Discours 1971 20

20 Monsieur l’Ambassadeur,
Monsieur l’Aumônier Général, chers Messieurs,

Au cours de ce traditionnel pèlerinage pascal, qui vous a permis de célébrer la Passion et la Résurrection du Sauveur en union avec tant de fidèles en cette ville de Rome dont le nom est désormais inséparable de son message, vous avez tenu à Nous rendre cette visite déférente et filiale. Nous avons accueilli votre désir avec la satisfaction de vous exprimer, d’exprimer à vos compatriotes, l’estime et l’affection que Nous leur portons, ainsi que notre souhait de vous voir contribuer, selon votre compétence, à la grande oeuvre de la paix.

Nous savons le prix que traditionnellement vous attachez à l’ordre nécessaire au bien commun. N’est-ce pas dans ce dessein que vous servez la sécurité de votre pays, à l’intérieur comme à l’extérieur, dans le respect des diversité légitimes? Et aujourd’hui, est-il besoin de le souligner, le problème de la paix ne s’arrête plus à nos frontières: il faut nous en soucier et y coopérer, partout où des populations souffrent de violences ou d’injustices. Tous les hommes de bonne volonté sont concernés, et nous d’abord, chrétiens, appelés à être des «artisans de paix» (
Mt 5,9).

Nous vous souhaitons aussi de passer de bonnes fêtes de Pâques. En cette période liturgique, nos yeux se tournent plus ardemment vers le Sauveur qui s’est sacrifié pour nous purifier du péché, qui est ressuscité pour nous faire participer à son Esprit, à sa Vie. Nous y sommes particulièrement sensibles ici, près du tombeau de l’Apôtre Pierre, qui le premier a connu l’expérience douloureuse et si déconcertante pour l’homme de la Passion de son Maître, mais qui a vu le Seigneur vivant le jour de Pâques (Cfr. Luc Lc 24,34), lui a témoigné un amour spécial (Cfr. Io Jn 21,17), a confirmé ses frères dans la foi et donné ici le suprême témoignage de sa fidélité. Aussi est-ce de tout coeur que Nous - son humble successeur - implorons sur chacun de vous et de ceux qui vous sont chers les Bénédictions du Christ Jésus ressuscité.



AU CONGRÈS DE L’UNION MONDIALE


DES ENSEIGNANTS CATHOLIQUES


Samedi 17 avril 1971




Chers Fils,

C’est avec joie que Nous vous accueillons, à l’issue des séances de travail de votre Conseil général, pour vous redire la confiance que met l’Eglise dans les Enseignants catholiques, dont l’«Union mondiale», que vous représentez, stimule et coordonne les activités.

Vous aviez voulu, lors de votre septième Congrès, à Montréal, au mois d’août dernier, réfléchir sur «l’école et l’enseignant dans ce monde en mutation». Votre analyse des nouvelles conditions de la culture, des styles de vie modernes de la jeunesse, et surtout des besoins les plus profonds de la société de demain, devait vous amener, Nous semble-t-il, à rechercher les meilleurs moyens d’y préparer les jeunes et leurs professeurs. Car tel est bien le but qui doit polariser tous vos débats. Et le problème demeure grave: comment, au milieu d’idéologies si diverses et d’options morales si fragiles, donner à ces jeunes le goût de la recherche du vrai et du bien? Comment les initier aux jugements de valeur qui leur permettront de discerner le meilleur chemin, pour eux-mêmes et dans l’intérêt de l’humanité? Comment les préparer à s’engager au service de leurs frères avec toute la compétence que l’école leur donne d’acquérir? Ils ont besoin, vous le savez, d’être respectés par les adultes dans leur personnalité, d’être admis à participer activement à leur propre formation. Ils ont non moins besoin, avant de se lancer dans la vie, de puiser avec objectivité à l’expérience et à la culture de leurs prédécesseurs, de recevoir le témoignage éclairant et entraînant de leurs maîtres.

Certes, chaque pays connaît des problèmes différents, qu’il faut respecter, un rythme spécifique, des étapes diverses dans l’accès à la culture, des besoins variés pour le développement harmonieux du peuple, des conditions inégales dans la répartition des initiatives laissées au secteur privé ou au secteur public. Il revient alors aux pasteurs responsables d’étudier, avec les fédérations nationales des enseignants chrétiens, les représentants des parents et des étudiants, les voies les plus favorables pour promouvoir, chez le plus grand nombre, une solide formation humaine, qui ne néglige en rien les exigences spirituelles. Mais, sur le plan international, l’U.M.E.C. garde, comme organisation catholique, un rôle de choix: elle permet d’échanger des expériences éclairantes, d’approfondir la vocation des enseignants chrétiens, d’établir l’entraide très large que la solidarité requiert, de porter un témoignage évangélique commun à la face du monde.

Et qu’est-ce que le monde, qu’est-ce que l’Eglise, attendent plus spécialement des enseignants catholiques? D’abord une compétence profonde, dans l’ordre de la connaissance comme sur le plan pédagogique.

21 Aujourd’hui en effet tous les ordres du savoir, dans les différentes branches et aux divers niveaux de l’enseignement, mais aussi au plan même de la recherche pure, se trouvent trop souvent sollicités par les idéologies ambiantes et risquent ainsi de se trouver orientés, voire canalisés, par des a priori, dommageables d’abord à la vérité elle-même. Il nous semble alors que les chrétiens doivent être au premier rang de ceux qui approfondissent la vérité, librement, objectivement. Par ailleurs, comment des maîtres catholiques pourraient-ils rester indifférents à ce que les élèves qui leur sont confiés découvrent ou non la Vérité, la cause et la fin de leur existence? Puissent-ils comprendre, ces jeunes, à travers l’enseignement et la vie de leurs aînés, à travers le climat éducatif créé autour d’eux, quelle force et quelle lumière, quel salut en un mot, le Christ apporte à ceux qui lui donnent leur foi et leur amour? Bien plus, qui leur fera connaître explicitement leur vocation divine, qui les aidera à y correspondre librement, si ce n’est l’ensemble de la communauté chrétienne, au premier rang de laquelle, il faut mentionner, avec les aumôniers, les parents et les éducateurs auxquels ceux-ci recourent avec confiance? Voilà la grandiose tâche, entre autres, que votre Union mondiale a pour mission d’encourager et d’éclairer.

Nous sommes heureux de savoir que le prochain Congrès se tiendra à Rome, avec l’objectif de promouvoir les valeurs évangéliques dans la vie internationale. Nous vous encourageons de grand coeur dans sa préparation, et Nous vous donnons comme à tous les dévoués enseignants catholiques que vous représentez, Notre paternelle Bénédiction Apostolique.



AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE ARABE UNIE


PRÈS LE SAINT-SIÈGE*


Lundi 3 mai 1971




Monsieur l’Ambassadeur,

Les sentiments délicats que Votre Excellence vient de Nous exprimer touchant l’Eglise catholique et le rôle du Siège Apostolique de Rome Nous réjouissent profondément, et Nous voulons y voir un gage supplémentaire des relations heureuses et fructueuses qui pourront se poursuivre et s’épanouir entre votre noble pays et le Saint-Siège. Avec notre reconnaissance pour ces aimables paroles, Nous voulons vous assurer de l’estime et de l’attachement que Nous portons aux populations de la République Arabe Unie.

Est-il besoin de le souligner en effet, l’Egypte évoque, pour qui sait apprécier l’expérience millénaire si émouvante de l’humanité, un passé de grandeur et de civilisation, dont nous admirons toujours, comme de précieux témoins, les monuments impérissables. Et comment ne pas être sensible à votre évocation de ces foyers de culture et de spiritualité chrétiennes, où se sont particulièrement distingués les penseurs de l’école d’Alexandria: Origène, Athanase, Cyrille, comme les moines ou ermites Paul, Antoine, Pacôme? C’est à de tels témoignages et à ces exemples incomparables qu’aujourd’hui comme hier viennent se ressourcer la pensée et la vie chrétiennes.

Quant au moment présent, les catholiques d’Égypte tiennent à apporter leur contribution généreuse dans la poursuite du bien-être spirituel et matériel de votre cher pays, et donc à entretenir, avec les autres confessions et religions, des relations empreintes de respect, de fraternité, de collaboration. Nous-même, Nous Nous rappelons avec plaisir la récente visite que fit ici une délégation islamique.

Nous demeurons très préoccupé, vous le savez, par le problème de la paix, convaincu qu’il s’agit là du besoin et du désir profond des peuples, et d’une condition indispensable à leur développement intégral et solidaire. Aussi avons-Nous suivi avec espoir les débuts laborieux des tractations visant à résoudre enfin la crise du Moyen- Orient. Et Nous souhaitons de tout coeur que le courage et la sagesse se conjuguent harmonieusement de part et d’autre pour aboutir à des solutions satisfaisantes pour toutes les parties en cause et de nature à instaurer une paix durable.

Ah! puissions-Nous voir ce bassin de la Méditerranée, qui nous est si proche à tous, devenir un havre de paix, un lieu privilégié de rencontres et d’enrichissements entre les diverses cultures, pour la tranquillité du monde et le progrès de l’humanité! Beaucoup pensent que, plus que jamais, ce serait le moment favorable pour s’engager dans cette voie décisive. Pour notre part, Nous l’avons souvent dit et Nous le répétons, Nous sommes résolu à travailler infatigablement, dans la mesure de nos possibilités propres, à promouvoir une entente féconde entre tous ces partenaires solidaires, dans le respect de la liberté et des droits légitimes de chacun, en tout honneur et en toute justice.

Votre Excellence s’est plu à relever la mission culturelle et spirituelle qu’accomplissent les écoles catholiques au sein de la R.A.U. Nous prenons acte avec satisfaction de cette reconnaissance. Oui, l’Eglise est heureuse de participer à l’effort éducatif de la nation, si important pour son avenir, et, avec l’aide nécessaire des Autorités civiles, elle continuera de grand coeur, en même temps que le soutien religieux de ses propres enfants, ce service qui se veut ouvert à tous.

C’est dans ces sentiments que Nous vous confions le soin d’exprimer nos meilleurs voeux à Son Excellence Monsieur le Président de la République et Nous formons aussi le souhait que votre mission près le Saint-Siège se déroule heureuse et fructueuse. Bien volontiers, Nous implorons sur vous et sur vos compatriotes les Bénédictions abondantes du Dieu Tout-Puissant.

22 *AAS 63 (1971), p.370-372.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. IX p.368-369.

L’Attività della Santa Sede 1971, p.178-180.

L'Osservatore Romano, 3-4.5.1971, p.1, 2.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française, n.19 p.9, 10.

La Documentation catholique n.1588 p.560-561.



AU CONGRÈS INTERNATIONAL DES REPRÉSENTANTS


DES UNIVERSITÉS CATHOLIQUES


Jeudi 6 mai 1971




Monsieur le Cardinal et chers Fils,

Nous sommes heureux de vous recevoir au moment même où, préparant un nouveau Congrès international des représentants des Universités catholiques, vous abordez des thèmes délicats, mais d’une importance capitale pour l’avenir de ces Universités: le rapport de celles-ci avec le Magistère de l’Eglise, leur coordination, leur représentation permanente auprès du Saint-Siège. Nous vous laissons le soin d’examiner attentivement ces problèmes. Pour les éclairer en profondeur, Nous voulons seulement - s’il en est besoin - aviver en vous la conscience que vous avez déjà de la mission toujours actuelle d’une Université catholique au sein de l’Eglise et dans le monde d’aujourd’hui. Nous ne parlons pas seulement des «Facultés ecclésiastiques» dédiées aux sciences sacrées: leur importance de choix et leur lien étroit avec l’Eglise sont trop évidents. Mais Nous pensons aussi aux disciplines scientifiques et naturelles: comment, même en ces domaines, une Université peut-elle et doit-elle rester «catholique»? (Cfr., par exemple, R. P. N.-A. LUYTEN, O.P., Pourquoi une Université catholique? dans «Recherche et Culture», Tâches d’une Université catholique, Fribourg, Editions universitaires 1965, PP 1-22)

Au niveau même de la recherche, l’Université catholique doit d’abord manifester l’hommage que l’Eglise entend témoigner à la culture, par une étude et un enseignement loyaux qui s’efforcent de cerner le vrai, le bien, le beau, à chaque niveau scientifique, littéraire, artistique ou philosophique, avec la méthode propre qui convient, et sans se laisser détourner par des systèmes à priori, qui hypothèquent l’analyse et la synthèse authentiques dont les hommes ont tant besoin (Cfr. Conc. OEcum. Vatic. II, Gaudium et Spes GS 59, § 2). La culture ainsi comprise stimule le croyant en tant que tel. Car elle est la science de l’oeuvre du Créateur, de sa Sagesse répandue dans le cosmos et dans le coeur des hommes (Cfr. ibid. 57, § 3). En même temps qu’à cette contemplation, elle contribue au développement de l’homme, à sa maîtrise sur la nature, au progrès de la vie sociale. Enfin, par la connaissance de plus en plus universelle de la vérité naturelle à laquelle elle initie, elle ouvre les voies à une rencontre fructueuse avec la vérité révélée. Car le croyant ne saurait faire l’économie d’une synthèse harmonieuse entre les deux domaines (Cfr. ibid.62). Aussi le Concile a-t-il rappelé sans ambiguïté le bienfait des Universités catholiques à ce plan: «On saisira plus profondément comment la foi et la raison s’unissent pour atteindre l’unique vérité» (Gravissimum educationis GE 10).

La mission catholique de telles Universités se retrouve également au niveau de l’éducation culturelle qu’elles entendent mettre en oeuvre auprès des étudiants. Ceux-ci devront y apprendre comment une recherche intellectuelle peut être vécue chrétiennement: ils y seront interpellés par la foi, et initiés à un travail marqué par une participation active et fraternelle. Ils auront aussi à coeur de se préparer à mettre au service de la société civile les compétences humaines acquises et le témoignage d’une foi vivante et approfondie. C’est de tels hommes que les Université catholiques s’efforcent de former, sans prétendre en avoir le monopole. Qui oserait dire, même si les conditions entre pays s’avèrent fort diverses, que cette oeuvre a perdu de sa valeur, de son urgence? Vous en avez conscience, il y va de l’intérêt de toute l’Eglise: aussi est-ce un souci primordial de ses pasteurs responsables.

23 En vous replaçant devant les grands desseins de ce projet, Nous encourageons votre Conseil et votre Comité à en établir les bases solides, réalistes et efficientes, en union avec la Congrégation pour l’éducation catholique à laquelle Nous redisons, cher Monsieur le Cardinal, avec Notre affectueuse estime, toute Notre confiance.

Dans ces sentiments, en priant Dieu qu’il vous apporte force et lumière dans votre oeuvre d’Eglise, Nous vous bénissons de tout coeur.



À LA RÉUNION ANNUELLE


DES CONSEILS SUPÉRIEURS ET DES DIRECTEURS NATIONAUX


DES OEUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES


Jeudi 13 mai 1971




Cher Monsieur le Cardinal,
Frères et Fils bien aimés,

Nous sommes heureux de profiter de votre réunion annuelle des Conseils supérieurs et des Directeurs nationaux des OEuvres pontificales missionnaires pour vous exprimer Notre vive satisfaction et Nos chaleureux encouragements.

Vous composez en effet un réseaux de mieux en mieux organisé, qui étend ses ramifications jusqu’aux extrémités de la terre. Si l’on peut comparer la grande entreprise missionnaire, qui recouvre toute l’Eglise, à un arbre plein de vigueur (Cfr. Matth Mt 10,32), vous en êtes en quelque sorte les racines cachées, chargées de nourrir et de soutenir l’élan apostolique qui fait sourdre l’Esprit Saint.

Tout d’abord, vous contribuez à rendre plus organique l’activité de l’Eglise pour les missions. Car il ne suffit point de disposer de bonnes volontés, d’ouvriers prêts à travailler dans la vigne du Seigneur (Ibid. 20, 1): encore faut-il que ceux-ci soient réellement embauchés, encouragés, orientés vers les secteurs de la vie missionnaire où le travail se fait plus urgent. Pour ce faire, votre collaboration étroite avec le Dicastère chargé de l’évangélisation des peuples s’avère précieuse et nécessaire.


COLLABORATION ET PRIÈRE

Mais votre rôle n’est pas moins important au sein du Peuple de Dieu. L’oeuvre missionnaire ne connaîtra de vigueur, d’ampleur et d’efficacité durable que si tous les fidèles sont pénétrés du grand dessein apostolique que le Seigneur a fixé à son Eglise (Cfr. Marc Mc 16,15), et qui demeure lit j leur propre foi, à leur baptême, à leur confirmation, comme l’a opportunément rappelé le décret conciliaire Ad Gentes (Cfr. 11). Or cette flamme doit être sans cesse ravivée. Ceux qui se consacrent plus spécialement à l’activité missionnaire ont eux-mêmes besoin d’éprouver, derrière eux ou plutôt avec eux, l’intérêt, la prière, le soutien, la collaboration de leurs compatriotes. N’est-ce pas dans ce contexte que vous pouvez d’ailleurs le mieux favoriser l’éveil et la croissance de vocations de prêtres, de religieux de religieuses et de laïcs «missionnaires»? Ce faisant, vous édifiez spirituellement l’Eglise, où chaque pierre vivante doit trouver sa place au bénéfice de l’ensemble (Cfr. 1 Petr. 4, 5). De grand coeur Nous rendons hommage à tous les efforts qui ont été déployés depuis quelques années, aux niveaux diocésain, national et international, pour approfondir cette prise de conscience au coeur du Peuple de Dieu.

Enfin, bien sûr, avec le réalisme qui guidait déjà saint Paul, vous prenez soin de susciter et de recueillir les offrandes des fidèles, et d’en organiser l’affectation selon les besoins les plus urgents. Sans ces collectes qui permettent aux chrétiens de donner le témoignage concret de leur participation active, - nos Frères des diocèses dits missionnaires ne le savent que trop, - la prédication de la Parole de Dieu et la croissance des jeunes Eglises seraient elles-mêmes gravement entravées.

C’est dire, chers amis, l’encouragement profond que Nous tenons à vous renouveler aujourd’hui et dont Nous souhaitons qu’il soit largement entendu! Votre activité au service de l’Eglise est plus que jamais nécessaire: il vous faut inlassablement l’adapter aux nécessités actuelles pour la rendre encore plus efficace. Nous craignons en effet qu’en certains pays une moindre estime du travail spécifiquement missionnaire ne vienne refroidir le zèle des fidèles et des pasteurs.


APPEL AU PEUPLE DE DIEU

24 Prions l’Esprit Saint de susciter au coeur de tous les pasteurs et de tous les fidèles le cri de l’Apôtre des gentils: «Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile» (1Co 9,16). N’est-ce pas là, aujourd’hui comme hier, la pierre de touche d’une véritable foi? Par votre entremise, Nous lançon cet appel, comme Nous l’avons fait na,- guère de Pago-Pago, à tous nos Frères, à tous nos Fils catholiques.

L’accueil des missionnaires, le don pour les missions méritent, vous le savez, la récompense promise par le Seigneur en conclusion de son discours apostolique, lorsqu’il envoya lui-même les Douze en mission: «Qui accueille un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète . . . Et quiconque donnera à boire, ne fût-ce qu’un verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits parce qu’il est un disciple, en vérité je vous le dis il ne perdra pas sa récompense» (Mt 10,41-42).

A vous qui êtes chargés de promouvoir une large collaboration missionnaire dans toute l’Eglise, Nous redisons, avec notre gratitude, toute Notre bienveillance, et Notre totale confiance. Et au nom du Seigneur, Nous vous bénissons.

Nella stessa udienza il Santo Padre dà uno speciale saluto ai due Segretari Aggiunti testé nominati dalla Sacra Congregazione per l’Evangelizzazione dei Popoli, i Monsignori Bernardin Gantin e Simon Duraisamy Lourdusamy.

Saluto ai nuovi Segretari Aggiunti della Congregazione per l’Evangelizzazione dei popoli

Vénérables Frères et chers Fils,

Cette audience Nous offre l’heureuse occasion de saluer publiquement, pour la première fois, les deux nouveaux Secrétaires Adjoints de la Sacrée Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, Nous voulons dire nos Frères vénérés dans l’Episcopat, Monseigneur Bernardin Gantin, jusqu’ici Archevêque de Cotonou, au Dahomey, en Afrique Occidentale, et Monseigneur Simon Duraisamy Lourdusamy, jusqu’ici Archevêque de Bangalore, en Inde, en Asie méridionale.

Nous devrions faire l’éloge de ces deux excellents et zélés pasteurs pour mettre en lumière le motif de leur choix, car c’est en raison de leurs vertus épiscopales qu’ils ont été appelés à exercer leur activité dans ce grand et très important dicastère de la Curie Romaine, qui a pour but de promouvoir, d’assister et de diriger la diffusion de l’Evangile du Christ et de l’Eglise catholique dans les régions immenses confiées à l’apostolat missionnaire. Leur expérience, leur zèle, leur spiritualité sacerdotale ont montré qu’ils étaient dignes et capables de la charge que Nous venons de leur confier: leurs mérites, en effet, Nous ont suggéré de les nommer membres responsables et dirigeants de la célèbre, précieuse et historique Congrégation de «Propaganda Fide», appelée depuis le Concile Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples. C’est donc avec une particulière estime et une fraternelle affection que Nous les saluons et les accueillons, comme membres du Siège Apostolique et collaborateurs, avec le titre de Secrétaires Adjoints, de Monseigneur Sergio Pignedoli, l’excellent et très actif Secrétaire de cette Congrégation, tous les trois aux côtés de notre cher et vénéré Cardinal Préfet Agnelo Rossi, lui aussi enlevé au fécond ministère pastoral qu’il accomplissait exemplairement à San Paolo, au Brésil, pour succéder au très méritant Cardinal Agagianian, contraint par l’âge et la mauvaise santé à laisser la Préfecture de «Propaganda», sagement tenue par lui pendant de longues années.

Nous avons donc renouvelé et élargi la direction de cette Congrégation. C’était nécessaire, non parce qu’elle ne répondait pas à sa fin, mais pour deux autres raisons. La première, c’est l’ampleur accrue de la tâche à accomplir: elle s’étent à presque neuf cents circonscriptions ecclésiastiques et s’exerce, dans une mesure variée, dans presque tous les continents du monde, prenant par là des dimensions telles qu’elles exigent quelque développement et quelque articulation nouvelle dans l’organisme central, placé au service de la cause missionnaire qui est sans limites. La seconde raison est indiquée par l’origine ethnique des personnes nouvelles aux mains desquelles est confié le gouvernail de direction lui-même. A personne n’échappera la signification historique du choix que Nous avons fait d’un Cardinal brésilien pour la Préfecture de ce dicastère ecclésiastique, comme aussi d’un Africain et d’un Asiatique, auprès d’un Européen Italien, au Secrétariat de cette Congrégation. Nous entendons par là reconnaître, récompenser, encourager l’Eglise missionnaire, en choisissant dans ses plus vastes - et Nous voudrions dire ses plus symboliques - expressions géographiques et ethniques, nos collaborateurs le plus proches dans la direction pastorale de cette même Eglise missionnaire, la déclarant ainsi préparée pour accéder aux responsabilités supérieures du gouvernement central du Peuple de Dieu. Nous avons l’assurance que vos chers diocésains, partageant avec vous le sacrifice d’une séparation nécessitée par votre venue à Rome, y discernent en même temps le signe d’une participation plus profonde à l’Eglise universelle et l’occasion d’un amour plus intense pour elle.

Frères vénérés, Monseigneur Gantin et Monseigneur Lourdusamy, soyez les bienvenus! Vous introduisez, dans cette famille romaine qu’est le Siège Apostolique, la fraternité que Nous avons toujours reconnue au clergé et au laïcat autochtones des territoires de mission, mais que, maintenant, Nous estimons digne et capable d’apporter votre contribution active et originale, dans un service direct et une commune responsabilité. Soyez les bienvenus! Et donnez à cette Eglise romaine et à sa charge apostolique les énergies nouvelles, les charismes particuliers, dont votre vocation catholique vous a enrichis, grâce au mérite, qu’on n’appréciera jamais assez, de tant en tant de missionnaires, et grâce à l’effusion mystérieuse de l’Esprit Saint! Soyez les bienvenus ! Et, de ce coeur situé au centre du Corps mystique visible du Christ qu’est la sainte Eglise, une, catholique et apostolique, faites sentir à vos lointaines Eglises locales, bien plus à toute l’Eglise dans le monde, la vocation commune et ineffable au salut que l’humanité ne peut trouver que dans le nom de Jésus-Christ. Plus qu’un honneur, c’est un devoir, jusqu’à la Croix, qui vous attend.

Frères vénérés, devenus Nos collaborateurs dans le ministère apostolique, à vous Notre confiance, Notre bienveillance, Notre Bénédiction.



À L’OCCASION DU QUATRIÈME CONGRÈS


DES DIRECTEURS NATIONAUX


POUR LES VOCATIONS ECCLÉSIASTIQUES


25
Jeudi 13 mai 1971




Cher Monsieur le Cardinal,
Frères et Fils bien aimés,

C’est de tout coeur que Nous accueillons ce matin votre délégation, à l’occasion du quatrième Congrès des Directeurs nationaux pour les vocations ecclésiastiques.

Nous n’avons certes pas besoin de souligner devant vous l’importance capitale de l’oeuvre qui vous est confiée, comme Nous l’avons fait récemment dans Notre message pour la huitième Journée mondiale des vocations. Vous en avez une conscience aiguë qui polarise toute votre action sacerdotale: comment contribuer, avec tous les moyens dont nous disposons, à ce que demain le sacerdoce du Christ soit exercé par des pasteurs assez nombreux, assez compétents, assez saints pour répondre aux besoins spirituels de tout le Peuple de Dieu? N’est-ce pas rejoindre le souci du Christ lui-même, ému de compassion à la vue des «gens las et prostrés comme des brebis qui n’ont point de berger»? (
Mt 9,36) Nous savons tout ce que vous mettez en oeuvre pour que les vocations sacerdotales soient largement estimées chez les fidèles, éveillées et soutenues chez ceux, jeunes ou plus âgés, que le Seigneur appelle à ce plus haut service.

Toute l’Eglise se penche sur ce problème qui revêt, en certaines régions surtout, une gravité exceptionnelle. A vous il revient d’abord d’étudier cette situation en profondeur et objectivement pour susciter les remèdes spirituels et pédagogiques adéquats. Il ne suffit pas de dire ou d’écrire que les temps sont changés, qu’ils appellent une autre forme de ministère, un autre mode d’insertion du clergé dans la société, un autre style de formation des candidats au sacerdoce. Le prochain Synode d’évêques, vous les savez, examinera ces graves questions. Les conditions de la vie sacerdotale ont certes une grande importance; mais l’appel à vouer toute sa vie au service du Christ, avec la disponibilité des apôtres, transcende toutes ces conditions: ne trouve-t-il pas son meilleur enracinement et sa plus grande possibilité de déploiement dans un climat de foi profonde au Seigneur, un sens authentique de l’Eglise, et le désir passionné de servir les âmes, jusqu’à la générosité de la croix, vécue dans l’espérance pascale?

Dès lors, la première urgence est sans nul doute de sensibiliser le peuple chrétien, les familles, à la grandeur et à la nécessité de ces vocations, à l’estime du sacerdoce spécifique, exigé par l’épanouissement du «sacerdoce baptismal» des laïcs eux-mêmes. On suscitera en même temps une ardente prière pour ces vocations, «pour que le Maître de la moisson envoie des ouvriers à sa moisson» (Cfr. Matth Mt 9,38). N’est-ce pas la première recommandation, - la seule semble-t-il -, que le Seigneur ait laissée à ses disciples en pareille circonstance? Jamais l’Esprit Saint ne refusera à un peuple chrétien, généreux et assidu dans une telle prière, les pasteurs dont il a un réel besoin: ce doit être pour nous une conviction profonde.

Le même Esprit Saint nous fait par ailleurs le devoir de mettre en oeuvre toutes les ressources pastorales capables d’éveiller les jeunes à la vocation sacerdotale, de les aider à reconnaître l’appel du Seigneur et les besoins de l’Eglise, de les guider et de les soutenir au milieu des difficultés: apprenons-leur à surmonter ces dernières avec esprit de foi, dans l’espérance et un plus grand amour. Beaucoup d’offices nationaux et diocésains des vocations ont déjà organisé avec succès des rencontres, des récollections, des sessions, bref de multiples occasions de dialogue, de réflexion, de prière, où les jeunes, sous une direction pédagogique appropriée, approfondissent leur lien avec le Christ et avec son Eglise, et s’ouvrent ainsi à l’engagement auquel l’Esprit Saint peut les appeler. Cet effort ne peut porter tous ses fruits que si, parallèlement, parents, éducateurs et mouvements d’action catholique mettent cet objectif au coeur de leurs préoccupations.

Enfin, est-il besoin de le souligner, n’est-ce pas aux prêtres eux-mêmes qu’il appartient de faire briller le sacerdoce d’une lumière qui le rende désirable? Là où le prêtre mène une vie vraiment évangélique, puisant amour, courage et joie dans un ministère exercé en union profonde avec le Christ, ce témoignage ne saurait rester longtemps infécond pour les vocations. Qui ne le voit, par contre? Tout affaiblissement de l’idéal sacerdotal, toute hésitation à son sujet, comme toute médiocrité de vie et toute dissension à l’intérieur du clergé, en tarit inévitablement la source. Ne serait-ce pas là l’un des drames de la crise actuelle, à laquelle tant de laïcs chrétiens assistent avec douleur? Mais Nous en avons la ferme conviction: avec l’aide de Dieu, avec le soutien de tant de prêtres généreux et avec la prière de tant de fidèles et d’âmes consacrées, cette crise sera surmontée. Aidez-Nous à faire prendre tout particulièrement conscience aux prêtres de leur responsabilité capitale en ce domaine.

De tout coeur, avec toute la ferveur de votre zèle, poursuivez votre action au service du sacerdoce, à tous les niveaux de l’Eglise, sans jamais vous laisser décourager, toujours confiants dans la force et la lumière de l’Esprit Saint. Et Nous, en appelant sur votre apostolat l’abondance des divines grâces, Nous vous donnons Notre paternelle Bénédiction Apostolique.



À LA CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DES CADRES


Samedi 12 juin 1971




Chers Messieurs,

26 En ce vingtième anniversaire de la «Confédération internationale des Cadres», dont Nous avons l’honneur de saluer le Président et les principaux dirigeants, votre «Commission pour la prévoyance sociale» s’est réunie à Rome pour étudier les problèmes de sécurité et de retraite propres aux cadres, et vous avez manifesté le désir de Nous rencontrer: c’est bien volontiers que Nous vous consacrons ces quelques instants.

Sans entrer dans un domaine où Nous n’avons point de compétence propre, Nous comprenons et approuvons votre désir de mettre en oeuvre, dans tous les pays du Marché commun, un régime particulier de pension pour les cadres, qui assure, à leur avenir et à celui de leur famille, des conditions de vie en rapport avec celles de leur vie active, d’une façon analogue à ce qui existe pour les autres catégories sociales.

Par delà ce problème concret, Nous sommes heureux de souligner le rôle de votre Confédération. Cela n’échappe en effet à personne: aux côtés du monde ouvrier proprement, dit, la haute qualification des cadres et les responsabilités qui leur sont confiées leur permettent d’exercer un rôle de choix dans la modernisation et l’humanisation de l’entreprise, dans la préparation des techniciens dont l’économie aura besoin, dans l’élaboration et l’exécution des plans nationaux, dans l’adoption des mesures de coopération économique entre les pays de l’Europe et même avec les pays du Tiers-Monde. Par votre situation charnière dans l’entreprise, vous pouvez, Nous semble-t-il, établir ce pont si nécessaire entre des forces sociales trop souvent dressées les unes contre les autres (Cfr. Discours à l’O.I.T. à Genève,
LE 10 juin 1969, n. 15). Par votre compétence, vous pouvez faire prendre conscience, à tous les collaborateurs de la production industrielle, des conditions de viabilité et d’efficience dans la productivité dont on ne saurait faire fi sans grave dommage pour le bien commun. Enfin, en votre double qualité de responsables et d’employés, vous pouvez contribuer grandement à l’aménagement de l’économie, pour qu’elle devienne toujours plus au service de tous les travailleurs, et suscite leur participation active quelle que soit leur place dans l’entreprise et dans la société. C’est dire le haut service, qualifié et désintéressé, que l’on est aujourd’hui en droit d’attendre des cadres dans l’évolution actuelle des sociétés industrielles.

En priant le Seigneur de vous guider dans cette voie que vous désirez faire vôtre, Nous vous assurons de Notre estime respectueuse comme de nos cordiaux encouragements. Et Nous implorons sur vous, sur vos familles et tous ceux qui vous sont chers, les Bénédictions abondantes du Dieu Tout-Puissant.




Discours 1971 20