Thomas A. sur Rm (1999) 54

CHAPITRE 12


Leçon 1 [versets 1 à 3]

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075 (
Rm 12,1-3)


[n° 954] 1 Je vous demande donc avec obsécration, frères, par la miséricorde de Dieu, d’offrir vos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu; ce sera votre culte raisonnable.

[n° 965] 2 Et ne vous conformez point à ce siècle, mais réformez-vous par le renouvel lement de votre esprit, afin que vous éprouviez quelle est la volonté de Dieu <qui est> bonne, agréable et parfaite.

[n° 968] Car je dis, en vertu de la grâce qui m’a été donnée, à tous ceux qui sont parmi vous, de ne pas s’exalter en pensée plus qu’il ne convient, mais de penser avec sobriété, selon la mesure de la foi que Dieu a départie à chacun.

953. Après avoir montré la nécessité des vertus et l’origine de la grâce [n° 97], l’Apôtre donne ici un enseignement sur l’usage de la grâce, ce qui relève de l’instruction morale. A cet effet:

Il expose d’abord la doctrine morale en général.

Puis, il se penche spécialement sur quelques détails qui concernent ceux à qui il écrit, et cela vers le milieu du chapitre 15 [n° 1163]: 14 "Je suis bien persuadé, mes frères, moi-même, etc."

Sur le premier de ces points:

Il commence par donner un ensei gnement sur l’usage de la grâce, en tant que l’homme <doit> devenir parfait.

Puis, en tant que devenu parfait, il <doit> supporter celui qui est imparfait, au chapitre 14, [n° 1081]: 1 "Accueillez celui qui est faible dans la foi, etc."

Sur la perfection:

* <L’Apôtre> exhorte d’abord à la vie parfaite quant à la sainteté que l’homme <doit> conserver pour Dieu.

* Puis, quant à la justice que l’on <doit> montrer à l’égard du prochain, au chapitre 13 [n° 1016]: 1 "Que toute âme soit soumise, etc."

* Enfin, quant à la pureté que l’homme <doit> conserver en lui-même, au chapitre 13 [n° 1060]: ""D’autant plus que nous savons, etc."

<Sur l’exhortation à la vie parfaite quant à la sainteté, l’Apôtre>

I) Engage premièrement l’homme à s’offrir à Dieu dans la sainteté.

II) Ensuite, il enseigne comment on doit utiliser les dons de la grâce de Dieu, par lesquels on est sanctifié [n° 968]: Car je dis, en vertu de la grâce, etc.

I. Sur le premier point:

A) Il enseigne comment chacun doit s’offrir â Dieu quant au corps.

B) Ensuite, quant à l’âme [n° 965]: 2 Et ne vous conformez point, etc.

954. — A. Quant à l’offrande du corps, il fait deux choses [n° 957]

1. Il commence par exhorter à l’observance <des règles> qui sont enseignées, et cela de deux manières [n° 956]:

a. De son propre côté, lorsqu’il dit: 1 Je vous demande donc avec obsécration, frères, autrement dit: il a été établi que les jugements de Dieu sont incompréhensibles et ses voies insondables 1, je vous demande donc avec obsécration, frères, d’observer ce que je vais vous dire.

2 — Or, <l’Apôtre> se sert de l’obsé cration pour trois raisons:

En premier lieu, pour indiquer son humilité: "C’est avec des obsécrations que parlera le pauvre 3", lui qui ne se confie pas dans son abondance, et c’est pourquoi il s’efforce de porter les hommes au bien non point par son propre <témoignage>, mais par celui de Dieu. Car user de l’obsé cration, c’est faire appel au témoignage des choses sacrées.

En deuxième lieu, pour qu’il touche par l’affection en priant, plutôt que par la crainte en commandant de manière autoritaire. Aussi <l’Apôtre> dit-il à Philémon "Bien qu’ayant dans le Christ Jésus une entière liberté de t’ordonner ce qui convient, cependant je préfère demander avec obsécration par charité 4." Et aux Galates: "Vous qui êtes spirituels, instruisez-le en esprit de douceur 5."

En troisième lieu, par respect envers les Romains auxquels il écrivait: "Ne réprimande pas un vieillard, mais demande-lui avec obsécration comme <à ton> père 6"

956. b. Puis, <l’Apôtre> les exhorte du côté de Dieu, lorsqu’il dit: par la miséricorde de Dieu, c’est-à-dire par laquelle vous êtes sauvés: "Ce n’est point par les oeuvres de justice que nous avons faites qu’il nous a sauvés, mais selon sa miséri corde." Et c’est pourquoi, en consi dérant la miséricorde divine, nous devons accomplir l’exhortation qu’on nous donne: "Ne fallait-il pas que toi aussi tu aies pitié de ton compagnon comme moi j’ai eu pitié de toi 8." Ou bien <ces mots>: par la miséricorde de Dieu, peuvent se comprendre comme suit: par l’autorité de l’apostolat qui m’a été miséricordieusement confié 9: "Ayant obtenu de la miséricorde du Seigneur d’être fidèle 10."

957. — 2. Puis, <l’Apôtre> expose son avertissement, lorsqu’il dit: d’offrir vos corps, etc. A ce propos, il faut savoir que, comme le dit Augustin, "le sacrifice visible", que l’on offre extérieurement à Dieu, "est le signe du sacrifice invisible 12", par lequel on s’offre soi-même et ce que l’on possède pour honorer Dieu.

958 13 — Or l’homme a trois sortes de biens:

a. D’abord le bien de l’âme, qu’il offre à Dieu par l’humilité de la dévotion et de la contrition, selon ce verset du psal miste: "Le sacrifice <digne> de Dieu, c’est un esprit brisé"

b. Ensuite l’homme a les biens exté rieurs, qu’il offre à Dieu par la largesse des aumônes. D’où ces paroles de l’épître aux Hébreux: "N’oubliez pas la charité et la communication de vos biens; car c’est par

1. Voir Rm 11, 33.

2. Lieux parallèles: Somme Théologique 2 Q. 83, a. 17, sol. 1; Q. 90, a. 1

4 Sentences dist. 15, Q. 4, a. 3; Ad Rom. 1, 10, lect. 5 (éd. Manetti, n° 86); 1 Ad Tim. 2, 1, lect. 1 (éd. Marietti, n° 56); Ad Philip. 4, 6, lect. 1 (éd. Marietti, n° 157).

3. Pr 18, 23.

4. Phm 8-9.

5. Ga 6, 1.

6. 1 Tm 5, 1.

7. Tt 3, 5.

8. Mr 18, 33.

9. Voir Glosa in Rom. 12, 1 (GPL, coI. 1496 B).

10. 1 Co 7, 25.

11. Lieux parallèles: Somme Théologique 2 Q. 81, a. 1 et 7; Q. 84, a. 2; 3 Sentences dist. 9, Q. 1, a. 3, q 3; dist. 33, Q. 3, a. 4, q 1, sol. 2; Contra impugn. Dei cuit, et relig. 1; Super Boet. de Ton., Q. 3, a. 2; 3 Contra Gentiles ç. 119.

12. SAiNT AUGUSTIN, La Gitè de Dieux, V (BA 34, 440-441).

13. Lieux parallèles: Somme Théologique Ia-2 Q. 84, a. 4; 2 Q. 73, a. 3; Q. 85, a. 3, sol. 2; Q. 104, a. 3; Q. 118, a. 5; Q. 152, a. 2 et 4; Q. 186, a. 7; 3 Sentences dist. 9, Q. 1, a. 3, q 3; 4 Sentences dist. 15, Q. 1, a. 4, q 3; De maie, Q. 3, a. 1; De virtut., Q. 3, a. 1; De quodlibet 5, Q. 3, a. 2; Ethic. 1, lect. 12 [1098 b 12].

14. Ps 50, 19. — Lieu parallèle: Super Psalmos, in Ps. 50, 19.



de telles offrandes qu’on se concilie Dieu 1."

c. Enfin l’homme a le bien de son propre corps; et à ce propos <l’Apôtre> dit: d’offrir, à savoir à Dieu, vos corps, comme une hostie spirituelle. Or l’animal immolé à Dieu était appelé hostie, soit parce qu’il était offert pour la victoire sur les ennemis, soit pour la sécurité contre eux, soit parce qu’il était immolé à la porte du tabernacle du témoignage 2.

959. Or l’homme offre son corps à Dieu comme une hostie de trois manières:

Premièrement, quand il expose son corps à la souffrance et à la mort pour Dieu, comme on le dit du Christ: "Il s’est livré lui-même pour nous en oblation à Dieu, et en hostie de suave odeur 3." Et l’Apôtre dit de lui-même: "Si je suis immolé sur le sacrifice et l’oblation de votre foi, je m’en réjouis 4."

Deuxièmement, quand l’homme macère son corps par des jeûnes et des veilles pour servir Dieu, selon cette parole de <l’Apôtre dans> la première épître aux Corinthiens: "Je châtie mon corps et le réduis en servitude 5."

Troisièmement, quand l’homme offre son corps aux oeuvres de la justice et au culte divin: "Offrez vos membres à l’esclavage de la justice pour la sanctification 6."

960. En outre, il faut considérer le fait que l’hostie qu’on immolait à Dieu réunissait quatre conditions:

D’abord l’oblation elle-même devait être entière et sans corruption. D’où ces paroles de Malachie: "Maudit le fourbe qui a dans son troupeau un mâle et qui, faisant un voeu, immole un animal débile au Seigneur 7." Et <l’Apôtre> dit: vivante, c’est-à-dire afin que l’hostie de notre corps, offerte à Dieu, soit vivante par la foi formée par la charité: "Si je vis maintenant dans la chair, j’y vis en la foi du Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est lui-même livré pour moi 9." Or il faut remarquer que l’hostie naturelle, auparavant vivante, était mise à mort pour montrer au moyen de son immolation que la mort régnait encore dans l’homme tant que régnait le péché, comme on l’a dit plus haut 10. Mais cette hostie spirituelle vit toujours et progresse en vivant, selon ce passage de Jean: "Moi je suis venu pour qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient plus abondamment 11", parce que le péché a déjà été supprimé par le Christ; à moins que nous disions que l’hostie de notre corps vit assurément pour Dieu par la justice de la foi, mais qu’elle est mortifiée par les concupiscences de la chair: "Mortifiez vos membres qui sont sur la terre 12"

961. Ensuite l’hostie offerte à Dieu était sanctifiée dans l’immolation elle-même. D’où il est dit: "Tout homme de votre race, qui s’approchera en état d’impureté des choses qui auront été consacrées et que les enfants d’Israël auront offertes au Seigneur, périra devant le Seigneur’"Voilà pourquoi <l’Apôtre> ajoute: sainte, à savoir par la dévotion, par laquelle notre corps est consacré au service de Dieu: "Sanctifiez-vous et soyez saints, parce que c’est moi qui suis le Seigneur votre Dieu 14" Or, à proprement parler, la sainteté par rapport à Dieu consiste en ce que l’homme conserve ce qui est juste à l’égard de Dieu.

1. He 13, 16.

2. Voir Lv 3, 2.

3. Ep 5, 2.

4. Ph 2, 17.

5. 1 Corinthiens 9, 27.

6. Rm 6, 19.

7. Ml 1, 14.

8. Lieux parallèles Somme Théologique 2a-2 Q. 4, a. 3; Q. 23, a. 8; 3 Sentences dist. 23, Q. 3, a. 1; De virtut., Q. 14, a. 5; De virtut., Q. 2, a. 3; Ad Rom. 1, 17, lect. 6 (éd. Marietti, n° 108); 3, 22, lect. 3 (éd. Marietti, n° 302); 10, 8, lect. 1 (éd. Marietti, n° 829); 10, 11, lect. 2 (éd. Marietti, n° 833).

9. Ga 2, 20,

10. Voir Rm 5, 12s.

11. Jn 10, 10.

12. Col 3, 5.

13. Lv 22, 3.

14. Lv 20, 7.



962. Puis, quant à la destruction même du sacrifice, l’hostie était appelée un sacrifice de suavité et agréable au Seigneur, selon ce passage du Lévitique: "Tout ce qui aura été offert le prêtre le brûlera sur l’autel en holocauste et en très suave odeur pour le Seigneur 1." D’où ce que <l’Apôtre> dit ici: agréable à Dieu, à savoir par la rectitude de l’intention: "Afin que je me rende agréable devant Dieu, dans la lumière des vivants 2."

963. Enfin, dans la préparation même du sacrifice on y ajoutait du sel. Ainsi <lit-on> dans le Lévitique: "Tout ce que tu offriras en sacrifice, tu l’assaisonne ras de sel 3." Et il est dit dans <l’évangile de> Marc: "Toute victime sera salée avec le sel 4." Or le sel signifie la discrétion de la sagesse 5. D’où <ces paroles de l’Apôtre dans son épître> aux Colossiens: "Conduisez-vous avec sagesse envers ceux du dehors, en rachetant le temps. Que votre parole soit accompagnée de grâce et assaissonnée de sel 6, " Aussi ajoute-t-il ici ce sera votre culte raisonnable, c’est-à-dire offrez à Dieu avec discrétion vos corps comme une hostie, soit par le martyre, soit par l’abstinence, soit par quelque autre oeuvre de justice: "Que tout se fasse chez vous honnêtement et avec ordre 7." Et encore: "L’honneur du roi est d’aimer le jugement 8."

964. Autre est le comportement de l’homme juste dans ses actes intérieurs par lesquels il honore Dieu, et autre son comportement dans ses actes extérieurs. Car le bien de l’homme et sa justice consistent principalement dans les actes intérieurs, à savoir ceux par lesquels l’homme croit, espère et aime. D’où ces paroles de Luc: "Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous 10." Mais ils ne consistent pas principalement dans les actes extérieurs: "Le Règne de Dieu n’est pas nourriture et boisson 11." Les actes intérieurs revêtent donc le caractère de fin, qu’on recherche pour elle-même; tandis que les actes extérieurs, pour lesquels les corps sont offerts à Dieu, ont pour ainsi dire le caractère de moyens qui sont ordonnés à la fin. Or dans ce qu’on recherche comme fin on ne met aucune mesure, mais plus la chose est grande, meilleure elle est. En revanche, dans ce qui est recherché en vue de la fin, on admet une mesure proportionnée à cette fin. Par exemple, un médecin procure la santé autant qu’il le peut, et administre un trai tement non pas seulement autant qu’il le peut, mais dans la mesure où il le juge expédient pour obtenir la santé. Sembla blement l’homme ne doit mettre aucune mesure dans la foi, l’espérance et la charité; il est d’autant plus parfait qu’il croit, espère et aime davantage. C’est pour cette raison qu’il est écrit: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force 12." Mais dans les actes extérieurs il y a une mesure de discrétion à observer proportionnel lement à la charité. Ce qui fait dire à Jérôme: "L’homme raisonnable ne perd-il pas sa dignité lorsque, préférant le jeûne ou

1. Lv 1, 9.

2. Ps 55, 13.

3. Lv 2, 13.

4. Mc 9, 48.

5. Lieux parallèles 4 Sentences dist. 6, Q. 2, a. 1, Q. 3, sol. 3 ad tertium; Somme Théologique 1a-2ae, Q. 102, a. 3, sol. 14; Super Psalmos, in Ps. 10,

5b.

6. Col 4, 5-6a.

7. 1 Corinthiens 14, 40. L’addition des mots in vobis (chez VOUS) figure dans la Biblia latina, éd. Adolph Rusch, vol. IV, p. 332a; voir aussi DOM SABATIER, Bibi. sacr., t. III (Notae ad versionem antiquam), p. 712.

8. Ps 98, 4.

9. Lieux parallèles Somme Théologique 1 Q. 64, a. 4; 2a-2 Q. 17, a. 5, sol. 2; Q. 27, a. 6; Q. 81, a. 7; 3Sentences dist. 33, Q. 1, a. 3, q. 4; De virtut., Q. 1, a. 1; De cantate, Q. 2, a. 9.

10. Lc 17, 21.

11. Rm 14, 17.

12. Dt 6, 5.



les veilles à l’intégrité de ses facultés, il se laisse infliger le nom d’homme triste ou insensé, parce qu’il se livre au chant des psaumes et des offices 1?

965. — B. Lorsqu’il dit: 2 Et ne vous conformez point, etc., <l’Apôtre> montre comment l’homme doit s’offrir à Dieu quant à l’âme.

1. Et il défend en premier lieu de se conformer au siècle, lorsqu’il dit: Et ne vous conformez point à ce siècle, c’est-à-dire aux choses qui passent avec le temps. Car le siècle présent est comme la mesure des choses qui s’écoulent avec le temps. Or l’homme se conforme aux choses tempo relles par l’affection, en s’y attachant avec amour: "Ils sont devenus abominables comme les choses qu’ils ont aimées 2."

"La religion pure et sans tache devant Dieu le Père, la voici: Visiter les orphelins et les veuves dans leurs tribulations, et se garder sans tache à l’écart de ce siècle 3." On se conforme aussi à ce siècle en imitant la conduite de ceux qui vivent à la manière du siècle: "Je vous dis donc, et je vous adjure dans le Seigneur de ne plus marcher comme les Gentils, qui marchent dans la vanité de leurs pensées 4."

966. 2. En deuxième lieu, <l’Apôtre> commande la réforme inté rieure du jugement, lorsqu’il dit: mais réformez-vous par le renouvellement de votre esprit.L’esprit de l’homme est pris ici pour la raison, en tant que par elle l’homme juge de ce qu’il doit accomplir. Or l’homme a reçu dans sa création un esprit intègre et vigoureux; d’où ces paroles de l’Ecclésiastique: "<Dieu> a rempli leur coeur de sens et il leur a montré les biens et les maux 5."

Mais par le péché cet esprit s’est corrompu et a semblé vieillir: "Tu as vieilli dans une terre étrangère 6"; et par conséquent il a perdu sa noblesse et sa beauté: "Toute la beauté de la fille de Sion s’est retirée d’elle 7." L’Apôtre nous avertit donc de nous réformer, c’est-à-dire de reprendre de nouveau la forme et la beauté que notre âme avait <autrefois>; ce qui se fait par la grâce de l’Esprit-Saint, à laquelle l’homme doit se prêter avec ardeur par sa partici pation, c’est-à-dire de telle sorte que ceux qui ne l’ont pas encore reçue la reçoive, et que ceux qui l’ont reçue en profitent: "Renouvelez-vous par l’esprit de votre esprit 8." — "Ta jeunesse sera renouvelée comme celle de l’aigle 9." Ou autrement réformez-vous, à savoir dans les actes exté rieurs, par le renouvellement de votre esprit, c’est-à-dire selon la grâce nouvelle que vous avez reçue dans votre âme.

1. Voir GRATIEN, Décrets, III partie, dist. V, can. XXIV, col. 1418.

2. Os 9, 10.

3. Jc 1, 27.

4. Ep 4, 17.

5. Eccli (Si) 17, 6.

6. Ba3, 11.

7. Lm 1, 6.

8. Ep 4, 23.

9. Ps 102, 5.

967. 3. Enfm, <l’Apôtre> donne la raison de l’avertissement dont on vient de parler, lorsqu’il dit: afin que vous éprouviez quelle est la volonté, etc.Sur ce point il faut faire la remarque <suivante>: De même que l’homme qui a un goût corrompu ne peut juger correctement les saveurs et se prend parfois à détester ce qui est suave, ou à l’opposé recherche ce qui est détes table, tandis que celui qui a un goût sain juge correctement les saveurs; ainsi l’homme dont l’affection est corrompue par une sorte de conformité avec les choses du siècle ne porte pas un jugement correct sur le bien, tandis que celui qui a l’affection droite et saine, son esprit étant renouvelé par la grâce, porte un jugement correct sur le bien. Voilà pourquoi <l’Apôtre> a dit: ne vous conformez point à ce siècle, mais réformez-vous par le renouvellement de votre esprit, afin que vous éprouviez, c’est-à-dire que vous reconnaissiez par l’expérience 1."

"Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux 2." — quelle est la volonté de Dieu, c’est-à-dire celle par laquelle il veut que vous soyez sauvés — "La volonté de Dieu, c’est votre sanctification 3." — <qui est> bonne, c’est-à-dire <qui> veut que nous voulions nous-mêmes le bien honorable, et nous y exhorte par ses préceptes — "Je t’indiquerai, ô homme, ce qui est bon et ce que le Seigneur requiert de toi 4." —, agréable, en tant que pour l’homme bien disposé il est agréable de vouloir ce que Dieu veut: "Les justices du Seigneur sont droites, elles réjouissent les coeurs 5." Et non seulement <la volonté de Dieu> est utile pour atteindre notre fin, mais elle est aussi pcufaite, nous unissant pour ainsi dire à notre fin: "Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait 6." — "Marche devant moi et sois parfait 7." Or ceux-là font l’expérience de cette volonté de Dieu, qui ne se conforment pas à ce siècle, mais qui sont réformés par le renouvellement de leur esprit. Au contraire, ceux qui demeurent dans leur décrépitude, conformes au siècle, estiment que la volonté de Dieu n’est pas bonne, mais pesante et inutile: "Que la sagesse est extrêmement amère aux hommes ignorants 8."

968. — II. Lorsqu’il ajoute: Car je dis, en vertu de la grâce, etc., <l’Apôtre> enseigne comment l’homme doit user des dons de Dieu. Et:

Il expose d’abord son enseignement quant aux dons qui ne sont pas communs à tous, comme le sont les grâces gratuitement données.

Puis, quant au don de la charité, qui est commun à tous [n° 9831: "Que votre dilection soit sans simulation, etc."

Sur le premier de ces points <L’Apôtre> enseigne d’abord en général comment l’homme doit user des dons gratuitement donnés 10.

Puis, il développe cela en détail [n° 976]: 6 "Nous avons toutefois des dons différents."

Sur l’usage des dons gratuitements donnés: <L’Apôtre> commence par proposer son enseignement.

Puis, il en donne la raison [n° 972] 4 "Car, comme dans un seul corps, etc."

969. En proposant son enseignement, il écarte premièrement ce qui est inutile: Je vous ai avertis de vous réformer par le renouvellement de votre esprit et de devoir le faire avec modération, car je dis, c’est-à-dire je vous commande, en vertu de la grâce, de l’apostolat et par mon autorité d’apôtre, qui m’a été donnée — "Ayant connu la grâce qui m’a été donnée 11." Et: "A moi, le moindre des saints, a été donnée cette grâce d’annoncer parmi les Gentils les richesses insondables du Christ 12" – à tous ceux qui sont parmi vous, parce que <mon commandement> est utile à tous:

1. Voir Glosa in Rom. XII, 2 (GPL, col. 1497 B).

2. Ps 33, 9.

3. 1 Th 4, 3.

4. Mi 6, 8.

5. Ps 18, 9.

6. Mt 5, 48.

7. Gn 17, 1.

8, Eccli (Si) 6, 21.

9. Lieux parallèles: Somme Théologique Ia-2 Q. 111, a. 1; 3 Con>. Gentiles c. 154; Compend. dieol., c. 214; Ad Rom. 1, 4, lect. 3 (éd. Marietti, n° 46); Ad Ephes. 1, 6b, lect. 2 (éd. Marietti, n 15).

10. Par définition, toute grâce est gratuite. Cependant la théologie distingue (Somme Théologique 1a-2ae, Q. 111, a. 1) la grâce qui sanctifie la personne qui la reçoit, dite gratia gratum faciens, ou "grâce qui rend agréable (à Dieu)", et la "grâce gratuitement donnée", gratia gratis data, qui permet de coopérer au salut d’autrui. Saint Paul les appelle "charismes." N’étant destinés qu’â la sanctification d’autrui, les charismes sont donnés indépendamment de la sainteté personnelle de qui en est gratifié. En eux se manifeste donc tout particulièrement la gratuité de la grâce divine d’où leur nom de grâce gratuitement donnée.

11. Ga 2, 9.

12. Ep 3, 8.



"Je veux que tous les hommes soient comme moi 1." Je vous commande, dis-je, de ne pas s’exalter en pensée plus qu’il ne convient, c’est-à-dire que personne ne présume de son sens ou de sa sagesse en se confiant exagérément en soi-même: "Ne sois pas plus sage qu’il n’est nécessaire 2." — "Je n’ai pas marché dans les grandeurs, ni dans les choses merveilleuses au-dessus de moi 3."

970. Ensuite, <l’Apôtre> exhorte à <se conduire selon> un juste milieu, en disant: mais de penser avec sobriété, c’est-à-dire je vous commande d’être sage avec mesure selon la grâce qui vous a été donnée. <Le mot> "sobriété" suppose la mesure 4. Et bien qu’on se serve de cette expression à l’égard du breuvage du vin, on peut pourtant l’appliquer à toute matière dans laquelle l’homme observe une mesure légitime: "La grâce de Dieu Notre Sauveur est apparue à tous les hommes, nous ensei gnant à renoncer à l’impiété et aux désirs du siècle, et à vivre sobrement, justement et pieusement dans ce siècle 5.

971. Enfin, <l’Apôtre> enseigne comment il faut comprendre cette mesure du juste milieu, en disant: et selon la mesure de la foi, c’est-à-dire la mesure des dons <de Dieu>, laquelle est ordonnée à l’édifi cation de la foi, que Dieu a départie à chacun, c’est-à-dire a distribuée: "A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit pour l’utilité 6." Car Dieu accorde les dons de ce genre, non pas les mêmes à tous, mais il distribue à chacun des dons différents, selon cette autre parole <de l’Apôtre>: "Il y a diversité de grâces 7." Il ne donne pas non plus à tous également, mais à chacun selon une mesure déterminée: "chacun de nous a été donnée la grâce, selon la mesure du don du Christ 8." Et voilà pourquoi l’Apôtre, avec sa sobre sagesse, disait selon cette mesure: "Nous ne nous glorifierons pas démesurément, mais selon la mesure de la règle que Dieu nous a mesurée 9." Au Christ seul a été donné l’Esprit sans mesure, comme il est dit dans <l’évangile de> Jean 10. Or Dieu accorde avec mesure non seulement les autres grâces gratuitement données, mais aussi la foi elle-même, qui opère par la charité 11; ce qui fait dire aux disciples du Christ "Augmente en nous la foi 12."

1. 1 Corinthiens 7, 7. Le mot hommes (hommes) figure dans la Vetus latina, voir DOM SAHATIER, Bibi. sacr., t. 1H, p. 678 (Textus et notae ad versionem antiquam).

2. EccI (Qo) 7, 17.

3. Ps 130, 1.

4. Lieu parallèle Somme Théologique 2a-2ae, Q. 149, a. 1.

5. Tt 2, 12.

6. 1 Co 12, 7.

7. 1 Corinthiens 12, 4.

8. Ep 4, 7.

9. 2 Corinthiens 10, 13.

10, Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu; car Dieu ne donne pas l’Esprit avec mesure " Un 3, 34).

11. Voir Glosa in Rom. XII, 3 (GPL, col. 1498 B). l2. Lc 17, 5.


Leçon 2 [versets 4 à 13]

56
075 (
Rm 12,4-13)


[n° 972] 4 Car, comme dans un seul corps nous avons beaucoup de membres, et que tous les membres n’ont point la même fonction,

[n° 973] 5 ainsi, à plusieurs, nous sommes un seul corps dans le Christ, étant tous en parti culier les membres les uns des autres.

[n° 976] 6 Nous avons toutefois des dons différents, selon la grâce qui nous a été donnée: soit la prophétie, en accord avec la foi;

[n° 980] 7 soit le ministère, en exerçant ce ministère, soit celui qui enseigne, dans l’ensei gnement;

[n° 981] 8 celui qui exhorte, en exhortant; celui qui distribue, <agira> avec simplicité; celui qui préside <le fera> avec sollicitude celui qui exerce la miséricorde <le fera> avec joie.

[n° 983] 9 Que votre dilection soit sans simu lation, haïssant le mal, vous attachant au bien;

[n° 985] 10 vous aimant les uns les autres avec la charité fraternelle; vous prévenant d’honneur les uns les autres;

[n° 987] 11 dans votre sollicitude ne <soyez> pas paresseux; soyez fervents d’esprit, servant le Seigneur;

[n° 990] 12 soyez joyeux dans l’espérance, patients dans la tribulation; persévérants dans la prière;

[n° 993] 13 prenant part aux nécessités des saints; pratiquant l’hospitalité.

972. — I. Après avoir donné son aver tissement [n° 953 et 968], l’Apôtre en donne ici la raison en prenant une comparaison entre le Corps mystique 1 et le corps naturel.

A. Et d’abord, concernant le corps naturel il mentionne trois choses:

1. Premièrement l’unité du corps, lorsqu’il dit: 4 Car, comme dans un seul corps.

2. Deuxièmement la diversité des membres, lorsqu’il dit: nous avons beaucoup de membres; en effet, le corps humain organisé est constitué à partir de la diversité des membres.

3. Troisièmement la diversité des fonctions, lorsqu’il dit: et que tous les membres n’ont point la même fonction. En effet, la diversité des membres serait inutile s’ils n’étaient ordonnés à des fonctions diverses.

973 — B. <L’Apôtre> 2 applique en suite ces trois caractères au Corps mystique du Christ, qui est l’Eglise: "Il l’a établi

1. On sait que l’expression corpus mysticum a d’abord désigné le corps eucharistique, non pour nier sa réalité de corps du Christ, mais pour indiquer son invisibilité. L’Eglise est bien corps, mais elle l’est si réellement et si évidemment, grâce à saint Paul, qu’on n’éprouve aucun besoin de définir la nature pamculière de ce corps. A la suite d’une longue évolution de plusieurs siécles, l’euchanstie est de plus en plus souvent qualifiée de corpus verum (vrai corps), ce qui insiste sur la réalité de la présence du Christ, tandis que l’expression çorpus mysticum devient progressivement la désignation propre de l’Eglise. Cette évolution est en voie de consolidation défi nitive chez saint Thomas; voir Henri DE LUBAC, Corpus mysticum. L’Eucharistie et l’Eglise au Moyen Age, p. 127-128.

2. Lieux parallèles Somme Théologique 3a, Q. 8, a. 1." ; 3 Sentences dist. 13, Q. 2, a. l; a. 2; 4Sentences dist. 9, a. 2, q De veritate, Q. 29, a. 4 et 5; Compend. theol., c. 214; Ad Ephes. 1, 23, lect. 8 (éd. Marietti, n° 70." ); Ad CoL 1, 18s., lect. 5 (éd. Marietti, n° 46".).



chef sur toute l’Église, qui est son Corps 1." Pour procéder à cette comparaison <l’Apôtre> mentionne encore trois choses:

1. Il mentionne d’abord la multitude des fidèles, qui sont comme les membres <de ce Corps>, lorsqu’il dit: ainsi, à plusieurs. — "Un homme fit un grand dîner et y appela beaucoup de monde 2." Et: "Les fils de la délaissée seront plus nombreux 3." Car, bien qu’ils soient en petit nombre comparés à la multitude stérile des réprouvés, selon cette parole de Matthieu: "Resserrée est la voie qui conduit à la vie et il en est peu qui la trouvent 4", cependant, absolument parlant, ils sont en grand nombre: "Après cela, je vis une grande foule que personne ne pouvait compter 5."

974. 2. Ensuite, il mentionne l’unité du Corps mystique, lorsqu’il dit: "Pour réconcilier à Dieu par la croix les deux <peuples> réunis en un seul corps, détruisant en lui-même leurs inimitiés 6." Or l’unité de ce Corps mystique est spiri tuelle, et cette unité nous unit les uns et les autres à Dieu par la foi et la dilection, selon ce passage <de l’Apôtre> aux Ephésiens "Soyez un seul corps et un seul esprit 7." Et parce que l’Esprit d’unité dérive du Christ vers nous, comme on l’a dit plus haut: "Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, celui-là n’est pas à lui 8." <l’Apôtre> ajoute: dans le Christ qui, en nous donnant son Esprit, nous unit les uns aux autres et à Dieu: "Pour qu’ils soient un" en nous, "comme nous aussi nous sommes un 9."

975. 3. Enfin, il mentionne la diversité des fonctions qui se réduit à l’utilité commune, en disant: étant tous en particulier les membres les uns des autres.Car chaque membre a sa fonction propre et sa propre vertu; et par conséquent, en tant que par sa vertu et par sa fonction il est utile à un autre membre, on dit qu’il en est le membre, comme le pied est appelé membre de l’oeil, en tant qu’il porte l’oeil, et l’oeil le membre du pied, en tant qu’il dirige le pied: "L’oeil ne peut pas dire à la main: "Je n’ai pas besoin de ton office 10." De même également, dans le Corps mystique, celui qui a reçu le don de prophétie a besoin de celui qui a reçu le don des guérisons, et il en est ainsi de tous les autres. Par conséquent, chaque fidèle, en servant l’autre selon la grâce qui lui a été donnée, devient membre de l’autre "Portez les fardeaux les uns des autres 11"

"Chacun de vous mettant au service des autres la grâce qu’il a reçue, comme de bons dispensateurs de la grâce multiforme de Dieu 12"

976. En disant: 6 Nous avons toutefois des dons, <l’Apôtre> développe en détail l’aver tissement qu’il avait donné plus haut [n° 968] à propos de l’usage sobre et modéré de la grâce. Et il expose en premier lieu la diversité des dons, en disant: nous sommes, ai-je dit, les membres les uns des autres, non selon le même don, mais ayant des dons différents, non à cause de la diversité de nos mérites, mais selon la grâce qui nous a été donnée. — "Chacun reçoit de Dieu son don particulier, l’un d’une manière et l’autre d’une autre 13." Et: "Il appela ses serviteurs et leur remit ses biens. A l’un il donna cinq talents, à un autre

1. Ep 1, 22-23a.

2. Lc 14, 16.

3. Is 54, 1.

4. Mt 7, 14.

5. Ap 7, 9.

6. Ep2, 16.

7. Ep 4, 4.

8. Rm 8, 9.

9. Jn 17, 22.

10. 1 Co 12, 21.

11. Ga 6, 2.
12. 1 P4, 10.

13. 1 Co 7, 7.



deux, à un autre un, à chacun selon sa capacité 1."

977. — II. En second lieu, <l’Apôtre> donne un enseignement sur l’usage des différents dons, et

A. Tout d’abord à l’égard des choses divines, quant à leur connaissance, en disant: soit la prophétie, dont nous devons user, si nous en avons reçu le don, en accord avec la foi.

978. Or 2 on appelle prophétie une sorte d’apparition, par révélation divine, de choses qui sont éloignées. D’où ces paroles du premier livre des Rois: "Celui qui est appelé prophète aujourd’hui se nommait autrefois voyant 3." Sont éloignés de notre connaissance les futurs contingents en eux-mêmes, lesquels ne sont pas objet de connaissance à cause de leur défaut d’exis tence; tandis que les réalités divines sont éloignées de notre connaissance, non en tant qué telles, puisqu’elles peuvent être parfaitement connues, selon ce qui est dit dans la première épître de Jean: "Dieu est lumière et il n’y a pas en lui de ténèbres 4", mais à cause de la faiblesse de notre intel ligence, qui se comporte à l’égard des choses souverainement claires en elles-mêmes, comme l’oeil de la chouette à la lumière du soleil. Et parce qu’on dit d’une chose qu’elle possède tel caractère plus proprement quand elle le possède par elle-même que lorsqu’il résulte de son rapport à autre chose, il s’ensuit que c’est plus proprement des futurs contingents dont on dit qu’ils sont éloignés de notre connaissance. Et sous ce rapport ils relèvent spécialement de la prophétie: "Le Seigneur Dieu ne fera rien sans avoir révélé son secret à ses serviteurs les prophètes 6." Cependant la prophétie est aussi appelée communément la révélation des choses cachées quelles qu’elles soient 7. Or ce don de prophétie a existé non seulement dans l’Ancien Testament, mais aussi dans le Nouveau: "Je répandrai mon Esprit sur toute chair; vos fils prophétiseront ainsi que vos filles 8." On donne aussi, dans le Nouveau Testament, le nom de prophètes à ceux qui exposent des paroles prophé tiques, car ce qui est écrit dans l’Ecriture sainte est interprété par le même Esprit: "Je répandrai encore ma doctrine comme une prophétie 9."

979. Or, le don de prophétie, comme les autres grâces gratuitement données, est ordonné à l’édification de la foi < A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit pour l’utilité 10." La doctrine de la foi a été confirmée, "Dieu attestant leur témoignage par des signes, des prodiges, par différents effets de sa puissance, et par des dons de l’Esprit-Saint, qu’il a distribués selon sa volonté 11." Voilà pourquoi il faut user de la prophétie en accord avec la foi, c’est-à-dire non en vain, mais pour que la foi soit confirmée, et non cependant contre elle. Aussi lit-on dans le Deutéronome: "S’il s’élève au milieu de toi un prophète

1. Mt 25, 14-15.

2. Lieux parallèles Somme Théologique 2a-2ae, Q. 171, a. 3; 3 Contra Gentiles c. 154; De veritate, Q. 12, a. 2; Super Psalmos, in Ps. 50; Super Isajan, 1, 1.
3. 1 R (1") 9, 9.

4. 1 Jn 1, 5.

5. La philosophie appelle "futurs contingents" les choses dont la réalisation est possible, mais non nécessaire, c’est—â-dire ce dont l’éventualité dépend du libre arbitre de l’homme (ou de la volonté libre de Dieu) c’est ce qui peut ou arriver ou ne pas arriver. N’existant pas encore, ces choses manquent d’être. Or, on ne peut connaître que ce qui est, puisque l’acte de connaissance requiert un objet. Les futurs contingents sont donc, de leur nature propre, hors de la portée de notre connaissance naturelle et ne sont connus que par le don de prophétie, alors que les réalités divines existent au suprême degré et sont donc, par elles-mêmes, suprêmement connaissables. Mais elles ne le sont pas pour nous, à cause de la faiblesse de notre intelligence. D’où la nécessité (relative), pour les connaître, du don de prophétie.

6. Am 3, 7.

7. C’est—à-dire qu’il s’agisse des futurs contingents ou des réalités divines.
8. JI 2, 28.

9. Eccli (Si) 24, 46.

10. 1 Corinthiens 12, 7.

11. He 2, 4.



ou quelqu’un qui dise qu’il a vu un songe, qui prédise un signe ou un prodige, si ce qu’il a annoncé arrive et qu’il te dise: "Allons, et suivons des dieux étrangers que tu ne connais pas, et servons-les", tu n’écouteras point les paroles de ce prophète 1", à savoir parce qu’il prophétise en désaccord avec la foi.

980. Quant à l’administration des sacrements, <l’Apôtre> ajoute: 7 soit le ministère, en exerçant ce ministère, c’est-à-dire si quelqu’un a reçu la grâce ou l’office d’un ministère, par exemple s’il est évêque ou prêtre 2, ces derniers étant appelés ministres de Dieu — "Mais vous, vous serez appelés les prêtres du Seigneur; on vous nommera les ministres de notre Dieu — qu’il y réponde en exerçant dili gemment ce ministère. — "Remplis ton ministère 4."

981. — B. Puis <l’Apôtre> traite de ce qui se rapporte aux choses humaines [n° 977] par lesquelles on peut secourir autrui.

1. Et premièrement, quant à la connaissance spéculative ou pratique.

a. A propos de la connaissance spécu lative il dit: soit celui qui enseigne, c’est— à-dire celui qui a <reçu> la fonction ou la grâce d’enseigner, qu’il se serve de la doctrine, c’est-à-dire afin d’enseigner avec zèle et fidélité: "Voilà que tu as instruit un grand nombre <de personnes> 6"

"Allez donc, enseignez toutes les nations 7."

b. À propos de la connaissance pratique il ajoute: 8 celui qui exhorte, c’est-à-dire celui qui a <reçu> la fonction ou la grâce d’exhorter les hommes au bien, s’en serve en exhortant. — "Notre exhortation a été exempte d’erreur, d’impureté et de fraude 8." Et encore: "Dis ces choses, exhorte et reprends avec une pleine autorité 9."

982. 2. <L’Apôtre> expose ensuite ce qui regarde les oeuvres extérieures, par lesquelles, à l’occasion, on secourt autrui en lui donnant un don, et à ce propos il dit: celui qui distribue, c’est-à-dire celui qui a reçu la faculté et la grâce de distribuer, qu’il le fasse avec simplicité, c’est-à-dire qu’il ne s’y propose rien de mauvais, comme d’attirer les hommes au mal par des dons. Ou encore, comme si à partir d’un don modique on se proposait d’acquérir des choses plus considérables: "Le don d’un insensé ne te sera pas utile, car il a sept yeux. Il donnera peu et il reprochera beaucoup 10." Et: "La simplicité des justes les dirigera 11." Parfois, on secourt autrui en prenant soin de lui, et à ce propos <l’Apôtre> dit: celui qui préside, c’est-à-dire que celui qui a été établi dans la fonction de supérieur s’acquitte de cette fonction avec sollicitude. — "Obéissez à vos préposés et soyez-leur soumis, car ce sont eux qui veillent, comme devant rendre compte de vos âmes 12." Et encore: "Outre ces choses, qui sont du dehors, il y a ma préoc cupation quotidienne: la sollicitude de toutes les Eglises 13." Parfois on secourt quelqu’un en soulageant sa misère, et à ce propos <l’Apôtre> dit: celui qui exerce la miséricorde, c’est-à-dire que celui qui a la faculté et le désir de faire miséricorde, le

1. Dt 13, l-3a.

2. Les grâces gratuitement données étant ordonnées à la sanctifi cation d’autrui relèvent du ministère au sens large et donc englobent, de ce point de vue, le ministère sacerdotal. Cependant le pouvoir d’ordre du prêtre ne peut être, au sens strict, considéré comme un charisme.

3. Is 61, 6.

4. 2 Tm 4, 5.

5. Lieu parallèle Somme Théologique 2 Q. 183, a. 2.

6. Jb 4, 3.

7. Mt 28, 19.

8. 1 Th 2, 3.

9. Tt 2, 15.

10. Eccli (Si) 20, l4-l5a.

11. Pr 11, 3.

12. He 13, 17.

13. 2 Co 11, 28.



fasse avec joie, comme s’y portant volontiers: "Que chacun <donne> comme il l’a résolu en son coeur, non avec tristesse ou par nécessité; car Dieu aime celui qui donne avec joie 1." Et encore: "Dans tout don montre un visage joyeux 2."

983. Lorsque <l’Apôtre> ajoute [n° 968]: Que votre dilection soit sans simu lation, etc., il donne un enseignement sur l’usage d’un don gratuit, qui est commun à tous, c’est-à-dire de la charité. Et il expose

a) D’abord, ce qui convient à la charité en général.

b) Ensuite, ce qui convient spécialement à la dilection envers certaines personnes [n° 993]: 13 prenant part aux nécessités des saints, etc.

a. Sur le premier de ces points, <l’Apôtre> montre trois choses

Premièrement, quelle doit être du côté de celui qui aime la dilection de sa charité.

Deuxièmement, comment elle doit s’exercer à l’égard du prochain [n° 985]: 10 vous aimant les uns les autres avec la charité fraternelle.

Troisièmement, comment elle doit s’exercer à l’égard de Dieu [n° 987]: dans votre sollicitude ne <soyez> pas paresseux.

984. À propos de la qualité de la charité, <l’Apôtre> enseigne trois choses:

D’abord, que la dilection doit être vraie, ce qui lui fait dire: Que votre dilection soit sans simulation, en sorte qu’elle ne soit pas seulement en paroles ou d’apparence extérieure, mais qu’elle soit selon une véri table affection du coeur accompagnée de l’efficacité de l’oeuvre: "N’aimons point par la parole ou par la langue, mais en acte et en vérité 4." Et encore: "Rien n’est comparable à un ami fidèle 5."

Puis, il enseigne que cette dilection doit être pure, lorsqu’il dit: haïssant le mal.Car la dilection est pure lorsque l’homme ne s’accorde pas avec son ami en vue du mal; au contraire il l’aime dans la mesure où il prend ses vices en aversion. Aussi est-il dit: "<La charité> ne se réjouit pas de l’iniquité, mais elle met sa joie dans la vérité 6" Et encore: "J’ai eu en haine les hommes iniques 7."

Enfin, il enseigne que cette dilection doit être honnête, lorsqu’il dit: vous attachant au bien, c’est-à-dire que vous vous attachiez à autrui à cause du bien de la vertu: "Au reste, attachez-vous au bien pour le bien, en tout temps, et non pas seulement lorsque je suis présent parmi vous 8." Telle est cette belle dilection, dont il est dit: "Moi, je suis la mère de la belle dilection 9."

1. 2 Co 9, 7.

2. Eccli (Si) 35, 11.

3. Les termes " amour", "dilection", "charité" (amor, dilectio, caritas) ne sont pas strictement synonymes pour saint Thomas. " Ces trois termes signifient l’acte (d’aimer) de manière différente: amour est celui qui, des trois, " la signification la plus commune. En effet, la dilection ou la charité impliquent l’amour, mais la réciproque n’est pas vraie. La dilection, comme le nom l’indique, ajoute à l’amour l’idée d’une élection préalable, de sorte que la dilection ne réside pas dans la puissance concupiscible, mais seulement dans la volonté et la seule nature raisonnable. La charité, d’autre part, ajoute à l’amour l’idée d’une certaine perfection, en ce que l’objet aimé est estimé d’un grand prix" (Somme Théologique 1a-2ae, Q. 26, a. 3), sans doute à cause du rapport de caritas avec carus, "chers, qui, en latin comme en français, a les deux sens " coûteux " et aimé." Mais ces distinctions ne doivent pas être forcées. — Lieux parallèles 3 Sentences dist. 27, Q. 2, a. 1; De div. nom., c. 4, lect. 9.

4. 2 Tm 4, 5.

5. Lieu parallèle Somme Théologique 2 Q. 183, a. 2.

6. Jb 4, 3.

7. Mt 28, 19.

4. 1 Jn 3, 18.

5. Eccli (Si) 6, 15.

6. 1 Co 13, 6.

7. Ps 118, 113.

8. Ga4, 18.

9. Eccli (Si) 24, 24. Ce verset ne figure que dans la Vulgate et dans quelques manuscrits grecs.

985. Deuxièmement, lorsque <l’Apôtre> dit: 10 avec la charité fraternelle, il montre comment la charité doit s’exercer à l’égard du prochain:

1. Quant à l’affection intérieure, quand il dit: vous aimant les uns les autres avec la charité fraternelle, c’est-à-dire de sorte que nous aimions nos frères non seulement par la charité, mais aussi la charité elle-même qui nous les fait aimer et nous fait aimer d’eux. Car si la charité nous est chère à ce point, nous ne la laisserons pas facilement se briser: "Que la charité fraternelle demeure en vous 1." Et encore: "Quand un homme aurait donné toutes les richesses de sa maison pour l’amour, il les mépri serait comme un 2."

986. 2. Quant à l’effet extérieur, quand il dit: vous prévenant d’honneur les uns les autres, Dans ce passage trois choses sont recommandées

* En premier lieu, que l’homme doit avoir du respect à l’égard de son prochain, ce qui constitue l’honneur: "Que chacun par l’humilité estime les autres supérieurs à soi 3." C’est ce qui a lieu lorsque chacun considère sa propre imperfection et le bien du prochain. Or sous la dénomination d’honneur on comprend non seulement le respect, mais aussi la subvention des choses nécessaires; ainsi ce précepte: "Honore ton père et ta mère 4", ordonne de subvenir à leurs nécessités, comme on le voit par ce reproche que le Seigneur faisait aux pha risiens d’empêcher, au mépris du précepte, de secourir leurs parents.

* En deuxième lieu, que l’effet de l’amour de charité doit être réciproque, de telle sorte que non seulement l’homme veuille recevoir des bienfaits, mais aussi en donner: "Que ta main ne soit pas ouverte pour recevoir et fermée pour donner 6." Et encore: "N’est-ce pas à d’autres que tu laisseras <le fruit> de tes peines et de tes travaux, dans le partage du sort? Donne et reçois, et justifie ton âme 7." Et il recommande cela, quand il dit: les uns les autres.

* En troisième lieu, que l’effet de la dilection doit être prompt et rapide; ce qui est recommandé lorsqu’il dit: vous prévenant, c’est-à-dire que chacun devance son ami dans ses bienfaits: "Tout ami dira Moi aussi, j’ai lié amitié 8."

987. Troisièmement, en disant: "dans votre sollicitude, etc., <l’Apôtre> montre comment la dilection de charité doit s’exercer à l’égard de Dieu.

1. Il commence par <recommander> l’attention même de la raison, en disant: dans votre sollicitude ne <soyez> pas paresseux, à savoir pour servir Dieu: "Je t’indiquerai, ô homme, ce qui est bon, et ce que Dieu requiert de toi." <Le prophète> ajoute: "C’est d’être soucieux (sollicite) de marcher avec ton Dieu 9." <Et l’Apôtre dit dans sa seconde épître à Timothée>: "Soucie-toi (sollicite) de te montrer à Dieu digne de son approbation 10."

988 — 2. Quant à l’effet <de la dilection à l’égard de Dieu>, il dit: soyez fervents d’esprit, à savoir dans la dilection de Dieu. Or la ferveur procède de l’abon dance de la chaleur; on dit donc ferveur de l’esprit, parce qu’en raison de l’abondance de la dilection divine l’homme brûle tout entier de ferveur pour Dieu. On rapporte dans les Actes qu’Apollos, fervent d’esprit, parlait et enseignait avec soin 12. <Et l’Apôtre dit dans sa première épître aux Thessaloniciens>: "N’éteignez point l’Esprit 13."

1, He 13, 1.

2, Ct 8, 7.

3. Ph 2, 3.

4, Ex 20, 12.

5, Voir Mt 15, 3."

6. Eccli (Si) 4, 36.

7. Eccli (Si) 14, 15—16.

8. Eccli (Si) 37, 1.

9. Mi 6, 8. Le mot Deus au heu de Dominus figure dans certains manuscrits. Voir DOM SABATIER, Bibi. sacr., t. H, p, 951 (Notae ad versionem antiquam).

10. 2 Tm 2, 15.

11. Lieu parallèle r De malo, Q. 7, a. 2, obj. 17.

12. Voir M 18, 25.

13. 1 Th 5, 19.



989. 3. Quant au culte extérieur <dû à Dieu>, <l’Apôtre> dit: servant le Seigneur, à savoir par le culte de latrie 1, qui est dû à Dieu seul: "Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu ne serviras que lui seul 2." — "Servez le Seigneur dans la crainte 3." Ou bien, selon une autre version: "Servant dans le temps 4", c’est-à-dire de telle sorte que nous accom plissions le service de Dieu en temps opportun: "A toute chose est son temps et son opportunité 5."

990. 4. Quant à la récompense de ce service, il dit: 12 soyez joyeux dans l’espérance, c’est-à-dire de la récompense, laquelle consiste en la jouissance de Dieu "Moi" le Seigneur "je suis ton protecteur et ta récompense <sera> extrêmement grande 6" <Et il est écrit> ci-dessus: "nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire des fils de Dieu 7." Or l’espé rance rend l’homme joyeux en raison de la certitude, mais elle l’afflige cependant en raison du délai: "L’espérance qui est différée afflige l’âme 8."

991. 5. Quant à la difficulté que l’homme éprouve (patitur) dans le service de Dieu, <l’Apôtre> ajoute: dans la tribulation, à savoir que vous endurez pour Dieu, soyez patients. — "La tribulation opère la patience."

992. — 6. <Pour résumer> 10 tout ce qu’il vient d’énumérer, il dit: persévérants dans la prière, parole dans laquelle est recommandée l’assiduité de la prière. — "Il faut toujours prier et ne jamais se lasser 11." Et encore: "Priez sans cesse 12" En effet, par la prière s’éveille en nous la sollicitude, la ferveur s’enflamme, nous sommes stimulés au service de Dieu, la joie de l’espérance augmente en nous, et nous obtenons le secours dans la tribulation: "Lorsque j’étais dans la tribulation, j’ai crié vers le Seigneur et il m’a exaucé 13"

993. b. 14 En ajoutant: 13 prenant part aux nécessités des saints, etc., <l’Apôtre> détermine l’exercice de la charité à l’égard de certaines personnes en particulier. Et

D’abord, quant aux indigents.

Ensuite, quant aux ennemis [n° 996]: 14 "Bénissez ceux qui vous persécutent."

994. À l’égard des indigents, <l’Apôtre> adresse deux exhortations: Il exhorte d’abord à répandre les bienfaits de la charité sur les indigents d’une manière générale, lorsqu’il dit: prenant part aux nécessités des saints. Sur ce point il faut noter deux choses

D’abord, que d’après <le précepte de> la charité on doit faire l’aumône aux indigents ou à ceux qui sont dans la nécessité: "Qu’il prenne la peine de travailler de ses mains à quelque chose d’utile, pour avoir de quoi aider celui qui est dans la nécessité 15"

O Puis, qu’il faut de préférence secourir les justes et les saints; aussi dit-il: aux nécessités des saints. — "Donne au juste et ne reçoit pas le pécheur 16." Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas secourir les

1. Lieux parallèles: Somme Théologique 2 Q. 81, a. 1, sol. 3 et 4; Q. 94, a. 1, sol. 2; 3 Sentences dist. 9, Q. 1, a. 1, q 1; AdRom. 1, 9, lect. 5 (éd. Marietti, n° 79); 1, 23, lect. 7 (éd. Marietti, n° 134); 1, 25, lect. 7 (éd. Marietti, n° 142).

2. Citation de Dt 6, 13 ou 10, 20 à travers Mt 4, 10 ou Lc 4, 8. Le verset du Deutéronome portant timehis (tu craindras) au lieu de adorabis (tu adoreras).

3. Ps2, 11.

4. Cette version se lit notamment chez Ambrosiaster (Commen sana in Epistoiam ad Romanos XII, Il [n° 8 1/1, 404-405]). Voir à ce propos DOM SABATIER, Bibi. sacr., t. III, p. 641 (Notae ad versionem antiquam).

5. EccI (Qo) 8, 6.

6. Gn 15, 1.

7. Rm 5, 2.

8. Pr 13, 12.

9. Rm 5, 3.

10. Lieux parallèles: Somme Théologique 2 Q. 83, a. 14; 4 Sentences dist. 15, Q. 4, a. 2, q 2, 3; 3 Contra Gentiles c. 96; Ad Rom. 1, 10, Iect. 5 (éd. Marietti, n° 83-84); Ad Col. 1, 3b, lect. 2 (éd. Marietti, n° 9); I Ad Thess. 5, 17, lect. 2 (éd. Marietti, n° 130).

11. Lc 18, 1.

12. 1 Th 5, 17.

13. Ps 119, 1.

14. Lieu parallèle Somme Théologique 2 Q. 32: "De l’aumône."

15. Ep 4, 28.

16. Eccli (Si) 12, 5.



pécheurs nécessiteux, mais qu’il ne faut pas les secourir dans le but de les exciter à pécher. Cependant il est plus utile de secourir les justes, parce que cette aumône est fructueuse non seulement du côté de celui qui donne, mais encore à cause du suffrage de celui qui reçoit: "Faites-vous des amis avec les richesses injustes afin que, lorsque vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels 1," c’est-à-dire par leurs suffrages.

995. Ensuite, <l’Apôtre> exhorte spécialement au devoir de l’hospitalité, en disant: pratiquant l’hospitalité, à savoir parce que cette oeuvre de miséricorde renferme les autres oeuvres de miséricorde 2. Car celui qui donne l’hospitalité prête non seulement sa maison pour y demeurer, mais procure de plus tout ce qui est nécessaire: "N’oubliez pas l’hospitalité 3." Et encore: "Exercez l’hospitalité entre vous sans murmure 4."

1. Lc 16, 9.

2. Lieu parallèle: AdHebr. 13, 2, lect. 1 (éd. Marietti, n 728).

3. He 13, 2.
4. 1 P 4, 9.



Thomas A. sur Rm (1999) 54