Discours 1969 20369

U COMITÉ DE LA F.A.O. EN FAVEUR DU «TIERS MONDE»* eudi 20 mars 1969

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Messieurs,

Nous tenons à remercier d’abord votre très digne interprète, le Docteur Victor Umbricht, des paroles qu’il vient de prononcer. Elles manifestent de façon particulièrement heureuse la noblesse des sentiments qui vous animent, et elles définissent bien la nature et l’ampleur de la contribution que votre Groupe de grands industriels peut apporter, en coopération avec la F.A.O., à la cause du progrès des peuples en voie de développement.

Cette cause, vous le savez, tient une place importante dans les préoccupations de l’Eglise aujourd’hui. Nous accueillons donc avec une vive satisfaction un ensemble de personnalités aussi hautement qualifiées que les vôtres, et Nous vous remercions d’avoir distrait quelques instants du programme chargé de votre Assemblée Générale pour venir Nous rendre visite.

Tout ce qui intéresse le bien de l’humanité et son avenir trouve un écho immédiat et profond dans le coeur de l’Eglise. Et c’est à bon droit que votre porte-parole a évoqué les noms de Nos plus récents prédécesseurs et rappelé leurs enseignements en matière sociale.

Il a évoqué aussi le «spectre de la faim»: ce mot terrible suffit à dire le degré d’acuité, de gravité et d’urgence que revêt aujourd’hui le problème du développement, auquel était consacrée Notre Encyclique Populorum progressio, et sur lequel Nous sommes revenu bien souvent depuis. C’est à Nos yeux, comme aux yeux de beaucoup, le problème-clé qui commande sans doute l’avenir temporel de l’humanité.

A en croire, en effet, des statistiques sérieuses, si on laissait les choses aller leur train, le fossé irait sans cesse s’accroissant entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement; de sorte que, par une espèce de- fatalité du dynamisme actuel de la production, les nations riches deviendraient toujours plus riches et les nations pauvres toujours plus pauvres (cf. Populorum progressio
PP 8), avec l’aggravation des tensions sociales qui ne manqueraient pas de s’ensuivre.

C’est contre cette fatalité que s’inscrit votre action, et elle pourrait se révéler capitale pour l’avenir des peuples pauvres, et donc pour la paix du monde et le bonheur des hommes.

Vous êtes conscients, en effet, que le vrai problème n’est pas d’assister de l’extérieur les pays pauvres, mais bien de leur fournir les instruments nécessaires pour qu’ils soient en mesure de procéder eux-mêmes à l’amélioration de leur production «et de découvrir eux-mêmes, dans la fidélité à leur génie propre, les moyens de leur progrès social et humain» (Populorum progressio PP 64).

Vous avez compris qu’il y a là une véritable mission qui s’impose aux pays industriels au nom de la fraternité humaine; et votre interprète a relevé comme un élément positif et encourageant le fait que les pays industriels prennent une conscience de plus en plus vive de l’importance de cette mission qui leur incombe.

Cette mission, vous voulez en être les pionniers, en accélérant le rythme d’expansion des industries liées à l’agriculture dans les pays en voie de développement. Tout homme de coeur ne peut, Nous semble-t-il, qu’applaudir à ce programme. «Car c’est là qu’il faut en venir. La solidarité mondiale, toujours plus efficiente, doit permettre à tous les peuples de devenir eux-mêmes les artisans de leur destin» (Populorum progressio PP 65).

Mais une mission suppose un idéal, et des mobiles d’action toujours élevés et désintéressés. Toute considération de profit personnel, de concurrence, de calcul d’intérêts, doit disparaître ici devant la noblesse et l’urgence du but: aider nos frères moins bien partagés à émerger enfin de leur humiliante misère et à accéder à des conditions de vie digne de l’homme. C’est bien ainsi que vous le comprenez, Messieurs, et dans cette voie Nos plus vifs encouragements vous sont acquis.

Sans doute certains s’étonneront qu’une société d’ordre surnaturel, comme l’Eglise, attache une telle importance à des réalisations d’ordre temporel. Notre prédécesseur Pie XII, il y a bien des années déjà, répondait à cette objection, et il n’hésitait pas à affirmer qu’«un surnaturalisme, qui écarte la religion des nécessités et des devoirs économiques et politiques, comme s’ils ne concernaient pas le chrétien et le catholique, est chose malsaine, étrangère à la pensée de l’Eglise» (A.A.S.44 [ 1952], 819). C’est assez dire combien est cohérente avec la foi une attitude «engagée» - comme on aime a dire aujourd’hui - dans des tâches temporelles au service de l’humanité.

De grand coeur Nous souhaitons que vos efforts, ceux de la F.A.O. et ceux des Pouvoirs publics en faveur du «Tiers Monde» ne cessent de s’intensifier, et dans ces sentiments, Nous vous accordons à tous, Messieurs, comme témoignage de Notre bienveillance et gage de la divine protection, Notre Bénédiction Apostolique.

*AAS 61 (1969), p.250-252;

Insegnamenti di Paolo VI, vol. VII, p.150-152;

OR 21.3.1969 p.2;

ORf n.13 p.2,

La Documentation catholique n.1537 p.310-311.



UX MEMBRES DU CONSEIL INTERNATIONAL DE L’«AIDE À L’EGLISE EN DÉTRESSE» amedi 22 mars 1969

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Chers Fils,

C’est bien volontiers que Nous recevons aujourd’hui, comme Nous l’avons fait déjà dans le passé, les membres de votre Conseil international venus à Rome pour leur réunion annuelle. Il est bien juste que Nous accueillions dans Notre maison paternelle ceux dont le dévouement et la générosité sont constamment orientés vers ceux de Nos fils qui sont plus particulièrement dans le besoin.

«Aide à l’Eglise en détresse»; tel est en effet la dénomination - à la fois douloureuse et glorieuse - que vous avez décidé d’adopter désormais pour désigner votre oeuvre. Celle-ci a déjà à son actif un bilan imposant de réalisations charitables, que beaucoup de pasteurs se plaisent à reconnaître. Vous avez le souci de ceux qui souffrent en silence des limites qu’ils rencontrent dans l’expression ou l’approfondissement de leur foi. Vous favorisez la prise de conscience de ce fait par les chrétiens plus comblés. Vous éveillez ceci à la nécessité d’être vigilants, de prier, de partager en frères. Vous subvenez, dans des proportions dignes d’éloge et malgré beaucoup de difficultés, aux besoins du culte et de la formation religieuse ou aux nécessités humaines des prêtres et des fidèles en bien des endroits. Grâce à des générosités qui ne se démentent pas, vous arrivez à consacrer à ces différentes initiatives des sommes considérables, toujours attentifs, comme vous l’êtes, aux possibilités nouvelles que la grâce de Dieu vous ouvre ça et là.

Au nom de tous ceux qui bénéficient de votre travail d’éducation et de bienfaisance, soyez remerciés, chers Fils, du dévouement que vous déployez, et que vous aurez à coeur de poursuivre, toujours en union avec les pasteurs responsables. Pour Notre part, Nous vous renouvelons Notre encouragement. Nous recommandons au Seigneur vos intentions et toutes celles - bien souvent secrètes - qu’il vous est donné de connaître et de porter dans la communion des saints. Et Nous vous accordons de grand coeur à tous Notre paternelle Bénédiction Apostolique.



UX ÉMINENTES PERSONNALITÉS DU TOGO* amedi 22 mars 1969

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C’est avec grand plaisir que Nous vous accueillons aujourd’hui dans Notre demeure, Monsieur le Ministre, et que Nous saluons à vos côtés Son Excellence Monsieur Paulin Eklou et les éminentes personnalités venues avec vous en Italie pour une mission culturelle et amicale. Malgré votre emploi du temps chargé, vous avez tenu à Nous rendre visite. Nous sommes sensible à cette délicate attention et, au delà de vos personnes, c’est à votre chère Patrie, le Togo, que Nous souhaitons la bienvenue.

Vous connaissez Notre attachement pour la Terre africaine. Nous Nous y sommes déjà rendu et Nous Nous préparons à un nouveau voyage qui, pour rapide qu’il sera, manifestera clairement au monde l’intérêt profond que Nous portons aux joies, aux difficultés, aux épreuves des peuples de ce grand continent. Nous ne foulerons pas le sol de votre pays, mais par la prière Nous confierons à Dieu les intentions de ceux qui y habitent et Nous Nous réjouissons de pouvoir le faire par l’intercession des saints Martyrs ougandais qui ont su être fidèles à leur foi sans pour autant renoncer aux valeurs morales de la tradition africaine.

Comme le deuxième Concile du Vatican l’a si justement rappelé, «l’Eglise, qui a connu au cours des temps des conditions d’existence variées, a utilisé les ressources des diverses cultures pour répandre et exposer par sa prédication le message du Christ à toutes les nations, pour mieux le découvrir et mieux l’approfondir, pour l’exprimer plus parfaitement dans la célébration liturgique comme dans la vie multiforme de la communauté des fidèles» (Gaudium et spes
GS 58,2). Nous sommes donc heureux que vous soyez venus en Europe pour y apporter, avec votre amitié, les richesses spirituelles qui vous sont propres. C’est par des échanges fraternels que les peuples apprendront à se connaître et à se respecter. Nous ne pouvons qu’encourager de telles initiatives et c’est bien volontiers que Nous vous assurons que l’Eglise travaillera toujours davantage à l’éclosion de toutes les cultures, pourvu qu’elles aient le sens du bien commun et qu’elles soient attentives aux besoins de chaque homme. Le Christ, par le mystère de sa rédemption, est venu sauver tout homme et, par son évangile, apporter au monde un ferment d’unité et de paix.

Nous aimerions prolonger cet entretien, Cela ne Nous est malheureusement pas possible. Mais Nous tenons, en terminant cette trop brève rencontre, vous assurer de Notre fidèle pensée. Et de tout coeur Nous invoquons sur vous, sur vos familles, sur ceux qui vous sont chers, comme aussi sur votre noble nation et ses dirigeants, l’abondance des Bénédictions divines.

*Insegnamenti di Paolo VI, vol. VII, p.155-156;

OR 23.3.1969, p.1;

ORf n.13 p.10.



UX DÉPUTÉS DU VIETNAM amedi 22 mars 1969

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Messieurs les Députés, Chers Fils,

Vous n’avez pas voulu passer par Rome sans venir Nous rendre visite. Nous sommes très sensible à cette déférente démarche et Nous vous en remercions.

Votre patrie si éprouvée est plus que jamais au centre de l’actualité. Nous n’avons pas besoin de vous dire qu’elle est aussi au centre de Notre coeur et de Nos préoccupations. Nous avions applaudi à l’ouverture des négociations de Paris. Mais les événements ont prouvé une fois de plus que le chemin de la paix est long et difficile. Ce n’est cependant pas une raison pour se décourager. La longue patience et l’héroïque endurance du peuple Vietnamien sont un exemple à cet égard et Nous sommes heureux d’en rendre témoignage devant des personnalités aussi qualifiées que vous l’êtes.

Nous croyons pouvoir vous assurer que l’Eglise tout entière regarde vers votre peuple avec une émotion où se mêlent la douleur et l’admiration: douleur pour la continuation d’un conflit porteur de tant de ruines et de tant de souffrances; admiration pour le courage de ceux qui les supportent si vaillamment. Que Dieu éclaire et assiste ceux qui travaillent à ramener la paix, une juste paix, dans votre Pays! Nous le souhaitons ardemment. Et qu’il vous bénisse, chers Fils, ainsi que vos familles, comme Nous le faisons Nous-mêmes de tout coeur en son nom.





UX SUPÉRIEURS, CONSEILLERS ET CAPITULANTS DE LA COMPAGNIE DE MARIE ET DES FRÈRES DE SAINT-GABRIEL Lndi 31 mars 1969

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Chers Fils,

C’est une joie pour Nous de saluer, d’encourager et de bénir, surtout au cours d’une même rencontre, les Supérieurs, Conseillers et Capitulants de la Compagnie de Marie et des Frères de Saint-Gabriel. Vous terminez en ce moment les travaux de vos chapitres généraux. La Compagnie de Marie vient d’élire à sa tête le Très Révérend Père Marcel Gendrot, pour lequel Nous formons les voeux les meilleurs, et Nous avons déjà eu le plaisir de recevoir le Très Révérend Frère Romain Landry, Supérieur général des Frères de Saint-Gabriel.

Durant cette session, vous avez puisé, les uns et les autres, votre renouvellement spirituel à la même source, le charisme de Saint Louis Marie Grignion de Montfort, qui, en son temps, a su évangéliser en profondeur le peuple de Dieu. Et sur ses traces, à la lumière du Concile et de votre expérience, vous avez cherché comment assurer aujourd’hui un service semblable, selon la spécialisation qui vous est propre, prédication ou éducation. Nous savons le dévouement régulier que vous apportez à votre tâche d’Eglise, soucieux de donner, d’entretenir ou d’approfondir le sens de Dieu, dans des cercles de plus en plus larges. La diversité des Capitulants, venus de nouvelles «provinces», jadis considérées comme lointaines, ne témoigne-t-elle pas de la qualité de votre oeuvre missionnaire et de sa vigoureuse expansion?

Nous vous en félicitons. Nous vous encourageons à continuer de réveiller, avec l’aide de Marie, le désir du Christ qui sommeille dans l’âme de tant de nos contemporains, et à préparer pour demain ces chrétiens solides qui seront la fierté des peuples, la lumière de leur civilisation, le levain de leurs communautés catholiques. De grand coeur, Nous vous accordons, et en premier lieu à vos Supérieurs généraux et à leurs Assistants, ainsi qu’à tous les religieux, prêtres et frères, que vous représentez, Notre paternelle Bénédiction Apostolique.



RDIOMESSAGE DU PAPE PAUL VI AUX PARTICIPANTS AU SOIXANTE-TREIZIÈME CONGRÈS DE L’UNION DES OEUVRES CATHOLIQUES Veredi 11 avril 1969

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Chers Fils, chères Filles,

Vous voici au terme de ce soixante-treizième congrès de l’Union des OEuvres catholiques. Depuis trois jours, après une longue préparation, prêtres, religieuses et laïcs, vous étudiez avec des moyens techniques adaptés, en assemblées et en carrefours, l’impact des moyens de communication sociale sur l’homme et la société actuels. Nous vous en félicitons, heureux de bénir aujourd’hui vos efforts, et de vous encourager dans votre vie apostolique marquée par ce nouveau monde des communications sociales.

N’est-ce pas en effet un nouveau monde que suscitent sous nos yeux ces nouvelles techniques, comme une nouvelle culture alimentée par de puissants courants où le «medium» audiovisuel confère en quelque sorte à l’événement un nouveau degré d’existence, quasi simultané à travers le monde, par-delà les réactions propres des divers âges, milieux, et pays?

Le fait est là, irréversible, avec ses risques de nivellement, d’appauvrissement, de conformisme, de propagande et de pression; avec ses menaces aussi pour l’intériorité, la réflexion, l’objectivité; mais en même temps avec ses chances nouvelles d’accès à une connaissance plus riche des hommes, dans leur univers diversifié; des chances nouvelles aussi de mieux discerner les valeurs de justice, de paix, de fraternité, de besoin spirituel, qui se manifestent dans le monde; des chances nouvelles enfin de susciter l’échange, le partage, la solidarité, la charité, selon votre souci: passer de la communication à la communion. Par un judicieux usage de ces nouveaux moyens de communications, nous sommes en effet invités à une communion plus profonde avec tous les hommes, fils du même Père, et tous frères.

Nous y sommes invités: c’est dire que cela ne va pas de soi. Le progrès technique, en effet, ne nous rend pas meilleurs. Il n’entraîne pas nécessairement, par lui-même, le progrès spirituel. Celui-ci dépend de notre maturité, de notre attention, de notre conscience, de notre liberté, de l’intention de ceux qui manient ces puissants moyens techniques, et de la formation de ceux qui reçoivent leur empreinte. L’enjeu, qui ne le voit, est capital: à nous de prendre en mains ces instruments nouveaux pour en faire de nouvelles possibilités d’amour.

Prêtres et religieuses, vous mesurez à quel point, tout comme les laïcs, vous êtes influencés par les moyens de communication sociale. Sachez y être attentifs, dans votre formation comme dans votre apostolat quotidien. Tout d’abord, regardez, écoutez avec les yeux du coeur, pour découvrir, à travers des expressions parfois déconcertantes, les valeurs qui s’y cachent, les interrogations qui s’y posent, les itinéraires qui s’y cherchent, les messages qui y sont inscrits, les appels qui nous provoquent.

A nous d’en faire autant de points d’accrochage de ce message évangélique dont nous sommes les témoins, et qui ne peut être reçu dans la foi: le mystère du Christ et son insondable richesse de salut (cfr. Eph
Ep 3,5-12), qu’il nous faut annoncer à tous, en particulier à «ceux qui sont loin» (Ac 2,33). A nous d’utiliser, pour ce faire, avec une audace toute apostolique, ces modes d’expression auxquels nos contemporains sont sensibles, et qui nous donnent des possibilités nouvelles d’évangélisation. Non pas qu’il s’agisse de mettre au goût du jour la foi, qui demande toujours adhésion personnelle et prière, mais il s’agit bien plutôt de conduire à la foi par des moyens adaptés à la sensibilité, comme à l’imagination et à la raison de l’homme d’aujourd’hui. N’oublions pas non plus combien les projecteurs des «mass-media» braqués sur l’Eglise nous obligent à conformer notre conduite au message dont nous sommes porteurs, si nous voulons en être le signe authentique (cfr. Matth Mt 5,14 et Rom Rm 13,12-13). Heureux temps qui nous oblige à une telle sincérité!

Chers fils et filles, «proclamez la bonne nouvelle à toute la création» (Mc 16,15) avec le zèle de ceux qui nous ont précédés depuis plus de cent ans à ces Congrès. Que d’exemples entraînants de prêtres et de religieuses, à commencer par le Père Anizan, fondateur des Fils de la Charité dont nous fêtons le cinquantenaire! Avec le même amour des âmes, soyez les témoins de «Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander et concevoir» (Ep 3,20). Que Notre Bénédiction Apostolique en soit le gage. Et que dans un monde assoiffé de justice, de paix, de vérité, de fraternité, de joie, et d’espérance, votre témoignage brille limpide aux yeux des hommes, afin qu’ils rendent grâces au Père qui est aux cieux (cfr. Matth Mt 5,16).



UX ÉLÈVES OFFICIERS DE L’ÉCOLE SPÉCIALE MILITAIRE DE SAINT-CYR Lndi 21 avril 1969

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Monsieur l’Ambassadeur,
Messieurs,

A l’occasion de votre voyage d’études en Italie, vous avez sollicité une audience qui vous permette de Nous exprimer vos hommages filiaux et de recevoir notre Bénédiction Apostolique.

C’est de grand coeur, soyez-en sûrs, que Nous avons accédé à votre demande. Si le temps en effet Nous est malheureusement limité, Notre affection pour les fils de France ne l’est pas, et Monsieur l’Ambassadeur sait bien quelle joie est la Nôtre, chaque fois que l’occasion Nous est donnée de recevoir quelques-uns d’entre vous.

Vous êtes élèves officiers de 1’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr. Nous connaissons les traditions prestigieuses d’honneur, de courage, de fidélité de cette maison, et tout le capital de dévouement et de vaillance qu’elle représente. Que ces vertus d’hier soient les vôtres aujourd’hui et demain. Elles sont plus que jamais nécessaires en ce monde tourmenté qui est le Nôtre. Puisse votre généreux service de la patrie demeurer toujours un service de la paix, cette paix dont le monde est assoiffé, et que les divisions des hommes rendent si difficile! Tel est Notre voeu et Notre prière, que Nous accompagnons à votre intention et à celle de tous ceux qui vous sont chers de Notre paternelle Bénédiction Apostolique.



U NOUVEL AMBASSADEUR DU SÉNÉGAL PRÈS LE SAINT-SIÈGE* Mrdi 22 avril 1969

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Monsieur l’Ambassadeur,

Nous remercions vivement Votre Excellence de ses nobles paroles, et en recevant de ses mains les Lettres qui l’accréditent auprès de Nous comme Ambassadeur du Sénégal, Nous sommes heureux de saluer en elle le représentant distingué d’un Pays qui Nous est cher à maints égards, et de vous exprimer Nos sentiments de bienvenue dans cette Cité, que vous connaissez bien pour y avoir déjà rempli d’importantes fonctions.

Vous êtes l’envoyé d’une nation qui, ayant accédé naguère à l’indépendance, fut l’une des premières en Afrique à demander l’établissement de relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Cette démarche qui manifestait la considération de votre illustre Chef d’Etat et de son gouvernement pour la place et la mission de l’Eglise catholique dans le destin de votre Pays, avait offert alors à l’autorité pontificale l’heureuse opportunité de saluer avec joie la naissance de la nouvelle et vivante nation sénégalaise. Le Saint-Siège appréciait notamment son souci du respect et de la dignité de l’homme, de ses droits à épanouir sa vocation à être l’agent responsable de son progrès humain et religieux: conditions indispensables d’une justice et d’une paix universelles. Votre Pays, par la maturité qu’il s’est acquise dans un long passé de responsabilités politiques interafricaines et par sa préoccupation du développement et du rayonnement culturels de l’Afrique, apparaît particulièrement sensible à ces grands idéaux. Plus que d’autres peut-être il ressent vivement l’inquiétude d’en voir la réalisation compromise ou trop longtemps retardée en certaines régions d’Afrique.

Nous partageons nous-mêmes la souffrance de voir se prolonger sur la terre africaine des conflits qui ensanglantent ou affament tant d’êtres humains appelés à la joie de vivre; Nous déplorons que, malgré beaucoup d’efforts, les conditions de vie précaires de tant de populations urbaines ou rurales de l’Afrique leur imposent des limitations contraires à leur développement et a leur dignité; plus préoccupante encore Nous semble la situation d’une jeunesse africaine qui se décourage ou s’exagère devant l’incertitude de son avenir professionnel.

Nous ne cédons pas cependant au pessimisme, car Nous savons aussi les efforts que déploie en particulier votre Pays, Monsieur l’Ambassadeur, pour organiser avec ses voisins une coopération économique bénéfique à chacun d’eux; Nous pensons également que les appels pleins de sagesse et de noblesse qu’adresse votre Chef d’Etat à la conscience des nations favorisées finiront par ouvrir les voies d’une plus équitable répartition des charges et des ressources de chacun des membres de la famille des nations; tel était notre voeu pressant en adressant au monde Notre lettre encyclique Populorum progressio et Notre Message à l’Afriquequi furent si bien accueillis au Sénégal.

Nous aimons à voir un autre motif d’espoir dans la considération dont les autorités sénégalaises témoignent à l’égard des communautés catholiques et de leurs entreprises charitables et culturelles au service de votre Pays. Dans le climat de compréhension, de dialogue et de foi qui maintient une bienfaisante harmonie entre les différentes familles spirituelles du Sénégal, Nous sommes assuré que Nos fils catholiques auront toujours à coeur de coopérer de toutes leurs forces à la promotion de votre Pays. Le Saint-Siège, pour sa part, entend la servir dans la ligne de sa mission spirituelle, et se félicite de vous avoir pour interlocuteur direct dans cette collaboration. Avec Nos meilleurs voeux pour l’heureux accomplissement de votre haute mission, Nous appelons sur votre Pays, votre famille et votre personne la Bénédiction du Dieu tout puissant.

*AAS 61 (1969), p.320-321.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. VII, p.231-232.

L’Attività della Santa Sede 1969, p.174-175.

L'Osservatore Romano 23.4.1969, p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.18 p.8.



AUX RECTEURS ET DÉLÉGUÉS DES UNIVERSITÉS CATHOLIQUES Samedi 26 avril 1969

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Monsieur le Cardinal,
Vénérables Frères et chers Fils,

L’«élite de l’élite»! C’est en ces termes que Notre vénéré Prédécesseur le Pape Jean XXIII accueillait, certains d’entre vous s’en souviennent, les représentants de la Fédération des Universités Catholiques, le 1er avril 1959. Nous avons plaisir ce matin, Messieurs les Recteurs et Délégués des Universités Catholiques, à vous redire ces paroles, en les faisant nôtres.

Certes, depuis dix ans, bien des choses ont changé, dans le monde comme dans l’Eglise, vous en êtes tous les jours les témoins, et non pas des témoins passifs, mais des témoins agissants, tout préoccupés d’assurer la présence de l’Eglise au sein des mutations qui ébranlent le monde, désireux d’apporter le poids de votre expérience et de vos responsabilités dans les transformations qui changent profondément la structure traditionnelle des Universités, heureux enfin d’incarner dans ces institutions qui vous sont confiées les grandes directives du récent Concile oecuménique du Vatican, en particulier dans la constitution pastorale Gaudium et spessur l’Eglise dans le monde de ce temps, et dans la déclaration Gravissimum educationismomentum sur l’éducation chrétienne. Ces textes du reste, vous sont bien familiers. Nous voudrions seulement d’un mot en redire toute l’importance et l’actualité, avec Notre joie de vous voir travailler ensemble, autour de Notre et votre cher Cardinal Garrone, de Monseigneur Schroffer, et de leurs adjoints à la Congrégation pour l’Education Catholique, qui accomplit aujourd’hui un si fécond travail d’Eglise.

En affirmant la nécessité et la légitimité des Universités catholiques, le Concile y voit «comme une présence publique, stable et universelle de la pensée chrétienne dans tout l’effort intellectuel pour promouvoir une culture supérieure», de manière à ce que les étudiants ainsi formés «deviennent des hommes éminents par l’instruction, prêts à assumer les plus lourdes tâches dans la société, et témoins de la foi dans le monde» (GEM n. 10). C’est dire qu’en plus des fonctions d’enseignement et de recherche assurées, comme dans toute Université, l’Université catholique, tout en respectant la légitime autonomie des valeurs terrestres et les lois propres de la recherche scientifique, se distingue comme une communauté intellectuelle «au sein de laquelle le catholicisme est présent et actif» (Déclaration de l’Assemblée générale de la Fédération internationale des Universités catholiques, Congo-Kinshasa, 10-16 septembre '68).

Le Concile, du reste, en soulignant la volonté de dialogue de l’Eglise avec le monde d’aujourd’hui, ne manquait pas de relever avec satisfaction l’aide que l’Eglise en reçoit (
GS 44 et 54), et l’apport qu’elle lui donne, en échange pourrait-on dire, pour l’aider à résoudre les antinomies auxquelles le progrès culturel est aujourd’hui affronté de manière dramatique: comment promouvoir le dynamisme et l’expansion de la culture sans mettre en péril la sagesse ancestrale des peuples, comment sauvegarder, malgré l’émiettement des diverses disciplines, la nécessaire synthèse; comment reconnaître la légitime autonomie de la culture, tout en évitant le danger d’un humanisme purement terrestre, qui deviendrait vite inhumain? (cfr. Le Père Henri de Lubac, cité dans Populorum progressio PP 42, et GS 56).

C’est à ces problèmes que l’Université catholique se trouve confrontée, dans la crise du moment présent, où la culture elle-même se trouve mise en question. Qui ne voit le rôle hors pair qu’elle est appelée à y jouer, de par sa nature même: jeter des ponts entre la tradition et l’avenir, mais aussi, dans le présent, entre l’ancienne culture classique et la nouvelle culture scientifique, entre les valeurs de la culture moderne aussi et l’éternel message de l’Evangile, par un dialogue continu, source de mutuel enrichissement.

Chers Messieurs, c’est un vaste champ d’action qui vous est ainsi ouvert, de par votre vocation propre, au coeur même des interrogations les plus graves qui sont aujourd’hui posées à la conscience des hommes. Et votre réussite intéresse tout autant le monde que l’Eglise. Quant à celle-ci, elle a bien conscience que vous agissez et travaillez en son nom, et que vous accomplissez pour elle une fonction irremplaçable. C’est dire les liens étroits qui sont nécessairement les vôtres avec son magistère, en une parfaite communion d’esprit, de coeur et de volonté, dans un même service de l’unique peuple de Dieu, où il revient à chacun d’accomplir sa mission propre, selon ce que le Seigneur a voulu, dans son insondable sagesse, pour son Eglise (cfr. Lumen Gentium LG 12 et 13, et Dei Verbum DV 8 et 10).

Aujourd’hui comme hier, le magistère demeure l’authentique garant de votre inspiration, dans la fidélité librement consentie à la vivante tradition reçue des Apôtres.

Au reste, votre expérience féconde n’est-elle pas là pour l’attester? Le caractère confessionnel d’une Université catholique, bien loin d’être un obstacle à la valeur scientifique des études, peut et doit être une aide pour la pédagogie de ces études, aussi bien celle du maître que celle de l’étudiant, mûs l’un et l’autre par une recherche désintéressée de la vérité, selon l’admirable programme de saint Augustin, qui a inspiré tant de générations de chercheurs: «Intellectum valde ama» ( Consentium, de Trinitate disserentem, III, 13: P. L. 33, 459).

Le Concile l’a proclamé avec fermeté: c’est toute l’Eglise qui est missionnaire, et son activité «n’est rien d’autre, n’est rien de moins que la manifestation du dessein de Dieu, son Epiphanie et sa réalisation dans le monde et son histoire, dans laquelle Dieu conduit clairement à son terme, au moyen de la mission, l’histoire du salut» (Ad Gentes AGD 9). Dans ce grand oeuvre, vous tenez une place de choix, une place irremplaçable. «Puisque le sort de la société et de l’Eglise même est étroitement lié aux progrès des jeunes qui font des études supérieures» (GEM n. 10), voyez quelle est la grandeur enthousiasmante de votre tâche. L’Eglise et le monde vous regardent, les jeunes comptent sur vous, sachez répondre à leur attente anxieuse et impatiente. Au milieu des agitations qui se développent avec violence et âpreté, recevez leur cri, entendez ce qu’il y a de vrai dans leur appel, répondez à leurs justes instances. Avec courage et lucidité, acceptez les remises en question nécessaires. Avec sagesse et mesure, opérez les discernements indispensables. Avec audace et fermeté, ouvrez les chemins de l’avenir. A tous, sachez apprendre, par votre vie tout autant que par votre enseignement, comme et pourquoi l’on vit, dans une foi ardente, une espérance inconfusible, et une brûlante charité.

Sur ces chemins du savoir et de la science, qui sont aussi !es chemins de l’Evangile du Christ, Notre pensée vous accompagne, avec Notre affectueuse Bénédiction Apostolique.

“When a man applies himself to the various disciplines of philosophy, of history, and of mathematical and natural science, when he cultivates the arts, he can do very much to elevate the human family to a more sublime understanding of truth, goodness and beauty, and to the formation of judgements which embody universal values . . . Yet the danger exists that man, confiding too much in modern discoveries, may even think that he is sufficient unto himself, and no longer seek any higher realities . . .”. The Church has solemnly affirmed “the legitimate autonomy of human culture, and especially of the sciences” (Gaudium et spes GS 57-59).

The Catholic university is the meeting place of wordly values and of the superior spiritual realities; there especially can the Christian contribute “to promoting that Christian transformation of the world by which natural values, viewed in the full perspective of humanity as redeemed by Christ, contribute to the good of society as a whole” (Gravissimum educationis GE 2).





AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES* Lundi 28 avril 1969

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Monsieur le Secrétaire Général.
Messieurs,

C’est pour Nous une joie de vous accueillir ce matin dans Notre demeure. Nos souhaits de bienvenue vont tout d’abord à Monsieur Thant, l’infatigable Secrétaire Général de l’organisation des Nations Unies, qui nous a si aimablement accueilli à New York le 4 octobre 1965, lui qui préside votre Comité administratif de coordination, et qui vient de s’adresser à Nous en des termes choisis, pour Nous préciser les buts de votre réunion à Rome et les motifs de votre visite au Pape. Nos salutations vont aussi aux Chefs responsables des secrétariats des institutions spécialisées des Nations Unies, à tous les membres qui composent le Comité. Nous savons, Messieurs, quelles sont vos compétences et vos responsabilités, à vous qui êtes à la tête de tous ces organismes internationaux qui constituent pour ainsi dire la famille des Nations Unies: Il Nous est aussi très agréable de saluer près de Nous ce matin, en cette rencontre si importante, les membres distingués du Corps Diplomatique .qui représentent auprès du Saint-Siège la grande famille des peuples. A tous vont Nos sentiments de déférence et de respect.

Cette heureuse rencontre Nous fournit tout d’abord l’occasion de redire Notre grande estime pour l’oeuvre des Nations Unies et de ses agences spécialisées. Elle Nous permet aussi d’affirmer l’espérance qui est la Nôtre pour l’oeuvre que vous accomplissez, et dont l’objet n’est rien moins que le progrès matériel et le développement social et moral des peuples, qui Nous tient tant à coeur. Et Nous tenons à vous remercier, Monsieur le Secrétaire Général, des nobles paroles que vous avez voulu exprimer à l’égard de Notre engagement en ce domaine, particulièrement par notre Encyclique Populorum progressio, et les initiatives qui l’on suivie et la suivront.

Si peu de gens parlent de votre Comité - parce que peu en connaissent l’existence -, son action pourtant peut être déterminante dans ce grand oeuvre du développement. Car il vous appartient de coordonner l’action menée et les programmes exécutés aux divers niveaux et dans les divers secteurs de l’activité internationale. Or, vous le savez, la gigantesque entreprise du développement ne peut être affrontée qu’avec toutes les forces dont dispose l’humanité, au service de toute l’humanité. Nous le redisons sans Nous lasser: «Le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme . . . Ce n’est pas seulement tel ou tel homme, mais tous les hommes qui sont appelés à ce développement plénier» (Populorum progressio
PP 14 et 17).

Parmi ces forces, il est indispensable de reconnaître à l’esprit la place première et irremplaçable qui est la sienne. Vous avez vous-même, Monsieur Thant, souligné à bon droit que le développement ne pourrait se réaliser sans un changement radical dans la mentalité de beaucoup, et dans l’attitude des peuples et de leurs gouvernements. C’est d’une prise de conscience qu’il s’agit, et d’une volonté d’action. L’Eglise, pour sa part, vous le savez, engage ses énergies pour aider l’homme à mieux construire et aménager sa cité terrestre. Elle ne le fait, ni par désir de,.puissance, ni par recherche de prestige, mais pour être «fidèle à l’enseignement et à l’exemple de son divin fondateur», dans une volonté de service désinteressé (cfr. Populorum progressio PP 12 et 13).

Dans les paroles de votre noble interprète, Nous avons relevé ce qui concerne la seconde décennie du développement. Votre Comité, réuni ces jours-si auprès du siège de la F.A.O., se préoccupe justement de prévoir les programmes et de coordonner l’activité de tous à cet effet. En ce qui Nous concerne, Nous voudrions dire un mot, si vous Nous le permettez, au sujet de cette décennie. En apparence, le succès de la première décennie a été peu spectaculaire. Mais il en résulte du moins une prise de conscience, dans les masses elles-même, que le développement est une nécessité absolue, qu’il constitue un phénomène irréversible, et qu’il requiert l’effort de tous, développés et sous-développés. «Car, - Nous le réaffirmons -, c’est là qu’il faut en venir. La solidarité mondiale, toujours plus efficiente, doit permettre à tous les peuples de devenir eux-mêmes les artisans de leur destin» (Populorum progressio PP 65). Une prise de conscience toujours plus grande s’accomplit en ce sens, et c’est comme un esprit nouveau qui doit se créer dans la communauté internationale, autour du concept de développement, intégral et solidaire. Aussi dirions-Nous volontiers que l’efficacité de la seconde décennie doit se porter autant sur la quantité que sur la qualité. C’est de ressources humaines, d’un développement humain, qu’il s’agit, en un mot de l’homme. En définitive, il n’est de vraie richesse que de l’homme, et s’il aspire à avoir plus, c’est pour être plus (cfr. Populorum progressio PP 6).

Au terme de cet entretien, Nous tenons à vous redire, Messieurs, combien votre effort Nous tient à coeur, et comment l’Eglise s’emploie pour sa part à aider les hommes, par les moyens qui lui sont propres, à «grandir en humanité, valoir plus, être plus» (Populorum progressio PP 15).

Nous aimons relever à cet égard l’oeuvre de Notre Commission pontificale Justice et Paix - dont Nous avons tenu à associer les représentants à cette rencontre -, la constitution en son sein d’un Comité pour la promotion humaine, la fondation de SODEPAX avec le Conseil oecuménique des Eglises, et tout dernièrement l’institution du «Fonds Populorum progressio», dont Nous voudrions qu’il soit une source de nouvelles initiatives et de généreuses réalisations.

Et comment ne pas vous confier enfin la joie qui est la Nôtre à la veille de Notre prochaine visite, début juin si Dieu le permet, à l’Organisation internationale du travail à Genève, à l’occasion de son cinquantième anniversaire?

Messieurs, il Nous tient à coeur de vous le dire solennellement en ce jour, c’est une grande et double espérance qui est la Nôtre en ce moment de l’histoire humaine. Nous espérons tout d’abord que les gouvernements des peuples plus développés, ou en condition de relatif bien-être, voudront continuer, ou voudront décider généreusement de contribuer toujours plus effectivement à la cause des pays en voie de développement. Car aujourd’hui on se lasse des paroles et on attend de plus en plus d’actes.

Et Notre espérance est aussi dans la jeunesse ardente et généreuse, enthousiaste et désintéressée: qu’elle fasse sien le bel idéal des Nations Unies, «les uns avec les autres, pas l’un au-dessus de l’autre, jamais plus les uns contre les autres, mais toujours les uns pour les autres» (Discours à l’O.N.U. , le LE 4 octobre 1965), Et ainsi le monde prendra un nouveau visage: il sera vraiment humain et fraternel, dans l’amitié et dans la paix.

Telles sont les pensées qui sont les Nôtres ce matin en vous recevant, et que Nous avons eu plaisir à vous confier, en appelant sur vos généreuses activités au service des hommes l’abondance des bénédictions du Tout-Puissant, «Père de tous les hommes» (Populorum progressio PP 21).

*Insegnamenti di Paolo VI, vol.VII, p.285-288.

L'Osservatore Romano 28-29.4.1969 p.3.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n. 18 p.1, 12.

La Documentation catholique n. 1541 p.511-512.




Discours 1969 20369