Thomas A. sur Rm (1999) 49

Leçon 3 [versets 18 à 21]

49
075 (
Rm 10,18-21)


[n° 846] 18 Mais je dis: N’auraient-ils pas entendu? Oui assurément, "leur bruit a retenti par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde."

[n° 850] 19 Mais je dis: Israël n’en aurait-il pas eu connaissance? Le premier, Moïse a dit "Moi, je vous rendrai jaloux d’une nation qui n’en est pas une; contre une nation insensée je vous mettrai en colère."

[n° 853] 20 Mais Isaïe pousse l’audace jusqu’à dire: "J’ai été trouvé par ceux qui ne me cher chaient pas, je me suis manifesté ouvertement à ceux qui ne m’interrogeaient pas."

[n° 855] 21 Mais à l’adresse d’Israël il dit "Tout le jour, j’ai tendu mes mains vers un peuple incrédule et me contredisant."

845. Après avoir montré que la chute des Juifs est à déplorer, parce qu’ils ont péché par ignorance [n° 813], <l’Apôtre> montre ici qu’une telle chute n’est pas tota lement excusable, parce que leur igno rance ne fut point invincible ou due à la nécessité, mais en quelque sorte volontaire. Et il le montre de deux manières

I) Premièrement, parce qu’ils enten dirent la doctrine des Apôtres.

II) Deuxièmement, parce qu’ils connurent la doctrine de la Loi et des Prophètes [n° 850]: 19 Mais je dis: Israêl n'en aurait-il pas eu connaissance?

846. — I. Sur le premier point:

A. Il pose d’abord cette question: On a dit que la foi vient de l’audition et que les hommes ne peuvent croire à celui dont ils n’ont rien entendu, ‘"je dis donc N’auraient-ils pas entendu?, c’est-à-dire peuvent-ils être par là totalement excusés de leur incrédulité, selon ce passage de Jean: "Si je n’étais pas venu, si je ne leur avais pas parlé, ils n’auraient pas de péché 1."

847. — B. Ensuite, <l’Apôtre> répond à la question par l’intermédiaire de l’autorité du psalmiste, qui dit: "Leur bruit s’est répandu dans toute la terre 2", à savoir <la voix> des Apôtres, c’est-à-dire leur renommée s’est répandue dans toute la terre, non seulement des Juifs, mais de toutes les nations: "La perdition et la mort ont dit: Nous avons ouï sa renommée de nos oreilles 3", à savoir la sagesse prêchée par les apôtres. Et le Seigneur leur en avait fait un commandement: "Allez dans tout l’univers et prêchez l’Evangile à toute créature 4." — Et leurs paroles, c’est-à-dire leur doctrine bien distincte, ont retenti jusqu’aux extrémités du monde. — "Des extrémités de la terre nous avons entendu des louanges, la gloire du juste 5." Et

1. Jn 15, 22.

2. Ps 18, 5. — Lieu parallèle Super Psalmos, in Ps. 18, 5.

3. lb 28, 22.

4. Mc 16, 15.

5. Is 24, 16.



encore: "Voici que je t’ai donné comme lumière des nations, afin que tu sois mon salut jusqu’à l’extrémité de la terre 1."

848. Il faut noter que 2, selon Augustin 3, ces paroles n’étaient pas encore accomplies lorsque l’Apôtre parlait ainsi, mais il prévoyait qu’elles devaient s’accomplir. Et c’est pourquoi il utilise le passé au lieu du futur, à cause de la certitude de la préordination divine. David aussi, dont l’Apôtre cite des paroles, utilisait manifestement le passé au lieu du futur. Or, Augustin fait cette considération, parce que de son temps il y avait encore des nations dans des parties de l’Afrique auxquelles la foi du Christ n’avait pas été prêchée 4." Jean Chry sostome prétend au contraire que ce qui est dit ici avait été accompli du temps des Apôtres, en commentant ainsi ce qu’on lit dans <l’évangile de> Matthieu: Il faut que cet Evangile soit prêché dans le monde entier, et alors viendra la fin, c’est-à-dire la destruction de Jérusalem 6. L’une et l’autre explications sont également vraies. Car au temps des Apôtres, une certaine renommée de la prédication des Apôtres parvint à toutes les nations, même jusqu’aux confins du monde, par les Apôtres eux-mêmes ou par leurs disciples: en effet, Matthieu prêcha en Ethiopie, Thomas en Inde, Pierre et Paul en Occident. C’est ce que Jean Chrysostome veut dire. Néanmoins cette prédication ne fut pas achevée au temps des Apôtres, de telle sorte que l’Eglise fût édifiée dans toutes les nations, ce qui doit s’accomplir avant la fin du monde, comme le dit Augustin dans sa lettre à Hésychius 7. Toutefois l’explication de Jean Chrysostome s’accorde mieux à ce que veut dire l’Apôtre que celle d’Augustin. Car il n’y a pas de raison d’ôter toute excuse aux infidèles <en disant> qu’ils entendraient <leur prédication> dans le futur. Toutefois on ne peut en conclure que la renommée de la prédication apostolique soit parvenue à chaque homme, bien qu’elle soit parvenue dans toutes les nations.

849. Ceux-là auxquels 8 <la prédication> n’est pas parvenue, par exemple à ceux qui se nourrissent dans les forêts, sont-ils exempts du péché d’infidélité?

Il faut répondre que, selon le jugement du Seigneur dans <l’évangile de> Jean 9 ceux qui n’ont pas entendu le Seigneur parler par lui-même ou par ses disciples, ceux-là ont une excuse à leur péché d’infi délité; cependant ils n’obtiendront pas le bienfait de Dieu, à savoir d’être justifiés de leurs autres péchés, soit qu’ils les aient contractés en naissant, soit qu’ils les aient accumulés en vivant mal, ce qui justifie leur condamnation. Mais si quelques-uns d’entre eux avaient fait ce qui est en leur pouvoir, le Seigneur eût pourvu à leur salut, en leur envoyant un prédicateur de la foi, comme <il envoya> Pierre à Corneille 10, et Paul aux Macédoniens Mais quand bien même quelques-uns font ce qui dépend d’eux, à savoir en se conver tissant à Dieu, c’est de lui que dépend le mouvement de leurs coeurs vers le bien

1. Is 49, 6.

2. Lieu parallèle Somme Théologique 1a-2ae, Q. 106, a. 3, sol. 4.

3. Voir SAINT AUGUSTIN, Lettre à Hésvchius CXCIX, XII, 50 (PL 33, 924; CSEL 57, 288-289).

4. Voir ibid., c. 12, 46 (PL 33, 922; CSEL 57, 284-285).

5. " Cet Evangile du Royaume sera prêché dans le monde entIer, en témoignage à toutes les nations; et alors viendra la fin" (Mt 24, 14).

6. Voir SAINT JEAN CIIIeYSOSTOME, In Matthaeum homiliae 75, 2; 24, 14 (PG 58, 689).
7. Voir SAINT AUGUSTIN, Lettre à Hésychius CXCIX, XII, 49 (PL 33, 923; CSEL 57, 287-288).

8. Lieux parallèles Somme Théologique 2 Q. 2, a. 5, sol. 1; Q. 10, a. 1; Q. 34, a. 2, sol. 2; 2 Sentences dist. 39, Q. 1, a. 2, sol. 4; 3 Sentences dist. 25, Q. 2, a. 1, Q. 1, sol. 1 et 2; De veritate, Q. 14, a. 11, sol. 1 et 2; Super Ioan. 15, 22, lect. 5 (éd. Marietti, n° 2044-2045); Ad Hebr. 11, 2-7 (éd. Marietti, n° 561-579).

9. Si je n’étais pas venu, sï e ne leur avais pas parlé, ils n’auraient pas de péché; mais maintenant ils n’ont pas d’excuse à leur péché" (In 15, 22).

10. Voir Ac 10, 5."

11. Voir Ac 16, 9s.



"Convertis-nous à toi, Seigneur, et nous serons convertis 1."

850. — II. Lorsqu’il dit: 19 Mais je dis Israël n’aurait-il, etc., <l’Apôtre> montre que <les Juifs> sont inexcusables à cause de la connaissance qu’ils ont eue de la Loi et des Prophètes [n° 853].

A. Et il commence par poser une question, en disant: Mais je dis, en questionnant encore, Israël c’est-à-dire le peuple juif, n’aurait-il pas connu ce qui regarde le mystère du Christ, et la vocation des Gentils et leur chute? Il l’a connu clai rement. <Il est écrit> plus haut: "instruit que tu es par la Loi 2." Et dans un psaume: "Il n’a pas fait ainsi pour toute nation. 3." Et encore, dans <le livre de> Baruch: "Bien heureux sommes-nous, Israël, parce que ce qui plaît à Dieu nous a été manifesté 4."

B. Puis, lorsqu’il dit: Le premier, Moïse, <l’Apôtre> résout la question et montre que <les Juifs> ont eu cette connaissance. Premièrement, par la doctrine de la Loi, en disant: Le premier, Moïse, lequel est leur législateur. Il ne faut pas comprendre qu’en disant: le premier, il y aurait eu deux Moïse, dont le premier aurait parlé ainsi, mais que Moïse fut le premier, c’est-à-dire le prin cipal docteur des Juifs: è Il ne s’éleva plus de prophète en Israël comme Moïse, que le Seigneur connut face à face"; ou bien, Moïse fut dans l’ordre le premier à parler ainsi, parce que le premier parmi d’autres il a dit cela: Moi, je vous rendrai jaloux d’une nation qui n’en est pas une; contre une nation insensée je vous mettrai en colère 6. Notre version 7 lit en cet endroit: "Moi je les provoquerai par ce qui n’est pas un peuple, et je les irriterai par une nation insensée."

851. Il faut remarquer dans ce passage deux choses distinctes [n° 852]

1. La première, du côté de la gentilité, que Moïse appelle un non-peuple, comme si elle n’était pas digne d’être appelée du nom de peuple, parce qu’elle n’était pas unie au culte du Dieu unique: "Le troi sième que je hais n’est pas un peuple 8." Et il appelle aussi cette même nation du nom d’insensée, car si elle pouvait en quelque façon être appelée du nom de peuple, en tant qu’elle était unie et gouvernée par la loi humaine, elle est toutefois appelée insensée, c’est-à-dire comme privée de la sagesse véritable, qui consiste en la connaissance et le culte de Dieu: "Je vous conjure par le Seigneur de ne plus marcher comme les nations, qui marchent dans la vanité de leurs pensées, qui ont l’intelli gence obscurcie de ténèbres, entièrement éloignées de la vie de Dieu, par l’igno rance qui est en eux, à cause de l’aveu glement de leur coeur; qui, ayant perdu tout espoir, se sont livrés à l’impudicité, à toutes sortes de dissolutions, à l’avarice 9." Ces caractères se rapportent à la gentilité selon la condition antérieure à sa conversion. Ils peuvent aussi lui être appliqués après sa conversion, <car> elle est dite une non-nation, c’est-à-dire ne vivant pas à la manière des nations, comme l’Apôtre le dit au même endroit: "Je vous conjure par le Seigneur de ne plus marcher comme les nations 10." La gentilité convertie est aussi appelée nation insensée, selon l’opinion des infidèles: "Si quelqu’un d’entre vous paraît sage selon ce siècle, qu’il devienne insensé pour être sage 11."

1. Lm 5, 21.

2. Rm 2, 18.

3. Ps 147, 20a.

4. Ba 4, 4.

5. Dt 34, 10.

6. Dt 32, 21. Selon la Septante, voir éd. Alfred Rahlfs, vol. I, p. 348 kagô parezêlôsô autous ep’ouk erhnet, ep’ethnet asunetôt parorgiô autous " ("et moi je les rendrai jaloux d’une nation qui n’en est pas une, et je les mettrai en colère contre un peuple insensé").

7. Selon la Vulgate.

8. Eccli (Si) 50, 27.

9. Ep 4, 17-19.

10. Ep 4, 17.

11. 1 Co 3, 18.



852. 2. La seconde différence à remarquer, c’est que <Moïse> mentionne d’abord la jalousie 1, c’est-à-dire l’envie que les Juifs portaient aux Gentils convertis "Ils ont du zèle pour vous, non pour le bien" Puis il mentionne la colère, dont ils sont animés contre eux: "Le pécheur observera le juste et grincera des dents contre lui 3." <L’Apôtre> unit avec raison ces deux passions, car la colère est causée par l’envie 4. Aussi est-il dit au livre de Job "Le courroux tue l’homme insensé, et l’envie fait mourir le jeune enfant." Or on dit de Dieu qu’il suscite la jalousie et jette la colère, non à la vérité en causant la malice chez les Juifs, mais en leur retirant sa grâce, ou plutôt en provoquant la conversion des Gentils; d’où les Juifs prennent occasion de colère et d’envie.

853. Puis, <l’Apôtre> montre qu’ils en ont eu la connaissance par la doctrine des prophètes, et il cite Isaïe annonçant premièrement la conversion des nations 20.Mais Isaïe pousse l’audace jusqu’à dire, c’est-à-dire annonce avec audace la vérité aux Juifs, bien qu’il soit menacé du péril de mort: "Il s’élance avec audace, il court au-devant des hommes armés 6. "—Jusqu’à dire: J’ai été trouvé par les nations qui ne me cherchaient pas, je me suis manifesté ouver tement à ceux qui ne m’interrogeaient pas. A cet endroit notre version lit: "Ils m’ont cherché ceux qui auparavant ne m’interro geaient pas; ils m’ont trouvé, ceux qui ne m’ont pas cherché 8."

854. Or dans ces paroles <l’Apôtre> désigne d’abord la conversion des nations, en disant: J’ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas. Ces paroles montrent que la conversion des Gentils s’est opérée indé pendamment de leurs mérites et de leur intention "Les nations honorent Dieu pour sa miséricorde 9." A propos de cette découverte il est dit dans <l’évangile de> Matthieu: "Le Royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ et qu’un homme vient à trouver; il le recache, s’en va ravi de joie vendre tout ce qu’il possède, et achète ce champ 10." Puis <l’Apôtre> montre la cause et le mode de leur conversion

a. La cause, parce que ce n’est pas par hasard qu’ils ont trouvé ce qu’ils ne cher chaient pas, mais par la grâce de Celui qui voulut se manifester à eux; ce qui est désigné lorsqu’il dit: je me suis manifesté. — "La grâce de Dieu Notre Sauveur s’est manifestée à tous les hommes 11."

b. Le mode, en ce que le Christ ne s’est pas manifesté aux Gentils par énigmes et sous les figures de la Loi, mais dans une éclatante vérité. Aussi dit-il: ouvertement. — "Voilà que maintenant tu parles ouver tement et tu n’emploies aucune parabole 12 " — Ouvertement, dit-il, je me suis manifesté à ceux, c’est-à-dire aux Gentils, qui ne m’interrogeaient pas, c’est-à-dire qui ne cherchaient pas ma doctrine "Ils sont dans l’ignorance, ceux qui élèvent un bois qu’ils ont sculpté, et qui prient un dieu qui ne sauve pas 13."

1. Lieu paralléle Super Psalmos, in Ps. 36, 1.

2. Ga 4, 17.

3. Ps 36, 12.

4. Lieu parallèle De malo, Q. 12, a. 4, sol. 2.

5. Jb 5, 2. — Lieu parallèle Super lob 5, 2.

6. Jb 39, 31.

7. Is 65, 1. Citation rapprochée de la Septante, voir vol. II, p. 652 e Emphanés egenomên <ois eme ml zêtousin, heurethên sois eme mê eperôtôsin e (e je me suis manifesté ouvertement à ceux qui me cherchaient, et j’ai été trouvé par ceux qui m’interrogeaient e).

8. Selon la Vulgate.

9. Rm 15, 9.

10. Mt 13, 44.

11. Tt 2, 11.

12. Jn 16, 29.

13. Is 45, 20.



855. En second lieu [n° 853], <l’Apôtre> montre qu’Isaïe a prédit l’incré dulité des Juifs, en disant: 21 Mais à l’adresse d’Israël c’est-à-dire contre Israel, il dit: "Tout le jour, j’ai tendu mes mains vers un peuple incrédule et me contredisant 1." A cet endroit notre version lit: "J’ai étendu mes mains tout le jour à un peuple incrédule, qui marche dans une voie qui n’est pas bonne, au gré de ses pensées. <C’est un> peuple qui me provoque au courroux 2."

856. Or ces paroles: j’ai tendu mes mains, peuvent s’entendre, selon une première manière 3, des mains du Christ étendues sur la croix, tout le jour, c’est-à-dire durant la partie principale de tout le jour, à savoir depuis la sixième heure jusqu’au soir 4. Et bien que le soleil s’obscurcît, que les pierres se fendissent et que les tombeaux s’ouvrissent, pendant le temps où le Christ avait les mains étendues sur la croix, les Juifs cependant s’obstinèrent dans leur incrédulité, en blasphémant contre lui, comme le rapporte Matthieu 5. C’est pourquoi <l’Apôtre> ajoute: vers un peuple incrédule et me contre disant. — "Pensez à celui qui a supporté une telle contradiction de la part des pécheurs soulevés contre lui 6."

857. Ces paroles peuvent, selon une seconde manière, se rapporter à la main de Dieu étendue pour opérer des miracles: "Seigneur, regarde leurs menaces, et donne à tes serviteurs d’annoncer ta parole en toute confiance, en étendant ta main pour que des guérisons, des miracles et des prodiges soient faits par le saint nom de ton Fils Jésus 7." Le sens de ces paroles serait alors le suivant: Tout le jour, c’est-à-dire tout le temps de ma prédication, j’ai tendu mes mains, en faisant des miracles, vers un peuple incrédule, même après avoir vu mes miracles: "Si je n’avais fait parmi eux les oeuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient point de péché 8." Et me contredisant, c’est-à-dire en dénigrant mes miracles, selon ce verset de Matthieu "Celui-ci ne chasse les démons que par Béelzébub, prince des démons 9"; et cet autre d’Osée "Ton peuple est comme ceux qui contredisent le prêtre 10."

858. Enfin, ces paroles peuvent s’entendre de l’étendue de la main de Dieu pour manifester ses bienfaits à ce peuple, selon ce passage des Proverbes: <J’ai étendu ma main et personne n’y prend garde 11." Le sens de ces paroles serait Tout le jour, c’est-à-dire durant tout le temps de la Loi et des Prophètes, j’ai tendu mes mains, pour donner des bienfaits, vers un peuple incrédule et me contredisant.

"Vous avez toujours agi avec un esprit de dispute contre le Seigneur 12."

1. Is 65, 2. Selon la Septante, vol. II, p. 652 Exepetasa tas chetras mou holên tin hêmeran pros laon apeithounta kai antilegonta.

2. Selon la Vulgate.

3. Sur ces deux interprétations, voir Glosa in Rom. X, 21 (GPL, col. 1480 D-1481 A).

4. Depuis la sixième heure, les ténèbres se répandirent sur toute la terre jusqu’â la neuvième heure (Mt 27, 45).

5. Voir Mt 27, 39."

6. He 12, 3.

7. Ac 4, 29-30.

8. Jn 15, 24.

9. Mt 12, 24.

10. Os 4, 4.

11. Pr 1, 24.

12. Dt 31, 27.



CHAPITRE 11


Leçon 1 [versets 1 à 10]

50
075 (
Rm 11,1-10)


[n° 860] 1 Je dis donc: Est-ce que Dieu a rejeté son peuple? [n° 861] Certes non ! Car moi aussi je suis Israélite, de la semence d’Abraham, de la tribu de Benjamin.

[n° 862] 2 Dieu n’a pas rejeté son peuple, que d’avance il a connu. [n° 864] Ne savez-vous pas ce que dit l’Ecriture dans [ d’]Elie, comment il interpelle Dieu contre Israël

[n° 867] 3 Seigneur, ils ont tué tes prophètes, démoli tes autels; et moi je suis resté seul, et ils recherchent mon âme.

[n° 870] 4 Mais que lui dit la réponse divine? "Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont pas fléchi les genoux deyant Baal."

[n° 871] 5 De même donc, en ce temps aussi, un reste a été sauvé, selon l’élection de la grâce.

6 Mais si c’est par grâce, ce n’est plus en raison des oeuvres; autrement la grâce n’est plus grâce.

[n° 872] 7 Quoi donc? Ce que recherchait Israel, il ne l’a pas obtenu; mais l’élection l’a obtenu; cependant, les autres ont été aveuglés,

[n° 873] 8 selon qu’il est écrit: "Dieu leur a donné un esprit de componction, des yeux pour ne pas voir et des oreilles pour ne pas entendre, jusqu’à ce jour."

[n° 876] 9 David dit aussi: "Que leur table devienne pour eux un filet, un piège, un scandale et une rétribution."

[n° 877] 10 Que leurs yeux s’obscurcissent pour ne pas voir et que leur dos soit toujours courbé.

859. Après avoir montré que la chute des Juifs est digne de compassion, mais non totalement excusable [n° 813], l’Apôtre montre ici que la chute des Juifs n’est pas universelle. Et:

I) Il commence par poser une question.

II) Puis, il la résout [n° 861]: Certes non! Car moi, etc.

III) Enfin, il en déduit une conclusion [n° 872]: 7 Quoi donc? Ce que, etc.

860. — I 1 Je dis, en interrogeant Est-ce que Dieu a rejeté, totalement, son peuple ?, à savoir les Juifs, parce qu’il l’appelle "un peuple incrédule et contre disant." Le psalmiste pose une question semblable, en disant: "Pourquoi, Dieu, nous as-tu rejetés pour toujours 1?" <Et il est écrit au livre des Lamentations>: "Le Seigneur a rejeté son autel 2."

861. — II. Quand il ajoute: Certes non! etc., <l’Apôtre> résout la question en montrant que Dieu n’a pas rejeté tota lement le peuple juif. Et c’est bien ce qu’il dit: Certes non!, à savoir que le peuple juif soit totalement rejeté. <L’Apôtre> prouve cela en premier lieu par rapport à sa propre personne, en disant: Car moi aussi 3, c’est-à-dire moi qui vis dans la foi du Christ, je suis Israélite, à savoir de nation: "Ils sont Israélites et moi aussi 1."

1. Ps73, 1.

2. Lm 2, 7.

3. 2 Col!, 22b.



Mais, parce que dans le peuple d’Israël il y avait quelques prosélytes qui ne descendaient pas des patriarches selon la chair, il écarte cette hypothèse en ce qui le concerne, en ajoutant ensuite: de la semence d’Abraham. — "De la semence d’Abraham? Moi aussi." Or dans le peuple juif on distin guait les tribus par les <noms des> fils de Jacob, dont les uns furent fils de servantes, d’autres d’épouses <légitimes>. Ainsi Joseph et Benjamin furent les fils de Rachel, l’épouse préférée. Aussi, en troi sième lieu, en montrant l’excellence de sa race dans le peuple juif, <l’Apôtre> dit de la tribu de Benjamin. — "Moi de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin 2." C’est pourquoi certains interprètes appliquent à l’Apôtre ce passage qu’on lit dans la Genèse: "Benjamin, loup rapace: le matin il dévorera la proie, et le soir il partagera les dépouilles 3."

862 — En second lieu, 4 <en disant:>: 2 Dieu n’a pas rejeté, etc., il montre que ce peuple n’a pas été rejeté par Dieu, préci sément eu égard à la multitude de ses élus.

Et:

A) Il expose d’abord son intention.

B) Ensuite, il établit une similitude, en disant: [n° 864]: Ne savez-vous pas, etc.

C) Enfin, il en fait l’application [n° 871]: De même donc, en ce temps aussi, etc.

863. — A. Il dit donc premièrement Non seulement moi je n’ai pas été rejeté, mais Dieu n’a pas rejeté tout son peuple, que d’avance il a connu, c’est-à-dire qu’il a prédestiné: "ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés 5." — "Le Seigneur ne rejettera pas son peuple 6" L’Apôtre parle ici des prédestinés.

864. — B. Lorsqu’il dit: Ne savez-vous pas, etc., il établit une similitude avec ce qui est arrivé au temps d’Élie, lorsque tout le peuple semblait aussi s’être éloigné du culte du Dieu unique.

1) Il expose ici premièrement l’interpellation d’Elie.

2) Deuxièmement, la réponse du Seigneur [n° 870]: Mais que lui dit la réponse divine?, etc.

865. 1. <L’Apôtre> dit donc d’abord: Ne savez-vous pas ce que dit l’Ecriture sur Eue, c’est-à-dire à propos d’Elie, ou: dans Elie, c’est-à-dire dans le livre écrit au sujet d’Elie. Car tout le livre des Rois est écrit principalement pour faire connaître les paroles et les actions des prophètes. Aussi est-il compté au nombre des livres prophétiques, comme le remarque Jérôme dans son Prologue au livre des Rois 8; <Ne savez-vous pas...> comment, à savoir Elie lui-même, interpelle Dieu contre Israêl?

866. Cette interpellation 9 semble être en contradiction avec cette parole de Samuel "Loin de moi ce péché contre le Seigneur, que je cesse de prier pour vous 10" A plus forte raison donc ne doit-on pas interpeller contre ce peuple.

Il faut comprendre que les prophètes interpellent contre un peuple de trois manières:

a. Premièrement, en conformant leur volonté à la volonté divine qui leur est révélée, ainsi qu’il est écrit dans un psaume: "Le juste se réjouira, lorsqu’il aura vu la vengeance".

b. Deuxièmement, en interpellant contre le règne du péché, c’est-à-dire afin de détruire non les hommes mais les péchés des hommes.

1. 2 Corinthiens 11, 22c.

2. Ph 3, 5.

3. Gn 49, 27.

4. Lieu parallèle Somme Théologique V, Q. 43, a. 1.

5. Rm 8, 29.

6. Ps 93, 14.

7. Voir 3 R (1 R) 19, 10.

8. Voir SAINT JÉRÔME, Prologue in libro Regum. Voir BibIta juxta versionem vulgatam, t. V, p. 6; éd. R. Weber et R. Grysori, p. 364.

9. Lieux parallèles Somme Théologique 2 Q. 76, a. 1; 4 Sentences dist. 18, Q. 2, a. 1, Q. 2, sol. 1; De vinut., Q. 2, a. 8, sol. 15; Super lob 3, 1, lect. 1; Ad Rom. 12, 14, lect. 3 (éd. Marietti, n° 1000).
10. 1 R (1") 12, 23.

11. Ps57, 11.

c. Troisièmement, en tant que l’inter pellation ou la prière doit être interprétée comme un avertissement, selon ce verset de Jérémie: "Qu’ils soient confondus ceux qui me persécutent 1", c’est-à-dire ils seront confondus.

867. Or dans son interpellation, <Elie> allègue deux choses contre eux:

D’abord, l’impiété qu’ils avaient commise contre le culte de Dieu, soit en persécutant ses ministres, ce que <l’Apôtre> indique en disant: Seigneur, ils ont tué tes prophètes. — "Ne t’a-t-on pas rapporté à toi, mon seigneur, ce que je fis lorsque Jézabel tuait les prophètes du Seigneur ? 2" — "Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils point persécuté ? 3", soit quant aux lieux consacrés à Dieu, selon ce verset d’un psaume: "Ils ont brûlé par le feu ton sanctuaire 4" Et c’est en faisant allusion à cela que <l’Apôtre> dit ils ont démoli tes autels.

868. Sur quoi il faut remarquer qu’au Deutéronome le Seigneur fit ce comman dement "Vous viendrez au lieu que le Seigneur votre Dieu aura choisi d’entre toutes vos tribus, pour y établir son Nom et pour y habiter, et vous offrirez en ce lieu vos holocaustes et vos victimes, les dîmes et les prémices de vos mains, vos voeux et vos dons, les premiers-nés de vos boeufs et de vos brebis 5." Cependant avant la construction du Temple, il était permis au peuple de construire des autels en divers lieux pour le culte divin; mais comme cela était en contradiction avec la Loi depuis que le Temple était édifié, Ezéchias, ce roi très pieux, fit détruire tous les autels qu’on avait élevés ainsi. Tels sont les faits qui sont décrits au quatrième livre des Rois: "N’est-ce pas ce <Dieu> dont Ezéchias a détruit les autels et les hauts lieux, et a ordonné à Juda et à Jérusalem: C’est devant cet autel que vous adorerez dans Jérusalem 6?" Mais ce qu’Ezéchias avait fait par piété, Achab et Jézabel le firent par impiété, avec la volonté de supprimer tota lement le culte de Dieu.

869. Ensuite, il allègue contre eux l’impiété [n° 867] qu’ils avaient l’intention de commettre, en disant: et moi je suis resté seul, à savoir <seul attaché> au culte d’un seul Dieu. Elie parlait ainsi parce que les autres Juifs ne montraient pas assez ouvertement qu’ils étaient les adorateurs de Dieu. Car il est dit de lui

"Elie, le prophète, se leva comme un feu, et sa parole brûlait comme une torche ardente 7." — Et ils recherchent mon dme, c’est-à-dire pour me la ravir. En effet, Jézabel avait envoyé <un messager> à Elie, en disant: "Que les dieux me fassent ceci, et qu’ils ajoutent cela, si demain, à cette heure, je ne mets ton âme dans l’état où se trouve l’âme de chacun d’eux ! 8", c’est-à-dire l’âme des prophètes de Baal qu’Elie avait fait mourir.

870. 2. <L’Apôtre> expose ensuite la réponse divine, en disant: ""Mais que dit l’Ecriture", à savoir que lui a dit, c’est-à-dire à Eue, la réponse divine? Ce qui suit, dis-je: Je me suis réservé, c’est-à-dire dans mon culte, en ne permettant pas qu’ils tombent dans le péché, sept mille hommes (on indique ici un nombre déterminé pour un nombre indéterminé à cause de la perfection des nombres sept et mille) qui n'ont pas fléchi les genoux devant Baal, c’est-à-dire qui n’ont pas abandonné le culte de


1. Jr 17, 18.
2. 3 R (1 R) 18, 13.

3. Ac 7, 52.

4. Ps 73, 7.

5. Dt 12, 5-6.
6. 4 R (2 R) 18, 22.

7. Eccli (Si) 48, 1.
8. 3 R (1 R) 19, 2.
9. 3 R (1 R) 19, 18.



Dieu: "Quiconque invoque mon Nom, je l’ai créé pour ma gloire, je l’ai formé et je l’ai fait 1."

871. — C. Lorsqu’il dit: De même donc, etc., il applique à sa proposition ce qu’il avait dit.

1. Et il commence par exposer son application, en disant: De même donc, en ce temps aussi, où la multitude du peuple semble s’être écartée, un reste, c’est-à-dire un grand nombre qui est resté au milieu de cette ruine, sera sauvé, ou a été sauvé selon l’élection de la grâce de Dieu, c’est-à-dire selon l’élection gratuite de Dieu: "Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis 2."

2. Puis il en déduit une conclusion, en disant: 6 Mais si c’est par grâce, qu’ils ont été sauvés, ce n‘est plus en raison de leurs oeuvres. — "Ce n’est point par les oeuvres de justice que nous avons faites, mais selon sa miséricorde qu’il nous a sauvés 3."

3. Il montre enfin que la conclusion découle des prémisses, en disant: autrement, si la grâce vient des oeuvres, elle n’est plus grâce, car elle est ainsi appelée parce qu’elle est donnée gratuitement 4" étant justifiés gratuitement par sa grâce 5."

872. — III. En disant: 7 Quoi donc, etc., <l’Apôtre> déduit la conclusion proposée. Et il commence par l’exposer, en disant: Que dirons-nous donc d’après les prémisses? Ceci: Israêl, quant à la plus grande multitude du peuple, n’a pas obtenu ce qu’il recherchait, c’est-à-dire la justice. C’est ainsi qu’il faut entendre ce qui a été dit plus haut: "Israel, en suivant la loi de justice, n’est point parvenu à la loi de la justice 6." — "Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas 7." Cependant l’élection, c’est-à-dire ceux qui ont été élus parmi les Juifs, a obtenu la justice: "Il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans la charité 8" — Cependant, les autres, c’est-à-dire l’autre partie du peuple, ont été aveuglés, à cause de leur malice: "Leur malice les a aveuglés 9."

873. Ensuite, <en disant:>: 8 selon qu’il est écrit, etc., <l’Apôtre> développe sa conclusion quant à sa dernière partie. Et:

A) D’abord, par l’autorité d’Isaïe.

B) Puis, par l’autorité de David [n° 876]: 9 David dit aussi.

874. — A. Sur la première de ces autorités, il faut remarquer que l’Apôtre compose sa citation avec deux passages. On lit en effet au chapitre 29 <du livre> d’Isaïe: "Il a répandu sur vous un esprit d’assoupissement 10." Et <l’Apôtre> dit à ce propos: Dieu leur a donné un esprit de componction, ce qui indique la perversité de l’affection 11.La componction implique en effet une piqûre ou une douleur du coeur. Il y a donc une bonne componction 12, celle par laquelle on éprouve de la douleur pour ses propres péchés, selon ce passage du psaume 59: "Tu nous as fait boire un vin de componction 13." Mais il y a aussi une mauvaise componction, à savoir l’envie, par laquelle on éprouve de la douleur pour le bien d’autrui. C’est donc cet esprit de componction, c’est-à-dire d’envie, que

1. Is 43, 7.

2. Jn 15, 16.

3. Tt 3, 5.

4. Lieu parallèle: De veritate, Q. 27, a. 1.

5. Rm 3, 24.

6. Rm 9, 31.

7. Jn 7, 34.

8. Ep 1, 4.

9. Sg 2, 21b.

10. Is 29, 10.

11. Le latin compunctio appartient à la langue ecclésiastique et signifie proprement " piqûre" de compungere piquer d’où " affecter", et, au passif, être repentant" (O. BLOCH et W. VON WARTBURG, Dictionnaire étymologique de la langue française, p. 140); voir " acuponcture."

12. Lieux parallèles: Somme Théologique Suppl., Q. 1, a. 1 c. ; 4 Sentences dist. 17, Q. 2, a. 1, Q. 2 et 3.

13. Ps 59, 5.



Dieu leur a donné, non, il est vrai, en leur envoyant la malice, mais en leur retirant la grâce, comme on l’a dit plus haut: "Moi, je vous rendrai jaloux d’une nation qui n’en est pas une 1."

875. On lit encore dans <le livre d’>Isaïe: "Aveugle le coeur de ce peuple, et rends ses oreilles sourdes, et ferme ses yeux; de peur qu’il ne voie de ses yeux et qu’il entende de ses oreilles 2." Et sur ce point, pour désigner le manque de puis sance cognitive, il ajoute: des yeux pour ne pas voir, c’est-à-dire pour ne pas voir par eux-mêmes les miracles que le Christ a opérés sous leurs yeux, et des oreilles pour ne pas entendre, à savoir fructueusement la doctrine du Christ et des Apôtres: "Toi qui vois beaucoup de choses, ne feras-tu point attention? Toi qui as les oreilles ouvertes, n’entendras-tu point 3 ?" L’Apôtre ajoute ces mots qui viennent de lui: jusqu’à ce jour, parce qu’à la fin du monde ils verront et entendront, lorsque "le coeur des fils <sera ramené> à leurs pères ", comme le dit Malachie.

876. — B. Lorsque <l’Apôtre> dit: David dit aussi, etc., il cite l’autorité de David.

1. Il indique en premier lieu la cause de la faute des Juifs, en disant: Que leur table devienne, c’est-à-dire la malice dont les pécheurs se rassasient: "Comme le mal est doux à sa bouche, il le cachera sous sa langue." Or cette table est devant eux lorsqu’ils pèchent avec une malice déter minée. Elle devient en vérité un filet, puisque s’y prépare l’entraînement au péché: "Celui qui se sera dégagé de la fosse sera retenu par le filet 6"; — un piège, puisqu’ils succombent à la délectation par le consentement: "Ils s’embarrasseront dans des filets et seront pris au piège 7";

un scandale, c’est-à-dire un pacte avec leur chute en tombant de péché en péché "Paix abondante pour ceux qui aiment ta Loi; il n’y a pas pour eux de scandale 8";

et une rétribution pour eux, c’est-à-dire puisque, évidemment, ils seront punis pour leurs péchés. Ou bien, parce que Dieu rétribue leurs péchés en leur permettant de tomber ainsi: "Rends leur rétribution aux orgueilleux." Ou bien, la table, c’est la sainte Ecriture placée devant les Juifs 10: "La sagesse a dressé sa table 11." Cette table devient un filet quand il s’y présente quelque ambiguïté; un piège, quand elle est mal interprétée; un scandale, lorsqu’on tombe dans l’obstination de l’erreur; et une rétribution, comme on vient de l’expliquer.

877. 2. En second lieu, <l’Apôtre> mentionne la chute proprement dite quant à leur puissance cognitive, en disant: 10 Que leurs yeux s’obscurcissent pour ne pas voir, paroles qui sont exprimées plutôt sous forme de prédiction que de souhait: "Ils ont l’intelligence obscurcie par les ténèbres 12" Et quant à l’effet, en disant: et que leur dos, c’est-à-dire le libre arbitre 13, qui porte au bien et au mal, Soit toujours courbé, c’est-à-dire permets qu’il se courbe <en allant> des choses éternelles vers les temporelles, de la rectitude de la justice vers l’iniquité: "Courbe-toi, afin que nous passions 14."

1. Rm 10, 19.

2. Is 6, 10.

3. Is 42, 20.

4. Ml 4, 6.

5. Jb20, 12.

6. Is 24, 18.

7. Is 8, 15.

8. Ps 118, 165.

9. Ps 93, 2.

10. Voir Glosa in Rom. xi, 9 (GPL, col. 1483 C).

11. Pr 9, 2.

12. Ep 4, 18.

13. Dans la Somme de théologie (3a, Q. 34, a. 3, sol. 1), saint Thomas précise que le libre arbitre ne se comporte pas, en regard du bien, de la même manière qu’en regard du mal: au bien, en effet, il " une relation essentielle et naturelle; mais le mal, il ne l’atteint que par défaut et en opposition avec sa nature."

14. Is 51, 23.



Thomas A. sur Rm (1999) 49