Thomas A. sur Rm (1869) 46

CHAPITRE X: ISRAËL (SUITE).



Romains 10, 1 à 9: La chute d'une partie des Juifs

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Rm 10,1-9)

SOMMAIRE: L’Apôtre touche en passant la chute des Juifs et prie pour eux, parce que cette chute n’est ni universelle ni irréparable et parce que, toute digne de compassion qu’elle soit, elle n’est pas entièrement excusable.

1. Certainement, mes frères, le vif désir de mon coeur et mes supplications à Dieu ont pour objet leur salut;

2. Car je leur rends ce témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais non selon la science,

3. Parce qu’ignorant la justice de Dieu, et s’efforçant d’établir la leur, ils ne sont pas soumis à la justice de Dieu.

4. Car la fin de la Loi est le Christ, pour justifier tout croyant.

5. Aussi Moïse a écrit que l’homme qui accomplit la justice qui vient de la Loi y trouvera la vie.

6. Mais de la justice qui vient de la foi, il parle ainsi. Ne dis pas en ton coeur qui montera au ciel? C'est-à-dire pour faire descendre le Christ;

7. Ou qui descendra dans l’abîme? C’est-à-dire pour rappeler le Christ d’entre les morts.

8. Mais que dit l’Ecriture? Près de toi est la parole, dans ta bouche et dans ton coeur, telle est la parole de la foi que nous annonçons.

9. Parce que si tu confesses de bouche le Seigneur Jésus, et si en ton coeur tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé.

Après avoir établi comment ont été appelés à la foi, par l’élection de la grâce de Dieu, les Gentils et même quelques Juifs pris dans la multitude scandalisée et tombée, l’Apôtre traite ici spécialement de la chute des Juifs. Premièrement il expose la cause de leur chute, indiquée seulement plus haut; il fait voir que cette cause est déplorable. Secondement il montre qu’elle n’est pas universelle, à ces mots (ch. XI, 1): "Je dis donc: Est-ce que Dieu a rejeté son peuple?" troisièmement, que leur chute n’est ni inutile ni irréparable, à ces autres du même chapitre (verset 11): "Je dis donc: Les Juifs sont-ils tombés ?" Sur la cause de la chute des Juifs, il établit premièrement que la chute est déplorable dans sa cause; secondement, qu’elle n’est pas totalement excusable, à ces mots (verset 18): "N’ont-ils pas déjà entendu la parole de Jésus-Christ?"

A l’égard de la grandeur de sa charité, S. Paul montre qu’il éprouve à l’égard des Juifs un sentiment de compassion; II° il indique la cause de ce sentiment, à ces mots (verset 2): "Je rends témoignage aux Juifs."

I° Il dit donc: J’ai établi que les Juifs ne sont pas arrivés à la loi de justice, parce qu’ils ont heurté à la pierre d’achoppement; toute fois je n’éprouve pas à leu égard de l’indignation, mais j’ai pitié d’eux. Voilà pourquoi je dis (verset 1): "Assurément, mes frères," vous qui êtes convertis, soit Gentils, soit Juifs (Matth., XXIII, 8): "Vous êtes tous frères;" - "le désir de mon coeur," c’est-à-dire le désir qui sort de la plus intime affection de ce coeur, "a pour objet leur salut," c’est-à-dire pour qu’eux-mêmes soient sauvés ainsi que moi-même je le suis (I Cor., V, 7): "Je voudrais que tous fussent dans l’état où je suis moi-même;" et (Actes XXVI, 29): "Je désire devant Dieu que tous ceux qui m’écoutent deviennent tels que je suis." Et en cela son désir est conforme à la pensée de Dieu, "qui (I Tim., II, 4) désire que tous les hommes soient sauvés." Et je n’ai pas seulement cette volonté pour leur salut, mais cette volonté a son effet; ce qui lui fait ajouter: "Et les supplications" c’est-à-dire les miennes, "montent devant Dieu pour leur salut" (I Rois, XII, 23): "Dieu me garde de ce péché de cesser jamais de prier pour vous; et (Jacques V, 16): "Priez Dieu les uns pour les autres, afin que vous soyez sauvés." Par là il est manifeste qu’il faut prier pour les infidèles, afin qu’ils obtiennent leur salut, car la foi elle-même est un don de Dieu (Ephés., II, 8): "C’est la grâce qui vous a sauvés, et cela ne vient pas de vous-mêmes, car c’est un don de Dieu."

II° En ajoutant (verset 2): "Car je leur rends ce témoignage," S. Paul donne le motif de sa compassion, à savoir, qu’ils péchaient non pas avec une malice réfléchie, mais par ignorance. Sur ce point, I. Il fait ressortir leur ignorance; II. Il indique ce qu’ils ignorent, à ces mots (verset 3): "Parce que, ne connaissant pas; III. Il montre la vérité de ce qu’ils ignoraient, à ces autres (verset 5): "Aussi Moïse, parlant de la justice."

I. Il dit: Je veux donc leur salut, et, plein de compassion pour eux, je supplie pour l’obtenir, "Car je leur rends le témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu," c’est-à-dire que c’est par un excès de ce zèle qu’ils persécutent Jésus-Christ et ses membres (Jean, XVI, 2): "L’heure vient où quiconque vous fera mourir croira être agréable à Dieu." S. Paul pouvait se donner pour témoin de ce qu’il avançait, lui qui autrefois avait été du nombre de ces aveugles (Ph 3,6): "Par zèle j’ai persécuté l’Eglise de Dieu." Mais ce zèle "n’est pas selon la science," à savoir, parce qu’il n'est pas réglé par une science véritable, puisqu’ils ignorent la vérité (Is 5,13): "Mon peuple a été conduit en captivité, parce qu’il n’a pas eu d’intelligence;" et (I Cor., XIV, 39): "Si quelqu’un veut ignorer, il sera ignoré."

II. Lorsqu’il ajoute (verset 3): "Parce qu’ignorant," l’Apôtre fait voir de quelles vérités les Juifs n’avaient pas la science. il énonce ce qu’il veut établir; il développe sa proposition, à ces mots (verset 4): "Le Christ est la fin de la Loi."

Il dit donc: Je n’avance pas sans motif que les Juifs n’ont pas la science, Car, "ignorant la justice de Dieu," c’est-à-dire celle par laquelle Dieu justifie par la foi (ci-dessus, III, 22): "La justice de Dieu est par la foi en Jésus-Christ;" - "et cherchant à établir," c’est-à-dire à assurer "leur propre justice," c’est-à-dire cette justice qui consiste dans les oeuvres de la Loi, laquelle, dans leur sentiment, n’attendait rien de Dieu, et consistait tout entière dans la volonté de ceux qui opéraient les oeuvres. Voilà pourquoi S. Paul dit que leur justice est pour ainsi dire tout humaine et non divine, selon ce qui a été dit (ci-dessus, IV, 2): "Si Abraham a été justifié par les oeuvres de la Loi, il a de quoi se glorifier devant les hommes, mais non devant Dieu." - "Ils ne sont pas, dis-je, soumis à la justice de Dieu," c’est-à-dire ils ne veulent pas être soumis à Jésus-Christ, par la foi duquel les hommes sont justifiés par Dieu (Psaume LXI, 2): "Mon âme ne sera-t-elle pas soumise à Dieu?" et (ci-dessus, III, 49): "Afin que tout le monde soit soumis à Dieu;" (Exode, X, 3): "Jusques à quand vous refuserez-vous de vous soumettre à moi?"

En disant (verset 4): "Car le Christ est la fin de la Loi," l’Apôtre développe ce qu’il avait dit, à savoir, que les Juifs ne connaissaient pas la justice de Dieu, et ne voulaient pas se soumettre à lui en cherchant à établir la justice de la Loi. Il faut remarquer sur ceci qu’ainsi qu’on l’enseigne même en philosophie, l’intention de tout législateur est de rendre les hommes justes: à plus forte raison la loi de Moïse, donnée par Dieu aux hommes, était disposée pour les rendre justes. Cependant la Loi ne pouvait pas, par elle-même, produire cette justice, car (Hébreux VII, 19): "La Loi n’a conduit personne à la perfection." Mais elle conduit les hommes à Jésus-Christ, qu’elle promettait et figurait (Gal., III, 24): "La Loi a été pour nous comme un maître qui nous a conduits au Christ, afin que nous soyons justifiés par la foi." C’est ce que dit l’Apôtre: "Car le Christ est la fin de la Loi;" à lui se rapporte la Loi tout entière (Psaume CXVIII, 96): "J’ai vu la consommation de toutes choses." - "La fin, dis-je," pour justifier," c’est-à-dire afin que les hommes obtiennent par Jésus-Christ la justice que la Loi avait en vue (ci-dessus, VIII, 3): "Car ce qui était impossible à la Loi, Dieu l’a fait, lorsque, envoyant son propre Fils, il a con damné le péché dans la chair, afin que la justice de la Loi fût accomplie en nous." Ce que je viens de dire est "Pour tout croyant," parce que c’est par la foi que Dieu justifie les siens (Jean, I, 12): "Il a donné pouvoir d’être faits enfants de Dieu à ceux qui croient en son nom."

III. Lorsqu’il ajoute (verset 5): "Ainsi Moïse," S. Paul prouve la vérité de ce qu’ignoraient les Juifs, à savoir, que la justice de Dieu est plus parfaite que la justice de la Loi. Il le prouve par l’autorité de Moïse lui-même, le législateur de la première Loi. Il montre donc: par les paroles de Moïse, le caractère de la justice de la Loi; le caractère de la justice de la foi, à ces mots (verset 6): "Mais pour la justice qui vient de la foi."

Il dit donc: J’ai distingué avec raison la justice humaine d’avec la justice de Dieu, "car Moïse a écrit" (Lévit., XVIII, 5): "Celui qui accomplira cette justice y trouvera la vie." Notre Vulgate porte: "Gardez mes lois et mes jugements: l’homme qui les accomplit vivra par eux;" et (Ezéch., XX, 21): "Ils n’ont ni révéré ni gardé les commandements que je leur ai donnés, afin que celui qui les observe y trouve la vie." C’est que l’homme, par l’observance de la Loi, obtenait de n’être pas mis à mort comme transgresseur de la Loi (Hébr., X, 28): "Celui qui viole la loi de Moïse est mis à mort sans miséricorde;" et (Lévit., XX, 9): "Celui qui aura maudit son père ou sa mère, qu’il soit mis à mort sans pitié;" et ainsi du reste. Nous pouvons même ajouter que, par l’observance de la Loi, l’homme est dirigé dans la vie présente; car la Loi promettait des biens temporels et faisait certaines prescriptions qui se rapportaient aux règles de la vie (Hébr., IX, 10): "Les cérémonies charnelles avaient été imposées jusqu’au temps où la Loi serait corrigée."

Ceci pourtant parait contredit par ce mot que le Sauveur adresse au jeune homme qui, lui ayant demandé ce qu’il fallait faire de bien pour avoir la vie éternelle, reçut cette réponse (Matth., XIX, 16 et 17): "Si vous voulez entrer dans la vie, gardez les commandements." C’est pourquoi, au chapitre V verset 20, de cette Epître, sur ces paroles "Mais la Loi est venue," une Glose dit: "La justice de la Loi, gardée en son temps, procurait non seulement des avantages temporels, mais la vie éternelle."

Il faut entendre ceci selon le sens spirituel de la Loi, lequel se rapporte à la foi en Jésus-Christ. Mais ce qui est dit ici se rapporte au sens intime de la Loi. Or, selon ce sens, la Loi ne s’occupait pas de la vie éternelle.

Lorsque l’Apôtre dit (verset 6): "Mais pour la justice qui vient de la foi," il cite le passage de Moïse sur cette justice. Premièrement, S. Paul montre dans ce passage la certitude de la foi qui doit être dans le coeur de l’homme; secondement, l’effet de cette foi, à ces mots (verset 8): "Mais que dit l’Ecriture ?"

A) Il dit donc d’abord: Non seulement; Moïse parle de la justice de la Loi, mais il parle aussi lui-même de la justice qui vient de la foi (verset 6): "Mais pour la justice qui vient de la foi, il en parle ainsi," à savoir, dans le coeur de l’homme: "Ne dis pas dans ton coeur," c’est-à-dire en te laissant aller au doute: "qui montera au ciel?" regardant cette entreprise comme irréalisable, ainsi qu’on s’en plaint (Proverbes XXX, 4): "Qui est monté au ciel et en est descendu? cas regarder cela comme impossible, c’est faire descendre Jésus-Christ du ciel," c’est-à-dire avancer que Jésus-Christ n’est pas au ciel, malgré ce qui est dit (Jean, II, 13): "Personne n’est monté au ciel, sinon Celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme, qui est au ciel;" et (Ephés., IV, 10): "Celui qui est descendu est le même que Celui qui est monté au ciel." - "Ne dites pas non plus: qui descendra au fond de la terre?" c’est-à-dire dans l’enfer, regardant cela comme impossible; "car le nier," c’est rappeler Jésus-Christ "d’entre les morts," en d’autres termes nier qu’il ne soit pas mort. En mourant il est descendu, on le sait, dans l’abîme (Ecclésiastique XXIV, 45): "Je pénétrerai jusqu’au plus profond de la terre." Selon cette doctrine, S. Paul défend de douter de deux articles de la foi de Jésus-Christ, à savoir: de son ascension, de sa mort et de sa descente aux enfers. Le premier article se rapporte à la plus haute exaltation de Jésus-Christ, le second à son extrême humiliation. On peut enfin donner une autre explication de ce passage et en déduire la certitude de ces deux articles. Premièrement, son incarnation, par laquelle il est descendu du ciel en terre, en sorte que tel serait le sens: ne dis pas dans ton coeur: qui montera au ciel? Ce qu’on ex plique en ajoutant: c’est-à-dire pour en faire descendre Jésus-Christ. Comme si l’on disait: qui est monté au ciel afin d’en faire descendre Jésus-Christ pour nous? Or ce n’était pas nécessaire, puisqu’il est descendu par sa propre vertu. Secondement, sa résurrection, lorsqu’il ajoute: Ne dis pas non plus: qui descendra dans les profondeurs de l’abîme? Sous-entendu: pour rappeler Jésus-Christ d’entre les morts. Comme s’il disait: qui descendra pour en ramener Jésus-Christ? Paroles que l’on met dans la bouche des insensés (Sag., II, 1): "Ils ont dit follement en eux-mêmes: on ne connaît personne qui soit revenu des enfers." Ce sens convient aux paroles de Moïse; car il est dit (Deut., XXX, 11), selon notre Vulgate: "Ce commandement que je vous prescris aujourd’hui n’est ni au-dessus de vous ni loin de vous; il n'est pas dans les cieux," de telle sorte que vous puissiez dire: qui de nous montera au ciel et nous le rap portera? Il n’y a aucun inconvénient à ce que l’Apôtre applique à Jésus-Christ ce que Moïse dit du précepte de la Loi, car Jésus-Christ est le Verbe de Dieu, et en lui sont tous les préceptes de Dieu. Il faut donc entendre ces paroles: "Qui montera aux cieux, à savoir, pour en faire descendre Jésus-Christ?" comme s’il disait: qui pourra mon ter aux cieux pour en amener vers nous le Verbe de Dieu? Il faut en dire autant du verset qui suit.

B) Lorsque S. Paul ajoute (verset 8): "Mais que dit l’Ecriture?" il montre les effets de la foi, par l’autorité du même Moïse: a) Il cite le passage; b) il l’explique à ces mots (verset 8): "C’est la parole de la foi;" c) il prouve la convenance de son explication, à ces autres (verset 10): "Car on croit de coeur pour la justice...

a) Il dit donc d’abord: "Mais que dit l’Ecriture? La parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton coeur." C’est, en effet, ce qu’on lit à la suite du passage cité dans le Deutéronome (verset 14): "Ce commandement est près de toi, dans ta bouche et dans ton coeur." Comme s’il disait: ne vous préoccupez pas de la crainte que la parole de foi qui justifie vienne à vous manquer, parce que Jésus-Christ est dans le ciel, selon la nature divine, ou parce qu’il est descendu dans les enfers, à raison de la mort qu’il a soufferte dans son humanité; car, en descendant des cieux et en ressuscitant des enfers, il a mis la parole de la foi dans votre bouche et dans votre coeur. En sorte que ce mot de S. Paul: "La parole est près de toi," peut être en tendu en ce sens que nous avons reçu la parole de Dieu par Jésus-Christ incarné et ressuscité (Hébr., II, 3): "Cette doctrine a été annoncée d’abord par le Seigneur lui-même;" (Jér., I, 9): "Voilà que j’ai mis ma parole sur tes lèvres;" ou encore, ainsi que l’explique la Glose, "La parole est près de toi" s’applique à notre utilité. Nous disons, en effet, que ce qui nous est commode et utile est près de nous, car par la parole de Dieu notre coeur est purifié (Jean, XV, 3): "Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée." Ces paroles peuvent se rapporter encore à ce que la parole de la foi, bien qu’au-dessus de la raison (Ecclésiastique III, 25): "Un grand nombre de merveilles, qui surpassent l’esprit de l’homme, sont devant vos yeux," n’est cependant pas contre la raison; car la vérité ne peut être contraire à la vérité (Psaume XC, 5): "Vos témoignages sont très dignes de croyance."

b) En disant (verset 8): "C’est la parole de la foi," S. Paul explique le passage précité. Et d’abord il montre quelle est cette parole dont Moïse parle, lorsqu’il dit: "C’est; la parole de la foi que nous annonçons" (II Tim., IV, 2): "Annoncez la parole;" et (Jér., XXIII, 28): "Que celui qui a entendu ma parole l’annonce dans la vérité." Ensuite il explique comment cette parole est dans la bouche par la confession, et dans le coeur par la foi. C’est ce qui lui fait ajouter: "Parce que si tu confesses de bouche le Seigneur Jésus," c’est-à-dire si vous le reconnaissez pour Seigneur, en lui soumettant les sentiments de votre coeur, selon ce qui est dit (I Cor., XII, 3): "Personne ne peut dire: Jésus est le Seigneur, sinon par le Saint Esprit;" et de plus: "Si tu crois de coeur," c’est-à-dire d’une foi vivante, qui opère par la charité, comme il est dit; au ch. verset 6, de l’épître aux Galates, que "Dieu l’a ressuscité d’entre les morts" (Psaume XL, Il): "Pour vous, Seigneur, ayez pitié de moi et ressuscitez-moi;" car (II Cor., XIII, 4): "Il est vivant par la vertu de Dieu," qui est commune à lui-même et au Père, "tu seras sauvé," à savoir, d’un salut éternel, dont il est dit (Isaïe XLV, 47): "Israël a reçu du Seigneur un salut éternel." Or ce qu’a dit S. Paul: "Le Seigneur Jésus, se rapporte au mystère de l’Incarnation; ce qui suit: "Christ," se rapporte manifestement à la résurrection, c’est-à-dire aux deux articles mentionnés plus haut.



Romains 10, 10 à 17: Le salut par la foi entendue

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Rm 10,10-17)


SOMMAIRE: Que c’est par la foi et par la profession de cette foi que l’homme obtient le salut. Que la foi s’acquiert en recevant par l’ouïe la parole de Jésus-Christ.



10. Car on croit de coeur pour la justice, et on confesse de bouche pour le salut.

11. En effet, l’Ecriture dit: Quiconque croit en lui ne sera pas confondu,

l2. Attendu qu’il n'a pas de distinction entre le Juif et le Grec, puisque tous n’ont qu’un même Seigneur, riche pour tous ceux qui l’invoquent;

13. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.

14. Mais comment l’invoqueront-ils s’ils n’ont pas cru en lui? Ou comment croiront-ils en lui s’ils n’en ont pas entendu parler? Et comment entendront-ils parler si personne ne les prêche?

15. Et comment prêchera-t-on, si l’on n’est pas envoyé? Comme il est écrit: Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix, qui annoncent les vrais biens!

16. Mais tous n’obéissent pas à l’Evangile. C’est pourquoi Isaïe a dit: Seigneur, qui a cru à ce qu’il ci entendu de vous?

17. Donc, la foi vient par l’audition, et l’audition par la parole du Christ.

L’Apôtre, après avoir établi par l’explication des paroles de Moïse que confesser de bouche et croire de coeur opèrent le salut, en citant pour exemples les deux articles dont Moïse paraissait avoir parlé, prouve ici ce qu’il avait avancé d’une manière générale. Et pour cela, il montre que par la foi et la confession de la foi l’homme obtient le salut; II° il établit l’ordre du salut même, à ces mots (verset 14): "Comment invoqueront-ils Celui en qui ils n’ont pas cru?" III° il déduit de ce qu’il a dit une sorte de conclusion, à ces autres (verset 17): "Donc la foi vient par l’audition."

I° Sur le premier de ces points, S. Paul propose trois choses:

I. Il énonce ce qu’il veut établir, en disant: "J’ai dit avec vérité que si vous confessez de bouche et si vous croyez de coeur, vous serez sauvés;" Car l’homme "croit de coeur pour la justice," c’est-à-dire afin d’acquérir la justice par la foi (ci-dessus, V, 1): "Justifiés donc par la foi." L’Apôtre dit expressément: "On croit de coeur," c’est-à-dire par la volonté; car pour tout le reste qui regarde le culte extérieur de Dieu, l’homme le peut accomplir malgré lui, mais il ne peut croire qu’autant qu’il le veut. L’intelligence de celui qui croit n’est, en effet, aucunement déterminée à donner son assentiment à la vérité, par une nécessité de démonstration, comme l’est l’intelligence de celui qui sait, mais par la volonté: et voilà pourquoi savoir n'est pas de l’essence de la justice pour l’homme, tandis que pour cette justice il faut croire (Gen., XV, 6): "Abraham crut à Dieu, et sa foi lui fut réputée à justice." Mais, après que l’homme est justifié par la foi, il faut que cette foi opère par la charité, pour qu’il obtienne le salut; aussi S. Paul ajoute-t-il: "On confesse de bouche pour le salut," c’est-à-dire pour obtenir le salut éternel (Is 51,8): "Le salut que je donnerai est éternel."

Or une triple confession est nécessaire au salut. La première est la confession de sa propre iniquité, selon ce passage du Psalmiste (XXXI, 6): "Je confesserai contre moi mon iniquité devant le Seigneur."

Cette confession est celle du pénitent. La seconde confession est celle par laquelle l’homme reconnaît la bonté de Dieu, qui le comble miséricordieusement de bienfaits (Psaume CXV, 1): "Rendez gloire à Dieu parce qu’il est bon." Cette confession est celle de la gratitude. La troisième est la confession de la divine vérité (Matth., X, 32): "Quiconque me confessera devant les hommes, je le con fesserai moi aussi devant mon Père." Cette confession est celle de la foi, dont l’Apôtre parle en ce moment. Or cette confession est nécessaire au salut selon les lieux et selon les temps, c’est-à-dire lorsque la foi le requiert, par exemple dans la persécution contre la foi, quand la foi d’un frère est en péril; comme aussi particulièrement pour Tes chefs des églises, qui sont tenus de prêcher la foi à ceux qui dépendent d’eux. C’est pour ces motifs que les baptisés reçoivent sur le front l’onction du saint chrême en forme de croix, afin qu’ils ne rougissent pas de confesser le Crucifié lui-même (ci-dessus, I, 16): "Je ne rougis pas de l’Evangile." Il en est de même de tous les autres actes de vertu, qui, selon les temps et les lieux, sont nécessaires au salut; car les préceptes affirmatifs qui les concernent obligent toujours, "mais non pas à toujours."

II. A ces mots (verset 11): "En effet, l'Ecriture dit," S. Paul prouve sa proposition par une autorité, en disant: "En effet, l’Ecriture dit," à savoir, au ch. XXVIII, 46, d’Isaïe: "Quiconque croit en lui," par la foi vivante," ne sera pas confondu," à savoir, parce qu’il n’aura pas obtenu son salut (Ecclésiastique II, 8): "Vous qui craignez le Seigneur, croyez en lui, et votre récompense ne sera pas perdue. Notre Vulgate porte: "Que celui qui croira ne se hâte pas," comme il a été expliqué plus haut.

III. A ces autres (verset 12): "Attendu qu’il n’y a pas de distinction," l’Apôtre prouve que ce passage s’applique à tous, puisque Isaïe s’exprime d’une manière indéfinie.

Il énonce ce qu’il veut établir, en disant: C’est pour cela qu’il a été dit: "Quiconque croit, etc." –"Attendu que," sur ce point, "il n’y a pas de distinction entre le Juif et le Gentil" (Col., III, 11): "Là il n’y a ni Gentil ni Juif, ni circoncis ni incirconcis."

Il prouve sa proposition par un raisonnement qui s’appuie sur deux vérités, dont il indique la première, en disant (verset 12): "Parce que c’est le même Seigneur pour tous " (ci-dessus, III, 29): "Est-il seulement le Dieu des Juifs? N’est-il pas aussi le Dieu des Gentils?" et (Psaume XLVI, 8): "Dieu est le roi de toute la terre." C’est pour cette raison qu’il lui appartient de pourvoir au salut de tous. S. Paul indique la seconde vérité, en disant (verset 12): "Riche pour tous ceux qui l’invoquent." Car, s’il n’était pas d’une bonté telle qu’elle puisse suffire aux désirs des uns et des autres, on pourrait craindre qu’il ne pourvût pas au salut de ceux qui croient; mais les richesses de sa bonté et celles de sa miséricorde sont inépuisables (ci-dessus, IV, 4): "Est-ce que vous méprisez les richesses de sa bonté?" et (Ephés., II, 4): "Dieu, qui est riche en miséricorde."

Il prouve encore sa proposition par un passage de Joël (II, 32): "Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé." Or invoquer, c’est appeler à soi par l’affection et la piété du culte (Psaume XC, 15): "Il m’invoquera, je l’exaucerai."

II° Lorsque S. Paul dit (verset 14): "Mais comment invoqueront-ils?" il expose l’ordre dans lequel chacun est appelé au salut, qui procède de la foi. A cet effet, il fait deux choses: I. Il montre que ce qui, dans cet ordre, vient en second lieu, ne peut exister sans ce qui précède II. Que ce qui a été fait d’abord ne suppose pas nécessairement ce qui doit suivre, à ces mots (verset 16): "Mais tous n’obéissent pas à l’Evangile."

I. Sur le premier de ces points, il établit l’ordre de ce qui est nécessaire au salut; il confirme par une autorité ce que d’abord il avait supposé, à ces mots (verset 15): "Comme il est écrit."

Il énonce par ordre cinq choses, en commençant par l’invocation, à la suite de laquelle, suivant la parole du Prophète, vient le salut.

A) Il dit donc (verset 14): "Mais comment invoqueront-ils Celui en qui ils n’ont pas cru?" Comme s’il disait: sans aucun doute, l’invocation ne peut procurer le salut, à moins que la foi ne précède. Or l’invocation se rapporte à ces paroles: "Confessez de bouche," confession qui procède de la foi du coeur (Psaume CXV, 1): "J’ai cru, voilà pourquoi j’ai parlé;" et (II Cor., IV, 13): "Nous croyons, c’est pour cela que nous parlons."

B) De la foi il monte ou passe à l’ouïe, en disant (verset 14): "Or comment croiront-ils à Celui qu’ils n’ont pas entendu?" Car on dit que l’homme croit ce qui lui est dit par les autres, et qu’il ne voit pas par lui-même (Jean, IV, 42): "Ce n’est déjà plus sur votre parole que nous croyons, car nous-mêmes nous l’avons entendu, et nous savons qu’il est véritablement le Sauveur du monde." Mais il y a deux sortes d’ouïe: l’une intérieure, par laquelle on entend de Dieu qui révèle (Psaume LXXXIV, 8): "J’écouterai ce que le Seigneur Dieu me dira au-dedans de moi;" l’autre, par laquelle on entend une personne qui parle extérieurement (Actes X, 44): "Comme Pierre parlait encore, l’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole." Or la première sorte d’ouïe n’appartient pas communément à tous, mais constitue spécialement la grâce de la prophétie, qui est une grâce gratuitement et distinctement accordée à quelques individus et non à tous, suivant cette parole de S. Paul (I Cor., XII, 4): "Il y a diversité de dons spirituels." Mais, comme l’Apôtre parle ici de ce qui peut appartenir indistinctement à tous, suivant ce qu’il a dit plus haut: "Il n’y a pas de distinction," il faut, on le comprend, entendre qu’il s’agit ici de la deuxième espèce d’ouïe.

C) Voilà pourquoi S. Paul ajoute (verset 14): "Et comment entendront-ils, si personne ne les prêche?" Car l’ouïe extérieure est, pour celui qui entend, une sorte d’impression, qui ne peut exister sans l’action de celui qui parle. Aussi le Sauveur fait-il ce commandement à ses apôtres (Marc, XVI, 15): "Allez dans tout l’univers, prêchez l’Evangile à toute créature." Or ces vérités, qui sont l’objet de la foi, les prédicateurs ne les tirent pas d’eux-mêmes, mais ils les tiennent de Dieu (Is 21,10): "Ce que j’ai appris du Seigneur Dieu des armées, je vous l’ai annoncé;" (I Cor., XI, 23): "C’est du Seigneur lui-même que j’ai appris ce que je vous ai enseigné."

D) Voilà pourquoi l’Apôtre ajoute, en quatrième lieu (verset 15): "Et comment prêchera-t-on, si l’on n’est pas envoyé?" Comme s’il disait: on ne le ferait pas dignement (Jér., XXIII, 21): "Je n’envoyais pas ces prophètes, et ils couraient d’eux-mêmes. On est envoyé par Dieu de deux manières: d’abord immédiatement ou par Dieu lui-même, par l’inspiration intérieure (Is 48,16): "Et maintenant le Seigneur et son Esprit m’ont envoyé." La marque de cette mission, c'est quelquefois l’autorité de la sainte Ecriture: ainsi S. Jean-Baptiste, interrogé sur ce qu’il était, répondit par l’autorité d’un prophète, en disant: "Je suis la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez la voie du Seigneur, comme a dit Isaïe le prophète" (Jean, I, 23). D’autres fois la marque de cette mission est la vérité des choses qu’on annonce. De là il est dit, par opposition (Deut., XVIII, 22): "On aura ce signe pour connaître: si ce que le Prophète a prédit au nom du Seigneur n’arrive pas, c’est que ce n'est pas le Seigneur qui a parlé." Le signe de la mission est aussi quelquefois l’opération des miracles (Exode, IV, 1). Moïse, ayant dit au Seigneur: "Ils ne me croiront pas, ils n’écouteront pas ma voix," à savoir, ceux vers lesquels je suis envoyé, le Seigneur lui donna pour se faire reconnaître le pouvoir d’opérer des miracles. Toutefois ces deux dernières marques ne démontrent pas suffisamment la mission, principalement de celui qui annonce une doctrine opposée à la foi. Car il est dit encore au Deutéronome (XIII, 1-3): "S’il se lève au milieu de vous un prophète, et qu’il prédise un prodige et une merveille, et que ce qu’il a annoncé arrive, et qu’il vous dise allons, et suivons des dieux étrangers, vous n’écouterez pas les paroles de ce prophète." En second lieu, on est envoyé par Dieu médiatement par l'intermédiaire des pasteurs qui représentent Dieu lui-même (II Cor., VIII, 19): "Nous avons envoyé avec lui un de nos frères dont l’éloge se trouve, à cause de l’Evangile, dans toutes les églises."

Lorsqu’il dit (verset 15): "Comme il est écrit...," S. Paul invoque un témoignage pour prouver ce qu’il vient de dire sur la mission des prédicateurs, en disant: "Comme il est écrit, etc." (Is 52,7): "Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix, qui annoncent le bonheur!" En cet endroit, notre Vulgate porte: "Qu’ils sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui annonce et prêche la paix, qui annonce le bonheur! On lit des paroles semblables dans le prophète Nahum (I, 19): "Voilà sur les montagnes les pieds de celui qui évangélise et qui annonce la paix."

A) Dans tous ces passages, ce qu’on exalte d’abord, ce sont les progrès obtenus par les prédicateurs: "Qu’ils sont beaux les pieds, etc.!" On peut expliquer ces paroles de deux manières: d’abord, en entendant par pieds leur démarche, c’est-à-dire qu’ils s’avancent selon l’ordre, en n’usurpant pas pour eux-mêmes le ministère de la prédication (Cant., VII, 1): "Que vos pieds sont beaux dans cette chaussure, ô Fille du Roi!" On peut encore entendre par les pieds, les affections qui sont droites, lorsque ce n'est pas avec l’intention d’obtenir la louange ou un profit, mais pour le salut de l’homme et pour la gloire de Dieu que les prédicateurs annoncent la parole (Ezéch., I, 7): "Leurs pieds sont droits."

B) L’Apôtre désigne la matière de la prédication; elle est de deux sortes. a) Ils prêchent ce qui est utile à la vie présente, ce qu’il indique lorsqu’il dit (verset 15): "De ceux qui annoncent la paix." On peut entendre ces mots de trois manières: premièrement ils annoncent la paix que Jésus-Christ a rétablie entre les hommes et Dieu (Cor., V, 19): "Dieu était réconciliant le monde avec lui dans le Christ; " et (ci-dessus, V, 1): "Ayons la paix avec Dieu, par Jésus-Christ Notre Seigneur." Secondement ils annoncent la paix qu’il faut garder avec tous les hommes (ci-après, XII, 18): "S’il est possible, autant qu’il est en vous, ayez la paix avec tous les hommes." Troisièmement ils annoncent ce qui peut donner la paix à l’homme avec lui-même (Psaume CXVIII, 165): "Paix abondante à ceux qui aiment votre Loi, Seigneur !" Dans ces trois sortes de paix se trouve renfermé tout ce qui dans cette vie est utile pour le salut, soit par rapport à Dieu, soit par rapport au prochain, soit par rap port à soi-même. b) En second lieu, le prédicateur annonce ce que nous espérons posséder dans l’autre vie; l’Apôtre l’indique en disant (verset 15): "De ceux qui annoncent le bonheur" (Luc, XVI, 14): "Il l’établira sur tout ce qu’il possède."

II. Quand S. Paul dit (verset 16): "Mais tous n’obéissent pas à l’Evangile," il montre que ce qui précède n’est pas toujours suivi de l’effet qu’on pouvait en attendre:

car, bien qu’il ne puisse pas arriver que l’on croie sans avoir entendu la parole du prédicateur, cependant tous ceux qui entendent cette parole ne croient pas; voilà pourquoi l’Apôtre ajoute (verset 16): "Mais tous ne croient pas à 1’Evangile" (II Thess., III, 2): "Car la foi n’est pas à. tous." Or S. Paul s’exprime ainsi pour montrer que la parole extérieure du prédicateur n’est pas la cause suffisante de la foi, si le coeur de l’homme n’est pas intérieurement attiré par la puissance de Dieu qui parle (Jean, V, 45): "Quiconque a entendu mon Père et a eu l’intelligence vient à moi;" et qu’ainsi il ne faut pas attribuer à l’industrie de celui qui prêche, si les hommes croient. Ces paroles enseignent encore que tous les incrédules ne sont pas exempts de péché, mais ceux-là seulement qui n’entendent pas et qui ne croient pas (Jean, XV, 22): "Si je n’étais pas venu, et si je ne leur eusse pas parlé, ils ne seraient pas coupables; mais maintenant ils n’ont pas d’excuse dans leur péché." Et ceci s’accorde mieux avec ce que l’Apôtre dira plus loin.

S. Paul s’appuie sur un témoignage, en disant (verset 16): "C’est pourquoi Isaïe dit: Seigneur, qui a cru à ce qu’il a ouï de vous?" Comme s’il disait: à peine quelques-uns (Eséch., II, 6): "Ceux qui sont avec vous sont incrédules et rebelles;" et (Miellée, V, 1): "Je suis devenu comme celui qui cherche en automne des raisins après la vendange." Or Isaïe parlait ainsi en prévision de la future infidélité des Juifs (Ecclésiastique XLVIII, 27): "Isaïe vit la fin des temps par un grand don de l’Esprit de Dieu." Il dit: "A ce qu’il a ouï de nous," pour marquer ou ce qu’ils ont entendu de Dieu lui-même, comme il est dit au prophète Abdias (I, 1): "Nous avons entendu la parole de Dieu, et il a envoyé son ange aux nations;" ou ce qu’ils avaient entendu des apôtres (Ezéch., XXXIII, 3!): "Ils en tendent vos paroles, et ils ne les accomplissent pas."

III° Lorsque S. Paul dit (verset 17): "La foi vient donc par l’audition...," il déduit de ce qui précède la conclusion, en disant: "Donc," si personne ne croit, qu’il n’ait entendu, "la foi vient de l’audition " (Psaume XVII, 45): "Il m’a obéi aussitôt qu’il m’a entendu." Cependant ne semble-t-il pas qu’il y ait contradiction, puisque la foi est une vertu divinement infuse? (Philippiens I, 29): "Il vous a été donné de croire en Lui."

Il faut répondre que deux conditions sont requises pour la foi la première est la disposition du coeur pour croire, et cela ne vient pas de l’ouïe, mais du don de la grâce; la seconde est la détermination à l’égard de ce qui doit être cru, et cela vient de l’ouïe. Aussi pour Corneille, qui avait le coeur disposé à croire, il fut nécessaire que Paul lui fût envoyé, afin de déterminer pour lui ce qu’il y avait à croire.

De ce qu’il avait dit (verset 14): "Comment entendraient-ils, si personne ne les prêche, et comment prêchera-t-on, si on n’est pas envoyé?" S. Paul conclut: L’audition, à savoir,"dans ceux qui croient," vient donc par la parole "des prédicateurs, et cette parole est la parole du Christ," soit parce qu’elle a Jésus-Christ pour objet (I Corinthiens XI, 23): "Nous prêchons Jésus-Christ;" soit parce que leur mission vient de Jésus-Christ (I Cor., XI, 23): "C’est du Seigneur lui-même que j’ai reçu ce que je vous ai enseigné."








Thomas A. sur Rm (1869) 46