÉCHÉ. LÀ OÙ MOI JE VAIS, VOUS, VOUS NE POUVEZ VENIR"

D’abord le Seigneur prédit son départ [n° 1166]; il montre ensuite le zèle pervers des Juifs [n° 1167], et enfin leur perdition [n° 1168].

MOI JE M’EN VAIS

1166. Le Seigneur dit ici que son départ se fera par la mort, par où il donne deux choses à entendre: d’abord, qu’il meurt volontairement, c’est-à-dire comme allant de lui-même, et non conduit par un autre — Je vais vers celui qui m’a envoyé 1. — Personne ne m’enlève la vie, mais je la dépose de moi-même 2. Ce passage se rattache donc à juste titre à ce qui pré cède. L’Evangéliste a dit en effet: Personne ne se saisit de lui. Et pourquoi? Parce qu’il s’en va de lui-même, c’est-à-dire volontairement. Ensuite, il montre que sa mort était une sorte de départ vers le lieu d’où il était venu et d’où il ne s’était pas éloigné 3: en effet, de même qu’on passe de quel que part pour aller plus loin, ainsi le Christ, par la mort, est parvenu à la gloire de l’exaltation — Il s'est fait obéissant jus qu'à la mort, et la mort de la croix; c’est pourquoi Dieu l’a exalté… 4 Jésus, sachant (...) qu’il est sorti de Dieu et qu’il s'en va vers Dieu... 5
1. Jean 16, 5.
2. Jean 10, 18 ss.


1167. Le zèle pervers des Juifs est montré dans leur recherche mensongère du Christ: VOUS ME CHERCHEREZ. Certains en effet cherchent le Christ avec piété 6 et par amour, et cette recherche est source de vie — Cherchez le Seigneur, et votre âme vivra 7. Mais ceux-là le cherchent d’une manière impie, par haine, pour le persécuter — ils me faisaient violence, ceux qui recherchaient mon âme 8. Et aussi, il dit VOUS ME CHERCHEREZ, c’est-à-dire en me poursuivant après ma mort dans ma réputation: Nous nous sommes souvenus que ce séducteur a dit, alors qu'il vivait encore: Après trois jours je ressusciterai 9; et de même dans mes membres: Saul, Sau4 pourquoi me persécutes-tu? 10

1168. Et la mort résulte de cette recherche-là; c’est pourquoi il expose ensuite quelle est leur perdition; il la leur annonce en disant ET VOUS MOURREZ DANS VOTRE PECHE. Il annonce d’abord la perdition qui consiste à être condamné à mourir [n° 1169], puis celle qui consiste à être exclu de la gloire [n° 1170].

1169. Il leur dit donc: Parce que vous me cherchez d’une manière fausse, VOUS MOURREZ DANS VOTRE PÉCHÉ c’est-à-dire en y demeurant jusqu’au bout 11. Ce qui peut être compris d’une première façon, comme s’agissant de la mort corporelle; et ainsi meurt dans ses péchés celui qui y persévère jusqu’à sa mort. Ainsi, en disant VOUS MOURREZ DANS VOS PECHES, il met en évidence leur obstination — Il n'en est pas qui se repente de son péché en disant: qu’ai-je fait? 12 — ils sont descendus aux enfers avec leurs armes 13.

Cela peut aussi être compris comme s’agissant de la mort du péché, dont il est dit: La mort des pécheurs est très mauvaise 14. Et de même que la maladie précède la mort corporelle, de même une certaine maladie précède cette mort-là. En effet, aussi longtemps que le péché est guérissable, alors il est comme une maladie — Aie pitié de moi, Seigneur, parce que je suis malade 15. Mais lorsqu’on ne peut plus y remédier, soit de manière absolue, comme après cette vie, soit à cause du péché lui-même, le péché contre l’Esprit Saint, alors il cause la mort: Il y a un péché qui conduit à la mort 16. Et en ce sens, le Seigneur leur annonce que la maladie de leur péché conduit à la mort 17.
3. Cf. SAINT AUGUSTIN, Tract, in Ioann., XXXVIII, 2, p. 338.
4. Phi 2, 8.
5. Jean 13, 3.
6. Cf. ch. 7, n° 1067 et la note 113; sur la pietas, voir également le commentaire du Pater par saint Thomas, n° 1051 (Opuscula theologica II, p.
7. Ps 68, 7.
8. Ps 37, 13.
9. Mt 27, 63.
10. Ac 9, 4.
11. Ce paragraphe est suggéré par le commentaire d’Origène (XIX, XIII-xIv, § 84, pp. 97-99).
12. Jr 8,6.
13. Ez 32, 27.
14. Ps 33, 22. Saint Thomas commente: "Le psalmiste expose ici quel est l’effet de la Providence divine sur les méchants (...). II s’agit de la mort corporelle ou spirituelle. La mort corporelle est certes très mauvaise pour les méchants, parce qu’ils sont envoyés dans un lieu très mauvais — Le riche mourut, et il fut enseveli en enfer (Lc 16,22). De même, parce qu’ils perdent l’espérance de la grâce, après la mort — Pour l’homme impie qui meurt, il n'aura plus d’espérance (Pr 11,7). Donc, la mort des pécheurs est très mauvaise, parce qu’ils meurent dans leur corps et dans leur âme. La mort spirituelle — Lève-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts, et sur toi luira le Christ (Ep 5,14) — est aussi très mauvaise. La mort est en effet la privation de la vie. La mort est donc d’autant plus mauvaise qu’elle prive de quelque chose de meilleur. Or la mort spirituelle prive l’âme de la vie de la grâce, qui est la meilleure, parce qu’elle est une vie par Dieu (per Deum) — Celui qui adhère à Dieu n'est qu’un esprit avec lui (1 Corinthiens 6, 17). La mort spirituelle est donc très mauvaise" (Expos. in Ps 33, n° 20).
15. Ps 6, 3.
16. 1 Jean 5, 16.
17. Cf. Jean 11, 4.




[lb] LÀ OÙ MOI JE VAIS, VOUS, VOUS NE POUVEZ VENIR.

1170. Il montre ici la perdition qui consiste à être exclu de la gloire. Le Seigneur s’en va, et eux aussi s’en vont par la mort; mais le Seigneur s’en va sans péché, eux par contre avec leurs péchés, parce qu’ils meurent dans leur péché, et c’est pourquoi ils ne parviennent pas à la vision dela gloire qui appartient au Père. C’est pourquoi il dit: LA OUMOIJE VAIS de mon propre mouvement par ma Passion, c’est-à-dire vers le Père et vers sa gloire, VOUS, VOUS NE POUVEZ VENIR, parce que vous ne le voulez pas. En effet, s’ils l’avaient voulu, et qu’ils ne l’aient pas pu, il ne leur dirait pas avec raison VOUS MOURREZ DANS VOS PECHES 18.

1171. Il y a deux raisons pour lesquelles on peut être dans l’impossibilité d’aller là où va le Christ.

Une raison d’opposition, et tel est l’état d’impossibilité des pécheurs: c’est de cela qu’on parle ici. Pour cela, il dit d’une manière absolue à ceux qui persévèrent dans leur péché: LA OU MOI JE VAIS, VOUS, VOUS NE POUVEZ VENIR — L'orgueilleux n'habitera pas au milieu de ma maison 19— On l’appellera la voie sainte, et nul impie n'y passera 20— Qui séjournera sous ta tente? 21 Qui se tiendra dans son lieu saint? L'homme aux mains innocentes, au coeur pur 22.

Une raison d’imperfection, ou d’opposition virtuelle, et tel est l’état d’impossibilité des justes, aussi longtemps qu’ils sont dans leur corps — Aussi longtemps que nous sommes dans un corps, nous cheminons loin du Seigneur 23. Et à ces hommes, le Seigneur ne dit pas d’une manière absolue LA OU MOI JE VAIS, VOUS, VOUS NE POUVEZ VENIR, mais il ajoute une détermination dans le temps: Là où je vais, vous ne pouvez me suivre pour le moment 24.
18. Cf. ORIGÈNE, Comm. sur S. Jean, XIX, x § 70, p. 91.
19. Ps 100, 7.
20. Isaïe 35, 8.
21. Ps 14, 1.
22. Ps 23, 4.
23. 2 Co 5, 6.
24. Jean 13, 37.



II

1172. L’Évangéliste parle ensuite du remède par lequel les Juifs pourraient être libérés des ténèbres. En premier lieu, il expose le remède nécessaire pour échapper aux ténèbres, puis il en montre l’efficacité [n° 1194].

Pour montrer quel est l’unique remède qui doit les tirer des ténèbres, il expose l’occasion des paroles du Christ [n° 1173], puis les paroles qui sont cause de l’action du remède en eux [n° 1174].

Ensuite, l’Evangéliste montrera les raisons de prendre jusqu’au bout ce remède [n° 1180] et annoncera enfin le moyen d’y parvenir [n° 1190].

LES JUIFS DISAIENT DONC: "VA-T-IL DONC SE TUER, POUR QU’IL DISE: lÀ OÙ MOIJE VAIS, VOUS, VOUS NE POUVEZ VENIR?" ET IL LEUR DISAIT: "VOUS, VOUS ÊTES D'EN BAS, MOI, JE SUIS D'EN HAUT VOUS, VOUS ÊTES DE CE MONDE, MOI JE NE SUIS PAS DE CE MONDE. JE VOUS AI DONC DIT QUE VOUS MOURREZ DANS VOS PÉCHÉS. SI ENEFFE T VOUS NE CROYEZ PAS QUE MOI JE SUIS, VOUS MOURREZ DANS VOTRE PÉCHÉ. "

1173. L’occasion des paroles du Christ se fonde sur la [n° personne ou l’intelligence des Juifs. En effet, comme ils étaient soumis à la chair, ils comprenaient les paroles du Seigneur: LA OU MOI JE VAIS, VOUS, VOUS NE POUVEZ VENIR, en fonction de leurs préoccupations terrestres — L’homme naturel ne perçoit pas ce qui est de l’Esprit de Dieu 25. C’est pour cela que les Juifs disent VA-T-IL DONC SE TUER, ce qui est assurément, selon Augustin 26, une opinion insensée. En effet, pouvaient-ils venir là où le Christ s’en allait s’il s’était tué lui-même? Ils le pouvaient certes, en se donnant eux-mêmes la mort. Ainsi donc, la mort n’était pas le terme vers lequel le Christ s’en allait, mais le chemin par lequel il allait vers le Père. C’est pourquoi le Christ ne dit pas qu’il leur serait impossible d’aller à la mort, mais que par la mort il leur serait impossible d’aller là où, par elle, lui serait exalté, c’est-à-dire à la droite de Dieu.

Mais, selon Origène 27, les Juifs ne disent peut-être pas cela sans raison. Ils savaient en effet, d’après les traditions, que le Christ devait mourir volontairement, comme il l’a dit lui-même: Personne ne m’enlève la vie, mais je la dépose de moi-même 28. Les Juifs tenaient cela tout particulièrement d’Isaïe: Pour celui qui a livré son me à la mort, je donnerai beaucoup et il partagera le butin des puissants 29. Donc, parce qu’ils se doutaient bien que jésus était le Christ, lorsque celui-ci eut dit: MOI JE M’EN VAIS, ils avancèrent cette opinion, selon laquelle il se livrerait volontairement à la mort. Mais ils le font d’une manière outrageuse, en disant: VA-T-IL DONC SE TUER? Sinon, ils auraient dit: son âme va-t-elle donc s’échapper en abandonnant son corps, quand il lui plaira, ce que nous, nous ne pouvons pas faire? Et c’est pour cela qu’il dit: LA OU MOI JE VAIS, VOUS, VOUS NE POUVEZ VENIR.
25. 1 Corinthiens 2, 14; cf. n°432, note 20 (vol. II, p. 31).
26. Tract. in Ioann., XXXVIII, 3, p. 339.


1174. Le Christ [poursuit en] exposant quel est le remède qui doit les libérer des ténèbres; il invoque d’abord son origine, et la leur [n° 1175]; puis il en tire les conclusions pour son propos [n° 1177].


ET IL LEUR DISAIT: VOUS, VOUS ÊTES D’EN BAS, MOI, JE SUIS D’EN HAUT VOUS, VOUS ÊTES DE CE MONDE, MOI JE NE SUIS PAS DE CE MONDE.

1175. Il distingue son origine de la leur de deux manières. D’abord, lui-même est d’en haut, alors que ceux-là sont d’en bas. Ensuite, ceux-là sont de ce monde, dont le Christ n’est pas. Comme le dit Origène 30, autre chose est d’être d’en bas, autre chose d’être de ce monde; car en haut et en bas sont des différences dans l’ordre du lieu. Donc, de peur que par "en haut", ils n’entendent qu’il est d’une partie supérieure de ce monde, le Christ dit qu’il n’est pas de ce monde. Cela revient à dire: je suis d’en haut, d’une façon telle que je suis totalement au-delà de ce monde.

1176. Certes, il est manifeste qu’eux sont de ce monde et d’en bas. Par contre, que le Christ soit d’en haut, et non de ce monde, il faut bien comprendre en quel sens.

En effet certains, comme les Manichéens 31, émettant la théorie selon laquelle toutes les réalités visibles sont créées par le diable, dirent que le Christ, même quant à son corps, n’est pas de ce monde visible, mais du monde d’une autre création, le monde invisible. Valentin 32 aussi, prenant cette parole d’une manière erronée, a dit que le Christ avait assumé un corps céleste. Mais ici il est clair que cela n’est pas la vraie compréhension, parce que le Seigneur dit aux Apôtres eux-mêmes: Vous n’êtes pas de ce monde 33. Il faut donc dire que cette parole peut être entendue du Christ en tant que Fils de Dieu, et en tant qu’homme 34. En effet le Christ, en tant que Fils de Dieu, est d’EN HAUT: Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde 35. Et de cette manière, il n’est pas de ce monde sensible, qui est celui des réalités sensibles; mais il est du monde spirituel, qui est dans la pensée de Dieu, parce qu’il est lui-même le Verbe de Dieu, en tant qu’il est la sagesse souveraine. En effet tout a été créé dans la sagesse 36; c’est pourquoi il est dit du Christ: Le monde a été fait par lui 37.

En tant qu’il est homme, le Christ est d’en haut parce qu’il n’était pas attiré vers les choses de ce monde et les réalités les plus basses, mais vers celles d’en haut, dans lesquelles son âme demeurait — Notre conversation est dans les cieux. — Là où est ton trésor, là aussi est ton coeur 39. Au contraire ceux qui sont d’en bas ont l’origine la plus basse, et sont de ce monde parce qu’ils attachent leur coeur aux réalités terrestres — Le premier homme, tiré de la terre, est terrestre 40.
27. Comm. sur S. Jean, XIX, XVII, 104, p. 113 et XVIII, 113-114, p. 117.
28. Jean 10, 18.
29. Isaïe 53, 12.
30. Op. cit., XIX, XX, § 131-134, p. 127-129.
31. Voir vol. I, p. 124, note 22.
32. Voir vol. I, p. 123, note 20.
33. Jean 15, 19.
34. Saint Thomas reprend dans les explications qui suivent un long développement d’Origène (cf. op. cit. XIX, XX-XXII, § 127-150, pp. 125-13 9).
35. Jean 16, 28.
36. Ps 103, 24; cf. Pros 8, 22.
37. Cf. n° 136, vol. I, pp. 169-170.





JE VOUS AI DONC DIT QUE VOUS MOURREZ DANS VOS PÉCHÉS. SI EN EFFET VOUS NE CROYEZ PAS QUE MOI JE SUIS, VOUS MOURREZ DANS VOTRE PÉCHÉ.

1177. Le Christ conclut ici son propos: il explicite d’abord ce qu’il a dit au sujet de leur perdition [n° 1178], puis il leur montre le remède [n° 1179].

1178. Il faut savoir, à propos du premier point, que toute chose, dans son développement, suit la condition de son origine; ainsi les réalités qui ont une origine inférieure, si elles sont laissées à elles-mêmes, tendent naturellement vers le bas. Et rien ne tend naturellement vers le haut, si ce n’est ce qui a son origine en haut — Personne n'est monté au ciel, si ce n'est celui qui est descendu du ciel 41. Le Seigneur dit donc: Voici la raison pour laquelle LA OU MOI JE VAIS, VOUS, VOUS NE POUVEZ VENIR: comme vous êtes d’en bas, par vous-mêmes vous ne pouvez que tomber; ce que j’ai dit: VOUS MOURREZ DANS VOS PECHES, est donc vrai, à moins que vous n’adhériez à moi.
39. Mt 6, 21.
40. 1 Corinthiens 15, 47.
41. Jean 3, 13.


1179. Pour ne pas exclure totalement l’espérance du salut 42, le Christ expose quel est le remède en disant: SI EN EFFET VOUS NE CROYEZ PAS QUE MOI JE SUIS, VOUS MOURREZ DANS VOTRE PECHE; autrement dit: vous êtes nés dans le péché originel, dont vous ne pouvez être purifiés si ce n’est par la foi en moi, parce que SI VOUS NE CROYEZ PAS QUE MOI JE SUIS, VOUS MOURREZ. Et il dit SI VOUS NE CROYEZ PAS QUE MOI JE SUIS, et non pas "si vous ne croyez pas ce que je suis", pour rappeler ce qui a été dit à Moïse: Je suis celui qui suis 43; car être soi-même son être est le propre de Dieu. En effet, dans toute autre nature que la nature divine, l’être diffère de ce qui est, puisque toute nature créée participe son être de celui qui est "ce qui existe par sa propre essence", c’est-à-dire de Dieu lui-même, qui est à lui-même son être, de telle manière que son essence est son être. C’est pourquoi lui seul se dénomme par l’être C’est pour cela que le Christ dit SI VOUS NE CROYEZ PAS QUE MOI JE SUIS, c’est-à-dire que je suis vraiment Dieu, qui a l’être par essence, VOUS MOURREZ DANS VOTRE PECHE.

II dit aussi QUE MOI JE SUIS pour montrer son éternité. En effet, dans toutes les réalités qui commencent, il y a une capacité de changement et une puissance au non-être, et par conséquent un passé et un futur: et pour cela, il n’y a pas en elles l’être véritable, c’est-à-dire par soi Mais en Dieu, il n’y a aucune puissance au non-être, ni un être qui commence, et c’est pourquoi il est à soi-même son être, ce qui est désigné proprement par le temps présent 46.
38. Phi 3, 20. Saint Thomas commente: "Notre conversation est dans les cieux, c’est-à-dire: elle est établie parfaitement par la contemplation. (...) De même par la volonté aimante (affectio), parce que nous aimons de préférence (diligimus) les seules réalités célestes. De même par notre activité, en laquelle se trouve une représentation céleste. (...) Mais pourquoi notre conversation est-elle là? Parce que c’est de là que nous attendons le secours le meilleur — J’ai levé les yeux vers les montagnes; d’où le secours me viendra-t-il? (Ps 120,1)" (Ad Phil. lect., III, leç. 3, n°’ 143-144). Nous avons traduit littéralement le mot conversatio qui signifie un rapport habituel et intime entre plusieurs personnes.
42. Cette remarque provient de saint Augustin (Tract, in Ioann., XXXVIII, 7, p. 341, 1. 8).
43. Ex 3, 14.
44. Voir Somme théologique, I, q. 3, a. 4, et q. 13, a. 11.
45. Saint Augustin a cette expression: "Res enim quaelibet (...) si mutabilis est, non vere est; non enim est ibi verum esse, ubi est et non esse "(op. cit., 10, p. 343, 11. 19-22); il est beau de voir la proximité de pensée et même de langage (sauf l’expression en puissance) entre les deux théologiens dans ce passage que saint Thomas reprend, en fait, à saint Augustin. Voir les expressions que l’on retrouve dans la Somme théologique, notamment I, q. 10.
46. Voir Somme théologique, I, q. 10.




LES RAISONS CONDUISANT À LA FOI






ILS LUI DISAIENT DONC: "TOI, QUI ES-TU?" JÉSUS LEUR DIT: "LE PRINCIPE, MOI QUI VOUS PARLE.

J’AI BEAUCOUP À DIRE SUR VOUS, ET À JUGER; MAIS CELUI QUI M’A ENVOYÉ EST VÉRIDIQUE: MOI, CE QUE J’AI ENTENDU DE LUI, C’EST CE QUE JE DIS DANS LE MONDE. "ET ILS NE CONNURENT PAS QU’IL PARLAIT DE SON PÈRE, DIEU.

1180. Ici, l’Évangéliste donne les raisons conduisant à la foi; il expose d’abord l’interrogation des Juifs [n° 1181], puis la réponse du Christ [n° 1182]; enfin, il montre l’aveuglement de leur intelligence [n° 1189].

1181. Parce que le Seigneur leur avait dit: SI VOUS NE CROYEZ PAS QUE MOI JE SUIS, il restait encore à demander qui il était; aussi lui disaient-ils TOI, QUI ES-TU? — Le pauvre a parlé et ils disent: qui es-tu? 47 Autrement dit: d’où es-tu, pour que nous devions te croire?

1182. Et lorsqu’il dit: LE PRINCIPE, MOI QUI VOUS PARLE 48, le Christ répond à leur interrogation en les amenant à croire; d’abord par la sublimité de sa nature [n° 1183], ensuite par son autorité en matière de justice [n° 1185], enfin par la vérité du Père [n° 1187].



LE PRINCIPE, MOI QUI VOUS PARLE.



1183. Certes, la sublimité de sa nature les conduit à [n° croire au Christ, car lui-même est le principe. En latin, le mot principium est du genre neutre: il y a donc un doute pour savoir, s’il est ici au nominatif ou à l’accusatif Mais en grec, ce mot est du genre féminin, et à cet endroit, il est à l’accusatif. C’est pourquoi, selon Augustin 49, il ne faut pas lire "Je suis principe", mais "Croyez-moi principe", pour ne pas mourir dans vos péchés.

Le Père aussi est dit principe. Certes, d’une première manière, le nom de principe est commun au Père et au Fils, en tant qu’ils sont un seul principe du Saint-Esprit par la spiration 50; et les trois personnes sont en même temps, par la création, principe des créatures. D’une autre manière, le nom de principe est propre au Père, en tant que le Père est principe du Fils par la génération éternelle. Cependant, nous ne disons pas qu’il y a plusieurs principes, de même que nous ne disons pas non plus qu’il y a plusieurs dieux — A toi le principe au jour de ta puissance 51. Ici, le Seigneur dit qu’il est principe par rapport à l’ensemble de la création: car ce qui est quelque chose par essence est principe et cause des réalités qui le sont par participation. Or lui-même est par essence, comme nous l’avons dit 52.

Mais parce que le Christ n’a pas seulement en lui la nature divine, mais aussi la nature humaine, il ajoute: MOI QUI VOUS PARLE. En effet, l’homme ne peut supporter directement la voix de Dieu, parce que, selon Augustin "les coeurs faibles ne peuvent entendre un verbe spirituel sans une voix sensible" 53. C’est pourquoi il est dit: Qui est l’homme, pour entendre la voix du Seigneur son Dieu? 54 Donc, pour que nous l’entendions directement, le Verbe divin a assumé la chair, comme instrument pour nous parler; c’est pourquoi il dit: MOI QUI VOUS PARLE, c’est-à-dire moi qui, m’étant fait humble à cause de vous, suis descendu jusqu’à vos pauvres paroles — Après avoir à bien des reprises et de bien des manières parlé jadis à nos pères par les prophètes, Dieu, en ces temps qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils 55.— Le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui l’a fait connaître 56, à vous.
47. Sir 13, 29.
48. Principium qui et loquor vobis;
49. ()p. cit., XXXVIII, 11, pp. 344-345.
50. Voir Somme théol., I, q. 36.
51. Ps 109, 4.
52. Cf. n° 1179.
53. Loc. cit., p. 345, 11. 38-39.
54. Cf. Deut 5, 26 et Ex 20, 19.


1184. Ou bien, d’une autre manière, selon Chrysostome 57, il dit LE PRINCIPE afin de blâmer la lenteur d’esprit des Juifs. Car, encore endurcis après les nombreux signes qu’ils l’avaient vu accomplir, ils demandent au Seigneur: TOI, QUI ES-TU? Et c’est pourquoi Jésus répond MOI JE SUIS LE PRINCIPE, moi qui vous ai parlé dès le commence ment (a principio); autrement dit: vous n’avez pas besoin de continuer à chercher qui je suis, puisque cela devrait déjà être manifeste — Alors qu'avec le temps vous devriez être devenus des maîtres [des docteurs], vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les premiers éléments des paroles de Dieu 58.

1185. En second lieu, l’autorité du Christ en matière de justice les conduire à croire en lui; J’AI BEAUCOUP A DIRE SUR VOUS, ET A JUGER; autrement dit: j’ai l’autorité pour vous juger.

Mais il faut savoir qu’autre chose est de nous parler, autre chose de parler à notre sujet. En effet, le Christ nous parle pour notre bien, c’est-à-dire pour nous attirer à lui; ainsi, tant que nous vivons, il nous parle en prêchant, en nous inspirant, et par des moyens de cette sorte. Et il parle à notre sujet, non pour notre bien, mais pour que soit manifestée sa justice; et c’est de cette façon qu’il parlera de nous au jugement futur; c’est dans ce sens-là qu’est pris ici J’AI BEAUCOUP A DIRE SUR VOUS.
55. He 1, 1.
56. Jean 1, 18.
57. In loannem hom., 53, ch. 1, col. 293.
58. He 5, 12.


1186. On lit cependant plus haut: Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde 59. À cela je réponds: autre chose est de juger, autre chose de pouvoir juger. Juger exprime l’acte du jugement; et cela ne convient pas au premier avènement du Seigneur, comme il l’a dit plus haut: Moi, je ne juge personne 60, c’est-à-dire au moment présent. Mais pouvoir juger exprime seulement la puissance de juger; et le Christ la possède: Le Père a remis tout jugement au Fils 61, lui qui a été établi par Dieu juge des vivants et des morts 62. Et c’est pourquoi il dit expressément: J’AI BEAUCOUP A DIRE SUR VOUS, ETA JUGER, mais lors du jugement à venir 63.

1187. La vérité du Père aussi amène à croire au Christ; MAIS CELUI QUI M’A ENVOYE EST VERIDIQUE; autre ment dit: le Père est véridique; or moi, je parle en harmonie avec lui; donc je dis des choses vraies, donc vous devez me croire. Il dit donc: CELUI QUI M’A ENVOYE, le Père, EST VERIDIQUE, non par participation, mais il est l’essence même de la vérité, et le Père de la vérité; autrement, le Fils, puisqu’il est la vérité elle-même, serait plus grand que le Père — Or Dieu est véridique 64. MOI, CE QUE J’AI ENTENDU DE LUI, non en l’entendant d’une manière sensible, mais en recevant de lui la connaissance par la génération éternelle, C’EST CE QUE JE DIS DANS LE MONDE. Il est dit au livre d’Isaïe aïe: Ce que j’ai entendu du Seigneur des armées, le Dieu d’Israël, je vous l’ai annoncé 65. Et le Fils ne peut rien faire de lui-même si ce n’est ce qu’il a vu faire au Père 66.

1188. Cette parole: CELUI QUI M’A ENVOYÉ EST VERIDIQUE peut se rattacher à ce qui précède de deux manières. Ou bien ainsi: je dis que J’AI SUR VOUS À JUGER, mais mon jugement sera vrai, parce que celui qui m’a envoyé est vérité — Le jugement de Dieu est selon la vérité 67.

Ou bien d’une autre manière, selon Chrysostome 68: je dis que J’AI SUR VOUS A JUGER, mais je le diffère, non par impuissance, mais pour obéir à la volonté du Père; car CELUI QUI M’A ENVOYE EST VERIDIQUE. C’est pour quoi, comme il a promis d’envoyer un sauveur et un défenseur, il m’envoie maintenant pour sauver; et moi, c’est parce que je ne dis que ce que j’ai entendu de lui, que je vous dis des paroles de salut.
59. Jean 3, 17.
60. Jean 8, 15; voir n° 1152.
61. Jean 5, 22; voir n°’ 765 et 768 (vol II, pp. 299-300 et 301-302).
62. Ac 10, 42.
63. En disant ici que le Christ n’exercera son pouvoir de juger qu’au jour du jugement dernier, saint Thomas s’inspire directement de saint Augustin (Tract. in Ioann., XXXIX, 6, p. 348).
64. Ro 3, 4.
65. Isaïe 21, 10.
66. Jean 5, 19.





ET ILS NE CONNURENT PAS QU’IL PARLAIT DE SON PÈRE, DIEU

1189. En disant cela, l’Évangéliste blâme la lenteur d’intelligence des Juifs; en effet, ils n’avaient pas encore les yeux du coeur ouverts, par lesquels ils auraient saisi l’égalité du Père et du Fils 69; et cela, parce qu’ils étaient soumis à la chair: L'homme naturel ne perçoit pas ce qui est de l'Esprit de Dieu 70.



LE MOYEN POUR PARVENIR À LA FOI.





JÉSUS LEUR DIT DONC: "QUAND VOUS AUREZ ÉLEVÉ LE FILS DE L’HOMME, ALORS VOUS CONNAÎTREZ QUE MOI JE SUIS,

ET QUE DE MOI-MÊME JE NE FAIS RIEN; MAIS COMME LE PÈRE M’A ENSEIGNÉ, C’EST CELA QUE JE DIS. ET CELUI QUI M’A ENVOYÉ EST AVEC MOI, ET IL NE M’A PAS LAISSÉ SEUL PARCE QUE MOI, CE QUI LUI PLAÎT, JE LE FAIS TOUJOURS. "COMME IL DISAIT CELA, BEAUCOUP CRURENT EN LUI.

1190. Ici, le Christ annonce d’abord le moyen par lequel les Juifs doivent parvenir à la foi, moyen qui est le remède sauvant de la mort. En premier lieu, il montre par quoi ils doivent venir à la foi [n° 1191], puis il enseigne ce qu’on doit croire de lui-même [n° 1192].

1191. Il dit donc qu’ils doivent parvenir à la foi par sa Passion: QUAND VOUS AUREZ ELEVE LE FILS DE L'HOMME, ce qui revient à dire: maintenant, vous ne con naissez pas que mon Père est Dieu; mais QUAND VOUS AUREZ ELE VE LE FILS DE L’HOMME, c’est-à-dire quand vous m’aurez attaché au bois de la croix, alors VOUS CONNAITREZ..., c’est-à-dire certains d’entre vous connaîtront par la foi — Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi 71. Selon Augustin, il mentionne la Passion de la croix pour donner l’espérance aux pécheurs, c’est-à-dire pour que personne, quelque crime qu’il ait commis, ne désespère par mauvaise conscience de lui-même, alors que ceux-là même qui ont crucifié le Christ sont libérés de leurs péchés par son sang 72. Car il n’existe aucun pécheur qui le soit au point de ne pouvoir être libéré par le sang du Christ.

Ou bien, selon Chrysostome 73, QUAND VOUS AUREZ ELEVE LE FILS DE L’HOMME, c’est-à-dire sur la croix, alors VOUS CONNAITREZ, c’est-à-dire vous pourrez connaître ce que je suis, non seulement par la gloire de ma Résurrection, mais aussi par le châtiment de votre captivité et de votre ruine.
71 Jean 12, 32. Saint Augustin commente ainsi: "Cela ne semble dire rien d’autre que ceci: les Juifs, après sa Passion, sauraient qui il était. "Le Christ voyait parmi la foule ceux qui alors croiraient en lui, ayant reçu l’Esprit Saint et vu les miracles réalisés au nom de celui qu’ils auraient crucifié et dont ils boiraient le sang du fait qu’ils croiraient en lui (Tract. in Jo., XL, 2P 350,1 2P 350,8 ss. ).
67. Ro 2, 2.
68. In Ioannem hom., 53, ch. 1, col. 293. Saint Thomas met davantage en valeur la référence indirecte du Christ à la volonté du Père, que ne le fait le texte de saint Jean Chrysostome.
69. C BÈDE, In S. Ioannis Evang. expos., in h. loc., PL 92, col. 746 A.
70. 1 Corinthiens 2, 14 (cf. note 25).
72. Ibid., p. 351.
73. In Ioannem hom., 53, ch. 2, col. 294. Là aussi, saint Thomas résume un développement de saint Jean Chrysostome.



QUE MOI JE SUIS, ET QUE DE MOI-MÊME JE NE FAIS RIEN; MAIS COMME LE PÈRE M’A ENSEIGNÉ C’EST CELA QUE JE DIS.

1192. En ce qui concerne ce qu’on doit croire de lui, il enseigne trois choses; d’abord, la majesté de la divinité, puis son origine à partir du Père, enfin son union indissoluble avec le Père.

Il enseigne la majesté de la divinité en disant: MOI JE SUIS; c’est-à-dire, j’ai en moi la nature de Dieu, et je suis celui-là même qui a parlé à Moïse en disant: Moi je suis celui qui suis 74.

Mais parce que l’être subsistant appartient à toute la Trinité, pour ne pas exclure la distinction des personnes il enseigne ensuite aux Juifs la foi en son origine à partir du Père en disant: ETDE MOI-MEME JE NE FAIS RIEN, MAIS COMME LE PERE M’A ENSEIGNE, C’EST CELA QUE JE DIS. Mais du fait que depuis le début il a réalisé des oeuvres et a enseigné 75, Jésus montre son origine à partir du Père, d’une part dans ce qu’il réalise, ET DE MOI-MEME JE NE FAIS RIEN — Le Fils ne peut rien faire de lui-même 76, et d’autre part dans ce qu’il enseigne: MAIS COMME LE PERE M’A ENSEIGNE, c’est-à-dire m’a donné la science en m’engendrant dans la connaissance. Parce que la nature de la vérité est simple, pour le Fils c’est la même chose de connaître et d’être; et ainsi, de même que le Père, en l’engendrant, a donné au Fils d’être, de même, en l’engendrant, il lui a donné de connaître — Mon enseignement n'est pas le mien 77.

Et pour qu’on ne comprenne pas qu’il a été envoyé d’auprès du Père comme s’il était distinct de lui, en troisième lieu il enseigne la foi en son union indissoluble avec le Père en disant: ET CELUI QUI M’A ENVOYE, c’est-à-dire le Père, EST AVEC MOI, d’une part par l’unité d’essence — Moi je suis dans le Père, et le Père est en moi 78-, d’autre part par une union d’amour — Le Père aime le Fils, et il lui montre tout ce qu’il fait 79. Ainsi, le Père a envoyé le Fils de telle manière qu’il ne s’est pas éloigné de lui: ET IL NE M’A PAS LAISSE SEUL, parce que son amour m’enveloppe. Mais bien que [du le point de vue de l’être] les deux soient inséparables, l’un cependant est envoyé (missus), et l’autre envoie: car l’Incarnation est une mission, et elle appartient seulement au Fils, et non au Père 80.

ET IL NE M’A PAS LAISSÉ SEUL; Jésus le manifeste par un signe: PARCE QUE MOI, CE QUI LUI PLAIT, JE LE FAIS TOUJOURS. Cela n’est pas dit comme étant une cause de mérite, mais à titre de signe; cela revient à dire: le fait que moi JE FAIS TOUJOURS, sans commencement ni fin, CE QUI LUI PLAIT, est le signe qu’il est toujours avec moi et qu’il ne m’a pas laissé — J’étais avec lui, disposant toutes choses 81. Ou bien, d’une autre manière, IL NE M’A PAS LAISSE SEUL, c’est-à-dire en tant qu’homme, me protégeant PARCE QUE MOI, CE QUI LUI PLAIT, JE LE FAIS TOUJOURS. Et selon cette interprétation, ces paroles sont à entendre comme une cause de mérite.
74. Ex 3, 14.
75. Ac 1, 1.
76. Jean 5, 19.
77. Jean 7, 16. Citation de saint Augustin (Tract, in Ioann., XL, 5 P. 353, 11. 47-
53) que saint Thomas suit dans tout ce paragraphe.
78. Jean 14, 10.
79. Jean 5, 20.



COMME IL DISAIT CELA, BEAUCOUP CRURENT EN LUI

1193. L’Évangéliste expose ici l’effet de l’enseignement; ceux qui doutent se convertissent à la foi parce qu’ils ont entendu l’enseignement du Christ: La foi vient de ce qu’on entend, et on entend par une parole du Christ 82.



Jean 8, 31-50: LA VERITE VOUS RENDRA LIBRE

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Thomas sur Jean 55