Discours 1977 20

POUR TOUS, SOYEZ DES PÈRES, DES FRÈRES, DES AMIS...





Les Evêques de Sicile en visite « ad limina »

Dans le cadre des visites « ad limina Apostolorum », le Saint-Père a reçu le 5 mars dernier les Archevêques et Evêques membres de la Conférence Episcopale Régionale de Sicile. A l’adresse d’hommage du Cardinal Salvatore Pappalardo, Archevêque de Palermo, Paul VI a répondu par un discours dont voici la traduction :



Nous désirons vous adresser un très cordial salut, Archevêques et Evêques de la Conférence Episcopale Sicilienne, venus à Rome pour prier tous ensemble sur la Tombe du Prince des Apôtres et pour rendre visite à son Successeur.

Nous vous souhaitons affectueusement la bienvenue tant parce que vous êtes les représentants spirituels d’une région illustre, riche d’histoire, que parce que voua êtes aussi les porteurs des aspirations les plus profondes d’un peuple fort, humble et bon. La terre et la population siciliennes méritent une estime toute spéciale et un intérêt tout particulier ; situées à peu près au centre de la Méditerranée elles sont un point de rencontre entre l’Occident et l’Orient et, en vérité protagonistes d’une histoire souvent lumineuse mais parfois aussi douloureuse et dramatique qui en a marqué la culture et la nature.

La Sicile a été une des premières régions à accueillir le Message chrétien. Rappelons-nous les Actes des Apôtres qui mentionnent explicitement la venue et le séjour de Saint Paul à Syracuse (Ac 28,11-12), un événement que nous pouvons réellement considérer comme le début du christianisme en Sicile.

Notre joie de vous voir près de nous est également motivée par de chers souvenirs personnels : nous ne saurions oublier nos nombreux voyages en Sicile — le premier remonte à l’époque lointaine de 1924 — au cours desquels, tant à Païenne qu’à Catane nous eûmes la satisfaction de constater, surtout chez les étudiants universitaires catholiques, tant de foi, tant d’enthousiasme et tant de zèle. Durant notre vie nous avons eu le bonheur de connaître des personnalités, siciliennes de naissance ou d’élection, qui ont laissé une empreinte indélébile dans leur milieu : le Cardinal Lualdi, le Cardinal Ruffini, Archevêque de Palerme ; le Cardinal Francica Nava, Archevêque de Catane. Et nos amis siciliens : Mgr Mariano Rampolla du Tindare ; l’éminent philosophe Mgr Trippodo ; Mgr Francesco Pennisi, premier Evêque de Raguse ; Mgr Vizzini d’Aciréalé et son successeur, Mgr Russo ; Mgr Gennardi ; Mgr Paino, Archevêque de Messine ; Mgr Sturzo, Evêque de Piazza Armerina ; et tout particulièrement Mgr Ettore Baranzini, ancien Recteur du Séminaire Lombard et, pendant de longues années, Archevêque de Syracuse.

Tout en évoquant ces souvenirs émus qui remontent aux années de notre jeunesse, nous vous réitérons à vous, Pasteurs de Sicile, notre profonde estime.

Et aujourd’hui, dans cette rencontre si riche de signification, que nous appartient-il de vous recommander ?

Le peuple sicilien est profondément attaché à ses bonnes traditions fondées sur la foi chrétienne : le sens de la générosité, de l’amitié, du dévouement, de la fraternité désintéressée, et spécialement le respect religieux du caractère sacré de la famille. Il faut faire l’impossible pour conserver, honorer et orienter de telles traditions, même au milieu des changements sociaux continuels et tout en prêtant, comme il se doit, une vive attention aux exigences du temps présent. La fervente dévotion envers les célèbres Saintes de l’île, Sainte Rosalie, Sainte Agathe, Sainte Lucie, garantit la sauvegarde des traditions civiles et chrétiennes authentiques qui trouvent leur expression non seulement dans les célèbres trésors archéologiques de la Sicile, mais également dans les très belles églises de Monreale, de Palerme, de Cefalù, et dans les innombrables sanctuaires — comme celui de Gibilmanna — dans lesquels la Très-Sainte Vierge Marie est profondément vénérée, aimée.

21 Les valeurs religieuses devront, si c’est nécessaire, être dûment purifiées grâce à une oeuvre assidue de catéchèse. Conscients de vos responsabilités de Pasteurs, vous avez édicté des normes qui doivent assurer une grande dignité à la célébration des « feste », même dans leurs manifestations extérieures. Nous-même, dans l’Exhortation Apostolique Evangelii nuntiandi du 8 décembre 1975, nous avons dit que la « piété populaire est riche de valeurs, si elle est bien guidée (...) surtout grâce à une pédagogie d’évangélisation. Elle témoigne d’une soif de Dieu que seuls les simples et les pauvres peuvent connaître, elle rend capable de générosité et même de sacrifices qui s’élèvent jusqu’à l’héroïsme quand il s’agit de manifester la foi ; elle comporte un sens aigu des attributs profonds de Dieu : la paternité, la providence, la présence agissante et constante ; elle engendre des attitudes intérieures qu’on observe rarement ailleurs au même degré : patience, sens de la croix dans la vie quotidienne, détachement, ouverture vers autrui, dévotion » (n. 48).

En outre, nous aimerions, vous dire combien est opportune l’application d’une méthode d’action pastorale unitaire et réalisée de manière concordante par les Diocèses. C’est ce qui se passe déjà dans votre Région : dans de constantes et régulières rencontres périodiques, la Conférence Episcopale Sicilienne, à laquelle préside sagement notre cher Cardinal Pappalardo, Archevêque de Palerme, étudie et analyse les problèmes complexes, religieux et pastoraux, de l’Ile en vue de donner aux fidèles et aux prêtres une opportune orientation de la pensée et de l’action. Nous souhaitons qu’une telle unité se resserre de plus en plus dans l’étude en commun des programmes d’instruction religieuse à tous les niveaux, et dans le renforcement et la promotion des Associations Catholiques : l’Action Catholique et toutes les autres formes d’association qui, sereine-ment unies aux Evêques, entendent donner un témoignage concret de vie chrétienne dans les divers secteurs de la vie.

Selon les perspectives de cette méthode unitaire, les Religieux et les Religieuses peuvent également offrir une collaboration efficace tout en restant fidèles, aux charismes spécifiques qui ont inspiré la fondation de leurs Instituts. « Providentiels collaborateurs de l’Ordre épiscopal » (cf. Décret Christus Dominus,
CD 34) ils exercent leur apostolat dans les paroisses, au milieu des « élites », dans des secteurs qualifiés comme les écoles et, spécialement, les collèges, dans lesquels les élèves peuvent recevoir cette formation humaine, culturelle et chrétienne qui s’avère toujours plus nécessaire dans les circonstances actuelles.

Mais un des devoirs fondamentaux des Evêques est, en plus de leur oblation à Dieu, de faire le don d’eux-mêmes à leurs propres fidèles : « Pour moi, disait Saint Paul, je dépenserai très volontiers et me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes » (2Co 12,15). Rapprochez-vous de vos populations, aimez-les, écoutez-les. Leurs problèmes sont innombrables : des problèmes humains, sociaux, en intime relation avec les problèmes moraux et religieux : d’immenses zones décimées par l’exode des travailleurs, qui vont chercher ailleurs du pain pour leurs familles et pour eux-mêmes ; des jeunes, travailleurs ou étudiants, angoissés par le problème de l’emploi trop aléatoire, mais surtout en quête d’une certitude sereine au milieu de l’indifférence générale et d’une certaine décadence des moeurs ; des personnes âgées, au déclin de la vie ; des malades qui cherchent un peu de réconfort ; des petits qui voudraient vivre leur enfance dans la joie et sont parfois forcés de grandir dans des conditions certainement indignes de la personne humaine.

Pour eux tous, soyez des pères, des frères, des amis. Soyez-le surtout pour vos prêtres, vos collaborateurs dans le ministère pastoral, et pour ceux qui se destinent au sacerdoce. Nous connaissons les ferventes initiatives prises pour la formation et l’aggiornamento du clergé, tant au niveau diocésain que régional et nous savons que les « Centres de Vocation » opèrent à un rythme constant et avec un dévouement croissant. Nous formons des voeux pour que, au niveau de leur préparation spirituelle et intellectuelle, vos prêtres soient toujours à la hauteur de leur mission dans des situations aussi complexes.

Voilà quelques-unes des pensées dont nous désirions vous faire part après avoir pris connaissance des divers rapports que vous nous avez transmis à l’occasion de votre visite « ad limina ». Le travail est abondant, nous le savons. Mais, courage et confiance dans le Seigneur !

En vous assurant de nouveau de notre bienveillance, nous aimons conclure en faisant nôtres les paroles de Saint Pierre : « Les anciens qui sont parmi vous, je les exhorte, moi, ancien comme eux (...) : paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, le surveillant, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu (...) devant les modèles du troupeau. Et, lorsque paraîtra le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas » (1P 5,1-4).

Avec notre Bénédiction Apostolique.





À LA MARINE ROYALE HOLANDAISE

Samedi 5 mars 1977




Chers amis,

À l’occasion de votre bref séjour à Rome, vous avez manifesté le désir d’être accueillis quelques instants dans la maison du Père commun des fidèles catholiques. Nous sommes heureux de vous y recevoir, ainsi que les hautes personnalités qui vous accompagnent, et Nous voudrions, en répondant à votre demande courtoise et filiale, appeler la bénédiction du Seigneur sur vos personnes en vous rappelant l’importance de vos responsabilités dans la société.

22 Vous avez reçu de votre pays la charge d’assurer au mieux, pour votre part, la sécurité de vos concitoyens. Quelles que soient donc la durée et le niveau hiérarchique de vos fonctions, vous êtes sensibles à ce fait majeur: vos activités n’ont de sens que dans la mesure où elles contribuent à sauvegarder la paix. Vous nous permettrez de vous le rappeler en toute simplicité. A plus forte raison un chrétien doit-il s’efforcer de se mettre toujours, et en toutes choses, à l’école du Christ. Nous souhaitons que votre visite dans cette ville, et particulièrement dans les lieux sanctifiés par les souvenirs des apôtres saint Pierre et saint Paul, vous permettent de mieux comprendre les promesses de vie éternelle que le Seigneur a adressées à ceux qui le suivent.

Tels sont les voeux que Nous formons à votre intention et que Nous livrons à votre méditation en ce temps de carême qui nous invite à une révision de vie salutaire. C’est dans ces sentiments que Nous invoquons de grand coeur sur vos personnes, sur vos familles et sur tous ceux qui vous sont chers, les bénédictions du Très-Haut.


12 mars



AFFERMIR NOS FRÈRES DANS LA FOI ET LA VIGUEUR APOSTOLIQUE



Le Pape reçoit les Evêques de Belgique



Frères très chers,



Votre démarche nous apporte une vive satisfaction et les paroles que Monsieur le Cardinal Suenens vient de nous adresser en votre nom nous touchent profondément. Merci de cette communion de coeur et d’esprit que vous tenez à maintenir et à professer à notre endroit, eu égard au rôle que le Seigneur nous a confié.

Ne craignez point d’aggraver nos soucis de Pasteur universel en abordant avec nous ou dans votre rapport les aspects importants de votre ministère, qu’il s’agisse de faits positifs ou de sérieuses préoccupations, de vos efforts ou de vos espoirs.

Comme vous l’avez souligné Monsieur le Cardinal, il faut à la fois regarder les choses avec réalisme, les exposer avec loyauté, y faire face avec espérance. Ne sommes-nous pas là en accueillant le témoignage des Eglises locales, pour aider nos frères à discerner le chemin à suivre à la lumière de l’Evangile ? Et aussi, grâce à une expérience qui fait corps avec la tradition vivante de l’Eglise et en raison de notre responsabilité universelle, pour affermir nos Frères dans la foi et la vigueur apostolique ?

Vous voulez apporter votre part, comme c’est normal, à la solution positive des graves problèmes humains, sociaux, politiques et économiques que rencontrent aujourd’hui vos compatriotes. Vous voulez apporter à leur fidélité et à leur engagement chrétiens le soutien et l’élan dont ils ont besoin. Nous savons les difficultés que vous rencontrez; plus encore, nous pensons aux ressources dont vous disposez.

Comment oublier, en effet, que l’Eglise, en Belgique, s’est située jadis à l’avant-garde en bien des domaines ? Nous pensons à ces multiples organisations sociales florissantes, qui ne se contentaient pas de porter le nom de catholiques, mais qui formaient leurs membres dans un esprit chrétien solide et ouvert et qui portaient un témoignage efficace et respectueux devant ceux qui ne partageaient pas leurs convictions. Les formes d’engagement, peuvent être diverses, selon l’esprit de la constitution Gaudium et Spes et du décret Apostolicam actuositatem — encore qu’il serait ingénu de nier l’importance d’institutions spécifiquement chrétiennes — mais n’oublions jamais que le levain évangélique doit rester levain, reconnaissable comme tel et efficace, mêlé à la pâte, certes, mais sans y perdre sa spécificité et sa vigueur. Nous pensons encore à cette générosité chrétienne ancrée dans les âmes, qui suscitait tant d’élan apostolique dans les divers milieux et bien au-delà de vos frontières : le centre théologique de Louvain, les équipes de la J.O.C. autour de l’abbé Cardjin, les missionnaires belges répandus aux quatre coins du monde.

Il faut bien reconnaître que la situation, en Belgique comme en d’autres pays d’Europe, présente maintenant un autre aspect. D’où cela vient-il ? On met en cause de multiples facteurs, de l’évolution des conditions de vie à la mutation culturelle. Cependant, le chrétien ne se résoudra jamais à ce que ces conditions extérieures entraînent un affadissement de la foi et de la vigueur évangélique. Il cherche plutôt à renouveler celles-ci, avec le secours de l’Esprit Saint, pour faire face aux nouvelles questions et aux nouvelles situations d’une manière originale, qui traduise pleinement les exigences chrétiennes. Nous n’avons pas à suivre et à subir, mais nous devons manifester le dynamisme de l’Evangile.

23 Voilà le chemin sur lequel nous vous exhortons à marcher, sachant déjà les efforts méritoires qui sont les vôtres, et les signes positifs qui se manifestent ça et là. Que Dieu vous donne, à vous Pasteurs, de poursuivre ces efforts avec courage, solidaires les uns des autres, et dans l’espérance ! Vous avez récemment parlé en faveur de l’Europe, afin de l’aider à trouver le souffle spirituel nouveau dont elle a besoin. Il en est de même pour l’Eglise qui vous est confiée. Cette oeuvre est avant tout spirituelle. Elle s’appuie sur la méditation de la Parole de Dieu, sur la prière, sur la liturgie dignement célébrée — et nous nous souvenons du merveilleux effort liturgique dont la Belgique a donné maints exemples dès avant le Concile, dans le sens de la réforme que nous avons instituée. — Mais cette oeuvre touche aussi de multiples domaines concrets où votre témoignage est sollicité avec clarté, à cause des graves orientations éthiques qui sont en jeu, au niveau médical, familial, social. Il y va de l’honneur et du bien de votre pays. Il y va aussi de l’authenticité de l’Eglise. Il y va du salut des âmes.

Si votre rôle de guides spirituels est capital, il ne peut atteindre son but qu’avec la collaboration confiante de toutes les forces vives de l’Eglise : prêtres, religieux et religieuses, laïcs. Nous faisons une place de choix aux théologiens, professeurs et chercheurs de l’Enseignement catholique. Puissent-ils, les uns et les autres, être fidèles à l’Eglise, agir d’une manière cohérente avec leur foi, en communion loyale avec leurs Pasteurs et avec tous ceux qui, au Saint-Siège, portent au plus haut point le souci de l’Eglise ! Sans cela, les efforts les plus généreux seraient voués à la stérilité et à la dispersion.

C’est dans ces sentiments que nous vous prions de redire notre confiance aux chrétiens de Belgique, comme nous vous redisons à vous-mêmes nos encouragements. Que la lumière et la force de l’Esprit Saint vous anime tous ! Priez aussi pour nous. Nous vous donnons notre affectueuse Bénédiction Apostolique.






17 mars



AYEZ CONFIANCE ! REPRENEZ L’INITIATIVE



Paul VI reçoit les Evêques de la région épiscopale de l’Ouest (France).



Chers Frères dans le Christ,



Vous arrivez de l’Anjou, de la Bretagne, du Maine et de la Vendée. Merci, merci pour votre visite ! Et vous ne venez pas seuls ! Vous portez dans vos esprits et dans vos coeurs toutes les communautés chrétiennes urbaines et rurales dont vous avez reçu la charge.

Que cette visite « ad limina » renouvelle en vous tous la grâce de l’ordination épiscopale, le charisme du service et de l’amour de votre peuple! Nous osons vous le dire : soyez heureux d’être Evêques, aujourd’hui dans un monde difficile, dans une période exigeante, épuisante, de l’histoire de l’Eglise !

Vous n’attendez pas de nous un traité sur le ministère épiscopal en notre temps, mais quelques consignes jaillissant de notre coeur et répondant aux situations rencontrées dans cette région ouest de la France.

Vos rapports quinquennaux, rédigés avec grand souci de vérité et de précision, reflètent votre préoccupation de connaître et d’aimer tout ce qui fait la vie de vos diocésains. Certes, vous ne craignez pas votre peine. « Bonus pastor dat animatn suam pro ovibus suis » (Jn 10,11). Que de journées ou de soirées vous consacrez à la visite systématique de vos doyennés, à longueur d’années ! Prêtres, religieux et religieuses, apôtres laïcs, jeunes travailleurs ou étudiants vous font entendre leurs bilans apostoliques, vous posent leurs questions sur l’Eglise et sur la société, mettent au point, devant vous et avec vous, leurs projets concrets de participation à l’évangélisation. Vous priez avec eux. Une telle proximité, une telle concertation sont sûrement bénéfiques pour votre peuple et pour vous. Sachez-le bien, nous apprécions vivement votre zèle pastoral.

Quant à la réalité décrite dans la synthèse que vous nous avez fait parvenir, elle traduit ce qu’il faut bien appeler une crise religieuse qui va de pair avec une crise sociale. Vous en êtes très conscients. Les traditions chrétiennes qui étaient fortes dans la plupart de vos diocèses se dégradent, durement secouées du dehors et du dedans de l’Eglise. Les moeurs et la mentalité subissent une évolution rapide, qui se mesure d’une génération à l’autre : qu’il suffise d’évoquer l’engagement dans le mariage. L’incroyance se répand : même ceux qui se présentent pour demander les sacrements en sont affectés. Beaucoup de jeunes, comme vous dites, « campent en dehors de l’Eglise ». Tout cela suscite un désarroi bien compréhensible, encore que des signes de renouveau soient discernables.

24 Pour nous, à la vue de ce diagnostic, notre sentiment dominant correspond à la mission qui nous a été confiée : « Confirma fratres tuos ». Alors oui, sûr des promesses du Seigneur qui valent pour tous les temps et pour toutes les crises, nous vous disons de toutes nos forces : Gardez le courage ! Ayez confiance ! Reprenez l’initiative ! Travaillez selon deux axes qui nous semblent indispensables. D’une part, conservez ou restaurez les traditions chrétiennes, qui favorisent la vie spirituelle et gardent toute leur valeur. Ne constatez-vous pas encore la permanence d’un fond religieux populaire qu’il faut bien se garder de délaisser ou de mépriser, mais qu’il faut plutôt éduquer, revivifier ? D’autre part, réédifiez l’Eglise, en suscitant, une participation plus active dans vos communautés, mais sans omettre de tisser entre tous les membres des liens plus profonds, plus fraternels. Faites tout pour que les chrétiens de milieux sociaux, différents ou qui n’en sont pas au même point dans leurs engagements sachent se comprendre, s’estimer, s’accueillir, s’aimer, s’entraider dans la mise en oeuvre de la foi qui leur est commune. L’Eglise ne se maintiendra, ne progressera, ne portera témoignage que dans l’unité et dans l’amour ; d’ailleurs elle rend là un service capital à une société qui éclate, se durcit dans ses morcellements et où les structures proliférantes paralysent la rencontre des personnes. Votre office n’est-il pas de rassembler le Peuple de Dieu ?

Ce programme, il faut le réaliser selon les voies heureusement tracées par le Concile Vatican II.

Vous avez raison de consacrer beaucoup de soin à la préparation des actes sacramentels : baptêmes, confirmations, mariages, liturgies dominicales. Vous tenez — votre Assemblée de Lourdes en témoigne vigoureusement — à ce que ces actes reprennent tout leur sens chrétien, soient célébrés avec la dignité qui convient et en rapport avec ce que vivent les participants. Nous savons que c’est éprouvant pour les pasteurs, lorsque la foi des « fidèles » ne semble pas à la hauteur de ces réalités spirituelles, mais c’est quand même primordial de tenter, dans ces grandes occasions, l’éducation de leur foi et de les mettre en contact avec ces sources de grâces, éclairées par la Parole de Dieu.

L’apostolat auprès des familles demeure également indispensable. La famille est toujours la cellule de base ; c’est là que prennent racine, pour les enfants, les attitudes souvent décisives. Cela requiert de la part des pasteurs beaucoup de contacts, de sympathie, de dialogue. Mais ce sont surtout les foyers chrétiens eux-mêmes qui peuvent rayonner auprès des autres.

Certes la famille ne suffit pas à elle seule. Les adultes, les jeunes surtout, les enfants mêmes, développent leurs possibilités humaines et leur foi avec d’autres. Là, les associations catholiques sont indispensables pour la foi de leurs membres et pour l’apostolat de leurs semblables. Elles ont subi une crise, en nombre et en qualité. Certaines sont plutôt devenues des groupes d’acheminement vers une foi active, presque de catéchumènes ; d’autres ont laissé s’infiltrer en elles des méthodes bien peu évangéliques. N’est-il pas possible d’opérer un redressement, ou de reconstruire des groupes qui correspondent aux besoins spirituels et apostoliques des différents chrétiens, avec une assistance spirituelle de choix ?

La catéchèse garde évidemment sa place capitale. Heureusement, de nombreux volontaires ont accepté ce service dans leur quartier, dans leur milieu. Il reste qu’elle doit demeurer une vraie catéchèse, c’est-à-dire un chemin vers la foi, dans un amour réel de l’Eglise : c’est-à-dire la formation doctrinale et spirituelle intensive qu’il faut procurer aux catéchètes, en liaison avec les parents.

Nous tenons aussi à vous encourager au plan de l’enseignement catholique, encore florissant dans vos diocèses. Car les slogans ne manquent pas pour miner, de l’extérieur et parfois hélas ! de l’intérieur, la confiance des catholiques de France dans la légitimité et la valeur des institutions chrétiennes d’enseignement. Et pourtant, que n’a pas fait l’Enseignement catholique pour se libérer de tout esprit concurrentiel, pour ouvrir ses portes à tous les enfants, pour qualifier ses Maîtres, pour développer ses recherches et ses expériences pédagogiques ! Nous croyons avec vous que vos Ecoles et Collèges catholiques sont un service d’Eglise parmi d’autres, et une chance pour la société contemporaine! Alors notre consigne est claire. Elle est inspirée d’une phrase, ou plutôt d’un cri du célèbre Cardinal Saliège — déjà adressé par nous à des enseignants chrétiens, pèlerins de l’Année Sainte : « Tenez bon !... Il faut tenir bon ! ».

Mais, direz-vous, comment mener à bien toutes ces tâches pastorales ? C’est vrai, les ouvriers pour la moisson s’avèrent peu nombreux. C’est votre souci lancinant, c’est le nôtre. N’était-ce pas celui du Christ ? Il est certain qu’il faut mieux mettre en oeuvre les immenses ressources du laïcat : avons-nous exploré tous les services, toutes les responsabilités qu’ils peuvent assumer à leur place, dans l’animation de nos communautés et dans l’évangélisation du monde indifférent ou incroyant ? Et surtout avons-nous à coeur de les y préparer, de les former, grâce à toute une réflexion en Eglise ?

Mais cela ne doit en aucune manière amoindrir votre recherche des vocations sacerdotales. N’acceptez pas que certains prennent leur parti du manque des vocations, ou fassent miroiter des solutions auxquelles l’Eglise n’a pas voulu se résoudre. Au contraire, les laïcs ne rempliront vraiment leurs tâches que dans la mesure où ils auront près d’eux des hommes de Dieu, entièrement consacrés au Royaume de Dieu, à l’animation spirituelle, à la cause de l’Evangile. Avez-vous pris les voies les plus adéquates pour éveiller de telles vocations, et permettre aux candidats la formation exigeante qui est requise ? Vous dites dans l’un de vos rapports : « Il faut que nous ayons l’audace de proposer l’aventure de la foi ».

Quant aux prêtres, vos coopérateurs immédiats, consacrez tous vos soins à les soutenir. Soyez l’ami de vos prêtres, le meilleur ami de vos prêtres, le meilleur ami pour chacun d’eux. Une telle relation est déterminante pour leur bonheur, leur fidélité, leur rendement apostolique. Cette amitié ne saurait exclure les exigences. Au contraire, elle les appelle, les favorise. Le plus possible, vivez avec eux les retraites ou autres temps forts de ressourcement spirituel. Aidez-les à se livrer à Dieu, à retrouver la certitude de leur appel « Viens... et suis-moi », la profondeur de leur consécration radicale, exclusive. Le monde cherche dans la nuit épaisse du matérialisme contemporain des raisons de vivre... Les jeunes courent les continents pour trouver les guides vers un absolu ! Plus que jamais, les Evêques et leurs coopérateurs immédiats doivent être des hommes de Dieu. C’est leur caractère spécifique, leur identité profonde, celle que les hommes espèrent rencontrer consciemment ou inconsciemment. La sainteté du clergé, c’est tout !

Nous aurions pu parler aussi des religieux et des religieuses. Ces dernières, très nombreuses dans vos régions de l’Ouest, représentent encore un ensemble de forces vives considérables. Qu’elles se gardent bien de déserter les tâches pastorales : leur zèle et leur compétence féminine y sont indispensables pour l’essor équilibré de l’Eglise comme de la société !

25 Ce survol de votre vie pastorale voulait vous manifester notre estime et nos encouragements. Le ministère demande aujourd’hui, pour vous tous comme pour nous, croyez-le bien, un surcroît de sacrifice, disons plutôt un surcroît d’amour et un surcroît d’espérance. Au milieu de cette période que d’aucuns comparent à un hiver, témoignons de l’espérance. C’est le test de la foi. Et demandons-la souvent à l’Esprit Saint, comme la grâce par excellence. Nous approchons de Pâques. La présence permanente du Christ ressuscité est notre force. C’est la certitude que l’Aube viendra. Réconfortez vos prêtres et vos fidèles dans cette foi, et assurez-les de notre affection, de notre confiance.

Merci encore, Frères, de votre visite. Et allons de l’avant : « in nomine Domini ! » Que le Seigneur vous bénisse !






18 mars



PROCLAMER LA FOI DANS UNE VRAIE LIBERTÉ



Le Pape reçoit les Evêques de Tchécoslovaquie :

Le vendredi 18 mars, le Saint-Père a reçu en audience les Evêques de Tchécoslovaquie, venus à Rome dans le cadre de la visite « ad limina » des diverses Conférence épiscopales européennes. Etaient présents NN. SS. Frantisec Tomasek, administrateur apostolique de Prague, Josef Feranec, Evêque de Banskà Bystrica, Jan Pasztor, Evêque de Nitra, Josef Vrana, administrateur apostolique de Olomouc et Julius Gabris, administrateur apostolique de Trnava. Le Pape Paul VI s’est adressé à eux en latin, dans le discours dont voici la traduction :



Vénérables frères,



Nous voulons vous saluer avec une joie sincère, vous qui venez dans cette bonne ville de Rome pour votre visite ad limina, c’est-à-dire au tombeau des apôtres, et qui venez nous présenter vos devoirs à nous-même, en qualité de successeur du bienheureux Pierre, selon le dessein de Dieu, et nous rendre compte de la portion du troupeau de Dieu qui a été confié à chacun de vous.

En Tchécoslovaquie, votre noble patrie, vous devez remplir votre charge épiscopale dans des conditions particulières qui nous sont, comme à vous-mêmes, bien connues. Sachez donc que c’est d’une âme fraternelle et toute dévouée que nous sommes proches de chacun de vous en particulier et que notre souhait le plus ardent est de voir la foi, qui, on le sait, est profondément enracinée chez vos catholiques, fleurir et se renforcer; que le troupeau des fidèles puisse profiter du soin assidu de ses pasteurs pour son progrès spirituel.

En vérité, pour accomplir cette mission qui est la sienne, l’Eglise ne réclame pas des droits particuliers mais, en tout premier lieu, comme le Concile Vatican II l’a déclaré : « toujours... et partout, qu’il lui soit permis de proclamer la foi, dans une vraie liberté » (Gaudium et Spes, GS 76).

Nous donc, qui prenons part à vos soucis, nous orientons notre pensée vers ces peuples qui nous sont très chers et avant tout, nous souhaitons, nous témoignons du fait que le Siège apostolique n’a rien négligé et ne néglige rien pour qu’il soit pourvu au gouvernement de chacun des treize diocèses de Bohème, de Moravie et de Slovaquie, par de saints pasteurs, de sorte que ceux-ci soient dignes de confiance par leur piété et leur zèle pour les âmes et qu’ils soient, en même temps, pleinement attachés à l’Eglise et fidèles à leur patrie dans un amour généreux.

Nous pensons surtout aux familles en qui reposent les grands espoirs de l’Eglise ; nous pensons aux prêtres qui sont les nécessaires « dispensateurs des mystères de Dieu » (1Co 4,1) et également à ceux qui se préparent à cette fonction sacrée et que nous entourons d’une affection et d’un amour particulier; notre esprit se tourne aussi avec attention vers les religieux et les religieuses, dont, le premier service est la prière pour le corps mystique du Christ, eux qui sont consacrés à Dieu d’une façon particulière.

26 Nous prions donc le Seigneur pour vous et, à tous les degrés de l’ordre ecclésial, pour le peuple de Dieu en Tchécoslovaquie, et nous lui demandons avec instance, d’accorder à tous l’abondance de ses faveurs surtout à ceux qui sont dans la tribulation, la douleur et l’épreuve.

Nous désirons que vous puissiez retourner dans votre Patrie avec la flamme d’une ardeur nouvelle pour y dépenser généreusement vos forces pour les fidèles de votre troupeau. Puissent ces paroles de Saint Léon le Grand, notre prédécesseur, adressées le jour anniversaire de son ordination aux fidèles de Rome, vous donner force et courage : « S’il me faut craindre quand je pense à mon mérite, je puis pourtant me réjouir religieusement du don qui m’est fait: car celui qui est l’auteur de ma charge est mon aide pour la remplir; et pour que ma faiblesse ne succombe pas sous le poids de la grandeur de sa grâce, celui qui m’a conféré cette dignité m’en donnera la force » (Serm. 2, 1 ; PL 54, 143).

Voici ce que nous désirions vous dire d’un coeur affectueux ; à vous donc, vénérables frères, et à tous ceux qui relèvent de votre soin pastoral, ainsi qu’à tous les autres prêtres et fidèles du Christ en Tchécoslovaquie nous accordons, dans le Seigneur, la Bénédiction apostolique, gage des dons célestes.






24 mars



ENCOURAGER L’ESPRIT D’INITIATIVE POUR UNE FLORAISON SPIRITUELLE



Le Pape reçoit les Evêques italiens des Marches :



C’est un salut joyeux que nous vous adressons, vénérables Confrères de la Conférence Episcopale des Marches !

Il exprime tout d’abord notre reconnaissance à l’égard de votre président Monseigneur Marcello Morgante, qui avec des accents si sincères a interprété les sentiments de chacun de vous et des communautés ecclésiales qui vous sont confiées. Ensuite nous voudrions saluer Monseigneur Carlo Maccari, archevêque de l’illustre ville, chef-lieu de la région, et Monseigneur Loris Capovilla qui nous rappelle (et c’est encore là une note de joie) la figure de notre bien-aimé prédécesseur le Pape Jean, et qui en raison du siège de son ministère, nous ramène à Lorette, qui est le centre choisi de la vie religieuse du Picenum. Mais ce salut — bien entendu — est distinctement adressé à chacun d’entre vous; nous voyons derrière vous votre peuple laborieux, équilibré, mesuré et solide et nous sommes tout naturellement portés à faire l’éloge de votre région. Oui, pour les avoir connues et appréciées à travers tant de personnes, dans de nombreuses circonstances et au cours d’expériences variées, nous voulons exalter les traditions religieuses et civiles, qui, encore maintenant, y sont florissantes, et qui manifestent authentiquement l’âme du peuple. Ce sont des traditions dans lesquelles la foi chrétienne, reçue depuis les origines, et peut-être à cause de l’heureuse convergence de messages et de messagers en provenance de l’Orient et à Rome, est encore immédiatement reconnaissable et attestée par la probité foncière, la santé morale, le caractère forgé dans l’honnêteté et la fidélité des hommes de cette terre.

Vous êtes venus, frères très chers, comme les évêques des autres régions qui vous ont précédés, pour accomplir votre visite « ad limina » Comme dans chaque visite, il s’agit d’une rencontre, c’est-à-dire d’une occasion de dialoguer, d’être ensemble, d’échanger au nom du Christ le saint baiser de la charité et de la paix. Si, de votre part, ceci s’actualise par votre venue à Rome et par l’accomplissement de certains devoirs (par exemple, le rapport qui doit être présenté au saint dicastère compétent) ; de notre part, cela s’exprime dans une réciprocité de la communion et une ouverture de coeur dans les pensées qu’il nous plaît de vous confier. En effet, dans cette rencontre, nous voulons avant tout célébrer votre union avec Rome et, à travers elle, avec l’Eglise universelle. Mais, en plus de ce contact avec ce qui est le fondement et le principe de l’unité de la foi (cf. Constitution Lumen Gentium, LG 18), la visite « ad limina » a pour but de renforcer les liens à l’intérieur de votre Conférence : nous aussi nous rendons hommage à cette union dont nous savons qu’elle existe et fonctionne déjà ; union qui intervient non seulement dans les relations interpersonnelles ou dans la sphère de l’amitié mais qui influence concrètement le ministère pastoral et qui se traduit par des concertations constantes et des démonstrations exemplaires de solidarité fraternelle.

Et naturellement, au cours de cette visite, nous voulons rendre hommage à chacun des pasteurs : avant la création des conférences épiscopales, qui sont une institution récente, la visite était une rencontre directe, à deux, du pasteur de chaque diocèse avec le vicaire du Christ. Or ceci n’est pas une réalité dépassée même si l’évolution des temps, la complexité des problèmes, le caractère « supra-diocésain » de certaines situations ont amené à privilégier, au niveau delà praxis pastorale, la formule de l’association communautaire. On ne pourra jamais restreindre ni dénaturer l’exacte et distincte physionomie que chaque diocèse, avec son pasteur et ses prêtres, représente dans l’ensemble de l’Eglise universelle : n’est-il pas vrai que le mystère du Christ est intégralement présent dans l’Eglise particulière qui, comme nous l’enseigne le Concile (cf. Const. Lumen Gentium, LG 23) — est formée à l’image de son unique Eglise et en reproduit les traits ? Voici pourquoi — répétons-le — l’hommage est adressé à chacun de vous. Notre désir est, par conséquent, de reconnaître l’autorité de chaque évêque, de l’aider de toutes les manières possibles, de le confirmer au sens évangélique du terme (cf. Lc Lc 22,32) de renforcer son sens de la responsabilité pour qu’il veille sur le troupeau dont l’Esprit Saint l’a constitué pasteur (cf. Ac Ac 20,28). Combien de fois, frères, nous sentons-nous dépassé par les circonstances, les difficultés, les problèmes, et sommes-nous tenté de dire : « Cela ne me concerne pas, je n’y peux rien ; ce problème dépasse sinon mon devoir, du moins mon pouvoir effectif d’intervention ! Devons-nous alors abandonner la partie ? Oh, non ; nous encourageons plutôt votre esprit d’initiative, nous vous incitons à puiser dans une réserve de générosité qui ne doit jamais faire défaut. Sachez conserver et renouveler ; sachez tempérer — comme nous le disions déjà aux évêques de la Conférence épiscopale du Latium — l’ancien et le nouveau, l’apostolat de la fidélité et celui de la nouveauté. De même que désormais se répand l’impression d’être au seuil d’une ère nouvelle — tant est profonde l’évolution socio-culturelle — ainsi sont bien connus, que dis-je, évidents, les besoins nouveaux dans tous les domaines de la vie religieuse ; depuis le culte, où il importe de porter à maturation la sève vitale de la réforme liturgique, jusqu’à la reprise de nos Associations ; depuis les écoles pour qu’elles restent ouvertes à l’idéal de formation chrétienne, jusqu’à la presse qui s’affirme toujours davantage comme l’organe de l’élaboration et de la confrontation des idées.

Nous désirons aussi étudier avec vous le nouveau style d’autorité ecclésiastique, car même dans ce domaine rien n’est définitif, car il faut valoriser la redécouverte du service comme dimension typique de l’autorité. Que veut dire nouveau style ? Cela veut dire non seulement une accentuation de la diaconie à l’égard de vos fils spirituels, c’est-à-dire un travail plus aimant et zélé pour eux, mais aussi, dans une certaine mesure, avec eux, quand nous les appelons — comme le suggère à plusieurs reprises le Concile (cf. Décr. Apost. Actuos : n. 2 et passim) — à une collaboration qui fasse d’eux, en réalité et pas seulement en droit, des éléments vivants et actifs du peuple de Dieu.

Ainsi, nécessairement, la pensée se tourne vers son objet, qui est précisément le peuple de Dieu, vers lequel et par lequel notre ministère s’oriente et s’explique tout à la fois. Nous devons faire un effort de compréhension en face des changements qui sont intervenus dans la réalité qui nous entoure ; et ceci sans plainte ni regrets stériles pour un passé désormais sans retour. Ce passé était moins hérissé de difficultés, mais peut-être était-il idéalisé au-delà de la réalité ; nous devons nous rendre compte, avec nos fidèles, qu’à cause de ce qu’on appelle la sécularisation et à cause de l’extension du domaine de la non croyance, les dangers en sont accrus d’autant. Les coutumes, les mentalités, les intérêts... etc., ont changé et changent encore. Ont changé également certains points de référence qui jusqu’à un passé récent (une dizaine d’années environ) semblaient d’une stabilité inébranlable. La mutation est devant nos yeux et elle est source de préoccupations non négligeables : il faut donc comprendre, veiller, suivre et, pour que votre ministère ne se disperse pas dans la multiplicité des problèmes, nous vous recommandons vivement deux points toujours essentiels, parmi d’autres qui mériteraient également d’être mentionnés.


Discours 1977 20