mercredi, 17 mai - LE CHEMIN DE CROIX

Présidé par S. Ém. le Card. Ján Chryzostom Korec

Notre Seigneur a également constitué son Église au moyen du Chemin de Croix. Lorsqu’il a gravi la pente du Calvaire, c’était comme s’il disait: "Prenez votre croix et suivez-moi... je suis le Chemin...". Nous, les prêtres, nous sommes appelés d’une manière particulière à parcourir ce chemin, celui de la Croix. Chaque jour, nous sommes plongés dans son mystère, le mystère du sacrifice. Et nous savons que ce mystère ne s’accomplit pas par la mort, mais par la vie nouvelle de la résurrection.

Au cours de son histoire, l’Église a presque toujours marché sur le chemin de Croix du sacrifice. Elle a continué de le faire au siècle dernier dans le monde entier, sur tous les continents: en Amérique, en Asie, en Afrique, et surtout en Europe. Dans nombre de pays, ses fidèles, ses prêtres, ses missionnaires ont cheminé pendant des années vers le Golgotha en portant la croix du sacrifice et des persécutions. Nombreux sont ceux qui parmi nous, les prêtres, ont gravi cette pente abrupte en portant la croix de la persécution, en accomplissant le dur travail des ouvriers et des esclaves, en affrontant les terribles interrogatoires policiers, les yeux bandés et les chaînes aux pieds et aux mains, ou en étant jugés par les tribunaux. L’Église a porté la croix pendant de longues années dans les prisons du monde entier, y compris en Europe, dans les nations civilisées qu’elle avait pourtant instruites et éduquées aux siècles passés.

Le chemin de croix de l’Église et de ses fidèles dure depuis toujours. Les empereurs changent, les ennemis changent, les juges changent. Mais la croix est toujours chargée sur nos épaules. Parfois, nous sommes sur le point de ployer sous son poids. Mais si autrefois Simon de Cyrène aida Jésus à porter sa Croix, aujourd’hui c’est le Seigneur crucifié et ressuscité qui nous aide à porter la nôtre. Notre souffrance est sa souffrance, notre sacrifice, son sacrifice.

Le Chemin de Croix de Jésus fut le premier, mais pas le dernier. Si nous voulons vivre notre vie à la suite du Christ, nous devons le suivre jusque dans son Chemin de Croix. L’Église n’a pas oublié le Chemin de Croix, qui est présent dans sa liturgie. En tous temps et en tous lieux, les fidèles y sont revenus sans cesse avec ferveur, du Colisée de Rome à la plus humble de nos églises paroissiales.

Le Chemin de Croix est pour nous une école de vie chrétienne. Jésus tombe et se relève. Il supporte sa solitude. Et pardonne. Le Chemin de Croix est une sainte école de vie.

Sur le Chemin de Croix, la Mère à suivi son Fils. Elle marchait en silence. Qu’auraient pu se dire la Mère et le Fils? Ils étaient seuls au monde. Leurs regards se sont croisés, ils se sont regardés au plus profond du cœur. Ce que leurs yeux se dirent, eux seuls le savent. Et le Père qui est dans les cieux.

Ils étaient unis par cet amour immense, profond et pur qui allait changer le monde. Seigneur, fais que nous soyons nous aussi pénétrés de ton amour et de celui de ta Mère! Au bout du chemin de croix, durant cette rencontre jubilaire des prêtres du monde entier, renouvelons notre promesse sacerdotale. Ce n’est pas un hasard.

Il y a là un sens profond. Renouvelons notre promesse comme si nous étions au sommet du Golgotha, au pied de la Croix où se trouvait et où se trouve toujours concentrée la plus grande force du monde: l’amour de Dieu en la personne de son Fils Jésus Christ.

Cet amour de Dieu n’est pas tari, il ne s’est pas épuisé, il n’a pas cessé un instant d’être la force salvifique de notre monde. Par ces mots: "Père, en tes mains je remets mon esprit", Jésus a offert sa vie en sacrifice au Père. Et son sacrifice a été accepté. Nous les prêtres, nous remettons nous aussi notre vie dans les mains de Dieu avec Jésus, et nous vivons avec Lui. Son sacrifice sur la Croix est une force immense pour le monde, qui est conservée dans l’Église comme Eucharistie, comme foyer d’amour ici-bas. Demain, avec le Successeur de Pierre, nous célèbrerons l’Eucharistie comme une force inépuisable d’amour. Avec lui, nous gravissons le Chemin de Croix jusqu’au sommet du Golgotha, au pied de la Croix, jusqu’au Christ. Son sacrifice devient Sa gloire, une gloire à laquelle nous participons dans le mystère vivant de l’Eucharistie. Notre mission de prêtres est de guider les hommes et les nations pour éviter qu’ils ne se tournent le dos mutuellement, pour qu’ils se regardent dans les yeux, dans la compréhension mutuelle.

Bien du temps a passé depuis notre ordination sacerdotale, et les choses ont changé: notre âge, notre état de santé, notre expérience. Mais dans le fond, rien n’a changé: Je suis un prêtre du Christ pour l’éternité. Nous, les prêtres, nous devons être toujours guidés par la foi et l’amour, et garder la même mission, avec la même confiance. Que le Seigneur nous affermisse dans l’amour pour la prière, pour les hommes, pour l’Église. Et pour l’Esprit Saint. Que la Mère du Seigneur nous protège. Aujourd’hui, comme prêtres du Christ venus de tous les continents, nous nous renouvelons dans cet immense patrimoine de foi!