Origine : " Ictus ", http ://perso.magic.fr/adic/

 

PROCES APOSTOLIQUE

de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus

 

INTRODUCTION

Dès la mise en route de la procédure pour la cause de béatification de Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, le postulateur, père Rodrigue de Saint-François de Paule, invita le vice-postulateur, Mgr Roger de Teil, à conduire le procès " presto ". Pourquoi une invitation si pressante à faire vite en une affaire où Rome avait l’habitude de prendre sagement son temps ? On ne doutait pas à Rome du zèle de Mgr de Teil, mais c’est que les lettres du Carmel de Lisieux répercutaient l’écho de l’estime et de la vénération que la petite Thérèse s’était acquises dans le monde entier. " Notre chère petite servante de Dieu continue à faire beaucoup de bruit, elle qui était si cachée, si modeste sur la terre ! ! ! Ce n’est qu’une procession perpétuelle à son tombeau, il s’y opère des merveilles de grâces. Oh ! Comme il a fallu que cette âme brûle d’amour pour Dieu en cette vie, pour qu’il lui donne aujourd’hui une pareille puissance ! " - écrivait mère Agnès de Jésus au père Rodrigue le 2 août 1911. Les lettres de Lisieux reflétaient l’étonnement du Carmel qui voyait la correspondance s’augmenter chaque jour et les groupes de fidèles se succéder continûment sur la tombe de Thérèse.

Ce qui se produisait à Lisieux, se vivait un peu partout à travers le monde. L’Histoire d’une âme avait déjà conquis le globe et suscité en beaucoup d’endroits un puissant mouvement de dévotion, une sorte de plébiscite populaire en faveur de l’humble carmélite qui attirait si fort à l’Évangile et au Christ. Il est bien compréhensible que devant un fait religieux d’une pareille ampleur le cardinal Antonio Vico, Préfet de la Congrégation des Rites, se soit laissé aller à dire dans un sourire : " Il faut nous hâter de glorifier la petite sainte, si nous ne voulons pas que la voix des peuples ne nous devance ". La voix du peuple chrétien avait atteint les instances suprêmes de l’Église. Le même prélat visitant le Carmel de Lisieux lors de son voyage en France en 1919 pour la consécration de la basilique de Montmartre, réaffirmera avec force sa conviction : " Si nous étions aux temps primitifs de l’Église, où les béatifications des Serviteurs de Dieu se faisaient par acclamations, il y a longtemps que soeur Thérèse serait béatifiée ". Il est sûr que Dieu et le peuple de Dieu, Dieu par le peuple de Dieu, firent accélérer cette cause, dont la conclusion fut une sorte de printemps pour l’Église.

La Cause eut vraiment une issue très rapide. Dans le décret " de tuto " pour la canonisation de la bienheureuse Thérèse, on lit : " Si l’on consulte les registres et les fastes de la Sacrée Congrégation des Rites, on ne trouve aucune Cause qui soit parvenue au terme suprême de la canonisation aussi rapidement et heureusement, depuis surtout que la procédure des béatifications et canonisations est devenue, avec le cours des âges, si complexe et entourée de tant de précautions rigoureusement observées ". Cette assertion, fréquemment répétée dans les documents du Saint-Siège relatifs à Thérèse, se rapporte directement à l’iter de la Cause depuis la date de son " introduction " à Rome (10.6.14) jusqu’à son achèvement par la béatification ou la canonisation. Mais elle est valable aussi appliquée à l’ensemble de la Cause dès sa mise en route. Le processiculus diligentiarum pour recueillir les écrits de la Servante de Dieu eut lieu en mai 1910, et dès le mois d’août suivant commençait le Procès informatif ordinaire. En moins de quinze ans la canonisation de Thérèse (17.5.25) clôturait une procédure qui se prolonge parfois pendant des décennies et même des siècles. Dans une lettre à Mgr Alexandre Verde, mère Agnès de Jésus se plaît à souligner combien la Cause avait été " rapidement " conduite. Vraiment on avait travaillé de manière exemplaire à Bayeux, à Lisieux et à Rome !

Le volume précédent rapporte le Procès informatif ordinaire (1910-1911), positivement conclu à Rome avec l’introduction de la Cause, autorisée par saint Pie X le 10 juin 1914. La Cause de Thérèse devenait ainsi " pontificia " : le Siège apostolique en prenait la direction. D’où le nom du second procès, dit " Procès apostolique ", dont nous présentons maintenant le texte.

A peine le décret d’Introduction publié, le P. Rodrigue se fit un devoir de demander les " litterae remissoriales " afin de commencer au plus tôt le " Procès inchoatif ", ordonné " ne potiores pereant probationes ac testes cum gravi ipsius causae detrimento " 1. Par décret du 15 août, la Congrégation des Rites autorisait l’expédition des lettres rémissoriales, insistant pour que ne soient interrogés que " les témoins vieux, malades, et ceux dont l’on prévoyait l’éloignement de Bayeux-Lisieux ". Ainsi pouvait s’ouvrir la première partie du Procès apostolique, partie initiale au cours de laquelle comparaîtraient les témoins plus âgés, ceux dont on ne voulait pas perdre la déposition. Suivrait la seconde partie, dite " Procès continuatif ", avec audience des autres témoins. Telle est, pratiquement, la division du Procès que nous publions : deux parties nettement distinctes, dont la seconde ne fait toutefois que " continuer " la première. Les documents juridiques sont par conséquent substantiellement les mêmes, bien que différant nécessairement sur quelques points secondaires, comme le noteront les introductions respectives.

Les témoins sont ceux-là mêmes qui déposèrent au Procès de 1910-1911, à l’exception de six d’entre eux, défunts ou empêchés de comparaître à Bayeux- Lisieux où se déroula le Procès. Pour un témoin de singulière importance, le P. Godefroy Madelaine, abbé des Prémontrés de Saint-Michel-de-Frigolet (Bouches-du-Rhône), on eut recours, en vertu des canons, à un " petit procès " spécial, tenu à Namur en Belgique où le chanoine régulier se trouvait depuis 1903. A Lisieux apparut un nouveau témoin, l’unique qui fût absent au Procès ordinaire, l’abbé Pierre Faucon, qui le 29 septembre 1897 entendit la dernière confession de Thérèse.

Ce Procès fut plus long que le premier, tenu cinq ans auparavant. Depuis le 2 août 1914 la France était en guerre avec l’Allemagne et l’on peut admirer le courage et la constance dont le tribunal fit preuve en entreprenant et menant à terme son travail, au milieu de difficultés de toutes sortes. Le Procès s’est ouvert le 17 mars 1915 après-midi, dans la sacristie de la cathédrale de Bayeux, par le serment de Mgr Thomas Lemonnier, évêque de Bayeux et Lisieux, et tour à tour celui de tous les membres du tribunal. Celui-ci comprenait : Auguste Quirié, vicaire général, juge délégué qui présida pratiquement à tout le Procès, comme autres juges délégués, les chanoines titulaires Pierre Fauvel, Alexandre Lebourgeois, Emile Delamare, le chanoine honoraire Victor Pitrou, les chapelains épiscopaux Ernest Bisson et Charles Durel. Le sous-promoteur de la foi était Pierre-Théophile Dubosq, de la curie de Bayeux, qui eut comme sous-promoteur adjoint Auguste Bazire, recteur du grand séminaire de Bayeux. Furent désignés comme notaire principal le chanoine Eucher Deslandes, et notaire suppléant le chanoine Alfred Henri Laprince ; curseurs (ou appariteurs) l’abbé Victor Hardy, vicaire à Saint-Jacques de Lisieux, et le frère Aimable Leclerc, curseur de l’évêché de Bayeux. Mentionnons aussi les notaires adjoints Ernest Billiard et Félix Viannès ; et un troisième au Procès " continuatif ", Alexandre Maupas. Citons enfin, même s’ils ne furent pas à proprement parler membres du tribunal, les " scriptores ", humbles copistes des actes originaux et des " transumpta " : le chanoine Lucien Fetiguet et le chapelain épiscopal Stanislas Cléret.

Presque tous ces ecclésiastiques sont connus depuis le Procès informatif ordinaire. On leur doit en grande partie que les travaux aient trouvé à Bayeux et à Lisieux un milieu favorable et qu’ils se soient régulièrement déroulés jusqu’à la fin, malgré plusieurs interruptions.

Après les deux séances introductives des 17 et 18 mars le tribunal se transféra à Lisieux. C’est au Carmel que le Procès ne pereant probationes a tenu ses autres sessions (3-58), ou au monastère Notre-Dame-du-Pré pour l’interrogatoire de deux religieuses bénédictines. La session 58 marqua la fin du Procès " inchoatif ". Pour avoir sous les yeux un tableau des différents actes de ce Procès, nous en donnons ci-après la liste chronologique avec le nom des divers témoins :

sess. 3 : 9. 4. 1915 (À. C. Lemonnier)

sess. 4 : 12. 4. 1915 (A. C. Lemonnier)

sess. 5 : 20. 4. 1915 (E. Lucien Duinaine)

sess. 6 : 231 4. 1915 (A. T. Pichon, S.J.)

sess. 7 : 3. 5. 1915 (J.J.R. Auriault, S.J.)

sess. 8 : 31. 5. 1915 (A. J. Grant)

sess. 9 : 1. 6. 1915 (A. J. Grant)

sess. 10 : 5. 7. 1915 (actes juridiques)

sess. 11 : 5. 7. 1915 (Agnès de Jésus, O.C.D.)

sess. 12 : 6. 7. 1915 (Agnès de Jésus, 0. C. D.)

sess. 13 : 7. 7. 1915 (Agnès de Jésus, O.C.D.)

sess. 14 : 8. 7. 1915 (Agnès de Jésus, O.C.D.)

sess. 15 : 9. 7. 1915 (Agnès de Jésus, O.C.D.)

sess. 16 : 12. 7. 1915 (Agnès de Jésus, O.C.D.)

sess. 17 : 13. 7. 1915 (Agnès de Jésus, O.C.D.)

sess. 18 : 14. 7. 1915 (Agnès de Jésus, O.C.D.)

sess. 19 : 15. 7. 1915 (Agnès de Jésus. O.C.D.)

sess. 20 : 16. 7. 1915 (Agnès de Jésus, O.C.D.)

sess. 21 : 19. 7. 1915 (Agnès de Jésus, O.C.D.)

sess. 22 : 20. 7. 1915 (Marie du Sacré Coeur, O.C.D.)

sess. 23 : 21. 7. 1915 (Marie du Sacré Coeur, O.C.D.)

sess. 24 : 22. 7. 1915 (Marie du Sacré Coeur, O.C.D.)

sess. 25 : 23. 7. 1915 (Marie du Sacré Coeur, O.C.D.)

sess. 26 : 26. 7. 1915 (Marie du Sacré Coeur, O.C.D.)

sess. 27 : 27. 7. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O. C. D.)

sess. 28 : 28. 7. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O. C. D.)

sess. 29 : 29. 7. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O.C. D.)

sess. 30 : 30. 7. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O.C.D.)

sess. 31 : 23. 8. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O.C.D.)

sess. 32 : 24. 8. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O.C.D.)

sess. 33 : 25. 8. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O.C.D.)

sess. 34 : 26. 8. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O.C.D.)

sess. 35 : 27. 8. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O.C.D.)

sess. 36 : 30. 8. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O.C.D.)

sess. 37 : 31. 8. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O.C.D.)

sess. 38 : 1. 9. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O. C. D.)

sess. 39 : 2. 9. 1915 (Geneviève de Sainte Thérèse, O. C. D.)

sess. 40 : 2. 9. 1915 (Thérèse de Saint Augustin, O.C. D.)

sess. 41 : 3. 9. 1915 (Thérèse de Saint Augustin, O.C. D.)

sess. 42 : 6. 9. 1915 (Thérèse de Saint Augustin, O.C. D.)

sess. 43 : 7. 9. 1915 (Marie des Anges, O.C.D.)

sess. 44 : 9. 9. 1915 (Marie des Anges, O.C.D.)

sess. 45 : 10. 9. 1915 (Marie des Anges, O.C.D.)

sess. 46 : 13. 9. 1915 (Françoise-Thérèse Martin, Visit.)

sess. 47 : 14. 9. 1915 (Françoise-Thérèse Martin, Visit.)

sess. 48 : 15. 9. 1915 (Sr Saint André, O.S.B.)

sess. 49 : 16. 9. 1915 (Sr Saint François de Sales, O.S.B.)

sess. 50 : 16. 9. 1915 (V. L. Domin, aumônier des bénédictines de Lisieux)

sess. 51 : 17. 9. 1915 (A. C. Maupas, curé de S. Jacques de Lisieux)

sess. 52 : 23. 9. 1915 (actes juridiques)

sess. 53 : 9.12. 1915 (act. jurid. - articles miracles)

sess. 54 : 7.2. 1916 (A. L. Ducellier, abbé)

sess. 55 : 8.2. 1916 (Aimée de Jésus, O.C.D.)

sess. 56 : 8. 2. 1916 (Marthe de Jésus, O.C.D.)

sess. 57 : 9. 2. 1916 (P. A. Faucon, abbé)

sess. 58 : 25. 8. 1916 (A. Flamérion, S.J.)

Ainsi donc, après la déposition du P. Flamérion - qui n’avait pas manqué de susciter quelque perplexité à cause de difficultés que le témoin avait eues avec Mgr Lemonnier, évêque de Bayeux et Lisieux, au sujet d’une de ses filles spirituelles -- le Procès " inchoatif " prit fin. Les sessions " ne pereant probationes " s’étaient déroulées en un peu plus d’un an (cf. documents dans la Copie publique, pp. 1120-1123). Comme il appert du tableau précédent, le gros effort avait été fourni de juillet à septembre 1915 ; suit pratiquement une longue pause jusqu’en décembre : c’est le 9 de ce mois que le tribunal se réunit de nouveau à l’évêché de Bayeux pour décacheter le pli envoyé de Rome par le père Rodrigue, qui contenait les articles sur les miracles attribués à l’intercession de Thérèse. Sur cinq miracles, à propos desquels seront par la suite présentés les " interrogatoria " de Mgr A. Verde, promoteur de la foi (Copie publique, pp. 1629-1667), seul fut retenu celui relatif à la guérison de Charles Anne : il sera l’un des deux miracles proposés et approuvés pour la béatification de Thérèse.

En février 1916, quatre sessions, mais il faudra attendre le mois d’août pour une nouvelle session, la 58e, qui sera la dernière. Les longues interruptions sont sans aucun doute le fait de la guerre, que l’on ressentait de plus en plus durement, par-delà les obligations ordinaires des juges du tribunal. Il ne faut pas oublier non plus que les dépositions devaient être transcrites avec attention pour les actes officiels, puis copiées dans les deux " Transumpta " (le " Transumptum " proprement dit pour la S. Congrégation des Rites, et un autre destiné pour la " Copie publique " de la Postulation). Etant donné l’importance et la longueur des témoignages recueillis, il était normal que leur transcription exigeât un temps considérable. D’autre part il fallait aussi compter sur la disponibilité des témoins : tous ne pouvaient se présenter au tribunal à n’importe quelle date.

Sitôt le Procès " inchoatif " terminé, on pensa au Procès " continuatif ". Déjà au mois d’avril (29.4.1916) le père Rodrigue avait obtenu à Rome les Litterae remissoriales, et auparavant il avait reçu de la Congrégation le décret qui dispensait de la discussion sur la réputation de sainteté de la Servante de Dieu, car elle émergeait " adeo clara et diffusa... in complures oi-bis regiones " (22.3.1916). Dès que Mgr de Teil, vice-postulateur, eut en main les documents de Rome, il s’empressa d’en informer Bayeux-Lisieux. Si bien que le 22 septembre 1916 débutait la deuxième partie du Procès apostolique. La séance d’ouverture eut lieu dans la chapelle du Carmel de Lisieux, avec les actes juridiques formels et présentation des témoins, qui occupèrent les deux sessions (59 et 60) de ce jour. Commencèrent ensuite les dépositions proprement dites. Celles-ci, de même que les sessions correspondantes, durent se ressentir des difficultés entraînées par la guerre. Car on ne peut s’expliquer autrement la lenteur de cette seconde partie du Procès. Exception faite des sessions 59-60 déjà mentionnées, en voici le tableau d’ensemble :

sess. 61 : 23.9.1916 (Marie de la Trinité, O.C.D.)

sess. 62 : 25.9.1916 (Marie de la Trinité, O.C.D.)

sess. 63 : 26. 9. 1916 (Marie de la Trinité, O.C.D.

sess. 64 : 27. 9. 1916 (Marie de la Trinité, O.C.D.)

sess. 65 : 29. 9. 1916 (Marie de la Trinité, O.C.D.)

sess. 66 : 29. 9. 1916 (Jeanne M. de l’Enfant-Jésus, O.C.D. et P. Derrien)

sess. 67 : 30. 9. 1916 (P. Darrien)

sess. 68 : 26. 2. 1917 (Marie-Joseph de la Croix, O.S.B.)

sess. 69 : 12. 3. 1917 (M. E. J. Guérin - La Néele)

sess. 70 : 13. 3. 1917 (Marie du Rosaire, O.S.B.)

sess. 71 : 12. 4. 1917 (À. Rouliand, M.E.P.)

sess. 72 : 2. 8. 1917 (dr. P. Loisnel, P. Anne ; J. R. Hare-Anne)

sess. 73 : 3. 8. 1917 (Marie de St Ignace ; Charles Anne, vicaire à Pont- l’Évêque)

sess. 74 : 3. 8. 1917 (P.O.A. Morel)

sess. 75 : 3. 8. 1917 (actes juridiques)

sess. 76 : 4. 8. 1917 (dr A. Leprévost ; dr A. de Cornière)

sess. 77 : 6. 8. 1917 (Sr Charles Borromée Cario et Sr Laurentine Th. Pinçon, des Petites Soeurs des Pauvres)

sess. 78 : 7. 8. 1917 (Sr Domitille de St Laurent Belpeer et Ste Martine Laffargue, des Petites Soeurs des Pauvres, et Dr V. Viel)

sess. 79 : 9. 8. 1917 (doc. jurid.)

sess. 80 : 9. 8. 1917 (visite tombe de Thérèse et exhumation)

sess. 81 : 10. 8. 1917 (ouverture cercueil et nouvelle disposition ossements) sess. 82 : 11.8.1917 (dép. Dr de Cornière et Dr Loisnel, état ossements de Thér.)

sess. 83 : 10. 9. 1917 (actes jurid.)

sess. 84 : 19. 9. 1917 (collation des copies avec les actes orig.)

sess. 85 : 20. 9. 1917 (collation des copies avec les actes orig.)

sess. 86 : 22. 9. 1917 (collation des copies avec les actes orig.)

sess. 87 : 24. 9. 1917 (collation des copies avec les actes orig.)

sess. 88 : 25. 9. 1917 (collation des copies avec les actes orig.)

sess. 89 : 29. 9. 1917 (collation des copies avec les actes orig.)

sess. 90 : 6.10. 1917 (collation des copies avec les actes orig.)

sess. 91 : 30.10. 1917 (clôture du Procès).

Frappante est la modicité de cette seconde partie du Procès, du moins quant aux effets directs sur l’objet de notre publication. Seules ont valeur et intérêt pour nous les sessions 61-71 au cours desquelles furent entendus sur les vertus exercées par Thérèse quelques témoins qui n’avaient pas déposé dans le Procès " inchoatif ". Encore qu’il s’agisse là de peu de chose. Si l’on excepte la déposition, si instructive, de soeur Marie de la Trinité, une des religieuses les plus chères à Thérèse, les autres ne font que reprendre des données et des faits déjà connus depuis le premier Procès de 1910-1911. Il est clair que le vice-postulateur Mgr de Teil avait agi de telle sorte que dans la première partie du Procès apostolique on eût vraiment les " potiores probationes ", comme le spécifie le document d’autorisation.

Les sessions suivantes peuvent se diviser en trois sections :

1. sess. 72-78 : dépositions relatives à deux miracles attribués à Thérèse :

a) sess. 72-76 : cas de guérison de Charles Anne ;

b) sess. 77-78 : cas de guérison de Ferdinand Aubry.

2. sess. 80-82 : visite de la tombe de Thérèse, exhumation, reconnaissance des restes, nouvelle disposition des os et du cercueil au cimetière de Lisieux, examen des reliques conservées au Carmel, jugement des médecins experts sur l’état des restes de la Servante de Dieu.

3. sess. 84-90 : examen et collation sur l’original à conserver à l’évêché de Bayeux, des deux exemplaires des actes du Procès destinés à Rome pour la S. Congrégation des Rites et pour la Postulation.

Entre ces trois parties s’insèrent deux séances d’ordre purement juridique : la 79e, consacrée surtout à l’examen des documents attestant le décès de quelques témoins entendus au Procès ordinaire, pour d’autres leur empêchement de se rendre à Lisieux du fait de la guerre ; la 83e, penchée sur des documents de valeur, parmi lesquels les importants " Interrogatoria " du promoteur de la foi, Mgr Verde, pour le Procès " ne pereant probationes " (pp. 1598-1629), et ceux du même, dont il a déjà question, sur les cinq miracles attribués à l’intercession de Thérèse.

La dernière séance, la 91e, fut tenue en grande solennité dans la cathédrale de Bayeux le 30 octobre 1917, en présence de Mgr Lemonnier, de tout le tribunal, et même d’un petit groupe de fidèles. Une relation parue le 11 novembre suivant dans la " Semaine Religieuse " de Bayeux-Lisieux, en donne le déroulement dans ses parties principales :

" La séance ouverte, M. le chanoine Deslandes, notaire principal, présente à Monseigneur et au Tribunal les pièces du procès. Sur la requête du Président, les sous-promoteurs qui, depuis le début, ont dû assister, l’un ou l’autre, à tous les actes et en contrôler, séance par séance, les moindres détails, attestent que tout s’est passé selon les règles du Droit, soit dans l’audition des témoins, soit dans la confection de la minute, soit dans la rédaction et la collation des deux expéditions du dossier.

Président, Juges et Promoteurs rendent alors définitivement authentiques ces pièces officielles en y apposant leurs sceaux et signatures que contresigne le Notaire de la Cause.

Renfermés en deux cassettes, les volumes constituant, en double exemplaire, l’expédition authentique du dossier sont mis sous scellés aux armes de Monseigneur l’Évêque.

On sait que le Tribunal établi dans le diocèse par délégation du Souverain Pontife n’a d’autre rôle que de citer, entendre et interroger les témoins. C’est sur le dossier ainsi formé que se dérouleront, à Rome, les débats contradictoires entre l’Avocat de la Cause et le Promoteur général. Les Juges de la S. Congrégation des Rites prononceront ensuite les sentences à intervenir : sur la validité et la procédure ; sur l’héroïcité des vertus ; sur la vérité des miracles ; enfin sur l’opportunité de prononcer la sentence de Béatification, réservée au Souverain Pontife... Dès que le dossier a été authentiqué et scellé, Mgr de Teil, vice- postulateur, s’avance et sollicite la nomination d’un courrier (‘portitor’) chargé de porter à Rome les documents du Procès. Le Tribunal le désigne lui-même pour cet office, et, sur requête du sous-promoteur, il prête serment, sur les SS. Evangiles, de s’acquitter fidèlement de son mandat.

A mesure que se déroulait la session, M. le Chanoine Deslandes, notaire, faisait à haute voix lecture du procès-verbal qui en relatait les détails.

Enfin une enveloppe scellée est remise au ‘portitor’ ; elle est adressée à la S. Cong. des Rites et contient, avec l’acte de clôture du Procès, signé et contresigné, des lettres adressées par les Juges de Bayeux aux Juges de Rome et par les sous- promoteurs au Promoteur général, pour rendre compte à qui de droit de l’exécution respective de leur mandat.

La séance levée, Monseigneur adresse quelques mots à l’assistance. Il a voulu, dit-il, tenir cette séance plénière dans la Cathédrale, d’abord pour affirmer l’importance quel attache à un acte accompli par délégation du Chef Suprême de l’Église ; puis afin que la Cathédrale, témoin historique depuis bientôt 900 ans des grands événements de la vie religieuse diocésaine, voie s’inscrire dans ses fastes sinon encore la glorification (Rome seule en est juge), du moins l’enquête officielle sur l’héroïque sainteté d’une âme qui est nôtre et que tous admirent.

Monseigneur l’Évêque remercie Mgr de Teil, vice-postulateur, et les membres du Tribunal, du dévouement qu’ils ont apporté dans la conduite de cette procédure laborieuse et délicate ; il veut relever en particulier les mérites du Notaire et des Officiers dont la fonction requérait un travail plus soutenu.

Il ne Nous appartient pas, dit Monseigneur en terminant, d’appeler Soeur Thérèse ‘une sainte’ ; mais c’est tout au moins une âme fort agréable à Dieu. Qu’elle veuille employer son crédit auprès du Seigneur pour obtenir le progrès de la religion dans ce Diocèse ! D’une manière toute spéciale je lui recommande le recrutement et la formation de mon clergé, ainsi que la conservation, pour le corps et pour l’âme, de ceux de mes prêtres et séminaristes que le malheur de cette terrible guerre retient si longtemps sous les armes’ " 9.

Les paroles du pasteur ont dû émouvoir l’assemblée, et tout spécialement le groupe des élèves du grand séminaire de Bayeux : non encore appelés aux Armées ne représentaient-ils pas dans cette cathédrale leurs compagnons du front ? Hélas ! la guerre ne prendrait fin que tout juste un an plus tard.

Par le " portitor " les documents du procès furent donc portés à Rome. A la demande du Postulateur Benoît XV, par décret du 14 novembre 1917, autorisa l’ouverture du Procès romain 10. En attendant on préparait le petit Summarium sur la validité des Procès ; la discussion, en eut lieu au Vatican le 10 décembre 1918, avec résultat positif, ratifié par le Pape le lendemain 11 décembre". Un tel acte permettait d’étudier le Procès sur l’héroïcité des vertus et de commencer la filière des actes immédiatement ordonnés à la glorification de la Servante de Dieu. Nous en reparlerons.

Ce qu’il importe de souligner, c’est la validité du Procès. Non seulement dans son aspect juridique - comme en donna acte la décision romaine du 10 décembre 1918 - mais surtout quant à son contenu, les témoignages. Ceux-ci confirment les dépositions au Procès de 1910-1911 et, mieux encore, ils les enrichissent et les complètent par maints détails de valeur qui contribuent à rendre plus fidèle la physionomie de Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Pour servir de guide et de rappel utile des données et des faits, selon l’usage, des Articles avaient été envoyés de Rome. Alors que pour le Procès apostolique on se contente souvent de proposer, avec de légers amendements, le texte utilisé pour le Procès ordinaire, cette fois le Postulateur envoyait des Articles tout à fait nouveaux. Bien que présentés par le père Rodrigue de St François de Paule, ils avaient sans doute été rédigés en grande partie par Mgr de Teil. A leur lecture les réactions de Lisieux furent loin d’être unanimes ! Dans une lettre du 20 décembre 1914 à Mgr Verde, mère Agnès de Jésus écrit : " Nous avons maintenant reçu toutes les pièces nécessaires au grand Procès. J’espère que Monseigneur notre évêque ne va pas aller moins vite que Rome... Nous sommes ravies des Articles du Révérend Père Postulateur qui sont réellement admirables ". Moindre était l’enthousiasme de soeur Marie du Sacré-Coeur qui écrit de son côté : " L’avocat de Rome n’a pas su faire un portrait assez simple, tout en étant le portrait d’une sainte. Nous saurons bien le remettre au point, car chaque saint doit ressembler à lui- même et non pas aux autres ". A notre avis, et nous aurons à y revenir, ces Articles sont très bons, même s’ils ne sont pas aussi parfaits que ceux proposés pour le Procès ordinaire. L’aspect juridique est plus marqué, mais le caractère théologique est aussi bien en en relief : c’est un guide sûr pour l’étude des vertus de Thérèse.

A Lisieux on devait certainement être impressionné et préoccupé d’un nouveau Procès, avec de nouveaux interrogatoires, de nouvelles dépositions. Est- ce que tout n’avait pas été dit en 1910-1911, après de soigneuses recherches et études ? Que pouvait-on ajouter de nouveau ? Cette préoccupation apparaît clairement dans une lettre écrite par mère Agnès de Jésus au chanoine Deslandes, le 21 décembre 1914 : " ... Cette nouvelle année verra encore notre Procès apostolique. J’ai en mains la grande enveloppe cachetée des Lettres rémissoriales que Monseigneur de Teil portera à Bayeux dans quelques jours. J’ai aussi les ‘Articles’, enfin tout est là. Ce qui nous inquiète seulement c’est de n’avoir rien de nouveau à dire, le premier Procès a été si bien fait. Il me semble que rien ne manque, enfin nous répéterons la même chose sous une autre forme s’il est nécessaire " 15.

Quoi qu’il en soit les religieuses du Carmel, à commencer par mère Agnès elle-même, se mirent à l’oeuvre pour préparer les nouveaux témoignages. Nous savons qu’existent encore les " Notes préparatoires au Procès Apostolique " de mère Agnès, soeur Marie du Sacré-Coeur, soeur Geneviève de Sainte-Thérèse, soeur Thérèse de Saint-Augustin, soeur Marie des Anges, soeur Marthe de Jésus. Il est certain que tous les témoignages du Carmel sont très soignés. Les témoins du Procès " inchoatif ", comme ceux du Procès " continuatif ", ont pris leur audition très au sérieux et s’y sont préparés par des recherches méthodiques, s’efforçant de bien. documenter leurs dépositions. L’unique témoin peut-être (parmi les plus importants) à parler de l’abondance du coeur, c’est Léonie, soeur Françoise- Thérèse Martin, de la Visitation de Caen. Mais sans aucun doute elle aussi a tenu à préparer sa déposition en s’aidant des conseils de ses soeurs de Lisieux. Marie ne s’est pas moins préparée, bien que sa déposition, simple et limpide, ait la fraîcheur et la tournure d’un discours improvisé. Mgr A. P. Frutaz a justement remarqué à propos des deux procès de 1910-1911 et 1915-1917 : " L’examen de ces 2 Procès met en relief d’une part la sévérité et la préparation technique des membres du Tribunal de Bayeux, et d’autre part l’apport sincère des témoins pour exprimer la seule vérité, et toute la vérité. Toutefois, les dépositions des témoins au Procès Informatif Ordinaire sont en général plus spontanées et plus sobres que celles du Procès Apostolique "".

D’une longue préparation, qui se révèle parfois méticuleuse, allaient sourdre les différentes déclarations. Les témoins, nous l’avons dit, sont connus depuis le premier Procès. De chacun nous connaissons déjà la façon de voir les choses, sa sensibilité, sa mentalité, son style. Inutile de faire état ici des quelques " nouveautés " de détails puisqu’elles seront signalées une à une dans les notes qui introduisent chaque déposition. Ce qu’il faut souligner, c’est la valeur en soi des témoignages. En examinant le Procès apostolique on peut avoir l’impression, et même cela arrive souvent, que certaines données sont légèrement amplifiées, voire changées par rapport à ce qui avait été déposé au Procès informatif ordinaire, mais il ne faudrait pas conclure pour autant à une exagération, et moins encore à un changement de perspective dans la façon de voir et de juger. Sans doute on ne peut exclure que là, comme en toute chose humaine, le recul du temps n’ait contribué à donner une interprétation nouvelle aux paroles et aux faits ; mais en revanche il aide souvent à mieux voir les choses et à en percevoir les nuances, à les situer dans une perspective plus complète, à les juger plus exactement. Il est certain que de nombreux détails apportés dans le Procès de 1915-1917, sont le fruit d’une étude attentive, d’une patiente recherche, d’un effort de clarification. C’est ce qui a permis aux témoins de dire encore quelque chose de " nouveau " au lieu de s’en tenir, comme l’écrivait mère Agnès, à " la même chose sous une autre forme ".

Les témoins qui se sont le plus étendus dans leurs dépositions (cf. le tableau présenté) sont Agnès de Jésus, Marie du Sacré-Coeur, Geneviève de Sainte- Thérèse, Marie de la Trinité. Évidemment ces témoins étaient des plus qualifiés. Mais on aurait tort de penser que les autres témoignages ont moins de valeur parce que plus brefs. Quand on lit attentivement les dépositions de Thérèse de Saint- Augustin, de Marie des Anges ou de Marthe de Jésus, on est frappé par la richesse de leurs déclarations, par la fraîcheur et la spontanéité de leurs récits. Sans compter que bien souvent tel petit renseignement ou tel détail des dépositions " mineures " - s’il est permis d’employer cette expression - vient confirmer ce qu’on lit dans les témoignages " majeurs ".

Ce qui frappe certainement le plus dans le Procès apostolique, c’est l’importance donnée à la " doctrine " de Thérèse de l’Enfant-Jésus, notamment à celle de la " voie d’enfance évangélique ". Non pas que cette doctrine apparaisse ici pour la première fois comme une chose nouvelle. On sait que déjà au Procès informatif ordinaire Céline, assez clairement, et soeur Marie de la Trinité, d’une façon plus voilée, avaient l’une et l’autre abordé le sujet avec beaucoup de sagesse, s’appuyant sur des paroles de la Sainte et sur des faits de sa vie comme sur sa direction spirituelle.

Mais au Procès apostolique, c’est d’une façon organique, dirons-nous, que le thème est abordé. Mère Agnès a d’ailleurs préparé sur la question un petit dossier qu’elle présente au Procès (sess. 14, 8. VI 1. 1915 ; Copie publ. pp. 409-420) 19. S’y trouve une analyse détaillée de plusieurs points importants : l’abandon, la simplicité, la pauvreté spirituelle, ce qu’elle espérait au terme de sa voie, vue prophétique sur l’avenir. Également soeur Geneviève de Sainte-Thérèse. Dans la session 33, le 25 août 1915, Céline est explicite : " L’ensemble de sa doctrine spirituelle et de ses directions se résume dans ce qu’elle appelait ‘sa petite voie d’enfance’. Elle se ramène, ce me semble, à deux idées générales : l’abandon et l’humilité. Je l’ai particulièrement étudiée sous ce dernier aspect qui m’a le plus frappée, dans les instructions de soeur Thérèse de l’Enfant-Jésus à ses novices " (p. 275). Après quoi Céline présente un résumé de cette doctrine, s’arrêtant sur trois aspects : humilité, pauvreté spirituelle, simplicité (pp. 724-727). Il s’agit d’un ensemble de données et d’expressions importantes. L’histoire de la théologie spirituelle devra analyser ces données à la lumière de toute la doctrine de la Sainte, en étudier à fond les termes et surtout l’enseignement profond qui s’y trouve sous-jacent. Nous croyons cependant que les explications et les analyses ne peuvent saisir pleinement la sainte de Lisieux si elles ne tiennent compte du fondement évangélique " sapientiel " de cette doctrine " sûre ", apprise dans l’expérience intime de la grâce.

A ce sujet la déclaration de Marie de la Trinité, confidente exceptionnelle de Thérèse, est de la plus haute importance : " Je lui dis une autre fois : ‘Qui donc vous a enseigné votre Petite voie d’amour, qui dilate tant le coeur ?’. - Elle me répondit : ‘C’est Jésus tout seul qui m’a instruite, aucun livre, aucun théologien ne m’a enseignée, et pourtant je sens dans le fond de mon coeur que je suis dans la vérité. Je n’ai reçu d’encouragement de personne, sauf de Mère Agnès de Jésus. Quand l’occasion s’est présentée d’ouvrir mon âme, j’étais si peu comprise que je disais au bon Dieu comme St Jean de la Croix : Ne m’envoyez plus désormais de messager, qui ne sache pas me dire ce que je veux’ " (p. 1252). Il est indéniable que les Procès apostoliques donnent à la doctrine de la voie d’enfance évangélique une très grande importance. Mais elle risquerait de ne pas être comprise correctement si on ne l’examine à la lumière de tout l’enseignement de Thérèse et surtout dans le cadre de sa confiance filiale dans le Père et de son abandon à son amour miséricordieux.

Tous ces éléments de la doctrine de Thérèse s’éclairent et s’étayent réciproquement ; et on les appauvrirait si on les prenait en dehors du contexte existentiel où ils sont nés et se sont exprimés.

Il y a dans ce Procès apostolique un passage très délicat, qui a motivé à plusieurs reprises la décision du Saint-Siège de réserver la consultation des pièces du Procès. Comme ce texte a déjà été utilisé dans un but de scandale, non sans plonger dans une amertume bien justifiée le Carmel de Lisieux, nous croyons préférable d’en parler ouvertement.

Il s’agit des pages intitulées " Dans quel milieu Soeur Thérèse de l’Enfant-Jésus s’est sanctifiée au Carmel de Lisieux " (Cf. Copie publ., pp. 357-370) 20. Publié intégralement en 1920 dans le Summarium sur les vertus héroïques de la Servante de Dieu 21, ce texte tomba ainsi entre les mains du grand public et surtout de personnes incapables de comprendre qu’il devait être pris et interprété dans l’ensemble de tous les Procès. De sorte qu’il devint, spécialement après l’usage qu’en fit en 1947 Van der Meersch dans son étrange biographie-roman La petite sainte Thérèse, un document d’accusation injustifiée contre tout le Carmel de Lisieux, bourreau de Thérèse 22.

Ce texte, nous l’avons dit, est très délicat. Il est certainement véridique ; mais, comme l’objectivité demande d’en convenir, il manque de perspective historique, amasse des faits qu’il faut échelonner sur une quarantaine d’années et qui par conséquent ne se réfèrent pas tous au temps de la vie de Thérèse au Carmel, car bien des choses rapportées se sont passées avant son entrée. De surcroît quelques détails d’importance secondaire renforcent les ombres aux dépens de l’exacte perspective historique, s’ils sont isolés de leur contexte et regroupés. Évidemment les choses ne se présentaient pas ainsi à l’esprit de l’auteur du document : possédant une vue d’ensemble de la longue existence de mère Marie de Gonzague et de ses mérites indéniables, mère Agnès pouvait facilement situer chaque fait à sa juste place et lui donner sa juste valeur. Mais c’est une mise au point difficile au lecteur du dehors. Il se trouve face à un panorama d’ensemble tout à fait négatif, sans les nuances indispensables à la juste intelligence d’une vie et d’un milieu.

Que mère Marie de Gonzague ait eu ses torts et de très graves, personne ne songe à le nier. Comme nous le dirons, elle avait un caractère très difficile. Elle souffrit et elle fit beaucoup souffrir, réussissant cependant à s’imposer aux supérieurs ecclésiastiques, certainement au courant - en partie du moins - de la situation irrégulière du monastère de la rue Livarot, apparemment ceux-ci ne firent rien pour assainir le milieu. Nous ne savons pas si les visites canoniques avaient lieu régulièrement, tout comme nous ignorons si des dispositions furent éventuellement prises à l’égard de celle qui était cause de malaise et de division. Il est certain que même hors du monastère la Mère inspirait la crainte. Il ne nous appartient pas d’émettre un jugement sur tout cela ! Il supposerait par ailleurs une connaissance exacte du milieu religieux de Lisieux à cette époque et un examen détaillé de l’autorité de Marie de Gonzague et de sa famille.

Le document en question a été rédigé et signé par mère Agnès. Cinq religieuses, dont deux soeurs de Thérèse, l’ont approuvé et contresigné. Nous savons de source sûre que mère Agnès eut beaucoup à souffrir par la suite de la façon dont on usa et abusa de son texte, basant sur lui un faux profil biographique de mère Marie de Gonzague et jetant à tort le discrédit sur le Carmel de Lisieux. En réalité, et bien que compte tenu des limites communes à tous les groupes humains, ce Carmel était un monastère fervent, dans lequel des personnes pleines de bonne volonté travaillaient humblement sur leur caractère, parfois difficile, pour vivre dans la communion fraternelle leur généreuse aventure de fidélité à l’amour.

Incidemment, ce qui donne aux textes plus de valeur, L’histoire d’une âme, offre de remarquables exemples de religieuses qui tendaient héroïquement à la perfection. Ce même souci ressort clairement dans la monographie consacrée à mère Geneviève de Sainte-Thérèse (Claire Bertrand, 1805-1891) 13, cette fondatrice du Carmel de Lisieux que Thérèse vénérait au point de l’appeler presque toujours " notre sainte mère Geneviève " 24, et dans les " Circulaires " nécrologiques des religieuses, circulaires qui ne sont pas du tout des panégyriques et relèvent à l’occurrence les ombres et les défauts. Un sentiment sans préjugé sur le carmel de Lisieux à l’époque de Thérèse porte au contraire, s’il nous est permis d’émettre une opinion, à voir dans ce milieu celui d’une communauté engagée avec générosité dans la voie de la charité théologale. A ce sujet le témoignage de Thérèse elle-même est précieux : " Les illusions, le bon Dieu m’a fait la grâce de n’en avoir aucune en entrant au Carmel, j’ai trouvé la vie religieuse telle que je me l’étais figurée... " 25. Certes il y avait des difficultés, des limites, ces humbles réalités humaines qui existent partout et sont des moyens de purification qui servent à alimenter une plus grande générosité dans la recherche de Dieu, et de l’union constante avec lui qui est au coeur de la vocation carmélitaine.

Que mère Marie de Gonzague ait eu au vu et su de tous de graves défauts de caractère, cela il faut l’admettre avec réalisme. Mais en reconnaissant le négatif que son comportement occasionna à son monastère il faut se garder d’insister sur certaines zones obscures du caractère de la religieuse. Mère Agnès elle-même, tout en soulignant fortement les replis d’une nature ombrageuse, inconstante, jalouse, excessivement convaincue de ses qualités de gouvernement, tendant à se perdre dans des minuties et très encline à la colère quand ses prétendus droits lui paraissaient attaqués, affirme que cette Mère " avait des moments de parfait bon sens où même elle parlait et agissait en sainte prieure " (p. 364). L’expression " moments " doit évidemment être prise dans le sens de périodes de temps, que nous savons avoir été assez longues.

De plus, au Procès ordinaire un témoin sérieux, en contact étroit avec le milieu religieux et social de Lisieux et pouvant facilement capter les vagues de mauvaise humeur ou de critique envers la religieuse, l’Abbé Godefroy Madelaine, interrogé sur le caractère de la Mère, déposa : " Je la connaissais particulièrement : j’ai eu avec elle des relations multiples, soit par correspondance soit par des entretiens au parloir. Elle me paraissait d’un jugement particulièrement droit. Dans l’administration de sa communauté, elle était très désireuse du bien. A en juger par les relations extérieures que j’ai eues longtemps avec elle, son caractère me semblait excellent. Il n’est pas possible d’apprécier quelle était sa manière d’être dans l’intimité de la vie du cloître. Ses réélections nombreuses à la charge de prieure m’ont toujours fait augurer que les soeurs appréciaient favorablement sa manière de gouverner. Elle m’a bien confié que son caractère et celui de mère Agnès de Jésus ne sympathisaient pas naturellement, et qu’elles se faisaient souffrir l’une l’autre, malgré une estime mutuelle très sincère. Au reste, elle ne mettait dans ses confidences aucune nuance d’amertume " 16. Même si le bon Prémontré n’a pas entrevu tout ce qui se passait dans le monastère, il met le doigt sur la plaie quand il fait allusion aux divergences de caractère entre mère Marie de Gonzague et mère Agnès de Jésus 21.

Il semble bien que les aspects négatifs du caractère et du gouvernement de mère Marie de Gonzague, bien accentués dans les Articles du Procès apostolique 28, fassent oublier ce que le document " Dans quel milieu " offre de positif : l’estime et l’affection que la Mère portait à Thérèse. Mère Agnès de Jésus elle-même l’affirme explicitement : " A elle (Thérèse) ... elle a marqué beaucoup de confiance, lui donnant une part de son autorité près des novices, et la choisissant même pour sa confidente à la fin de sa vie. La preuve qu’elle appréciait beaucoup la Servante de Dieu, c’est qu’elle en disait et écrivait toute sorte de bien à sa famille, aux prédicateur de retraite, à ses frères missionnaires, à tous... Et j’ajoute qu’elle était sincère " (p. 364).

Par ailleurs si la méthode et le style de formation de la Mère à l’égard de Thérèse peuvent surprendre aujourd’hui, et en particulier les personnes du dehors, il révèlent à leur façon combien elle appréciait celle qu’elle considérait comme " son plus grand trésor " et le joyau le plus précieux du Carmel, ainsi que l’a rapporté le père Madelaine. Il serait aisé d’établir une petite anthologie d’éloge sincère, emplis d’admiration, de la Mère pour la jeune religieuse dont, comme bien peu alors, elle discernait la valeur. De ces éloges, le lecteur attentif en relèvera plusieurs dans les pièces du Procès apostolique. Qu’il nous suffise de rappeler qu’à plusieurs reprises, au dire de Marie de la Trinité, mère Marie de Gonzague a affirmé que si elle avait eu à " choisir une prieure dans toute la communauté, sans hésiter elle aurait choisi soeur Thérèse de l’Enfant-Jésus malgré son jeune âge. Elle est parfaite en tout - disait-elle - : son seul défaut est d’avoir ses trois soeurs avec elle " (P. 1186). " Ses trois soeurs avec elle " : voilà le grand blâme de mère Marie de Gonzague ! Nous en trouvons trace dans la déposition de mère Agnès de Jésus (cf. pp. 469 et 483) : si parfois Thérèse était traitée par la Mère d’une façon dure et despotique, c’est parce qu’elle appartenait par sa naissance au " groupe " Martin, parce qu’elle avait des soeurs au Carmel. Quand on pense que la responsable de l’admission des quatre soeurs Martin au monastère était en grande partie la Mère elle-même !

Quoi qu’il en soit des débats, reste ce que nous trouverons plus loin sur les lèvres de soeur Marie des Anges, maîtresse des novices de Thérèse et qui l’a définie " une vraie sainte " 30 : " C’était fort touchant... de voir de quelle tendre charité elle (Thérèse) entourait, malgré les peines qu’elle lui faisait bien souvent, la bonne mère Marie de Gonzague. La Servante de Dieu, avec sa finesse d’esprit remarquable, saisissait les lacunes qui s’unissaient à tant de belles qualités en cette Mère que nous aimions malgré tout " (p. 880).

Il faudrait également éviter, au nom de la justice et de la vérité historique, de présenter avec insistance une image de mère de Gonzague " bourreau " et " geôlier " de Thérèse, comme si pendant la maladie de la jeune moniale elle avait été à son endroit privée de tout sentiment humanitaire. L’étude extrêmement documentée de A. Noché 31, complétée par la mise au point de Guy Gaucher 32 qui la corrige parfois sur la base d’une documentation ultérieure, a discrédité l’accusation et ramené à leur juste dimension certaines affirmations trop hâtives des Procès. Thérèse, on le sait désormais, fut vraiment très bien soignée par sa prieure. Compte tenu de l’époque et de l’austérité propre à un monastère de clôture de son temps, elle a même été l’objet d’attentions et de soins médicaux peu ordinaires. C’est ce qui ressort à l’évidence quand on examine sans préjugé toutes les données du 1er volume des Derniers Entretiens et la documentation qui, pour la première fois, y est divulguée.

Quant aux heurts d’ordre psychologique qui se sont produits entre la Mère et le docteur Francis La Néele, mari de la cousine de Thérèse, Jeanne Guérin, remplaçant du docteur A. D. de Cornière pendant deux mois environ au cours de l’été de 1897, les réactions dures de celle-là sont à considérer dans le contexte concret des événements. Il est certain que le docteur La Néele ne contribuait pas à rendre leurs rapports plus sereins par son attitude méfiante et " provocante " à l’égard de la Prieure, très jalouse de son autorité, très attachée aussi à certaines formalités dont le docteur ne tenait aucun compte. Son opposition à l’usage de la morphine correspondait à un préjugé tenace à l’égard de cet analgésique ; elle le refusera pour elle-même en 1904, en proie aux atroces souffrances d’un cancer à la langue.

La lecture attentive de nombreuses pages du Procès apostolique vient compléter le document présenté par mère Agnès. Déjà nous y avons fait allusion, des auteurs ont utilisé celui-ci d’une façon peu honnête. Au départ, le célèbre article du P. Ubald d’Alençon, ofm. cap., paru en 1926 dans la revue Estudis Franciscans de Barcelone 11, repris par Lucie Delarue-Madrus dans un livre qui devait connaître un certain succès, surtout quand il devint la grande " source historique " du trop célèbre volume de Van der Meersch. Dans les desseins de Dieu tout cela devait constituer une des dernières grandes purifications de mère Agnès de Jésus. Comme nous l’apprend la Circulaire nécrologique signée le 8 mai 1952 par mère Françoise-Thérèse de l’Enfant-Jésus qui lui succéda comme prieure, elle " a ressenti douloureusement et parfois jusqu’à l’angoisse, ce que de telles interprétations avaient d’injurieux pour son Carmel. Si elle a souffert plus que d’autres de ce qu’il y avait d’autoritaire et de fantasque dans le caractère de Mère Marie de Gonzague, elle n’en était pas moins la première à reconnaître les qualités et les charmes de cette prieure à qui, à plusieurs reprises, elle succéda et qu’elle devait aider à mourir saintement. Quant aux défaillances, inévitables dans toute collectivité humaine, et dont certaines étaient l’effet de la maladie, elles n’empêchaient pas le Carmel de Lisieux, au jugement de notre Mère, d’offrir au monde de hauts exemples de mortification, de prière et de zèle " 35.

Nous savons que pour sa part soeur Marie du Sacré-Coeur, contresignataire du document fourni par mère Agnès, souffrit également de la façon arbitraire et partiale dont il fut utilisé par la suite : d’une part, des torts démesurément amplifiés, et de l’autre, méconnaissance des qualités réelles 36. L’épreuve ne fut d’ailleurs pas ressentie par le seul Carmel ; au-dehors aussi bien des personnes souffrirent de la légèreté, pour ne pas dire plus, avec laquelle on bâtissait sans critère sur les données de ce document du Procès apostolique.

Il est à souhaiter que, replacé dans son contexte et lu dans l’esprit où le rédigea Mère Agnès, sans préjugé, et compte tenu des données positives sur mère Marie de Gonzague consignées dans les deux Procès, ce document"trahi " soit ramené à sa juste mesure quant aux faits incriminés. Ces faits, il faut avant tout les considérer et interpréter dans leur cadre historique, donc échelonnés sur une quarantaine d’années. Pendant tout ce temps des lacunes incontestables, des défauts, des injustices se mêlèrent à d’authentiques actes de vertu, à une vie carmélitaine fervente, à une soif d’austérité et de pénitence comme à un réel dynamisme qui permirent à la Mère de compléter et perfectionner le jeune carmel de Lisieux et de créer autour de lui un climat d’estime, d’amitié et de rayonnement spirituel.

En ce qui concerne la communauté monastique, les assertions de Dans quel milieu sont à revoir à la lumière de la très riche documentation fournie par les Procès ou autrement. Le carmel de la rue Livarot émerge alors comme une maison de prière dans laquelle, en dépit de défauts de caractère et de lacunes d’ordre psychique qu’il ne faudrait cependant pas exagérer, les religieuses cherchaient vraiment Dieu et une vie d’intime union avec lui, avec une ouverture à l’apostolat qui en fit de vraies missionnaires de l’Église. C’est en effet du carmel de Lisieux qu’était partie en 1861 l’initiative d’une présence contemplative dans les missions, vivante et extrêmement active pendant toute la vie religieuse de Thérèse. Après l’humble et très pauvre fondation de Saigon en 1861, suivie de celle de Hanoi en 1895 - où pendant un certain temps il fut question d’envoyer Thérèse 31 -, le rameau missionnaire devait croître comme un arbre gigantesque, porteur de dizaines de monastères en Asie, en Amérique, en Océanie.

Il faut tenir compte de tout cela et donner au document Dans quel milieu la valeur authentique qui lui revient au-delà des anecdotes.

La déposition de l’Abbé prémontré Godefroy Madeleine (1842-1931) se présente comme juridiquement à part des autres actes du Procès apostolique, mais n’en est pas moins partie intégrante.

Etant donné son âge le vénérable témoin aurait dû déposer au Procès " ne pereant probationes ", et son nom est dûment inscrit dans la Notula testiuin primitive du vice-postulateur (Cop. ptibl., p. 207). Mais comme il se trouvait en Belgique, à Leffe-Dinant, diocèse de Namur, pour des raisons qui seront données par après, du fait de la guerre il était dans l’impossibilité de venir à Lisieux (cf. ib., p. 1109-1110). A la demande du postulateur général la Congrégation des Rites émit un décret, le 10 janvier 1917, autorisant la constitution d’un tribunal chargé d’entendre l’Abbé Madelaine à Namur. L’audience, ou Procès spécial, put avoir lieu cette même année 1917 (13 août - 29 octobre), requérant quatre sessions présidées par l’évêque de Namur, Mgr Thomas-Louis Heylen.

Simple et directe comme celle du premier Procès, la déposition de l’Abbé Madelaine est précieuse car, bien que n’ajoutant rien de substantiel à son témoignage antérieur, elle en précise bien des points et confirme aussi les déclarations d’autres témoins. Mais c’est à un autre titre que ce témoignage prend une valeur toute spéciale : son immédiateté. Le témoin ne rapporte en effet que des souvenirs personnels. Dans l’impossibilité totale où il se trouvait d’entrer en rapport avec le carmel de Lisieux, il ne pouvait que recourir à sa mémoire, et nous n’avons pas à le regretter.

Nous notes étendrons davantage sur ce point dans l’Introduction qui précède le texte de sa déposition, parlant aussi du manuscrit d’où nous la relevons.

En novembre 1917, les actes du Procès de Bayeux-Lisieux et ceux du " Processiculus " de Namur (terminés respectivement le 30 et le 29 octobre 1917) étaient à Rome. Benoît XV en autorisa aussitôt l’ouverture, qui eut lieu le 14 novembre. Collationnés par pure formalité par l’avocat Gustave Savignoni, chancelier de la S. Congrégation des Rites, ils pouvaient servir à l’étude canonique de la Cause.

Moins volumineux que ceux du Procès informatif ordinaire - dont d’ailleurs bien des pages étaient couvertes par la copie des Manuscrits autobiographiques de Thérèse les actes du Procès apostolique constituaient cependant un ensemble imposant. Il s’agissait de trois gros volumes (27,1 x 20 cm.), en tout 1704 pages manuscrites 39 préparés à Lisieux ainsi que le Transumptum destiné à la S. Congrégation des Rites. La préparation à Lisieux de la double copie pour Rome facilita énormément les premiers pas officiels à Rome, en faisant éviter la perte de temps habituellement entraînée par ce travail fait sur le Transumptum. La Copie publique était donc prête.

Nous avons fait allusion à la discussion sur la validité des Procès. Venait maintenant l’examen de l’héroïcité des vertus. Or le nouveau code de Droit Canon (can. 2101) prescrivait que sans une dispense spéciale du Souverain Pontife on ne pouvait discuter de l’héroïcité des vertus d’un Serviteur de Dieu moins de cinquante ans après sa mort. Et Thérèse était morte guère plus de vingt ans auparavant ! Le postulateur présenta donc une requête à Benoît XV qui, " attentis enixis precibus a quovis fidelium coetu sibi propositis ", accorda le 22 septembre 1919 l’indult sollicité 40.

Préparé par les avocats Louis Toeschi et Alfred Guidi, un volumineux Summarium, avec la longue Informatio et une sélection par ordre de matières des témoignages les plus importants sur les vertus tirés des Procès informatif ordinaire et apostolique 41 servit au promoteur général de la foi, Mgr Ange Mariani, à rédiger les Animadversiones (objections au Procès), présentées le 18 février 1920. Les deux avocats y répondirent aussitôt (15.3.1920). Les principales difficultés élucidées par Toeschi et Guidi, se rapportaient à la renommée d’héroïcité qui semblait faire défaut pendant la vie de Thérèse pour n’apparaître qu’après sa mort à la suite de la diffusion de l’Histoire d’une âme et de la publicité faite par le carmel de Lisieux. De plus, après avoir mis en doute la possibilité de prouver une véritable " héroïcité des vertus " au cours d’une vie si brève, le promoteur objecta un certain " quiétisme " dans la piété de la Servante de Dieu (nn. 19-21) et releva l’assurance avec laquelle elle parlait de sa gloire future et de la mission qui serait la sienne (n. 22-23). Le promoteur s’éleva également contre l’importance qu’à la fin de sa vie Thérèse donnait à la publication de ses manuscrits (n. 24), citant quelques expressions qui seraient indice d’amour-propre (nn. 25-26), son blâme de mère Marie de Gonzague au sujet du retard apporté à la profession de Céline (nn. 27-28) et sa façon d’agir avec les novices (n. 29).

Le dubium sur l’héroïcité des vertus fut présenté dans la congrégation dite " antepraeparatoria " du 1er juin 1920 par le cardinal Antonio Vico, qui le 1er avril 1916 avait succédé comme rapporteur de la Cause au cardinal Jérôme Marie Gotti, O.C.D., mort le 19 mars 1916. A cette congrégation, à laquelle prirent part 12 consulteurs et 9 prélats, la Cause devait rencontrer des difficultés : sur 21 votants, 8 formulèrent des réserves sur les vertus de Thérèse, comme l’a récemment révélé Mgr Frutaz, sous-secrétaire de la Congrégation des Causes des saints 45. Ces réserves, croyons-nous, coïncidait avec les objections présentées par le promoteur de la foi dans les Novae animadversiones du 4 août 1920, publiées en même temps que la Responsio des avocats dans la Nova positio super virtutibus. Mgr A. Mariani, après avoir insisté sur les difficultés, qui persistaient à son avis, au sujet des expressions de Thérèse sur sa gloire future (nn. 5-6), communiqua les observations des " disceptatores ". Elles portaient sur : 1. la ‘névrose’ de Thérèse enfant et son influence probable sur le reste de sa vie ; l’absence de renommée de sainteté pendant sa vie et la propagande indiscrète et exagérée faite après sa mort ; l’affirmation explicite de Thérèse sur sa mission céleste (nn. 7-10) ; - 2. la légèreté, la névrose et la présomption de Thérèse affirmant qu’elle travaillerait au ciel jusqu’à la fin des temps : - 3. l’absence de réputation d’héroïsme pendant sa vie et la publicité faite après sa mort (n. 12), - 4. le fait que la " petite voie " exclut les grandes pénitences des saints (n. 14) ; 5. l’absence d’esprit de mortification, de patience, et surtout de force héroïque (n. 15), 6. l’impossibilité d’affirmer l’héroïcité des vertus théologales et cardinales et la négligence de Thérèse relativement à la direction spirituelle (n. 18), -- 7. l’absence de désir de l’Eucharistie chez Thérèse malade (n. 19), - 8. toujours l’absence du désir de l’Eucharistie et en outre la réponse simpliste des avocats aux premières animadversiones (nn. 20-21). Les avocats Toeschi et Guidi n’eurent aucune difficulté à faire tomber ces objections.

Cependant dans la congrégation préparatoire du 25 janvier 1921, à laquelle prirent part 13 consulteurs, 9 prélats et 8 cardinaux, il y eut encore 4 objecteurs . Il s’agit certainement des réserves recueillies ensuite par le promoteur de la foi dans les Novissimae animadversationes du 19 février 1921, imprimées dans le nouveau Summarium 51. Après avoir insisté sur sa perplexité relativement à une renommée de sainteté reposant simplement sur la diffusion de l’Histoire d’une âme (nil. 1-4), et sur une présomption d’amour-propre (nn. 5-9), Mgr Mariani présente les objections émergées dans la discussion : - 1. certaines expressions employées par Thérèse sont imputables au fait qu’elle était névropathe (nn. 10-11) ; -- 2. la même difficulté, l’absence de renommée de sainteté pendant sa vie, la publicité exagérée faite après sa mort et l’estime que Thérèse avait d’elle-même (nn. 1222 : il s’agit de l’objection la plus lourde et l’auteur en est celui qui arrive en premier dans les réserves du 1er juin 1920) ; - 3. absence d’héroïcité des vertus (n. 23) ; - 4. l’hystérie de Thérèse est la cause probable de ce qu’elle a écrit sur elle-même sans jamais dépendre d’un directeur spirituel (n. 24).

La réponse des avocats, datée du 15 mars 1921, est à la fois pertinente et très documentée.

Néanmoins à la congrégation générale tenue le 2 août 1921 en présence de Benoît XV (25 participants, dont 8 consulteurs, 8 prélats et 9 cardinaux), il se trouva encore une voix pour émettre des réserves 51. Nous ne savons pas avec certitude la teneur des objections avancées. On peut supposer, étant donné l’insistance avec laquelle le décret reconnaissant l’héroïcité des vertus affirme que la maladie de Thérèse enfant ne fut pas une névrose et ne laissa aucune séquelle par la suite, que les réserves faites étaient encore de cette nature.

Cet ultime assaut n’empêcha pas la congrégation générale de se prononcer positivement. Le 14 août la Congrégation des Rites promulgua le décret Inter beatificationis. Ce jour-là, stipule le décret, Benoît XV a solennellement déclaré : " Constare de virtutibus theologalibus, fide, spe et caritate in Deum et in proximun, necnon de cardinalibus, prudentia, justitia, fortitudine et temperantia earumque adnexis venerabilis Servae Dei sor. Teresiae a Jesu Infante " 53.

Ce même 14 août 1921 la lecture du décret eut lieu en présence du Pape dans la salle du Consistoire, au Vatican. Ce fut Mgr Verde, secrétaire de la Congrégation des Rites, qui lut le document ; il avait suivi la Cause dès ses débuts et devait la conduire à bon terme. Lui-même avait préparé le décret. Aussitôt après Mgr Thomas Lemonnier, évêque de Bayeux-Lisieux, accompagné du vicaire général des carmes déchaux et du postulateur, s’approcha du trône et lut une adresse de remerciement. Benoît XV félicita l’évêque et prononça ensuite sur la " petite voie " un discours vraiment remarquable, qui demeure un des textes les plus importants du Magistère sur Thérèse de l’Enfant-Jésus et sur l’aspect providentiel de sa doctrine (55). Fervent admirateur de la carmélite de Lisieux, le Pape avait personnellement étudié et préparé son texte, " avec passion ", développant des concepts qui lui étaient depuis longtemps familiers (56). Voici Thérèse " vénérable ". Sa cause pouvait désormais progresser d’un pas sûr vers la béatification.

Nous ne rapportons pas ici les étapes successives de la glorification puisque notre Volume III en offrira la chronologie et la documentation complète. Signalons toutefois un fait qui se rapporte directement au Procès apostolique de 1915-1917 : un des miracles proposés et acceptés pour la béatification de Thérèse en 1923 est celui de la guérison de Charles Anne ; cette guérison est longuement étudiée dans la dernière partie du Procès (pp. 1396-1469) ".

En Appendice, et pour répondre à un désir exprimé de plusieurs côtés, nous publions ici le Petit procès de recherche des écrits de la Servante de Dieu (1910, cf. vol. 1, Introduction, XVII-XVIII). Dans une introduction nous en tracerons rapidement l’histoire et dirons ce que nous pensons de la valeur de ce " processiculus diligentiarum " fait " Apostolica auctoritate ". Soit par les témoignages recueillis soit par la liste des écrits, ce texte est une " pièce " de grande importance critique. De plus il peut aider à mieux comprendre la mentalité de l’entourage de Thérèse et les critères de jugement à son sujet. C’est un document difficile à consulter, qui ne comporte pas de Sommaires.

Il convenait donc que notre édition le joigne aux autres textes sur la vie et les vertus de la carmélite de Lisieux, compte tenu de la valeur de son apport pour la transmission d’une doctrine qui est l’expression d’une expérience profondément vécue.

Le texte que nous publions est celui de la Copie publique conservée aux Archives générales des carmes déchaux à Rome. De même que celui du Transumptum destiné à la S. Congrégation des Rites, il a été écrit à Bayeux- Lisieux au cours du Procès et y fut collationné avec les actes originaux, conservés à l’évêché de Bayeux. Grâce à une autorisation spéciale de la Congrégation pour la Cause des Saints et à la bienveillance de l’ordinaire, Mgr Jean Badré, nous avons pu examiner ces originaux et nos notes s’y rapporteront parfois.

Cette Copie publique, qui a servi comme texte de base pour tous les actes romains de la Cause, porte de nombreuses petites corrections interlinéaires et marginales, chaque fois authentiquées par les différents notaires E. Deslandes, E. Belliard, F. Viannès, qui ont signé de leurs noms ou simplement de leurs initiales. A Rome, ces corrections ou additions furent une nouvelle fois contresignées par l’avocat Gustave Savignoni, chancelier de la Congrégation, auteur aussi des annotations sur le contenu qui se lisent en marge. Notre texte est en outre marqué de signes marginaux au crayon, des passages sont soulignés, de brèves appréciations notées, tout cela certainement de la main des avocats Toeschi et Guidi lors de la préparation du Summarium de virtutibus et des réponses à donner aux Animadversiones du promoteur de la foi.

Il s’agit de trois volumes demi-reliure marron, de format, 27,2 x 20 cm., identifiés par les lettres A, B, C. Leur titre est : " Bajocen. ... " etc. etc. (p. XXVIII)

Le premier volume - qui contient au début avec pagination spéciale, VII ff. ajoutés à Rome avec la copie du " plicus litterarum " adressé par Bayeux en même temps que le Procès - comprend les sessions 1-23 et le début de la session 24 (ff. 1-580) ; le second volume continue la session 24 et va jusqu’au début de la session 56 (ff. 581-1060), le troisième volume va jusqu’à la dernière session, la 91e, du 30 octobre 1917 (ff. 1061-1706). Ce dernier volume porte les signatures et le sceau de l’évêque de Bayeux-Lisieux, des juges, des sous-promoteurs’, du chanoine Deslandes, notaire principal (ff. 1701- 1706). Il contient également, en folios séparés ou collés dans le texte, des photographies du cimetière, du cortège de l’exhumation et des cercueils dans lesquels furent déposés les ossements de Thérèse (cf. ff. 1548-1562), ainsi que deux planches relatives à la guérison de Charles Anne et de Ferdinand Aubry. A la fin de chaque volume l’avocat Savignoni a transcrit le 25 juin 1918 l’acte d’ouverture des Procès par autorisation de Benoît XV (14 nov. 1917).

Pour ce qui est des critères et des normes suivis dans la présentation et l’édition fidèle des dépositions, nous nous sommes tenus à ceux exposés dans l’Introduction du 1er volume (pp. XXIV-XXV), et rappelons que nous renvoyons au IIIe volume des Tables la liste des noms de personnes et de lieux, comme aussi la nomenclature des logia de la Sainte se référant aux deux Procès, ordinaire et apostolique, et une chronologie complète de la vie de Thérèse et des étapes de sa glorification.

Dans ce volume comme dans le précédent on s’est appliqué à indiquer en note, quand il y avait lieu, les sources auxquelles on pouvait se reporter pour retrouver certaines paroles et citations de la Sainte ou d’autres personnes dont les témoins faisaient état.

Au moment de conclure nous tenons à adresser nos remerciements les plus vifs à tous ceux qui nous ont aidés à préparer cette édition. Un merci particulier au carmel de Lisieux pour les informations données ; à la S. Congrégation pour les Causes des Saints qui a autorisé la mise à disposition et l’examen des originaux des Procès ; à Mgr Jean Badré, évêque de Bayeux-Lisieux, qui nous accueillit à Bayeux avec grande bienveillance et nous permit de consulter en toute liberté non seulement les Procès mais encore toute la très riche documentation recueillie en dehors d’eux, avec un soin extraordinaire, par le chanoine Deslandes. Celle-ci nous a fait toucher du doigt le sérieux et la compétence avec lesquels le tribunal, aidé par l’infatigable vice-postulateur Mgr de Teil, sut conduire le laborieux Procès. Le tribunal de Bayeux-Lisieux et la S. Congrégation des Rites ont manifestement travaillé avec un dévouement exemplaire et une juste rigueur. Il suffit d’examiner tous les actes du Procès et les Animadversiones du promoteur de la foi...

Le procès de sainte Thérèse, en dépit de ce qui a été répété récemment avec plus de légèreté que de compétence, n’a pas besoin de révision 60. Il demeure, avec les écrits de la Sainte, la source la plus riche, la plus pure et la plus sûre où l’on doit puiser si l’on veut connaître son aventure spirituelle.

C’est en le lisant que loin découvrira le vrai visage de celle que Pie X nommait dans un entretien avec un évêque missionnaire : " la plus grande sainte des temps modernes " 61 (Cf. Les Annales de Sainte Thérèse de Lisieux 27 (1951), n. 7 (juillet), p. 6.)

 

 

 

DOCUMENTS JURIDIQUES DU DÉBUT DU PROCÈS APOSTOLIQUE

INCHOATIF Ce deuxième volume est consacré au Procès apostolique et s’ouvre sur un ensemble de documents juridiques relatifs à la poursuite de la Cause de Béatification et Canonisation de Soeur Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Vient d’abord la lettre officielle (Supplex libellus) par laquelle, en date du 8 mars 1915, Mgr Roger de Teil, vice-postulateur, demande à Mgr Thomas Lemonnier, évêque de Bayeux et Lisieux, l’autorisation d’ouvrir le Procès apostolique par sa première partie, le Procès " inchoatif ". Celui-ci a pour but d’entendre les témoins âgés de cinquante ans accomplis, ou qui sont de santé fragile, ou se trouvent éloignés du lieu où se dérouleront les interrogatoires, - cela " ne pereant in causa probationes " (.. de peur que ne se perdent des témoignages).

Le second document, signé de Mgr Lemonnier en date du 11 mars 1915, est l’acte de nomination par mandat du Saint-Siège, des juges du Procès inchoatif, à savoir trois chanoines titulaires de la cathédrale de Bayeux : Pierre Fauvel, Alexandre Lebourgeois, Emile Delamare, et trois autres prêtres, à savoir : Victor Pitrou, chanoine honoraire, Ernest Bisson, aumônier épiscopal, Charles Durel, aumônier épiscopal.

Tous sont convoqués à la sacristie de la cathédrale de Bayeux pour le 17 mars suivant, en même temps que le chanoine Théophile Dubosq, promoteur de la foi.

Le troisième document est le mandat de procuration par lequel, en date du 14 août 1914, le P. Rodrigue de Saint François de Paule, O.C.D., Postulateur général de l’Ordre, délègue avec la clause la plus large d’" alter ego ", pour tout ce qui concerne ce Procès apostolique, son vice-postulateur, Mgr Roger de Teil, prélat domestique de Sa Sainteté, chanoine de N.-D. de Paris, et directeur de l’Oeuvre de la Sainte-Enfance.

Le quatrième document contient les Lettres rémissoriales de la S. Congrégation des Rites dont l’ensemble présente un grand intérêt.

Outre l’appareil canonique usuel, on y trouve rappelé comment s’est conclue la première phase des Procès sous l’autorité de l’ordinaire du lieu, et exposé comment débutera la seconde, sous l’autorité directe du Siège apostolique.

Le texte parle, de fait, longuement de la " Commission pour l’introduction de la Cause " à Rome, du jugement favorable de la S. Congrégation des Rites et du consentement du Pape Pie X, signant la Commissio avec le rituel Placet Josepho. Ce document rappelle les antécédents de la Cause de Thérèse et, signé du Saint-Père le 10 juin 1914, un peu plus de deux mois avant sa mort, survenue le 20 août, il demeure pour nous comme une relique de ce Pape canonisé en même temps qu’un précieux témoignage de l’estime qu’il avait pour celle dont il avait dit à un évêque missionnaire, avec une sensibilité prophétique, qu’elle était " la plus grande sainte des temps modernes " (cf. Annales de Lisieux 27 [1951] n 7, juillet, p. 6 ). Est aussi donné intégralement le texte du décret de la S. Congrégation des Rites du 10 juin 1914 concernant l’ " Introduction de la Cause " de Thérèse (texte officiel in AAS 6 [1914] 380-382). C’est le premier document officiel public du Saint-Siège dans la Cause de la carmélite qui voulait être " fille de l’Église, comme l’était sa mère sainte Thérèse " (cf. Ms C, 1. 33 v.) et dont le nom et le message devaient désormais revenir souvent pendant des années dans les Acta Apostolicae Sedis, témoignage de sa rapide glorification.

Les " Lettres rémissoriales " contiennent encore le texte du décret de la S. Congrégation des Rites daté du 15 juin 1914 qui autorise l’expédition de ces " Lettres " pour le début du Procès " inchoatif " (ne pereant potiores probationes). Suivent enfin le rappel d’actes juridiques déjà accomplis, ainsi que le texte des formules des serments à prêter par les autorités et par les témoins. Est à noter l’insistance avec laquelle on recommande à ceux-ci de ne pas se contenter de brèves réponses aux questions posées dans les Articles, mais d’avoir soin de dire de manière claire et détaillée, très circonstanciée, ce qu’ils savent de visu (pour l’avoir vu) ou de auditu (pour l’avoir entendu) ou de toute autre manière, même s’il s’agit de points déjà signalés dans les Articles. C’est ce qu’ont fait les témoins, avec conscience, de manière fort précise, nous fournissant ainsi une mine de la plus grande valeur pour la connaissance intime de l’âme et de l’itinéraire spirituel de Thérèse.

[Session 1 : 17 mars 1915, mercredi, à 2h de l’après-midi]

Demande officielle du vice-postulateur Roger de Teil (texte latin).

Rescrit de l’évêque Thomas (texte latin).

Mandat de procuration reçu par le vice-postulateur Rodrigue de S. François de Paule (texte latin).

Lettres rémissoriales (texte latin).

 

ARTICLES

Des documents d’introduction, le plus étendu est celui des Articles présentés par le P. Rodrigue de S. François de Paule, O.C.D., Postulateur général, et rédigés sans aucun doute avec la collaboration de Mgr Roger de Teil, vice-postulateur.

Plus nombreux que ceux du Procès ordinaire, ces nouveaux Articles sont rédigés de manière plus concise, en un style plus juridique. Les précédents (Procès, vol. 1, pp. 11-114) se présentaient de manière effectivement plus vive et plus concrète, émaillés de nombreuses citations de soeur Thérèse de l’Enfant-Jésus 1 : " Ils constituent, écrivions-nous, une vraie biographie de Thérèse au sens propre du terme (... ). Même s’ils n’ajoutent rien de substantiel aux données de l’Histoire d’une âme, ils offrent une bonne vue d’ensemble de la vie et du message de la Sainte et se font l’écho de la dévotion qui allait se répandant à son égard " (op. cit., p. 8).

Documents - Articles p.19

Les nouveaux Articles pourraient, à première vue, décevoir le lecteur. Mais, pensons-nous, celui qui saura percer l’écorce juridique et passer outre à un style peu attrayant, réalisera qu’il se trouve là en présence d’un document biographique de valeur authentique et d’une richesse pour le moins égale à celle des Articles de 1910. Thérèse se révèle maintenant à nous davantage par ses oeuvres que par ses paroles, encore que celles-ci ne manquent pas, rapportées par témoins de auditu.

Ces Articles ne comportant pas de table, nous pensons rendre service en présentant celle que voici :

I. - Vie de la Servante de Dieu jusqu’avant la dernière maladie (art. 1-14).

II- Vertus héroïques de Thérèse.

A) Héroïcité des vertus en général (art. 15-17).

B) Vertus théologales :

1. - Foi (art. 18-56).

2. - Espérance (art. 57-79).

3. - Charité :

a) Amour de Dieu (art. 80-102).

b) Amour du prochain (art. 103-132).

C) Vertus cardinales :

1. - Prudence (art. 133-146).

2. - Justice (art. 147-154).

3. - Force (art. 155-170).

4. - Tempérance (art. 171-187).

D) Conseils évangéliques :

1. - Obéissance (art. 188-206).

2. - Pauvreté (art. 207-215).

3. - Chasteté (art. 216-223).

E) Humilité (art. 224-238).

III. Dons préternaturels (art. 239-245).

IV Renommée de sainteté durant la vie (art. 246-250).

V Maladie et mort de Thérèse (art. 251-269).

VI. Miracles après la mort (art. 270).

VII. Renommée de sainteté après la mort (art. 271-279).

Sous le couvert d’une terminologie abstraite, ce schéma recouvre ainsi toute une série d’interrogations qui permettront aux témoins de nous révéler, chacun à leur manière, quelque chose de la vie profonde de soeur Thérèse de l’Enfant-Jésus : oraison silencieuse, confiance filiale à l’égard de Dieu, union de volonté, acte d’offrande à l’Amour Miséricordieux, désir du martyre, amour envers le prochain, ardeur apostolique et missionnaire. Tout ce qui concerne les dons préternaturels est maintenant plus développé que dans les Articles précédents et, nous semble-t-il, soeur Geneviève (Céline) aurait eu là plus encore qu’en 1910, l’occasion de signaler, comme elle l’avait fait alors à sa soeur Léonie, visitandine à Caen, " certaines inexactitudes concernant de prétendus faits charismatiques ", ajoutant : " Notre Thérèse est restée ce que tu l’as connue, et cela jusqu’à la fin ".

Le thème de la " renommée de sainteté " de Thérèse durant sa vie (art. 246- 250) est de même plus développé que précédemment, ce qui s’explique aisément du fait de l’extension déjà prodigieuse de son influence (art. 272-279) qui ne pouvait procéder que d’une authentique sainteté.

Somme toute, les nouveaux Articles répondent bien, eux aussi, dates leur ensemble, à leur finalité profonds qui est de permettre aux témoins de déposer encore de manière ordonnée et circonstanciée.

Mère Agnès de Jésus pouvait écrire le 20 décembre 1914 à Mgr Alexandre Verde, Promoteur de la Foi : " Nous avons maintenant reçu toutes les pièces nécessaires au grand Procès. J’espère que Monseigneur notre évêque ne va pas aller moins vite que Rome. Nous sommes ravies des Articles du Révérend Père Postulateur, qui sont réellement admirables ".

[Vie de la Servante de Dieu]

1 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu naquit le deux janvier de l’année 1873 à Alençon, dans le diocèse de Séez. Elle fut la neuvième entre les fils de Louis Joseph Martin et de Marie Zélie Guérin. Elle fut baptisée dans l’église de Notre Dame d’Alençon le 4 janvier 1873, et elle reçut les noms de Marie, Françoise, Thérèse ; son parrain fut Paul Albert Roul, et sa marraine [62] Marie Louise Martin, soeur aînée de l’enfant, qui avait alors treize ans.

Ce qui sera prouvé par des témoins bien informés, qui signaleront en même temps pour chaque circonstance la cause de leur science en spécifiant s’ils ont vu eux-mêmes ce qu’ils raconteront, ou s’ils l’ont appris par des témoins de visu, ou par des témoins par ouï-dire, ou de par la voix publique, ou s’ils se sont renseignés sur des documents plus ou moins authentiques, en spécifiant leur forme et la foi qu’ils méritent.

2 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu fut, pendant quelques semaines, nourrie par sa mère, mais, un affaiblissement des plus graves ayant mis en danger la vie de madame Martin, l’on fut obligé après deux mois de la confier à une nourrice plus vigoureuse. Elle resta une année chez cette nourrice, qui d’ailleurs était une femme très honnête, et fut reprise par sa mère dans le courant du mois de mars de l’année 1874. - Ce qui sera prouvé.

3 - Que ce fut et c’est la vérité que les parents de la Servante de Dieu étaient dégagés de toutes les choses de la terre ; la vie à leur maison était simple et patriarcale ; on y évitait l’agitation des relations mondaines, et on tendait à rester seuls en famille. La vie éternelle était leur préoccupation dominante. La mère de la Servante de Dieu désirait avoir beaucoup d’enfants afin de les élever pour le ciel. La mère et le père de la Servante de Dieu allaient tous les ours [63] à la messe ; ils communiaient très souvent ; l’un et l’autre jeûnaient et faisaient abstinence tout le carême ; ils étaient un exemple vivant des moeurs chrétiennes. Ce qui sera prouvé etc.

4 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu fut élevée par sa mère jusqu’à l’âge de quatre ans et demi. Sa mère mourut au commencement de l’année 1878. Après la mort de son épouse, le père de la Servante de Dieu quitta Alençon et alla avec sa famille demeurer à Lisieux où se trouvait le frère de sa femme décédée. Il préférait réellement entre ses enfants la petite Thérèse devinant en elle un être d’élite. Sa mère étant morte, elle fut d’abord élevée par sa soeur Pauline, âgée alors de dix sept ans, qu’elle appelait sa petite mère. - Ce qui sera prouvé etc.

5 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, à son âge de huit ans et demi - c’est-à-dire au mois d’octobre 1881 - entra comme demi-pensionnaire chez les religieuses bénédictines de Lisieux, où déjà la soeur de la Servante de Dieu Marie Hélène [sic !, au lieu de Céline] se trouvait. Le changement de direction lui fut bien pénible, et surtout la nécessité de se trouver au milieu d’enfants qui n’avaient ni les mêmes goûts ni les mêmes aspirations qu’elle. Elle avait beaucoup de succès dans ses études et retenait fort bien ce qu’on lui apprenait, remportant facilement tous les prix. -Ce qui sera prouvé etc.

6 - Que ce fut et c’est la vérité que vers l’âge de dix ans la Servante de Dieu fut atteinte d’une [64] maladie étrange, maladie qui venait certainement du démon qui paraissait avoir reçu un grand pouvoir sur elle. Elle disait après que pendant cette maladie elle n’avait jamais perdu un seul instant l’usage de la raison. En effet, aucun ne l’entendit jamais dire un mot qui n’eût pas de sens et elle n’a jamais été un instant en délire. Elle avait tout de même des visions terrifiantes. Le médecin, quand il était présent à l’un de ces phénomènes ou de ces crises, où elle se plaignait de ces visions, avouait l’impuissance de la science. - Ce qui sera prouvé etc.

7 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu fit sa première communion le 8 mai de l’année 1884, à son âge de 11 ans et quatre mois. Elle se prépara à ce grand acte avec une ferveur extraordinaire faisant chaque jour de nombreux actes de vertu. Sa soeur Pauline lui avait donné aussi une petite feuille sur le renoncement, qu’elle méditait avec délices. On sentait que son âme aspirait de toutes ses forces à s’unir à Jésus : le jour de sa première communion elle semblait plutôt un ange qu’une créature mortelle. - Ce qui sera prouvé etc.

8 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu fut retirée du pensionnat de l’Abbaye aux bénédictines vers janvier 1886. Sa soeur Céline avait fini ses études en août de l’année précédente. La Servante de Dieu resta alors seule de ses soeurs au pensionnat. Cet isolement fut une épreuve dangereuse pour sa petite santé. Son père jugea bon alors de la garder [65] à la maison pour lui faire achever ses études. - Ce qui sera prouvé etc.

9 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dans le jour de la Pentecôte 1887 manifesta à son père le désir qu’elle avait toujours eu de se consacrer à Dieu dans la religion en se faisant carmélite. Son père, après quelques difficultés, ne refusa pas son consentement, mais l’oncle de la Servante de Dieu, monsieur Guérin, consulté à ce sujet, répondit qu’il n’aurait jamais donné son consentement avant qu’elle n’eût atteint l’âge de 17 ans au moins, en disant que c’était contre la prudence de la laisser se faire religieuse si jeune. Il donna tout de même, peu après, son consentement. - Ce qui sera prouvé etc.

10 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu n’ayant pas réussi à obtenir la permission de son évêque pour entrer au Carmel avant l’âge canonique, voulut entreprendre le voyage de Rome pour demander cette grâce au Saint Père lui-même. Admise en la présence de Sa Sainteté Léon XIII, accompagnée non par son évêque, monseigneur de Bayeux, mais par le vicaire général de celui-ci, monseigneur Révérony, elle recommanda instamment au Saint Père sa requête, mais n’obtint d’autre réponse que celle de se remettre à la volonté des supérieurs et à la disposition de la Providence. - Ce qui sera prouvé etc.

11 - Que ce fut et c’est la vérité que, rentrée en France, la Servante de Dieu se remit en tout aux conseils de sa soeur Pauline sur l’affaire de sa vocation. [66] Avant Noël de l’année 1887, elle écrivit par le conseil de sa soeur une lettre d’instance à monseigneur l’évêque de Bayeux qui, cette fois, répondit le 20 décembre en accordant l’autorisation tant désirée, mais elle n’entra au Carmel qu’en avril de l’année suivante accompagnée par son père et par toute la famille, le 9 de ce mois de décembre [sic !, au lieu de avril] 1888. - Ce qui sera prouvé etc.

12 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu commença son postulat en avril de l’année 1888 à l’âge de 15 ans et trois mois. Elle aurait pu régulièrement prendre l’habit dans les six mois, avant la fin d’octobre de la même année. De fait, elle ne le prit que le dix janvier de l’année 1889. Le 11 janvier de l’année 1890 après un an et un jour de noviciat, étant âgée de 17 ans, la Servante de Dieu aurait pu être admise à la profession, mais la révérende mère prieure, à cause de son âge encore trop jeune, lui conseilla de la remettre à plus tard. - Ce qui sera prouvé etc.

13 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu fut chargée d’abord, dans l’année 1893, de la formation des novices à titre d’auxiliaire de la maîtresse. Elle conserva cette charge jusqu’à sa mort. La mère Marie de Gonzague

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qui était alors la maîtresse des novices, devint prieure en 1896. Elle crut bon tout de même de garder pour soi la charge antérieure, en se confiant pourtant à la Servante de Dieu pour l’exercice des détails de cette charge vis à vis des sujets du noviciat. - Ce qui sera prouvé etc. [67]

14 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu remplit successivement diverses obédiences ordinaires dans son monastère, comme de sacristine, de portière, de réfectorière, de lingère, etc. Elle ne fut jamais appelée à remplir le rôle d’infirmière que pourtant elle souhaitait beaucoup. Elle se montrait indifférente au choix des emplois et s’appliquait très soigneusement à les remplir à chaque instant comme étant l’expression de la volonté de Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

[Héroïcité des vertus de la Servante de Dieu en général]

15 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu observa toujours les commandements de Dieu et les préceptes de l’Église avec une exactitude parfaite et complète sans que jamais ni son confesseur, ni ses soeurs, ni ses compagnes eussent remarqué en elle quelque chose qui pût sembler avoir offensé un de ces préceptes, en conservant jusqu’à la fin de sa vie la plus complète immunité du péché mortel, et observant de même tous ses voeux religieux d’une manière parfaite. - Ce qui sera prouvé etc.

16 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu pratiqua pendant toute sa vie et dès sa plus tendre enfance toutes les vertus, notamment les vertus de foi, d’espérance et de charité, et c’est en la charité particulièrement qu’elle se signala d’une façon toute particulière par son amour de Dieu. De même elle pratiqua les vertus cardinales, et particulièrement la [68] vertu de force, les vertus religieuses et surtout l’humilité qui resplendit en elle d’une manière toute principale et remarquable. - Ce qui sera prouvé etc.

17 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dans l’exercice et la pratique de toutes les vertus atteignit peu à peu un degré absolument extraordinaire. Sa constance dans la pratique de toutes les vertus, sa victoire continuelle de tous les obstacles, la facilité qu’elle avait obtenue dans cet exercice, la multiplicité de ses actes vertueux, la spontanéité qu’elle y mettait étaient des signes certains de l’héroïcité qu’elle avait atteinte. On ne put jamais noter en elle la moindre défaillance, le moindre découragement dans la pratique de la perfection chrétienne. - Ce qui sera prouvé etc.

[Héroïcité de la foi de la Servante de Dieu]

18 - Que ce fut et c’est la vérité que dès son enfance la Servante de Dieu fut toujours dominée par un vif désir de s’instruire dans les choses de la religion et concernant le salut de l’âme. Les livres spirituels commencèrent bientôt à former sa nourriture quotidienne : elle lisait tous les jours l’Imitation de Jésus-Christ qu’elle finit par apprendre mot-à-mot. De même elle étudiait avec un puissant attrait l’histoire sainte, et lisait les auteurs pieux qui lui étaient conseillés par ses confesseurs. - Ce qui sera prouvé etc. [69]

19 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu se plaisait surtout et dès son enfance dans les discours spirituels et pieux. Avec sa soeur Hélène [sic !, au lieu de Céline] elle restait le soir accoudée à la fenêtre du belvédère de sa maison à deviser avec elle sur les choses de l’éternité. Les désirs de souffrir avec Dieu et pour Dieu embrasaient son coeur, et le mépris, volontairement accepté, lui paraissait seul avoir des charmes sur la terre. - Ce qui sera prouvé etc.

20 - Que ce fut et c’est la vérité que les personnes qui avaient occasion de converser avec la Servante de Dieu même dans son enfance voyaient assez bien quel était l’esprit de sa foi. Elles sentaient que l’âme de la petite vivait déjà et continuellement dans la présence du bon Dieu, car, si on lui parlait de toilette et d’autres choses du même genre, on ne pouvait l’en entretenir longtemps ; mais si on lui parlait de choses pieuses, tout de suite son âme s’ouvrait et s’épanchait avec bonheur. - Ce qui sera prouvé etc.

21 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu éprouva toujours un grand désir de la propagation de la foi catholique. Elle aurait voulu partager la vocation des prêtres et des missionnaires surtout pour porter le nom de Dieu dans tous les pays de la terre, et pour être, si cela fût possible, martyre

de Jésus-Christ. Mais ne le pouvant pas, elle pensait qu’elle devait y suppléer par l’ardeur de ses sentiments de foi et de ses prières, et que si ses prières étaient ardentes, elles auraient été efficaces [70] comme des actions. - Ce qui sera prouvé etc.

22 - Que ce fut et c’est la vérité que l’attention de la Servante de Dieu à plaire au Seigneur et son Époux divin était ininterrompue. Au milieu des occupations les plus distrayantes on sentait que la Servante de Dieu ne se livrait entièrement qu’au travail de la grâce dans son âme. Jamais on ne surprenait en elle aucune dissipation, et, quand on l’approchait, elle communiquait aux autres ce recueillement parfait qui pointait dans ses écrits et dans ses paroles même quand il s’agissait de choses indifférentes. - Ce qui sera prouvé etc.

23 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu ne perdait jamais le contact avec la présence de Dieu. La perfection et l’attention qu’elle mettait dans tous ses actes en rendaient témoignage. Elle avait d’autant plus de mérite à agir ainsi à cause du désarroi où était la communauté par le gouvernement regrettable de la mère de Gonzague. Elle ne pouvait supporter des négligences dans les novices et elle les reprenait en leur disant : " Que faites-vous au Carmel si vous n’agissez pas avec esprit intérieur ? " 1. - Ce qui sera prouvé etc.

24 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, dans son esprit de foi très profond, quand les novices

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allaient parler avec la mère prieure leur recommandait de prier avant tout le bon Dieu afin d’obtenir par la prière que les paroles de la supérieure eussent représenté pour chacune avec fidélité et efficacité la volonté divine. " Si vous ne faites pas cela - leur [71] disait-elle, - vous allez perdre votre temps " 1 ; et elle-même pratiquait cette prière dans le même sens. - Ce qui sera prouvé etc.

25 - Que ce fut et c’est la vérité que déjà à son âge de douze ans, quand la Servante de Dieu fut retirée du pensionnat, elle continua de s’y rendre deux ou trois jours de la semaine pour le travail manuel des bonnes oeuvres. Dans cette période, à peine terminée la leçon de travail, elle restait à la tribune de la chapelle en prière, absorbée en la méditation, sans se distraire et sans faire aucun mouvement pendant une heure et demie et plus encore jusqu’au moment du départ. - Ce qui sera prouvé etc.

26 - Que ce fut et c’est la vérité que jusque dans sa première enfance, quand la Servante de Dieu était aux bénédictines, elle aimait déjà la solitude et la retraite pour maintenir son âme en contact avec les pensées de Dieu. Elle ne trouvait pas de plaisir aux jeux bruyants des enfants de son âge. Son grand plaisir était de cueillir des fleurs et de s’isoler dans le jardin ou dans la campagne pour songer à son Dieu. Elle aimait la nature et le chant des oiseaux parce que cela reportait plus aisément son âme aux pensées de Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

27 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu fit toujours ses délices de la prière au pied du saint tabernacle. Avant l’âge de huit ans, elle sortait tous les jours avec son père et ne [72] manquait jamais d’entrer dans quelque église., elle ne serait jamais rentrée à la maison sans avoir fait visite au bon Dieu. En pension elle ne manqua pas à cette pieuse pratique qu’elle remplissait tous les jours, au moins pendant un quart d’heure. En religion enfin, tout le temps qu’elle avait de loisir, elle le passait dans la chapelle du Très-Saint Sacrement dans la plus fervente prière. Ce qui sera prouvé etc.

28 - Que ce fut et c’est la vérité que l’oraison mentale était la nourriture quotidienne de la Servante de Dieu. Cela datait de son enfance. Vers le temps de sa première communion, elle demandait déjà à sa soeur Pauline de pouvoir faire tous les jours une demi-heure d’oraison, et sa soeur ne voulut pas le lui accorder. Alors elle lui demanda un quart d’heure seulement, mais sa soeur ne lui permit pas davantage. Elle était déjà si élevée dans la compréhension des choses du ciel que sa soeur même en avait peur. Ce qui sera prouvé etc.

29 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu depuis le temps de sa première communion se pénétra si profondément des vérités de la foi et des mystères qu’elle se servait rarement du livre pour prier. Sa prière était toute intérieure et semblait être une contemplation. Cette forme de prière s’imposait à elle en sorte qu’elle ne pouvait s’astreindre à lire dans son livre les prières de la messe, comme c’était l’ordre du pensionnat. Même à la [73] maison elle se cachait souvent dans la ruelle du lit pour songer et penser au bon Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

30 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu faisait sa joie de la récitation de l’office divin. Elle était heureuse des offices de lectrice ou hebdomadaire dans cette récitation. Elle y édifiait par sa modestie et son exactitude et par la ferveur de son chant. Elle recommandait à toutes ses novices de composer leur extérieur pendant l’office à une modestie particulière à cause de la dignité du lieu et par respect pour les saints anges qu’elle disait assister à la psalmodie des religieuses. - Ce qui sera prouvé etc.

31 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu reçut le sacrement de la confirmation le 14 juin de l’année 1884. Dans les jours précédant la réception du sacrement, une sorte d’enthousiasme perçait dans son extérieur. Un jour de sa retraite, elle expliqua à sa soeur Hélène [sic, au lieu de Céline] ce qu’elle comprenait de la vertu de ce sacrement. Il y avait dans ses paroles et ses regards une telle flamme que sa soeur la quitta profondément émue. Ce qui sera prouvé etc.

32 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu même avant sa première communion manifestait un grand esprit de foi et de religion vers la présence réelle. Désignée avec d’autres enfants pour jeter les fleurs à la procession du Très-Saint Sacrement, elle avait soin de jeter bien haut [74] ses pétales de roses afin qu’ils fussent allés caressé, comme elle disait, son Jésus. Les assistants remarquaient sa piété et son air angélique et on les entendait manifester leur vive admiration. - Ce qui sera prouvé etc.

33 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dans son enfance et étant encore à la maison paternelle aurait désiré communier tous les jours, mais elle attendait que son confesseur lui en fît la proposition n’osant prendre elle- même l’initiative de cette demande. Elle disait plus tard à ce sujet : " Je n’avais pas alors l’audace que j’ai maintenant : car ce n’est pas pour rester dans son ciboire d’or que Jésus s’est fait hostie, mais pour trouver le ciboire de nos coeurs dont il fait ses délices " Ce qui sera prouvé etc.

34 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu montrait son héroïque foi dans la façon dont elle recevait la Très-Sainte Communion. Elle allait à l’autel avec un visage angélique : sa ferveur éclatait dans ses yeux et dans tout son maintien. Elle se préparait à cet acte avec de longues méditations et des élans très purs de foi et de charité. Son action de grâces était aussi bien longue et extraordinairement fervente, et son bonheur, après avoir reçu le Très-Saint Sacrement, se manifestait tellement que toutes les soeurs en étaient émerveillées. - Ce qui sera prouvé etc.

35 - Que ce fut et c’est la vérité que la foi de [75] la Servante de Dieu dans la présence réelle était si grande que, si elle trouvait dans le ciboire ou dans

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le corporal quelque petite parcelle, elle s’agenouillait pour adorer et n’osait plus y toucher, laissant le corporal et faisant appeler le prêtre. Un jour, entre autres, retirant la petite plaque dorée de la petite table de communion, elle vit qu’une parcelle assez notable y était tombée. Elle fit signe aux novices de la suivre, porta la plaque sur une table à la sacristie et fit mettre les novices en prières jusqu’à ce que arrivât le prêtre qu’elle avait fait prévenir. - Ce qui sera prouvé etc.

36 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, un jour que le prêtre en donnant la sainte communion laissa tomber l’hostie, tendit promptement le bout de son scapulaire et y reçut les espèces sacrées. L’hostie sainte ne tomba pas et elle la maintint quelques instants dans le scapulaire jusqu’à ce que le prêtre pût la reprendre. Elle était pleine de joie pour ce petit accident et répétait à toutes avec allégresse : " J’ai porté l’Enfant Jésus dans mes bras comme la Sainte Vierge ". - Ce qui sera prouvé etc.

37 - Que ce fut et c’est la vérité que la foi de la Servante de Dieu s’augmentait en toute occasion, et tout lui était raison de s’accroître. La vue de la belle nature et des chefs-d’oeuvre de l’art élevaient aussi son âme. Dans son voyage de Rome en particulier, elle ne savait comment exprimer son admiration, et il naissait de toutes ces choses des pensées profondes et [76] il lui semblait comprendre déjà la grandeur de Dieu et les merveilles du ciel. - Ce qui sera prouvé etc.

38 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu avec un esprit de foi très grand faisait servir les fleurs à exprimer sa piété. Toutes avaient pour elle un langage particulier et elle les faisait servir à exprimer ses propres sentiments. Le soir, en été, à l’heure du silence et souvent les jours de fête pendant les récréations, elle jetait des fleurs au calvaire du préau du monastère. Dans sa dernière maladie, pour embaumer son crucifix, elle effeuillait les roses qu’on lui apportait pour la réjouir. On lui demanda un jour de jeter des fleurs à la communauté réunie autour de son lit, mais elle ne le voulut pas, si non pour la Sainte Vierge et pour saint Joseph et non pour d’autres créatures. - Ce qui sera prouvé etc.

39 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, quand elle était sacristine, apportait une grande piété dans l’exercice de sa charge, notamment quand elle touchait aux vases sacrés et préparait les linges et les ornements de l’autel. Cet office la pressait d’être bien fervente : elle rappelait souvent les paroles des Livres Saints sur la pureté dont doivent être revêtus ceux qui touchent les vases du Seigneur. Regardant dans les calices luisants, elle se réjouissait de voir son image reproduite dans les fonds où descendait ensuite le sang de Jésus. Ce qui sera prouvé etc. [77]

40 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu nourrissait toujours son âme avec des livres spirituels : et en premier lieu elle n’abandonnait jamais la lecture de l’Évangile qu’elle portait toujours sur son coeur. Le petit livre de l’Imitation de Jésus-Christ était aussi sa lecture quotidienne et elle y trouvait toute sa consolation. Les oeuvres de saint Jean de la Croix et de sainte Thérèse de Jésus furent aussi ses livres favoris. Elle recommandait aussi des lectures constantes et pieuses à ses novices et leur servait d’interprète aux passages obscurs et difficiles avec une surprenante intelligence des choses divines. - Ce qui sera prouvé etc.

41 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu professa toujours un grand culte pour le mystère de la Nativité. Une joie insigne c’était pour elle de travailler à orner la crèche et de chanter l’Enfant-Dieu dans des poésies débordantes de tendresse et d’amour. Elle se préparait à la fête de Noël par une neuvaine très fervente où elle redoublait sa piété et sa mortification. Le jour de Noël sa joie débordait dans ses retards et ses paroles. Elle employait toujours ses instants de liberté à orner et fleurir une statuette de l’Enfant-Jésus dont le soin lui était confié. - Ce qui sera prouvé etc.

42 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu aimait beaucoup à faire le chemin de la croix. Elle le faisait pour avoir la satisfaction de méditer petit à petit la passion du Seigneur [78] et se pénétrer de ses douleurs, et pareillement pour procurer du soulagement aux âmes du purgatoire. Sa ferveur dans l’accomplissement de cette pieuse dévotion était très grande et ceux qui la voyaient en accomplissant cet acte en étaient profondément remués. Ce qui sera prouvé etc.

43 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu professait une dévotion très grande à tous les symboles de la Passion et à tous les instruments qui avaient servi à martyriser le Rédempteur divin, et à toutes les reliques de ces instruments. Elle avait un grand désir de porter les traits de Jésus crucifié profondément sculptés dans son coeur. Elle était très heureuse de voir dans quelques unes de ses compagnes la même dévotion, et elle composa pour l’entretenir de pieux cantiques à ce sujet, qui sont pleins d’une foi et d’un amour très grand pour le bon Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

44 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu avait un amour très tendre pour la Sainte Vierge. Etant toute petite et ne pouvant assister aux exercices du mois de Marie, elle avait préparé un petit autel devant lequel elle priait avec beaucoup de dévotion. Pendant sa maladie, à l’âge de 10 ans, sa distraction préférée était de tresser des guirlandes de pâquerettes et de myosotis pour la Mère de Dieu. Les dernières fleurs qu’on lui offrit à son entrée au Carmel furent des bluets dont elle fit deux couronnes qu’elle demanda aux soeurs de mettre dans les mains de la [79] très Sainte Vierge. - Ce qui sera prouvé etc.

45 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu aimait tellement la Sainte Vierge qu’elle lui donnait le nom de Maman. Cela lui semblait encore plus tendre que celui de Mère. Elle disait qu’elle n’avait jamais du attendre beaucoup une grâce de par la très Sainte Vierge et que au contraire elle en recevait des secours immédiats. Au mois de mai 1897, elle composa sa dernière poésie

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sur la Sainte Vierge, mais elle en avait aussi écrit d’autres et toutes pleines d’une tendresse et d’une piété extraordinaires. Ce qui sera prouvé etc.

46 - Que ce fut et c’est la vérité que jusque dans ses premières années la Servante de Dieu montra sa dévotion héroïque à la très Sainte Vierge. Le désir d’entrer dans l’association des enfants de Marie, établie à l’Abbaye des bénédictines, lui fit accepter, malgré ses répugnances, de retourner deux fois la semaine et pendant plusieurs mois au pensionnat qu’elle avait quitté. Elle faisait encore partie des autres associations pieuses et particulièrement de celle des Saints Anges où il n’entrait que des enfants modèles. Ce qui sera prouvé etc.

47 - Que ce fut et c’est la vérité que la dévotion de la Servante de Dieu à Saint Joseph était pareille à celle qu’elle avait pour la Sainte Vierge. Lors de son voyage à Rome, elle se recommanda particulièrement à lui pour la protection de sa chasteté. Quand elle fut en religion, elle le pria beaucoup pour obtenir [80] une plus grande liberté dans la fréquence de la sainte communion. Le décret de Léon XIII retirant le droit de régler cette fréquence aux supérieures pour le remettre aux seuls confesseurs la combla de joie. Elle en fut toujours reconnaissante à Saint Joseph en lui attribuant ce dénouement. - Ce qui sera prouvé etc.

48 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu recommandait sans cesse à la très Sainte Vierge toutes les intentions et toutes les entreprises de son zèle. Lorsqu’elle voulait encourager ses novices à la pratique des vertus, elle leur écrivait des petites lettres au nom de la très Sainte Vierge. Lorsqu’elle fut bien malade, elle voulut exprimer dans un chant à la très Sainte Vierge tout ce qu’elle pensait de plus pieux pour elle et composa son cantique qui commence par ces mots : " Pourquoi je t’aime, ô Marie, etc... ", qui est tout plein d’amour pour sa Mère céleste. - Ce qui sera prouvé etc.

49 - Que ce fut et c’est la vérité que la dévotion de la Servante de Dieu pour la Sainte Vierge s’accrut surtout pour le bienfait de la guérison qu’elle reçut de la Mère de Dieu à l’âge de dix ans. La statue devant laquelle elle recouvra la santé lui fut toujours chère. Pendant sa dernière maladie cette statue fut transportée à l’infirmerie où on la plaça devant son lit. Elle y tenait les regards constamment fixés et ne faisait que lui envoyer des jaculatoires ardentes avec l’affection filiale la plus émouvante [81]. - Ce qui sera prouvé etc.

50 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu honorait tous les saints et particulièrement saisit Martin, saint François de Sales et sainte Thérèse. Elle aimait aussi beaucoup saint Jean de la Croix parce qu’elle avait goûté particulièrement ses ouvrages. Sainte Cécile était aussi l’une de ses patronnes favorites ; la bienheureuse Jeanne d’Arc, et le bienheureux Théophane Vénard parce que c’était, comme elle disait, un petit saint tout simple qui aimait aussi beaucoup la Sainte Vierge. Enfin, elle honorait beaucoup les Saints Innocents en qui elle voyait un modèle des vertus de l’enfance chrétienne. - Ce qui prouvé etc.

51 - Que ce fut et c’est la vérité que Servante de Dieu honorait les anges et professait beaucoup de dévotion pour eux et principalement pour son ange gardien à qui elle se recommandait toujours. Elle avait la statuette de son ange gardien dans sa petite chambre de jeune fille ; elle lui attribuait sa préservation du péché, et elle l’écrivait dans ses lettres et le répétait dans tous ses discours et enseignait à ses novices à pratiquer avec grande fidélité et ferveur la même dévotion. - Ce qui sera prouvé etc.

52 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu restait toujours complètement soumise aux enseignements de l’Église. A la soeur Marie de la Très Sainte Trinité qui lui répondait un jour qu’elle aurait suivi la petite voie de spiritualité enseignée [82] par la Servante de Dieu même si le Pape eût dit que la Servante de Dieu était trompée, elle dit vivement et tout de suite : " Il faudra croire le Pape avant tout. Mais n’ayez pas la crainte qu’il vienne vous dire de changer de voie, je ne lui en laisserai pas le temps. Car si en arrivant au ciel j’apprends que je vous ai induite en erreur j’obtiendrai du bon Dieu la permission de venir immédiatement vous en avertir - Ce qui sera prouvé etc.

53 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu professait un grand respect et comme une vénération profonde pour les prêtres. Elle avait embrassé sa vocation et le sacrifice de tout son être surtout en vue d’obtenir leur conversion et comme un holocauste à cette fin. Elle leur témoignait toujours cette vénération en toutes les rencontres et dans toutes les manières possibles. Elle disait de même que l’esprit de foi ne permettait pas de parler de leurs défauts. - Ce qui sera prouvé etc.

54 - Que ce fut et c’est la vérité que la foi de la Servante de Dieu dans les supérieurs comme représentants de l’autorité divine était remarquable. Quels qu’ils fussent, elle les respectait et leur donnait sa confiance entièrement. Elle disait que quand on agissait avec les supérieurs en esprit de foi, le bon Dieu ne pouvait pas permettre que l’on fût trompé. Jamais elle ne se permettait de critiquer le gouvernement de soeur Marie de Gonzague et quand quelqu’une des novices se hasardait à le faire, elle [83] la reprenait toujours dans le même esprit de foi. Ce qui sera prouvé etc.

55 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu jugeait toute chose au point de vue de la foi : jamais elle ne s’arrêtait au côté terrestre des événements. Ainsi étant maîtresse des novices elle ne souffrait pas qu’on fit une critique de la manière dont étaient donnés les sermons et les instructions. Elle ne croyait pas sans doute que tous les prêtres parlaient également bien, mai elle ne souffrait pas qu’on s’entretînt des imperfections de leur prédication. Ce qui sera prouvé etc.

56 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu pendant les derniers

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temps de sa vie eut à souffrir une tentation terrible contre la foi. Elle la combattit avec toute l’énergie dont elle était capable et la dompta victorieusement. Elle répétait à tout moment des actes de foi et protestait de vive voix et par écrit son attachement inébranlable aux vérités enseignées par l’Église.

Ses indicibles souffrances ne firent que purifier sa foi et la rendre toujours plus pleine et plus ardente. - Ce qui sera prouvé etc.

[Héroïcité de l’espérance de la Servante de Dieu]

57 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, dès son enfance, était habituée à voir Dieu en tout et à reconnaître son action ou sa permission jusque dans les moindres choses. Son esprit de [84] confiance et d’amour se montrait dans les épreuves les plus douloureuses ; elle ne voyait que des gages de l’amour de Dieu. Son coeur était toujours prêt à bénir Dieu en tout, et son âme ne perdait jamais son apparente tranquillité. Elle reportait à Dieu toutes ses souffrances avec une satisfaction parfaite de son esprit. - Ce qui sera prouvé etc.

58 - Que ce fut et c’est la vérité que la confiance en Dieu était devenue comme le cachet spécial de l’âme de la Servante de Dieu. Elle s’y était sentie attirée dès sa plus tendre enfance. Elle répétait souvent le verset de Job : " Quand même il me tuerait, j’espérerais en lui " Il. Elle répétait avec bonheur les paroles de saint Jean de la Croix qu’elle avait apprises par coeur : " On obtient de Dieu autant que l’on espère " 1, et elle disait avoir trouvé un ascenseur pour aller au ciel, c’est-à-dire les bras de Jésus crucifié. Ce qui sera prouvé etc.

59 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dans les diverses oppositions qu’elle eut à subir avant son entrée au Carmel au sujet de sa vocation, ne perdit jamais sa confiance. Elle chercha en haut tout son appui. Ainsi avant de se rendre devant son père pour lui communiquer son projet, elle fit pendant tout le jour de la Pentecôte de l’année 1889 des prières continuelles aux saints apôtres pour être inspirée dans son discours, elle en fit de même pour réussir à vaincre l’opposition de l’oncle Guérin, et dans les deux cas elle obtint très [85] facilement la grâce qu’elle avait demandée. - Ce qui sera prouvé etc.

60 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dans l’exécution de sa vocation religieuse eut à soutenir l’opposition de monsieur Delatroëtte, curé de Saint-Jacques de Lisieux, qui ne voulut pas l’accepter tout de suite au Carmel, où il était supérieur, à cause de son âge trop jeune. Elle ne se découragea pas tout de même et voulut se rendre chez monseigneur l’évêque pour lui demander cette grâce. Monseigneur opposa la même difficulté. La Servante de Dieu retourna de Bayeux sans résultat, malgré sa tristesse, elle protestait d’un entier abandon à la volonté de Dieu et d’une confiance complète dans la réussite de son plan. - Ce qui sera prouvé etc.

61 - Que ce fut et c’est la vérité que malgré les obstacles rencontrés sur l’exécution de son projet de se faire carmélite à 15 ans, la Servante de Dieu ne découragea jamais. Elle résolut de se faire conduire à Rome par son père pour demander elle-même au Souverain Pontife la permission d’entrer au Carmel malgré son âge. Elle s’y rendit en effet, et eut le courage nonobstant sa timidité excessive de parler au Saint Père et d’insister à plusieurs reprises pour le convaincre. Le Saint Père la remit aux supérieurs et au bon Dieu. Elle se tut alors et, bien que assez triste, elle rejeta en Dieu seul toute son espérance, disant qu’elle était le jouet du petit [86] Jésus et qu’il aurait bien pu la briser s’il l’eût voulu. - Ce qui sera prouvé etc.

62 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu eut toujours une sainte ambition pour les biens éternels et la conquête de la sainteté. Nul ne pouvait atténuer dans son coeur ce désir joint à la persuasion d’être exaucée. Elle espérait arriver à la sainteté non pas à cause de ses mérites, qu’elle confessait ne pas avoir, mais à cause des mérites infinis de Jésus qui étaient sa propriété comme elle disait. Elle exhortait les novices et ses soeurs à viser non seulement à l’exemple des saints mais bien à être parfaites comme le Père céleste. - Ce qui sera prouvé etc.

63 - Que ce fut et c’est la vérité que les espérances de la vie éternelle et de la sainteté étaient en la Servante de Dieu la source d’un très grand détachement de

tout le créé. Elle pensait toujours que le bon Dieu pouvait changer son milieu et ses amis et dans cette pensée elle s’efforçait de les aimer avec plein détachement. Elle ne désirait donc jamais être appréciée ou tenue en quelque compte par elles et ses regards en accomplissant le bien étaient toujours tournés vers le Ciel. Ce qui sera prouve etc.

64 - Que ce fut et c’est la vérité que la vie de la Servante de Dieu était toute céleste : la terre n’était rien pour elle. Elle était continuellement dans la pensée du ciel ; mais c’était le fait d’y [87] pouvoir aimer Dieu toujours davantage qui la poussait à cette méditation, et non pas seulement l’expectative de sa personnelle jouissance. Elle savait que, une fois dans la vie éternelle, elle y aimerait Dieu davantage et en serait aimée et trouverait le moyen de mieux le faire aimer par les hommes. Cela lui donnait toujours courage et enflammait de plus en plus son espérance. - Ce qui sera prouvé etc.

65 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu méprisait profondément le monde et s’en était éloignée de toute son âme. Vers l’âge de dix ans, elle fut conduite par son père à Alençon chez des amis assez riches où elle connut le soi-disant bonheur du monde. Elle fut beaucoup fêtée et admirée ; cependant elle ne pouvait rappeler ce temps sans plaindre profondément les personnes qui se laissaient enchanter par les séductions de la vie mondaine et elle n’en parlait jamais qu’avec le plus compatissant mépris. Ce qui sera prouvé etc.

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66 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dans l’exercice de sa charge auprès de la maîtresse des novices ne tâchait jamais de s’attirer les coeurs des jeunes filles ; elle mettait toute sa confiance en Dieu et quand surgissaient des difficultés, elle mettait alors plus spécialement sa confiance dans le secours de la Sainte Vierge. Elle disait alors à ce sujet que le bon Dieu lui suggérait de donner toujours sans s’occuper du reste et qu’elle le [88] faisait ainsi pour obéir aux ordres de Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

67 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu ne pouvait souffrir les perturbations et les anxiétés vaines ou inutiles dans les âmes de ses novices. Elle les exhortait toujours à la paix et à la tranquillité. De même, elle ne pouvait pas voir sur leurs visages des signes de préoccupation trop grave. Elle les corrigeait même de l’habitude de plisser le front. " Le visage - disait-elle - est le reflet de l’âme, il doit toujours être calme comme celui d’un petit enfant et toujours content même lorsqu’on est seul, car on est constamment en spectacle à Dieu et aux anges ""‘. - Ce qui sera prouvé etc.

68 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu avait une façon toute touchante de remettre la tranquillité dans les âmes troublées. Quand ses novices allaient la trouver pour lui confier des choses pénibles, elle les conduisait devant la statue miraculeuse qui lui avait souri dans son enfance et leur disait : " Ce n’est pas à moi que vous allez dire ce qui vous pèse, mais à la Sainte Vierge. Allez, commencez vite ! " Il. Elle écoutait alors tout ce qu’elles disaient, et, quand elles avaient fini, elle leur faisait baiser la main de Marie, leur donnait des conseils et la paix renaissait dans leurs âmes. - Ce qui sera prouvé etc.

69 - Que ce fut et c’est la vérité que dans les craintes de bouleversements publics et de la persécution religieuse contre les Ordres monastiques, la Servante [89] de Dieu ne démentit jamais sa parfaite confiance dans la bonté divine. Quand on parlait de ce péril devant elle et qu’on lui demandait son avis, elle répondait que pour continuer la vie religieuse et rester à l’abri du saint Carmel, elle serait allée au bout du monde ; mais cependant elle ajoutait qu’elle s’abandonnait à la Providence divine et serait allée où Dieu aurait voulu. - Ce qui sera prouvé etc.

70 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu même dans la maladie de son père qui fut atteint de paralysie cérébrale ne perdit jamais sa

confiance ni sa sérénité. Elle disait que son père faisait son temps de purgatoire et elle dépensa, avec la permission de la mère prieure, toutes ses économies de jeune fille pourfaire offrir des messes pour lui. Elle mit cette grande maladie au nom des jours de grâces, et la souligna des mots de " sa grande richesse " - Ce qui sera prouvé etc.

71 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu comptait uniquement sur le secours du bon Dieu pour toute entreprise. Quand elle ne réussissait à encourager ou à consoler quelques-unes de ses novices, elle demandait au Dieu avec grande confiance de la consoler lui-même et de lui faire comprendre volonté. Après cela elle ne s’en préoccupait plus et sa confiance ne fut jamais trompée. Les personnes recommandées recevaient les lumières et les consolations qu’elle avait demandées pour elles, et elles venaient ensuite les lui raconter au parloir. - Ce qui sera prouvé [90] etc.

72 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu avait une confiance illimitée dans la prière. Elle disait souvent que le bon Dieu l’avait toujours entendue et que, selon sa promesse, il ne pouvait rien refuser à la prière fervente et constante. Quand elle priait Dieu pour les pécheurs, elle ne doutait jamais de sa miséricorde, et elle osait même dire au sujet du criminel Pranzini pour qui elle priait : " Je suis sûre, ô mon Dieu, que vous lui pardonnerez, et, quand même il ne se serait pas confessé, je croirais que vous l’avez touché au dernier moment et l’auriez fait repentir ! " Ce qui sera prouvé etc.

73 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu éprouvait le plus grand désir de la mort pour s’unir définitivement à son Dieu. Ayant entendu dire par le médecin que sur cent personnes atteintes de son mal, il n’en réchappait pas plus de deux, elle disait à une soeur qui l’assistait : " Si j’allais être une de ces deux sur cent que ce serait malheureux ". Et une soeur lui ayant demandé si elle n’avait pas peur de la mort, elle lui répondit qu’on ne devait pas la craindre parce que la séparation de l’âme d’avec le corps était l’unique moyen pour la faire réunir à son Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

74 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, quand elle voulait se rendre compte si elle était toujours d’un égal degré d’amour et [91] d’espérance, se demandait soudain si la mort avait toujours autant d’attrait pour elle. Dans les journées trop prospères les joies trop vives lui étaient à charge parce qu’elles pouvaient affaiblir son désir d’abandonner la terre. Elle s’exerçait à se familiariser avec cette pensée dans des méditations longues et fréquentes et à retenir toujours devant ses yeux la présence de l’immortelle éternité. - Ce qui sera prouvé etc.

75 - Que ce fut et c’est la vérité que même dans la sécheresse et dans les peines intérieures son espérance se raffermissait et sa fidélité à pratiquer les vertus devenait plus grande. Quand même il lui semblait que sa dévotion et sa ferveur étaient éteintes, elle redoublait se efforts pour les rallumer, et quand il lui paraissait que le bon Dieu ne l’exauçait pas après bien des prières ferventes et inutiles, elle le remerciait encore et elle disait : " Je crois que le bon Dieu et les saints veulent voir jusqu’où je pousserai mon espérance ". - Ce qui sera prouvé etc.

76 - Que ce fut et c’est la vérité que la communion des saints était pour la

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Servante de Dieu un grand sujet d’espérance. Elle disait que par cette communion elle pouvait être riche de tout le bien qui est au ciel et sur la terre, dans les anges et dans les saints. Elle encourageait avec cette pensée ses novices à accomplir le plus de bien qu’elles pourraient dans le but [92] d’être utile au prochain par leurs prières et leurs sacrifices. - Ce qui sera prouvé etc.

77 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu quand elle était malade elle le disait à la supérieure, et puis elle s’abandonnait à Dieu en toute confiance sans se préoccuper d’être ou non soignée. Si Dieu la laissait manquer de quelque secours, elle estimait qu’il avait confiance en elle et la croyait assez forte pour souffrir quelque chose pour lui. Elle n’aurait jamais dit qu’elle souffrait si on ne l’y obligeait, et rien ne lui coûtait comme de voir que l’on s’occupait d’elle. Elle donnait à ses novices les conseils et les instructions opportunes pour les habituer à la même confiance et au même abandon. - Ce qui sera prouvé etc.

78 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dut subir pendant longtemps de grandes tentations contre l’espérance. Des doutes terribles contre la foi, contre l’existence et les pensées du ciel se soulevaient dans son coeur et la troublaient profondément. Elle soutint la tentation en affermissant toujours davantage sa confiance. Elle chantait souvent au milieu des plus profondes angoisses et composait des vers pour exprimer sa joie de souffrir et, en même temps, la certitude inébranlable de la récompense éternelle. - Ce qui sera prouvé etc.

79 - Que ce fut et c’est la vérité que l’espérance héroïque de la Servante de Dieu ne fut jamais séparée de la crainte du Seigneur. Elle n’accepta [93] jamais les illusions du quiétisme, et même en pratiquant le plus filial abandon, elle ne tomba jamais dans la passivité quiétiste qui exclut les actes. Elle réclamait aussi dans la direction de ses novices l’exercice de la mortification et de toutes les vertus chrétiennes en particulier, et recommandait en même temps une méditation bien approfondie de la sévérité de la justice divine pareillement à celle de sa miséricorde infinie. - Ce qui sera prouvé etc.

[Héroïcité de l’amour de Dieu chez la Servante de Dieu]

80 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu aimait Dieu d’un amour ardent et pensait à lui sans cesse. Une de ses soeurs lui demandait un jour : " Comment faites-vous à penser toujours au bon Dieu ? ". - " Ce n’est pas difficile - répondit-elle, - on pense naturellement à quelqu’un qu’on aime ". - " Alors - lui demanda encore la soeur - vous ne perdez jamais sa présence ? ". Et elle lui avoua alors : " Non, certes : Je crois que je n’ai jamais été trois minutes sans penser à Dieu " 15. - Ce qui sera prouvé etc.

81 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dès son âge d’enfant mettait tout le soin possible à éviter toutes les fautes volontaires si petites qu’elles fussent. Il n’était pas nécessaire [94] de la gronder lorsqu’on voulait l’empêcher de faire telle ou telle chose : il suffisait lui dire que cela faisait de la peine au bon Dieu et elle n’en faisait plus rien. Elle protestait de vouloir toujours plaire à Sa Majesté et de ne vouloir jamais se rendre digne de ses châtiments pour rien au monde. - Ce qui sera prouvé etc.

82 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu était si jalouse de pureté de sa conscience qu’elle se figurait avoir commis des péchés là où n’y avait peut-être pas même la moindre imperfection. Cela lui arrivait jusque dans son enfance et elle allait raconter ses prétendus péchés à sa soeur qui cependant usait de son autorité pour la tranquilliser complètement. Elle lui était alors si obéissante qu’elle suivait à la lettre les conseils qu’on lui avait donnés. - Ce qui sera prouvé etc.

83 - Que ce fut et c’est la vérité que la pureté de conscience de la Servante de Dieu, elle la garda jalousement dès son enfance et tellement qu’on était obligé à toutes sortes de précautions pour éviter de la troubler. Un jour qu’elle s’était oubliée à aider l’une de ses compagnes qui récitait mal sa leçon, la maîtresse lui dit très vivement : " Thérèse n’a donc pas de conscience ! ". Ce furent alors des larmes intarissables pendant 15 jours et personne ne parvenait à la consoler Elle se jetait dans les bras de son professeur, qui était alors soeur Marie Joseph Pierre de Saint François X et recommençait à pleurer en [95] disant : " J’ai péché et j’ai fait pécher.- Ce qui sera prouvé etc.

84 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu souffrit beaucoup pendant l’attente de la sainte communion selon l’usage qui était alors reçu dans toute la France. Cette loi lui paraissait par trop sévère. Ayant rencontré un jour son évêque qui se rendait à la gare, elle voulait courir pour lui demander la permission de faire sa première communion. Quand on lui disait qu’aux premiers temps de l’Église les enfants recevaient l’Eucharistie après leur baptême, elle demandait pourquoi ce n’était plus comme cela de nos temps. A Noël, voyant ses soeurs aller à la messe de minuit, elle voulait se faufiler à l’église parmi les autres ; elle était bien triste quand on l’empêchait de suivre son projet. - Ce qui sera prouvé etc.

85 - Que ce fut et c’est la vérité que déjà à l’âge de onze ans la Servante de Dieu multipliait les actes d’amour envers notre Seigneur Jésus-Christ. Trois mois avant sa première communion qui eut lieu le 8 mai 1884, sa soeur Pauline qui était alors au Carmel, lui donna un petit livre où elle aurait dû marquer chaque jour ses sacrifices et ses aspirations d’amour vers Jésus. Elle y inscrivit durant ces trois mois 818 sacrifices et 277 actes ou aspirations d’amour. - Ce qui sera prouvé etc.

86 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, poussée par son amour envers le divin [96] Époux n’avait d’autre désir que de s’unir à lui tous les jours dans le Très- Saint Sacrement. Au moment des décrets de 1891, elle espérait qu’enfin le confesseur serait libre de donner la communion à qui bon lui semblerait, puisque c’était la volonté du Pape, et elle était dans une joie inexprimable. Elle demandait instamment à ses supérieurs et à ses supérieures de la laisser communier, et quand elle l’obtenait, son contentement dépassait toutes les bornes et. se montrait dans toutes ses paroles et ses actes. - Ce qui sera prouvé etc.

87 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dès sa plus tendre enfance conçut le désir d’entrer au Carmel pour se dédier toute à Dieu. Cette vocation fut renforcée en elle par l’exemple de ses soeurs qui la précédèrent dans la même religion. Son but cependant ne fut jamais que de plaire davantage à son Dieu et d’assurer le salut de son âme, et c’est ainsi qu’elle le répondit à sa soeur Pauline quand elle l’interrogeait sur ce sujet. - Ce qui sera prouvé etc.

88 - Que ce fut et c’est la Vérité que la Servante de Dieu ne désirait rien plus que de se consacrer perpétuellement à Dieu dans la profession solennelle. Mais quand la prieure, par crainte de son âge toujours trop jeune, délibéra de la lui faire différer, elle se conforma, bien que cela lui coûtât beaucoup, à la volonté de son Dieu. Elle s’appliqua alors à conquérir un degré de vertu toujours plus parfaite [97] et à enrichir, comme elle disait, de pierreries sa robe de mariage pour Jésus. - Ce qui sera prouvé etc.

89 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, quand elle était toute petite, sa mère lui faisait dire le matin une formule d’offrande de son coeur à Dieu. Mais la Servante de Dieu au lieu de s’en tenir à cette récitation du matin répétait d’elle-même et souvent cette offrande au cours de la journée, elle y mettait tout son coeur et toute sa ferveur et s’y enflammait toujours plus dans l’exercice de la charité en se considérant toujours dans chacun de ses actes comme un holocauste présenté au bon Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

90 - Que ce fut et c’est la vérité que le détachement de la Servante de Dieu pour toute créature se manifesta jusque dans ses premières années. Ayant remarque que certaines de ses compagnes s’attachaient particulièrement à telle ou telle maîtresse, elle eut la pensée de les imiter, mais ne put jamais y réussir : cela elle le considéra après comme une grâce particulière du bon Dieu, et elle répétait que son ignorance et son inexpérience à gagner les bonnes grâces des créatures l’avait heureusement défendue de beaucoup de fautes. - Ce qui sera prouvé etc.

91 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu demanda au bon Dieu la grâce de n’être jamais aimée humainement. Elle l’obtint en effet : les novices l’aimaient profondément, mais l’affection qu’elles lui portaient ne fut jamais un attachement [98] naturel. Ce qui faisait toute sa force d’attraction était son détachement d’elle-même : elle s’oubliait complètement et veillait toujours à se mortifier, car elle avait pour règle et le répétait souvent qu’on fait jamais aucun bien en se recherchant soi-même. - Ce qui sera prouvé etc.

92 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu professait la plus grande crainte des péchés et des défauts les plus petits. Dans les premières années de son enfance elle demandait toujours à sa soeur Pauline si elle pouvait croire que le bon Dieu fût content de sa conduite et elle ne se rassurait que sur son affirmation. Pareillement lorsque dans la retraite de l’année 1891, le père Alexis, récollet, lui apprit que ses imperfections, toutes de fragilité, ne faisaient pas de peine au bon Dieu, elle en ressentit une joie très grande. Dans un billet qu’elle écrit avant la profession, on lisait ces mots : " Prenez-moi, ô Jésus, avant que je ne commette la plus petite faute volontaire ". - Ce qui sera prouvé etc.

93 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, bien qu’elle fût d’une nature très sensible et très aimante, fut éprouvée pendant son séjour au Carmel par des sécheresses presque continuelles. Sa charité pour Dieu se traduisait alors par une attention très généreuse à saisir toutes les occasions de faire des oeuvres agréables à Dieu. Elle n’en laissait échapper aucune et en cherchait surtout dans les détails de la vie commune. Elle désirait [99] trouver les occasions les plus difficiles pour témoigner à Dieu plus d’amour, mais elle se laissait tout de même guider par l’obéissance. - Ce qui sera prouvé etc.

94 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu cherchait en tout choses la plus grande gloire de son poux divin. Quelques jours avant sa mort, elle disait même à une de ses soeurs que si le Seigneur lui avait laissé le choix de mourir à tel ou tel âge, elle n’aurait choisi que ce qui aurait fait le plus de plaisir à lui-même et aurait augmenté de plus en plus sa gloire. Cette même pensée la réglait dans tous les choix et dans toutes les opérations de sa vie et toujours elle s’offrait à Dieu en offrande pour ce but particulier. Ce qui sera prouvé etc.

95 - Que ce fut et c’est la vérité qu’a mois de juin de l’année 1895 la Servante de Dieu fut inspirée de s’offrir comme victime à l’amour miséricordieux du bon Dieu. Elle alla avant tout chez la mère prieure pour en demander la permission. La supérieure la donna. Elle composa alors la formule de sa donation et la soumit à la supérieure. Cette formule fut soumise aussi à l’approbation d’un théologien. Le révérend père Monnier, supérieur des Missionnaires de la Délivrande, l’examina et l’approuva en y modifiant quelques mots. - Ce qui sera prouvé etc.

96 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante [100] de Dieu éprouvait un grand amour pour le bon Dieu surtout dans les mystères de son enfance et de sa passion. Son amour pour l’Enfant-Jésus la portait à se livrer à sa sainte volonté en toutes choses et à accepter d’être traitée par lui comme un jouet par un enfant : et c’était là son expression favorite. Dans l’amour pour la passion, elle puisait la volonté constante de souffrir et de s’humilier pour le bon Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

97 - Que ce fut et c’est la vérité que la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus était bien profonde dans le coeur de la Servante de Dieu. Elle estimait qu’il était impossible de se perdre avec cet amour au coeur et à ce propos sa foi était aussi admirable que sa charité. Elle se recommandait toujours aux prières des personnes qu’elle savait bien dévouées à ce culte divin. Elle se plaisait à méditer la profondeur de cette dévotion et dans la solitude mentale dont elle jouissait presque toujours, elle s’entretenait continuellement en des colloques très tendres avec ce divin Coeur. - Ce qui sera prouvé etc.

98 - Que ce fut et c’est la vérité que pour donner à son Dieu une autre preuve de son amour, la Servante de Dieu désira être très riche afin d’avoir la joie de lui sacrifier tous les biens du monde dans son entrée en religion. Ce désir fut comblé. Au moment de sa profession, elle apprit qu’une entreprise où son père avait placé une forte somme était sur le point de réussir. Cela lui donna le moyen d’ajouter au [101] sacrifice de soi-même le sacrifice aussi de sa richesse, et ce lui fut la source d’une joie très profonde. Ce qui sera prouvé etc.

99 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu manifestait son héroïque charité envers Dieu dans la façon dont elle parlait de cet amour. Quand elle se mettait à parler de choses spirituelles, elle le faisait avec une telle éloquence qu’on ne se serait jamais lassé de l’entendre. Elle était tellement pénétrée de ce qu’elle disait que l’on sentait comme une flamme qui la dévorait et consumait sans cesse. En parlant de l’amour de Jésus, elle finissait souvent par pleurer d’émotion, et elle réussissait toujours à attirer à cette charité les âmes avec qui elle parlait. - Ce qui sera prouvé etc.

100 - Que ce fut et c’est la vérité que l’amour divin qui brûlait le coeur de la Servante de Dieu se révélait aussi dans le désir très vif et très intense du martyre. Ce désir fut le rêve de sa vie. Les menaces de persécution religieuse qu’elle entendait souvent renouvelées lui en donnaient une plus vive soif. Pendant sa dernière maladie la plainte unique qu’elle laissa échapper fut le regret de n’avoir pas pu satisfaire son rêve. " Vous êtes - disait-elle à une soeur qui l’assistait plus heureuse que moi : je vais au ciel, mais vous aurez peut-être la grâce du martyre ". - Ce qui sera prouvé etc.

101 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu atteignit le plus haut degré de la charité divine par le désir très vif de la souffrance, comme le meilleur moyen de se rendre semblable à Jésus et de lui [102] témoigner son amour. Souffrir et être méprisée pour Jésus c’était l’état habituel de sa charité. Elle imitait par ce désir les exemples de sainte Thérèse et de saint Jean de la Croix, et paraissait n’être jamais satisfaite des peines qu’elle endurait et en demandait toujours davantage. - Ce qui sera prouvé etc.

102 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu donnait à sa grande charité un bien doux épanouissement dans des vers pieux qu’elle écrivait de tout l’élan de son âme. Cela arriva particulièrement dans un cantique intitulé : " Vivre d’amour " 111, où sont exprimés en des vers pleins de feu tous ses sentiments à ce sujet. Ce cantique, elle le composa d’un jet pendant qu’elle faisait son heure d’adoration devant le Très-Saint Sacrement le 25 février 1895. - Ce qui se prouvé etc.

[Héroïcité de l’amour du prochain chez la Servante de Dieu]

103 - Que ce fut et c’est la vérité que dans son enfance et quand elle était encore en famille la Servante de Dieu était si douce envers tous qu’on la regardait comme la joie de la famille. Les domestiques même l’aimaient beaucoup parce que tout dans sa personne respirait la paix, la bonté et la condescendance. Elle s’oubliait toujours pour faire plaisir à tous, et mettre le bonheur dans tous les coeurs. [103] Son égalité d’humeur était si simple et semblait si naturelle qu’on aurait pu croire que dans ses renoncements perpétuels rien ne lui coûtait. Elle était aimable et gracieuse et tout dans sa personne attirait les coeurs. - Ce qui sera prouvé etc.

104 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu avait une attention très délicate à n’humilier et à ne contrister personne. Sa soeur Hélène [sic] au lieu de Léonie], bien qu’elle eût déjà 23 ans, était fort en retard pour l’orthographe, et les études avaient eu pour elle de grandes difficultés. La Servante de Dieu, qui n’avait alors que treize ans se donnait beaucoup de peine pour combler les lacunes de l’instruction de sa soeur aînée. Elle faisait cela avec une extrême délicatesse sans jamais humilier sa soeur et avec une patience inaltérable. - Ce qui sera prouvé etc.

105 - Que ce fut et c’est la vérité que quand la Servante de Dieu, étant encore toute petite, allait à l’Abbaye des bénédictines accompagnée par Anne Huzé son chaperon, ses discours ne portaient jamais que sur les choses de la piété.

Quand elle entendait aussi des ouvriers blasphémer en route, elle expliquait, pour les excuser, qu’il ne fallait point juger du fond des âmes et que ces gens-là avaient reçu bien moins de grâces qu’elle même et qu’ils étaient plus malheureux que coupables. - Ce qui sera prouvé etc.

106 - Que ce fut et c’est la vérité que, pendant le temps que la Servante de Dieu fut élève du pensionnat des bénédictines, il y avait [104] parmi ses compagnes une petite fille peu douée de biens de la fortune et des autres avantages naturels.

Cette enfant qui n’avait rien d’attrayant souffrait beaucoup de ce que laissait à deviner la situation religieuse de sa famille. La Servante de Dieu était pleine de sollicitudes et d’attentions pour faire plaisir à cette compagne et procurer son bien spirituel. Dans cette prédilection n’entrait jamais aucun attrait de nature mais seulement la charité Maternelle et le zèle pour le salut de cette âme. - Ce qui sera prouvé etc.

107 - Que ce fut et c’est la vérité que surtout après la nuit de Noël de l’année 1886, l’âme de la Servante de Dieu se trouva enflammée par un zèle nouveau qu’elle n’avait pas connu jusqu’alors, et prise d’un grand désir de s’appliquer au salut des âmes, auquel elle s’employa avec une ardeur et une générosité complète depuis ce jour. Elle commença alors à se préoccuper de l’ignorance où vivaient particulièrement les enfants du peuple sur les choses de la foi, et à y chercher un remède convenable. - Ce qui sera prouvé etc.

108 - Ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu tirait de son amour pour Dieu un zèle très ardent pour le salut des âmes. Elle offrait tous ses mérites pour leur sanctification et exhortait ses soeurs à faire de même.

Elle appelait les pécheurs ses enfants et prenait au sérieux son titre de mère à cet égard, en travaillant pour eux avec un dévouement inlassable. Elle entraînait à ce même dévouement [105] ses novices en les exhortant à mériter toujours davantage dans ce but. L’occasion de gagner ainsi le salut des âmes la rendait particulièrement alerte et joyeuse dans tous ses devoirs. Ce qui sera prouvé etc.

109 - Que ce fut et c’est la vérité que le but spécial de la Servante de Dieu en entrant au Carmel fut de prier pour les prêtres et de s’immoler pour les besoins de la Sainte Église. Elle appelait ce genre d’apostolat faire le commerce en gros, puisque par la tête elle atteignait les membres. Aussi dans l’examen canonique qui précéda sa profession, elle déclara hautement qu’elle était venue pour sauver les âmes et surtout pour celles des prêtres, souhaitant de souffrir toujours davantage pour gagner par là plus d’âmes à Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

110 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu pria beaucoup particulièrement pour la conversion du père Hyacinthe Loyson : le 19 août, fête de Saint Hyacinthe au Carmel, elle offrit sa communion, qui fut la dernière de sa vie, pour sa conversion. Elle faisait beaucoup de sacrifices dans ce but et exhortait toujours ses novices à en faire d’autres pour arriver à le faire repentir devant Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

111 - Que ce fut et c’est la vérité que le zèle de la Servante de Dieu pour la conversion des pécheurs la porta particulièrement à demander au Seigneur la conversion d’un grand criminel nommé [106] Pranzini, condamné à l’échafaud. Elle en eut l’inspiration un dimanche à la fin de la messe. Elle pria si bien et si ardemment que le malfaiteur se convertit en effet et demanda aux derniers moments de baiser le crucifix. La Servante de Dieu l’appelait depuis lors son enfant, et lorsqu’on mettait à sa disposition quelque argent pour ses fêtes elle en faisait célébrer des messes pour le suffrage de son âme. - Ce qui sera prouvé etc.

112 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu accueillait avec une douceur et une tendresse toute particulière les soeurs et les novices qui revenaient à elle après lui avoir fait de la peine. Elle songeait alors à l’amour de Jésus pour les pécheurs et à la miséricorde infinie qu’il leur avait promise, et elle disait aux repenties : " Si moi, pauvre créature, j’ai senti tant d’amour pour vous au moment où vous êtes venues à moi, que doit-il se passer dans le coeur du bon Dieu quand on revient vers lui ? " Ce qui sera prouvé etc.

113 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu avait un coeur très compatissant pour les souffrances du prochain et le manifestait en toute occasion. Elle disait quelquefois à ses compagnes : " Quand je m’aperçois qu’une de nos soeurs a de la peine, et que je n’ai pas la permission de lui parler, alors je prie Jésus de la consoler lui-même " ; et elle les invitait à faire de même, les assurant que cela faisait à Jésus beaucoup de plaisir. - Ce qui sera [107] prouvé etc.

114 - Que ce fut et c’est la vérité que la charité de la Servante de Dieu s’étendait aux âmes du purgatoire. Elle avait fait l’acte héroïque et remis entre les mains de la Sainte Vierge tous ses mérites de chaque jour afin qu’elle les eût appliqués à ces âmes souffrantes de même que les suffrages qui lui seraient donnés après sa mort. Elle disait aux novices de s’occuper aussi activement des suffrages pour ces âmes et leur demandait d’en offrir beaucoup après sa mort soit pour elle-même soit pour qu’elle en fît cadeau aux âmes les plus délaissées. - Ce qui sera prouvé etc.

115 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu trouvait surtout à la récréation l’occasion de pratiquer la charité. Elle n’y allait pas avec la pensée de se récréer elle-même mais avec celle de récréer les autres. Elle donnait à ses soeurs ce même conseil, et en effet ne cherchait que de se rendre agréable aux autres, et elle le faisait si aimablement qu’on aurait pu croire qu’elle le faisait pour son plaisir. Elle y réussissait si bien qu’elle semblait devenue au monastère comme le bon ange de la joie et de l’amour mutuel de toutes les soeurs. - Ce qui sera prouvé etc.

116 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu déployait un talent particulier pour consoler les soeurs affligées et rappeler sur leurs lèvres le sourire du contentement. Cela se voyait dans les récréations, se manifestait particulièrement après les entrevues que les novices avaient avec elle. Dans les [108] travaux communs elle se mettait de préférence à côté des soeurs qu’elle voyait un peu tristes. Ne pouvant pas parler, elle leur souriait avec affection et cherchait tous les moyens de leur rendre service. Elle semblait ne pouvoir pas tolérer la tristesse sur le visage de ses compagnes. - Ce qui sera prouvé etc.

117 - Que ce fut et c’est la vérité que quand une soeur avait besoin de la Servante de Dieu pour lui rendre un service et qu’elle venait la déranger, elle était sûre d’être toujours bien reçue par la Servante de Dieu, qui ne témoignait jamais d’ennui ni de fatigue. Quand elle se trouvait dans l’impossibilité de faire plaisir, elle s’en excusait d’une façon si aimable qu’on s’en retournait toujours satisfait. Elle disait à ses novices qu’il ne fallait jamais rien refuser à personne quand même cela dût coûter beaucoup de peine, et qu’il fallait toujours songer que c’était Jésus qui demande pour rendre avec empressement les petits services demandés. - Ce qui sera prouvé etc.

118 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu aimait à rendre constamment service et à faire plaisir à son propre détriment. Ses silences, ses dimanches qui au Carmel sont les temps libres dont les soeurs sont en général fort avares, elle les passait le plus souvent à composer des poésies suivait la demande des soeurs. Son temps était tellement pris par ces actes de charité que pour elle- même elle n’en trouvait plus. - Ce qui sera prouvé etc.

119 - Que ce fut et c’est la vérité que quand, [109] au monastère on avait besoin d’une soeur pour quelque travail pénible ou ennuyeux, elle se proposait aussitôt. A la lessive surtout elle était ingénieuse à se renoncer. Quand aux autres il coûtait d’aller à l’eau froide, surtout pendant l’hiver, elle y allait la première ; pendant l’été au contraire elle restait de préférence à la buanderie, et précisément à la place où il y avait moins d’air. Elle pratiquait en cela la mortification et la charité tout à la fois. Elle donnait à ses novices les mêmes enseignements pour les former à ces vertus. - Ce qui sera prouvé etc.

120 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu ne recherchait jamais d’une manière spéciale la compagnie et la conversation de ses trois soeurs selon la nature qui étaient au même couvent avec elle. Elle allait indistinctement avec n’importe quelle religieuse et très souvent elle s’entretenait plus volontiers avec celles qui étaient les plus seules et les plus délaissées. Même elle paraissait rechercher avec préférence la compagnie des soeurs qui pouvaient la faire souffrir davantage. - Ce qui sera prouvé etc.

121 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu montrait le plus d’affection pour les soeurs qui lui étaient le plus contraires. Elle les aimait particulièrement pour Jésus et pour suivre ses exemples. Une postulante converse l’accusa ainsi qu’une autre soeur d’avoir fait des démarches auprès de la mère prieure pour la faire renvoyer du monastère, [110] ce qui était tout-à-fait faux. La Servante de Dieu en fut aussitôt informée. Elle redoubla alors d’affection pour la converse et s’efforça de lui rendre service en toute occasion. La soeur se persuada ainsi qu’elle s’était trompée et en fut bien reconnaissante à la Servante de Dieu. Ce qui sera prouvé etc.

122 - Que ce fut et c’est la vérité que, au cours de la vie religieuse, bien souvent il arriva à la Servante de Dieu d’avoir à souffrir de l’antipathie et des oppositions d’humeur et même de la jalousie et des procédés blessants de certaines religieuses. Non seulement elle supportait tout avec une patience toujours égale, mais elle s’appliquait à excuser ses mauvais procédés ; elle recherchait ces religieuses plus que les autres et avait pour elles des attentions plus délicates. Elle cherchait à les excuser auprès des autres et à exciter envers elles la compassion et la charité de toutes. - Ce qui sera prouvé etc.

123 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu ne fut jamais entendue se plaindre de la mère prieure Marie de Gonzague, bien que celle-ci agit envers elle d’une façon particulièrement sévère et capricieuse. Au contraire, elle lui souriait toujours et avait pour elle mille attentions. Et quand aux élections de l’année 1896, la mère prieure ne fut élue que par une majorité très faible, la Servante de Dieu, prévoyant son chagrin, s’efforça avec une tendresse ravissante et une délicatesse angélique de la consoler dans son épreuve et lui écrivit une lettre [111] magnifique que la mère fut très satisfaite de recevoir. - Ce qui sera prouvé etc.

124 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu professait la charité héroïque dans les formes les plus diverses. Pendant sa maladie elle se laissait administrer les remèdes les plus répugnants et les plus réitérés avec une patience invincible, alors qu’elle reconnaissait qu’ils étaient absolument inefficaces. Elle confia à l’une de ses soeurs qu’elle avait offert au bon Dieu tous ces soins pénibles et inutiles pour qu’ils profitassent à un missionnaire abandonné et malade auquel manquaient les soins nécessaires. - Ce qui sera prouvé etc.

125 - Que ce fut et c’est la vérité que pendant les trois derniers mois de la vie, que la Servante de Dieu passa à l’infirmerie elle ne pouvait souffrir qu’on la veillât une seule fois pour ne pas incommoder ses soeurs à cause de ses propres maux. Même la veille de sa mort, elle conjurait qu’on la laissât seule afin

de ne pas être une occasion de fatigue. Elle tâchait d’épargner à ses assistantes le plus petit dérangement et ne demandait jamais quelque chose que lorsqu’elle ne pouvait absolument plus se suffire par elle-même. - Ce qui sera prouvé etc.

126 - Que ce fut et c’est la vérité que jusque dans les bras de la mort la Servante de Dieu a eu le courage de se faire souffrir pour ne pas gêner les autres. Le dimanche qui précéda sa mort une des soeurs tourières monta à sa chambre pour la garder pendant [112] la messe et se plaça contre son lit de manière à la gêner, sa respiration étant alors très pénible. La Servante de Dieu n’en laissa rien paraître et ce ne fut qu’après le départ de la soeur tourière que, ayant eu une crise de suffocation, elle fut obligée d’en avouer la cause. - Ce qui sera prouvé etc.

127 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu était très compatissante, même quand elle était toute petite, pour les souffrances des autres. On la chargeait de distribuer l’aumône aux pauvres. Tous les lundis il venait des pauvres aux Buissonnets à sa maison paternelle. Elle allait ouvrir la porte à tous et allait ensuite aviser ses soeurs. Sa joie la plus grande était d’être chargée de porter aux pauvres le pain ou l’argent et d’être bénie par eux. - Ce qui sera prouvé etc.

128 - Que ce fut et c’est la vérité que les petits enfants ravissaient le coeur de la Servante de Dieu. Surtout aux enfants des pauvres elle prodiguait ses caresses et ses sourires. Ils avaient évidemment ses préférences et elle ne perdait aucune occasion de leur parler du bon Dieu, se mettant à leur portée avec un à- propos et une grâce charmante. La tenue négligée ou malpropre de ces enfants ne diminuaient en rien ses caresses pour eux. - Ce qui sera prouvé etc.

129 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu étant un jour en promenade avec son père rencontra un vieillard infirme et [113] s’approcha de lui pour lui donner sa petite pièce. Celui-ci, ne se trouvant pas assez pauvre, refusa l’aumône. La Servante de Dieu, bien triste de l’avoir humilié, se consola par la pensée qu’elle prierait pour lui le jour de sa première communion et, cinq ans plus tard, elle tint fidèlement sa promesse. - Ce qui sera prouvé etc.

130 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu déjà à l’âge de dix ans, demandait à aller soigner les pauvres dans leurs demeures. Elle voulait aller assister une pauvre femme qui se mourait et qui n’avait personne à son chevet. Elle voulait de même être envoyée porter des provisions et des vêtements à une autre chargée d’enfants qui lui inspirait une compassion toute particulière. Quand elle ne pouvait les soulager, elle leur faisait l’aumône de ses prières. - Ce qui sera prouvé etc.

131 - Que ce fut et c’est la vérité que dans la religion la Servante de Dieu aurait voulu être infirmière pour s’appliquer au soulagement des malades. Elle enviait les soeurs infirmières. Il y avait au monastère une religieuse converse d’un caractère assez mauvais qui mourut en 1895. La Servante de Dieu sollicita elle- même la faveur de lui servir d’aide et d’appui en se rendant d’un exercice à l’autre. Les brusqueries de l’infirme lui rendaient sa tâche bien pénible.

Avec sa douceur inébranlable, elle finit par forcer [114] la confiance de cette religieuse qui l’avait fort mal accueillie. - Ce qui sera prouvé etc.

132 - Que ce fut et c’est la vérité que la charité de la Servante de Dieu allait aussi aux êtres de la nature inférieure : aux animaux et aux plantes. Pendant sa dernière maladie on voulait tuer des mouches et la malade fit alors cette singulière remarque : qu’elle n’avait certainement pas d’autres ennemis et que, comme le bon Dieu avait commandé de pardonner à ses ennemis, elle était contente de trouver cette occasion de pratiquer ce conseil et que pour cela elle demandait qu’on leur fît grâce. - Ce qui sera prouvé etc.

[Héroïcité de la prudence de la Servante de Dieu]

133 - Que ce fut et c’est la vérité que la prudence de la Servante de Dieu fut vraiment héroïque. Toutes ses pensées et ses entretiens convergeaient vers Dieu. Elle se conduisait personnellement avec une adresse consommée dans les voies de son esprit, sans jamais gaspiller ses forces en dehors du but qu’elle voulait atteindre, Elle prit pour guide dans sa prudence les exemples de la très Sainte Vierge qu’elle ne cessait d’admirer et de proposer pour modèles à ses novices. Elle savait ainsi éviter tous les écueils qui s’opposaient à son progrès dans la vertu. - Ce qui sera prouvé etc.

[115] 134 - Que ce fut et c’est la vérité que dès l’âge de deux ans on remarquait dans la Servante de Dieu une intelligence au-dessus de son âge. C’était une âme profonde et très réfléchie : on la trouvait trop sérieuse et trop avancée pour son âge. A la mort de sa mère, la cérémonie de l’extrême-onction s’imprima profondément dans son âme. Elle dit à ce sujet : " Je ne parlais à personne des sentiments qui remplissaient mon coeur. Je regardais et j’écoutais en silence " 13. On se gardait bien de lui demander ce qu’elle pensait pour ne pas développer davantage les sentiments profonds dont elle portait les traces. - Ce qui sera prouvé etc.

135 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu a toujours pratiqué à un degré héroïque la vertu de la prudence. Toute petite enfant, elle agissait déjà avec grande sagesse : elle disait peu de paroles mais elle observait beaucoup et faisait de mûres réflexions sur toutes choses. Elle garda à l’égard de ses soeurs et de ses amies une discrétion absolue pendant plusieurs années et une réserve pleine de tact. Elle ne demandait jamais à savoir, comme les autres enfants, ce qu’elle comprenait qu’on voulait lui cacher. - Ce qui sera prouvé etc.

136 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu déjà à son âge de quatre ans usait des moyens les plus propres à perfectionner sa vertu. Pour cela elle avait pris l’habitude de compter ses petits actes de patience, de tempérance et de piété [116] qu’elle appelait " les pratiques ". Dans ses jeux avec ses soeurs, il était constamment question de " pratiques ", ce qui intriguait beaucoup une voisine. Les pratiques consistaient à céder à sa soeur en maintes circonstances. Elle faisait pour cela de grands efforts sur elle-même, car son caractère était alors très arrêté. - Ce qui sera prouvé etc.

137 - Que ce fut et c’est la vérité que déjà dans son petit âge la Servante de Dieu ne manquait jamais une réponse dans les instructions du catéchisme. Monsieur l’abbé Domin, aumônier du pensionnat de l’Abbaye, l’appelait son petit docteur. Elle résolvait avec une grande précision les questions les plus embarrassantes pour une enfant de son âge. Son raisonnement et son jugement ne la trompaient jamais, et la précocité qu’on avait remarquée dans sa première enfance s’accentuait toujours quand il s’agissait du ciel. - Ce qui sera prouvé etc.

138 - Que ce fut et c’est la vérité que la prudence de la Servante de Dieu se manifesta beaucoup dans les négociations destinées à lui ouvrir les portes du cloître à 15 ans. Les oppositions multiples à son projet fusent telles que, sans la prudence surnaturelle dont elle fit preuve, il eût certainement échoué. Son grand moyen dans les difficultés était la prière ; elle ne s’impatientait pas des obstacles, ne se fâchait point, n’avait point des paroles amères pour ceux qui contrariaient ses plans. Elle se tournait d’un autre côté. et cherchait d’autres moyens de réaliser ce [117] qu’elle considérait comme la volonté du bon Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

139 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu après son entrée au Carmel éprouva un grand besoin de soumettre à un directeur éclairé la voie spirituelle vers laquelle elle se sentait portée et qui comprenait, avec un désir ardent d’une sainteté très haute, un attrait puissant vers une confiance d’abandon en la bonté et en l’amour du Seigneur. Elle éprouva un peu de difficulté à faire connaître ses sentiments, et elle ne fut tranquille que quand on l’eut assurée que dans sa voie elle n’offensait Dieu en aucune façon. - Ce qui sera prouvé etc.

140 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dans tout le temps de sa demeure au Carmel s’est toujours réglée selon la direction de ses confesseurs et maîtres d’esprit. Leurs noms sont très connus dans le diocèse. C’étaient des personnes très prudentes et très pieuses. Jamais elle ne fit rien sans leur approbation et instruction. Elle leur obéissait toujours en tout et dans les plus petits détails. Sa conduite fut toujours en conformité à la plus parfaite obéissance et soumission de son jugement à celui de ces maîtres et directeurs. - Ce qui sera prouvé etc.

141 - Que ce fut et c’est la vérité que pendant les années que la Servante de Dieu passa au Carmel de Lisieux, la communauté fut [118] beaucoup troublée par le gouvernement capricieux et instable de la mère Marie de Gonzague qui fut prieure pendant plus de vingt ans à différentes reprises. Dans ce milieu si troublé éclata d’une manière d’autant plus remarquable la prudence et la sagesse de la Servante de Dieu. Elle sut éviter toujours toute espèce de conflit et ne se départit jamais de son union à Dieu, du souci de sa perfection personnelle et de celui de la charité pour toutes les soeurs. - Ce qui sera prouvé etc.

142 - Que ce fut et c’est la vérité que dans l’exercice de la charge d’assistante de la maîtresse de novices, la Servante de Dieu montra, malgré son jeune âge, la prudence et la sagesse la plus complète. Elle ne craignait pas sa peine, avertissait sans rien craindre et malgré tout ce qu’il lui en coûtait. Elle le faisait cependant avec prudence et discernement. Elle disait plaisamment à sa soeur qu’il fallait traiter les unes par la peau, les autres par le bout des ailes. Elle ne posait jamais aux novices des questions pour sa curiosité et ne leur racontait jamais ses peines. - Ce qui sera prouvé etc.

143 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dirigeait les âmes des novices avec une main si sûre que toutes goûtaient sa direction, et, bien qu’elle ne fût point faite de tendresse et de mollesse, on y recourait par un besoin naturel de vérité. Quelques anciennes mêmes, désireuses de ses conseils, allaient la trouver. L’oeuvre de sanctification [119] s’accomplissait ainsi lentement dans les âmes, grâces et bénédictions fleurissaient en elles par l’entremise de sa sagesse et de son sacrifice. - Ce qui sera prouvé etc.

144 - Que ce fut et c’est la vérité que la prudence de la Servante de Dieu se manifesta surtout dans la conduite de ses novices. Elle leur donnait des conseils qui portaient dans leurs âmes les meilleurs fruits. Elle leur enseignait à se suffire à elles-mêmes, à se conformer aux usages dans la recherche de la perfection

pour éviter la singularité, à régler avec sagesse les pratiques de piété et selon les forces de chacun, et à souffrir toujours en paix. - Ce qui sera prouvé etc.

145 - Que ce fut et c’est la vérité que les directeurs spirituels et confesseurs de la communauté avaient une grande estime de la Servante de Dieu et estimaient au plus haut point sa direction. Particulièrement monsieur l’abbé Youf, aumônier du Carmel, bien qu’il fût un prêtre d’une spiritualité plutôt austère, avait une confiance absolue dans les conseils de direction que la Servante de Dieu donnait aux novices. Il avait aussi remarqué que tout ce qu’elle écrivait sur les choses spirituelles portait l’empreinte d’une doctrine très sûre et très éclairée. - Ce qui sera prouvé etc.

146 - Que ce fut et c’est la vérité que la vertu de la Servante de Dieu ne se manifestait point par des actions extraordinaires * Chez elle, tout était [120] simple et naturel et elle évitait de se singulariser. L’héroïcité de sa vie pouvait donc passer facilement inaperçue. Mais cette sublimité de vertu se manifestait tout de même en toutes choses en la faisant se distinguer des plus vaillantes par le degré et la continuité de ses efforts dans la pratique de toutes les vertus, car son courage ne se démentit jamais, et sa constance fut vraiment parfaite. - Ce qui sera prouvé etc.

[Héroïcité de la justice de la Servante de Dieu]

147 - Que ce fut et c’est la vérité que tout ce qui apportait au culte de Dieu faisait les délices de la Servante de Dieu. Elle ornait avec grand soin par des fleurs la statue de l’Enfant Jésus qui lui était confiée. Préparer la crèche pour la fête de Noël la comblait de joie. Pendant son postulat, elle porta pour accomplir ce travail des pierres assez lourdes pendant longtemps et très loin.

Elle était infatigable quand il s’agissait de rendre à Dieu un témoignage de foi et d’amour. - Ce qui sera prouvé etc.

148 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, parmi les devoirs qu’elle rendait à Dieu, s’attachait particulièrement à la reconnaissance pour les grâces reçues et cela d’autant plus qu’elle [121] croyait avoir fait l’expérience que cette reconnaissance lui attirait plus de grâces encore. Elle composa un jour une prière, à la requête de l’une de ses compagnes, en forme de cantique ; mais au lieu de rappeler, comme elle lui avait demandé, les sacrifices que la novice avait faits pour Dieu, elle ne fit que rappeler toutes les grâces que Jésus lui avait faites pour lui démontrer que, quoi qu’on fasse, l’âme est toujours l’obligée et Jésus le bienfaiteur. - Ce qui sera prouvé etc.

149 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu pratiqua parfaitement la justice à l’égard de ses parents en leur obéissant toujours et en leur rendant toujours toutes les marques et les devoirs de respect et de vénération qui leur étaient dus. Envers ses soeurs qui étaient religieuses avec elle, elle maintint de même les règles de la justice parfaite. Elle ne les recherchait pas trop et ne leur montrait jamais plus d’affection qu’à ses autres compagnes, mais en même temps elle leur témoigna toujours la même tendresse et le même amour dans toutes les occasions possibles. - Ce qui sera prouvé etc.

150 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dans sa façon de traiter avec les supérieurs ecclésiastiques montrait toujours le plus haut respect de la justice. Elle leur donnait tous les témoignages de vénération et de filiale affection qu’ils méritaient pour leur caractère [122] sacerdotal et en dehors de tout motif humain. Cette vénération elle la montrait dans toutes les occasions et elle exhortait les novices à pratiquer de la même manière ce devoir de justice. - Ce qui sera prouvé etc.

151 - Que ce fut et c’est la vérité que surtout envers et à l’égard de la mère Marie de Gonzague, qui était prieure et en même temps maîtresse des novices, la Servante de Dieu se montra toujours très respectueuse et très déférente et se conduisit avec une grande prudence et une délicatesse extrême. Cette même Marie de Gonzague à son lit de mort disait qu’elle n’avait de confiance qu’en sa petite Thérèse et qu’elle lui aurait obtenu son salut. - Ce qui sera prouvé etc.

152 - Que ce fut et c’est la vérité que les décisions de la Servante de Dieu étaient toujours bien pondérées, très claires et très justes. Elle apportait dans la formation de ses novices un grand désintéressement et un amour exclusif de la vérité. Elle disait hautement qu’elle aurait dit la vérité à ses novices quoiqu’il pût arriver ; et qu’elle aurait mieux aimé être obligée de quitter la communauté que de laisser une âme dans le mensonge. " Si vous ne voulez pas pratiquer la vertu - répétait-elle à ses novices -, retournez dans le monde ". - Ce qui sera prouvé etc.

153 - Que ce fut et c’est la vérité que dans l’office de maîtresse des novices la justice héroïque [123] de la Servante de Dieu se montra d’une façon admirable dans la manière dont elle distribuait les récompenses ou les réprimandes.

Cela était toujours selon les mérites ou les défauts de chacune et sans aucune préoccupation d’amour ou de respect humain ; aucune acceptation de personne par d’autres motifs que le salut des âmes n’entrait jamais dans les causes de ses actions. - Ce qui sera prouvé etc.

154 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dès son petit âge était d’une franchise extraordinaire. Sa mère écrivait d’elle à cet égard : " La petite ne mentirait pas pour tout l’or du monde " Il. Elle avait besoin de s’accuser de ses moindres fautes : aussitôt commises, elle allait les dire à sa mère. Vers l’âge de cinq ans et demi elle dit un jour à la domestique qui faisait de petits mensonges joyeux pour la récréer : " Vous savez bien, Victoire, que cela offense le bon Dieu " 21. - Ce qui sera prouvé etc.

[Héroïcité de la force de la Servante de Dieu]

155 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dès son âge le plus tendre fit preuve d’une grande force dans l’occasion que ses soeurs Pauline et Marie la quittèrent pour [124] entrer au Carmel. Pauline et Marie avaient été l’une après l’autre comme de petites mères pour elle. Ne sachant plus où chercher des secours sur la terre, elle invoqua avec confiance ses petits frères et soeurs qui l’avaient précédée au ciel et elle se trouva subitement délivrée de ses épreuves d’abandon et d’incertitude. Ce qui sera prouvé etc.

156 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu montra sa force d’âme dès ses plus jeunes années. Lorsqu’elle était grondée jamais elle ne s’excusait. Elle reçut un jour de son père une forte réprimande dans une circonstance où elle n’était pas en défaut, mais elle ne dit pas un seul mot pour se défendre. Sa soeur prit en son lieu des leçons de peinture. Cela coûta à la Servante de Dieu un grand sacrifice, mais elle n’en dit mot à personne et on ne le sut que bien plus tard. - Ce qui sera prouvé etc.

157 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dès son âge d’enfant souffrit un vrai martyre de corps et d’esprit. Elle avait des maux de tête presque continuels ; la sensibilité de son coeur et la délicatesse de ses sentiments étaient extrêmes. Là était encore la source la plus abondante de ses souffrances. Elle supportait tout cela sans jamais se plaindre et montrait une force remarquable, malgré son apparente faiblesse, sans se laisser jamais détourner du moindre de ses devoirs ; on ne surprit jamais en elle le moindre écart de caractère, ou une parole [125] trop vive ou aucune défaillance dans la nature. - Ce qui sera prouvé etc.

158 - Que ce fut et c’est la vérité que dans la vie religieuse la Servante de Dieu eut l’occasion de soutenir beaucoup d’épreuves. Elle était mal soignée quant à la nourriture et au repos et traitée sévèrement par la mère prieure. La maîtresse des novices était une sainte religieuse mais sans discernement. Tout à coup elle la faisait reposer sans motif pendant quinze jours de suite alors qu’elle l’avait oubliée pendant des semaines. La mère prieure s’emportait et grondait la novice, mais celle-ci supportait tout en silence et toujours égale à elle-même. Ce qui sera prouvé etc.

159 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu eut beaucoup à souffrir pendant son noviciat. Par l’indiscrétion de quelques religieuses qui abusaient de son héroïque patience et qui la voyaient si douce et ne se plaignant jamais, on passait tous les restes des aliments à l’enfant qu’elle était. Plusieurs fois elle n’eut dans son assiette que quelques têtes de hareng ou des débris réchauffés plusieurs jours de suite. Tout de même elle ne se plaignait jamais ; et à sa soeur la mère Agnès de Jésus qui en avait beaucoup de chagrin, elle parlait toujours l’assurant qu’elle n’était pas malheureuse et qu’elle avait bien suffisamment pour vivre. - Ce qui sera prouvé etc.

160 - Que ce fut et c’est la vérité que la [126] Servante de Dieu eut beaucoup à souffrir du gouvernement assez défectueux de la révérende mère Marie de Gonzague, dont le caractère instable et bizarre tourmentait beaucoup les religieuses. Tout était livré au caprice du moment : une chose bonne durait peu et ce n’était qu’à force de diplomatie et de finesse

DOCUMENTS - Articles 51

qu’on réussissait à jouir pendant quelque temps d’un peu de paix. La Servante de Dieu ne s’opposa pourtant jamais à ces abus. Elle se contenta de se taire et de souffrir pour le bon Dieu comme elle l’avait tant souhaité. - Ce qui sera prouvé etc.

161 - Que ce fut et c’est la vérité que, à cause de la versatilité de la mère Marie de Gonzague, la Servante de Dieu n’eut jamais un instant de sécurité dans la charge de vice-maîtresse des novices qui lui était enlevée et redonnée tous les quinze jours. C’était toujours à recommencer et la Servante de Dieu ne dut qu’à sa docilité le peu de paix qui fut donné aux novices. Cependant l’oeuvre de sanctification s’accomplissait surtout du côté de la Servante de Dieu qui au milieu de toutes ses souffrances perfectionnait toujours son âme par la façon dont elle les supportait. - Ce qui sera prouvé etc.

162 - Que ce fut et c’est la vérité que la force de la Servante de Dieu se révéla surtout dans la façon dont elle remplissait ses devoirs nonobstant sa maladie très grave. Elle continuait ses occupations sans se plaindre jusqu’au bout de ses forces et reprenait ses travaux dès les premiers symptômes [127] d’amélioration. Jusqu’à ce qu’une hémorragie violente vint révéler la gravité de son état, elle ne se dispensa d’aucun de ses travaux même très pénibles pour elle, comme par exemple le balayage de salles poussiéreuses et les travaux de la buanderie qui la faisaient beaucoup souffrir. - Ce qui sera prouvé etc.

163 - Que ce fut et c’est la vérité que soeur Thérèse de l’Enfant Jésus acceptait avec patience les réprimandes de la supérieure même lorsqu’elles étaient injustes. Un jour elle fut prise pendant le repas d’un accès de toux assez violent. La mère prieure, fatiguée de l’entendre, lui dit assez vivement : " Mais enfin sortez, soeur Thérèse de l’Enfant Jésus ! ". Elle accepta l’apostrophe et sortit sans dire un mot. - Ce qui sera prouvé etc.

164 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu ne s’emportait jamais si on lui disait une parole amère. Un jour, elle disposait des fleurs à l’autel. Âprement reprise par une converse par ce qu’elle semblait mieux disposer les fleurs que sa famille avait envoyées pour les funérailles qu’on célébrait à la mère Geneviève, elle ne dit rien et changea la place des fleurs. Une autre fois, accablée de reproches par une jeune postulante, elle garda un calme parfait sans laisser deviner l’extrême violence qu’elle se faisait. - Ce qui sera prouvé etc.

165 - Que ce fut et c’est la vérité que la force héroïque de la Servante de Dieu se révéla surtout à l’occasion de la terrible maladie de paralysie [128] qui affligea son père. Ses soeurs en étaient visiblement accablées, mais elle, qui pourtant avait un tempérament extrêmement sensible et affectueux, supportait cette épreuve avec un grand calme et un grand esprit de foi. Sur une image où elle avait écrit la date des principales grâces qu’elle avait reçues, elle notait le 12 février 1880, jour de l’entrée de son père dans l’établissement spécial où on le soignait. Ce qui sera prouvé etc.

166 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, malgré ses aridités et ses souffrances, était toujours en paix, elle était toute douceur, la grâce était répandue sur son perpétuel sourire ; mais le plus souvent on ne pouvait croire en ce sourire l’expression d’une joie naturelle, mais le résultat de son amour pour le bon Dieu, qui lui faisait regarder la souffrance comme une cause de joie. Sa ferveur si généreuse était pourtant sans rigidité ni affectation, mais pleine de simplicité. - Ce qui sera prouvé etc.

167 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu ne se plaignait jamais de ce qui la faisait souffrir. Au lieu que ses épreuves intérieures ou extérieures déterminassent en elle quelque relâchement dans la générosité de ses efforts, c’est précisément quand on la voyait plus gaie en récréation, plus alerte dans ses travaux, qu’on pouvait juger qu’elle était soumise à quelque souffrance. Des fois, quand on lui demandait pourquoi elle se montrait [129] exceptionnellement joyeuse, elle répondait : " C’est que j’ai de la peine ; rien ne me donne la joie comme la peine ". - Ce qui sera prouvé etc.

168 - Que ce fut et c’est la vérité que la patience de la Servante de Dieu se montrait héroïque dans ses maladies. Un soir qu’elle était en proie à un accès de fièvre très violent, l’infirmière alla lui mettre une bouillotte d’eau chaude et de la teinture d’iode sur la poitrine. En subissant ces remèdes, elle offrit sa peine au bon Dieu. Sa patience fut bien vite récompensée : l’infirmière vint peu après apportant une boisson rafraîchissante. Elle racontait ce petit fait en montrant que l’on devait toujours se confier au Seigneur. - Ce qui sera prouvé etc.

169 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, lorsqu’elle éprouva le premier vomissement de sang dans la nuit du Jeudi Saint, s’abstint d’allumer sa lampe et de se rendre compte de ce qui s’était passé pour mortifier sa curiosité. Le lendemain matin, ayant reconnu que son mouchoir était plein de sang, elle dit à la révérende mère prieure : " Voici ce qui m’est arrivé ; mais je vous en prie, n’y attachez pas d’importance ; ce n’est rien : je ne souffre pas et je vous prie de me laisser continuer comme tout le monde les exercices de la Semaine Sainte ". Elle les suivit en effet et en pratiqua toutes les pénitences. Cet état de choses elle sut le continuer et soutenir pendant une année. - Ce qui sera prouvé etc.

[130] 170 - Que ce fut et c’est la vérité que, nonobstant sa maladie, la Servante de Dieu n’étant jamais dispensée des travaux communs, se rendait brûlante de fièvre à la lessive et à l’étendage le dos ou la poitrine déchirée par des vésicatoires. Une fois, après une séance où l’on venait de lui faire plus de 500 pointes de feu sur le côté, elle monta dans sa cellule prendre son repos sur sa dure paillasse, car on ne donnait pas encore de matelas même aux malades. - Ce qui sera prouvé etc.

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[Héroïcité de la tempérance de la Servante de Dieu]

171 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dès son petit âge avait déjà un grand empire sur elle-même. Elle allait toute petite assister aux leçons que sa soeur Pauline donnait à son autre soeur Céline et elle se dominait toujours restant là, assise et tranquille, sans s’agiter et sans dire un seul mot pendant les deux heures que la leçon durait. Pendant les conversations des grandes personnes elle montrait la même vertu de patience et de mortification, et elle ne les ennuyait jamais de ses enfantillages comme c’est l’habitude des autres enfants. - Ce qui sera prouvé etc.

172 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu avait un tempérament très sensible : [131] enfant et déjà grande elle pleurait avec une facilité extraordinaire. Le 25 décembre 1886, dans l’illustration spéciale qu’elle reçut ce jour-là, elle se dit qu’il fallait se dominer pour Dieu, et de fait elle acquit à dater de ce jour une parfaite maîtrise d’elle-même. Elle appelait toujours ce jour-là le jour de sa conversion. - Ce qui sera prouvé etc.

173 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu était toujours fidèle à dominer ses passions. Elle était constamment calme et sereine. On était toujours sûr de trouver auprès d’elle un conseil sage et pondéré.

Elle ne se montait jamais la tête. Elle conseillait à ses novices de ne jamais lui exposer un sujet de mécontentement quand elles étaient encore émues ; et elle voulait que lorsqu’elles ne se sentaient pas encore assez dégagées de la passion, elles ne présentassent point de réclamations. Ce conseil elle le pratiquait elle-même à tout moment. - Ce qui sera prouvé etc.

174 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu était tellement détachée dans son esprit de toutes les affections humaines, même les plus légitimes, qu’elle se privait aussi des satisfactions spirituelles permises. Pendant que sa soeur, mère Agnès de Jésus, fut prieure du monastère, elle laissait passer son tour de direction sans aller la trouver comme faisaient les autres soeurs, et cela pour se priver de la consolation qu’elle y aurait trouvé. Elle ne s’épanchait jamais dans ses entretiens [132] ni avec les supérieures ni avec les novices, pour mortifier le besoin très vif qu’elle avait de tendresse et d’épanouissement. - Ce qui sera prouvé etc.

175 - Que ce fut et c’est la vérité qu’à la prise d’habit de soeur Marie de l’Eucharistie qui était sa cousine, l’accompagnant avec la communauté à la porte de la clôture, la Servante de Dieu se mit à l’écart pour se priver de la consolation de voir sa famille. Et pourtant, comme les parloirs étaient encore en construction, il y avait un an que ni elle ni ses soeurs, n’avaient plus vu leurs parents et que ce sacrifice lui avait beaucoup coûté. - Ce qui sera prouvé etc.

176 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, après sa grande retraite qui l’avait tenue onze jours séparée de ses soeurs, bien qu’elle eût obtenu facilement la permission d’aller les voir dans sa cellule, n’en fit rien. Elle ne les chercha pas non plus à la récréation pour mortifier l’élan de sa nature. La vénérée mère Geneviève, fondatrice de la maison, crut devoir même la réprimander de ce zèle, et la Servante de Dieu ne répondit rien, accueillant la réprimande en paix, heureuse d’avoir l’occasion de se mortifier doublement. - Ce qui sera prouvé etc.

177 - Que ce fut et c’est la vérité que la démarche de la Servante de Dieu indiquait aussi une grande mortification et un grand empire sur soi-même. Elle était modeste, recueillie, les [133] yeux toujours baissés, ne cherchant à rien savoir de ce qui se passait autour d’elle et ne s’occupant jamais de ce qui ne la regardait pas. Elle ne donnait en rien son avis à moins qu’on ne le demandât. Elle disait à ses novices : " Quand vous voyez plusieurs soeurs parler ensemble ne vous y arrêtez pas, cela n’est pas de la mortification " Il. - Ce qui sera prouvé etc.

178 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu encore tout enfant avait pris l’habitude de ne point laisser échapper les petites occasions de se mortifier ; par exemple, elle interrompait ses lectures aux passages les plus intéressants aussitôt que l’heure de cesser était venue. Plus tard elle s’appliqua avec ardeur à des études spéciales d’histoire, mais elle n’y employait toujours qu’un certain nombre d’heures afin de mortifier son désir trop vif d’apprendre. - Ce qui sera prouvé etc.

179 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, quand elle était assise, ne s’appuyait jamais sur le dos, ne se croisait point les pieds, se tenait toujours droite. Elle ne voulait pas qu’on s’assît de travers, même pour se délasser ; rien n’était en elle qui rappelât la commodité et les aisances mondaines. A moins d’une grande nécessité elle ne s’essuyait pas la sueur parce que disait-elle que c’était convenir qu’on avait trop chaud et une manière de le faire savoir. - Ce qui sera prouvé etc.

180 - Que ce fut et c’est la vérité que, malgré [134] les nombreuses engelures qui lui enflaient considérablement les mains, jamais la Servante de Dieu ne les cachait. Un jour qu’il gelait à pierre fendre et que les soeurs étaient sans feu, quelqu’une remarqua qu’elle avait ses mains toutes découvertes et étalées sur ses genoux. On lui en fit la réflexion mais elle se contenta de sourire d’un petit air entendu, d’où on put conclure qu’elle les exposait au froid exprès. - Ce qui sera prouvé etc.

181 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu tolérait avec un héroïque esprit de mortification le froid qui, à cause du mauvais état de sa santé, l’éprouvait d’une manière bien pénible. Jamais pourtant on ne la vit se frotter les mains en hiver ou prendre une attitude qui laissât soupçonner sa souffrance. Elle ne disait jamais : il fait bien froid ou il fait chaud. Et ainsi en était-il des mille occasions qu’elle savait se ménager pour souffrir. - Ce qui sera prouvé etc.

182 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu se portait avec une

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grande générosité aux pratiques de mortification corporelle déterminées par la règle. Elle eût voulu encore les multiplier et en demanda à plusieurs reprises l’autorisation ; mais on la lui refusa à cause de la délicatesse de sa complexion. Pour y suppléer elle saisissait habituellement et sans rien laisser paraître toutes les occasions de souffrir qui se présentaient. - Ce qui sera prouvé etc.

183 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante [135] de Dieu ne se plaignait jamais de rien. Un jour une soeur, en voulant rattacher le scapulaire de la Servante de Dieu, traversa en même temps avec l’épingle la peau et l’étoffe. La soeur Thérèse de l’Enfant Jésus n’en laissa rien paraître et continua joyeusement ses travaux de réfectoire pendant plusieurs heures. Seulement, à la fin, elle eut peur de n’être plus dans l’obéissance et retira l’épingle de son épaule. - Ce qui sera prouvé etc.

184 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu ayant un jour porté trop longtemps une petite croix armée de pointes, il en résulta une blessure qui s’aggrava et l’obligea finalement de se faire soigner. Elle disait à cette occasion : " Vous voyez bien que les grandes pénitences ne sont pas pour moi ; le bon Dieu sait bien que je les désire, mais il n’en a jamais voulu la réalisation ; autrement je n’aurais pas été malade pour si peu de chose, car qu’est-ce que cela auprès des macérations des saints ? " - Ce qui sera prouvé etc.

185 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu mangeait tout ce qu’on lui présentait en esprit de mortification quand l’aliment préparé faisait mal à sa santé. Ainsi en était-il des haricots. On lui en donnait une forte portion ne sachant pas qu’ils lui nuisaient. Elle en mangeait tout de même puisque la supérieure lui avait recommandé de manger tout ce qui lui était présenté, et elle en était malade chaque fois. - Ce qui sera prouvé etc.

[136] 186 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu était bien sensible ainsi qu’aucune autre à l’ennui que donne le dérangement des importuns au cours d’un travail commencé. Néanmoins non seulement elle se montra toujours gracieuse, mais elle affectait de se mettre sur le passage de celles qui pouvaient la déranger. Elle continuait tout de même à montrer le même calme et rendait service aux unes et aux autres en tout temps sans jamais montrer la moindre impatience. - Ce qui sera prouvé etc.

187 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu était très rigoureuse dans la mortification de sa langue. Elle était toujours silencieuse et ne parlait guère que par nécessité et jamais d’argument qui ne fût très sérieux et très grave ; et même en ces cas-là elle évitait toute digression et toute parole inutile. Quand on lui disait des inutilités, elle tranchait bien vite le discours et disait : " Nous perdons notre temps les deux : allons-nous en " Il. - Ce qui sera prouvé etc.

[Héroïcité de l’obéissance de la Servante de Dieu]

188 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu pratiqua dans la plus tendre enfance la vertu de l’obéissance. Elle regarda toujours [137] sa soeur Pauline comme sa petite mère. Elle ne lui désobéit pas même une seule fois et lui demandait des permissions pour tout. Même lorsque son père l’invitait à sortir avec lui elle répondait toujours : " Je vais en demander la permission à Pauline ". Son père l’engageait lui-même à cette soumission, et, si sa soeur lui refusait la permission, elle obéissait sans insister. - Ce qui sera prouvé etc.

189 - Que ce fut et c’est la vérité que déjà dans le temps où la Servante de Dieu vivait en famille, elle montrait une obéissance simple, sereine, parfaite et sans réplique. On ne l’entendait jamais objecter, discuter ou simplement hésiter devant un ordre, un conseil ou un désir de son père ou de ses soeurs ; elle renonçait à elle-même promptement et avec une grâce charmante pour se plier à tout et à tous dans la vie de famille. - Ce qui sera prouvé etc.

190 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, étant encore petite enfant, obéissait à la lettre à tout ce qu’on lui disait. Elle avait un amour très grand pour la lecture et cependant elle s’arrêtait au milieu des passages les plus intéressants quand l’heure de l’interrompre sonnait. De même au Carmel quand elle était en train d’écrire et que la cloche sonnait, elle s’arrêtait sans achever le mot commencé ; et quand on voulait le faire à sa place elle disait : " Il vaut mieux faire acte de régularité et laisser les idées se perdre " -11. - Ce qui sera prouvé etc.

[138] 191 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu fut toujours une novice très fervente et on ne la vit jamais faire la plus petite infidélité à la règle. Jamais elle ne demandait aucune dispense bien que l’état de son corps si affligé de plusieurs maux eût pu l’y autoriser. Elle exécutait toutes les prescriptions de la vie commune avec une exactitude et une promptitude marquantes qui émerveillaient les supérieurs et était pour les novices la meilleure école de la vie religieuse. - Ce qui sera prouvé etc.

192. - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu regardait toujours dans les commandements des supérieurs l’expression de la volonté divine. Une ou deux fois, quelques mois avant sa mort, elle passa par une crise des plus douloureuses. Le médecin de la communauté était en vacances on demanda à la mère prieure de faire entrer le docteur La Néele parent de la Servante de Dieu. La prieure refusa, et, pendant un mois, la Servante de Dieu fut en proie aux plus cruelles tortures. Quand les soeurs se plaignaient de cette manière d’agir, la Servante de Dieu leur disait : " Mes petites soeurs, il ne faut pas murmurer contre la volonté du bon Dieu. C’est lui qui permet que notre mère ne me donne pas de soulagement ". - Ce qui sera prouvé etc.

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193 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu jugeait des personnes d’après leur obéissance aux supérieurs, et des oeuvres d’après leur [139] subordination à l’autorité. On lui avait fait passer une brochure pieuse qui faisait beaucoup de bruit et elle en avait conçu même de la vénération pour l’auteur. Mais ayant appris que cet auteur avait dit une parole quelque peu révoltée à l’adresse d’un évêque, elle ne voulut plus en entendre parler, non plus que de ses oeuvres. - Ce qui sera prouvé etc.

194 - Que ce fut et c’est la vérité que la supérieure du Carmel, mère Marie de Gonzague, avait pris l’habitude de faire une foule de recommandations suivant le caprice du moment. La plupart des soeurs les tenaient comme non avenues au bout de quelques jours et elle-même les oubliait, Mais la Servante de Dieu les observait toutes et toujours. Elle faisait le grand tour pour aller à tel ou tel endroit, retournait sur ses pas pour fermer une porte etc. ... Elle ne considérait rien sinon que la prieure avait dit une chose une fois et qu’il fallait obéir jusqu’à la mort. - Ce qui sera prouvé etc.

195 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, au Carmel, était d’une obéissance parfaite aux plus petits points de la règle. Comme il était défendu de lire des livres ou bulletins qui ne sont pas à l’usage particulier des soeurs, elle s’accusait d’avoir regardé des images quelconques. Elle ne voulait pas même demander des permissions et se bornait à exécuter ce qui lui était commandé ou permis sans jamais chercher davantage. - Ce qui sera prouvé etc.

196 - Que ce fut et c’est la vérité que l’obéissance [140] de la Servante de Dieu était extrêmement fidèle. Elle prenait les moindres commandements au pied de la lettre et il fallait la surveiller pour ne pas l’exposer à une contrainte exagérée. Elle disait que l’obéissance est une boussole infaillible et que l’on s’égare loin des voies de la grâce quand on se soustrait aux directions de l’autorité. On ne la vit jamais faire la plus petite désobéissance. Ce qui sera prouvé etc.

197 - Que ce fut et c’est la vérité que dans bien des circonstances la Servante de Dieu par obéissance à la révérende mère prieure s’abstint de communiquer à ses soeurs et surtout à la mère de Sainte Agnès ses pensées et ses sentiments, bien que les habitudes de sa première jeunesse lui en fissent un besoin et qu’elle eût trouvé une grande consolation à continuer ses épanchements d’autrefois. Un jour que cette même soeur lui demandait ce qu’elle aurait fait si elle avait su que l’une de ses trois soeurs était malade, elle répondit qu’elle serait allée tout droit à la récréation si la cloche eût sonné ce temps-là et tout simplement par obéissance. - Ce qui sera prouvé etc.

198 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu observait avec une perfection absolue les règles et les constitutions. Trois ans après son noviciat elle continuait encore et continua toujours à demander toutes les semaines sa permission générale comme les novices, tandis que les autres soeurs ne la demandaient que tous les mois. Quand elle ne put plus suivre la sainte règle dans toute son étendue à cause de son [141] infirmité, rien ne lui était plus pénible et elle demandait toujours ses permissions en renouvelant chaque fois son sacrifice. - Ce qui sera prouvé etc.

199 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu était d’une fidélité extrême même dans les plus petits assujettissements. Dans les règlements du Carmel, il était recommandé de ramasser les petits morceaux de bois qu’on rencontre par la maison parce qu’ils peuvent servir à allumer le feu. La Servante de Dieu poussait la fidélité jusqu’à ramasser les petits bois provenant de la taille de ses crayons. - Ce qui sera prouvé etc.

200 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu obéissait à la règle du silence avec une parfaite ponctualité. Les carmélites ont un sablier d’une demi- heure pour les parloirs. Quand ses parents ou ses soeurs venaient trouver la Servante de Dieu, elle regardait toujours son sablier, et, aussitôt le dernier grain de sable passé, elle saluait gracieusement, fermait la grille et le rideau et s’éclipsait sans rémission. Quand ses autres soeurs étaient là avec elle, elle était toujours la première à partir. - Ce qui sera prouvé etc.

201 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu non seulement obéissait à ses supérieures mais aussi à chacune de ses soeurs, allant de droite à gauche suivant le désir de chacune. Un soir, pendant sa maladie, la communauté étant allée à l’oratoire du Sacré-Coeur pour y chanter un cantique, elle suivit péniblement les autres, mais enfin fut obligée de s’asseoir pendant le chant. Une soeur l’appela [142] lui disant de venir chanter : elle se leva aussitôt et se joignit au choeur parce qu’elle avait pris l’habitude d’obéir à chacune par esprit de foi. - Ce qui sera prouvé etc.

202 - Que ce fut et c’est la vérité que l’obéissance de la Servante de Dieu était héroïque même dans sa promptitude. Un jour d’hiver que, suivant la coutume des carmélites, elle s’était dépouillée de ses bas humides pour les faire sécher près du poêle, on vint l’appeler. Mettant simplement ses souliers de corde elle traversa, malgré le froid très vif, tous les cloîtres les jambes nues, sans s’inquiéter de son imprudence pour ne point retarder l’exécution de l’obéissance. - Ce qui sera prouvé etc.

203 - Que ce fut et c’est la vérité que, un jour qu’on avait ordonné à la Servante de Dieu de dire par obéissance ce qui pouvait la soulager, comme elle était brûlante de fièvre elle demanda à la première infirmière de lui ôter une couverture. Cette soeur un peu sourde comprit le contraire et rassemblant toutes les couvertures qu’elle put trouver elle la couvrit jusque par dessus la tête. Quand on lui demanda pourquoi elle n’avait pas expliqué l’erreur, elle dit qu’elle avait tout accepté par esprit d’obéissance. Ce qui sera prouvé etc.

204 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu ne s’est déterminée à écrire sa vie que par esprit d’obéissance,, car la chose lui fut ordonnée par sa soeur qui était alors sa mère prieure. Elle le [143] lui ordonna au commencement de l’année 1895. La Servante de Dieu le fit bien docilement, et le soir du 20 janvier 1896 remît le cahier à sa supérieure sans plus se préoccuper ensuite si elle l’avait lu ou non, ou sur ce qu’elle en pouvait penser. Un jour même que la supérieure lui dit qu’elle n’avait pas eu le temps de rien lire, la Servante de Dieu n’en parut nullement peinée. - Ce qui sera prouvé etc.

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205 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu étant déjà très dangereusement malade, sa soeur, la mère Agnès de Jésus, alla trouver la prieure, soeur Marie de Gonzague, le soir du 2 juin 1897 pour lui demander d’ordonner à la Servante de Dieu de continuer le récit de sa vie. La supérieure voulut bien l’ordonner, et la Servante de Dieu nonobstant son esprit d’humilité, et malgré les souffrances de la maladie, continua alors à écrire en faisant de grands efforts pour vaincre sa fatigue, et en priant enfin sa soeur de retoucher ce qu’elle aurait cru devoir corriger, sans aucun égard pour elle. - Ce qui sera prouvé etc.

206 - Que ce fut et c’est la vérité que dans les derniers jours de sa vie, alors qu’elle était brûlée par la fièvre, la soeur qui l’assistait voulut enlever les draps sur ses pieds pour la rafraîchir. Elle l’empêcha en observant que peut-être ce n’était pas permis. Et elle ne se croyait pas dispensée par la maladie de pratiquer l’obéissance et la mortification jusqu’à l’héroïsme. Pourtant elle n’aurait eu qu’un mot à dire pour en obtenir la permission, mais elle disait qu’il ne fallait [144] pas adoucir le martyre de la vie religieuse. Ce qui sera prouvé etc.

[Héroïcité de la pauvreté de la Servante de Dieu]

207 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, par esprit de pauvreté, ne réclamait jamais ce qu’on lui prenait disant que rien ne lui appartenait. Elle se laissait voler aussi les dons d’intelligence que le bon Dieu lui avait départis si largement, et si, en récréation, une autre profitait de ses reparties pleines de finesse, elle trouvait cela très naturel et disait qu’en vertu de la pauvreté elle ne devait pas plus réclamer ce bien que tout autre, et laissait volontiers aux autres l’honneur de ce qui lui était dû. - Ce qui sera prouvé etc.

208 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu trois jours avant sa mort se privait, bien que torturée par la fièvre, de demander de l’eau dans laquelle on mettait un peu de glace ; elle se privait aussi de demander du raisin lorsqu’on oubliait de le mettre à sa portée. Une soeur qui l’assistait, la voyant regarder de l’eau glacée, lui dit si elle en voulait ; elle lui répondit que oui. La soeur lui rappela qu’elle devait demander ce qui lui était nécessaire. Elle répondit qu’elle demandait ce qui lui était nécessaire, mais non ce qui lui faisait plaisir. - [145] Ce qui sera prouvé etc.

209 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, dès qu’elle fut entrée au Carmel, bien qu’elle n’eût que 15 ans, fut traitée sans aucun ménagement. On lui servait les restes les plus avancés. On disait à la cuisine : " Personne ne mangerait cela, donnons-le à soeur Thérèse de l’Enfant Jésus qui ne refuse jamais rien " Il. Aussi voyait-on reparaître dans son assiette jusqu’à la fin de la semaine de l’omelette ou hareng qui avait été cuite le dimanche. Elle devait partager avec une soeur, sa voisine de table le cidre contenu dans une bouteille si petite qu’elle contenait à peine deux verres ; alors elle ne buvait point pour ne pas priver sa voisine. Elle s’abstenait même de prendre de l’eau pour qu’on ne remarquât pas sa mortification et son acte de charité. - Ce qui sera prouvé etc.

210 - Que ce fut et c’est la vérité que la pratique de la pauvreté religieuse était très à coeur à la Servante de Dieu. Elle acceptait non seulement avec joie la pauvreté ordinaire du Carmel, mais dans le Carmel même elle était heureuse de manquer des choses -même les plus nécessaires. Quand, par exemple, au réfectoire on oubliait de la servir, elle en était heureuse et évitait de le faire remarquer. Elle disait : " Je suis comme les vrais pauvres ; car ce n’est pas la peine de faire voeu de pauvreté si on ne doit pas en souffrir ""‘. - Ce qui sera prouvé etc.

[146] 211 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, bien que, avec sa nature, elle eût cherché les choses de bon goût et non détériorées, cherchait de préférence et pratiquait le contraire. Une soeur fit un jour une tache irréparable sur son tablier, et, tout de même, elle l’accepta et le garda tel quel sans rien faire paraître du sacrifice qu’on lui imposait sans le vouloir. Une autre fois on avait passé une teinture sur une petite table à son usage. Les pieds insuffisamment secs firent plusieurs taches sur le parquet de sa cellule ; ce sacrifice lui coûta beaucoup mais elle n’en dit rien. Elle attacha sa corbeille à ouvrage avec une bande de velours trouvé au grenier ; elle brisait les têtes de verre des épingles pour les rendre brutes à son usage ; elle se servait d’une petite lampe dont le mécanisme ne fonctionnait plus. - Ce qui sera prouvé etc.

212 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu ne souffrait à son usage que les objets strictement indispensables, et plus ils étaient laids et pauvres, plus elle était contente. Elle disait qu’il n’y a rien de plus doux que de manquer du nécessaire parce qu’alors on peut se dire vraiment pauvre. Elle se recommandait de ne jamais rien faire acheter avant de s’assurer bien qu’il n’y avait pas moyen de faire autrement, et de choisir alors sans hésiter ce qui coûtait le moins cher, ainsi que le font les vrais pauvres. - Ce qui sera prouvé etc.

[147] 213 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu aimait souverainement la pauvreté., même dans le soin des choses les plus petites. Un jour, à la sacristie, elle alla retirer à une nappe d’autel le fil quand cette nappe était faufilée à grands points. Elle retirait le fil doucement car elle voulait, comme les pauvres, ne pas le perdre et l’utiliser ensuite. Elle choisissait de préférence du papier à lignes rapprochées, malgré l’incommodité ; elle écrivait sur toutes les lignes pour dépenser moins de papier. C’est pour ce même esprit de pauvreté qu’elle baissait très bas la mèche de sa petite lampe de façon à n’en recevoir que très juste ce qu’il lui fallait de lumière. De même au réfectoire, s’il lui arrivait de prendre quelques grains de sel de plus,

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au lieu de les jeter, elle les gardait dans sa serviette pour le prochain repas. Ce qui sera prouvé etc.

214 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu observa la pauvreté jusque dans les choses les plus petites. Quand la mère Marie de Gonzague lui ordonna de continuer le récit de sa vie, la Servante de Dieu prit le cahier que sa soeur lui avait choisi, mais elle le trouva trop beau, bien qu’il fût très ordinaire, et craignit de faire une faute contre l’intégrité de sa vertu religieuse de pauvresse. Elle demanda alors s’il ne fallait pas, au moins, serrer les lignes pour employer moins de papier, et la soeur lui répondant qu’elle était trop malade pour se fatiguer encore à écrire ainsi, elle se [148] tranquillisa et se mit à la besogne. Ce qui sera prouvé etc.

215 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu poussait son amour pour la pauvreté jusqu’à l’économie du temps. Par ce soin, elle ne copia pas même les poésies qu’elle avait elle-même composées, bien qu’elle eût beaucoup désiré en posséder un exemplaire. Elle considérait que le temps ne lui appartenait pas et jamais elle ne prenait sur celui du travail pour ce qui était de sa consolation. Elle faisait cela parce qu’autrement, disait-elle, sa vie aurait été trop commode. Ce qui sera prouvé etc.

[Héroïcité de la chasteté de la Servante de Dieu]

216 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu montra jusque dans son enfance une pureté d’âme tout à fait céleste. Ses parents, ses soeurs, tous ceux qui la connaissaient, ses maîtres et ses compagnes en étaient ravis : à son approche émanait une odeur céleste et comme une irradiation de paradis qui contraignait à l’admiration et à la stupeur. L’expression de sa figure était en effet celle d’un ange et l’on entendait dire autour d’elle : " Cette enfant ne vivra pas longtemps ; elle est trop angélique ". - Ce qui sera prouvé etc.

217 - Que ce fut et c’est la vérité que la [149] Servante de Dieu, étant encore à l’âge de 15 ans, et voulant se rendre à Rome au sujet de sa vocation, fit avant tout un pèlerinage à Notre-Dame des Victoires de Paris. Là elle demanda très spécialement à la Sainte Vierge d’éloigner d’elle toutes les occasions de pécher. Elle craignait de connaître le mal, n’ignorant pas que pendant son voyage elle pouvait le rencontrer, et elle se confia complètement à la Vierge pour en être bien défendue. - Ce qui sera prouvé etc.

218 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu chérissait à tel point la sainte pureté que, à sa prise d’habit, lorsqu’on lui donna un reliquaire à porter désormais sur elle, elle ne choisit que des reliques de vierges, écartant toutes les autres, même celles des saints qu’elle aimait le plus.

Elle recommandait toujours la défense de cette vertu à l’intercession de saint Joseph, de sainte Thérèse, de saint Louis de Gonzague, et surtout à celle de la très Sainte Vierge. - Ce qui sera prouvé etc.

219 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu quand elle était seule ne relâchait rien de sa réserve et de sa modestie disant qu’elle était en présence des anges. Pendant sa maladie, à l’âge de dix ans, le docteur lui ayant ordonné des douches, c’était pour elle une peine si grande qu’elle priait sa soeur d’abandonner ce traitement. Elle avait en quelque sorte une vraie honte de son corps et se consolait dans la pensée que même le Rédempteur n’avait pas dédaigné d’en prendre un semblable au nôtre. - Ce qui [150] sera prouvé etc.

220 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu se faisait de la chasteté une idée très juste, à la fois exempte de scrupule et d’illusion. Ses novices la trouvaient très éclairée dans les conseils qu’elle leur donnait. Elle mettait à pratiquer cette fidélité à la vertu une simplicité très ordinaire ; mais sa pureté était absolument angélique, parfaite, et jamais elle ne fut diminuée par une ombre quelconque. Cela datait dès les premiers temps de son enfance et dura jusqu’à la fin de sa vie. - Ce qui sera prouvé etc.

221 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu eut le don très précieux de n’avoir jamais à subir aucune tentation sur la vertu de chasteté. Son esprit vif et pénétrant avait bien compris la distinction entre le bien et le mal et elle restait absolument calme devant le spectacle de la nature en louant le Seigneur. Elle disait souvent que la pureté ne consistait pas à ignorer le mal mais à l’éviter. Ses novices pouvaient se confier à elle dans toutes les tentations et troubles, elle excellait à leur rendre la consolation et la paix. - Ce qui sera prouvé etc.

222 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu montrait dans tout son ensemble la splendeur de la vertu de virginité qui l’embellissait. Sa pureté se reflétait dans sa physionomie toute céleste, calme, douce et digne. Elle alliait à [151] cet extérieur si recueilli un petit air d’enfant très candide qui charmait tous ceux qui la voyaient. Il y avait en elle quelque chose qui imposait le respect et qui semblait l’envelopper d’une auréole angélique. Sa modestie frappait tous ceux qui la rencontraient. - Ce qui sera prouvé etc.

223 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu parlait et écrivait de la vertu de chasteté d’une façon qui montrait bien le prix qu’elle y attachait. Elle avait surtout un grand souci de la défendre chez ses novices et ses soeurs. A sa soeur la plus jeune, quand elle resta dans le monde, elle écrivait des lettres si tendres à ce sujet, car elle avait de grands soucis à cet égard, mais surtout quand elle apprenait que sa soeur devait aller danser dans le monde, par crainte de la chasteté que sa soeur aussi avait déjà vouée au Seigneur. - Ce qui sera prouvé etc.

[héroïcité de l’humilité de la Servante de Dieu]

224 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu avait une idée très humble de soi-même. Elle était persuadée que, sans un secours particulier de Dieu, elle n’aurait pas fait son salut. La préservation dont elle avait été l’objet lui semblait une véritable rémission des défauts. Tous [152] les péchés qui se commettent sur la terre lui semblaient comme

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lui être remis d’avance parce qu’elle se sentait capable d’y succomber, et elle disait qu’elle serait devenue très méchante de par sa nature sans le secours spécial des grâces reçues de Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

225 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu évitait jusque dans son enfance toute occasion de louange et de vanité. Elle cachait toujours ses mérites et ne parlait jamais si elle n’était interrogée par les supérieurs. Elle aimait l’obscurité et le néant ; parmi les jeunes filles de son âge elle ne se vantait jamais. L’orgueil et la vanité n’avaient pas de prise dans son âme innocente. Elle était certainement très jolie, mais seule elle semblait l’ignorer : ses soeurs ne la voyaient jamais se regarder dans un miroir. - Ce qui sera prouvé etc.

226 - Que ce fut et c’est la vérité que, même au parloir, quand la Servante de Dieu était visitée par les personnes de sa famille, la Servante de Dieu gardait toujours une attitude humble et réservée. Volontiers elle restait silencieuse quand ses autres soeurs étaient avec elle : ce qui était d’autant plus remarquable qu’elle possédait à un haut degré tous les dons de l’esprit et du coeur. Elle n’exprimait son avis qu’avec une extrême douceur et timidité et ne contredisait presque jamais les opinions des autres si elle ne s’y voyait obligée en conscience. - Ce qui sera prouvé etc.

[153] 227 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu eut toujours grand soin à s’exercer à l’humilité pour vaincre la naturelle inclination de son coeur qui n’aurait pas été naturellement indifférent aux louanges. A l’âge de dix ans étant allée un jour au parloir du Carmel et une religieuse lui ayant manifesté bruyamment son admiration, elle, qui déjà songeait à se faire carmélite, dit à sa soeur : " Ce n’est pas vraiment pour y entendre des louanges que je viendrais au Carmel. Si je quitte le monde ce sera pour être humiliée devant Jésus " Il. - Ce qui sera prouvé etc.

228 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu laissait toujours dire aux novices ce qu’elles pensaient contre elle. Elles le faisaient d’autant plus librement que la Servante de Dieu n’était pas maîtresse titulaire et qu’elle était plus jeune que beaucoup d’entre elles. Elle paraissait plus satisfaite quand elle avait reçu quelque observation plus humiliante. Elle disait alors qu’elle était plus heureuse puisque Dieu lui rappelait ainsi qu’elle était toute petite et sans vertu. - Ce qui sera prouvé etc.

229 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu en entrant au Carmel fut éclairée sur la valeur de sa voie par le Seigneur qui lui montra que la vraie sagesse consiste à vouloir être ignorée. Au milieu des humiliations que lui causait la maladie de son père, elle disait que ses voeux étaient comblés, parce qu’elle avait en partage la souffrance et le [154] mépris. Et le jour de sa profession elle portait sur son coeur un billet où elle avait écrit : " Que personne ne s’occupe de moi : que je sois foulée aux pieds comme un petit grain de sable " 40. - Ce qui sera prouvé etc.

230 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu se croyait inférieure à toutes les autres soeurs en toutes choses. Se basant sur une certaine ignorance de divers travaux manuels elle regardait avec une envie humble et sainte les belles miniatures que faisait la mère Agnès de Jésus, elle admirait les tableaux qu’une autre composait. Elle faisait au bon Dieu le sacrifice de se trouver incapable de certaines choses ; bien que dans des lumières très vives qu’elle avait au sujet de la communion des saints elle sentit si bien sa faiblesse, elle se voyait cependant relevée mystiquement par la valeur des oeuvres qu’elle ne savait pas faire et que les autres faisaient. - Ce qui sera prouvé etc.

231 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, plus elle avançait en perfection plus elle était humble. Dans sa maladie elle avait des occasions continuelles d’énervement et d’impatience. C’est à peine si quelques fois elle laissait paraître une légère émotion. Elle reconnaissait alors sa faiblesse et demandait pardon recommandait que l’on priât pour elle. Elle disait : " J’éprouve une joie bien vive non seulement qu’on me trouve imparfaite, mais surtout de m’y sentir moi-même, et d’avoir tant besoin de la miséricorde du bon Dieu au moment de ma mort " 41. - [155] Ce qui sera prouvé etc.

232 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu non seulement faisait bon visage aux humiliations, mais s’humiliait elle-même en prenant toujours la dernière place, en obéissant à toutes, en gardant le silence lorsqu’elle n’était pas interrogée, et en un mot dans toutes les petites choses. Son humilité consistait en fait à rechercher l’oubli plutôt qu’à exprimer le mépris qu’elle faisait d’elle-même, et sa petite voie d’enfance qui lui servit pour atteindre la plus haute perfection était toute basée sur l’humilité. - Ce qui sera prouvé etc.

233 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, tant dans la relation de sa vie que dans ses écrits, montre toujours l’humilité la plus parfaite. Elle ne parle jamais des grâces qu’elle a reçues que pour publier avec une grande simplicité la miséricorde de Dieu sur son âme, ou pour en exprimer la reconnaissance ou pour l’édification du prochain. La candeur même. avec laquelle elle raconte les bienfaits de Dieu pour elle est précisément l’expression d’une parfaite humilité. - Ce qui sera prouvé etc.

234 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu en bien des occasions eut à faire preuve de dévouement, de savoir faire, de sagesse et de prudence ; douée de tous les dons possibles de l’esprit et du coeur, elle employait ces trésors pour glorifier le bon Dieu, pour rendre service et faire plaisir autour d’elle ; mais elle faisait cela salis embarras, [156] sans recherche d’elle-même et avec une simplicité qui révélait son humilité. - Ce qui sera prouvé etc.

DOCUMENTS - Articles 65

235 - Que ce fut et c’est la vérité que tout ce que la Servante de Dieu désirait, c’était de rester dans l’obscurité et l’oubli et que personne ne fît attention à elle et qu’on la considérât comme la dernière de la communauté. Les travaux les plus pénibles et les plus humiliants étaient ceux qu’elle choisissait de préférence. Aux soeurs converses elle enviait leur condition parce qu’elles avaient plus d’occasions de se dévouer aux autres tout en restant dans le dernier lieu. Ce qui sera prouvé etc.

236 - Que ce fut et c’est la vérité que, à la cuisine, il y avait une soeur qui n’aimait pas la Servante de Dieu. Cette soeur parlait d’elle avec mépris et, en la voyant venir, elle disait : " Regardez-la marcher, elle ne se presse pas ! Quand va-t- elle commencer à travailler ? Elle n’est bonne à rien ". Quand la Servante de Dieu, qui l’avait entendue, entrait, elle faisait un beau sourire à la cuisinière sans laisser deviner la moindre peine et la moindre rancune. - Ce qui sera prouvé etc.

237 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu dans l’humilité profonde de son âme croyait toujours être trop bien traitée. Elle fit un jour des reproches à la soeur cuisinière parce que celle-ci avait fait une soupe exprès pour elle. Quelques jours après, malgré sa recommandation, la soeur renouvela son attention ; elle lui témoigna alors une [157] véritable peine et pourtant à cette époque-là elle était bien malade. - Ce qui sera prouvé etc.

238 - Que ce fut et c’est la vérité qu’une religieuse ancienne ne pouvant pas comprendre que soeur Thérèse de l’Enfant Jésus, si jeune, s’occupât des novices, lui faisait sentir sans ménagement l’opposition qu’elle ressentait à son égard. Un jour, à la récréation, elle lui dit des paroles amères et, entre autres, qu’elle avait plus besoin d’être dirigée elle-même que de diriger les autres. La Servante de Dieu l’écouta avec un air de douceur angélique et lui répondit enfin : " Ma soeur, vous avez bien raison, je suis encore bien plus imparfaite que vous ne le croyez ". - Ce qui sera prouvé etc.

[Dons surnaturels de la Servante de Dieu au cours de sa vie]

239 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu éprouva plusieurs fois des transports d’amour très mystérieux. Dans le temps de son noviciat, il lui sembla un jour d’être comme séparée de son corps. Elle restait en cet état Plusieurs jours. Dans les jardins, à l’heure du grand silence, elle éprouva aussi des opérations extraordinaires de la grâce. Elle croyait éprouver des vols d’esprit et des extases qui la ravissaient pendant longtemps [158] dans les régions de l’amour le plus haut. - Ce qui sera prouvé etc.

240 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu fut gratifiée aussi par plusieurs visions et extases (bien qu’elle n’en racontât que très peu). Déjà dans son enfance elle fut guérie d’une terrible maladie par une vision de la très Sainte Vierge. La statue qui lui avait donné ce prodige fut laissée dans sa chambre pendant sa dernière maladie. Elle eut aussi autrefois des visions où elle éprouva les consolations les plus douces et les plus hauts degrés de l’amour et de l’union avec Dieu. Elle décrivit ses dons dans l’exposé de sa vie. - Ce qui sera prouvé etc.

241 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu jouissait des dons les plus rares de pénétration des coeurs. Elle lisait dans les âmes de ses novices tout ce qui s’y passait. Elle n’avait pas besoin de les écouter pour connaître leurs troubles et leurs pensées. Elle allait à leur rencontre et leur révélait doucement ce qui les agitait et en même temps elle leur donnait des conseils très pratiques et efficaces pour retrouver la paix de l’âme et la tranquillité. Elle priait pour elles dans les moments de leurs peines les plus grandes sans en être avertie et leur obtenait bientôt de grandes consolations. - Ce qui sera prouvé etc.

242 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu fut douée prodigieusement du don de prophétie. A six ans, dans une vision très claire elle vit [159] le malheur qui plus tard devait frapper sa famille par la maladie cérébrale de son père. Elle eut aussi d’autres fois des révélations saisissantes sur la vocation de telle ou telle personne qui se recommandait à ses prières, et les événements remplissaient toujours ses prévisions d’une façon inattendue et complète. - Ce qui sera prouvé etc.

243 - Que ce fut et c’est la vérité que la grande souffrance de la Servante de Dieu était de ne pas communier tous les jours. Quelque temps avant sa mort, elle disait à la mère Marie de Gonzague, sa prieure, qui avait peur de la communion quotidienne : " Ma mère, quand je serai au ciel, je vous ferai changer d’avis " . Et au fait, après la mort de la Servante de Dieu, on donna à la communauté la permission de la communion quotidienne et la mère supérieure, au lieu de se révolter comme auparavant, en fut très heureuse. - Ce qui sera prouvé etc.

244 - Que ce fut et c’est la vérité que l’amour de la Servante de Dieu pour la Sainte Vierge lui donna en certaine occasion même des forces presque surnaturelles. On devait transporter au monastère une statue de la Sainte Vierge, qui lui appartenait, jusque dans un oratoire déjà destiné. Toutes les soeurs trouvaient la statue trop lourde. Mais la Servante de Dieu dit alors : " Elle n’est pas trop lourde pour moi ", et dans un élan, qui peignait admirablement les sentiments de son coeur, elle saisit la statue et l’emporta facilement jusqu’au lieu désigné. - Ce qui [160] sera prouvé etc.

245 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu au mois d’avril de

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l’année 1895 fit à soeur Thérèse de Saint Augustin, l’une de ses compagnes, la confidence qu’elle serait morte bien. tôt. Non pas qu’elle mourrait dans quelques mois mais dans deux ou trois ans, en lui disant que de tout ce qui se passait en son âme elle sentait que son exil était près de finir.

A l’époque où elle parlait ainsi, elle jouissait d’une santé parfaite et pourtant sa mort arriva exactement dans le temps qu’elle avait prédit. - Ce qui sera prouvé etc.

[Renommée de sainteté de la Servante de Dieu au cours de sa vie]

246 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, dès son enfance, était regardée par les personnes de la famille d’une façon exceptionnelle. Cela n’était pas seulement pour ses qualités naturelles, mais pour ce cachet de pureté extraordinaire qu’elle avait dans sa physionomie. On disait cela communément autour d’elle. Les domestiques disaient qu’on voyait en elle quelque chose d’angélique et qu’elle était comme un ange. Les personnes qui la voyaient dans les processions disaient de même. - Ce qui sera prouvé etc.

247 - Que ce fut et c’est la vérité que [161] monseigneur Delatroëtte, supérieur du Carmel de Lisieux au moment de l’admission de la Servante de Dieu au noviciat, craignait beaucoup pour sa persévérance, et il le dit franchement aux supérieurs. Mais après plusieurs années d’expérience ce saint prêtre dut changer de sentiment à son égard. Il en vint enfin à une profonde admiration pour ses vertus et il arriva à dire à la mère prieure : " Vraiment cette enfant est un ange ! " et il prononçait ces paroles les yeux pleins de larmes. - Ce qui sera prouvé etc.

248 - Que ce fut et c’est la vérité que, à l’entrée de la Servante de Dieu au monastère, les soeurs, qui pour la plupart ne s’attendaient à voir qu’une enfant tout ordinaire, furent comme saisies de respect en sa présence. Elle avait dans toute sa personne quelque chose de si digne, de si résolu, de si modeste, qu’elles en furent toutes surprises, et même celles qui avaient gardé des doutes sur l’opportunité de l’admettre au noviciat avouèrent franchement qu’elles s’étaient bien trompées et que jamais elles n’auraient cru rien de pareil. - Ce qui sera prouvé etc.

249 - Que ce fut et c’est la vérité que, au Carmel, toutes les religieuses étaient étonnées et édifiées des vertus qu’on voyait pratiquer à la Servante de Dieu dès les premiers jours de son noviciat. La mère prieure, Marie de Gonzague, disait aux autres soeurs que la Servante de Dieu était une âme d’élite et qu’il fallait l’aider à arriver à la perfection et c’était là le motif qu’elle prétextait pour expliquer la sévérité particulière [162] qu’elle usait à son égard. Elle-même et les autres religieuses aimaient présenter au parloir, à leurs familles, la Servante de Dieu comme une petite sainte pour accroître le renom de la communauté et cet effet se produisait réellement. - Ce qui sera prouvé etc.

250 - Que ce fut et c’est la vérité que les prédicateurs des retraites au Carmel et les confesseurs parlaient de la Servante de Dieu comme d’un ange. Le sacristain, qui la connaissait pour l’entendre à la sacristie, l’avait en grande vénération et disait que cette soeur-là n’était pas comme les autres et que, lorsqu’il venait travailler à l’intérieur du monastère, il la reconnaissait, malgré son voile baissé, à la modestie de sa tenue. Le jardinier disait de même quand, travaillant dans le jardin, il la voyait passer au loin dans les allées du verger. - Ce qui sera prouvé etc.

[Précieuse mort de la servante de Dieu]

251 - Que ce fut et c’est la vérité que vers l’année 1894 la Servante de Dieu commença à souffrir de granulations de la gorge. On les traita par des cautérisations, et elle ne changea rien pour cela à sa vie ordinaire de carmélite. Le soir du Jeudi Saint, pendant qu’elle était au travail avec les autres soeurs, il se déclara une grave hémorragie. Elle ne voulut pas être soignée trop particulièrement pour [163] cela, mais l’accident se répéta le lendemain. Néanmoins, jusque vers la fin du carême de l’année suivante 1897, la Servante de Dieu continua tous les exercices et les pénitences en usage au Carmel. - Ce qui sera prouvé etc.

252 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu pendant quelques semaines seulement de l’année 1897 à la fin du carême fut mise, à la suite d’une toux persistante, au régime des aliments gras. A la fin du même carême son état s’aggrava beaucoup : la fièvre devint continuelle et on la soumit à un traitement énergique de vésicatoires, de pointes de feu, de teinture d’iode et de frictions. Tous ces soins furent sans résultat ; le 6 juillet 1897, les hémorragies recommencèrent et se reproduisirent deux ou trois fois chaque jour pendant tout le mois. - Ce qui sera prouvé etc.

253 - Que ce fut et c’est la vérité que le 8 juillet 1897 on descendit la Servante de Dieu à l’infirmerie où le mal suivit son cours pendant les derniers trois mois de sa vie. Pendant ces mois surtout ses souffrances furent plus violentes que jamais et toujours croissantes. Le médecin du monastère disait qu’elles étaient affreuses. Tous s’étonnaient de sa patience inaltérable et de son perpétuel sourire. - Ce qui sera prouvé etc.

254 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu ne voulait pas même prier dans sa dernière maladie pour obtenir la diminution de ses maux. Elle se contentait de dire même au milieu des plus [164] cruelles souffrances : " Mon Dieu, ayez pitié de moi, vous qui êtes si bon ". Et en prévoyant des souffrances toujours plus grandes elle disait

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qu’elle était sûre que le bon Dieu l’ayant toujours protégée depuis sa première enfance, ne l’aurait jamais abandonnée. - Ce qui sera prouvé etc.

255 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu pendant sa dernière maladie eut à supporter des tentations très graves contre l’espérance et la foi. Elle les combattit avec toute son énergie en protestant de son amour pour le bon Dieu. C’est pourquoi il lui paraissait toujours que sa maladie devait avoir cet amour pour cause véritable et profonde et cette assurance ne l’abandonna jamais. Elle cherchait la souffrance en citant l’exemple du Seigneur qui, tout en mourant d’amour sur la croix, avait eu une si terrible agonie. - Ce qui sera prouvé etc.

256 - Que ce fut et c’est la vérité que dans sa dernière maladie la charité de la Servante de Dieu pour le prochain resplendissait toujours plus. Elle disait pour cela que la pensée de la mort lui était une joie car elle espérait se trouver bientôt au ciel en condition d’aider d’un façon bien sensible les pécheurs, les prêtres et surtout les missionnaires, et de passer son temps dans l’éternité à faire du bien sur la terre et à augmenter ainsi la gloire du bon Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

257 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu animée par une charité héroïque n’aurait pas même voulu, dans les derniers temps de sa vie, être [165] descendue à l’infirmerie pour ne déranger personne avec sa toux et elle aurait aimé rester seule et abandonnée dans sa cellule. Elle accueillait les souffrances comme une grâce longtemps désirée et ne demandait de soulagement que lorsque l’obéissance le lui imposait et encore avec beaucoup de discrétion. Ce qui sera prouvé etc.

258 - Que ce fut et c’est la vérité que son héroïque amour pour le prochain lui fit tolérer jusqu’à la fin de sa vie et nonobstant sa maladie, même l’importunité quelquefois indiscrète de ses novices. Un jour qu’elle souffrait beaucoup, une novice vint épuiser ses forces en lui racontant un grief tout à fait puéril contre l’une de ses compagnes. Soeur Thérèse de l’Enfant Jésus se fatigua en vain à la raisonner et dut enfin en venir aux reproches. Elle dit, quand la novice fut partie : " Un bon soldat n’a pas peur du combat. Je dois mourir les armes à la main " . - Ce qui sera prouvé etc.

259 - Que ce fut et c’est la vérité que pendant sa dernière maladie la conformité de la Servante de Dieu avec la volonté divine était pleine et complète. Son désir d’aller au ciel était calme et serein puisqu’il était basé sur le désir de faire en tout la volonté du bon Dieu. Elle disait à ce propos à soeur Marie de l’Eucharistie : " Si l’on me disait que je serais guérie, ne croyez pas que ça pourrait me déplaire : j’en serais contente autant que de mourir ". Elle écrivait encore : " Je veux bien être malade [166] toute ma vie si cela fait plaisir au bon Dieu et je consens même à ce que ma vie soit très longue. La seule grâce que je désire, c’est qu’elle soit brisée par l’amour ". - Ce qui sera prouvé etc.

260 - Que ce fut et c’est la vérité que les souffrances physiques de la Servante de Dieu pendant la maladie furent terribles. La maladie de poitrine suivait une phase toute particulièrement douloureuse, à laquelle il fallut ajouter le manque de secours. Au moment des complications plus graves où la tuberculose gagna les intestins amenant la gangrène, la malade fut privée de médecins pendant un mois. Avec cela son extrême maigreur amena des plaies. Elle souffrait aussi de véritables tortures que les soeurs ne pouvaient pas soulager. Mais son calme et sa patience ne se démentaient jamais. - Ce qui sera prouvé etc.

261 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu ne demandait jamais aucun service pendant sa dernière maladie. Elle ne sonnait qu’à la dernière extrémité. La dernière nuit qu’elle passa sur la terre, ses infirmières lui donnèrent quelque chose à boire. Après, comme elles étaient très fatiguées, elles s’assoupirent, et la Servante de Dieu resta, tenant son petit verre à la main, jusqu’à ce que l’une des soeurs s’éveillât. - Ce qui sera prouvé etc.

262 - Que ce fut et c’est la vérité que l’amour de la Servante de Dieu pour Jésus-Christ se révélait encore dans sa dernière maladie par le [167] soin dont elle entourait son image et la caressait avec des fleurs. Elle y attachait toujours des petites fleurs, et lorsqu’elles se flétrissaient tant soit peu, elle les remplaçait par d’autres, mais n’y voulait point souffrir les fleurs fanées. Elle priait et touchait sa couronne d’épines et les entourait de fleurs pour consoler, comme elle disait, l’agonie et les souffrances de son Sauveur. - Ce qui sera prouvé etc.

263 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu, pendant sa dernière maladie, reçut la très Sainte Eucharistie aussi souvent qu’elle était habituée de le faire toujours, à l’exception des derniers jours, quand les vomissements produits par la gangrène le lui empêchèrent. Dans sa réception du Saint Sacrement sa foi et son amour brillaient d’un éclat tout particulier. Sa préparation et son action de grâces étaient dévotes et singulièrement émouvantes et son visage devenait tout céleste au moment de la très Sainte Communion. - Ce qui sera prouvé etc.

264 - Que ce fut et c’est la vérité que son espérance était telle qu’elle regardait avec plaisir tous les préparatifs qu’on aurait voulu lui cacher. Ainsi elle demanda à voir la caisse des lis qui venait d’arriver pour orner son lit de parade. Elle les regardait avec plaisir en disant : " C’est pour moi ? " Il. Elle ne pouvait y croire, tant elle était contente. Pour la satisfaire on réglait devant elle l’achat du nouveau cimetière en prévision de sa mort prochaine. Elle voulait voir de son lit le cierge bénit et le bénitier [168] qu’on préparait pour s’en servir sitôt

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après son trépas. - Ce qui sera prouvé etc.

265 - Que ce fut et c’est la vérité que le 30 juillet de l’année 1897, la Servante de Dieu reçut l’extrême-onction avec une ferveur et une piété qui frappèrent toute l’assistance. Sa foi et son humilité éclatèrent en cette circonstance aux yeux de tous. Elle suivit avec une parfaite lucidité toutes les cérémonies du sacrement et répondit avec une ferveur très visible à toutes les prières du prêtre. Les soeurs qui entouraient son lit en étaient profondément émues. - Ce qui sera prouvé etc.

266 - Que ce fut et c’est la vérité que le matin du 30 septembre 1897, les souffrances de la Servante de Dieu étaient devenues inexprimables. Elle joignit les mains en regardant la statue de la Sainte Vierge placée en face de son lit et pria. Vers trois heures elle mit les bras en croix et pria la mère prieure de la présenter bien vite à la Sainte Vierge et de la préparer à bien mourir. Elle protesta encore de son désir extrême de la souffrance et de son complet abandon dans l’amour du bon Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

267 - Que ce fut et c’est la vérité que le matin [sic !, au lieu de le soir] du 30 septembre 1897, à sept heures et quelques minutes, la mère prieure, croyant stationnaire l’état de la Servante de Dieu, congédia la communauté qui entourait le lit de la malade. La Servante de Dieu soupira si ce n’était pas encore l’agonie. La prieure le lui confirma. Elle reprit alors avec courage : " Eh ! bien, allons ! [169] Je ne voudrais pas moins longtemps souffrir ". Elle fixa en même temps les yeux sur le crucifix et protesta encore : " Mon Dieu, je vous aime ! " ". Après ces mots elle tomba en extase ; la communauté fut rappelée en hâte et tous en furent témoins. Après l’espace d’un credo elle rendit son âme à Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

268 - Que ce fut et c’est la vérité que l’on exposa le cadavre de la Servante de Dieu, suivant la coutume du monastère, à la grille du choeur. Pendant ce temps les fidèles vinrent nombreux faire toucher au cadavre des chapelets et d’autres objets. Son cadavre conservait un aspect remarquablement beau. Sa sépulture se fit dans le cimetière de Lisieux en une fosse très profonde dans le terrain acheté par les carmélites. Elle fut la première inhumée dans cette concession nouvelle. Le peuple y assistait en foule au milieu d’un grand recueillement. - Ce qui sera prouvé etc.

269 - Que ce fut et c’est la vérité que par l’ordre de monseigneur l’évêque de Lisieux les restes de la Servante de Dieu furent exhumées en sa présence le 6 septembre de l’année 1910. On les mit alors dans un cercueil de plomb et on les inhuma de nouveau à une petite distance de la place primitive. - Ce qui sera prouvé etc.

[170] [Miracles de la Servante de Dieu après sa mort]

270 - Que ce fut et c’est la vérité que, après la mort de la Servante de Dieu, plusieurs religieuses du Carmel de Lisieux ont constaté par intermittence en différents endroits du monastère l’existence de parfums (comme d’encens, de rose et de violette etc.) naturellement inexplicables. Les religieuses qui ont éprouvé ces sensations ont attribué ce fait à la sainteté de la Servante de Dieu. Cela leur a semblé un signe de sa présence invisible dans son monastère et de sa gloire auprès de Dieu. - Ce qui sera prouvé etc.

[Renommée de sainteté de la Servante de Dieu après sa mort]

271 - Que ce fut et c’est la vérité que, après la mort de la Servante de Dieu, presque tous les sujets reçus au Carmel de Lisieux y entrèrent à cause de sa renommée de sainteté. Cela advint particulièrement à la mère Marie-Ange de l’Enfant Jésus. Elle prit la Servante de Dieu comme modèle et marcha avec la plus grande ferveur dans sa voie d’enfance spirituelle. Toute dévouée à sa Cause, elle réussit, étant prieure, à la soumettre à la Sainte Église. Elle offrit sa vie pour son heureux succès, et, après s’être montrée, pendant sa carrière religieuse, la digne émule de la [171] Servante de Dieu, elle mourut à 28 ans [sic !] dans des sentiments admirables de confiance et d’amour de Dieu. Ce qui sera prouvé etc.

272 - Que ce fut et c’est la vérité que tous les genres d’âmes ont pris part à l’influence sanctifiante de la renommée de la Servante de Dieu. Plusieurs la considérèrent comme leur ange gardien, et trouvèrent dans ses écrits le code de perfection le plus opportun à leur vie spirituelle, et s’efforcèrent de suivre sa voie. Cette influence se fit sentir aussi bien sur des mères de famille que sur des religieuses. Mais elle fut particulièrement admirable sur les prêtres. Le nombre de ceux qui par la lecture de ses écrits passèrent de la tiédeur à la ferveur et même du péché à l’état de grâce est absolument merveilleux. - Ce qui sera prouvé etc.

273 - Que ce fut et c’est la vérité que en 1908 [sic !, au lieu de 1898], la mère prieure Marie de Gonzague fit imprimer le manuscrit de la vie de la Servante de Dieu avec le titre : " Histoire d’une âme ", avec l’approbation de monseigneur l’évêque de Bayeux. A peine l’eut-on connue que les demandes affluèrent de tous côtés. Le moins que l’on en avait chaque jour c’était cinq demandes. A partir de janvier 1909, on tint un compte exact de ces commandes et aussi des demandes de prières, de livres,, d’images, et de souvenirs de la Servante de Dieu. La moyenne quotidienne de ces demandes est montée à 50 provenant des cinq parties du monde. - Ce qui sera prouvé etc.

[172] 274 - Que ce fut et c’est la vérité que, à son tombeau, la Servante

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de Dieu a vu et voit venir des pèlerins et des dévots de toutes nations et en tous les temps. Des prêtres aussi et des religieux y sont très fréquemment. Les missionnaires des missions étrangères y sont surtout en grand nombre. On y prie pour s’assurer la protection céleste de la Servante de Dieu ou pour y rendre grâce des bénédictions qu’on a obtenues par son intercession. - Ce qui sera prouvé etc.

275 - Que ce fut et c’est la vérité que " l’Histoire d’une âme " a été traduite dans la langue anglaise en 1901. La publication de ce livre a été le point de départ de la réputation de sainteté de la Servante de Dieu dans les pays de langue anglaise et jusqu’en Amérique. Cette réputation s’est d’abord développée lentement peut-être à cause du prix élevé de la publication. Mais depuis le 30 octobre 1908, à la suite d’un fait prodigieux qui s’est produit au couvent du Bon Pasteur de Londres, cette réputation s’est beaucoup développée. A partir du mois d’avril 1909, le journal " The Glascow Observer " a publié une liste d’actions de grâces pour les faveurs obtenues. Cette liste n’a plus cessé de paraître jusqu’à nos jours. - Ce qui sera prouvé etc.

276 - Que ce fut et c’est la vérité que la réputation de sainteté de la Servante de Dieu est très répandue, non seulement parmi les religieux et les religieuses de l’Ordre du Carmel tant en [173] France que dans les autres pays, mais aussi dans beaucoup de maisons et ordres religieux de tous les pays, parmi lesquels particulièrement au grand séminaire de Glascow, au scolasticat des Rédemptoristes de Perth, aux Missions Étrangères de Millhill à Londres, au monastère bénédictin d’Ampleforth, au noviciat des Lazaristes à Londres, chez les Soeurs de la Miséricorde et du Bon Pasteur à Glascow, à Liverpool, à Londres, dans les couvents des franciscaines en toute l’Angleterre et en Amérique etc., etc. - Ce qui sera prouvé etc.

277 - Que ce fut et c’est la vérité que la Servante de Dieu jouit d’une renommée de sainteté splendide dans tout le Canada, parmi toutes les communautés religieuses du pays, et pareillement parmi toutes les personnes instruites du clergé. Cette renommée est aussi très répandue en Autriche et en Pologne, où l’on se recommande à l’intercession de la Servante de Dieu et on lit partout sa vie. En Italie cette renommée est générale parmi le clergé et les religieux, et aussi à Rome elle est très largement acceptée parmi de nombreux personnages de la curie romaine. - Ce qui sera prouvé etc.

278 - Que ce fut et c’est la vérité que parmi les religieuses de la Visitation et surtout en France le renom de sainteté de la Servante de Dieu est très largement répandu. En Portugal, en Italie, en Angleterre, les monastères de la Visitation participent à cette opinion. Dans le monastère de Caen la Servante de Dieu jouit d’une renommée de sainteté très grande. [174] On y fait presque continuellement des neuvaines pour obtenir son intercession, et cela très fréquemment à la demande des fidèles, et on y obtient des grâces nombreuses et signalées. - Ce qui sera prouvé etc.

279 - Que ce fut et c’est la vérité que les fidèles ayant recouru à l’intercession de la Servante de Dieu dans leurs nécessités spirituelles, en reçurent fréquemment des grâces signalées et même des miracles. Ces grâces et ces faveurs, grâces spirituelles, progrès dans les voies de l’âme, conversions difficiles, grâces temporelles, guérisons miraculeuses, apparitions et secours dans de graves nécessités, sont devenus peu à peu innombrables. La narration résumée de ces faveurs a été imprimée en grande partie dans un appendice à la vie de la Servante de Dieu, sous le titre de Pluie de roses, qui a été réimprimé avec l’imprimatur de monseigneur l’évêque de Bayeux. - Ce qui sera prouvé etc.