Thomas sur Jean 37

37 Jn 5,26-30






"Car, comme le Père a la vie en Lui-même, ainsi a-t-Il aussi donné au Fils d’avoir la vie en Lui-même. 27 Et Il Lui a donné le pouvoir d’exercer le juge ment, parce qu’Il est le Fils de l’homme. Ne vous en étonnez pas, parce qu’elle vient, l’heure où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront la voix du Fils de Dieu; et ils en sortiront, ceux qui auront fait le bien, pour une résurrection de vie; mais ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection de jugement. Je ne puis rien faire de moi-même. Comme j’entends, je juge; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. "

781. Plus haut [n° 755] le Seigneur a montré qu’Il avait la puissance de donner la vie et celle de juger, et Il a manifesté l’une et l’autre par leurs effets. Ici, Il montre comment l’une et l’autre puissances Lui reviennent; II le montre d’abord de la puissance de donner la vie [n° 782], puis de celle de juger [n° 784].


I

CAR, COMME LE PERE A LA VIE EN LUI-MEME, AINSI A-T-IL AUSSI DONNE AU FILS D’AVOIR LA VIE EN LUI-MEME 1.

782. Il dit donc d’abord ceci: "Je dis que, comme le Père relève les morts, moi aussi je le fais, et celui qui écoute ma parole à la vie éternelle 2 ; et si j’ai ce pouvoir de donner la vie, c’est parce que, COMME LE PERE A LA VIE EN LUI-MEME, AINSI A-T-IL AUSSI DONNE AU FILS D’AVOIR LA VIE EN LUI-MEME.

A ce sujet il faut savoir que certains êtres vivent, mais n’ont pas la vie en eux-mêmes, comme le dit Paul Ce que je vis maintenant dans la chair, c’est dans la foi au Fils de Dieu que je le vis (...). Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi 3. Il vivait donc, non en lui-même, mais en un autre par qui il vivait. De même le corps vit, lui aussi, et cependant n’a pas la vie en lui-même, mais en l’âme par laquelle il vit. Celui-là donc A LA VIE EN LUI-MEME, qui a la vie essentielle et non participée, c’est-à-dire qui est Lui-même la vie. Or, en tout genre de réalités, celle qui est par essence est cause de celles qui sont par participation: par exemple, le feu est cause de tout ce qui est enflammé. Ce qui est par essence la vie est donc cause et principe de toute vie dans les vivants. Aussi, pour qu’une réalité soit le principe de la vie, faut-il qu’elle soit la vie par essence. C’est donc à juste titre que le Seigneur manifeste qu’Il est le principe de toute vie en disant qu’Il a LA VIE EN LUI-MEME, c’est-à-dire par essence, quand Il dit que, COMME LE PERE A LA VIE EN LUI MEME, c’est-à-dire, comme Il est vivant par essence, de même aussi le Fils. Donc, comme le Père est la cause première de la vie, ainsi son Fils l’est aussi.

Le Christ montre aussi l’égalité du Fils avec le Père quand Il dit: COMME LE PERE A LA VIE EN LUI-MEME; et leur distinction quand Il dit AINSI A-T-IL AUSSI DONNE AU FILS D’AVOIR LA VIE EN LUI MEME. En effet, le Père et le Fils sont égaux dans la vie, mais Ils se distinguent en ceci, que le Père donne et que le Fils reçoit. Mais il ne faut pas comprendre par là que le Fils reçoive la vie du Père qui la Lui donnerait comme s’Il avait d’abord existé sans l’avoir 4, de la même manière que, dans les réalités inférieures, la matière première existant [en puissance] reçoit la forme, et le sujet est soumis à l’accident. Car il n’y a rien dans le Fils qui préexiste au don de la vie. En effet, comme le dit Hilaire, "le Fils n’a rien qui ne soit né" 5, c’est-à-dire qu’Il n’ait reçu par sa naissance, et puisque la vie même est en Lui, les paroles "le Père a donné au Fils la vie" doivent s’entendre ainsi: Le Fils, Il l’a engendré à la Vie 6. Comme si l’on disait que "l’esprit donne vie à la parole", non en ce sens que la parole préexisterait et recevrait ensuite la vie, mais parce que l’esprit a produit la parole dans la même vie dont lui vit.
1. Notre traduction du sic dedit et Filio paraîtra sans doute un peu lourde; mais elle veut rendre compte à la fois du sic et du et (en grec kai), qui est généralement passé sous silence (sauf par Le Maistre de Saci qui traduit: "Il a aussi donné au Fils" et par E. Osty qui traduit: "ainsi a-t-il donné pareillement au Fils").
2. Jean 5, 21 et 24.
3. Ga 2, 20. Saint Thomas inverse les deux parties du verset.
4. Cf. SAINT AUGUSTIN, Tract, in la. XIX, 11-13 et XXII, 9-10, BA 72, pp. 189-197 et 337-341; De Trinitate, XV, xxvi, 47, BA 16, p. 553. Voir aussi SAINT JEAN CHRYSOSTOME, In loannem hom., 39, ch. 1, PG 59, col. 220.


783. Par ces paroles, toujours selon Hilaire 7, sont réfutées trois erreurs. D’abord celle des Ariens 8. Ceux-ci, tout en soutenant que le Fils est inférieur au Père, ont été contraints, par ce qui a été dit plus haut — Tout ce que [le Père] fait, cela le Fils aussi le fait pareillement 9—, de reconnaître que le Fils est égal au Père en puissance; cependant ils niaient encore qu’Il Lui soit égal dans sa nature. Mais voici que même sur ce point ils sont réfutés par ces paroles: COMME LE PERE A LA VIE EN LUI-MEME, AINSI A-T-IL AUSSI DONNE AU. FILS D’AVOIR LA VIE EN LUI-MEME. En effet, puisque la vie appartient à la nature, si le Fils a la vie en Lui-même comme le Père, il est manifeste qu’Il a en Lui la nature de Celui qui est son origine, nature semblable et égale au Père.

En second lieu, l’erreur des Ariens niant la coéternité du Fils avec le Père, et disant que le Fils avait commencé dans le temps, est réfutée par ces paroles LE FILS A LA VIE EN LUI-MEME. Car dans tous les vivants dont la génération a lieu dans le temps on peut toujours trouver quelque chose qui, à un moment donné, fut non vivant. Mais dans le Fils, tout ce qui est est la vie elle-même, et c’est pourquoi Il reçoit la vie elle-même de telle sorte qu’Il a la vie en Lui-même, si bien qu’Il a toujours été vivant.

Enfin, par les paroles IL A DONNE est réfutée l’erreur de Sabellius 10 qui niait la distinction des personnes. En effet, si le Père a donné au Fils la vie, il est manifeste qu’autre est le Père qui a donné, autre le Fils qui a reçu.
5. De Trin., IV, 10, CCL vol. LXII, p. 111.
6. En latin: Dedit Filio vitam, idest, produxit Filium vitam. L’attribut qui se rapporte à un complément est généralement précédé en français de" comme" ou" en qualité de". Nous dirions donc que" le Père a engendré le Fils comme vie" (comme vie et non pas seulement comme vivant). Mais l’affirmation n’a-t-elle pas plus de force encore sous la forme abrupte qu’elle a en latin? Cf. Jr 15,10: Quare genuisti me virum rixae? , que J. -B. Glaire et F. Vigouroux, dans La sainte Bible polyglotte, traduisent: "Pourquoi m’avez-vous enfanté homme de querelle?" (La Bible de Jérusalem traduit de manière semblable, mais nous nous référons à la Bible polyglotte parce que la traduction française y est faite d’après la Vulgate.) Dans les passages parallèles des Tract. in b. saint Augustin dit: "Le Père qui est la vie en Lui-même a engendré un Fils qui serait la vie en Lui-même (genuit Filium qui esset vita in semetipso)", "Il L’a engendré pour qu’Il soit la vie (genuit ut vita esset)" (op. cit., XIX, 13, pp. 195-197). " En disant: Il a donné au Fils, c’est comme s’il disait Il a engendré le Fils, car c’est en L’engendrant qu’Il Lui a donné. Comme Il Lui a donné d’être, Il Lui a donné d’être la vie... " LXXII, 10, p. 341). Voir aussi De Trin., I, xii, 26, BA 15, p. 161" Les paroles : « Il a donné au Fils d’avoir la vie en Lui-même » signifient que le Père a engendré le Fils pour être la vie immuable (genuit Filium esse incommutabiiem vitam). " II, n, 4, p. 191: "Les paroles Il a donné au Fils la vie ne signifient rien d’autre que: Il a engendré le Fils qui est la vie (genuit Filium qui est vita). "
7. Voir Liber de Synodis seu de Fide Orientalium, definit. II, IV et VI, PL 10, col. 491, 492-493 et 495; De Trin., II, 11; V, 37; VI, 35; IX, 37, 53 et 69, CCL vol. LXII et LXII A, pp. 48. 49, 192, 238-239, 411, 431 et 450 (PL 10, ioc. parall.).
8. Cf. ci-dessus, n° 742, note 73.
9. Jean 5, 19.
10. Cf. ci-dessus, n° 749, note 13.




II

ET IL LUI A DONNE LE POUVOIR D’EXERCER LE JUGEMENT, PARCE QU’IL EST LE FILS DE L’HOMME.

NE VOUS EN ETONNEZ PAS, PARCE QU’ELLE VIENT, L’HEURE OU TOUS CEUX QUI SONT DANS LES TOMBEAUX ENTENDRONT LA VOIX DU FILS DE DIEU; ET ILS EN SORTIRONT, CEUX QUI AU RONT FAIT LE BIEN, POUR UNE RESURRECTION DE VIE; MAIS CEUX QUI AURONT FAIT LE MAL, POUR UNE RESURRECTÏON DE JUGEMENT. JE NE PUIS RIEN FAIRE DE MOI-MEME. COMME J’EN TENDS, JE JUGE; ET MON JUGEMENT EST JUSTE, PARCE QUE JE NE CHERCHE PAS MA VOLONTE, MAIS LA VOLONTE DE CELUI QUI M’A ENVOYE.

784. Le Christ manifeste maintenant qu’Il a le pou voir de juger. Il commence par manifester ce pouvoir de juger en indiquant son origine [n° 785], puis en montrant l’équité du jugement [n° 792], après quoi Il donnera l’explication de ce qu’Il vient de dire [n° 794].

ET IL LUI A DONNE LE POUVOIR D’EXERCER LE JUGEMENT, PARCE QU’IL EST LE FILS DE L’HOM ME.

NE VOUS EN ETONNEZ PAS, PARCE QU’ELLE VIENT, L’HEURE OU TOUS CEUX QUI SONT DANS LES TOMBEAUX ENTENDRONT LA VOIX DU FILS DE DIEU.

785. Ces paroles peuvent se lire de deux manières; l’une est celle de Chrysostome, l’autre celle d’Augustin.

786. Si on les lit comme le fait Chrysostome 11, elles se divisent en deux parties, le Christ montrant d’abord d’où Il tient son pouvoir de juger, puis excluant ensuite une difficulté [n° 787]. En effet, pour Chrysostome, le texte de Jean se ponctue ainsi IL LUI A DONNE LE POUVOIR D’EXERCER LE JUGEMENT. PARCE QU’IL EST LE FILS DE L’HOMME, NE VOUS EN ETONNEZ PAS... La raison de cette ponctuation est que Paul de Samosate, un hérétique des premiers siècles qui soutenait, comme Photin 12, que le Christ n’était qu’un homme et avait commencé d’exister en la Vierge, ponctuait ainsi: IL LUI A DONNE LE POU VOIR D’EXERCER LE JUGEMENT PARCE QU’IL EST LE FILS DE L’HOMME. NE VOUS EN ETONNEZ PAS, PARCE QU’ELLE VIENT, L’HEURE OU TOUS CEUX QUI SONT DANS LES TOMBEAUX ENTEN DRONT LA VOIX DU FILS DE DIEU. Comme s’il en tendait par là qu’il avait été nécessaire de donner le pouvoir de juger au Christ PARCE QU’IL EST LE FILS DE L’HOMME, c’est-à-dire un homme seulement, à qui, de soi, il n’appartient pas de juger les hommes, de sorte que s’il juge il faut que le pouvoir de juger lui soit donné d’ailleurs.

Mais, pour Chrysostome, cela ne tient pas, parce que ce n’est pas du tout en accord avec ce qui est affirmé. En effet, si c’est parce qu’Il est homme que le Christ a reçu le pouvoir de juger, alors, pour la même raison, ce pouvoir ne Lui revient pas plus qu’aux autres hommes, puisque tout homme a [dans cette hypothèse] le pouvoir de juger, du seul fait de sa nature humaine. Ce n’est donc pas ainsi qu’il faut lire; on doit dire au contraire que c’est parce qu’Il est le Fils du Dieu ineffable qu’Il est aussi juge. C’est du reste bien ce qu’Il dit: non seulement le Père Lui a donné le pouvoir de donner la vie, mais encore IL LUI A DONNE LE POUVOIR, par la génération éternelle, D’EXERCER LE JUGEMENT, de même que par elle Il Lui A DONNE D’AVOIR LA VIE EN LUI-MEME — C’est Lui qui a été établi par Dieu juge des vivants et des morts 13. Pour Chrysostome, le Christ écarte donc ici une difficulté. Il la soulève en disant NE VOUS EN ETONNEZ PAS, puis Il l’exclut en disant PARCE QU’ELLE VIENT, L’HEURE...
12. Cf. n° 64, note 68 (vol. I, 2 éd., pp. 110-111).
11. In loannem hom., 39, ch. 3, col. 223-224.


787. Une difficulté, en effet, s’élevait dans le coeur des Juifs: estimant que le Christ n’était rien de plus qu’un homme, et constatant qu’Il disait de Lui-même des choses qui surpassaient l’homme et même l’ange 14, ils s’étonnaient en L’entendant. Et c’est pourquoi Il dit NE VOUS EN ETONNEZ PAS, c’est-à-dire ne vous étonnez pas que j'aie dit que le Fils fait vivre les morts et a le pouvoir de juger précisément parce qu’IL EST LE FILS DE L’HOMME. C’est bien de cela qu’ils s’étonnaient, en effet: ne Le regardant que comme un homme, ils voyaient en Lui des oeuvres divines — Ils étaient dans l’étonnement: "Quel est celui-ci, disaient-ils, pour que les vents et la mer Lui obéissent?" 15 —. Le Christ donne alors la raison pour laquelle ils ne doivent pas s’étonner: Lui-même, qui est le FILS DE L’HOMME, est identiquement le FILS DE DIEU.

Bien que la proposition" Lui-même, qui est le Fils de l’homme, est identiquement le Fils de Dieu" ne soit pas exprimée, le Seigneur affirme cependant, comme le note Chrysostome 16, ce dont cette proposition est la conséquence nécessaire. C’est ainsi que, fréquemment, ceux qui procèdent par syllogismes dans leur enseignement n’expriment pas ce qu’ils ont principalement l’intention de montrer, mais ce qui s’ensuit nécessairement. Ainsi le Seigneur ne dit pas qu’Il est Lui-même le Fils de Dieu, mais que le Fils de l’homme est tel qu’à sa voix tous les morts ressuscitent; d’où il suit nécessairement qu’Il est le Fils de Dieu, car ressusciter les morts est l’oeuvre propre de Dieu. Voilà pourquoi Il dit: NE VOUS EN ETONNEZ PAS, PARCE QU’ELLE VIENT, L’HEURE OU TOUS CEUX QUI SONT DANS LES TOMBEAUX ENTENDRONT LA VOIX DU FILS DE DIEU. Cependant Il ne dit pas et c’est maintenant 17, comme Il l’a dit plus haut, et Il ne le dit pas parce que ce n’est pas encore l’heure 18. Notons aussi qu’Il dit ici TOUS, ce qu’Il n’avait pas dit plus haut; parce que, dans la première résurrection, Il en ressuscita seule ment quelques-uns: Lazare, le fils de la veuve et la jeune fille 19; tandis que, lors de la résurrection à venir, celle qui aura lieu au jour du jugement, TOUS CEUX QUI SONT DANS LES TOMBEAUX ENTENDRONT LA VOIX DU FILS DE DIEU, et ils ressusciteront — Ainsi parle le Seigneur Dieu: Voici que moi j’ouvrirai vos tombeaux, et je vous tirerai de vos sépulcres 20.

788. Pour Augustin 21, il faut lire en ponctuant ainsi: IL LUI A DONNE LE POUVOIR D’EXERCER LE JUGEMENT PARCE QU’IL EST LE FILS DE L’HOMME: NE VOUS EN ETONNEZ PAS... Selon cette lecture, les paroles du Christ se divisent en deux parties dont la première affirme le don fait au Fils de l’homme du pou voir de juger, et dont la seconde manifeste ce don par le don d’un pouvoir plus grand encore [n° 790].

789. Au sujet de la première partie il faut se rappeler que plus haut le Christ (selon l’interprétation d’Augustin) a parlé de la résurrection des âmes, qui est réalisée par le Fils de Dieu, tandis qu’ici Il parle de la résurrection des corps qui est réalisée par le Fils de l’homme. Et parce que la résurrection universelle des corps doit avoir lieu au moment du jugement, Il commence ici par parler du jugement en disant: IL LUI A DONNE, à Lui le Christ, LE POUVOIR D’EXERCER LE JUGEMENT, et cela PARCE QU’IL EST LE FILS DE L’HOMME, c’est-à-dire selon sa nature humaine 22. C’est pourquoi également Il dit après sa résurrection Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre 23.

Or le pouvoir de juger a été donné au Christ en tant qu’homme, pour trois raisons. D’abord pour qu’Il soit vu de tous. Il est nécessaire, en effet, que le juge soit vu de ceux qui doivent être jugés. Or bons et méchants seront jugés; les bons, eux, verront le Christ selon sa divinité et son humanité; mais les méchants ne pourront pas le voir selon sa divinité, car cette vision est la béatitude des saints 24 et elle est réservée aux coeurs purs Bienheureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu 25. C’est pourquoi, afin d’être vu lors du jugement, non seulement des bons, mais aussi des méchants, Il jugera dans sa forme humaine 26.

Tout oeil Le verra, et même ceux qui L’ont transpercé 27. Si le pouvoir de juger a été donné au Christ en tant qu’homme, c’est aussi parce qu’Il a, par l’humilité de sa Passion, mérité la gloire de son exaltation. Aussi, comme le dit Augustin 28, de même que c’est celui qui a été mort qui est ressuscité, de même la forme qui jugera sera celle qui a été jugée, et siégera comme juge pour le jugement des hommes celui qui a comparu devant un juge homme. Il condamnera les vrais coupables, Lui qui fut faussement accusé — Ta cause a été jugée comme celle de l’impie; [mais] tu reprendras la cause et le jugement 29.

Enfin, le pouvoir de juger a été donné au Christ en tant qu’homme pour nous faire comprendre la clémence du juge. En effet, que l’homme soit jugé par Dieu, cela nous apparaît très redoutable, car il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant 30 ; mais que l’homme ait pour juge un homme, voilà qui donne confiance. Aussi, pour que vous expérimentiez la clémence du juge, aurez-vous un homme pour juge — Nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, Lui qui a été éprouvé en tout d’une manière semblable à nous, hormis le péché 31.

Ainsi donc, le Père a donné au Christ LE POUVOIR D’EXERCER LE JUGEMENT PARCE QU’IL EST LE FILS DE L’HOMME.
13. Ac 10, 42.
14. Voir SAINT JEAN CIIRYSOSTOME, loc. cit., col. 224.
15. Mt 8, 27.
16. Loc. cit. Saint Jean Chrysostome ajoute que si le Christ laissa les Juifs inférer qu’Il était le Fils de Dieu, c’était pour que cette affirmation leur fût" moins odieuse".
17 Jean 5, 25.
18. Cf. SAINT AUGUSTIN, op. cit., XIX, 16, p. 209; XXII, 12, p. 345.
19. Cf. ci-dessus, n" 759 et 779.
20. Ez 37, 12. Voir SAINT AUGUSTIN, op. cit., XIX, 9 et 17, XXII,
12 et XXIII, 15, pp. 177-181, 213-215, 345 et 401. Mais pour saint Augustin (cf. ci-dessus, n° 779), la résurrection qui a lieu maintenant est avant tout spirituelle il s’agit de la résurrection des âmes, plus que des miracles opérés par le Christ à l’égard de Lazare, de la fille de Jaïre ou du fils de la veuve.
21. Op. cit., XIX, 16 et XXII, 12, pp. 209 et 345.
22. Cf. ci-dessus, n 762 et note 26. Voir aussi SAINT AUGUSTIN, op. cit., XXIII, 15, P. 401" La résurrection des âmes, le Père l’accomplit à partir de (ex) sa propre substance par (per) la substance du Fils, par laquelle (qua) Celui-ci Lui est égal (...); mais la résurrection des corps, le Père l’accomplit par le Fils de l’homme. "
23. Mt 28, 18.
24. Cf. ci-dessus, u" 763.
25. Mt 5, 8.
26. Judicabit in forma humana — entendons: dans sa nature humaine, instrument conjoint de sa divinité. Dans le passage parallèle de son commentaire, saint Augustin ne parle pas de la forma humana, mais de la forma servi (Ph 2,7 la nature ou condition de serviteur, d’esclave): voir Tract. in Ioann., XIX, 16, p. 211; XXIII, 15, p. 403.
27. Ap 1, 7. Cf. SAINT AUGUSTIN, loc. cit., pp. 211-213 et De Trin., I, XI 29, BA 15, p. 171.
28. Sermones de Scripturis, 127 (ou Sermones de Verbis Domini,
64, selon les éditions antérieures), ch. 7, 10, PL 38, col. 711.
29. Jb 36, 17 (le" mais" ne figure ni dans la Vulgate, ni dans la Vetus latina). Ce verset de Job, dont le texte original (hébreu) est, selon E. Osty, "profondément corrompu et en partie inintelligible", est également obscur dans la Vulgate, au moins dans sa seconde partie: causam judicium que recipies. Mais la citation qu’en fait saint Thomas ici s’éclaire si l’on se reporte à son Commentaire sur Job, qui est probablement antérieur au Commentaire sur l’Evangile de saint Jean: "Parce qu’il [avait montré que "Dieu ne rejette pas les puissants" [36, 5], et que d’autre part Job, accablé par de multiples adversités, semblait rejeté de Dieu, il ajoute: Ta cause a été jugée comme celle de l’impie — autrement dit tu n’es pas puni parce que tu étais puissant, mais comme un impie. Et en revanche il promet la compensation qui lui sera accordée s’il fait pénitence, lorsqu’il ajoute: Tu reprendras la cause et le jugement, c’est-à-dire que te seront restitués la cause et le jugement afin que tu puisses [ton tour] examiner les causes des autres et porter sur elles un jugement" (Expositio super bob ad litteram, XXVI, 17, p. 190).
30. He 10, 31.


790. Mais NE VOUS EN ETONNEZ PAS, car Il Lui a conféré un plus grand pouvoir, celui de ressusciter les morts. C’est pourquoi le Christ dit: PARCE QU’ELLE VIENT, L’HEURE, la dernière qui sera celle de la fin du monde (Il vient le temps, il est proche le jour de la tuerie 32), L’HEURE OU TOUS CEUX QUI SONT DANS LES TOMBEAUX ENTENDRONT LA VOIX DU FILS DE DIEU. Plus haut Il n’a pas dit TOUS, parce qu’Il parlait alors de la résurrection spirituelle, et que tous ne ressuscitèrent pas de cette résurrection-là lors de son premier avènement, car la foi n’est pas le fait de tous 33 ; alors qu’ici Il parle de la résurrection des corps, selon laquelle tous ressusciteront 34. Mais Il ajoute: CEUX QUI SONT DANS LES TOMBEAUX, ce qu’Il n’avait pas dit plus haut, car les âmes ne sont pas dans les tombeaux, mais seulement les corps, dont ce sera alors la résurrection 35. TOUS CEUX, donc, QUI SONT DANS LES TOM BEAUX, ENTENDRONT LA VOIX DU FILS DE DIEU.

Cette voix sera un signe sensible du Fils de Dieu, signe auquel tous ressusciteront: Le Seigneur Lui-même, au commandement et à la voix de l’archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel; et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront les premiers... 36. En un instant, en un clin d’oeil, au son de la trompette finale (...), les morts ressusciteront incorruptibles 37 — Au milieu de la nuit s’éleva un cri Voici l’époux qui vient, sortez au-devant de lui 38. Et cette voix tiendra sa puissance de la divinité du Christ: Il donnera à sa voix d’être une voix puissante 39.

791. Mais, comme on l’a noté plus haut [n° 762], Augustin dit que la résurrection des corps est réalisée par le Verbe fait chair, et la résurrection des âmes par le Verbe; il faut donc chercher comment comprendre cela. En effet, cela pourrait s’entendre de la cause première ou de la cause méritoire. S’il s’agit de la cause première, il est manifeste que la divinité du Christ est cause de la résurrection corporelle et spirituelle, c’est-à-dire de la résurrection des corps et des âmes — C’est moi qui fais mourir et moi qui fais vivre 40. Mais s’il s’agit de la cause méritoire, alors l’humanité du Christ, elle aussi, est cause de l’une et l’autre résurrection; car, par les mystères qui ont été accomplis dans la chair du Christ, nous sommes restaurés non seulement quant à nos corps pour une vie incorruptible, mais aussi quant à nos âmes pour une vie spirituelle — Il a été livré pour nos fautes et Il est ressuscité pour notre justification 41. Ce que dit Augustin ne semble donc pas vrai.

A cela il faut répondre qu’Augustin parle de la cause exemplaire, celle par laquelle ce qui reçoit la vie est conformé à celui qui la donne; car tout ce qui vit par un autre est conformé à celui par qui il vit. Or la résurrection des âmes ne consiste pas dans le fait que les âmes soient conformées à l’humanité du Christ, mais au Verbe, car c’est par le Verbe seul que vit l’âme. Voilà pourquoi Augustin dit que la résurrection des âmes est réalisée par le Verbe. Mais la résurrection des corps, elle, consistera en ce que nos corps seront conformés au corps du Christ par la vie de gloire, c’est-à-dire par la glorification des corps: Notre Seigneur Jésus-Christ transformera notre corps de misère en le conformant à son corps de gloire 42. C’est pour cela qu’Augustin dit que la résurrection des corps est réalisée par le Verbe fait chair.
31. He 4, 15.
32. Ez, 7, 7.
33. 2 Th 3, 2.
34. Cf. 1 Corinthiens 15, 20-23.
35. Cf. SAINT AUGUSTIN, Tract. in b. XIX, 17, pp. 213-215.
36. 1 Th 4, 16.
37. 1 Corinthiens 15, 52.
38. Mt 25, 6.
39. Ps 67, 34.
40. Deut 32, 39.
41. Ro 4, 25. Cf. Isaïe 53, 6.



ET ILS EN SORTIRONT, CEUX QUI AURONT FAIT LE BIEN, POUR UNE RESURRECTION DE VIE; MAIS CEUX QUI AURONT FAIT LE MAL, POUR UNE RESURRECTION DE JUGEMENT.

792. Le Christ montre ici l’équité du jugement. Les bons seront récompensés, et c’est pourquoi Il dit: ILS SORTIRONT, CEUX QUI AURONT FAIT LE BIEN, POUR UNE RESURRECTION DE VIE, c’est-à-dire pour vivre dans la gloire éternelle. Quant aux méchants, ils seront condamnés: CEUX QUI AURONT FAIT LE MAL sortiront de leur tombeau POUR UNE RESURRECTION DE JUGEMENT, c’est-à-dire qu’ils ressusciteront pour leur condamnation — Ceux-ci s’en iront au châtiment éternel, et les justes à la vie éternelle 43. Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront: les uns pour la vie éternelle, les autres pour l’opprobre qu’ils auront toujours devant les yeux 44.

793. Remarquons que plus haut, en parlant de la résurrection des âmes, le Christ dit que ceux qui auront entendu sa voix vivront 45, alors qu’ici Il dit qu’ils SORTIRONT. S’Il s’exprime ainsi, c’est à cause des méchants qui vont à leur condamnation, car leur vie ne doit pas être appelée une vie, mais plutôt une mort éternelle.

De même, plus haut, Il a fait mention de la foi seulement, en disant: Celui qui écoute ma parole et croit à Celui qui m’a envoyé a la vie éternelle et il ne vient pas en jugement 46 mais ici, pour qu’on ne croie pas que la foi seule, sans les oeuvres, suffise au salut, Il fait mention des oeuvres bonnes 47 en disant CEUX QUI AU RONT FAIT LE BIEN, POUR UNE RESURRECTION DE VIE, comme s’Il disait Ce n’est pas celui qui croit uniquement, mais celui qui, ayant la foi, agit bien, qui sortira POUR UNE RESURRECTION DE VIE; car la foi sans les oeuvres est morte 48.
42. Phi 3, 21.
43. Mt 25, 46.
44. Dan 12, 2.
45. Jean 5, 25.
46. Jean 5, 24.
47. Cf. SAINT JEAN CHRYs0sTOME, op. cit., 39, ch. 3, col. 224.
48. Ja 2, 26.


JE NE PUIS RIEN FAIRE DE MOl-MEME. COMME J’ENTENDS, LE JUGE; ET MON JUGEMENT EST JUSTE, PARCE QUE JE NE CHERCHE PAS MA VOLONTE, MAIS LA VOLONTE, DE CELUI QUI M’A ENVOYE.

794. Le Christ explique maintenant ce qu’Il vient de dire. Or II vient d’affirmer l’origine de son pouvoir, puis l’équité du jugement. Il donne donc ici successivement la justification de la première affirmation [n° 795], puis celle de la seconde [n° 796].

795. Au sujet de l’origine de son pouvoir, il faut savoir que ce qu’Il dit: JE NE PUIS RIEN FAIRE DE MOI-MEME. COMME J’ENTENDS, JE JUGE, peut — là encore, selon Augustin 49— se lire de deux manières, suivant qu’on le rapporte au Fils de l’homme [n° 795-796] ou au Fils de Dieu [n° 797-798].

Rapportons-le d’abord au Fils de l’homme: "Tu dis que tu as le pouvoir de ressusciter les morts, parce que tu es le Fils de l’homme; mais ce pouvoir t’appartient-il en tant que tu es le Fils de l’homme?" — " Non, car JE NE PUIS RIEN FAIRE DE MOI-MEME. SELON QUE J’ENTENDS, JE JUGE. "Il ne dit pas" selon que je vois", comme précédemment — Le Fils ne peut rien f aire de Lui-même si ce n’est ce qu’Il a vu faire au Père 50— mais COMME J’ENTENDS. Car entendre est ici la même chose qu’obéir; or obéir appartient à celui à qui on donne un commandement, tandis que commander revient au supérieur. C’est pourquoi, parce que le Christ en tant qu’homme est inférieur au Père, II dit COMME J’ENTENDS, c’est-à-dire selon ce qui est inspiré par Dieu au plus intime de mon âme J’écouterai ce que dit en moi le Seigneur Dieu 51. Mais plus haut, parce qu’Il parlait de Lui en tant qu’Il est le Verbe de Dieu, Il a dit ce qu’Il a vu.

796. En disant ensuite: MON JUGEMENT EST JUSTE, PARCE QUE JE NE CHERCHE PAS MA VOLONTE, MAIS LA VOLONTE DE CELUI QUI M’A ENVOYE, le Christ manifeste l’équité de son jugement. Il avait dit en effet CEUX QUI AURONT FAIT LE BIEN sortiront de leurs tombeaux POUR UNE RESURRECTION DE VIE. Mais on pourrait dire: Ne fera-t-Il pas grâce à certains en les punissant moins ou en les récompensant davantage? Aussi répond-Il que non, en disant: MON JUGEMENT EST JUSTE; et la raison en est que JE NE CHERCHE PAS MA VOLONTE, MAIS LA VOLONTE DE CELUI QUI M’A ENVOYE.

Il y a en effet dans le Seigneur Jésus-Christ deux volontés: l’une, divine, qui ne fait qu’un avec celle du Père; l’autre, humaine, qui Lui est propre, comme il Lui est propre d’être homme. La volonté humaine se porte vers son bien propre; mais, dans le Christ, elle était dirigée et réglée par la rectitude de sa raison, de sorte qu’elle se conformait toujours en tout à la volonté divine. C’est pourquoi Il dit: JE NE CHERCHE PAS à accomplir MA VOLONTE propre, qui d’elle-même est inclinée vers son bien propre, MAIS LA VOLONTE DE CE LUI QUI M’A ENVOYE, le Père — En tête du livre il a été écrit de moi que j’accomplisse ta volonté; mon Dieu, je l’ai voulu 52. — Non pas comme je veux, mais comme tu veux 53.

Si l’on considère attentivement ces paroles du Seigneur, on voit qu’Il donne ici la raison vraie du juge ment juste en disant: PARCE QUE JE NE CHERCHE PAS MA VOLONTE 54. Car le jugement de quelqu’un n’est pas injuste quand il s’exerce selon la règle de la loi. Or la volonté divine est la règle et la loi de la volonté créée; c’est pourquoi la volonté créée et la raison qui sont réglées selon la règle de la volonté divine sont justes, et leur jugement est juste 55.
49. Tract. in b. XIX, 19, XXII 14-15 et XXIII 15 pp. 221-223
347-35 1 et 401-403.
50. Jean 5, 19.
51. Ps 84, 9.
52. Ps 39, 9; cf. He 10, 7-9.
53. Mt 26, 39.
54. Cf. SAINT ATJGUSTIN, op. cit., XXIII, 15, P. 402: "D’où vient que le jugement de l’homme est juste? (Unde est iudicium iustum hominis? ) Mes frères, soyez attentifs: C’est que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. " Nous renvoyons ici à la page du texte latin de saint Augustin, car nous nous sommes permis de corriger la traduction suivante" D’où provient la justice de ce jugement d’homme?" Il est évident que la raison que donne saint Augustin est la raison propre de ce jugement d’homme; mais il nous semble qu’il veut donner ici la raison propre du jugement juste de l’homme. Saint Thomas reprend le attendite (" soyez attentifs") de saint Augustin, mais il y joint un diligenter qui le fait aller jusqu’au bout de l’explication (que ne donnait pas saint Augustin).


797. On peut aussi entendre ce que dit ici le Christ en le rapportant au Fils de Dieu [n° 795], sans changer la division donnée préalablement [n° 794]. Le Christ, parlant en tant que Verbe et manifestant l’origine de son pouvoir, a donc dit JE NE PUIS RIEN FAIRE DE MOI-MEME, de la même manière qu’Il a déclaré plus haut: Le Fils ne peut rien faire de Lui-même si ce n’est ce qu’il a vu faire au Père 56. En effet, son agir et son pouvoir sont son être; or son être, Il le tient d’un autre, c’est-à-dire du Père; et c’est pourquoi, de même qu’Il n’est pas par Lui-même, ainsi Il ne peut rien faire de Lui-même: Je ne fais rien de moi-même 57.

Quant à la parole: COMME J’ENTENDS, JE JUGE, elle doit s’expliquer de la même manière que celle qui a été dite plus haut: Si ce n’est ce qu’Il a vu faire au Père. En effet, en ce qui nous concerne, nous acquérons la science ou la connaissance par la vue et par l’ouïe (car ce sont ces deux sens qui servent le plus à l’enseignement); mais parce qu’en nous, autre est la vue, autre l’ouïe, nous acquérons la science d’une manière par la vue, en découvrant, et d’une autre par l’ouïe, en apprenant d’un autre. Mais dans le Fils de Dieu, la vue et l’ouïe ne font qu’un 58. C’est pourquoi, que l’on dise: "Il entend" ou" II voit", le sens est le même en ce qui concerne l’acquisition de la science. Et parce qu’en toute nature douée d’intelligence, le jugement procède de la science, Il dit d’une manière expressive: COMME J’ENTENDS, JE JUGE, c’est-à-dire: comme j’ai reçu du Père la connaissance avec l’être, simultanément [dans l’éternité], ainsi JE JUGE — Tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître 59.
55. Cf. Somme théol., I, q. 107, a. 2: "La volonté de Dieu étant la règle de la vérité, l’esprit créé se perfectionne et s’éclaire en sachant ce que Dieu veut. "
56. Jean 5, 19.
57. Jean 8, 28.
58. Cf. ci-dessus, n° 534 et note 66.
59. Jean 15, 15.
60. Voir SAINT AUGUSTIN, op. cit., XXII, 15, p. 351.


798. Enfin, manifestant l’équité de son jugement, Il dit: MON JUGEMENT EST JUSTE; et la raison en est que JE NE CHERCHE PAS MA VOLONTE.

Mais le Père et le Fils n’ont-Ils pas la même volonté? A cela il faut répondre qu’Ils ont certes la même volonté, mais que le Père ne tient pas sa volonté d’un autre, tandis que le Fils la tient d’un autre, le Père 60. Ainsi donc le Fils accomplit sa volonté comme celle d’un autre, c’est-à-dire comme la tenant d’un autre, tandis que le Père l’accomplit comme la sienne propre en ce sens qu’Il ne la tient pas d’un autre. C’est pourquoi le Christ dit: JE NE CHERCHE PAS MA VOLONTE, celle qui serait mienne parce qu’elle aurait son origine en moi-même, mais celle qui me vient d’un autre, le Père.



Jean 5, 31-40: LES TEMOIGNAGES CONFIRMANT L’ENSEIGNEMENT DU CHRIST

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Thomas sur Jean 37