Notes Récréations Pieuses 1

Notes des 8 Récréations Pieuse de Ste Thérèse







INTRODUCTION GENERALE AUX RECREATIONS PIEUSES.


RECREATIONS AU CARMEL

Il faut remonter à la fondatrice espagnole de la réforme, Teresa de Jésus elle-même (1515-1582), pour comprendre la signification des récréations dans les monastères de carmélites réformées. Pleine de bon sens et de sain réalisme, la « Madre », sachant l'austérité de la vie qu'elle proposait à ses filles, ne voulait pas qu'elles se tendent à l'excès et deviennent « mélancoliques ». Une vie de prière continuelle dans la solitude et le silence, en communauté cloîtrée d'une vingtaine de femmes, n'est possible, avec la grâce de Dieu et une véritable vocation, que dans un équilibre dont les Constitutions thérésiennes dosent les éléments avec un art né de l'expérience. Les récréations font donc partie intégrante de la vie carmélitaine. Et, au-delà du quotidien, il y a les Fêtes, liturgiques et communautaires, qui rompent la monotonie des jours.
Noël, qui célèbre le mystère de l'lncarnation, est particulièrement mis en valeur. Mais aussi les Fêtes des saints, spécialement des martyrs. De tout cela a jailli un « théatre » où le chant a une grande part et où se mêlent délassement et édification. Chaque carmel français a reçu ces traditions récréatives et avec le temps, a engendré sa propre manière de faire.
A Lisieux, au temps de sainte Thérèse, parmi les fêtes de la
communauté, la plus importante était celle de la prieure: elle
s'étendait sur deux jours et les novices jouaient une pièce sérieuse et soignée. Le 29 juillet, Fête de sainte Marthe, les soeurs converses étaient à l'honneur. Trois jours après Noël se présentait la fête des Saints-Innocents; le style était beaucoup plus détendu, avec l'élection d'une prieure d'un jour. En 1897, les carmélites fêtèrent le jubilé d'or de soeur Saint-Stanislas des Sacrés-Coeurs.
Lorsque Thérèse Martin entre au Carmel, l'organisatrice « officielle » des fêtes récréatives est sa soeur Pauline, soeur Agnès de Jésus, vingt-sept ans. Dès le 21 juin 1888, la postulante jouera sainte Agnès, et le 25 décembre 1889, elle incarnera la Vierge Marie dans Le premier Rêve de l'Enfant-Jésus « La Communauté en resta profondément émue et des larmes coulèrent de tous les yeux » (note de Mère Agnès).
Très vite donc, la postulante, puis la novice a été initiée à ce genre de récréations théâtrales et y a pris une part importante. Ces rôles n'ont pas été pour elle des « divertissements », mais une expérience spirituelle profonde dont ses écrits, par la suite, témoigneront. Plus tard, elle jouera Jeanne d'Arc avec la même conviction.
Lorsque le 20 février 1893, soeur Agnès de Jésus est élue prieure, il n'est plus question qu'elle puisse organiser les fêtes de la communauté, d'autant moins que les principales la concernent . La sous-prieure n'étant pas douée pour ce genre d'activité, Mère Agnès passe la main à sa soeur, Thérèse de l'Enfant-Jésus.

THERESE AUTEUR, METTEUR EN SCENE, ACTRICE

(1893- 1897 )

Ces mots sont à prendre avec un certain sourire. Car jusqu'ici Thérèse n'a écrit qu'une poésie au début de 1893. Elle inaugure sa nouvelle tâche en écrivant La Mission de Jeanne d'Arc, pour la fête de la prieure, le 21 janvier 1894 .
Comme toujours, elle ne dispose que de très peu de temps. Prière, travail, services du monastère, réunions du noviciat ne lui laissent guère de loisirs dans une vie où la cloche hache toutes ces activités .

Le choix des sujets

L'importance de la fête, parfois aussi les circonstances, déterminent la quantité de travail que Thérèse consacre à composer une récréation. La différence est grande entre les deux pièces sur Jeanne et les vingt-six couplets du Divin Petit Mendiant de Noël. Le choix des sujets a pu être débattu entre les novices . Soeur Marie de l'Eucharistie écrit à ses parents: « C'est Diana Vaughan qui nous a donné l'idée de composer cette pièce » Comme le dira soeur Marie du Sacré-Coeur: « C'était de l'actualité ». Même très brûlante, on le verra en lisant RP 7.
Autre actualité, les deux pièces sur Jeanne d'Arc puisque l'année 1894 était, en France, particulièrement centrée sur la jeune Lorraine, qui ne sera béatifiée qu'en 1909.
Cependant « l'auteur » n'abandonne pas la tradition. RP 2 , RP 5 et RP 6 appartiennent au cycle de Noël, important dans le Carmel espagnol. Au cycle de la vie des Saints appartiennent les compositions sur Jeanne d'Arc (RP 1 et RP 3 ), Jésus à Béthanie (RP 4 ), La Fuite en Egypte (RP 6 ), Saint Stanislas Kostka (RP 8 ). Six des huit pièces comportent proses et vers chantés. Ce travail d'adaptation des paroles à des mélodies choisies par Thérèse n'est pas négligeable: on compte vingt-six mélodies différentes (cf. Récréations, pp. 410ss.).

La scène, les costumes, les rôles

Le lieu des réprésentations est habituellement le chauffoir, au rez-de-chaussée, seule pièce chauffée, dans l'angle sud du cloître. La pièce possède quatre grandes fenêtres et trois portes qui facilitent les opérations en coulisses qu'un rideau tendu - ou des paravents - peut délimiter. Il est possible que RP 5 et RP 6 aient été jouées à la salle du chapitre, au premier étage, où était montée une vaste crèche au temps de Noël . Le décor déjà en place a pu favoriser la représentation en ce lieu des pièces du cycle de la Nativité .
Dans les greniers du Carmel se trouvait une malle pleine de divers déguisements: robes, perruques, objets variés pour la mise en scène. Pour compléter, on aura recours aux familles et aux amis, aux Guérin notamment.
Le jour même de la représentation, c'est toujours une heureuse surprise que de découvrir ses compagnes déguisées sur la scène. Les « actrices » devaient mémoriser leur rôle au maximum, mais pouvaient aussi recourir à la copie de leur rôle gardée en main (texte copié en caractères bien lisibles, avec la fin des répliques des partenaires).
Le noviciat assume tous les rôles, quitte à faire appel à certaines soeurs de la communauté en cas de besoin. Soeur Thérèse a tenu le rôle principal dans cinq des huit compositions. Successivement, elle a incarné Jeanne d'Arc (RP 1 et 3), Jésus (RP 4), Marie (RP 6) et son propre rôle de « maîtresse des novices » (RP 7). Il faut y ajouter « l'Ange de l'Enfant Jésus » (RP 2).
D'après le témoignage de soeur Marie-Madeleine, « dans nos petites fêtes du noviciat, elle demandait les rôles les plus effacés, prétextant qu'ils iraient bien à sa voix rauque, mais on lui faisait faire les plus beaux qu'elle faisait si bien » (NPPO, 6/3/1910).

THERESE FACE A SA COMMUNAUTE

Au plan théâtral, soeur Thérèse n'a aucun métier et d'ailleurs ne nourrit aucune prétention. Son seul souci est d'obéir, de faire plaisir, « de faire du bien ». Ce genre d'expression particulier qu'est le théâtre a autour d'elle, pour l'instant, une influence bien plus réelle que ses autres écrits. Avec la composition des récréations, elle s'engage plus encore que dans ses poésies. Non seulement en jouant des rôles importants dans lesquels elle s'investit beaucoup, mais surtout en écrivant des textes qui la font sortir de l'ombre d'une vie cachée.
Rien n'est plus étranger à soeur Thérèse que de vouloir profiter d'une tribune privilégiée pour « faire la leçon » à ses soeurs. Mais il est vrai aussi qu'elle a ici la parole et qu'elle n'aime que la vérité. Sa fonction au noviciat se prolonge sur la scène. Le Triomphe de l'Humilité (RP 7) où elle joue son propre rôle de maîtresse des novices en est un bon exemple. Jamais elle ne profitera de sa situation pour faire passer « ses idées », mais jamais non plus elle ne renoncera à faire découvrir la Miséricorde de Dieu .
Elle ressent douloureusement les conflits qui agitent ses soeurs, par exemple lors de l'élection d'une prieure (1893 et 1896) et les oppositions entre les partisans de Mère Marie de Gonzague et le « groupe Martin » (Cf.PA p.XXI). Jamais elle ne fera allusion à ces petitesses mais toujours elle élèvera le débat, rappelant ce qui est essentiel dans la vie carmélitaine: l'amour du Christ, la charité fraternelle, la prière pour les pécheurs et les prêtres, l'esprit missionnaire, l'humilité. Elle n'hésite donc pas à faire dire sur la Scène des vérités fondamentales, même si elles vont à contre-courant.
Ainsi, dès sa seconde récréation, Les Anges à la Crèche de Jésus, l'ange vengeur du Jugement qui devait rallier les spectatrices soucieuses des droits de la Justice de Dieu, doit-il s'agenouiller in extremis à la voix miséricordieuse de l'Enfant Jésus: Lui seul jugera le monde.
Y a-t-il quelques conflits larvés entre les soeurs choristes et les converses, parfois tentées de comparer leurs vocations? Dans Jésus à Béthanie, Thérèse rassure les Marthe et les Marie-Madeleine de la communauté: le Sauveur ne choisit pas, il aime chacune des deux soeurs. Ce qui compte, c'est l'amour.
Les carmélites sont-elles inquiètes devant la menace des lois anticléricales qui menacent leur existence et se passionnent-elles pour le combat que mène l'ex-franc-maçonne « Diana Vaughan »? Thérèse n'élude pas les questions d'actualité, mais souligne nettement que le combat est d'abord spirituel: le véritable triomphe sur les forces du mal sera celui de l'humilité: « Pour Lui, restez toujours petites » (RP 7, sc. 6).
Remarquons que dans trois récréations sur huit, on assiste à un retournement, une « conversion » de la crainte à l'amour (Jeanne en RP 1; l'Ange du Jugement en RP 2; Marthe en RP 4). Souci constant de Thérèse qui souhaite que certaines de ses soeurs découvrent, au-delà des relents de jansénisme craintif qui empoisonnent encore leur existence, le primat de l'amour. Mais il n'est pas certain que ses appels aient été vraiment entendus et compris.
De même, les soeurs n'ont sans doute pas deviné les confidences voilées par la fiction théatrale, qui font des récréations un complément autobiographique des Manuscrits, des lettres et des poésies.
L'exemple le plus frappant est évidemment celui des deux pièces sur Jeanne d'Arc . Sans elles, on ne pourrait mesurer la profonde influence de la jeune Lorraine sur la carmélite et on ignorerait le mystérieux pressentiment qui habitait celle-ci lorsqu'elle décrivait l'agonie et la mort de sa Ó soeur chérie » (MSB 3,1r). Elle-même n'en a pris conscience qu'au cours de sa maladie lorsqu'elle confiait à Mère Agnès de Jésus: « J'ai relu la pièce de Jeanne d'Arc que j'ai composée . Vous verrez-là mes sentiments sur la mort; ils sont tous exprimés » (CJ 5.6.2).
Ne confiait-elle pas aussi à soeur Marie de la Trinité, à propos de RP 8: « Ce qui m'a plu en composant cette pièce, c'est que j'ai exprimé ma certitude qu'après la mort on peut encore travailler sur la terre au salut des âmes . Saint Stanislas, mort si jeune, m'a servi admirablement pour dire mes pensées et mes aspirations à ce sujet.» (VT, n 75, juillet 1979, pp. 229s. Cf. PO, pp. 469s.)
Enfin ce théatre confirme la familiarité étonnante de la jeune carmélite avec l'Ecriture Sainte qu'elle cite si souvent. En trois ans et en huit récréations, elle cite 270 fois la Bible.
Selon son habitude, soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus a mis beaucoup d'amour dans la composition de ses récréations, pour la gloire de Dieu et la joie de ses soeurs. Ne fait-elle pas dire à l'un de ses personnages: « Les fêtes du Carmel ont un charme spécial, l'esprit de famille en fait surtout le cachet distinctif et c'est ce qui me ravit... » RP 7 sc. 1 )?

Notes Récréation 1

- LA MISSION DE JEANNE D'ARC -

- DOCUMENT: autographe.
- DATE: Décembre 1893/Janvier 1894.
- COMPOSITION: dialogues en prose et en vers (381), fragments poétiques chantés sur dix mélodies différentes.
- PUBLICATION: HA 98, fragment de 161 vers, dont 37 corrigés; Récréations, 1985, texte intégral.

Jeanne d'Arc est à l'ordre du jour quand Thérèse l'adopte pour sujet de sa première composition dramatique. La Mission de Jeanne d'Arc est jouéee au Carmel la semaine même où Léon Xlll déclare « Vénérable » la Libératrice de la France (27/1/1894). Tout le pays parle alors de Jeanne d'Arc et la fête, le 8 mai, en de grandes célébrations nationales. Républicains et royalistes, catholiques et anticléricaux, tous revendiquent l'héroïne nationale. A Lisieux, Céline, sa cousine Marie Guérin et leurs amies confectionnent douze oriflammes blanches destinées à orner la cathédrale Saint-Pierre qui accueillera cinq mille personnes.
Pour camper son personnage, qu'elle-même incarnera, Thérèse a certes recours à des documents autorisés (sur les sources de RP 1 et 3, cf. Récréations, pp. 289 s. et 319 s.). Mais elle se réfère surtout à une inspiration qui sommeille en elle depuis l'enfance et que l'expérience spirituelle acquise depuis lors l'aide aujourd'hui à expliciter.
C'est à l'age de huit ou neuf ans qu'elle a découvert l'héroïne française, « une des plus grandes grâces de ma vie » (MSA 32,1r et LT 224). Douze ans ont passé. Fin 1893, sa « confance audacieuse de devenir une grande Sainte » demeure intacte (ibid.). Mais après cinq années au Carmel, le constat s'impose à elle: « Me grandir, c'est impossible » (MSC 2,2v). Et cependant Dieu ne demande jamais que des ehoses possibles. Comment concilier des inconciliables?
La jeune carmélite en est là de sa recherehe quand les circonstanees la ramènent à son inspiratrice de jadis. - A son insu car l'écriture de RP 1 est d'une naïveté totale - elle projette son histoire personnelle à l'intérieur de l'histoire de Jeanne d'Arc, telle que l'ont transmise les récits populaires. Par connaturalité bien plus que par Information, elle retrouve une Jeanne d'une vérité autrement profonde que ne l'aurait fait la seule érudition.
Par exemple, lorsqu'elle donne à la paysanne de Domrémy les traits d'une « enfant... faible et timide » (à sa propre image), attirée par la solitude, la vie pauvre et cachée, la prière assidue, l'intimité avec la Vierge Marie (toutes valeurs bien carmélitaines), elle se montre fidèle à l'histoire. Les documents confirment la force de silence de Jeanne, de treize à dix-sept ans, nullement aventurière ou belliqueuse.
Mais voici sonnée pour la jeune Lorraine l'heure des ruptures en vertu d'une mission inouie: « prendre l'épée pour sauver la Patrie ». Trouble, épouvante: Jeanne se révèle (toujours à l'image de Thérèse) « d'une nature telle que la crainte la fait reculer mais avec l'amour non seulement elle avance mais elle vole » (cf. MSA 80,2v). Le jeu antithétique de l'archange saint Michel, héraut de guerre et de gloire, et de sainte Catherine, « soeur et amie » de Jeanne par l'âge et la vocation, donne vie à ce débat entre la crainte et l'amour.
Le mot de « confiance » n'est pas mentionné dans la pièce, mais son dynamisme soutient l'action, fait franchir le seuil décisif, de la peur à l'obéissance, en libérant la générosité. Jeanne ne vise plus dès lors qu'à « rendre amour pour amour » à Jésus, lui fallût-il aller au bout du monde et verser tout son sang ».
Ainsi se cristallise toute une floraison de thèmes thérésiens, exprimés avec beaucoup de fraîcheur, même si l'inexpérience dramatique est flagrante et le métier poétique balbutiant.
Le mouvement de va-et-vient de Jeanne à Thérèse, dans une réflexion prolongée, est pour la carmélite appel à un dépassement. Si, à la veille de ses vingt et un ans, elle se sent encore considérée par la communauté comme « une enfant » et, au-delà des délais canoniques normaux, comme une « novice », l'exemple de Jeanne lui montre que ce ne sont pas là des obstacles pour le « Tout-Puissant ». Au contraire. A une condition toutefois: se mettre en route avec détermination. Pour Thérèse aussi, « il faut partir », « quitter » l'univers familial (et spirituel?) de son enfance, la « mission » fut-elle encore enveloppée d'obscurité. De fait, elle tatonne plus ou moins au long de cette année 1894, où la figure de Jeanne ne la quitte guère puisqu'elle compose encore une poésie pour le 8 mai (PN 4) et mûrit RP 3 pendant l'été.
Au-delà du mérite objectif de cette première « récréation », qui est de nous offrir des personnages vrais, l'essentiel réside dans le fait que cette création enclenche une étape décisive pour la destinée de son auteur et lui fournit un surcroît de lumière pour la relecture de sa vie dans son premier cahier autobiographique, le Manuscrit A.

Le thème de Jeanne d'Arc
Abstraction faite des cahiers scolaires, cette récréation est le premier texte de la main de Thérèse concernant Jeanne d'Arc. Pour mesurer l'importance de ce thème dans sa vie et dans son oeuvre, voici les références, par ordre chronologique, des écrits et paroles sur ce sujet:
* 1894: RP 1 (21 janvier); PN 4 (8 mai).
* 1895: RP 3 (21 janvier); MSA 31,2v/32r.
* 1896: LT 182; RP 7 (21 juin); image de bréviaire; MSB 3,1r; PRI 17.
* 1897: LT 224; PN 50; paroles CJ 5,6,2; 20.7.6; 27.7.6; 10.8.4.

On possède cinq photos de Thérèse dans le rôle de Jeanne d'Arc, fin janvier 1895 (VTL n 11 à 15).

Note 1. Sous-titre: « La Bergère de Domrémy: pour Thérèse comme pour la tradition populaire, Jeanne était bergère. En réalité, Jeanne était fille de laboureurs.

Note 2. Pour la distribution des rôles, on a deux certitudes: Thérèse jouait Jeanne d'Arc, et soeur Marie du Sacré-Coeur sainte Catherine.

Note 3. Coutume en honneur au temps de Jeanne d'Arc. « Tresser une couronne... à Marie » était « la plus grande occupation » de Thérèse enfant pendant sa maladie de 1883 (MSA 29,2v) et sera l'un de ses premiers gestes à l'infirmerie (cf. CJ 11.9.3). Au soir de sa profession (8/9/1890), elle dépose « (sa) couronne aux pieds de la Sainte Vierge (MSA 77,1r).

Note 4. « Arbre des Dames » ou « arbre des Fées », dans la forêt de chênes ou « bois Chesnu ».

Note 5. Thérèse a des raisons d'utiliser ce terme de petitesse, en souvenir peut-être de l'agneau de 1888 (LT 42), mais surtout pour sa résonance biblique (Is 40,11) et parce qu'il désigne les novicez (cf. Ms C), dont elle fait encore partie en 1893-1894.

Note 6. Concilier tendresse fraternelle et don exclusif à Dieu a pu poser problème à Thérèse, à un moment donné. En janvier 1894, la réponse est claire: ces amitiés ne « déplaisent » pas à Dieu.

Note 7. « Consacrer ma virginité »: selon les Procès, l'initiative est venue de Jeanne d'Arc, dès la première intervention des voix. Quant à Thérèse, son appartenance à Jésus seul va de soi depuis toujours, puisqu'il a daigné « lui demander son coeur dès le berceau » (cf. LT 201) .

Note 8. Ce que Thérèse entendit en 1882 lorsqu'elle voulut suivre Pauline au Carmel (cf. MSA 26,1r /v) et en 1887 quand elle entreprit de réaliser sa vocation...

Note 9. Thérèse décrit sa propre option carmélitaine: recul volontaire par rapport aux « nouvelles »; cf. LT 135, sur « l'apostolat de la prlère », et LT 146, ainsi que sa remarque à soeur Geneviève, indignée par les lois anticléricales: « Ce qui nous regarde, c'est de nous unir au bon Dieu » (CSG 73).

Note 10. Un peu maladroitement, les jeux scéniques sont indiqués après coup. En résumé, les voix de Catherine et de Marguerite mettent Jeanne en « extase », celle de Michel « l'effraie »

Note 11. Par le fond et la forme, les deux premiers couplets de saint Michel annoncent RP 7 et PN 48. C'est le même combat apocalyptique, où le champion de Dieu n'a qu'un ennemi: « l'orgueil » (6v 25 et 28; 7r 7; 13v 11), et qu'un triomphe, celui de « l'humilité » (12r/v), triomphe d'autant mieux assuré qu'il s'opère par « un faible bras d'enfant » (7r 8), un « faible instrument » (16v 10-11).

Note 12. Cette offre de l'épée, d'abord repoussée (« pas encore »), puis acceptée « à genoux... avec amour » (sc. 14) après un long débat, représente l'un des noeuds dramatiques de la pièce. Thérèse porte cette épée sur les photos VTL 11, 12.

Note 13. Selon le bréviaire romain connu de Thérèse, Catherine d'Alexandrie (25 novembre) « à l'âge de dix-huit ans... l'emportait sur les plus érudits ». C'est alors qu'elle fut confrontée aux philosophes païens et vouée au martyre. - Dans cette pièce, Thérèse donne également « dix-huit printemps » à Jeanne (17v). Le héros de RP 8, saint Stanislas, meurt au seuil de ses dix-huit ans (« Au plus bel age de la vie, a 18 ans », soulignera Thérèse en écrivant à l'abbé Bellière, dans LT 247). Une fois encore, elle marque sa préférence pour les saints jeunes.

Note 14. Celle de l'Apocalypse, où la prière est efficace comme sur « la montagne » où Moïse intercède pour les combattants (cf. infra, sc. 10).

Note 15. Les saints sont done envoyés en « mission » après leur mort. En RP 8, Thérèse, à travers Stanislas, sollicitera le même privilège pour elle-même.

Note 16. Même affirmation en LT 263; cf. aussi MSB 5,2v. Cette strophe esquisse déjà une théologie de la communion des saints, si chère à Thérèse.

Note 17. Sainte Marguerite, reine d'Ecosse (+ 1093) figurait à l'époque de Thérèse au bréviaire romain au 10 juin (au 16 novembre aujourd'hui). Elle permet à Thérèse d'exploiter l'antithèse « bergère/reine », reprise bientôt en PN 10.

Note 18. Cf. les grands désirs du MSB 2,2v.

Note 19. Cf. Le P. Pichon à Thérèse en LC 82 et 87, CG, pp. 374 et 399, mais surtout le répons transcrit par elle en 1890: « Mon bien aimé est tout aimable (...) sa face inclinée me presse de lui rendre amour pour Amour » (LT 108).

Note 20. On pense naturellement à M. Martin.

Note 21. On a là un thème central de RP 1.

Note 22. En 1895, Thérèse écrira, de sa propre adolescence: « parce que j'étais petite et faible il s'abaissait vers moi » (MSA 49,1r).

Note 23. L'expression est déjà venue sous la plume de Thérèse en LT 141 (25/4/1893) et en LT 154 (27/12/1893), en référence à « l'humilité », comme ici.

Note 24. Réponse au grand doute de Charles VII; cf. RP 3, infra.

Note 25. Aux yeux de Thérèse, c'est l'objet propre de la mission de Jeanne (cf. aussi RP 3). Cette insistance ne s'entend que si, dans son esprit, l'Anglais est « hérétique ». Cet anachronisme a pu être favorisé par une thèse longtemps en faveur, selon laquelle Dieu, en suscitant Jeanne d'Arc pour « chasser l'étranger », délivrait préventivement la France du protestantisme.

Note 26. Thérèse évoquera en termes semblables, en 1895 et 1896, sa « conversion » de Noël 1886: « ll me revêtit de ses armes » (MSA 44,2v); « s'il ne m'avait lui-même armée pour la guerre » (LT 201). La réflexion sur l'épopée de Jeanne, au long de l'année 1894, influence à coup sûr la relecture de sa propre vie, que Thérèse proposera au MsA; cf. Présentation .

Note 27. Thérèse conservait dans son bréviaire une petite image de Jeanne en armure, pressant l'épée sur son coeur. Elle la caressera la veille de sa mort; cf. DE, p. 824. C'était en la fête de saint Michel. Geste éloquent de la part de celle qui voulait mourir « les armes à la main » (PN 48,5).

Note 28. Jeanne ne sera béatifiée que le 18 avril 1909 par le pape Pie X. En janvier 1909 s'ouvrait officiellement la Cause de Thérèse.

Notes Récréation 2

« - LES ANGES A LA CRECHE - »

- DODUMENT: autographe.
- DATE: première quinzaine d'octobre 1894, pour le 25 décembre.
- COMPOSITION: dialogue en prose et en vers (296) sur neuf mélodies.
- PUBLICATION: HA 98. Fragments poétiques, 261 vers dont 69 corrigés;
Récréations, 1985, texte intégral

Premier texte écrit sur Noël par Thérèse, Les Anges à la Crèche de Jésus ne sont ni folklore, ni mignardise, mais contemplation émerveillée du mystère de l'Incarnation, mystère d'abaissement par amour.
Nulle intelligence humaine ne peut le « comprendre » et c'est à des anges que l'auteur délègue la mission d'exalter « le mystère ineffable » avec une ferveur lyrique qu'on ne retrouve dans aucune autre « récréation ». Ils s'émerveillent à l'envi de la « beauté » de leur Seigneur, le « Verbe Dieu, gloire du Père », « cachée » sous un voile de plus en plus épais à mesure que se déroule le dessein divin: voile de la nature humaine, traits d'un Enfant pauvre dans les langes; bientôt sang et larmes de la Sainte Face (il n'est pas ordinaire de trouver Isaie 53 dans une composition de Noel); pierre du tombeau et enfin, « dernière limite de l'amour, l'Eucharistie ».
Une ombre cependant sur la contemplation adorante des quatre chantres du « Verbe fait enfant »: « l'ingratitude des mortels » qui « bien souvent » méconnaîtront son amour pour eux.
Ingratitude qui semble donner raison au cinquième intervenant, l'Ange du jugement dernier. Comme un instrument incongru dans une symphonie, il entonne soudain une manière de Dies irae menaçant. Qu'on y prenne garde: aujourd'hui « les traits d'un enfant nous présentent un « Dieu d'Amour ». Mais au « dernier jour » apparaîtra le « Dieu Vengeur! »
Accordés aux intentions miséricordieuses de Jésus, venu « pour racheter ses frères de la terre », les quatre « anges fidèles » en appellent à l'Enfant contre leur collègue « en courroux ». Ils sont bien tels que les décrira plus tard Thérèse: « continuellement occupés de nous sans jamais cesser de voir la Face divine » (LT 254).
Alors, l'Enfant-Jésus sort de son silence ll rassure et confirme: à tous, petits enfants innocents, prêtres (mème tièdes), justes et pécheurs, à tous sans exception Il offre son « grand amour ». Mais pareille prodigalité ne fait que porter à son comble l'indignation de l'Ange du Jugement venu pour « punir », « exterminer» et « venger ». A son glaive déjà levé, Jésus n'oppose qu'une arme, l'ultime révélation de son plan d'amour: non seulement « racheter les hommes, mais « en leur communiquant sa vie » en faire « comme autant de dieux ».
Un tel excès de misérieorde a raison de l'Ange exterminateur: à son tour, il « s'agenouille », « éperdu » d'admiration. Non seulement il rejoint ses compagnons dans leur souhait impossible de « mourir » pour Jésus par amour; mais il s'engage avec eux dans la voie de la petitesse, celle de l'enfance frayée par l'Enfant-Dieu. A son exemple, les « séraphins » n'aspirent plus qu'à assumer l'état le plus vulnérable, le plus pauvre, faible et dépendant de « l'humble créature »: « devenir enfant.
Ainsi la miséricorde a-t-elle conduit à l'enfance le Verbe du Père dans la réalité de l'Incarnation rédemptrice et les anges eux-mêmes dans la fiction récréative.

AU SEUIL DE LA PETITE VOIE

C'est aussi ce que vient de réaliser en Thérèse, fin 1894, l'Amour Miséricordieux.
Au cours de l'été précédent, deux événements familiaux lui ont révélé « quelle immensité d'amour » Dieu a pour elle (cf CJ 16.7.2). Son bien-aimé père, décédé le 29 juillet, « est allé tout droit au Ciel », elle en a rcçu un « signe » indubitable (MSA 82,2v). Comblant un de ses plus chers désirs, sa soeur Céline est entrée au Carmel le 14 septembre. Alors le coeur de Thérèse se fond d'admiration, submergé par la Miséricorde.
On a de bonnes raisons de penser que la découverte du verset biblique (Pr 9,4) dans le carnet scripturaire de Céline et la composition de RP 2 sont contemporaines (automne 1894). C'est dire l'importance des Anges à la Crèche comme témoin d'une étape importante dans l'itinéraire spirituel de Thérèse, au seuil de la voie d'enfance (MSC 3,1r).
Dans cette sorte de cantate à six voix, Thérèse partage avec sa communauté les réalités dont elle vit: contemplation de la beauté cachée de Jésus, désir de l'Eucharistie quotidienne, dignité du sacerdoce, prix de « la plus petite âme » qui aime Dieu... Certes, il n'est ici question explicitement ni d'enfance spirituelle, ni d'amour miséricordieux, mais on sent affleurer l'une et l'autre dans cette contemplation mystique, plus théologique que dramatique, où se juxtaposent et se fondent des visions en apparence bien différentes. « Les Anges à la Crèche de Jésus » témoignent des lignes de force indissociables de la « petite voie » en son jaillissement: miséricorde, pauvreté, enfance dont la vie carmélitaine de Thérése va se trouver renouvelée en 1895.

Note 1. L'Enfant Jésus est une statue de plâtre polychrome, d'environ 60 cm, couché dans une crèche également en plâtre. Il a une expression plutôt grave. D'après une note d'HA 1912, le rôle de « l'Ange de l'Enfant Jésus » est tenu par Thérèse.

Note 2. Le manuscrit n'indique ni actes ni scènes. On a cru bon de répartir le texte en cinq scènes .

Note 3. La familiarité de Thérèse avec Jésus n'exclut jamais le respect. L'appellation de « Verbe » reparaît six fois en RP 2 mais c'est l'unique cas des écrits où Jésus est dit: « gloire du Père ».

Note 4. « Contempler », fonction angélique par excellence, est un mot important de RP 2, composition la plus contemplative du répertoire.

Note 5. Formule chère à Thérèse. La beauté est un autre thème important de RP 2. C'est en voilant sa « Beauté » que Dieu veut manifester son amour à l'homme.

Note 6. La fleur, symbole thérésien si important, est évoquée quinze fois dans RP 2. (Thérèse trouve déjà ici le geste de la Rose effeuillée, PN 51,1).

Note 7. Des fleurs matérielles, on est passé sans heurt aux fleurs animées, « les âmes »; cf. le prologue du Ms A, dont la rédaction va commencer dans peu de temps: « le monde des âmes qui est le jardin de Jésus » (MSA 2,2v).

Note 8. La communication par le seul « regard », normale à l'égard d'un nouveau-né, traduit une aspiration profonde de l'intuitive Thérèse; cf. LT 85 LT 96 LT 106 LT 154 LT 163 LT 235 MSA 56,1r, MSA 67,1r; RP 3,11r 21, etc.

Note 9. « L'ange gardien »: correction oubliée; primitivement Thérèse avait appelé ainsi l'Ange de l'Enfant-Jésus.

Note 10. C'est une constante de la christologie de Thérèse que Jésus dès le bereeau « sait tout » RP 6, sc. 4 ).

Note 11. C'est encore toute la majesté du Verbe qui transparaît sur la Face de Jésus Enfant. La « merveilleuse beauté » (LT 95) de Jésus ne sera jamais éclipsée, pour Thérèse, par les plus belles descriptions de « la splendeur des Cieux ».

Note 12. Sur ce passage du prophète Isaïe, cf. LT 108 et CJ 5.8.9.

Note 13. Ce passage d'Isaïe 63 se trouve sur un feuillet complémentaire (cf. infra, note 24 ); nous le réinsérons iei, bien qu'on ignore s'il fut effectivement dit sur scène.

Note 14. C'est le sentiment poignant de cette méconnaissance (cf. MSA 84,1r) qui provoquera l'Offrande à l'Amour Miséricordieux dans quelques mois.

Note 15. De nouveau la « kénose » sur laquelle Thérèse semble beaucoup méditer en 1894 (cf. RP 1,7r\8 1-4 et 12r\8/v\8 et note ). Mais tandis que RP 1 souligne « l'humilité » de cette descente, RP 2 met l'accent sur « l'immense amour » qui en est la source. Dans quelques semaines, le Ms A proposera la formule lapidaire: « le propre de l'amour étant de s'abaisser » (2v\8). Cf. RP 4, str. 25 .

Note 16. Ce n'est pas simplement « du théatre » (cf. Récréations, p. 293, note sur 5v 22) si l'ange (= Thérèse) « pleure » devant « l'amour méconnu ». Soeur Marie-Madeleine rapportera au Procès: « Un jour que j'étais près d'elle dans sa cellule, elle me dit avec un ton qu'on ne peut rendre: « Le bon Dieu n'est pas assez aimé,... Il est si bon, pourtant. Ah! je voudrais mourir et elle éclata en sanglots. Je la regardai stupéfaite, me demandant devant quelle créature extraordinaire je me trouvais, ne eomprenant pas un amour de Dieu aussi véhément » (PO, pp. 478 s.).

Note 17. A l'exemple de certains auteurs de cette époque, Thérèse prête un tel regret aux anges, à diverses reprises; cf. RP 5,1r\8 30; PN 3, 96; CJ 16.8.4.

Note 18. Cette seène est l'un des rares endroits où Thérèse parle explicitement de la Résurrection du Seigneur. Voir aussi sa « concordanee pascale » (BT, pp. 183ss).

Note 19. Le mystère du « Dieu caché » est l'une des clés de lecture de cette RP 2.

Note 20. Que Jésus puisse être « caché dans l'Eucharistie », puisqu'il est « le Tout-Puissant », fut l'objet d'une des premières discussions « théologiques » de Thérèse et Céline en 1877 (cf. MSA 10,1r). Il sera aussi le sujet de la dernière image peinte par elle en 1897, L'Hostie de Noël (CG, p. 1281); cf. Poésies II, p. 174, 1.

Note 21. Le regret de l'ange de ne pouvoir communier n'est pas une création de Thérèse. Pareille supposition est même assez répandue. Quoi qu'il en soit, la carmélite dévoile, par le truchement de l'ange, son propre désir de la communion quotidienne Cf. MSA 48,2v et Acte d'Offrande, PRI 6.

Note 22. Dans l'Acte d'Offrande, Thérèse dira bientôt: « Je sens en mon coeur des désirs « infinis », que le censeur fera corriger en « désirs immenses » (cf. Pri 6, note 37).

Note 23. C'est bien la prière de Thérèse que formule cet ange; cf, PRI 13: « Je vous demande d'appeler aux joies du Ciel d'innombrables phalanges de petits enfants. » Tout ce passage, d'une interprétation délicate, doit se compléter par Il s'éclaire dans un contexte familial d'abord: rappel des quatre frères et soeurs morts en bas age, dont Céline vient de lui donner les photos pour sa fête; dans un contexte social aussi: au XIXe siècle, la mortalité infantile est élevée, et Thérèse souhaite qu'aucun enfant ne meure sans baptême; dans un contexte de foi surtout: le salut des tout-petits, graciés sans « oeuvres », fait éclater la gratuité de la rédemption.

Note 24. Sans cet ajout de 3bisr (qui se trouve sur un feuillet complémentaire), où dominent les textes évangéliques sur la miséricorde, jetés dans la balance de la justice, la prière de l'ange n'aurait concerné que « les âmes consacrées ». Thérèse se reprend pour introduire massivement « les pécheurs » parmi ces « anges de la terre ». Tous sans distinction sont appelés à devenir « plus brillants que les étoiles des Cieux », par la vertu « d'un seul regard » de Jésus (cf. l'Acte d'Offrande), Pour la datation de ce feuillet complémentaire, cf. Récréations, pp. 302 et 314.

Note 25. Cf. LT 101; PRI 8; Thérèse s'inspire ici de la prière de Th. Durnerin (fondatrice de la Société des Amis des Pauvres, 1848-1905; pour le texte de la prière, cf. CG, pp. 516s.).

Note 26. La prière pour les prêtres est l'une des grandes intentions du Carmel thérésien et de soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus en particulier (cf. MSA 69,2v et PN 17,10).

Note 27. La divinisation de l'homme est bien sûr la théologie la plus traditionnelle qui soit. Thérèse connaissait les beaux textes des Pères de l'Eglise à travers le bréviaire ou L'Année liturgique. Elle s'était aussi imprégnée des pages très fortes de saint Jean de la Croix sur ce sujet dans le Cantique spirituel (Explication de la str. XXXIX, t. II. p. 100s. de son exemplaire personnel).

Notes Récréation 3


Notes Récréations Pieuses 1