Discours 1977 96

96 Notre propre ministère exige que nous ne manquions aucune occasion pour fortifier nos frères, pour vous confirmer dans la foi en Jésus Christ, le Fils de Dieu. Et ainsi le message spécial que nous vous adressons aujourd’hui est : fidélité — la fidélité demandée à ceux qui sont les intendants des mystères de Dieu (Cf. 1Co 4,2). Fidélité à la Foi de nos Pères ; la foi dans toute sa force ; la foi avec son inépuisable trésor de « nuova et vetera » (Mt 13,52). Votre propre Cardinal Newman a parfaitement compris les impératifs de la fidélité et il a su comment le développement organique de la doctrine chrétienne doit se faire en harmonie avec une pure foi apostolique. Et pas mal de vos concitoyens ont mis l’accent dans leurs écrits sur le caractère dynamique et les effets bénéfiques de la foi catholique. C’est avec admiration que nous nous souvenons, par exemple, des essais de Christopher Dawson et de ses vues sur la contribution de la foi aux progrès de l’Europe. Et d’autres écrivains catholiques modernes de votre pays ont honorablement soutenu la cause de la foi.

Un autre aspect de la fidélité nous vient immédiatement à l’esprit: la fidélité à la charité. Le ministère que nous sommes appelés à exercer est en effet un service d’amour: l’amour du Christ pour son Père et pour ses frères est le modèle de notre charité pastorale. Cet amour doit trouver une constante expression dans notre annonce à notre peuple de la Parole de Dieu et dans la satisfaction de leur besoin profond du Christ qui est « la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Et nous devons, tout particulièrement, témoigner cet amour aux pauvres, à ceux qui souffrent.

Et comme l’amour atteint sa perfection dans l’unité, nous sommes appelés à promouvoir cette unité pour laquelle le Christ a prié et pour laquelle il est mort. Tout notre ministère tend à édifier l’Eglise dans la vérité et dans l’amour. Unis à nous et dans la communion de l’Eglise Universelle, vous trouverez la garantie de l’authenticité de vos initiatives pastorales et l’assurance de leur efficacité surnaturelle pour le Royaume de Dieu. En charité et humilité, sans anxiété, sans compromis quant à la vérité, faites tout ce qui vous est possible pour faire avancer le plan de Dieu de « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52). Nous vous répétons à chacun de vous les paroles qu’écrivait Ignace dans sa Lettre à Polycarpe : « Dévouez-vous en faveur de l’unité, la plus grande des bénédictions ».

Dans cette tâche immense qu’est la vôtre, Frères, soyez confiants, soyez forts : « car ce n’est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un Esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi (2Tm 1, 7,). Et sachez que l’Evangile que nous prêchons est « une force de Dieu pour le salut de tout croyant » (Rm 1,16).

Frères, le Seigneur Jésus est avec nous aujourd’hui et à jamais. Soyez bénis en son saint Nom.





A UN GROUPE DU PARLEMENT EUROPÉEN*

Jeudi 10 novembre 1977




Nous sommes heureux de vous accueillir, Messieurs, à l’occasion des journées d’étude au cours desquelles vous préparez, avec vos collègues italiens de la Démocratie Chrétienne, la prochaine session du Parlement européen.

C’est à ce titre que vous avez demandé à Nous rendre visite aujourd’hui. Vous avez accepté ces fonctions parlementaires européennes afin de faire entrer peu à peu dans les législations et les mentalités l’idéal d’une unité plus profonde entre vos peuples. Nous savons tout ce que cette appartenance, aux parlements de vos divers pays et à l’Assemblée européenne, représente comme surcroît de travail et de fatigue, de réunions indispensables et de déplacements répétés.

Vous Nous permettrez de vous encourager à approfondir toujours le sens du service qui doit animer ces multiples activités. Il y a là, en effet, la possibilité - qui est un devoir pour tout chrétien engagé dans la vie publique - d’imprégner d’esprit évangélique les occupations les plus techniques, lorsqu’elles sont conçues comme une contribution au progrès de la fraternité humaine, conformément à l’enseignement du Seigneur.

Nous souhaitons donc que votre travail soit fructueux, et Nous invoquons de grand coeur sur vos personnes, vos familles et vos pays, l’abondance des divines bénédictions.

Mit einem besonderen Gruß an den Herrn Präsidenten geben Wir dem Wunsche Ausdruck, daß Sie sich in Ihrer verantwortungsvollen Tätigkeit für die rechtliche, gesellschaftliche und soziale Gestaltung der europäischen Völkergemeinschaft insbesondere von Ihren christlichen Grundüberzeugungen und Wertvorstellungen leiten laßen. Die Solidarität der Kirche ist Ihnen hierbei stets gewiß. Deshalb begleiten Wir Ihr Wirken auch mit Unserem Gebet und Unseren aufrichtigen Segenswünschen.

97 *Insegnamenti di Paolo VI, vol. XV, p.1037-1038;

L’Osservatore Romano, 11.11.1977 p.1;

ORf n°46, p.2.





À SA MAJESTÉ MARGRETHE II, REINE DU DANEMARK*


Vendredi 11 novembre 1977




Majesté,

Nous sommes heureux de Vos accueillir, et Nous tenons d’abord à Vous remercier de cette visite que Vous avez bien voulu Nous faire. Elle Nous rappelle celle de votre illustre père le roi Frédérik IX.

Depuis cinq ans, Votre Majesté siège sur le Trône du Danemark, et Nous savons l’estime qu’à bon droit Lui porte le peuple danois. Nous nous associons à ces sentiments en Vous présentant nos hommages respectueux et les voeux fervents que Nous formons pour votre Personne, pour la Famille royale et pour le succès de votre règne.

Notre cordiale salutation s’étend à votre cher peuple. Pacifiques et industrieux dans leur travail, vos compatriotes ont su accéder à un niveau de vie élevé, aux plans civil, économique et social. Nous leur souhaitons bonheur et prospérité, Votre pays a su s’intégrer activement, non seulement dans le Conseil Nordique vu son affinité avec les pays scandinaves, mais dans le réseau économique, culturel et politique des Communautés Européennes et du Conseil de l’Europe. Votre Majesté n’ignore pas l’intérêt que Nous portons à la vitalité de ces Institutions, voyant là une chance de solidarité bénéfique pour l’affermissement de la paix, pour le progrès humain des pays membres, pour leur service commun des régions moins favorisées et pour le rayonnement de leur patrimoine spirituel.

Le progrès spirituel est en effet au centre de nos préoccupations. Et c’est au titre de notre mission universelle en ce domaine que Nous nous sentons proche des populations danoises. A partir de son évangélisation au neuvième siècle, le Danemark a connu une grande vitalité religieuse, dont témoignèrent entre autres au Moyen Age de nombreux monastères et des saints qui méritent une mention spéciale: le roi Knud, Kjeld de Viborg, l’Abbé Guillaume. Plus près de nous, au dix-septième siècle, l’Evêque Niels Stense, célèbre pour sa culture scientifique et plus encore par ses vertus, acquit un tel renom de sainteté que sa cause de béatification a été introduite. Aujourd’hui les catholiques danois, bien que très réduits en nombre, sont heureux d’y vivre leur foi dans la paix et de travailler avec leurs frères de la confession luthérienne au respect et à la promotion des valeurs religieuses.

Les chrétiens sont tous porteurs d’un Message qui vise d’abord à développer les rapports des hommes avec le Dieu vivant et qui peut aussi grandement aider la société contemporaine à dépasser le matérialisme pratique où elle risquerait de s’enfermer et de s’enliser, en perdant l’espérance. L’Evangile donne en effet aux hommes les plus hautes raisons de vivre, affine les consciences, développe leur responsabilité en matière de justice, de paix, d’amour, les oriente en un mot vers un humanisme plénier ouvert à l’Absolu, qui fait considérer tous les biens de ce monde selon la véritable hiérarchie des valeurs. Qui ne souhaiterait ce réveil ou ce progrès spirituel et moral, qui correspond au voeu secret de l’humanité, inscrit dans les coeurs par le Créateur et ravivé par Jésus-Christ, notre commun Sauveur? Nous croyons que Votre Majesté est sensible à ces propos, puisqu’il y va de l’âme de son pays, de sa noblesse. L’Eglise catholique, en essayant de vivre ces exigences qui sont en définitive celles de la charité, entend contribuer pour sa part, avec les autres croyants et hommes de bonne volonté, à servir au mieux la société, et elle est heureuse de le faire au Danemark dans un climat de liberté religieuse auquel Vous veillez.

Nous prions le Seigneur d’assister Votre Majesté dans sa très haute charge et de répandre ses Bénédictions sur sa Personne et sur les membres de sa Suite, sur ceux qui collaborent avec Elle au bien commun du pays, et sur tout le peuple danois.

98 *AAS 69 (1977), p.724-725;

Insegnamenti di Paolo VI, vol. XV, p.1040-1041;

L’Osservatore Romano, 12.11.1977, p.1;

ORf n.46 p.2;

La Documentation catholique, n.1731 p.1013.




Samedi 12 novembre



TROUVER APPUI DANS LA CONFIANCE QU’OFFRE LA FOI



Le samedi 12 novembre, les Evêques de Pologne, venus à Rome pour leur visite « ad limina », ont été reçus en audience par le Souverain Pontife. Autour des Cardinaux Stefan Wyszynski, archevêque de Gniezno et de Varsovie et Karol Wojtyla, archevêque de Cracovie et de Mgr Henryk Gulbinowicz, archevêque de Vroclaw, se trouvaient seize évêques, quatre administrateurs apostoliques, un vicaire apostolique et cinq auxiliaires, formant l’épiscopat de Pologne. A l’adresse d’hommage, prononcée en latin, que lui adressait le Cardinal Wyszynski, le Pape Paul VI a répondu, également en latin par l’allocution dont voici la traduction :



Vénérables Frères,



Nous vous accueillons avec grande joie et nous voulons vous saluer, vous les Evêques de Pologne qui, déjà, depuis plus de mille ans, confessez votre foi en la vivant dans des circonstances internes et externes souvent difficiles. Mais cette foi a acquis force et vigueur dans cette vie rude et ardue d’où découle l’« identité culturelle » — si l’on peut s’exprimer ainsi — de votre peuple. Cette fermeté religieuse est née non seulement du fait que de si nombreux polonais, en tant qu’individus, sont activement attachés à la loi chrétienne, et, avec le clergé, obéissent à leurs pasteurs, qui, eux-mêmes, sont reliés entre eux, mais également et peut-être surtout du fait que tous sont étroitement unis au Saint-Siège, qui est la pierre sur laquelle l’Eglise est construite.

Vous savez que la situation de votre pays nous touche : en effet, nous y avons séjourné quelque temps au début de notre ministère au siège apostolique. Nous avons célébré le souvenir de cette éclatante aurore qui a introduit la Pologne dans le Corps mystique du Christ et surtout — présent de coeur et dans l’ardent désir de participer personnellement aux solennités organisées à cette occasion — du « Millénaire de vie catholique » que votre nation a accompli en 1966.

Volontiers, nous nous sommes efforcé et nous prodiguons nos efforts pour que, dans la mesure du possible, soit attribuée à votre patrie la place qui lui convient dans la famille des nations, du fait de ses illustres traditions historiques et culturelles et plus encore à cause du témoignage chrétien qu’elle a toujours rendu.

99 Vous représentez ici cette Pologne catholique. Et cela nous incite à vous embrasser tous et chacun dans notre sincère affection et, tout d’abord, les très éminents Pères cardinaux, Stéphane Wyszynski, dont la santé nous a récemment inquiété, et Charles Wojtyla. La visite ad limina apostolorum que vous accomplissez nous donne l’occasion d’examiner avec vous, au moins synthétiquement, les progrès et les difficultés de la vie chrétienne dans votre pays pendant les cinq années qui viennent de s’écouler. C’est pourquoi, avec vous, nous rendons grâces à Dieu et nous nous tournons, avec un sentiment particulier, vers la Bienheureuse Vierge Marie que nous vénérons comme la Reine de la Pologne. En effet cette période écoulée vous donne des raisons d’avancer avec confiance.

Si nous jetons un regard, dans cette rencontre fraternelle, sur les années à venir, nous pouvons induire sans aucun doute que vous suivrez d’une façon toujours plus parfaite les décrets et les normes du Concile Vatican II et que vous veillerez à l’intégrité de la doctrine et des moeurs des chrétiens, surtout en ce qui concerne les chapitres que le magistère pontifical a récemment traité et proposé, à savoir les soins assidus que vous aurez à apporter à la formation théologique et spirituelle des élèves des séminaires et des religieux dont, par le don de Dieu, vous avez un grand nombre dans votre pays.

A ce sujet, d’autres pensées nous viennent à l’esprit, ce sont les paroles, graves et en même temps pleines de saveur spirituelle que le Concile a proférées à propos des collaborateurs des saints évêques : « Tous les prêtres, en union avec les évêques, participent à l’unique ministère du Christ : c’est donc l’unité même de la consécration et de la mission qui réclame leur communion hiérarchique avec l’ordre des évêques »... Que ceux-ci « donc, à cause dû-don de l’Esprit Saint que les prêtres ont reçu à leur ordination voient en eux des auxiliaires et des conseillers indispensables dans leur ministère et dans leur charge de docteurs, sanctificateurs et pasteurs du peuple de Dieu... En raison de cette communion dans le même sacerdoce et le même ministère, les évêques doivent donc considérer leurs prêtres comme des frères et des amis et se préoccuper de leur bien, matériel d’abord mais surtout spirituel » (Presbyterorum Ordinis,
PO 7).

Ces paroles, fort bien dites, du Concile, nous les rappelons volontiers dans les rencontres du genre de celle-ci avec nos frères dans l’épiscopat, car, actuellement, il faut attribuer la plus grande importance aux relations qui s’exercent entre les pasteurs des Eglises et les prêtres.

En effet, de notre temps plus qu’en aucun autre, il est nécessaire que les évêques assistent leurs prêtres surtout les jeunes : qu’ils les connaissent, qu’ils les rencontrent, qu’ils les aiment, qu’ils les aident dans leurs difficultés. Cette charge paternelle qui fait des évêques les guides spirituels des prêtres, contribue beaucoup à rendre plus efficace, plus étroit, plus chaleureux, le lien qui unit réciproquement leurs esprits et leurs coeurs. De ce fait la coopération est plus étroite dans la pastorale qui s’étend à tout le diocèse. Bref, il faut que chaque membre du clergé se sente connu et aimé de son évêque.

Quant à l’Eglise, quelles que soient les conditions dans lesquelles elle remplit sa fonction, elle ne pourra jamais abandonner la charge apostolique de l’enseignement et de l’éducation selon les normes de la foi chrétienne. C’est donc en tout premier lieu la charge que les saints pasteurs doivent exercer et protéger puisqu’elle se situe dans la ‘nature même de l’épiscopat. Les actes du récent Synode des évêques ont mis en lumière — comme vous le savez — le droit qu’ont tous les baptisés de recevoir librement une instruction catéchétique.

C’est ce qui pousse notre coeur, en cette heure qui est pour ainsi dire la célébration de la charité « répandue en nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (cf. Rm Rm 5,5) car c’est par ce don que nous sommes liés et articulés. Nous tournons aussi notre regard vers tous les fils de la très chère Pologne : nous leur déclarons notre meilleure estime et notre bienveillance avec cet avertissement paternel : qu’ils trouvent leur appui, dans le malheur et dans le bonheur, dans la confiance qu’offre la foi.

Quant à nous nous prions ardemment la bienheureuse Vierge Marie en qui Dieu a placé les trésors de sa bonté, de vous fortifier de son maternel secours. Nous prions aussi les saints du ciel, qui sont les brillantes lumières de la Pologne qu’ils soient devant Dieu de puissants intercesseurs pour leurs concitoyens qui poursuivent leur pèlerinage terrestre.

A vous enfin, vénérables Frères et à tous ceux qui vous sont confiés, nous donnons avec amour notre bénédiction apostolique en gage d’une abondante grâce céleste et d’une douce consolation.






14 novembre



AUTOUR DE PIERRE SE RESSERRENT LES LIENS DE LA FOI ET DE LA CHARITÉ



Le lundi 14 novembre, le Saint-Père a reçu en audience les Archevêques et Evêques de la Conférence épiscopale du Cameroun venus à Rome pour leur visite « ad limina ». Autour de Mgr Paul Verdzekov, évêque de Bamenda, Président de la Conférence épiscopale, qui a exprimé au Souverain Pontife, les hommages et les souhaits de ses Confrères, se trouvaient NN. SS. Jean Zoa, arch. de Yaoundé et son auxiliaire, J. B. Ama, Paul Etoga, évêque de Mbalmayo, Yves Plumey, évêque de Garina, et son auxiliaire Jean Pasquier, André Loucheur, évêque de Bafia et son auxiliaire Athanase Bala, Lambert Van Heygen, évêque de Doumé, Simon Tonyé, évêque de Douala, Denis Ngandé, évêque de Bafoussam, Pius Awa, évêque de Buêa, P. C. Nkou, évêque de Sangmelina, Thomsa Nkuissi, évêque de Nkongsamba, Jacques de Bernon, évêque de Maroua-Mokolo et Louis Charpent, évêque de Yagoua.

100 Le Pape Paul VI s’est adressé aux Evêques, en français, par le discours suivant :



Chers Frères dans le Christ,



Comme vous venez de le souligner, une règle sage veut que, tous les cinq ans, chaque Evêque du monde catholique fasse le point de l’évangélisation dans son diocèse et vienne à Rome, exposer au Pape et à ses collaborateurs les problèmes auxquels il se trouve affronté, les préoccupations qui sont les siennes, et aussi les projets qu’il compte mettre en oeuvre dans les années à venir. Le Saint-Siège, de son côté, a besoin de connaître avec exactitude vos situations locales, pour bénéficier lui-même de votre expérience et de vos suggestions, et vous faire bénéficier à son tour, grâce à l’expérience élargie qui est la sienne et à son souci du bien commun universel, de l’aide, des conseils et des orientations dont vous avez besoin. Les multiples contacts noués à l’occasion de telles visites permettent donc une meilleure coordination et, partant, une efficacité plus grande de l’effort pastoral de toute l’Eglise.

La raison profonde de ces voyages périodiques dépasse cependant largement la nécessité pratique des échanges de vue. C’est en effet l’Eglise dans tel ou tel pays qui retrouve sa soeur de Rome, proche par le coeur mais souvent éloignée par la distance; ce sont des successeurs des Apôtres qui se regroupent autour de Pierre, afin de resserrer avec lui et, à travers lui, avec l’ensemble de l’épiscopat, les liens de la foi et de la charité.

Nous avons prêté la plus grande attention aux soucis prioritaires que vous avez évoqués. C’est avec chacun de nos Dicastères qu’il vous faut approfondir ces questions et spécialement avec notre Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, qui demeure comme notre trait d’union avec vous. Pour notre part, ayant déjà souligné récemment, devant tous les Evêques Africains présents au Synode, les axes pastoraux qui nous semblent fondamentaux pour votre continent, nous nous arrêterons seulement, avec vous, à quatre aspects de votre ministère au Cameroun.

Nous pensons tout d’abord à la pastorale des vocations sacerdotales. De plus en plus, sans négliger l’apport indispensable et bénéfique des religieux et religieuses missionnaires, les Camerounais ont à prendre en main leur avenir ecclésial. Les hommes qui recevront ce merveilleux et redoutable ministère de l’Evangile devront être les hommes sûrs dont parle l’Apôtre Paul à Timothée (cf.
1Tm 4,6-16) : généreux, courageux, n’ayant d’autre ambition que l’honneur de servir le Christ et l’Eglise, pieux, chastes, nourris de doctrine authentique, capables de persévérance. Tout cela exige un choix judicieux de candidats bien motivés, une formation théologique, spirituelle, morale, ascétique, à la hauteur de la mission qui les attend, un entraînement à la responsabilité de soi et des autres, le soutien assidu et exemplaire d’une équipe de professeurs et de pères spirituels. C’est un domaine privilégié confié à votre vigilance, et nous vous invitons à poursuivre les efforts que vous avez entrepris pour faire de vos Séminaires ces hauts lieux de formation des apôtres de demain.

Quant à votre ministère, vous l’avez axé à bon droit sur l’évangélisation ; et vous comptez pour cela sur toutes les forces vives de vos diocèses, en particulier sur vos nombreux catéchistes, et sur le laïcat engagé dans les diverses formes de ministère et d’apostolat (cf. Exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi EN 73). Il s’agit d’approfondissement de la foi pour ceux qui y adhèrent déjà, d’apprentissage progressif pour les catéchumènes, de première annonce pour ceux qui n’ont pas encore entendu la Bonne Nouvelle, mais aussi — et c’est un lent processus — d’évangélisation des cultures et des mentalités... Un élément est commun à toute cette pastorale: l’accès à la Parole de Dieu, capable de faire surgir et de nourrir, dans leur expression africaine, une prière, une liturgie, une vie chrétienne et apostolique pleinement catholiques.

Nous comprenons le souci particulier que suscite l’urbanisation rapide, qui déracine l’homme de la famille, du clan, de l’ethnie, pour le livrer à l’anonymat, à la solitude, parfois au chômage de la grande cité. C’est spécialement éprouvant pour l’africain, qui, à bon droit, conserve un sens aigu de la vie communautaire. Vous retrouvez ici la nécessité de former des communautés chrétiennes, vivantes, accueillantes, offrant à chacun la participation qui lui revient, comme l’a souligné avec vigueur le récent Synode sur la catéchèse.

Enfin, les catholiques ne forment pas un îlot dans le pays : ils ont en commun avec les autres citoyens le souci du développement, de la justice, de la paix; il leur tient à coeur que toutes les familles et tous les groupes soient assurés de leurs moyens de subsistance, et puissent progresser dans le savoir et le bien-être, dans leur responsabilité aussi; ils comprennent que tout cela doit s’opérer dans l’amour de la même patrie, dans la convergence des efforts, au sein de la République Unie du Cameroun, dans une harmonie qui sache allier la liberté et le respect des traditions particulières avec le sens du bien commun national et de l’équité. Nous vous encourageons à développer cette éducation civique et sociale de vos fidèles, permettant à leur charité de se déployer dans toutes ses dimensions et de briller aux yeux des hommes, afin qu’ils glorifient l’Evangile qui en est la source.

Pour cette oeuvre immense, nous disposons, il est vrai, de moyens pauvres. Sur le plan matériel, tout en continuant à compter, comme il est normal, sur l’entraide de l’Eglise universelle, vous cherchez à mesurer avec réalisme les besoins les plus urgents et à rendre vos propres communautés plus responsables de leur auto-financement. C’est un louable souci. Au plan des personnes, nous avons tous conscience d’être des vases d’argile pour porter le trésor du Seigneur. Il en est ainsi dans toute l’Eglise, comme chez vous. C’est notre humilité, c’est aussi notre espérance. Courage Frères ! Le Christ est avec vous, et la rapide évangélisation de votre pays montre que son Esprit y produit déjà des fruits abondants, qui ont besoin de mûrir. Portez notre salut affectueux à tous vos prêtres, religieux et fidèles, avec notre bénédiction apostolique que nous vous accordons de grand coeur.






17 novembre



TOUTE VÉRITÉ DE FOI EST VÉRITÉ DE SALUT



101 Le Jeudi 17 novembre, le Pape a reçu en audience les Evêques Néerlandais venus à Rome en visite « ad limina ». Le Cardinal J. Willebrands, archevêque d’Utrecht a adressé au Souverain Pontife une adresse d’hommage, en français. Avec lui se trouvaient NN. SS. J. Bluyssen, évêque de Bois-le-Duc, Th. Zwartkrvis, évêque de Haarlem, Hubert Ernst, évêque de Breda, B. Moller, évêque de Groningen, Adrien Simonis, évêque de Rotterdam, J. Gijsen, évêque de Roermond. Le Pape Paul VI a répondu, également en français, au Cardinal Willebrands par les paroles suivantes :



Frères très chers,



De tout coeur, nous vous accueillons à l’occasion de cette visite « ad limina apostolorum ». Vous êtes venus vénérer les tombes du Prince des Apôtres des Nations, et y puiser de nouvelles forces pour votre activité pastorale. Vous êtes venus également « voir Pierre » (cf. Ga
Ga 1,18), en la personne de son humble successeur, pour vérifier et raffermir sur le roc que le Christ a placé comme fondement de son Eglise, votre foi et celle du peuple de Dieu à la tête duquel l’Esprit Saint vous a placés.

Nous saluons aussi et recevons en esprit, en même temps que vous, vos prêtres, vos coopérateurs dans le bon accomplissement de la mission apostolique que le Christ vous a confiée (cf. Décret Presbyterorum Ordinis, PO 2), et tout le peuple catholique de vos diocèses, dont vous êtes, ici comme partout, les représentants authentiques. Ces prêtres, ces fidèles, nous les sentons spirituellement présents avec vous et avec nous. A tous nous disons : « A vous grâce et paix en abondance ! » (1P 1,2).

Laissez-nous vous dire tout d’abord quelle joie nous procure la visite que vous nous faites tous ensemble cette année. Dans cette visite commune ; nous voulons voir avant tout — et les paroles que vient de prononcer notre vénéré frère le Cardinal Willebrands nous le confirment l’expression de votre volonté, interprète de celle de toute l’Eglise aux Pays- Bas, de fidélité au Siège Apostolique.

Ces derniers temps — qui ne le sait ? — la vie de l’Eglise dans votre pays a subi de profondes perturbations — malgré les enseignements et les rappels répétés du Saint-Siège — dans le domaine de la foi et de la morale, et aussi de la discipline liturgique et ecclésiastique, tout cela s’accompagnant de nombreuses et douloureuses défections de prêtres qui n’ont pas su rester fidèles à leurs engagements. Mais aujourd’hui, la forme solennelle et communautaire que prend, en cette visite, l’expression de votre fidélité est pour nous un motif de confiance plus particulière et plus ferme. Elle nous témoigne en effet que l’Eglise aux Pays-Bas veut rester et restera « fondée sur la solidité de la pierre apostolique » (cf. prière de la messe de saint Léon).

Il nous plaît à ce propos de noter que la fidélité renouvelée à Pierre est aussi fidélité à un aspect fondamental de l’histoire même, déjà riche de foi et de charité active, de l’Eglise catholique aux Pays-Bas. Et nous sommes certain que, comme le vigoureux attachement de vos communautés au Siège de Pierre a suscité dans le passé une magnifique floraison de vie ecclésiale, d’oeuvres au service de la population, de vocations sacerdotales, religieuses et missionnaires, dont toute l’Eglise catholique a été à la fois témoin et bénéficiaire, ainsi en sera-t-il à nouveau à l’avenir.

Dans cette visite en commun, nous aimons voir aussi l’expression des liens profonds de fraternité qui vous unissent entre vous, Pasteurs de l’Eglise aux Pays-Bas, vous, nos chers fils. Les problèmes parfois lancinants et angoissants auxquels chacun de vous se trouve affronté dans son diocèse ne peuvent rester étrangers aux pasteurs des diocèses frères ni les laisser indifférents. Nous savons avec quelle sollicitude vous cherchez à les étudier ensemble pour vous conseiller mutuellement et trouver la solution répondant le mieux à la volonté du Pasteur suprême, le Christ, et au bien des âmes. La concorde entre les frères édifie la maison ! Nous vous encourageons à développer cet amour fraternel, prémisse indispensable à l’édification de l’Eglise.

En vous unissant autour de la Chaire de Pierre, vous attendez aussi de nous quelque parole qui vous soutienne et vous oriente dans votre labeur apostolique quotidien. Nous pouvons dire que nous suivons, jour après jour, les événements de l’Eglise aux Pays-Bas, qui est spécialement présente à notre esprit et à notre coeur. Aussi répondons-nous volontiers à votre désir. C’est d’ailleurs pour nous un devoir précis, de par la responsabilité ordinaire et immédiate de l’ensemble du troupeau du Christ, qui nous a été conférée par Celui auquel nous devons rendre compte de notre journée terrestre.

Vous connaissez peut-être déjà les paroles que nous avons adressées cette année à certains de nos Frères dans l’Episcopat d’autres régions d’Europe, venus comme vous en visite « ad limina ». Sur diverses questions traitées avec eux — comme celles de la communion ecclésiale, des communautés chrétiennes, de l’évangélisation dans une société déchristianisée, de la promotion du laïcat, des vocations, avec une référence particulière au célibat sacerdotal, des célébrations dominicales sans prêtres, de la presse catholique — nous leur avons donné des directives de fond qui peuvent certainement valoir aussi pour vos contrées. Nous vous invitons donc à prendre une connaissance attentive et à en vérifier la mise en oeuvre dans vos diocèses.

Avec vous aujourd’hui, il nous plaît de nous attarder sur certains aspects de la vie de l’Eglise aux Pays-Bas, sur sa réponse au dessein du Christ, sur ce qu’elle pourra être dans le proche avenir, cette Eglise pour laquelle tous, Pasteurs et fidèles, nous voulons oeuvrer ensemble.



102 1. Nous considérons donc, avant tout, l’Eglise aux Pays Bas qui est appelée à professer et vivre dans sa plénitude et dans sa pureté, la foi catholique.

La foi — nous le savons bien — qualifie l’Eglise, qui, en l’acceptant, répond comme une épouse fidèle à la parole de son Seigneur. Elle qualifie aussi chacun des membres de l’Eglise, qui trouvent en elle le premier et indispensable rapport personnel avec « le chef de notre foi, qui la mène à la perfection, Jésus » (
He 12,2), et « sont véritablement devenus, dans le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par conséquent, réellement saints » (Constitution Lumen gentium, LG 40 Lumen gentium, ).

C’est à travers le ministère de l’Eglise que sont transmises cette foi et cette vie divine ; c’est dans la communauté ecclésiale qu’elles trouvent leur soutien et leur expression liturgique ; mais il s’agit toujours d’un rapport personnel avec Dieu, d’une participation personnelle à la vie du Christ.

Toute vérité de foi est témoignage de l’amour de Dieu pour l’homme, est vérité de salut. C’est pourquoi aucune vérité révélée ne peut être niée ou soumise à des interprétations réductrices, lesquelles — sans doute — veulent permettre d’insérer plus facilement la Parole de Dieu dans l’horizon limité de la sagesse humaine, mais ne correspondent pas au dessein de Dieu, qui dans sa transcendance même, sait être en réalité d’autant plus proche et plus intime pour l’homme.

C’est dans la foi, vécue dans sa plénitude et dans sa pureté, que l’Eglise aux Pays-Bas saura retrouver son identité catholique : cette unité dans l’Esprit, cette union intérieure, sans lesquelles il serait illusoire de penser qu’elle puisse remplir la mission que le Christ lui a confiée et dont, plus que jamais, les hommes d’aujourd’hui ont besoin.

Evêques catholiques, vous avez certainement bien a l’esprit l’ardente exhortation que l’Apôtre Paul adresse à Timothée, afin qu’il garde fidèlement le « dépôt » qui lui a été confié (1Tm 6,20 2Tm 1,14), et qu’il accomplisse l’oeuvre évangélisatrice active et persistante (« opus fac evangelistae ! ») qui en découle. La responsabilité que, comme Evêques, vous avez en ce domaine, est grande et ne peut être déléguée! Autour de vous, les théologiens doivent évidemment être les premiers à assurer fidèlement le soutien et la promotion de la foi. Vos prêtres, de même, savent sûrement apprécier le fait que le Concile oecuménique Vatican II a nommé en premier, parmi les tâches presbytérales, celle d’être « ministres de la Parole » ; il déclare en effet, dans le document qu’il leur consacre et qui mérite à coup sûr toute leur attention et toute leur adhésion : « Les prêtres, comme coopérateurs des Evêques, ont donc pour première fonction d’annoncer l’Evangile de Dieu à tous les hommes ;... il s’agit pour eux d’enseigner non pas leur propre sagesse, mais la parole de Dieu, et d’inviter tous les hommes avec insistance à la conversion et à la sainteté » (Décret Presbyterorum ordinis, PO 4). Il n’est pas différent le rôle des catéchistes qui, mandatés par leurs Evêques, deviennent comme la voix même des successeurs des Apôtres. Ils doivent en effet communiquer la Parole de Dieu, telle qu’elle a été manifestée par la Révélation divine, vécue dans la Tradition de l’Eglise et explicitée dans les énoncés du Magistère.



2. Le récent Synode des Evêques nous a confié la préoccupation que la catéchèse ne constitue pas toujours, dans la pratique, une annonce fidèle de la vérité catholique. Parmi les propositions qu’il nous a adressées, on peut lire en effet : « Habentur nostro tempore catechistae qui christianas veritates non integre docent. Idem dicendum de quibusdam auctoribus librorum pro catechesi. Quod iure meritoque praeoccupationem inducit. Inquietudo maior est quando conspicitur veritates essentiales tum ad fidem cum ad mores pertinentes silentio praeteriri » (n. 10).

Il n’est pas utile, Frères très chers, que nous répétions combien une telle préoccupation est vive en nous et nous fait souffrir (cf. Allocution à la dernière Assemblée générale du Synode des Evêques, dans L’Osservatore Romano, 30 octobre 1977). Vous-mêmes la partagez. Dans votre lettre pastorale collective sur l’enseignement catholique, au chapitre consacré à la catéchèse, vous vous montrez en effet très sensibles aux problèmes présents : « Leur mission (des catéchistes) — écrivez-vous — qui consiste d’une part à transmettre intégralement la tradition intacte de l’Eglise, et d’autre part à rejoindre le coeur des jeunes, est particulièrement difficile ».

Nous nous adressons donc à vous avec confiance, en espérant que l’effort que vous avez entrepris pour rendre à la catéchèse son visage authentiquement catholique soit au plus vite couronné de succès, et que l’Eglise aux Pays-Bas puisse être donnée en exemple du renouveau dans la fidélité souhaitée par le récent Synode des Evêques. Et, par votre intermédiaire, nous nous adressons à tous les catéchistes de vos diocèses : nous désirons leur dire notre estime pour leur engagement au service du Christ et de la vérité, et nos encouragements pour que, avec sagesse, fidélité et courage, ils exercent cette activité de Parole, de Mémoire et de Témoignage qui est la leur (cf. le Message au Peuple de Dieu du dernier Synode).



3. Notre regard se tourne ensuite vers les communautés catholiques néerlandaises qui célèbrent, dans la foi et dans la joie, la sainte liturgie, participation et miroir de la Liturgie céleste, action sacrée et prière du Christ, de l’Eglise et de ceux qui veulent puiser aux sources de vie divine que sont les sacrements.

A ce sujet, nous avons un double motif de particulière confiance.

103 Le premier vient du fait que prochaine apparaît désormais la publication du nouveau missel romain dans sa traduction en langue néerlandaise. L’église aux Pays-Bas sera ainsi en possession d’un instrument adapté, permettant aux célébrations eucharistiques, de retrouver la force vivifiante et le rayonnement intérieur, dont elles ont été trop souvent privées en raison d’initiatives précipitées et injustifiées (cf. Constitution Sacrosanctum Concilium, SC 22, paragr. 3).

Le nouveau missel — l’un des fruits les plus précieux du Concile Vatican II (ibid., n. 50) —, tout en autorisant une saine variété de formes, assure l’unité nécessaire et, par la richesse de ses textes, suscite la participation consciente et active des fidèles. Nous ne doutons pas que vous vous emploierez avec zèle à ce que chaque paroisse et chaque église de vos diocèses soient pourvues d’un nombre suffisant d’exemplaires. Veuille le Seigneur faire en sorte que l’introduction du nouveau missel romain — le seul autorisé à présent — dans sa traduction néerlandaise entraîne une floraison nouvelle de la dévotion envers la sainte Eucharistie, « sacramentum pietatis, signum unitatis, vinculum caritatis » (Saint Augustin) !

Le second motif de confiance, nous le trouvons dans la lettre que vous avez adressée aux prêtres, à l’occasion de la traduction en langue néerlandaise du nouvel « Ordo Paenitentiae » en novembre 1976. Vous avez en effet souligné l’importance du sacrement de Pénitence dans le processus de conversion, de réconciliation, de libération du péché opérée par le Christ, de renouveau en somme de la vie chrétienne, et vous avez bien fait remarquer comment « sans le sacrement de la confession, une source de réconciliation et de salut ferait défaut ». A la lumière de ces considérations, et conformément aux normes établies par le Siège Apostolique, vous avez confirmé la nécessité de la confession et de l’absolution personnelles, alors que la confession et l’absolution collectives restent limitées à des cas exceptionnels, étant bien entendu que même dans de tels cas, au moins ceux qui ont conscience de péchés graves doivent recourir ensuite à la confession individuelle, en temps opportun.

Nous vous exhortons à entretenir la croissance du grain que vous avez semé, en étudiant avec vos prêtres les moyens pastoraux les meilleurs pour que les fidèles, dès leur enfance, puissent facilement bénéficier de la joie, du réconfort et de l’enrichissement qui proviennent de ce sacrement, et en surmontant avec douceur et patience les difficultés qui peuvent quelquefois venir de ceux-là mêmes qui sont les ministres de ce sacrement de salut.



4. Enfin notre esprit se plaît à contempler l’Eglise bénéficiant aux Pays-Bas d’une nouvelle floraison de vocations sacerdotales et religieuses.

Serait-ce une utopie ? Non ! Nous avons confiance dans la puissance de l’Esprit Saint « qui souffle où il veut » (Jn 3,8), dans le Seigneur qui n’abandonne pas son Eglise. Et dans cette perspective, nous avons confiance dans les jeunes. Si les pasteurs savent proposer clairement aux jeunes l’idéal exigeant mais enthousiasmant du Christ, et si les jeunes arrivent à découvrir l’Eglise comme l’espace spirituel, primant sur l’aspect social, de leur rencontre personnelle avec le Christ, l’Eglise aux Pays-Bas vibrera d’une nouvelle jeunesse. Parmi les jeunes, il en est tant qui sont purs, forts et généreux ! Par amour du Christ et avec la certitude de son aide, ils ne se laisseront pas impressionner par les difficultés et les renoncements, compensés d’ailleurs par tant de richesses, qu’exigé la marche à la suite du Seigneur Jésus.

C’est déjà pour nous un réconfort, et comme un signe de renouveau, de voir que, cette année, là où, avec nos encouragements, on s’est efforcé de rétablir un séminaire selon les prescriptions du Concile Vatican II, le nombre accru des candidats au sacerdoce a permis le déroulement complet des cours. Que les jeunes qui se préparent au sacerdoce, comme les prêtres qui les assistent et les guident, sachent bien que nous les suivons avec une paternelle affection et que nous les encourageons.

Nous sommes certain, étant donné votre sollicitude et votre sagesse pastorales, que vous ne manquerez pas de mettre au point, sans tarder, une action adéquate, pour stimuler les vocations sacerdotales et pour aider tous ceux que le Seigneur appellera à son service et au service de l’Eglise dans le ministère ordonné, à, se préparer comme il convient, aux plans doctrinal et spirituel, aux tâches difficiles qui les attendent.

Chers Frères dans le Christ, nous aimerions encore parler avec vous de bien d’autres problèmes, par exemple de la vie spirituelle des prêtres. A ce sujet, pouvons-nous au moins vous exprimer notre vif désir que la version néerlandaise de la « Liturgie des Heures » voie rapidement le jour, afin de faciliter aux prêtres l’usage de ce moyen indispensable à leur ministère sacerdotal et à leur prière personnelle ?

Nous aurions voulu aussi traiter avec vous des questions comme celles du sens et de la nécessité de la discipline ecclésiastique, du style de vie des religieux et des religieuses, de la formation permanente de tous ceux qui travaillent dans un service d’Eglise, de la pastorale des mariages mixtes, des moyens de communication sociale, de l’action de l’Eglise pour la justice et la paix dans le monde, etc. Sur tous ces points, comme sur d’autres, vous saurez certainement comment, dans un esprit de collaboration étroite et empressée avec nos Dicastères, déterminer des lignes d’action nouvelles et efficaces.

Tout ce que nous avons voulu vous dire des problèmes qui nous semblaient d’une urgence particulière suffit à vous faire comprendre toute la confiance que nous portons dans notre coeur pour l’avenir de l’Eglise aux Pays-Bas et combien nous vous demeurons proche dans votre labeur quotidien.

104 Que le Seigneur qui donne la croissance (cf. 1Co 3,6), féconde votre travail apostolique, par l’intercession de Marie, Mère de l’Eglise ! Avec notre Bénédiction Apostolique !






Discours 1977 96