Discours 1976 38

38 De cette vitalité de l’Eglise et des efforts particuliers du Saint-Siège, vous serez désormais le témoin attentif, comme vous serez le porte-parole de votre Gouvernement. Pour cette mission, Nous formons des voeux fervents. Et pour votre cher pays et ses responsables, Nous implorons les bienfaits et l’assistance du Dieu Tout-Puissant.

*AAS 68 (1976), p.617-618.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XIV, p.775-776.

L’Attività della Santa Sede 1976, p.256.

L'Osservatore Romano 1.10.1976 p.1.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.41 p.5.

La Documentation catholique n.1706 p.851.



À L’AMBASSADEUR DU JAPON PRÈS LE SAINT-SIÈGE*


Samedi 2 octobre 1976




Monsieur l’Ambassadeur,

Votre excellence vient de Nous exprimer en termes élevés les sentiments qui l’inspirent au seuil de sa mission d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Japon près le Saint-Siège. Nous vous en remercions vivement, ainsi que Sa Majesté l’Empereur Hiro Hito, dont vous nous avez transmis les nobles souhaits, et auquel Nous vous prions d’exprimer notre gratitude.

Pour évoquer l’esprit dans lequel vous voulez poursuivre l’oeuvre déjà entreprise en faveur d’une entente toujours plus étroite et amicale entre le Saint-Siège et votre pays, vous avez eu la délicate attention de reprendre quelques-unes des paroles que Nous adressions au mois de février mille neuf cent soixante-quinze à votre éminent prédécesseur. Plus que jamais, en effet, les aspirations à la justice, à la liberté et à la paix, apparaissent comme inséparables du désir de vérité sur le sens de la vie et les valeurs suprêmes dont Dieu est la source et le terme: c’est là le pain spirituel sans lequel la prospérité matérielle est vide de signification. Dans la volonté de favoriser une telle recherche peuvent vraiment se rencontrer toutes les civilisations qui ont en commun le souci du véritable épanouissement humain. Les communautés catholiques japonaises - qui Nous sont très chères - témoignent à leur façon, de cette possibilité féconde.

39 C’est pourquoi, Nous sommes sûr que, durant votre séjour à Rome, que tant de vos compatriotes aiment visiter, vous trouverez partout un accueil inspiré de cet idéal en même temps que de nombreux témoignages suscités par l’Evangile dans la vie de l’Eglise d’hier et d’aujourd’hui. Recevez donc les voeux fervents et cordiaux que Nous formons pour votre personne et l’accomplissement de votre haute mission, et soyez assuré des sentiments d’estime et de sympathie que Nous portons au peuple japonais sur lequel Nous invoquons l’assistance du Tout-Puissant.

*AAS 68 (1976), p.618-619.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XIV, p.777-778.

L’Attività della Santa Sede 1976, p.263.

L'Osservatore Romano 3.10.1976, p.1, 2.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.42 p.2.




9 octobre



AU SERVICE DE L’EGLISE LOCALE



Le Congrès des Supérieurs Majeurs d’Europe

Le 9 octobre, le Saint-Père a reçu en audience les participants au Congrès des Supérieurs Majeurs d’Europe, organisé par la S. Congrégation pour les Religieux et les Instituts séculiers. Ce groupe, présidé par le Cardinal E. Pironio, Préfet de la dite Congrégation, comprenait environ 150 personnes parmi lesquelles le Président de l’Union des Supérieurs Majeurs, R. P. Arrupe, Préposé général de la Compagnie de Jésus et la Présidente de l’Union Internationale des Supérieures Majeures Mary Linnscott, des Soeurs de Notre-Dame de Namur. Le Saint-Père a prononcé une allocution dont voici notre traduction :



Chers Fils et Filles en Nôtre-Seigneur Jésus,



La visite que vous avez voulu nous faire ce matin, au terme des journées de travail intense durant lesquelles vous avez examiné un sujet particulièrement actuel et stimulant : « La vie religieuse dans l’Eglise locale » ouvre notre âme à des sentiments très cordiaux : nous vous saluons chaleureusement et vous adressons nos meilleurs voeux. Nous avons suivi très attentivement le schéma d’après lequel vous avez, ces jours-ci, orienté votre réflexion et nous avons eu l’impression que, de tous les sujets que vous avez examinés, on peut tirer une masse abondante de considérations utiles, à traduire ensuite en actions fructueuses.

40 Nous désirons maintenant vous adresser quelques mots d’encouragement pour vous inciter à vous employer généreusement à la réalisation des programmes qui ont mûri au cours du franc dialogue intervenu entre vous et les représentants de la S. Congrégation pour les Religieux et les Instituts séculiers.

La profonde méditation que vous ne manquez pas de poursuivre au sujet du rôle ecclésial de votre consécration religieuse vous y aidera.

Vous êtes des religieux dans l’Eglise et pour l’Eglise. Le Concile Vatican II l’a relevé lumineusement en affirmant : « Puisque les conseils évangéliques, par la charité à laquelle ils conduisent, unissent ceux qui les suivent d’une façon spéciale à l’Eglise et à son mystère, il faut que la vie spirituelle de ceux-ci soit consacrée au bien de toute l’Eglise » (Lumen Gentium,
LG 44). Naturellement, la réciproque est également valable, c’est-à-dire que « Eglise protège et encourage le caractère propre des divers instituts religieux » (ibid.), voyant dans l’état religieux un « signe » qui annonce l’accomplissement eschatologique du Royaume du Christ, anticipant d’une certaine manière ses caractéristiques spirituelles (cf. ibid.). Vous vous êtes efforcés de traduire concrètement ces affirmations de principe dans la réalité de votre vie dans les Eglises locales « où l’Eglise du Christ est vraiment présente » (Lumen Gentium, LG 26), car « elles sont, à leur place, le nouveau Peuple que Dieu a appelé par la vertu de l’Esprit, lui accordant une abondance de dons » (cf. ibid.). Par conséquent vous avez pris acte de la fonction centrale de l’Evêque dans l’Eglise locale (cf. Christus Dominus, CD 15 il est le « dispensateur la grâce du sacerdoce suprême » (cf. Oratio consecrationis episcopalis in ritu byzantino, cité dans Lumen Gentium, n. 26). « appelé à présider, au nom Dieu, au troupeau dont il est le pasteur, comme maître doctrine, prêtre pour le culte sacré, ministre pour gouverner l’Eglise » (cf. Lumen Gentium, n. 20).

A la lumière de cette réflexion, vous avez conclu de manière cohérente que l’engagement de vivre la vocation religieuse dans l’Eglise et pour l’Eglise se traduit en celui de vous ouvrir, tout en respectant le caractère particulier et les Constitutions de vos Instituts, à une généreuse communion d’intentions et d’action avec l’Evêque diocésain. Le Concile vous encourage à cette application, soulignant très vigoureusement le rapport de collaboration qui doit exister entre les religieux et l’Evêque (cf. Christus Dominus, CD 34), en vue d’un apostolat efficace dans le cadre de l’Eglise locale (ibid.).

Une telle collaboration, comment faudra-t-il la réaliser de manière concrète ? Vous avez certainement, durant vos récents débats, tenté d’y donner une réponse détaillée. Quant à nous, nous nous contenterons d’attirer votre attention sur deux moments particulièrement importants de cette collaboration.

Avant tout, le moment du recrutement et de la formation des vocations. Le problème de la pénurie des vocations sacerdotales et religieuses est un de ceux qui, aujourd’hui, préoccupent le plus l’Eglise, même si l’on découvre déjà les symptômes d’une consolante reprise. Il est extrêmement urgent d’entreprendre une action en profondeur pour amener le Peuple chrétien, d’abord, à mieux apprécier le don de l’appel, divin, puis à soutenir, tout au long de leur démarche ardue, ceux qui ont ouvert leur coeur à la voix du Christ. Cette action gagnera certainement en efficacité si toutes les énergies existantes dans l’Eglise locale se laissent opportunément coordonner sous la sage direction de l’Evêque, comme le prescrivait déjà le Concile Vatican II (cf. Optatam Totius, OT 2) en décidant concrètement que les diverses initiatives devaient être dirigées « de façon méthodique et cohérence » par un organisme diocésain institué sous les nom de « Oeuvre des vocations » (ibid.). Ceci pourra d’ailleurs se résoudre à l’avantage également de vos Familles religieuses respectives.

Une telle collaboration, dépourvue de tout particularisme inadmissible chez des personnes animées par la même foi, devra se poursuivre encore durant les années suivantes destinées à la formation morale et intellectuelle des candidats.

Le second moment de la collaboration que nous devons souligner en vue d’un développement efficace de la vie chrétienne dans l’Eglise locale est celui de l’activité apostolique au service des âmes. Le problème des vocations dont nous venons de parler se répercute désormais vivement dans les divers secteurs de l’action pastorale. A cet égard s’impose donc également une judicieuse administration de toutes les forces mobilisables dans le cadre de l’Eglise locale. Ceci demande avant tout une programmation intelligente et prévoyante du travail, et pour élaborer ce plan l’Evêque ne manquera pas de prêter attention aux conseils de tous ses collaborateurs au nombre desquels il faut compter les religieux-prêtres et dans certains cas, également les religieux et les religieuses (cf. Christus Dominus, CD 34). Et l’on se rend facilement compte de ce que peut avoir de stimulant pour la mise en place de l’action pastorale diocésaine, l’apport des diverses Familles religieuses avec la dimension et le souffle universels qui leur sont propres. Toutefois, les religieux, à leur tour, devront exercer leur esprit à une docile promptitude dans l’adhésion à la ligne d’action pastorale de l’Eglise locale ; et même, fidèles à l’esprit originaire de leur propre institut, ils devront se montrer disposés à accepter les services qui, non moins en harmonie avec le charisme institutionnel, sont plus utiles aux exigences du Peuple de Dieu. Une judicieuse participation à ce qu’on appelle « la pastorale d’ensemble » sera également une école et un mérite, pour les religieux vivant dans la zone territoriale de l’Eglise locale. Voilà, très chers Fils et Filles, les considérations que nous suggèrent « notre sollicitude pour toute l’Eglise » (2Co 11,28) et la haute considération en laquelle nous tenons votre précieuse contribution au progrès spirituel commun. Soutenus par le Christ dont toute l’Eglise, comme le dit l’Apôtre Paul, « reçoit nourriture et cohésion, par les jointures et ligaments, pour réaliser sa croissance en Dieu » (Col 2,19), et profondément convaincus que désormais « il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 3,28), vous allez maintenant rentrer dans vos pays respectifs animés de la généreuse intention de consacrer, avec un élan renouvelé, toutes vos énergies à la cause du Royaume. Que l’Esprit du Christ dans lequel nous avons tous été baptisés pour former un seul corps et dont nous nous sommes tous abreuvés (cf. 1Co 12,13), alimente et féconde cet engagement de communion pour la gloire de Dieu et le plus grand bien de l’Eglise. Qu’en soit l’augure notre Bénédiction Apostolique.





AUX MEMBRES DE LA CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DU CRÉDIT POPULAIRE


Samedi 16 octobre 1976




Chers Messieurs,

Nous accueillons avec joie les représentants des Banques populaires italiennes et les délégations de dix Pays membres de la Confédération internationale du Crédit populaire.

41 Hier, au Capitole, vous avez fêté le centenaire de l’Association nationale des Banques populaires d’Italie, fondées par le grand économiste Luigi Luzzatti.

Aujourd’hui, avant de vous séparer, vous avez tenu à venir nous rendre hommage. Ce geste suffit à lui seul pour montrer combien vous êtes sensibles aux valeurs morales et spirituelles dont l’Eglise est la gardienne. Nous en sommes profondément touché.

Dès le début de notre pontificat, en 1964, recevant des représentants des Banques populaires d’Italie - peut-être certains d’entre vous étaient-ils déjà présents - nous vous disions notre approbation pour le principe de base qui inspire vos activités, à savoir que la vie économique est subordonnée au service de l’homme, et non l’inverse.

Cette affirmation nous parait plus opportune que jamais aujourd’hui, où tant de forces sont liguées pour réduire l’homme au rôle d’un élément mécanique dans le jeu de l’économie, élément apprécié uniquement en fonction de ses capacités de rendement.

Vous vous efforcez, au contraire, de penser les problèmes économiques en fonction de l’homme, en vue d’aider notamment les petites et moyennes entreprises et ce qu’on est convenu d’appeler les «classes moyennes». Vous rendez ainsi un service éminent à la société et nous sommes heureux d’avoir tette occasion de vous en féliciter.

Avec nos encouragements et nos voeux les meilleurs, nous vous accordons bien volontiers la Bénédiction que vous êtes venus nous demander, et qui veut attirer sur vous et sur vos familles les meilleures bénédictions du Ciel.



A UNE DELEGATION DE PÈLERINS DE L’EGLISE RUSSE ORTHODOXE


Samedi 16 octobre 1976




Soyez les bienvenus ici, pèlerins de l’Eglise Russe, et spécialement du diocèse de Toula. Vous êtes venus pour vénérer les tombes des Apôtres et les saints qui nous unissent.

Vous avez voulu vénérer la Très Sainte Vierge dans un de ses sanctuaires les plus célèbres de l’Occident, à Lorette, et le grand évêque oriental saint Nicolas dans sa Basilique de Bari.

Vous avez également désiré avoir des contacts avec des responsables de la Curie Romaine, pour mieux connaître notre Eglise, de même que vous avez invité quelques-uns de nos collaborateurs de la Curie à venir chez vous pour approfondir la connaissance de votre Eglise.

De tout cela Nous vous remercions vivement, et Nous élevons notre prière vers le Seigneur pour vous, Vénérable Frère Juvenaly, Métropolite de Toula, pour votre Evêque Auxiliaire, pour vos prêtres, pour vos diacres et pour votre peuple qui sont représentés ici autour de vous.

42 Mais notre prière s’étend aussi à tout votre Pays, à tous les fidèles de votre peuple. Veuillez porter au Patriarche Pimen notre salut fraternel et le souhait sincère que le Seigneur le comble de ses bénédictions.



À L’AMBASSADEUR DU BURUNDI PRÈS LE SAINT-SIÈGE*


Jeudi 21 octobre 1976




Monsieur l’Ambassadeur,

Si la mission que vous a Confiée son Excellence le Lieutenant Général Michel Micombero est pour vous un motif de particulière satisfaction, laissez-Nous vous exprimer, Nous aussi, notre joie de vous accueillir, et vous remercier des paroles élevées que vous venez de prononcer. Nous sommes très heureux, en effet, des sentiments dans lesquels vous vous disposez à remplir vos fonctions de Représentant du Burundi. Ils montrent que vous avez une haute conception de votre tâche, et que vous ne négligerez rien pour l’accomplir au mieux. Soyez donc le bienvenu au Vatican, auprès de celui qui a été placé à la tête de l’Eglise catholique comme auprès de ses collaborateurs. Puissent les contacts périodiques que vous prendrez ici se révéler toujours cordiaux et pleinement fructueux!

Vous Nous apportez, en ce premier jour, le salut de vos compatriotes, et les voeux de Monsieur le Président de la République. Ce message d’amitié Nous touche profondément. Il vient du coeur même de l’Afrique, un continent chargé de préoccupations mais aussi d’espoirs, dont les problèmes, les projets et les réalisations sont suivis attentivement par tous. Dans ce contexte difficile, caractérisé par une évolution rapide sur tous les plans, il Nous semble discerner l’aspiration des peuples à plus de liberté, de justice, de fraternité, de paix en un mot, en même temps qu’une difficulté à dépasser les divisions pour en arriver à une entraide efficace; et aussi un désir d’être soutenus encore sur la voie du progrès économique, social et culturel, afin d’être capables de maîtriser eux-mêmes toutes les composantes de leur destin. Ce cri retentit comme un appel pressant lancé à toutes les instances dirigeantes; il les invite à réviser constamment leur attitude et à se mettre en face de leurs responsabilités. Le Saint-Siège, fidèle à sa mission et dans la mesure de ses possibilités, ne cesse, pour sa part, de les encourager à collaborer dans la poursuite d’un tel objectif. Il l’a fait, il le fera encore par notre voix ou par celle de ses divers moyens d’expression.

Mais vous avez fort justement évoqué, Excellence, la contribution spécifique que l’Eglise catholique, outre son concours à l’édification de la paix, apporte à l’humanité. Ainsi avez-vous parlé de la «civilisation de l’amour», parce que l’amour est ce mot nouveau puisé en Dieu, cette Bonne Nouvelle que les chrétiens brûlent d’annoncer à leurs frères et, plus encore, de mettre en oeuvre. Ah! Comme il caractérise bien la flamme que Nous voudrions voir allumée dans le coeur de tous, que Nous voudrions raviver lorsqu’il en est besoin! Comme Nous aimerions que nos chers Fils du Burundi, sous la conduite de leurs Evêques et dans le respect de la liberté de chacun, continuent à la transmettre avec ardeur et enthousiasme! Nous savons déjà ce qu’ils ont accompli, selon Dieu pour le service de leurs concitoyens et de leur patrie. Nous en rendons grâces et leur renouvelons notre confiance pour que ce témoignage soit encore plus pur et plus généreux.

Monsieur l’Ambassadeur, vous avez toute notre sympathie et notre estime, aujourd’hui et demain, pour l’exercice de votre mission. En vous en donnant l’assurance, Nous osons vous prier de vous faire l’interprète, auprès du Chef de l’Etat Burundais, de nos souhaits respectueux et déférents. Et Nous appelons sur vous les lumières et les bienfaits du Seigneur Tout-Puissant.

*AAS 68 (1976), p.661-663.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XIV p.861-862.

L’Attività della Santa Sede 1976, p.287-288.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.44 p.4.



AUX PARTICIPANTS À L’«EXPOSITION MONDIALE DE PHILATÉLIE»


43
Jeudi 21 octobre 1976




Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs,

Nous sommes heureux de répondre à votre désir en vous accueillant ici, vous qui avez pris une part active dans l’organisation de la remarquable «Exposition mondiale de Philatélie», actuellement en cours dans la ville de Milan, ou qui apportez à cette manifestation une contribution de qualité.

La philatélie dépend de l’activité des «Postes et Télécommunications»: nommer celle-ci, c’est d’abord évoquer une organisation aux multiples ramifications nationales et internationales, toujours plus étendues, qui rend aux hommes le service inestimable de les mettre en relation, d’un pôle du monde à l’autre. C’est d’abord pour ce service qu’il Nous faut faire des voeux, afin que, dans sa complexité croissante, devant le volume de plis qui lui sont confiés et les exigences accrues de nos contemporains, il soit accompli partout avec l’esprit d’initiative, la précision, la probité et la rapidité que l’on attend des Postes et qui font leur honneur.

Dans ce cadre, les timbres-postes ont eux aussi comme un rôle d’agents de communication. Ils ont donné lieu, en outre, à toute une industrie, qui s’est ingéniée à les rendre plus variés et plus esthétiques, à les charger de tout un sens, artistique ou historique. Cela fait la joie légitime des collectionneurs et de tous les usagers, qui profitent, au passage, grâce à ces élégantes vignettes ou aux flammes postales, du rappel agréable de manifestations culturelles ou d’oeuvres d’art, contrastant ainsi avec le visage terne, mécanique, anonyme d’autres moyens de communication. C’est une façon de mettre un peu de chaleur et de couleurs humaines dans ce commerce et cet échange. Nous ne sous-estimons pas non plus la valeur éducative que peut revêtir le loisir passionné ou le métier des collectionneurs, notamment chez les jeunes.

L’Etat de la Cité du Vatican, qui est membre de l’Union Postale Universelle, participe aujourd’hui avec intérêt à l’Exposition de Milan. Il lui est possible en effet d’apporter à la philatélie une contribution de choix: tant de manifestations religieuses, passées ou présentes, lui donnent l’occasion de commémorations, tant de personnalités de l’Eglise peuvent être évoquées, tant d’oeuvres d’art du patrimoine chrétien peuvent être reproduites! Nous sommes heureux de constater que beaucoup d’organisations nationales savent également accorder une place importante aux témoignages de ce patrimoine chrétiens dans leurs émissions de timbres, et Nous les en remercions.

Pour toutes ces raisons, le Saint-Siège s’est réjoui de l’Exposition organisée à Milan et Nous félicitons les responsables de l’Administration italienne des Postes et Télécommunications de la façon dont ils ont organisé et mené à bien cette initiative. Nous souhaitons à celle-ci le succès qu’elle mérite, pour la satisfaction des participants et des visiteurs. Puisse-t-elle, à son niveau, contribuer à une plus grande estime des activités culturelles des divers pays et par là-même à une plus grande fraternité!




23 octobre



LE PROGRÈS SCIENTIFIQUE DOIT ÊTRE AU SERVICE DE L’HOMME



Le Pape s’adresse aux membres de l’Académie Pontificale des Sciences

A l’occasion du quarantième anniversaire de la fondation de l’Académie Pontificale des Sciences par Pie XI, le Pape Paul VI a reçu en audience le 23 octobre le président, Prof. Carlos Chagas, et les membres de l’Académie Pontificale.

De nombreux Cardinaux et Chefs de Dicastère étaient présents à cette cérémonie, montrant par là intérêt porté par l’Eglise au développement de la science. Les membres du Corps Diplomatique assistaient à l’audience. Le Saint-Père s’est adressé en français à ses auditeurs de la manière suivante :



Excellences,



44 Nous sommes heureux de vous accueillir en audience spéciale au terme de votre Semaine d’études, dont le thème central était d’un intérêt tout particulier : « Les substances naturelles et la protection des plantes ». Nous vous saluons tous très cordialement et tenons à vous assurer que Nous apprécions sincèrement l’oeuvre précieuse que vous accomplissez, avec dévouement et esprit de sacrifice, au bénéfice du progrès scientifique. Notre estime est d’autant plus vive que votre préoccupation fondamentale, nous le savons, est de servir l’homme, et c’est bien là aussi le but final de votre recherche. Vous sentez profondément en vous la solidarité qui vous lie à l’humanité d’aujourd’hui et de demain, et c’est pourquoi vous adoptez une attitude qui est celle de tout scientifique sérieux, l’attitude de celui qui — comme nous avons eu l’occasion de le souligner lors de notre rencontre de l’an dernier — « doit se poser loyalement la question de l’avenir terrestre de l’humanité et, en homme responsable, concourir à le préparer, à le préserver, à éliminer les risques » (AAS 67, 1975, p. 268).

Le thème choisi pour la présente Semaine reflète d’une manière évidente cette sollicitude : face aux agents nocifs qui menacent les plantes, dont les fruits constituent directement ou indirectement la source principale de subsistance pour l’être humain, la protection se réalise surtout aujourd’hui grâce aux produits chimiques de synthèse ; mais ces derniers suscitent des préoccupations de plus en plus graves, en raison de leurs possibles effets toxiques à long terme sur l’homme, en raison aussi des modifications qu’ils apportent dans le milieu naturel, avec pour conséquences des perturbations dans l’équilibre écologique. C’est ce qui détermine le savant à intervenir pour étudier la possibilité d’utiliser, pour une telle oeuvre de protection, des subsistances naturelles, qui se trouvent déjà dans le milieu et ne devraient donc pas provoquer de dommages écologiques. Tel est précisément le thème de votre Semaine.

Nous espérons que cette possibilité de confronter et de discuter les résultats de vos recherches en ce domaine aura contribué efficacement à faire progresser la connaissance scientifique des moyens de défense mis à la disposition de l’homme. Puisse-t-elle aussi favoriser la mise en oeuvre de formes de sauvegarde qui ne soient pas nocives à la santé ! Stimuler le progrès des sciences pour le service de l’homme représente la fin institutionnelle de cette Académie Pontificale, qui s’honore de vous compter parmi ses membres.

Il nous plaît de le rappeler en cette circonstance, puisque nous célébrons cette année le quarantième anniversaire de sa fondation par notre prédécesseur Pie XI. Le Motu proprio qui instituait ce nouvel organisme en définissait ainsi les buts : « Notre voeu et notre désir est que les Academici Pontifici, grâce à leur et à notre Institut, favorisent toujours plus et toujours mieux les progrès des sciences, et nous ne leur demandons pas autre chose, puisque c’est ce noble but et cette tâche élevée qui constituent le service que Nous attendons de ces hommes attachés à la vérité (cf. AAS 28, 1936, p. 424) ».

Ces quarante années d’activité n’ont pas déçu cette attente : à travers les Semaines d’étude, les groupes de travail, les publications scientifiques et les autres initiatives des décennies passées, l’Académie Pontificale, nous le disons en nous faisant l’interprète de votre légitime fierté, a apporté une contribution de valeur non seulement au progrès des connaissances scientifiques, mais aussi à la cause de la collaboration et de la compréhension entre les hommes.

La composition même de l’Académie, qui accueille des hommes de science sans distinction de nationalité, de religion, ou de croyance, souligne efficacement cette universalité de la science qui est un élément premier de rencontre et d’entente entre les peuples. La science tend par nature à dépasser les limites que les hommes se sont données en dressant des frontières entre eux: elle recherche une vérité qui n’admet, comme telle, aucune coloration politique, et elle se livre à cette recherche avec des méthodes rationnelles qui ne peuvent qu’être les mêmes pour tous les scientifiques, quelle que soit leur origine. Elle favorise donc une mentalité qui permet un dialogue confiant, sincère et respectueux avec tous ceux qui se trouvent engagés dans le destin commun de l’humanité. On voit alors à l’évidence quel instrument de compréhension réciproque et de paix peut représenter une recherche scientifique sérieuse, et quelle aide l’Assemblée que vous constituez peut apporter de ce point de vue pour favoriser une vie plus solidaire et pacifique entre les nations.

L’Eglise a toujours salué, et d’une manière particulièrement vigoureuse au terme du Concile, les chercheurs de vérité que sont les hommes de science dont les sentiers ne sont pas étrangers aux siens (cf. « Message aux hommes de la pensée et de la science »). Non seulement elle reconnaît la légitime autonomie méthodologique de la science moderne (cf. Const. Gaudium et Spes,
GS 36), mais elle salue, dans la mutation que cette dernière entraîne dans le mode de penser et de vivre, des valeurs positives qui ne sont pas sans rapport avec l’oeuvre dont elle a reçu la charge. C’est pourquoi l’Eglise a besoin de vous, de votre sens exigeant de la recherche et de votre amour de la vérité.

Nous vous encourageons donc à poursuivre généreusement votre chemin de chercheurs consciencieux, tendus vers la conquête de nouvelles possibilités pour le progrès humain. En reprenant encore une parole du grand Pontife Pie XI, nous exprimons le souhait que « cette Académie devienne une source toujours plus riche de cette charité bénéfique qu’est la Vérité » (cf. Discours pour la séance du 27 décembre 1925 de l’Académie pontificale des Sciences, Nuovi Lincei). Et ce souhait, nous l’accompagnons de notre prière, en demandant au Dieu Tout-Puissant, Source de la vie et de l’esprit humain, de vous assister dans votre recherche au service de l’humanité et de vous bénir personnellement, ainsi que tous ceux qui vous sont chers.





AUX PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA SURDITÉ INFANTILE


Lundi 25 octobre 1976




Mesdames et Messieurs qui participez à la Conférence Internationale sur la surdité infantile, soyez les bienvenus! Vous consacrez vos talents et vos forces au véritable bien de l’homme et de la société. Vous êtes pour Nous une cause de joie et d’espérance! Soyez remerciés de votre visite!

Nous vous félicitons chaleureusement des savantes recherches et des patientes expériences que vous avez faites et que vous ferez encore pour libérer les petits enfants affligés de surdité. Est-il plus noble travail que de restaurer la communication entre les êtres humains? Vous permettez à des enfants de percevoir enfin la voix de leurs papas et de leurs mamans, et vous donnez aux parents le bonheur inexprimable d’être entendus de leurs enfants. Vous restituez à ces jeunes êtres leurs capacités de participation complète à la vie de la famille, de l’école, de la société. Vous leur redonnez la clé du bonheur. Vous êtes des bienfaiteurs de l’humanité.

45 Nous souhaitons avec vous, que progresse partout dans le monde la vive conscience de l’égalité et de la dignité de tous les êtres humains, surtout s’ils sont affligés d’handicaps. Nous souhaitons avec vous que les progrès de la médecine et de la chirurgie soient davantage appuyés par des législations adaptées, par des politiques sanitaires cohérentes et sans cesse mises à jour, par des concours administratifs et financiers adéquats.

Au terme de ce bref entretien, dans le respect des convictions religieuses de chacun, Nous vous livrons une conviction qui ne saurait vous surprendre. C’est l’Esprit de Dieu, manifesté en plénitude dans la vie du Christ Sauveur, qui suscite encore, le long des siècles, conformément au rythme général du progrès, les grands bienfaiteurs et les grands médecins de la souffrance humaine. C’est Lui qui anime, même chez les non-croyants, la recherche de tout ce qui soulage et de tout ce qui guérit. Nous demandons à ce même Esprit de Lumière et de Force d’assister chacun d’entre vous dans les responsabilités qu’il assume au plan local, national ou international. Avec Notre Bénédiction Apostolique.




6 novembre



« ... VOUS QUI M’AVEZ SUIVI »



Paul VI parle aux membres du Conseil des Supérieurs et Supérieures Majeurs près de la Congrégation pour les Religieux et Instituts Séculiers

Le 6 novembre, le Saint-Père a reçu le Conseil four les rapports entre la S. Congrégation pour les Religieux et les Instituts séculiers et l’Union Internationale des Supérieures et Supérieurs Généraux. A l’adresse d’hommage du R. P. Pedro Arrupe, Préposé général des Jésuites, et président des Supérieurs Généraux, Paul VI a répondu par un discours dont voici notre traduction :



Chers Fils et Filles qui représentez toutes les Familles religieuses près la S. Congrégation pour! les Religieux et les Instituts séculiers, il y a plusieurs mois déjà, vous nous avez exprimé par l’intermédiaire de M. le Cardinal Eduardo Pironio, votre vif désir d’avoir un entretien particulier avec nous pour nous renouveler personnellement vos sentiments de respect filial, pour donner un relief, même extérieur, à l’intime dynamisme de la communion ecclésiale, pour parler de quelques sujets et problèmes dont vous nous avez fait préalablement parvenir la liste.

Nous tenons à vous remercier avant tout pour ces égards que nous apprécions d’autant plus qu’en exprimant votre vénération envers la charge apostolique dont nous portons la responsabilité dans l’Eglise, vous avez aussi eu le souci de nous faire connaître les points concrets qui intéressent de près la vitalité et le développement de la Communauté religieuse.

Nous avons déjà pris connaissance de cette documentation et nous nous réservons de l’approfondir, la faisant étudier également par les organes compétents mais nous préférons, en ce moment, considérer la nature même de la vie consacrée et la place qu’elle a, par conséquent, dans l’Eglise. Vous êtes, en effet, les représentants qualifiés de vos Confrères et Consoeurs : vous n’êtes pas un conseil bureaucratique, on un simple organe de liaison entre les deux Unions des Supérieurs Généraux et des Supérieures Générales et le S. Dicastère. Vous êtes un petit groupe représentant l’immense phalange des hommes et femmes qui se sont voués au Christ, Notre Seigneur.

Si nous nous demandons : « Qui êtes-vous pour l’Eglise ? », la réponse se fait immédiate, évidente. Vous êtes des disciples du Christ et, à chacun de vous, comme à chacun des Religieux, épars dans le monde, s’applique « ad litteram », en signe de reconnaissance et d’identité, la parole du Christ : « Vous qui m’avez suivi... » (Mt 19,28). C’est elle, la parole qui rend authentique la compagnie que vous avez librement choisie ; elle vous invite à la fidélité et à la cohérence, et vous incite à « marcher droit sur les pas du Christ », sans relâchement ni déviation.

Et il n’est pas difficile de déceler les déterminations qui découlent de votre choix. Si Jésus est un Maître, ou mieux encore le Maître (cf Mt 23,10 Jn 13,13), en le suivant vous êtes ses disciples ; si Jésus est un modèle de vie, oui mieux encore, s’il est la Vie (cf Mt 11,29 Jn 14,6), comme disciples vous devez être ses imitateurs ; si Jésus est le Seigneur (cf Jn 13,13 Ph 2,11), comme disciples vous êtes également ses serviteurs. Il s’agit, toutefois, — et vous le savez bien — d’un service qui va au-delà des différences ou des étiquettes en usage parmi les hommes et vous ouvre à la fraternité de l’amitié et à la chaleur de la charité : « Vous êtes mes amis... » (Jn 15,14-15). Vous êtes donc les amoureux de Jésus et, après avoir abandonné toutes choses de ce monde (cf. Lc Lc 5,11) vous avez la possibilité et le devoir de vous plonger dans la contemplation et dans la prière, en union avec lui.

Mais cela ne suffit pas : si nous nous reposons la question : « qui êtes vous pour l’Eglise ? » nous trouvons une seconde réponse : Pour l’Eglise, vous êtes des témoins de l’Evangile. Si ce qualificatif vaut pour tout chrétien fidèle, il équivaut, pour vous, à un titre tout particulier. Le fait primordial d’être de la suite du Christ ne s’exprime pas seulement ad intra et ne peut se restreindre au rapport sublime et personnel avec le Christ, mais il doit nécessairement se manifester ad extra et se concrétiser dans une ample action en faveur de ce qu’il nous a dit, de ce qu’il a fait pour nous. C’est pour cette raison, lorsque nous avons adressé aux Religieux une toute spéciale exhortation au sujet du renouvellement de la vie consacrée conformément aux directives du Concile Vatican II, que nous avons jugé opportun de mettre, dès les premiers mots, l’accent sur ce concept : Evangelica testificatio (Adhortatio Apostolica de religiosa vita secundum Concilium Oecumenicum Vaticanum II praeceptiones renovanda ; cf AAS 63 (1971), p. 497 et suiv.). C’est en effet un tel témoignage qui fait de vous des apôtres et des missionnaires de l’Evangile au milieu du monde qui regarde et juge, même lorsqu’il semble indifférent et lointain. Comment pourrait-on, du reste, nier qu’un tel témoignage provient aujourd’hui, en grande partie, de la vie des personnes consacrées dont on attend moins des paroles que des oeuvres et des faits de style purement évangélique ? Et celui qui a fait profession de vie de certains idéaux éthico-religieux ne saurait vraiment pas l’éluder, ce témoignage, sans tomber dans une contradiction qui équivaudrait à un « faux-témoignage » qui, dans les cas les plus graves, serait source de désorientation et de scandale pour autrui.


Discours 1976 38