Chrysostome Synopse 110

DU LIVRE DES JUGES

Il est dit quelles villes les Israélites ont prises, quelles autres villes ils ont obligées à payer le tribut. Car, leur manque de courage pour endurer les fatigues de la' guerre leur fit transgresser le commandement de Dieu qui ordonnait d'exterminer entièrement les ennemis. Un ange envoyé par le Seigneur vers les Israélites leur reproche cette transgression. Lorsqu'il fallait les détruire, leur dit-il, vous avez fait dés alliances avec eux: c'est pourquoi Dieu n'exterminera point ce qui reste de ces nations. Entendant cela, ils pleurèrent tous ensemble, et ce lieu fut appelé le lieu des pleurs. Et ils deviennent prévaricateurs et idolâtres, et ils sont livrés à leurs ennemis; ils sont délivrés de la servitude et, de nouveau, ils retombent dans les mêmes maux. Ils sont livrés à Chusan-Sathon, roi de Syrie, pendant huit ans, et Dieu les délivre par le juge Othoniel. Ils sont livrés à Eglon, roi de Moab, ils crient vers le Seigneur qui leur suscite Aod, lequel tue par ruse Eglon et les Moabites. Après ceux-ci, Samgar fut juge, puis Débora la prophétesse. Lorsque les Israélites étaient sous le joug du.roi de Chanaan, Débora ordonne à Barac de commencer la guerre; il refuse, à moins qu'elle-même ne vienne avec lui, et Débora l'accompagne. Le combat s'engage ; ils mettent leurs ennemis en fuite. Sisara, chef de l'armée de Jabin, va trouver une femme nommée Jaël et lui demande à boire. Elle lui donne du lait et non de l'eau. Il boit et s'endort. Cette femme prenant alors titi clou l'enfonce dans sa tempe. Ainsi mourut Sisara. Barac le vit lorsqu'il était mort. Débora chante un cantique pour la victoire.

De nouveau les Israélites sont livrés aux mains de Madian, car ils offensaient continuellement le Seigneur. Un ange apparaît à Gédéon et l'exhorte à combattre. Le Seigneur lui commande d'immoler une victime grasse du troupeau de son père, de l'apporter en holocauste et de détruire l'autel de Baal. Il fait ainsi, et il offre un holocauste au Seigneur. Gédéon, appelé aussi Jérobaal, demande un signe, qui lui est donné dans la toison. Dieu lui ordonne de renvoyer toute son armée, en gardant seulement trois cents hommes. Il fait ainsi, et, engageant le combat avec des lampes et des trompettes, il défait les ennemis. Oreb et Zeb, princes de Madian, sont mis à mort, de même que les rois Zebée et Salmana. Or, Gédéon mourant laisse soixante-dix fils et Abimélech, qu'il avait eu d'une concubine. Celui-ci tue ses soixante-dix frères et règne, mais peu de temps après il porte la peine de son fratricide, partant pour la guerre, il est atteint à la tête par un éclat de meule lancé par une femme, et il meurt.

Après Abimélech, Thola fut juge, et après Thola ce fut Jaïr. Les enfants d'Israël irritent Dieu et ils sont livrés aux mains d'Ammon. Alors, les chefs du peuple prennent pour chef de guerre contre les fils d'Ammon, Jephté, fils d'une courtisane, et chassé par ses frères de la maison paternelle; ils lui donnent le commandement. Jephté accède à leurs désirs, et il envoie d'abord un ambassadeur au roi des fils (541) d'Ammon, qui ne se laisse point fléchir. Il promet à Dieu de lui sacrifier celui qu'il rencontrera le premier s'il revient de la guerre. Il combat ses ennemis, il est vainqueur, et il immole sa fille, car elle fut la première qui se présenta devant lui.

De nouveau, les Israélites irritèrent Dieu, et ils furent livrés aux mains des étrangers. Alors naquit Samson. Il vit une femme de Thamnatha, il l'aima et il voulut la prendre pour épouse ; ses parents l'en détournaient d'abord, parce qu'elle était étrangère ; ensuite voyant qu'il insistait, ils ne refusèrent plus. Tandis qu'il allait pour l'entretenir, un lion vint à sa rencontre et il le tua de ses mains. Lorsqu'arriva le temps du mariage, il se met en marche de nouveau, et il vit un rayon de miel dans la bouche du lion tué par lui; il en prit, il en mangea, il en donna à ses parents et à ceux qui l'accompagnaient, puis il proposa cette énigme: « De celui qui dévore est sortie la nourriture, » c'est-à-dire de la bouche du lion, « et de celui qui était violent, au lieu de l'amertume est sortie la douceur. » (Jg 14,14) Il promit, si l'on devinait, de donner trente ceintures et trente robes; mais si on ne le pouvait, on lui en donnerait autant. Comme ceux qui s'étaient engagés à deviner étaient dans l'embarras et ne trouvaient point, ils menacèrent sa femme de mort si elle n'apprenait de lui l'énigme; celle-ci l'ayant apprise, la leur découvrit et ils répondirent, de sorte qu'ils reçurent le prix. Mais Samson s'indigna. Le père de cette femme ayant peur, la prit et la donna à un autre, mais Samson fut encore plus contristé. C'est pourquoi, prenant trois cents renards et autant de torches qu'il leur attacha à la queue, il les lâcha au milieu des champs des étrangers. Ceux-ci, lorsque leurs champs furent ravagés par l'incendie, mirent eux-mêmes le feu à la maison de la femme et ils la brûlèrent avec son père. Ceci n'apaisa point la colère de Samson, mais il leur fit encore la guerre. Eux donc, s'étant rangés en bataille contre Samson, demandaient- qu'il leur fût livré; les Israélites le lièrent et le livrèrent aux ennemis.

Samson brisa ses liens, et trouvant une mâchoire d'âne, il s'en servit pour tuer mille d'entre eux. Il eut soif et il pria Dieu, et il sortit de l'eau de cette mâchoire et il but. Il alla voir ensuite une courtisane à Gaza et ses ennemis l'entourèrent; mais au milieu de la nuit il prit les portes de la ville, et les mettant sur ses épaules il s'en alla. Samson aima ensuite une femme du nom de Dalila, et il la prit pour épouse. Les princes des étrangers promirent à cette femme onze cents pièces d'argent s'ils apprenaient d'elle de quelle manière on pouvait lui enlever ses forces. Comme elle essayait de le savoir, d'abord il la trompa ; enfin, parce qu'elle le tourmentait, il lui déclara la vérité, disant que si quelqu'un lui coupait les cheveux il n'aurait plus de forces. Elle appela les princes et, le tenant endormi, elle le fit tondre et il fut affaibli. Les étrangers le prenant lui ôtèrent la vue et le jetèrent dans une prison. Ils se réjouirent et le firent sortir de la prison, afin de se jouer de lui. Mais lui, gémissant amèrement, pria le Seigneur de lui rendre ses forces, puis il saisit les colonnes de l'édifice et les ébranla, et il renversa l'édifice sur les princes, sur lui-même, sur tout le reste du peuple, et il en tua plus qu'il n'en avait fait mourir pendant tout le reste de sa vie.

Après ces jours, ceux de la tribu de Dan firent la guerre et prirent la ville de Lais dont ils changèrent le nom, et ils établirent en ce lieu une statue pour l'adorer. Or, un lévite s'étant mis en colère contre sa concubine et celle-ci étant allée dans la maison de son père, il y alla pour la ramener avec lui. En chemin, il s'arrêta à Gabaa, ville de Benjamin, où il logea chez un vieillard. Les habitants de Gabaa entourant cette maison, en demandaient l'hôte afin de lui faire outrage. Le vieillard était disposé à leur abandonner sa fille encore vierge, mais emmenant la courtisane, ils la gardèrent pour leurs plaisirs pendant toute la nuit. Lorsque le jour vint, ils la quittèrent et s'en allèrent. Celle-ci, après ces outrages, allant vers la maison où était son mari, rendit l'âme. Lors donc qu'il sortait il la trouva morte, il divisa son corps en douze parts et les envoya aux douze tribus. Les Israélites furent indignés ; ils prirent les armes et ils demandaient qu'on leur livrât ceux qui avaient outragé la femme. On refusa de les donner et la guerre s'engagea. Une première et une seconde fois, ils furent vaincus; mais dans la troisième rencontre ils taillèrent en pièces toute la tribu de Benjamin, à l'exception de six cents hommes qui avaient pris la fuite. Il était donc à craindre que la tribu tout entière ne pérît, car ils n'avaient point de femmes, (542) et les enfants d'Israël avaient juré de ne point leur en donner. C'est pourquoi mettant à mort ceux qui ne les avaient point accompagnés contre les Benjaminites, ils leur donnèrent les filles de ceux-ci encore vierges, au nombre de quatre cents. Et parce qu'il y en avait encore qui n'avaient point de femmes, ils leur permirent d'enlever des vierges à l'insu de leurs parents pendant la célébration d'une fête.

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ABRÉGÉ DU LIVRE DE RUTH

Noémi, après la mort de son mari et de ses fils, après qu'eut cessé la famine qui l'avait obligée d'habiter dans le pays des Moabites, revient dans la Judée. L'une de ses belles-filles, suivant son conseil, demeura parmi les Moabites; l'autre, malgré toutes ses exhortations pour l'en gager à rester, ne le voulut pas; mais elle l'accompagna. Elle se marie avec Booz, qui était le proche parent de Noémi, et elle donne le jour à Obed, qui fut père de Jessé, qui fut le père de David, roi.


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ABRÉGÉ DU PREMIER LIVRE DES ROIS (Premier de Samuel)

Elcana avait deux femmes et n'avait point d'enfant de l'une d'elles. Lorsqu'il allait sacrifier à Silo, la femme stérile s'adressa au Seigneur, et elle enfanta Samuel qu'elle donna à la maison de Dieu pour toujours, ainsi qu'elle l'avait promis avant qu'elle eût conçu. Héli était alors grand prêtre. Les enfants d'Héli, Ophni et Phinées, étaient des jeunes gens méchants et pervers qui prenaient leur part des victimes avant qu'elles fussent offertes à Dieu. Or, Héli bénit Anne, et elle eut encore trois fils et deux filles, et Samuel croissait en vertu. Héli apprit les crimes de ses fils qui se livraient à l'adultère; il les reprit dans ses discours, mais ils n'obéissaient point. La ruine de sa maison et la mort de ses fils dont le péché de ceux-ci sera la cause est annoncée à Héli. La colère implacable de Dieu est révélée à Samuel qui en instruit Héli.

Les étrangers font la guerre à Israël qu'ils mettent en fuite après l'avoir taillé en pièces. Les fils d'Héli avaient apporté. l'arche d'alliance ; ils tombent frappés dans le combat avec beaucoup d'autres,.et les ennemis s'emparent de l'arche. Un homme vient apprendre ces choses à Héli qui tombe- à la renverse de son siége, se brise la tête et meurt. Sa belle-fille meurt lorsqu'elle apprend toutes ces choses. Les étrangers introduisent l'arche dans le temple de Dagon, qui tombe par deux fois et se brise. Les hommes furent châtiés en même temps clans les parties honteuses de leur corps, et une multitude de rats surgit dans leurs champs. Ceux d'Azot envoient l'arche à ceux de Geth, qui sont affligés des mêmes plaies. Ils l'envoient à Ascalon, `et les hommes meurent de toutes parts. Conseilles par leurs devins, ils font cinq anus d'or et cinq rats de même métal et, les plaçant sur un chariot avec l'arche, ils y attellent des vaches dont on renferme les veaux dans l'étable. Les vaches allèrent tout droit, en suivant le chemin qui conduit à Bethsamès. Les habitants de ce pays reçurent l'arche et offrirent (513) à Dieu un sacrifice dont furent témoins les princes des étrangers. Les fils de Jéchonias n'avaient pas accueilli l'arche avec empressement, ils ne s'étaient pas réjouis avec les autres, et une grande plaie frappa le peuple. Effrayés, ceux de Bethsamès envoyèrent -l'arche dans la maison d'Aminadab.

Les Israélites s'étaient convertis à Dieu dans ce temps, et ils triomphaient (les étrangers, qui leur firent la guerre. Samuel pria pour eux; ils reprirent les villes que les ennemis leur avaient prises. Mais Samuel devint vieux et ses fils ne marchaient point dans la voie de leur père. Les Juifs s'étant rassembles demandèrent un roi. Samuel fut affligé de cela; mais Dieu lui dit : « Ce n'est pas toi qu'ils ont Méprisé, c'est moi. C'est pourquoi je leur ferai connaître le droit du roi (1S 8,7), » c'est-à-dire les services que le roi doit exiger d'eux. Samuel leur rapporta ce que. Dieu avait dit; ils persistèrent dans leur demande.

Les ânesses de Cis, père de Saül, étaient perdues. Cis envoya Saül les chercher; comme il ne les trouvait pas, suivant le conseil de son serviteur, il alla trouver Samuel afin de l'interroger. Dieu lui-même le signale à Samuel, en lui disant : Donne à celui-ci l'onction royale. Saül arriva, demandant à Samuel où était le voyant, car c'est ainsi qu'ils appelaient les prophètes. Il répondit que c'était lui-même, et le conduisant à Rama, où le peuple faisait un sacrifice, il le reçut à sa table ; puis, quand vint l'aurore, faisant route avec lui, il versa sur sa tête un flacon d'huile, et l'ayant embrassé il lui dit : Tu commanderas au peuple, et lui ayant donné des signes il le renvoya. Et Saül prophétisa.

Un des familiers de Saül l’interrogea, lui demandant où il était allé. Il répondit : A la recherche des ânesses. Cependant, le peuple se réunit à Maspha, et Saül est établi roi. Le roi des Ammonites avait engagé la guerre contre ceux de Galaad, qui envoyèrent des députés à Saül. Il marche à leur secours et taille en pièces les ennemis. On fait à, Galgala un festin et Samuel harangue le peuple auquel il dit . « Ai-je pris le veau ou l'âne de quelqu'un d'entre vous?» (1S 12,3) Les ayant exhortés à obéir à Dieu, il prie et la pluie tombe au jour de la moisson. Le peuple fut dans la crainte, et ils avouèrent qu'ils avaient péché en demandant un roi. Samuel les exhorte de nouveau à obéir aux commandements de Dieu.

Saül défait complètement les étrangers. Ceux-ci, supportant avec peine cet échec, recommencent la guerre avec de plus grandes forces. Les Israélites sont mis en fuite. Saül reste seul. Il offre à Dieu un holocauste, sans attendre Samuel qui lui avait recommandé d'attendre. Samuel arrive, il est. irrité de ce qui a été fait, il menace Saül de la perte de sa royauté, qui sera transférée à un autre,, et il voulait dire David. Tandis qu'il était sur une colline avec six cents hommes, son fils Jonathan se précipite en secret sur les ennemis, avec un seul serviteur, et il en tu(, un bon nombre. Saül s'en aperçoit et, tombant sur tout ce monde en désordre, il est vainqueur, et ordonne avec serment que personne ne prenne aucune nourriture jusqu'au soir. Jonathan n'ayant pas entendu cet ordre goûte du miel. Saül consulte Dieu pour savoir s'il faut poursuivre les ennemis, mais Dieu ne répond pas et il comprend que quelqu'un a péché parmi le peuple. Lorsque Jonathan fut découvert. seul coupable, Saül était prêt à le mettre à mort; mais le peuple l'arracha de ses mains.

Samuel ordonne à Saül de combattre contre les Amalécites, de tout détruire et de n'épargner personne. Il n'obéit pas et conserve le roi Agag, des troupeaux de moutons et de boeufs, Samuel le voit venir; il est irrité et il dit : « Dieu veut moins les holocaustes et les sacrifices qu'il ne veut qu'on obéisse à sa voix, car l'obéissance vaut mieux que la victime. » (1S 15,22) Samuel le menace de la perte de la royauté. Saül veut l'obliger à faire route avec lui, mais Samuel ne veut pas. Ensuite, il marche par contrainte, et commandant à Saül de lui amener Agag, Samuel le tue de ses propres mains. A partir de ce jour, il ne vit plus Saül jusqu'au jour de sa mort, mais il pleurait sur lui.

113 Samuel fut ensuite envoyé de Dieu pour donner l'onction à David; il alla et l'oignit. Un esprit. malin s'empara de Saül, on lui amena David, afin qu'il jouât de la harpe et qu'il apaisât l'esprit malin. Lorsque Goliath faisait la guerre à Israël et que tous étaient épouvantés, David fut envoyé pour visiter ses frères; il vint au camp et demanda quelle récompense serait donnée à celui qui tuerait cet étranger. Ils lui dirent. La fille du roi lui sera (544) donnée pour épouse. Il alla donc trouver Saül et lui promit de tuer cet homme. Celui-ci n'ajoutait pas foi à cette promesse. A la fin, il envoya David, qui partit après avoir déposé les armes qu'il ne pouvait même pas porter. David ayant lancé une pierre au front de Goliath, le renversa, et prenant l'épée de celui-ci, il lui coupa la tête, et revint triomphant du combat.

Jonathas ayant vu David lui fut attaché du fond de son âme; il t'aima beaucoup et lui fit des présents; mais Saül lui portait envie, parce que les jeunes filles en choeur avaient chanté : « Saül en a tué mille, David en a tué dix mille. » (
1S 18,7) Il leva sa lance contre David afin de le tuer, mais celui-ci s'enfuit. Tandis que David était célébré par tous, Saül devenait encore plus jaloux, et, voulant le faire périr, il promit de lui donner sa fille s'il tuait cent hommes d'entre les ennemis. David les tria et devint gendre du roi. De nouveau, David acquit de la gloire dans une autre guerre; aussi, Saül, toujours plus aigri contre lui, fait savoir à son fils Jonathas qu'il voulait le tuer. Jonathas avertit David et lui dit de se cacher. Quand il eut calmé son père, il ramena David auprès de lui. Une nouvelle guerre s'engage, David signale son courage, et il échappe encore à Saül qui voulait le percer de sa lance. Il s'enfuit par le conseil de sa femme. Saül envoie des hommes pour le saisir, mais elle répond qu'il est malade. Quand Saül sut qu'il s'était enfui, il fit des reproches à sa fille. Puis, apprenant en quel endroit était David, il envoie pour le faire prendre. Ceux qu'il avait envoyés ne revinrent pas, mais ils demeurèrent au milieu des prophètes et lui-même se mit en route.

David va trouver Jonathas; il lui annonce que Saül veut le faire mourir. Si tu veux le savoir demain, dit-il, d'une manière assurée, je m'absenterai au moment du repas. Si ton père demande la cause de mon absence, dis que j'ai demandé à m'absenter à cause d'un sacrifice qui a lieu dans la ville. S'il montre de la douceur, je n'ai rien à craindre de lui s'il se montre irrité, il est évident qu'il veut me frapper et qu'il me tend des embûches. Jonathas fit ainsi. Or, Saül se montra si fort irrité qu'il essaya de tuer son fils. Sortant de table, celui-ci s'en alla dans la campagne et, lança des flèches, car c'était le signal convenu. Courant derrière son serviteur, tandis que David était caché en cet endroit, il dit : Hâte-toi, ne t'arrête point, car cette flèche est loin de toi. David comprit ce que signifiaient ces choses et, quand le serviteur se fut éloigné, il se jeta au cou de Jonathas et pleura. Celui-ci lui dit de fuir et de se souvenir de leurs conventions. Ces conventions étaient qu'il aurait toujours pitié de la maison de Jonathas, soit qu'il fût vivant, soit qu'il fût mort.

David va trouver le prêtre Abimélech. Il mange alors les pains de proposition. Il prend l'épée de Goliath disant qu'il a été envoyé quelque part en toute hâte par le roi. Il va dé là chez Anchis, puis à Odolla, et il recommande sa maison an roi de Moab. Saül se plaignant devant ses serviteurs de ce que personne ne prenait part à ses peines et ne lui livrait David, Doëg l'Iduméen, qui était présent lorsque David était venu trouver le prêtre, lui raconta ce qui était arrivé. Alors, ayant fait venir les prêtres, et personne de ceux qui étaient là ne voulant les tuer, il en donna l'ordre à Doëg, qui égorgea trois cent cinquante hommes portant l'éphod et détruisit Nobé, leur ville. L'un des fils d'un prêtre, qui parvint à s'échapper, annonça ces choses à David, qui en gémit, garda auprès de lui cet homme et délivra la ville de Cila, assiégée. Il apprend que Saül le poursuit et il s'en va de là dans le désert de Ziph, mais Saül le sait et marche derrière lui. Cependant, il apprend la nouvelle d'une incursion des ennemis et revient sur ses pas. Revenu du combat, il se met de nouveau à sa poursuite et entre dans une caverne où David se reposait et avec lui plusieurs de ses hommes. Tous l'exhortaient à tuer Saül, mais il refusa et ne voulut pas permettre de le faire à ceux qui le voulaient. Mais lorsqu'il fut sorti de la caverne, David le suivit et, criant derrière lui, il fit voir à Saül quelle était sa méchanceté, en même temps qu'il lui montrait sa propre justice, et Saül pleura. En ce temps mourut Samuel.

David envoie vers Nabal pour solliciter quelques dons en retour de la protection accordée à ses troupeaux. Non-seulement celui-ci ne lui, donna rien, mais il l'outragea en répondant à ses envoyés, et David, en armes, s'avançait pour le perdre. Abigaïl, femme de Nabal, le sut, et emportant des présents, elle s'avança au-devant de David. Elle le supplia et arrêta le châtiment. Après la mort de Nabal, elle devint femme de David. Saül ayant su en quel lieu était David, vint encore une fois vers lui. (545) Tandis que Saül dormait avec toute son armée, David survint avec Abessa; celui-ci lui conseillait de tuer son ennemi; David ne le voulut pas; mais il prit la coupe, qui était à son chevet et sa lance; puis s'éloignant, il poussa des cris et réveilla le général auquel il reprochait de ne pas garder le roi. Il montra la lance et la coupe, reprochant à Saül de poursuivre celui qui ne lui avait nui en rien. Cependant il s'enfuit vers Anchis, ne croyant pas sûr de demeurer auprès de Saül. David reçoit d'Anchis la ville de Siceleg, il fait des incursions chez les ennemis et rapporte beaucoup de richesses et de troupeaux.

Les étrangers se réunissent contre Israël. Saül consulte la pythonisse. David revient de l'armée, parce que les princes des étrangers ne lui permettaient pas de marcher avec eux, craignant qu'il ne vînt à les trahir : il trouve la ville de Siceleg brûlée, les femmes enlevées; elles avaient été emmenées captives. Ayant interrogé Dieu pour savoir s'il devait poursuivre les ravisseurs, et Dieu ayant dit de les poursuivre, il marche contre eux. Apprenant d'un serviteur égyptien où ils étaient campés, il les attaque pendant leur repos et remporte des dépouilles qu'il partage également entre ceux qui avaient combattu et ceux qui étaient restés à la garde du bagage. La bataille s'engage entre Israël et les étrangers. Saül tombe avec Jonathas et deux de ses fils. Les ennemis prirent son corps et le suspendirent à la muraille de Bethsan, appelée aussi Scythopolis; mais, des hommes de Jabès vinrent, l'emportèrent en même temps que Jonathas, et les ensevelirent.

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DEUXIÈME LIVRE DES ROIS (de Samuel)

Un homme vint trouver David, en lui disant qu'il avait tué Saül, et David le fit mettre à mort. David pleura Saül et Jonathas, et il reçut l'onction royale. Il envoya vers les habitants de Jabès Galaad, pour les féliciter d'avoir enseveli Saül. Cependant, le général de Saül Abner, établit roi Isboseth, fils de Saül. Mais David régna sur la tribu de Juda. Joab, serviteur de David, et Abner, serviteur de Saül, marchèrent l'un contre l'autre et le combat fut soutenu des deux parts par la jeunesse. Asaël, frère de Joab, poursuivit Abner qui, plusieurs fois, l'exhorta à se retirer, mais il ne voulut pas. Abner le tua, et appelant Joab il lui demanda de faire cesser la lutte. La guerre était donc allumée entre la maison de Saül et la maison de David ; celui-ci s'affermissait chaque jour, mais l'autre s'affaiblissait.

Abner prit pour lui une concubine de Saül ; Isboseth lui en fit des reproches, et Abner envoya vers David, promettant de lui livrer tout le peuple. Il alla vers David qui lui donna un repas. Mais Joab, qui revenait de la guerre, apprit cela, et, attirant Abner par ruse, il le tua pour venger le sang de son frère. David le sut et maudit Joab ; il pleura Abner et l'ensevelit avec beaucoup d'honneur. Rechab et Baana tuèrent en secret Isboseth ; ils vinrent trouver David, croyant avoir acquis de la gloire par ce meurtre; mais il les fit mettre à mort. Ainsi, David devint roi de tout le peuple. Il marcha vers Jérusalem, ville des Jébuséens dont les boiteux défendaient l'entrée; il prit la citadelle et se bâtit une demeure. Hiram, roi de Tyr, fit alliance avec David. Les étrangers font la guerre; David sort et les met en fuite. Ils reparaissent de nouveau; mais Dieu l'empêche d'aller à leur rencontre. « Lorsque tu entendras, » dit le Seigneur, « la voix de l'agitation et des pleurs, tu engageras le combat (2S 5,24), » et je te les livrerai.

David fait venir l'arche. Oza est frappé de mort parce qu'il avait étendu la main vers l'arche. Tandis que l'arche s'avançait, David danse devant l'arche, et Michel se moque de lui. David voulait bâtir un temple; il en est empêché par Nathan le prophète. Il adresse à Dieu des prières et des actions de grâces, se réjouissant à cause des promesses qu'il avait entendues. David défait les étrangers, les Moabites et les Syriens; il apporte à Jérusalem les armes d'or dont il s'était (346) emparé: Susac, roi d'Egypte, les enleva dans la suite. David consacra beaucoup de choses par l'anathème. Ce fut alors qu'il admit Memphibaal, fils de Jonathas, à la table royale, et lui lit don de tout ce qui avait appartenu à Saül. Il lui donna pour serviteur Siba, qui était le serviteur de son père, et ordonna qu'il servirait blemphibaal avec ses enfants.

David envoie vers le roi des fils d'Ammon pour le consoler après la mort de son père; mais conseillé par les grands, le roi insulte ceux qui étaient venus pour le consoler. Une guerre en résulte, pour laquelle David envoie Joab, puis marche lui-même et met ses ennemis en fuite. En cet endroit se place ce qui est relatif à Urie, à Bersabée, à l'enfant qui mourut. Salomon naît ensuite. Joab attaque Rabbath et, après qu'il est maître de la ville, il envoie vers David, voulant lui attribuer la victoire.

Amnon, fils de David, aime sa soeur Thamar; il simule une maladie, et lorsqu'elle vient pour le visiter, il l'outrage. Absalon, frère de celle-ci, invite le roi à un festin et le roi ne venant pas, il demande que ses frères viennent. Ceux-ci arrivent; Absalon donne des ordres à ses serviteurs et ils tuent Amnon pendant le repas. Lorsque le roi apprit cela, il pleura beaucoup et fut irrité contre Absalon, qui s'enfuit. Après trois ans, lorsque la colère du roi était apaisée, Joab persuade au roi, par ruse, au moyen de la femme de Thécua, de rappeler Absalon. A son retour, David ne voulut pas le voir de suite; il demeura deux ans dans Jérusalem hors de la présence du roi. Absalon mande auprès de lui Joab, qui n'obéit pas. Il met le feu dans son champ, et de la sorte il le contraint de venir. Envoyé par lui vers le roi, Joab les réconcilie et conduit Absalon près de David. Cependant Absalon se fit un char et il eut des cavaliers. Recevant avec beaucoup d'honneur ceux qui venaient pour être jugés, il les louait comme des gens qui ont à dire des choses justes et témoignait de la pitié parce qu'il n'y avait personne pour soutenir leurs droits. Il disait : « Qui m'établira juge sur ce pays (2S 15,4) ? » et de cette façon il se conciliait le peuple.

115 Absalon se révolte contre David qui, l'ayant appris, s'enfuit de Jérusalem, laissant ses concubines dans la ville. Ethaï veut le suivre; il l'en empêche d'abord, puis il cède à ses instances. Lorsqu'on eut traversé le torrent, il ordonna de reporter l'arche dans la ville; lui-même devait attendre dans le lieu des Oliviers s'ils avaient quelque chose à lui apprendre des secrets du roi. Chusaï s'avance au-devant de David, qui l'envoie pour renverser les desseins d'Achitopel, placé au rang des conseillers d'Absalon. Après son départ, vint Siba, qui accusait son maître Memphibaal de vouloir régner, et David lui donne tous les biens de son maître. Séméi maudit David qui retient Abessa et l'empêche de le tuer. Chusaï se rend près d'Absalon; il lui persuade qu'il est venu spontanément vers lui. Le conseil se réunit pour savoir ce que l'on doit faire, et Achitopel persuade à Absalon d'avoir commerce avec les concubines de son père, ce qu'il accomplit sur le toit du palais, afin que tous en fussent témoins. Achitopel ajouta cet autre conseil, de prendre mille hommes avec lui, de poursuivre David et de le tuer. Lorsque Chusaï fut appelé à donner son avis, il combattit l'avis d'Achitopel, exhortant à attendre afin de poursuivre David avec une force plus grande. Cet avis prévalut, car Dieu le voulait ainsi. Alors Chusaï envoie les enfants des prêtres et annonce le tout à David. Cependant Achitopel, dont le sentiment avait été méprisé, s'étrangla.

Beaucoup de présents sont apportés à David. Ayant levé une armée, il la fait marcher et dit : « Epargnez mon cher fils Absalon (
2S 18,5), » car on ne lui permit pas de se mettre lui-même en campagne. Le combat commence; beaucoup d'hommes succombent, et parmi eux Absalon, retenu à un arbre par sa chevelure. La guerre finit par cette mort. Joab dépêche Chusaï pour annoncer la victoire à David. David, ayant écouté, pleurait à cause de son fils, jusqu'au temps où Joab survenant changea ses dispositions et lui persuada de recevoir l'armée avec un visage gai. Le roi rappelle à lui Israël qui fuyait; Abessa les amène à se soumettre à David, car ils en avaient déjà la pensée. II passe le Jourdain : Séméi se présente, reconnaissant sa faute, et David arrêta Abessa qui voulait le tuer. Memphibaal vint aussi, avec un extérieur sale et des vêtements sordides, ayant une. épaisse moustache et laissant voir de long:; ongles, car toutes ces choses étaient des signes (le la tristesse qu'il ressentait de la guerre soulevée contre David. Le roi demanda pourquoi il ne l'avait pas suivi. II répondit qu'il avait prié Siba, son serviteur, de le placer sur une bête de somme, et qu'il ne (547) l'avait pas voulu. Le roi ordonne que son champ sera partagé entre lui et Siba. David désirait ramener avec lui Berzelli, qui lui avait fourni beaucoup de secours pendant la guerre, il refuse à cause de sa vieillesse. Le roi prit son fils à sa place. L'armée se divise ; une partie se donne à Séba et David envoie Amessa pour le combattre, mais Joab tue Amessa par ruse et assiège la ville dans laquelle Séba s'est réfugié. Ceux qui étaient dans la ville, suivant les conseils d'une femme, coupent la tête de Séba, la jettent du haut des murailles à Joab et se délivrent ainsi de la guerre.

Une famine envahit la terre et elle ne pouvait avoir de fin que si on livrait aux Gabaonites plusieurs des descendants de Saül. David épargne Memphibaal à cause du serment fait à Jonathas; mais il livre les enfants et petits-enfants de Saül et il ensevelit dans le tombeau de Cis, Saül et Jonathas. De nouvelles guerres s'élèvent. On empêche David d'y prendre part, dans la crainte qu'il ne coure quelque danger. C'est alors qu'il compose le dix-septième psaume, qui raconte les hauts faits et les belles actions des généraux de David. Joab reçoit l'ordre de faire le dénombrement du peuple et il le fait : or, il y avait en Israël neuf cent mille guerriers et dans Juda quatre cent mille. Le prophète Gad se présente alors et donne à David le choix entre trois genres de châtiments pour celui qu'il aimerait mieux supporter, soit trois années de famine, trois jours de fuite devant les ennemis ou trois jours de mortalité. David s'écrie : « Voici que j'ai péché; moi qui suis le pasteur du peuple, j'ai commis l'iniquité, mais ceux-ci qui forment le troupeau qu'ont-ils fait? que votre main soit sur moi et sur la maison de mon père. » (2S 24,17) Le fléau cessa. David reçut l'ordre d'élever un autel dans l'aire d'Ormia et d'offrir un sacrifice, et il fit ainsi.

Ornias, fils de David, reçut dans un festin Joab et Abiathar, comme étant celui qui devait régner un jour. D'après le conseil de Nathan le prophète, Bersabée va trouver David et lui annonce ces choses. Tandis qu'elle parlait, Nathan entra, car tous deux voulaient que Salomon fût roi. Ils sortirent ayant placé Salomon sur la mule royale; le prophète Nathan et le prêtre Sadoc allèrent à Gihon et ils l'oignirent en disant : « Vive le roi.» (3R, 1, 39.) Jonathan, fils d'Abiathar, annonça le tout à Ornias, tandis qu'il était à table. Les autres s'enfuirent, mais Ornias se réfugia près de l'autel, car il craignait Salomon. Salomon le fit sortir de là, et Ornias s'approchant adorait le roi.

David, sur le point de mourir, exhorte Salomon à garder la loi de Dieu, car il obtiendrait de la sorte l'effet des promesses qui lui avaient été faites. Il lui ordonne de punir Joab et Séméi, d'honorer les enfants de Berzelli et de les admettre à la table royale. Et il mourut, ayant régné quarante ans.

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TROISIÈME LIVRE DES ROIS

Salomon met à mort Ornias parce qu'il avait demandé Abisag pour épouse; il dépouille Abiathar du sacerdoce. La menace faite à la race d'Héli fut accomplie, car Abiathar appartenait à cette famille. Il fit mettre à mort également Joab, et il établit Sadoc à la place d'Abiathar. Séméi reçoit l'injonction de demeurer toujours dans la ville; s'il lui arrivait de sortir, il ne le ferait lias impunément, mais il serait condamné à mourir. Les serviteurs de Séméï vinrent à s'enfuir; il oublia les ordres du roi et sortit pour aller à leur recherche. Salomon le sut et il le fit mourir.

Récit sur la sagesse de Salomon, la paix qui règne en ce temps, la magnificence de sa table, ses chars, ses chevaux et ses richesses de tout genre. Salomon demande à Dieu la sagesse. Il juge deux femmes qui le viennent trouver pour un enfant. Nouveau discours sur la sagesse de Salomon, l'abondance de sa table et les officiers qui remplissent auprès de lui les divers emplois.

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Salomon envoie demander à Hiram, roi de Tyr, moyennant salaire, des ouvriers habiles à travailler le bois. Hiram les accorde. Là il est parlé du nombre des ouvriers, de la quantité des matériaux préparés pour la construction du temple. Le temple est ensuite édifié. Salomon prie dans le temple; il offre un sacrifice et il fait la dédicace. Dieu lui promet de grands biens s'il observe les commandements et le menace du contraire s'il devient prévaricateur.

Salomon avait un navire qui lui apportait de l'or. Histoire de la reine du sud qui vient pour entendre sa sagesse. Ses grandes richesses, les armes d'or qu'il fait fabriquer; étendue de son royaume, depuis quel endroit jusqu'à quel autre. En cet endroit, il est parlé de son idolâtrie, de ses offenses envers Dieu. Menaces qui lui sont adressées; son royaume sera dissous et la paix sera enlevée. Ader l'Iduméen et Esdrom se révoltent. Jéroboam, son serviteur, se révolte aussi contre lui. Le prophète Allias va trouver Jéroboam, lui donne dix morceaux de son manteau qu'il déchire, signifiant par là qu'il aura le sceptre des dix tribus. Salomon voulait le tuer, mais il s'enfuit en Egypte, d'où il revient après la mort de Salomon.


Chrysostome Synopse 110