Discours 1978 15

LE PAPE À LA COMMISSION PONTIFICALE POUR LES COMMUNICATIONS SOCIALES


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Parmi les groupes assistant à l’audience générale, se trouvaient les participants à l’Assemblée Plénière de la Commission Pontificale pour les communications sociales. Elle était réunie à Rome, sous la présidence de Mgr A. M. Deskur, pour discuter des problèmes les plus urgents de la pastorale des mass média. Le Saint-Père leur a adressé un discours dont voici la traduction :



Nous avons le plaisir de vous recevoir durant l’assemblée plénière de la Commission pontificale pour les Communications Sociales dont vous avez été appelés à faire partie, selon ce qu’a prévu le Concile Vatican II pour collaborer avec nous dans la pastorale d’un secteur si délicat et important de l’apostolat moderne (cf. Décret Inter Mirifica,
IM 19).

Vous vous êtes réunis pour faire le point sur la situation pastorale qui s’est créée dans le monde à la suite du grandiose et on peut même dire du vertigineux développement des instruments de la communication sociale ; et nous saisissons volontiers l’occasion pour vous assurer à chacun de vous et, par votre intermédiaire, aux Conférences Episcopales, aux Congrégations Religieuses, au laïcat catholique et à tous ceux qui ont la responsabilité de tels instruments, de notre constante sollicitude pour que ces mirifica technicae artis inventa soient toujours utilisés — surtout par les chrétiens — avec une conscience attentive et éclairée, c’est-à-dire dans le respect des normes morales inéluctables et au service de l’annonce chrétienne.

Il n’est pas rare, en effet, que nous recevions des échos de l’inquiétude causée par des spectacles avilissants, des publications indignes, des manipulations de la vérité, d’obstacles opposés à la légitime expression, par ces moyens, de la vie religieuse. Par bonheur, nous parviennent également des nouvelles réconfortantes au sujet de l’engagement de nombreuses personnes de bonne volonté qui se dévouent pour donner un visage chrétien à la presse ; pour rendre les transmissions religieuses conformes à l’excellence du message évangélique qu’elles diffusent, pour orienter les moyens de communication vers les objectifs de l’éducation, du développement, de la culture, des divertissements sains et, surtout pour les mettre au service d’une information répondant à la vérité. Ce sont là, Frères et Fils, des problèmes sur lesquels il est inutile que nous attirions votre attention, car ils font l’objet de vos préoccupations et constituent, par ailleurs, le sujet même de votre actuelle rencontre. En cette matière — et vous le savez bien — chaque continent a ses problèmes propres qui découlent de ses conditions socioculturelles : toutefois, partout se révèle l’urgence d’un engagement chrétien plus intense, plus généreux, plus incisif, et celle également d’une vision plus claire de la responsabilité de tous concernant le bien à promouvoir, ou, malheureusement, concernant le mal qui pourrait résulter d’une tolérance nuisible, d’un obscurcissement des principes éthico-religieux, d’un zèle insuffisant dans la proclamation, super tecta du message du salut opéré par le Christ.

Nous désirons à cet égard vous adresser un appel tout particulier qui trouve son inspiration dans les thèmes spécifiques développés au cours de la récente assemblée générale du synode des Evêques au sujet de la catéchèse, spécialement de celle qui s’adresse aux enfants et aux jeunes gens. Nous entendons la catéchèse comme pleine initiation à la vie chrétienne et qui peut aujourd’hui bénéficier de l’aide efficace des moyens de la communication sociale ; il ne lui serait plus possible d’atteindre tout le monde et d’être vraiment convaincante si elle ne se servait de ces instruments désormais bien au point de la pédagogie moderne. Dans l’apostolat des communications sociales, il importe de donner la priorité absolue à l’information et à la formation religieuses, pensant non seulement à la société humaine qui aujourd’hui, plus que jamais, a besoin de sève spirituelle, mais encore et surtout aux exigences des générations nouvelles qui, faute de modèles et d’exemples, courent le risque d’un dessèchement précoce provoqué par la crise des valeurs en lesquelles croire.

Que la satisfaction de cette exigence primordiale soit la contribution qualifiée que vous offrez à l’action évangélisatrice de l’Eglise !

Avec notre bénédiction apostolique !










6 avril



EVANGELISER : CONFRONTER NOTRE VIE À LA CHARTE DES BEATIDUDES


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Visite « Ad limina » des Evêques du Burundi

Le jeudi 6 avril, le Pape Paul VI a reçu un groupe d’Evêques du Burundi, venus au Vatican pour accomplir leur visite « ad limina ». Entourant S. Exe. Mgr André Makarakiza, archevêque de Gitega, président de la Conférence épiscopale, se trouvaient les Evêques de Bujumbura, Ngozi, Ruyigi, Bururi et l’Administrateur apostolique « sede vacante » de Muyinga. Après avoir écouté le discours du Président de la Conférence, Paul VI s’est adressé aux Evêques en français ainsi qu’il suit :



Chers Frères dans le Christ,



En évoquant la vitalité religieuse de votre pays, vous venez de réaffirmer votre volonté de communion avec le Successeur de Pierre et toute votre visite ad limina consolide vos liens avec l’Eglise de Rome. Avec grande joie, nous vous accueillons et vous remercions de ce témoignage. Nous saluons avec une particulière attention les Evêques qui viennent ici pour la première fois, et Mgr Roger Mpungu, qui vient d’assumer la charge que nous lui avons confiée d’Administrateur Apostolique du diocèse de Muyinga. Soyez tous les bienvenus ! Notre pensée englobe aussi avec vous le cher Mgr Joseph Martin, ancien Evêque de Bururi, qui a consacré toute sa vie à votre cher pays ; nous sommes heureux que vous ayez joint votre démarche à la nôtre pour que ses mérites soient reconnus.

En ce temps pascal, notre regard se tourne vers le Christ ressuscité, continuellement présent à son Eglise, après avoir subi l’épreuve de la Passion, et lui insufflant l’Esprit Saint. Manifestement, les progrès étendus et rapides de l’Eglise catholique au Burundi, après quelque soixante-quinze ans d’apostolat missionnaire, sont un signe de cette Présence. Vos compatriotes ont su accueillir la foi chrétienne et constituer une Eglise vivante avec les moyens de son rayonnement: catéchuménat, écoles, séminaires. « Que Celui qui a commencé en vous cette belle oeuvre en poursuive l’achèvement » comme le souhaitait l’Apôtre Paul aux chrétiens de Philippes (cf. Ph
Ph 1,7).

Les quelques mots que nous ajoutons n’ont pour but que de souligner vos propres préoccupations et d’encourager vos efforts.

La foi chrétienne a donc pris racine rapidement dans le coeur de nombreux fidèles : il s’agit maintenant de l’approfondir toujours davantage. C’est le fruit d’une catéchèse appropriée dont vous avez bien saisi l’importance : elle leur fera mieux comprendre, au regard de leur sensibilité africaine, la merveille du salut du Christ Jésus, et leur permettra de la célébrer et d’en vivre, personnellement et en communauté.

Evangéliser, ce n’est pas seulement annoncer ce salut et solliciter des gestes religieux, c’est confronter sans cesse notre vie, nos comportements, nos mentalités, nos projets, à la charte des Béatitudes, aux exigences de l’amour que le Christ attend de ses disciples. C’est une oeuvre de longue haleine et, là aussi, nous encourageons le soin que vous apportez à la formation des consciences. Nous devons témoigner d’une vie nouvelle, que le Christ rend possible et qui s’élève courageusement au-dessus des moeurs de ce monde, comme l’Apôtre des Gentils le souligne à la fin de chacune de ses épîtres (cf. Col Col 3).

17 Cette oeuvre catéchétique et morale requiert les moyens qui ont le plus de chance de toucher les adultes et les jeunes. Les adultes chrétiens ont besoin d’une formation doctrinale pour rendre compte de l’espérance qui est en eux (cf. 1P 3,15) et chercher une application efficace de principes sociaux cohérents avec leur foi, sans céder à la tentation d’idéologies et de pratiques étrangères qui ruineraient leur vie chrétienne et l’humanisme de leur vie sociale, car elles sont incapables, malgré leurs promesses, d’assurer un développement intégral et équitable pour tous. Pour les enfants et les jeunes, les écoles catholiques méritent vraiment d’être soutenues, même au prix de certains sacrifices, car, comme le montre l’expérience de beaucoup de pays, elles permettent de réaliser, de façon profonde et constante, une symbiose de la foi et de la culture, à conjuguer avec l’éducation des parents et des communautés chrétiennes.

Tout ce que vous faites en particulier pour consolider la compréhension, la paix, la collaboration, la justice, disons l’amour, entre les différentes familles et ethnies burundaises constitue à coup sûr un témoignage spécifiquement chrétien et un service capital pour l’avenir de votre pays.

Cette unité doit d’abord briller entre vous, Pasteurs, entre vos prêtres, entre religieux et religieuses, entre vos communautés chrétiennes. Elle est le signe de l’Esprit Saint qui vous à établis gardiens pour paître l’Eglise de Dieu (cf. Ac Ac 20,28). Elle témoigne de l’originalité des chrétiens. Elle prolonge l’expérience typique de l’Eglise primitive : « Voyez comme ils s’aiment » (Tertullien, Apologeticus n. 39, P.L. 1, 471). Elle est exigée par le bien commun de l’Eglise. Nous nous réjouissons donc de tout ce que vous ferez pour susciter une collaboration fraternelle dans la pastorale.

En tenant compte du précieux concours que continuent à vous apporter vos frères étrangers, nous encourageons les louables efforts que vous faites pour préparer les nombreux pasteurs dont votre Eglise a besoin : prêtres séculiers et religieux. Nous constatons avec joie que la vie religieuse est florissante chez les femmes. C’est un bon signe et une espérance pour l’avenir. Nous savons aussi l’aide de premier plan qu’apportent les catéchistes et les laïcs qui prennent en charge un secteur de l’apostolat : leur formation, leur soutien doivent constituer une part importante du ministère sacerdotal.

Ainsi seront rassemblées toutes les forces vives de l’Eglise au Burundi, pour le progrès religieux et humain de votre peuple, et pour l’exemple qui en résultera en cette partie de l’Afrique.

En tous les domaines que nous avons évoqués, la sollicitude du Saint-Siège, qui vous est manifestée notamment par notre Nonce Apostolique, n’a pour but, vous le savez, que de fortifier cette cohésion, soutenir votre courage, raffermir votre espérance, vous aider en un mot, dans le respect de vos particularités et dans la communion avec l’ensemble de l’Eglise.

Nous accompagnons nos voeux paternels d’une particulière bénédiction apostolique pour chacun de vous, et nous l’étendons de tout coeur à vos collaborateurs et à tous vos diocésains.








20 avril



LA CONFESSION, SACREMENT DE PÉNITENCE ET DE RÉCONCILIATION





Visite « ad limina » d’un groupe d’Evêques USA

Le 20 avril, le Saint-Père a reçu en audience, à l’occasion de leur visite canonique « ad limina », les Evêques de la II° Région pastorale des Etats-Unis. Etaient présents, avec le Cardinal Terence Cooke, Archevêque de New York, les Evêques d’Albany, de Brooklyn, de Buffalo, d’Ogdenburg, de Rochester, de Rockville Center, l’Archevêque Coadjuteur du Vicariat militaire ainsi que plusieurs Evêques auxiliaires. A l’adresse d’hommage du Cardinal Terence Cooke, Paul VI a répondu par un discours en langue anglaise dont voici la traduction :



Vénérables et chers Frères,



18 Au nom du Seigneur : « La paix soit avec vous » (Jn 20,19). Nous attendions ce jour avec impatience, et maintenant nous pouvons vous accueillir avec joie, avec très grande joie.

Pour un bref moment, vous êtes revenus au centre de l’unité ecclésiale, loin du champ de votre activité pastorale ; fidèles à la tradition de l’Eglise, vous êtes venus « voir Pierre » (Ga 1,18). Et vous apportez avec vous les espoirs et les aspirations de plus de six millions de fidèles catholiques de l’Etat de New York. En vous, Pasteurs des Eglises locales, nous embrassons dans l’amour du Sauveur, tout le Peuple de Dieu. Ainsi, en vérité, par la volonté du Seigneur, tous vos fidèles sont-ils nos fils et nos filles dans la communion de l’Eglise universelle, et c’est avec une grande affection paternelle que nous désirons les confirmer tous, en union avec vous, leurs Evêques, dans la foi en Jésus-Christ, le Fils du Dieu vivant.

Pour nous, vos diocèses sont vraiment dignes d’honneur et d’attention pastorale toute spéciale. Vous êtes les héritiers d’une grande tradition de sainteté ! Le sang des martyrs nord-américains a sanctifié votre sol. En outre, Sainte Françoise Cabrini, Sainte Elisabeth Ann Seton et Saint John Neumann ont vécu un certain temps chez vous. Vous êtes également les héritiers d’une grande richesse ethnique. Nous pensons à ces nombreux immigrants — et peut-être même vos propres parents — qui ont été s’installer en Amérique, à New York. Et nous même, nous nous souvenons avec gratitude de votre hospitalité.

Par cette visite d’aujourd’hui, vous faites profession de foi en l’Eglise comme communion de foi et d’amour, édifiée sur le Christ Jésus, et une visiblement dans le Successeur de Pierre. Et en étant assemblés aujourd’hui, nous savons que le Seigneur Jésus se trouve avec nous. Et nous croyons en toute confiance que, par la puissance de l’Esprit, vous sortirez d’ici avec une énergie renouvelée et une vigueur renforcée pour poursuivre votre ministère d’évangélisation : proclamer le Christ, prêcher le Royaume et sa venue.

Pendant quelques instants, nous aimerions réfléchir avec vous sur un « aspect fondamental de l’Evangile » : l’appel du Christ à la conversion. Ce thème de la conversion a été annoncé par Saint Jean-Baptiste : « Réformez votre vie » (Mt 3,2). Ces mêmes mots ont été, plus tard, répétés par Jésus lui-même (cf. Mt Mt 4,17). Et, de même qu’il leur a enseigné lui-même son message, le Seigneur leur a demandé d’en faire le sujet de leurs prédications (cf. Lc Lc 24,27). Le jour même de la Pentecôte, fidèle au commandement du Christ, Pierre proclamait qu’il fallait se repentir pour obtenir la rémission des péchés (cf. Ac Ac 2,38). Et Saint Paul, lui aussi, a dit clairement : « J’ai prêché un message de réforme et de conversion à Dieu » (Ac 26,19).

Chers Frères, cet appel à la conversion nous a été fait par Jésus lui-même : il doit avoir une grande signification dans nos propres vies, et nous encourager toujours à une incessante et intrépide proclamation au monde. A diverses occasions nous avons dit que la conversion est tout un programme, lié à l’action de renouvellement de l’Evangile (Audience générale du 9 novembre 1977). Comme telle, la conversion constitue le but que doit atteindre notre ministère apostolique: Réveiller la conscience du péché dans sa permanente et tragique réalité, la conscience de sa dimension personnelle et sociale, et faire comprendre que « là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5,20), et, enfin, proclamer le salut en Jésus-Christ.

Aujourd’hui, nous souhaitons nous entretenir avec vous, fidèles amis Evêques, et avec nos chers prêtres en Amérique, et plus particulièrement au sujet de certains aspects sacramentels de la conversion, de certaines dimensions du Sacrement de la Pénitence ou de la Réconciliation. Il y a six ans, selon notre mandat et avec notre approbation, la Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi a promulgué des Normes Pastorales, réglementant l’absolution sacramentelle générale. Ce document intitulé Sacramentum Penitentiae a rappelé le solennel enseignement du Concile de Trente au sujet du précepte divin de la confession individuelle. Le document reconnaît également les difficultés que peut rencontrer le fidèle en certaines régions où le manque de prêtre ne rend pas aisée la confession individuelle. Des dispositions sont prévues pour permettre une absolution générale en cas de grave nécessité et les conditions qui constituent cette grave nécessité ont été clairement déterminées (Norme n. 3).

Selon ce document il appartient à l’Ordinaire du lieu, après consultation avec d’autres membres de la Conférence Episcopale, de décider si les conditions nécessaires prévues par le Siège Apostolique et spécifiées dans la norme n. 3 se trouvent réalisées. Les Ordinaires ne sont pas autorisés à apporter des changements aux conditions requises ou de décider sur l’état de grave nécessité selon leur opinion personnelle, même si elle est digne de mérite. Le document Sacramentum Penitentiae affirme en effet que les normes gouvernant la discipline fondamentale du ministère ecclésial de la réconciliation est une matière qui concerne toute l’Eglise universelle et qui doit être réglée par son autorité suprême. Ce qu’il y a de si important dans l’application des normes, c’est l’efficacité générale du ministère ecclésial fondamental de la réconciliation en harmonie avec les intentions du Christ, Notre Sauveur. Dans la vie de l’Eglise, l’absolution générale ne doit pas dépendre d’une option pastorale habituelle ou être adoptée selon une idée personnelle en présence d’une situation pastorale difficile. Elle est permise exclusivement dans des situations de très grave nécessité, comme il est indiqué dans la norme n. 3. Il y a un peu plus d’un an nous avons attiré publiquement l’attention sur le caractère tout à fait exceptionnel de l’absolution générale (Audience générale du 23 mars 1977).

Chers Frères, nous vous rappelons également les termes de notre Lettre aux Evêques américains à l’occasion du bicentenaire de l’Indépendance de votre pays : « Nous vous demandons de réserver la plus grande attention à la question de la confession faite de vive voix » (AAS 68, 19766, p. 410). Et aujourd’hui nous y ajoutons de manière très explicite : Nous vous demandons un très fidèle respect des normes. C’est la fidélité même à la communion dans l’Eglise universelle qui l’impose ; et, en même temps, cette fidélité sera la garantie de l’efficacité surnaturelle de votre ministère ecclésial de réconciliation.

De plus, nous vous demandons, à vous les Evêques, d’aider vos prêtres à apprécier toujours plus la splendeur de leur ministère de Confesseurs (cf. Lumen Gentium, LG 30). L’expérience séculaire confirme l’importance de ce ministère. Et si les prêtres comprennent profondément combien, grâce au sacrement de la Pénitence, ils collaborent étroitement, avec le Sauveur, dans cette tâche de conversion, ils se livreront avec un zèle croissant à ce ministère. Il importe que de nombreux confesseurs soient à la disposition des fidèles. D’autres tâches peuvent, par manque de temps être renvoyées, ou abandonnées, mais pas la confession. L’exemple de Saint Jean Vianney est toujours actuel. L’exhortation du Pape Jean XXIII dans son Encyclique Sacerdoti Nostri Primordia a gardé toute son importance.

A plusieurs reprises nous avons demandé que la fonction capitale du Sacrement de la Pénitence soit sauvegardée (cf. Audiences Générales du 3 avril 1974 et 12 mars 1975). Et il y a deux ans, lorsque nous avons béatifié le Père capucin Léopold de Castelnovo, nous avons souligné qu’il était parvenu à la sainteté la plus élevée grâce à un ministère dédié au Confessionnal.

19 Nous sommes certain que les conditions où se trouve l’Eglise aujourd’hui — dans vos diocèses comme partout ailleurs — sont mûres pour que les fidèles recourent de manière plus nombreuse et fructueuse au sacrement de la Pénitence, conformément à l’Ordo Paenitentiae, et que les prêtres intensifient leur ministère de la Confession ; ceci aura comme fruits une plus grande sainteté et plus de justice dans la vie des prêtres et des fidèles. Mais le plein accomplissement de ce renouveau dépend, avec la grâce de Dieu, de votre propre vigilance et fidélité. Cela requiert que vous soyez des guides attentifs et de sérieux maîtres de spiritualité. En outre, en ce qui concerne la pratique des confessions fréquentes, nous vous demandons de rappeler à vos prêtres, aux religieux et aux laïcs — à tous les fidèles en quête de sainteté — ce qu’a dit notre prédécesseur Pie XII : « Ce n’est pas sans l’inspiration de Saint-Esprit que cette pratique a été introduite dans l’Eglise » (AAS 35, 1943, p. 235).

Un autre aspect important de la discipline pénitentielle est la pratique de la première confession qui doit précéder la première communion. Nous lançons ici un appel pour que les normes du Siège Apostolique ne soient pas détournées de leur signification à cause de pratiques contraires. A ce propos nous vous répétons ce que nous avons dit l’an dernier à un groupe d’Evêques en visite « ad limina »: « Le fidèle serait à juste titre scandalisé si d’évidents abus étaient tolérés par ceux qui ont reçu la charge de l’épiscopat à qui incombe, depuis les temps les plus anciens de l’Eglise,-le devoir de vigilance et d’unité » (AAS 69,1977, p. 473).

Il y a de nombreux autres aspects de la conversion dont nous aurions aimé nous entretenir avec vous. Mais il faut conclure, et nous vous demandons de manière pressante, d’emporter chez vous ce message de confiance pour vos populations : « Jésus est notre espérance » (
1Tm 1,1). Par la puissance de sa Résurrection et la force de sa Parole, exhortez les fidèles à poursuivre tout au long de la vie le processus de conversion, bien certains que : « l’oeil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu, rien n’est montré au coeur de l’homme de tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1Co 2,9).

Vénérables Frères : nous vous remercions profondément pour votre communion dans l’Evangile et nous demandons au Seigneur Jésus de vous renouveler dans son amour.

Et à tous vos prêtres et diacres, à vos religieux et laïcs, nous adressons notre salut de paix et donnons notre bénédiction apostolique : au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit ! Amen !






8 mai



UNITÉ ET FIDÉLITÉ DANS LE COMBAT POUR LA JUSTICE





Le lundi 8 mai, le Pape Paul VI a reçu en audience un groupe d’Archevêques et d’Evêques du Nicaragua venus à Rome pour leur visite « ad limina ».

Répondant à l’adresse qui lui était faite, le Saint-Père s’est exprimé en castillan à ses visiteurs. Voici la traduction de son discours :



Vénérables Frères et très chers Fils,



Nous ressentons une grande satisfaction dans cette réception collective que nous vous accordons aujourd’hui, à vous pasteurs du peuple de Dieu au Nicaragua, vous qui venez accomplir à Rome votre « visita ad limina Apostolorum » pour y « voir Pierre ».

La profonde expérience ecclésiale que nous procure ce moment fait résonner dans notre âme, avec une plus grande intensité, la sollicitude constante que nous ressentons à l’égard de toutes les Eglises et en particulier de celles qui sont confiées à vos soins immédiats, qui s’ajoutent à notre charge de Pasteur suprême.

20 Dans la charité ineffable qui nous unit tous au Christ Seigneur, nous voulons tout d’abord confirmer vos efforts et vos espérances, accorder une reconnaissance méritée à votre fidélité à l’Eglise et vous remercier du généreux dévouement que vous lui consacrez, sans ménager vos énergies et vos sacrifices. C’est notre hommage public rendu à votre tâche silencieuse et parfois incomprise au milieu de difficultés nombreuses et non négligeables.

Nous n’ignorons pas en effet, la situation complexe que traversent l’Eglise et la société civile dans votre pays. Cette situation requiert une attention vigilante, pour vous permettre de donner toujours une opportune parole d’Eglise qui puisse guider prudemment vos fidèles dans une juste voie et éviter des prises de position qui puissent se révéler moins constructives dans le domaine ecclésial ou social.

Pour mieux atteindre ces objectifs, une cordiale cohésion et une unité de vues de la part de l’épiscopat sera une grande aide, en étroite communion avec le représentant pontifical dont, nous l’espérons, l’authentique esprit de service de l’Eglise rencontre une large correspondance dans votre pays. Tout cela vous facilitera également l’établissement d’un dialogue ouvert et constructif avec les autorités civiles, dans le cadre d’un respect des compétences mutuelles et’ des droits de chacun, dans une fidélité aux exigences irrévocables du ministère pastoral, et dans le désir d’éviter au pays des moments plus douloureux et plus difficiles. Ceci en même temps contribuera à signaler avec clarté des finalités strictement religieuses dans certains milieux de la vie ecclésiale, comme vous l’avez fait récemment. Cette attitude qui est la vôtre devra, en outre, être accompagnée d’une sensibilité particulière pour répondre avec fidélité à l’appel des plus pauvres pour vous transformer en défenseurs des légitimes intérêts de ceux qui ont besoin de vous, en évitant avec un sage discernement toute manipulation de l’Eglise en vue d’objectifs qui ne la concernent pas spécifiquement.

Dans cette circonstance particulière, nous voulons aussi vous exhorter à redoubler votre engagement et celui de vos collaborateurs pour une écoute attentive des aspirations de vos fidèles désireux surtout de ce que l’Eglise peut leur donner : la force intérieure pour s’engager dans une authentique vie chrétienne, qui ne récuse pas les réalités du monde présent mais qui reste toujours ouverte au surnaturel et à son plein accomplissement dans l’au-delà.

Il faut, pour cela que toutes les forces disponibles soient utilisées au maximum. Il ne s’agit pas seulement de dénoncer les déficiences. Il faut aussi et surtout s’employer au bénéfice d’une action sociale et dévouée, oeuvre de suppléance et d’aide: nombreux, en effet, sont ceux pour qui les oeuvres de la justice et, à plus forte raison, celles de la charité sont nécessaires.

Et finalement nous voudrions conclure ces paroles par une note d’espérance. Celle qui nous vient de la vitalité spirituelle bien connue de votre peuple et de sa riche tradition chrétienne et civile, que nous apprécions tellement et qui nous console tant. Nous sommes persuadés que comme fruit de votre action évangélisatrice, jailliront au Nicaragua de nouvelles énergies qui provoqueront une nouvelle floraison de la vie de l’Eglise.

C’est ce que nous espérons et que nous demandons au Seigneur avec un souvenir particulier pour les âmes consacrées: les prêtres, les religieux, les religieuses, ceux qui aspirent à une vie d’engagement total. Portez-leur, ainsi qu’à tous vos fidèles, notre salut affectueux et notre souvenir paternel auquel nous joignons de tout coeur une bénédiction apostolique toute spéciale.






12 mai



APPEL AU SERVICE EXCLUSIF DE L’ÉVANGÉLISATION





Vendredi matin, 12 mai, le Saint-Père a reçu en audience dans la Salle du Consistoire les membres du Conseil Supérieur des Oeuvres Pontificales Missionnaires.

A l’adresse que lui adressait au nom des présents le Cardinal Agnelo Rossi Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, le Pape a répondu par le discours suivant, prononcé en français :



Chers Frères et chers Fils,



21 En cette avant-veille de la Pentecôte, il Nous est particulièrement agréable et réconfortant de vous accueillir, vous qui portez la charge importante des Oeuvres Pontificales Missionnaires, comme membres de leur Conseil supérieur à Rome ou dans vos pays respectifs, ou qui présidez les Commissions épiscopales pour les Missions.

Dans cet entretien, Nous avons surtout à coeur de contribuer à l’affermissement de vos convictions et au renouvellement de votre ardeur apostolique.

Le testament du Christ est sacré : « Allez, enseignez toutes les nations... » (
Mt 28,19). Ce testament ne saurait être réduit, manipulé, pas plus que tant d’autres consignes évangéliques, telle celle de la parabole du Bon Pasteur : « J’ai d’autres brebis encore, qui ne sont pas de ce bercail ; celles-là aussi, je dois les conduire ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur, » (Jn 10,16). Et si le Peuple de l’Ancienne Alliance fut choisi et mis à part pour préparer la venue du Sauveur universel, le Peuple de la Nouvelle Alliance est bien celui des deux bras largement ouverts, comme ceux du Christ qui ne cessent d’appeler à Lui l’humanité tout entière, pour lui communiquer la connaissance du vrai Dieu et la vie en abondance (cf. Jn Jn 17,3 et 10, 10).

Ce testament du Christ, ce geste du Christ en Croix, qu’en faisons-nous ? Qu’en fait le Peuple chrétien ? Certes, est-il besoin de le redire, il exclut toute contrainte qui forcerait les non-chrétiens ou les incroyants à accomplir des démarches fictives de foi (cf. Déclaration Dignitatis Humanae, DH 10). Mais, en notre époque de relativisme et d’indifférentisme, l’attitude opposée de l’attente pure et simple, sans engagement aucun, serait une trahison du Christ Sauveur, un oubli de ses bras cloués sur la croix et ouverts sur toute l’humanité. On n’attend pas les hommes tranquillement chez soi, quand il s’agit de les sauver ! Nous l’avons dit et redit : l’évangélisation ne saurait se confondre avec le seul développement des besoins terrestres de la personne humaine ou l’amélioration des structures sociales ! Certes les chrétiens doivent être bien présents au rendez-vous des situations et des mutations du monde de leur temps, mais avec l’Evangile, intégral, et non avec des idéologies passagères, parfois pernicieuses. Les valeurs qu’une époque ou une culture mettent au premier plan peuvent porter des menaces d’aliénation nouvelle. L’évangélisation hier comme aujourd’hui, demain et toujours, est un long travail d’approche, d’amitié, de dialogue, et d’éducation au discernement spirituel, à la lumière du Christ et de son Evangile. Et si l’avenir de l’Eglise repose avant tout sur les promesses du Christ et l’assistance de l’Esprit de Pentecôte, il repose de façon inséparable sur la foi de chaque chrétien et sur sa fidélité, dans l’Esprit Saint, à l’annonce prioritaire de l’Evangile sans accommodations aux goûts du jour ou de chacun !

L’évangélisation touche le mystère du Corps mystique du Christ. L’histoire est précisément le lieu de sa réalisation. Les nations si nombreuses et si diverses, les générations qui se succèdent avec leurs ressemblances et leurs différences, les cultures qui meurent et qui naissent, les innovations de la pensée et de la science, ne sont pas des répétitions ou des variations sans importance. Leur diversité prend ici tout son sens. En effet, elle appelle à l’intégration, dans la plénitude du Corps mystique du Christ (cf. Ep 1,23), tous les hommes marqués par les phases .successives de l’histoire, et cela à travers les nécessaires purifications et les achèvements de l’Evangile. L’espérance du « Christ achevé » suscite sans cesse l’évangélisation pour le renouvellement de l’homme et du monde (cf. Rm 8,18-22 const. Gaudium et Spes GS 39). Le travail accompli depuis 2000 ans est immense. Celui qui s’ouvre à nous est également immense. Cette vision ne doit pas nous affliger, elle doit nous stimuler.

En terminant nous voudrions vous exhorter de toutes nos forces à poursuivre et même à renouveler toujours votre magnifique travail d’éducation ou de rééducation du peuple chrétien, à l’échelon des paroisses, des diocèses et des mouvements apostoliques de vos pays respectifs. Il y a, avec l’indispensable prière missionnaire à toujours entretenir, une apathie à secouer, des équivoques à dissiper, des lumières à projeter dans les consciences des fidèles et des pasteurs. Nous souhaitons également que l’appel au service exclusif de l’évangélisation soit plus clairement et courageusement proclamé. Le travail souvent merveilleux, accompli par nombre de coopérants chrétiens dans les pays en voie de développement, a connu beaucoup d’écho dans le coeur des jeunes. Les Eglises locales ont aussi l’impérieux devoir d’appeler au service spécifique de l’évangélisation. Il Nous semble que des communautés chrétiennes peut-être modestes mais plus évangéliques, devraient donner de nouveaux ouvriers pour la moisson. Enfin, Nous comptons encore et toujours sur votre zèle, votre savoir-faire, pour toucher le coeur des chrétiens qui vivent, sinon en situation d’abondance, du moins en situation d’aisance, pour qu’ils tirent toujours davantage les conséquences de leur appartenance à l’Eglise universelle. A ce sujet les premières communautés chrétiennes nous donnent toujours le chemin à suivre. Oui, ceux qui possèdent possèdent pour tous ! Et Nous précisons bien, en songeant aux sommes importantes — Nous nous en réjouissons d’ailleurs — qui sont trouvées pour le développement des peuples dans le besoin, qu’il s’agit de maintenir et d’augmenter les ressources des Oeuvres Pontificales Missionnaires destinées à l’évangélisation proprement dite et à ceux qui y consacrent leurs forces et leur vie.

Tels sont les sentiments qui remplissent notre coeur, et que Nous vous demandons de partager avec vos collaborateurs et les chrétiens de vos divers pays. Ils rejoignent en les éclairant les thèmes qui sont l’objet de votre session : les problèmes de la catéchèse missionnaire, le rôle et l’activité du Directeur national des oeuvres Pontificales Missionnaires, et des Commissions épiscopales pour les Missions représentées pour la première fois en cette Assemblée générale. Merci de votre visite. Merci pour votre excellent travail d’Eglise. Courage et confiance ! Paix et joie ! Avec notre Bénédiction Apostolique !






20 mai




Discours 1978 15