Thomas sur Jean 21

21Jn 3,7-15



7 " Ne t’étonne pas que je t’aie dit: Il vous faut naître de nouveau. 6 Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais d’où il vient ni où il va: ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. " Nicodème répondit et Lui dit: "Comment cela peut-il se faire?" Il répondit et lui dit: "Tu es docteur en Israël et tu ignores ces choses? 11 Amen, amen je te le dis, nous parlons de ce que nous savons et nous témoignons de ce que nous avons vu; et notre témoignage, vous ne le recevez pas. 12 quand je vous parle des choses de la terre, vous ne croyez pas, quand je vous parlerai des choses du ciel, comment croirez-vous? 13 Et personne n’est monté au ciel, si ce n’est Celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est au ciel. 14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme, 15 que tout homme qui croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. "


£[7-8]" NE T’ETONNE PAS QUE JE T’AIE DIT: IL VOUS FAUT NAITRE DE NOUVEAU.

LE SOUFFLE SOUF FLE OU IL VEUT, ET TU ENTENDS SA VOIX, MAIS TU NE SAIS D’OU IL VIENT NI OU IL VA: AINSI EN EST-IL DE QUICONQUE EST NE DE L’ESPRIT. "

449. Le Seigneur a prouvé plus haut [n° 440] par un raisonnement [la nécessité de] la génération spirituel le; Il donne maintenant une image.

" NE T’ETONNE PAS QUE JE T’AIE DIT: IL VOUS FAUT NAITRE DE NOUVEAU. "

Ces paroles laissent entendre que Nicodème, à ces mots: CE QUI EST NE DE L’ESPRIT EST ESPRIT, fut pris d’un doute qui le troubla; voilà pourquoi le Seigneur lui dit: NE T’ETONNE PAS QUE JE T’AIE DIT: IL VOUS FAUT NAITRE DE NOUVEAU.

1.Spi ritus spirat, traduisant le grec pneûma pneî. Les mots spiritus et pneûma (comme le mot hébreu ruah) peuvent signifier à la fois le souffle, le vent et l’esprit. La traduction de spiritus par "souffle" dans ce verset de saint Jean n’est pas satisfaisante, la signification du mot français étant plus restreinte que celle du mot latin; elle permet cependant de ne pas opter d’emblée pour une interprétation, ce qui serait gênant puisque l’exégèse de saint Thomas (reprenant celle des Pères) va distinguer deux sens du mot spiritus.

Précisons ici qu’il y a deux sortes d’étonnement. L’un relève d’une attitude intérieure de religion: c’est l’étonnement de celui qui, considérant les merveilles de Dieu 2, reconnaît qu’elles sont pour lui incompréhensi bles, ce qui l’amène à s’étonner, à admirer Le Seigneur, dit le psalmiste, est admirable dans les hauteurs 3; et encore: Tes témoignages sont admirables 4. A cet éton nement il faut amener les hommes, plutôt que de les en détourner.

L’autre sorte d’étonnement relève de l’incrédulité; c’est [L'attitude de] celui qui, ne croyant pas ce qui lui est dit, s’étonne. C’est en ce sens qu’il est dit que [habitants de Nazareth, entendant Jésus enseigner dans leur synagogue,] étaient saisis d’étonnement devant son enseignement et se scandalisaient à son sujet 5.C’est cet étonnement que le Seigneur veut éviter à Nicodème en prenant une image.

"LE SOUFFLE SOUFFLE OU IL VEUT, ET TU EN-[8a] TENDS SA VOIX, MAIS TU NE SAIS D’OU IL VIENT NI OU IL VA. "

On peut, sans changer la teneur de ces paroles, les expliquer au sens littéral de deux manières.

450. Selon Chrysostome 6, le mot SOUFFLE désigne le vent, comme dans le psaume Souffles de tempête, qui accomplissez sa parole... . Selon cette interprétation, le Seigneur affirme quatre choses au sujet du vent. D’abord sa puissance: LE SOUFFLE SOUFFLE OU IL VEUT, c’est-à-dire: le vent souffle dans la direction qu’il veut. Et si l’on objecte que le vent n’a pas de volonté, il faut répondre que l’on parle ici de" vouloir" pour désigner un appétit naturel, qui n’est rien d’autre qu’une inclination naturelle. La" volonté" du vent est donc ici son inclination naturelle, dont il est dit: [Dieu] qui donna du poids aux vents 8. Le Seigneur men tionne ensuite un signe indiquant la présence du vent ET TU ENTENDS SA voix, autrement dit le bruit que fait le vent en heurtant un corps, et dont le psaume parle ainsi: Voix de ton tonnerre dans le tourbillon. Il parle ensuite de l’origine du vent, qui est cachée: MAIS TU NE SAIS D’OU IL VIENT, c’est-à-dire d’où il se lève [tire le vent de ses trésors 10. Il parle enfin du terme [son mouvement], qui est également caché: tu ne sais OU IL VA, c’est-à-dire jusqu’où il continue de souffler. Puis le Seigneur applique cette comparaison à ce qu’Il veut enseigner, en disant: AINSI EN EST-IL DE QUICONQUE EST NE DE L’ESPRIT. Autrement dit: Si le vent, qui est corporel, a une origine cachée, et si sa course ne peut être connue, comment t’étonnes-tu de ne pouvoir connaître le processus 11 de la régénération spirituelle?
2. Sir 18, 5; 2 Mac 3, 34; Ac 2, 11.
3. Ps 92, 4.
4. Ps 118, 129.
5. Mt 13, 54 et 57.
6. In loannem hom., 26, ch. 2, PG 59, col. 154-155.
7. Ps 148, 8.
8. Jb 28, 25.
9. Ps 76, 19.
10. Ps 134, 7.
11. Dans cette phrase, c’est le même mot latin, processus, qui est rendu en français par" course" (la course du vent) et" processus".


451. Cependant Augustin fait à cette interprétation l’objection suivante. En disant que LE SOUFFLE SOUFFLE OU IL VEUT, le Seigneur ne pensait pas au vent, car de n’importe quel vent nous savons D’OU IL VIENT et OU IL VA. Le vent du midi, en effet, vient du sud et va vers le nord; et, inversement, l’Aquilon va du nord au midi. Comment donc le Seigneur dirait-Il du vent corporel: TU NE SAIS D’OU IL VIENT NI OU IL VA? 12
12. Voir SAINT AUGUSTIN, Homélies sur l’Evangile de saint Jean (cité désormais sous l’abréviation Tract. in b.), XII, 7, BA 71, pp. 645-647.
Mais à cela on peut répondre que le principe du vent peut être connu de deux manières. En général, et de cette manière on sait D’OU IL VIENT, c’est-à-dire de quelle partie du monde: ainsi on sait que le vent du midi vient du sud; et OU IL VA vers le nord. En parti culier, et de cette manière on ne sait pas D’OU IL VIENT, c’est-à-dire de quelle région précise il se lève; ni OU IL VA, c’est. à-dire en quelle région précise du monde il s’ar rête. Presque tous les Pères grecs sont d’accord avec Chry sostome sur cette interprétation.


452. Selon l’autre explication [Littérale], le mot SOUFFLE désigne l’Esprit Saint, au sujet duquel le Christ affirme quatre choses. En premier lieu sa puis sance, lorsqu’Il dit: LE SOUFFLE [L'ESPRIT] SOUFFLE OU IL VEUT. Car c’est en vertu du libre arbitre de sa puissance qu’Il souffle OU IL VEUT et quand Il veut, en illuminant les coeurs des hommes — Tout cela [dit Paul en parlant des dons spirituels], c’est un seul et mê me Esprit qui l’opère, distribuant à chacun comme Il le veut 13 Par là est réfutée l’erreur de Macédonius 14, qui soutenait que l’Esprit Saint est le serviteur du Père et du Fils; en effet, [s'il l’était], Il ne soufflerait pas où Il veut, mais là où on Lui donnerait ordre de le faire.
13. 1 Corinthiens 12, 11.
14. Evêque de Constantinople de 342 à 359, Macédonius semble n’avoir commencé à faire figure d’hérésiarque qu’après sa mort, où saint Jérôme et le pape saint Damase, les premiers, lui attribuèrent la paternité de l’erreur soutenue par ceux qui furent appelés" macédoniens". L’enseignement des macédoniens se rapporte surtout à la personne du Saint-Esprit, à qui ils refusent de donner le titre de Dieu parce que nulle part l’Ecriture ne dit qu’Il est Dieu. L’Esprit Saint, pour eux, n’est donc pas Dieu, mais Il n’est pas non plus une créature comme les autres; Il occupe une position intermédiaire (et imprécise) entre Dieu et les créatures (voir VACANT et MANGENOT, Dictionnaire de théologie catholique, IX, col. 1464-1478).


453. Le Christ donne ensuite un signe indiquant [la présence] du Saint-Esprit, en disant: ET TU ENTENDS SA VOIX — Aujourd’hui [disait le psaume], si vous en tendez sa voix, n’endurcissez pas vos coeurs 15 Mais Chrysostome 16 fait ici une objection. Ces paroles, estime-t-il, ne peuvent s’entendre de l’Esprit Saint; car le Seigneur parlait avec Nicodème qui ne croyait pas encore et qui, de ce fait, n’était pas capable d’entendre la voix de l’Esprit Saint 18 Mais à cela il faut répondre, selon Augustin 19, en distinguant deux voix de l’Esprit Saint: l’une qui parle intérieurement, dans le coeur de l’homme, et que seuls les croyants et les saints entendent; c’est d’elle qu’il est question dans ce psaume: J’écouterai [ou j’entendrai] ce que dit en moi le Seigneur Dieu 20. L’autre par laquelle l’Esprit Saint parle dans l’Ecriture ou par la bouche des prédicateurs, selon ce qui est dit dans l’Evangile: Ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit de votre Père qui parle en 21 et cette voix-là, les incroyants et les pécheurs eux-mêmes l’entendent.

454. Le Christ, en troisième lieu, évoque l’origine de l’Esprit Saint, qui est cachée: TU NE SAIS D’OU IL VIENT, bien que tu entendes sa voix. Pourquoi cela? Parce qu’Il vient du Père et du Fils — Quand viendra le Paraclet que moi, je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père... . Or le Père et le Fils habitent une lumière inaccessible qu’aucun homme n’a vue ni ne peut voir 26.

455. Le Christ parle enfin du terme [de l’action] de l’Esprit, qui est certes caché — TU NE SAIS OU IL VA —, parce qu’il conduit à une fin cachée: la béatitu de éternelle. C’est pourquoi il est dit que l'Esprit Saint est le gage de notre héritage 24 et que l’oeil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu, le coeur de l’homme n’a pas conçu ce que Dieu a préparé pour ceux qui L’aiment. Ou encore, les paroles TU NE SAIS D’OU IL VIENT NI OU IL VA peuvent vouloir dire: Tu ne sais comment Il pénètre dans l’homme, ni à quelle perfection il le con duit. — S’Il vient à moi, je ne Le verrai pas 26.

"AINSI EN EST-IL DE QUICONQUE EST NE DE [8b] L’ESPRIT. "

456. Autrement dit: celui qui est né de l’Esprit est comme l’Esprit Saint. Et cela n’a rien d’étonnant, puis que, comme le Christ l’avait dit précédemment, ce qui est né de l’Esprit est esprit v. En effet, l’homme spirituel a en lui les propriétés de l’Esprit Saint, comme le charbon ardent a en lui celles du feu; et celui qui est né de l’Esprit Saint a en lui les quatre propriétés de l’Esprit dont on a parlé plus haut. Il possède en effet, en premier lieu, la liberté 28. Où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté, car l’Esprit du Seigneur conduit à ce qui est droit: Ton bon esprit me conduira dans une voie droite 29, et Il libère de l’esclavage du péché et de la loi — La loi de l’Esprit de vie qui est dans le Christ Jésus m’a libéré de la loi du péché et de la mort 30. En second lieu, il y a un signe qui dénote l’homme spirituel c’est sa voix, l’intonation de ses paroles: en l’entendant on reconnaît qu’il est spirituel — La bouche parle de l’abondance du coeur 31. Enfin, l’homme spirituel a une origine et une fin cachées, car nul ne peut le juger: L’homme spirituel juge de tout et n’est lui-même jugé par personne 32.

On peut dire encore que TU NE SAIS D’OÚ IL VIENT NI OU IL VA signifie: Tu ignores le principe de sa naissance spirituelle, qui est la grâce baptismale, et tu ne sais pas de quoi il est rendu digne, c’est-à-dire la vie éternelle, qui t’est encore cachée.
15. Ps 94, 8.
16. In loannem hom., loc. cit., col. 155.
17. Il s’agit ici de la foi plénière, la foi dans le Christ.
18. Cf. ORIGÈNE, X, XLIII, § 300, SC 157, pp. 567-569" Comment peut-on dire de quelqu’un qu’il croit vraiment en l’Ecriture sans voir en elle le sens du Saint-Esprit que Dieu veut que l’on croie plutôt que l’intention de la lettre?"
19. Voir Quaestiones ex Novo Testamento, q. 59, PL 35, col. 2251.
20. Ps 84, 9.
21. Mt 10, 20.
22. Jean 15, 26.
23. 1 Tin 6, 16. Saint Thomas lit ici (comme déjà au n° 210 et plus loin au n° 491)" lucem inaccessibilem, quam (au lieu de quem) nullus hominum vidit", le relatif se rapportant alors à la lumière et non à Dieu. Cette lecture n’est attestée nulle part par Sabatier (Latinae versiones antiqaae, III, p. 879). Lorsqu’il commente ce verset de saint Paul, saint Thomas souligne que la lumière que Dieu habite" est inaccessible, c’est-à-dire non visible des yeux de la chair", mais il lit quem et non quam, et commente le verset en conséquence (voir Super primam epistolam ad Timotheum lectura, 6, leç. 3, n° 268).
24. Eph 1, 14.
25. 1 Corinthiens 2, 9.
26. lb 9, 11.
27. In 3, 6.



II

NICODEME REPONDIT ET LUI DIT: "COMMENT CELA PEUT-IL SE FAIRE?"

JESUS REPONDIT ET LUI DIT: "TU ES DOCTEUR EN ISRAEL, ET TU IGNORES CES CHOSES? AMEN, AMEN JE TE LE DIS, NOUS PARLONS DE CE QUE NOUS SAVONS ET NOUS TEMOIGNONS DE CE QUE NOUS AVONS VU; ET NOTRE TEMOIGNAGE, VOUS NE LE RECEVEZ PAS. SI, QUAND JE VOUS PARLE DES CHOSES DE LA TERRE, VOUS NE CROYEZ PAS, QUAND JE VOUS PARLERAI DES CHOSES DU CIEL, COMMENT CR0IREZ-VOUS? ET PERSONNE N’EST MONTE AU CIEL, SI CE N’EST CELUI QUI EST DESCENDU DU CIEL, LE FILS DE L’HOMME QUI EST AU CIEL. ET COMME MOÏSE ELEVA LE SERPENT DANS LE DESERT, AIN SI FAUT-IL QUE SOIT ELEVE LE FILS DE L’HOMME, POUR QUE TOUT HOMME QUI CROIT EN LUI NE PERISSE PAS, MAIS QU’IL AIT LA VIE ETERNELLE. "

457. L’Evangile va nous révéler maintenant la cause de la régénération spirituelle et sa raison [ultime], cela à travers une interrogation de Nicodème [n° 458] et la réponse du Seigneur [n° 459].

NICODEME REPONDIT ET LUI DIT: "COMMENT £[9] CELA PEUT-IL SE FAIRE?"

458. Cette interrogation montre bien que Nicodème, étant encore ignorant, étant encore un Juif enfermé dans le sensible, ne pouvait comprendre les mystères du Christ ni par des images, ni par des raisonnements.

Notons qu’il y a deux manières d’interroger. Certains, en effet, interrogent par manque de confiance. Ce fut le cas de Zacharie: A quoi connaîtrai-je cela? Car je suis vieux... 34; et c’est pourquoi il fut puni — Dieu réduit à rien ceux qui scrutent ses secrets 35. D’autres au contraire interrogent parce qu’ils désirent intensément apprendre, comme le fit la Bienheureuse Vierge lorsqu’elle dit à l’ange: Comment cela se fera-t-il, puis que je ne connais pas d’homme? 36 et ceux-ci sont instruits. C’est donc parce qu’il avait interrogé avec le désir intense d’apprendre que Nicodème mérita d’être instruit. La suite le montre bien.
28. 2 Co 3, 17.
29. Ps 142, 10
30. Ro 8, 2.
31. Mt 12, 34.
32. 1 Corinthiens 2, 15.
33. Voir n" 423.
34. Le 1, 18.
35. Isaïe 40, 23.
36. Luc 1, 34.



£[10] JESUS REPONDIT ET LUI DIT: "TU ES DOCTEUR EN ISRAEL, ET TU IGNORES CES CHOSES?"

459. Avant de répondre à l’interrogation de Nicodème [n° 465], le Seigneur lui reproche sa lenteur d’esprit [n° 460].

460. Il la lui reproche pour trois raisons. D’abord à cause de la condition même de la personne à qui Il s’adresse, en lui disant: TU ES DOCTEUR EN ISRAËL. Ce faisant, le Seigneur ne reprend pas Nicodème pour l’insulter; mais Il voulait, parce que Nicodème se fiait encore à sa fonction de docteur et comptait trop sur sa propre science, faire de lui, en l’humiliant, la demeure de l’Esprit Saint — Vers qui regarderai-je, sinon vers le pauvre, celui dont l’esprit est brisé et qui tremble à ma parole? 37 Et Il souligne: TU ES DOCTEUR; car s’il est admissible qu’un homme simple ne puisse saisir les choses profondes, cela serait tout à fait répréhensible de la part d’un homme chargé d’enseigner, d’un docteur. Jésus dit donc à Nicodème: TU ES DOCTEUR, mais de la lettre qui tue 38, EN ISRAEL, et CES CHOSES, c’est-à-dire les choses spirituelles, TU LES IGNORES? — Alors qu’avec le temps vous devriez être devenus des maîtres [des docteurs], vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les premiers éléments des paroles de Dieu 39.

461. On pourrait objecter que le Seigneur aurait à juste titre reproché à Nicodème sa lenteur d’esprit s’Il lui avait parlé de l’ancienne loi et que Nicodème n’eût pas compris; mais que, ici, Il lui a parlé de la loi nouvelle. A cela il faut répondre que ce que le Seigneur dit de la génération spirituelle est contenu dans l’ancienne loi, mais en figure. Paul dit en effet que tous ont été baptisés en Moise dans la nuée et dans la mer 40; et les prophètes aussi l’avaient dit: Je verserai sur vous une eau pure et vous serez purifiés de toutes vos souillures, et de toutes vos idoles je vous purifierai 41.
37. Isaïe 66, 2.
38. 2 Co 3, 6.
39 He 5, 12.



AMEN, AMEN JE TE LE DIS, NOUS PARLONS DE CE QUE NOUS SAVONS ET NOUS TEMOIGNONS DE CE QUE NOUS AVONS VU; ET NOTRE TEMOIGNAGE, VOUS NE LE RECEVEZ PAS.

462. La seconde raison de reprocher à Nicodème sa lenteur est la condition de Celui qui lui parle. En effet, que l’on n’acquiesce pas aux paroles d’un ignorant, c’est admissible; mais s’opposer à ce que dit un homme sage et d’une grande autorité, cela est intolérable. Voilà pourquoi le Christ dit: AMEN, AMEN JE TE LE DIS, NOUS PARLONS DE CE QUE NOUS SAVONS ET NOUS TEMOIGNONS DE CE QUE NOUS AVONS VU; car ce qui est exigé pour qu’un témoin soit digne de foi, c’est qu’il rende témoignage de ce qu’il a entendu ou de ce qu’il a vu: Ce que nous avons vu et ce que nous avons entendu, nous vous l’annonçons 42. Aussi le Seigneur dit Il l’un et l’autre: NOUS PARLONS DE CE QUE NOUS SAVONS ET NOUS TEMOIGNONS DE CE QUE NOUS AVONS VU. Or le Seigneur, en tant qu’homme, sait tout — Seigneur, tu sais tout... 43 Seigneur, toi qui possèdes la science sainte, tu le sais manifestement... 44. Mais, en outre, Il voit toutes choses par la connaissance qu’Il a en tant que Dieu: Ce que j’ai vu auprès de mon Père, je le dis 45. Du reste, Il dit au pluriel NOUS PARLONS DE CE QUE NOUS SAVONS ET NOUS TEMOIGNONS DE CE QUE NOUS AVONS VU, pour faire entendre par là le mystère de la Trinité — Le Père qui demeure en moi fait Lui-même les oeuvres 46. Ou bien encore, en disant CE QUE NOUS SAVONS, Il parle de Lui-même et d’autres, de ceux qui ont été rendus spirituels, puisque Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils aura voulu Le révéler 47. Et cependant, ajoute-t-Il, notre témoignage, ainsi éprouvé et solidement établi, VOUS NE LE RECEVEZ PAS. Et de nouveau, plus loin, il sera dit: Il témoigne de ce qu’il a vu et entendu; et son témoignage, personne ne le reçoit 48.
40. 1 Corinthiens 10, 2.
41. Ez 36, 25.
42. 1 in 1, 3.
43. Jean 21, 17.
44. 2 Mac 6, 30.



£[12]" SI, QUAND JE VOUS PARLE DES CHOSES DE LA TERRE, VOUS NE CROYEZ PAS, QUAND JE VOUS PARLERAI DES CHOSES DU CIEL, COMMENT CROI REZ-VOUS?"

463. Le Seigneur a ici une troisième raison de reprocher à Nicodème sa lenteur: c’est la nature des choses dont Il a parlé. En effet, que l’on ne saisisse pas des choses difficiles, cela n’a rien d’étonnant; mais que l’on ne comprenne pas des choses faciles, c’est inadmissible. C’est pourquoi le Christ dit: SI, QUAND JE VOUS PARLE DES CHOSES DE LA TERRE, VOUS NE CROYEZ PAS, QUAND JE VOUS PARLERAI DES CHOSES DU CIEL, COMMENT CROIREZ-VOUS? Autrement dit: Si tu ne comprends pas ces choses qui sont faciles, comment pourras-tu saisir la procession du Saint-Es prit? Nous avons peine à deviner ce qui est sur la terre (...); ce qui est dans les cieux, qui donc le découvrira 49?
45. Jean 8, 38.
46. Jean 14, 10.
47. Mt 11, 26.
48. Jean 3, 32.
49. Sg 9,16.


464. Mais on ne voit pas, dans ce qui précède, que le Seigneur ait parlé à Nicodème des CHOSES DE LA TERRE. A cette objection il faut répondre, selon Chrysostome 50, que les CHOSES DE LA TERRE dont parle ici le Seigneur doivent s’entendre de l’image du vent. Le vent, en effet, étant sujet à la génération et à la corruption, compte parmi les réalités terrestres. Ou bien l’on peut dire, toujours selon Chrysostome 51, que la régénération spirituelle réalisée par le baptême, si elle est céleste, certes, dans son principe qui sanctifie et régénère, est terrestre quant à son sujet: en effet, ce qui est régénéré, l’homme, est terrestre.

On peut encore répondre, avec Augustin 52, que par CHOSES DE LA TERRE il faut entendre ce que le Seigneur avait dit plus haut: Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai 53. C’est là chose terrestre, puisque le Seigneur parlait du temple de son corps, qu’Il avait reçu de la terre. Ainsi, en disant SI, QUAND JE VOUS PARLE DES CHOSES DE LA TERRE, VOUS NE CROYEZ PAS, QUAND JE VOUS PARLERAI DES CHOSES DU CIEL, COMMENT CROIREZ-VOUS?, le Christ veut dire Si vous ne croyez pas à la génération spirituelle temporelle, comment croirez-vous à la génération éternelle du Fils? Ou bien Si vous ne croyez pas ce que je dis de la puissance de mon corps, comment croirez-vous ce que je vous dirai de la puissance de ma divinité et de la puissance de l’Esprit Saint?
50. In loannem hom. 27, ch. 1, PG 59, col. 157.
51. Ibid.
52. Tract, in Ioann., XII, 7, BA 71, p. 647.
53. Jean 2, 19.



"ET PERSONNE N’EST MONTE AU CIEL, SI CE N’EST CELUI QUI EST DESCENDU DU CIEL, LE FILS DE L’HOMME QUI EST AU CIEL. "

465. Le Seigneur répond maintenant à la question de Nicodème. Il commence par donner les causes de la régénération spirituelle [n° 466], puis Il en dévoile [la raison ultime] [n° 476].

La régénération spirituelle a deux causes: le mystère de l’Incarnation du Christ et celui de sa Passion; le Seigneur traite donc d’abord de l’Incarnation [n° 466], puis de la Passion [n° 472].

466. Mais comment cette réponse du Christ satisfait-elle à la question de Nicodème? Voilà ce qu’il faut examiner en premier lieu. En effet le Seigneur avait dit auparavant, parlant du souffle: TU NE SAIS D’OU IL VIENT NI OU IL VA, où Il donnait à entendre que la ré génération spirituelle a un principe et une fin cachés. Or les choses qui nous sont cachées sont celles qui sont dans les cieux, selon les mots du livre de la Sagesse cités plus haut: Ce qui est dans les cieux, qui donc le découvrira? 54 La question de Nicodème COMMENT CELA PEUT-IL SE FAIRE? doit donc être comprise de la manière suivante: Comment quelque chose pourrait-il venir du secret des cieux, ou aller au secret des cieux? Aussi le Christ, avant de répondre à la question, a-t-Il commencé par en expliciter le sens en disant: QUAND JE VOUS PARLERAI DES CHOSES DU CIEL, COM MENT CROIREZ-VOUS? Après quoi Il commence aussitôt à montrer à qui il appartient de monter au ciel; car celui qui descend du ciel, c’est celui-là qui monte au ciel: Celui qui est descendu est Celui-là même qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses 55. Dans les réalités de la nature aussi, on constate que tout corps tend vers un lieu, selon son origine ou sa nature. Ainsi, il peut se faire que quelqu’un, par l’esprit, aille en un lieu que les êtres charnels ignorent, et cela en montant au ciel, si cela se réalise par la puissance de Celui QUI EST DESCENDU DU CIEL; car Il est descendu pour, en montant, nous ouvrir la voie — Celui qui fait la brèche monte devant eux 56.

467. Ces paroles du Seigneur: CELUI QUI EST DESCENDU DU CIEL, LE FILS DE L’HOMME, ont été pour certains occasion d’erreur. L’expression FILS DE L’HOMME désignant en effet la nature humaine, qui est composée d’une âme et d’un corps, Valentin 57 voulut, de ces paroles affirmant que le Fils EST DESCENDU DU CIEL, conclure qu’Il avait apporté du ciel même son corps et était passé par la Vierge sans rien recevoir d’elle, comme de l’eau passant par un canal; mais cela va contre la parole de l’Apôtre concernant le Fils, issu de la descendance de David selon la chair 58.

Origène, lui, soutient que le Christ est DESCENDU DU CIEL selon son âme, dont il dit qu’elle a été créée au commencement avec les anges et unie au Verbe, et qu’elle est ensuite descendue du ciel en prenant chair de la Vierge 59; mais cela aussi est contraire à la foi catholique, qui enseigne que les âmes n’ont pas existé avant les corps.

468. Il ne faut donc pas comprendre que le Fils de l’homme serait descendu du ciel selon sa nature humai ne, mais qu’Il en est descendu selon la nature divine. En effet, puisqu’il y a dans le Christ un seul suppôt, ou hypostase, ou personne, de deux natures, la nature divine et la nature humaine, on peut attribuer à ce suppôt, quelle que soit la nature à partir de laquelle on le nom me, et ce qui est divin, et ce qui est humain. Ainsi nous pouvons affirmer que le Fils de l’homme a créé les étoiles et que le Fils de Dieu a été crucifié. Mais le Fils de Dieu n’a pas été crucifié selon la nature divine, il l’a été selon la nature humaine; et c’est selon la nature divine que le Fils de l’homme a créé les étoiles. Il en va ainsi de toutes les choses que l’on dit du Christ: il ne faut pas les distinguer à partir de [la réalité concrète] dont elles sont dites, parce que [dans le Christ] les choses divines et les choses humaines sont dites indifféremment de Dieu et de l’homme; mais il faut les distinguer en fonction de ce en raison de quoi elles sont dites, car les choses divines sont dites du Christ en rai son de la nature divine et les choses humaines en raison de la nature humaine. Descendre du ciel se dit donc du Fils de l’homme, non selon sa nature humaine, mais selon sa nature divine, en raison de laquelle il Lui appartient, avant l’incarnation, d’avoir été du ciel, comme le dit le psaume: Le ciel des cieux est au Seigneur; mais la terre, il l’a donnée aux fils des hommes 60.
54. Sg 9,16.
55. Eph 4, 10.
56. Mic 2, 13.
57. Valentin (originaire d’Egypte, au IP siècle), est l’un des personnages les plus importants du gnosticisme. Voir vol. 1 (2° éd.), p. 123, note 20; voir aussi VACANT et MANGENOT, Dictionnaire de théologie catholique, XV, col. 2497 sq.
58. Ro 1, 3.
59. Voir Comm. in Evang. Ioannis, XX, 17, PG 14, col. 615.


469. Si l’on dit que le Fils de l’homme est descendu, il ne s’agit pas d’un mouvement local, sinon Il ne serait pas demeuré dans le ciel; car rien de ce qui se meut localement ne reste à l’endroit d’où il descend. C’est donc pour exclure le mouvement local que le Christ ajoute: QUI EST DANS LE CIEL, comme pour signifier: IL EST DESCENDU DU CIEL de telle manière que cependant Il EST DANS LE CIEL. Il est en effet descendu du ciel, non certes en cessant d’être en haut, mais en assumant une nature qui est d’en bas; et parce qu’Il n’est pas contenu ni enfermé en elle, durant le temps même où son corps vivait sur la terre Il était Lui-même, selon sa divinité, dans les cieux et partout. Afin donc de montrer que si l’on dit qu’Il EST DESCENDU, c’est parce qu’Il a pris cette nature, Il précise: CELUI QUI EST DESCENDU, LE FILS DE L’HOMME, c’est-à-dire en tant qu’il s’est fait Fils de l’homme.

470. On peut dire encore, avec Hilaire 61, qu’Il est descendu du ciel en ce qui concerne son corps; non que la matière du corps du Christ soit descendue du ciel, mais parce que la puissance qui l’a formé était du ciel.

471. Mais pourquoi dit-Il: PERSONNE N’EST MON TE AU CIEL, SI CE N’EST CELUI QUI EST DESCENDU DU CIEL, LE FILS DE L’HOMME QUI EST AU CIEL? Paul, Pierre et les autres saints ne sont-ils pas montés eux aussi, selon ce que Paul lui-même dit: Nous avons une maison qui est l’oeuvre de Dieu, une demeure qui n’est pas faite de main d’homme, une demeure éternelle dans les cieux 62? A cela je réponds que personne n’est monté au ciel que le Christ et ses membres, c’est-à-dire les croyants qui sont justes. Si donc le Fils de Dieu est descendu des cieux, c’est pour, en faisant de nous ses membres, nous préparer à monter aux cieux, maintenant en espérance, mais à la fin en réalité: Dieu (...) nous a ressuscités avec Lui et nous a fait asseoir ensemble dans les cieux en Jésus-Christ 63.


"ET COMME MOÏSE ELEVA LE SERPENT DANS LE DESERT, AINSI FAUT-IL QUE LE FILS DE L’HOMME SOIT ELEVE, POUR QUE TOUT HOMME QUI CROIT EN LUI NE PERISSE PAS, MAIS QU’IL AIT LA VIE ETERNELLE. "

472. Le Seigneur évoque ici le mystère de sa Passion, dont la puissance donne au baptême son efficacité. Nous tous qui avons été baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés 64. Il commence par donner une figure de sa Passion [n° 473], puis Il en montre le mode [n° 474] et enfin le fruit [n° 475].
60. Ps 113, 16.
61. De Trinitate, X, 16, CCL vol. LXII A, p. 471, (PL 10, col.


355 A).


62. 2 Co 5, 1.
63. Eph 2, 6.



"ET COMME MOÏSE ELEVA LE SERPENT DANS LE DESERT... "

473. Pour amener Nicodème à comprendre, le Christ prend une figure de l’ancienne loi. En effet, au peuple juif qui se déclarait dégoûté de cette nourriture sans consistance 65, le Seigneur envoya, en punition, des serpents. Le peuple accourut alors vers Moïse, et celui-ci supplia le Seigneur, qui lui ordonna de faire un serpent de bronze, lequel fut à la fois un remède contre les serpents [et une figure de la Passion du Seigneur. Aussi est-il dit que Moïse l’exposa comme un signe 66. Le propre du serpent est d’avoir du venin; le serpent de bronze n’en avait pas, mais il figurait les serpents venimeux. De même le Christ n’eut pas en Lui le péché, qui est un venin — car le péché, une fois accompli, engendre la mort 67 — mais Il eut la ressemblance du venin, c’est-à-dire du péché: car Dieu a envoyé son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché 68. Voilà pourquoi le Christ posséda le pouvoir du serpent de bronze contre l’assaut et l’ardeur des concupiscences.
64. Ro 6, 3.
65. Nomb 21, 5.
66. Nomb 21, 9.
67. Ja 1, 15.
68. Ro 8, 3.

"AINSI FAUT-IL QUE LE FILS DE L’HOMME SOIT ELEVE"

474. En parlant de cette élévation, qui doit s’entendre de son élévation sur la croix, le Christ annonce le mode de sa Passion. C’est pourquoi, lorsque plus tard, Il dira: Il faut que le Fils de l’homme soit élevé 69, l'Evangéliste ajoutera Il disait cela pour signifier de quelle mort Il allait mourir 70, et par là glorifier Dieu 71. Il voulut en effet mourir élevé, pour plusieurs raisons. D’abord pour purifier les cieux; déjà, en effet, par la sainteté de sa vie, Il avait purifié ce qui est sur la terre; il Lui restait, par sa mort, à purifier ce qui est dans les airs — Pacifiant par le sang de sa Croix soit ce qui est sur la terre, soit ce qui est dans les cieux 72. En second lieu, Il voulut être élevé pour triompher des démons qui préparent la guerre dans les airs — l’Apôtre parle du prince des puissances des airs 73. Il le voulut aussi pour attirer à Lui nos coeurs: Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi 74. Il le voulut encore parce qu’Il fut exalté 75 dans la mort de la croix, car c’est là qu’Il triompha de ses ennemis; voilà pourquoi Il ne parle pas de mort, mais d’élévation, d’exaltation: Il boira au torrent sur le chemin, dit le psaume, et c’est pourquoi il relèvera [exaltera] la tête 76. Enfin, Il voulut mourir élevé parce que la croix fut la cause de son exaltation. Il s’est fait obéissant jus qu’à la mort, et la mort de la croix; c’est pourquoi Dieu L’a exalté et Lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom 77.
69. 1n 12, 34.
70 Jean 12, 33.
71. Jean 21, 19. En réalité, au lieu des deux citations que nous donnons ici (Jn 12,33 et 21, 19), le texte de saint Thomas porte" Il disait cela pour signifier de quelle mort Il allait glorifier Dieu". Il y a là une synthèse, sans doute inconsciente, de deux textes cités de mémoire. La seconde partie de cette phrase, empruntée à Jean 21, 19, concerne Pierre; mais il est évident qu’elle est éminemment vraie du Christ, la Croix étant par excellence la glorification du Père par le Fils (et du Fils par le Père Jn 17,1 Jn 13,31-32 Jn 12,28). Cette erreur matérielle (fait assez rare chez saint Thomas) est pour nous comme un indice: elle nous révèle que saint Thomas est plus attentif au sens qu’à la lettre.
72. Col 1, 19-20.
73. Eph 2, 2.
74. Jean 12, 32.
75. " Elevé" et" exalté" traduisent le même mot latin exaltatus.
76. Ps 109, 7.

£[15]" POUR QUE TOUT HOMME QUI CROIT EN LUI NE PERISSE PAS, MAIS QU’IL AIT LA VIE ETERNELLE. "

475. Le fruit de la Passion du Christ est la vie éternelle; voilà pourquoi Il dit: POUR QUE TOUT HOMME QUI CROIT EN LUI, en agissant bien, NE PERISSE PAS, MAIS QU’IL AIT LA VIE ETERNELLE. Ce fruit correspond au fruit du serpent qui préfigurait [le Christ crucifié]. En effet, quiconque regardait le serpent de bronze était délivré du venin et avait la vie sauve; or il regarde le Fils de l’homme élevé, celui qui croit au Christ crucifié, et il est par là libéré du venin du péché — Celui qui croit en moi ne mourra pas à jamais 78 — et sauvé pour la vie éternelle — Ces choses ont été écrites pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et que, en croyant, vous ayez la vie en son nom 79.
77. Phi 2, 8.
78. Jean 11, 26.
79. Jean 20, 31.



Jean 3, 16-21: L’AMOUR DE DIEU POUR LE MONDE, RAISON ULTIME DE LA REGENERATION

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Thomas sur Jean 21