Diacres de Jésus-Christ

Textes choisis par les moines de Solesmes

Le Sarment-Fayard, Paris 1991

 

 

INTRODUCTION *

SIGLES DES REFERENCES *

1 L’ENSEIGNEMENT DU CONCILE *

Les trois degrés du sacrement de l’ordre *

Fonctions et devoirs des diacres *

Des diacres permanents, célibataires ou mariés *

2 LA RESTAURATION DU DIACONAT PERMANENT PAR PAUL VI *

Une question importante (Au 1er congrès intern. sur le diaconat, 25 oct. 1965 ) *

Études préliminaires (A la commission d’étude pour le diaconat permanent, 24 fév. 1967, SA 450) *

Le rétablissement du diaconat permanent - Sacrum diaconatus ordinem, 18 juin 1967 *

Le rôle des conférences épiscopales *

Conditions exigées et formation des futurs diacres *

Les diacres plus âgés, célibataires ou mariés *

Entretien matériel des diacres *

Les fonctions du diacre *

Devoirs et vertus des diacres *

Les diacres dans les instituts religieux *

Rites d’ordination – Pontificis romani, 18 juin 1968 *

Le diaconat dans la tradition de l’Église - Ad pascendum, 15 août 1972 *

Avant et après le concile Vatican II *

Nouvelles normes *

3 CARACTÈRE PROPRE ET FONCTIONS DU DIACRE *

Le diacre est essentiellement serviteur - (A des diacres de Milan, 15 mars 1979, ORf 15) *

Serviteur, mais aussi ami du Christ (A des diacres américains, 15 avril 1988, ORf 20) *

Rendu conforme au Christ Serviteur par l’Esprit Saint (A des diacres, Castel Gandolfo, 11 avril 1980, ORf 18) *

Les diacres associés spécialement à l’Évangile du Christ ressuscité - A des diacres, 21 avril 1979 *

Un appel de Dieu transmis par l’Église 1982 - A des diacres, 24 avril 1982 *

Un ministère d’amour - A des diacres américains, 16 avril 1983 *

4 UNE CHARTE DU DIACONAT PERMANENT *

Fonctions spécifiques des diacres - Au Congrès pour le diaconat permanent en Italie, 16 mars 1985 *

L’idéal du diacre et ses exigences *

Le diaconat permanent, signe visible de l’oeuvre accomplie par l’Esprit-Saint – A des diacres permanents à Detroit, USA, 19 sept. 1987 *

Les diacres, ministres des mystères du Christ et signes vivants du service de l’Église *

Relation entre les trois domaines du ministère diaconal *

Un ministère particulièrement utile dans le monde actuel *

Témoignage spécial rendu par le diacre permanent dans la société, la famille et la paroisse *

Qualités des diacres permanents *

Une formation spirituelle qui dure toute la vie *

Un fruit qui demeure *

5 LES DIACRES, COLLABORATEURS DES ÉVÊQUES ET DES PRÊTRES DANS L’OEUVRE DU SALUT *

Une mission de salut – A Ars, 6 oct. 1986 *

Une configuration spéciale au Christ *

Nécessité du sacerdoce ministériel *

Le souci du salut des âmes *

Les diacres associés aux prêtres au service du peuple de Dieu *

En particulier dans la pastorale familiale (EA Familiaris consortio, 22 nov. 1981) *

Les évêques invités à encourager les vocations au diaconat permanent - A des évêques du Chili, 10 mars 1989 *

L’appel vient de Dieu - A Santiago, 1er avril 1987 *

Une pastorale de la primauté du Christ *

Responsabilité des diacres *

Les merveilles de Dieu dans l’Église *

CONCLUSION *

L’espérance de l’Église *

APPENDICE : LE DIACRE DANS LE NOUVEAU CODE DE DROIT CANONIQUE (1983) *

L’ordre sacré du diaconat *

Conditions requises *

Le ministère de la Parole de Dieu *

Droits et obligations des diacres permanents *

 

INTRODUCTION

Dès les origines de l’Église, les Actes des Apôtres et les Lettres de saint Paul nous révèlent l’existence des diacres comme collaborateurs de l’évêque au service de la communauté. Ils appartiennent à la hiérarchie, étant chargés d’un ministère spécial, distinct de celui des presbytres. A travers les textes des Pères des IIe et IIIe siècles, on voit les grandes orientations du ministère des diacres : la participation à la liturgie, l’annonce de la Parole et le service des pauvres. Le diaconat garda son importance dans l’Église durant plusieurs siècles, mais il fut peu à peu éclipsé par l’accroissement du nombre des prêtres et, en Occident, le diaconat ne subsista que comme une étape vers le sacerdoce. Au concile de Trente, une tentative se fit jour pour redonner leur valeur propre aux différents ministères et en particulier au diaconat (1), mais elle n’aboutit pas. En 1947, Pie XII définit la sacramentalité des " trois ordres " : diaconat, presbytérat et épiscopat, en précisant que l’imposition des mains par l’évêque était la matière du sacrement. Dans les années suivantes, la restauration du diaconat permanent fut demandée plusieurs fois au Saint-Siège, mais les autorités romaines jugeaient alors que la question n’était pas mûre. Elle fit l’objet des délibérations du concile Vatican II, qui en approuva le principe, et Paul VI en fixa les normes en 1967 et en 1972.

La manière dont cette restauration fut préparée, décidée et menée à bien montre clairement l’action de l’Esprit Saint. Elle s’est faite raisonnablement et progressivement, à mesure que les besoins s’en faisaient sentir plus ou moins dans les différents pays. C’est en effet aux conférences épiscopales que le Saint-Père laissa le soin de juger de l’opportunité du rétablissement du diaconat permanent. La grande majorité des nouveaux diacres sont mariés, mais il en est aussi qui se sont voués au célibat. Tous reçoivent une formation théologique et spirituelle, et ils s’acquittent ordinairement de bien des fonctions qui leur sont dévolues, exerçant un apostolat fécond au sein des communautés chrétiennes.

En France, les premiers diacres permanents ont été ordonnés en 1970. Dix ans plus tard, ils n’étaient que soixante, mais ils sont aujourd’hui près de six cents. En 1981, on en comptait sept mille en tout dans le monde, douze mille en 1986. Actuellement le nombre total des diacres permanents doit dépasser quinze mille. Manifestement l’abondance des fruits dépasse largement les espoirs que mettaient les pères du concile dans la restauration du diaconat.

Les théologiens se sont efforcés d’approfondir et de préciser la vraie nature du diaconat, ses caractéristiques et les avantages multiples de la présence et de l’activité des diacres dans la vie du peuple de Dieu. Sans faire d’exposé systématique sur le diaconat, Jean Paul II, dans ses discours, rappelle simplement l’essentiel de l’enseignement traditionnel. Du fait que les fonctions attribuées au diacre ont été remplies durant des siècles par des prêtres ou des laïcs, on serait tenté de penser que le diaconat n’est plus nécessaire. Mais, avant d’exercer une fonction, le diacre, comme l’évêque et le prêtre, porte dans son être même une valeur propre, le caractère du sacrement de l’ordre, avec sa marque spécifique de service. A la suite du Christ, " venu non pour être servi mais pour servir ", l’Église existe pour servir Dieu et les hommes. Telle est la vocation de toute communauté chrétienne et de chaque fidèle. Vocation commune à tous les chrétiens, le service est la vocation propre du diacre en tant que tel. Aux trois degrés de la hiérarchie, l’évêque, le prêtre et le diacre, ont chacun leur manière particulière de représenter sacramentellement le Christ. L’évêque, qui a seul la plénitude du sacerdoce, représente le Christ chef et tête de l’Église et grand prêtre de son sacrifice. Le prêtre reçoit une participation de ce pouvoir sacerdotal. Le diacre, lui, de par son titre et sa fonction, représente le Christ comme serviteur. Il rappelle ainsi en permanence dans l’Église aux évêques et aux prêtres comme aux fidèles, que tous sont d’abord des serviteurs, au service de Dieu à glorifier et de l’humanité à sauver.

Comme le soulignait Jean-Paul Il en s’adressant aux diacres permanents des États-Unis, le 19 septembre 1987 : " Vous êtes appelés à être ministres des mystères du Christ et en même temps serviteurs de vos frères et soeurs ", les deux dimensions étant inséparablement unies. Le corps mystique du Christ n’est pas dissociable de son propre corps réellement présent dans l’eucharistie. Jésus avait dit : " Ce que vous ferez à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’aurez fait ". L’activité caritative qui fut, dès les origines, l’une des tâches du diacre, n’est que le prolongement de son rôle liturgique, et l’Évangile qu’il proclame à la messe, il doit aussi le prêcher dans toute sa vie. C’est ainsi qu’il sera, comme le dit le Saint-Père, " le signe vivant du service de l’Église ". Tous les laïcs chrétiens doivent être des témoins du Christ et des hérauts de son Évangile, mais le diacre, lui, remplit ce rôle avec l’autorité et la grâce que lui confère l’ordination.

Comme le prêtre, le diacre est collaborateur de l’évêque, dépendant directement de lui et exerçant son ministère en communion avec l’évêque et son presbyterium. Il reçoit une mission correspondant à ses aptitudes et aux besoins de l’Église. Lorsqu’il est marié et qu’il a une profession, il est davantage inséré dans le monde profane et, par le fait même, plus en mesure de remplir certaines tâches. En tant qu’époux et père de famille, il est, en particulier, tout désigné pour jouer un rôle privilégié dans la pastorale familiale. A la différence des autres membres du clergé, les diacres permanents ne se voient pas interdire par le nouveau Code de droit canonique l’accès aux charges publiques et la participation active aux partis politiques et aux associations syndicales. C’est évidemment qu’ils peuvent y servir utilement le Christ et l’Église.

C’est l’Église qui, par les évêques, appelle au diaconat et choisit les candidats les plus aptes à remplir ce rôle, mais l’Esprit Saint met aussi dans le coeur de ceux-ci le désir de s’engager dans ce ministère. Jusqu’à ces dernières années, beaucoup de diacres étaient des hommes mariés, d’âge avancé, souvent dégagés de leurs activités professionnelles. Menant une vie chrétienne exemplaire, ils semblaient, aux yeux de leur entourage, dignes d’exercer les fonctions diaconales. L’initiative venait plutôt du clergé ou de la communauté paroissiale. Aujourd’hui apparaît chez certains jeunes une nouvelle forme de vocation au diaconat. Se sentant appelés à la fois à fonder un foyer et à se consacrer au service du Christ et de l’Église, de jeunes chrétiens fervents et généreux voient dans le diaconat permanent le chemin qui correspondrait le mieux à leurs aspirations. Certains jeunes envisagent aussi le diaconat dans le célibat. Les uns et les autres ne seront ordonnés qu’après avoir fait preuve de fidélité dans l’état de vie qu’ils ont choisi et après avoir reçu la formation nécessaire. Les célibataires doivent être âgés d’au moins vingt-cinq ans et les candidats mariés d’au moins trente-cinq ans. Les évêques voient avec satisfaction germer ces nouvelles vocations qui vont sans doute se multiplier dans, les années à venir. Ils ne peuvent que bénir Dieu avec le Saint-Père de cette fécondité inépuisable et multiforme du sacerdoce du Christ (2).

(1). " Les fonctions des ordres sacrés, du diaconat à celle de portier, reçues avec honneur dans l’Église depuis les temps apostoliques, sont parfois délaissées en beaucoup de lieux. Qu’elles soient rétablies selon les saints canons et, pour qu’elles ne soient pas considérées comme inutiles par les hérétiques, le saint concile décrète qu’à l’avenir ces ministères ne doivent plus être exercés que par ceux qui ont été ordonnés à cet effet et par personne d’autre. Dans le Seigneur il invite et ordonne à tous les prélats des Églises que, dans toutes les cathédrales, collégiales et paroisses de leur diocèse, ces fonctions soient restaurées, si le nombre des fidèles et les ressources de l’Église le permettent... " (Conciliorum oecumenicorum decreta, Ed. Herder, Fribourg, 1962, p. 726).

(2). Nous sommes vivement reconnaissants au P. Bernard Violle, délégué diocésain pour le diaconat dans le diocèse de Paris, d’avoir bien voulu relire le manuscrit du présent ouvrage et nous suggérer quelques corrections utiles. Lui-même a publié récemment avec le P. Michel Cancouët un livre excellent sur le sujet : Les diacres. Ed. Desclée, Paris, 1990.

 

 

SIGLES DES REFERENCES

CA Constitution apostolique

CD Constitution dogmatique

D Décret

EA Exhortation apostolique

LA Lettre apostolique

MP Motu proprio

ORf Osservatore romano, édition française (n° de l’année)

SA Documents pontificaux de Paul VI, Saint-Augustin (page du volume de l’année)

N.B. Quand il n’y a pas de référence en tête d’un paragraphe, c’est qu’il s’agit de la suite du paragraphe précédent

 

1 L’ENSEIGNEMENT DU CONCILE

 

Les trois degrés du sacrement de l’ordre

(CD Lumen gentium 28)

Le Christ, que le Père a consacré et envoyé dans le monde, a, par les apôtres, fait leurs successeurs, c’est-à-dire les évêques, participants de sa consécration et de sa mission. A leur tour, les évêques ont légitimement transmis à divers membres de l’Eglise, et suivant des degrés divers, la charge de leur ministère. C’est ainsi que le ministère ecclésiastique, institué par Dieu, est exercé dans la diversité des ordres par ceux que déjà depuis l’Antiquité on appelle évêques, prêtres, diacres.

(CD Lumen gentium 20)

Les évêques ont reçu, pour l’exercer avec l’aide des prêtres et des diacres, le ministère de la communauté. Ils président au nom et en place de Dieu le troupeau, dont ils sont les pasteurs, par le magistère doctrinal, le sacerdoce du culte sacré, le ministère du gouvernement.

(D Christus Dominus 15)

C’est des évêques que, dans l’exercice de leur pouvoir, dépendent et les prêtres et les diacres : les premiers ont été, eux aussi, consacrés véritables prêtres du Nouveau Testament pour être de prudents collaborateurs de l’ordre épiscopal ; les seconds, ordonnés en vue du ministère, servent le peuple de Dieu en communion avec l’évêque et son presbyterium.

 

Fonctions et devoirs des diacres

(CD Lumen gentium 29)

Au degré inférieur de la hiérarchie, se trouvent les diacres auxquels on a imposé les mains " non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du service ". La grâce sacramentelle, en effet, leur donne la force nécessaire pour servir le peuple de Dieu dans la " diaconie " de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son presbyterium. Selon les dispositions prises par l’autorité qualifiée, il appartient aux diacres d’administrer solennellement le baptême, de conserver et distribuer l’eucharistie, d’assister au nom de l’Église au mariage et de le bénir, de porter le viatique aux mourants, de donner lecture aux fidèles de la Sainte Écriture, d’instruire et d’exhorter le peuple, de présider au culte et à la prière des fidèles, d’être ministres des sacramentaux, de présider aux rites funèbres et à la sépulture. Consacrés aux offices de charité et d’administration, les diacres ont à se souvenir de l’avertissement de saint Polycarpe : " Être miséricordieux, zélés, marcher selon la vérité du Seigneur qui s’est fait le serviteur de tous ".

(CD Lumen gentium 41)

A la mission et à la grâce du souverain prêtre participent aussi d’une façon spéciale les ministres de l’ordre inférieur ; et d’abord les diacres qui doivent, en servant le mystère du Christ et de l’Église, se garder purs de tous vices, chercher à plaire à Dieu et à être devant les hommes les instruments de tout le bien possible.

 

Des diacres permanents, célibataires ou mariés

(CD Lumen gentium 29)

Comme la discipline actuellement en vigueur dans l’Église latine rend difficile, en plusieurs régions, l’accomplissement de ces fonctions extrêmement nécessaires à la vie de l’Église, le diaconat pourra, dans l’avenir, être rétabli en tant que degré propre et permanent de la hiérarchie. C’est à la compétence des groupements territoriaux d’évêques, sous leurs formes diverses, qu’il appartient, avec l’approbation du souverain pontife, de décider de l’opportunité, quant au principe et quant aux lieux, et pour le soin des âmes, de l’institution de ces diacres. Si le pontife romain y consent, ce diaconat pourra être conféré à des hommes mûrs, même mariés, ainsi qu’à des jeunes gens aptes à cet office, mais pour lesquels la loi du célibat doit demeurer ferme.

(D Ad gentes 16)

Avec une immense joie, l’Église rend grâce pour le don inappréciable de la vocation sacerdotale que Dieu a accordé à un si grand nombre de jeunes parmi les peuples récemment convertis au Christ. L’Église, en effet, enfonce des racines plus vigoureuses en chaque groupe humain, quand les diverses communautés de fidèles possèdent, tirés de leurs membres, leurs propres ministres du salut dans l’ordre des évêques, des prêtres et des diacres, qui sont au service de leurs frères, en sorte que les jeunes Églises acquièrent peu à peu une structure diocésaine avec leur clergé propre.

Là où les conférences épiscopales le jugeront opportun, l’ordre du diaconat devra être rétabli comme état de vie permanent, selon les dispositions de la constitution sur l’Église, Il est utile en effet que les hommes qui accomplissent un ministère vraiment diaconal, ou en prêchant la parole de Dieu, ou en gouvernant au nom du curé et de l’évêque les communautés chrétiennes éloignées, ou en exerçant la charité dans les oeuvres sociales ou caritatives, soient fortifiés par l’imposition des mains transmise depuis les apôtres et plus étroitement unis à l’autel, pour qu’ils s’acquittent de leur ministère plus efficacement, au moyen de la grâce sacramentelle du diaconat.

 

2 LA RESTAURATION DU DIACONAT PERMANENT PAR PAUL VI

 

Une question importante (Au 1er congrès intern. sur le diaconat, 25 oct. 1965 )

(tr. franç. dans H. Denis et R. Schaller, Diacres dans le monde d’aujourd’hui, Lyon, 1967, p. 15)

Vénérables frères et chers fils, nous sommes heureux de vous accueillir et de vous souhaiter la bienvenue. Sous la présidence des cardinaux Doepfner, Silva Henriquez et Seper, vous avez travaillé depuis vendredi dernier, en session d’études internationales avec de zélés pasteurs et d’illustres théologiens, à réfléchir à ce que pourrait et devrait être le diacre dans l’Église et le monde d’aujourd’hui.

Vous répondiez là à une préoccupation du deuxième concile oecuménique du Vatican, que nous avons faite nôtre, en promulguant solennellement la Constitution dogmatique sur l’Église Lumen gentium. Celle-ci affirme, en effet, après avoir énuméré les fonctions du diacre et déclaré qu’elles sont nécessaires au plus haut point pour la vie de l’Église. le diaconat pourra à l’avenir être restauré comme degré propre et permanent de la hiérarchie.

C’est donc à approfondir l’enseignement du concile sur le diaconat que vous vous êtes attachés, en réfléchissant en même temps à ce que pourrait être la formation et la mission du diacre, soit célibataire, soit marié, selon que le suggère la diversité des situations dans les différents pays.

Qui ne voit l’importance considérable que peut revêtir la diaconie dans nos communautés chrétiennes, aussi bien dans l’annonce de la parole de Dieu que dans le ministère des sacrements et l’exercice de la charité ? C’est dire tout le soin avec lequel les pasteurs responsables devront choisir les nouveaux diacres, et le souci qu’ils devront apporter à leur formation spirituelle, doctrinale et pastorale. Car, si des formes de vie très diverses peuvent être, selon les cas, légitimement envisagées, il est bien sûr que seul le diacre pieux, zélé et nourri de l’Évangile pourra apporter aux évêques et aux prêtres l’aide fraternelle qu’ils en attendent pour le plus grand bien du peuple de Dieu confié à leurs soins.

Vénérables frères et chers fils, veuille le Dieu Tout-Puissant féconder de ses grâces vos travaux pour sa plus grande gloire et pour le développement de son règne. Ce n’est certes pas sans une providentielle inspiration de l’Esprit Saint que le concile a voulu restaurer l’ordre antique du diaconat au service du peuple de Dieu. C’est maintenant l’heure de mettre en oeuvre ces dispositions conciliaires. Que le premier diacre Étienne, le martyr Laurent, et tous les saints diacres de l’Église veillent du haut du ciel sur ceux qui se préparent à entrer dans l’ordre sacré du diaconat et que le Seigneur bénisse tous ceux qui répondent à son appel pour servir, à leur suite et à leur exemple, le peuple de Dieu, c’est là notre voeu le plus cher !

 

Études préliminaires (A la commission d’étude pour le diaconat permanent, 24 fév. 1967, SA 450)

Vénérés frères, nous ne voulons pas vous laisser quitter cette sainte ville de Rome sans vous saluer avec le respect et l’affection que nous portons toujours dans notre coeur pour nos très dignes frères dans l’épiscopat, et sans vous remercier d’être venus ici pour nous donner votre avis sur la mise en oeuvre pratique et bien ordonnée de la restauration de l’ordre diaconal dans notre Église latine, en tant que degré permanent de la hiérarchie sacrée.

S’agissant d’une chose nouvelle mettant largement en jeu la discipline canonique, et voulant tenir compte des désirs qui nous ont été manifestés, ainsi que des difficultés que la chose peut présenter, nous avons voulu, avant de procéder à un acte législatif, mettre chacun de vous au courant des conclusions des études que nous avons ordonné d’entreprendre sur ce sujet et en même temps examiner avec vous la question dans toute son ampleur pour lui donner enfin une heureuse conclusion. Chacun de vous en effet s’est adressé à nous pour recevoir les instructions opportunes et les pouvoirs nécessaires que la constitution conciliaire Lumen gentium réserve à ce siège apostolique ; et nous avons désiré donner directement à chacun de vous la preuve de notre intérêt particulier, et discuter avec vous tous cette importante affaire.

Maintenant, nous attendons de savoir quelle sera l’issue de ces réunions pour donner ensuite à cette question la réglementation canonique voulue.

En attendant la restauration du diaconat dans son état permanent si espéré, nous voulons vous dire quelle grande idée nous nous faisons de ce degré de l’ordre sacré. Son origine apostolique, sa définition spécifique comme un service, son premier membre et représentant, l’héroïque protomartyr Étienne, " homme rempli de foi et de l’Esprit Saint ", l’honneur dans lequel pendant si longtemps on a tenu le diaconat permanent dans l’Église latine et dans lequel on le tient toujours dans les Églises orientales, l’aide variée et très utile que les diacres ont apportée à l’Église durant tant de périodes et tant de vicissitudes de son histoire, les fonctions enfin que leur réserve la constitution conciliaire citée plus haut, constituent pour nous autant de motifs de notre estime pour l’ordre diaconal. Nous serons donc heureux de donner spontanément exécution aux dispositions du concile à cet égard et de répondre de la meilleure façon qui nous semblera possible aux désirs que votre charité pastorale nous a manifestés.

Une seule chose nous importe : " Que tout se passe dans la charité ", comme dit l’apôtre Paul, entendant ici par charité non seulement la vertu théologale qui vient de Dieu et nous unit à lui, mais aussi cette harmonie des coeurs et des actes qui doit caractériser les rapports mutuels de la communauté ecclésiastique, et qui suppose tout un ensemble de sentiments, de vertus, de lois par lesquels la plénitude d’ordre et de sainteté de cette même communauté se trouve enrichie. Il nous plait de penser à l’union, à la docilité, à l’affection qui doit unir le diacre à son évêque ; il nous plait de penser à l’esprit de service qui doit caractériser le diacre, le quel trouve précisément dans le service sa définition, son assimilation au Christ " qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir " ; il nous plaît aussi de penser que la sainte Église aura dans les diacres permanents un exemple nouveau, pur et resplendissant de cette vie chaste que l’on attend à juste titre du ministère sacré, soit qu’ils restent célibataires, soit que déjà mariés et d’âge mûr, ils soient revêtus de l’ordre diaconal.

Daigne le Seigneur faire de cette nouveauté une source de joie spirituelle ; que s’accroisse notre vénération pour celui qui dans l’Église est appelé à coopérer et à témoigner dans le diaconat sacré ; que s’accroisse l’efficacité du ministère pastoral et de l’apostolat chrétien que nous attendons des diacres ; que s’accroisse le " sens de l’Église " que le Seigneur a voulu doter de ministres sacrés, en distinguant et en unissant ceux-ci dans une société hiérarchique et communautaire ; que s’accroisse sa grâce là où les besoins sont plus grands et où de nouveaux ministres sont nécessaires pour répondre à ces besoins.

 

Le rétablissement du diaconat permanent - Sacrum diaconatus ordinem, 18 juin 1967

(MP Sacrum diaconatus ordinem, SA 450)

Dès l’âge apostolique, l’Église catholique eut en grande vénération l’ordre sacré du diaconat. Saint Paul lui-même en fait foi, lui qui, outre les évêques, salue expressément les diacres et enseigne à Timothée quelles sont les vertus et les dons indispensables aux diacres pour qu’ils soient jugé dignes de leur ministère.

Par ailleurs, le concile oecuménique du Vatican, conservant cette très antique tradition, parle en termes d’honneur du diaconat, dans la Constitution Lumen gentium, dans ce passage où, après s’être occupé des évêques et des prêtres, il fait l’éloge du troisième degré de l’ordre sacré, en célèbre la dignité et en énumère les fonctions.

Le concile, comprenant parfaitement d’une part " que ces offices, extrêmement nécessaires à la vie de l’Église, peuvent difficilement s’exercer dans la discipline de l’Église latine telle qu’elle existe en de nombreuses régions ", et soucieux, d’autre part, de pourvoir à un meilleur exercice de ces importantes fonctions, décréta avec sagesse que " le diaconat pourrait, à l’avenir, être rétabli comme degré propre et permanent de la hiérarchie ".

Il est vrai, en effet, que, surtout dans les pays de mission, de nombreuses fonctions diaconales sont communément confiées à des laïcs ; cependant " il est utile... que les hommes qui accomplissent un ministère vraiment diaconal... soient fortifiés par l’imposition des mains transmise depuis les apôtres, et plus étroitement unis à l’autel pour qu’ils s’acquittent plus efficacement de leur ministère par la grâce sacramentelle du diaconat ". De cette manière, sera merveilleusement mise en lumière la nature propre de cet ordre, qui ne doit pas être considéré, purement et simplement, comme un degré d’accès au sacerdoce ; au contraire, il est tellement enrichi par son caractère indélébile et sa grâce particulière, que ceux qui y sont appelés peuvent de façon stable s’adonner " aux mystères du Christ et de l’Église ".

Encore qu’il ne soit pas nécessaire d’instaurer le diaconat permanent dans toute l’Église latine, du moment que " c’est aux conférences épiscopales qu’il appartient, en accord avec le souverain pontife, de décider s’il est opportun pour le bien des âmes d’instituer un tel diaconat, et où la chose peut se faire ", nous pensons cependant qu’il est opportun, et même indispensable, de publier des normes bien déterminées pour l’adaptation de la discipline actuellement en vigueur aux enseignements nouveaux du concile oecuménique et de définir les conditions pour une meilleure organisation du ministère diaconal et pour une préparation des candidats qui corresponde mieux à leurs diverses conditions de vie, à leurs charges communes, à leur dignité sacrée.

 

Le rôle des conférences épiscopales

1 - Il revient aux assemblées, ou conférences légitimes des évêques de décider, avec l’accord du souverain pontife, s’il est ou non opportun, pour le bien des fidèles, d’instituer le diaconat comme degré distinct et permanent de la hiérarchie, et où la chose peut se faire.

2 - Au moment de demander l’approbation du Saint-Siège, il faut exposer les motifs qui justifient, pour un pays déterminé, l’adoption de cette nouvelle discipline et les conditions laissant espérer un heureux succès : pareillement, il faudra indiquer les modalités d’application de cette discipline, à savoir s’il s’agit de conférer le diaconat " à des jeunes gens capables-, pour qui la loi du célibat demeure valide, ou à des hommes d’âge mûr, même mariés " ou à des candidats des deux catégories.

3 - Une fois obtenue l’approbation du Saint-Siège, il appartient à chaque Ordinaire d’accepter et d’ordonner les candidats, dans le cadre de sa juridiction, à moins qu’il ne s’agisse de cas excédant cette faculté.

Dans la rédaction du rapport sur l’état de leur diocèse, les Ordinaires auront soin de faire également mention de la discipline diaconale qui y a été adoptée.

 

Conditions exigées et formation des futurs diacres

4 - Par disposition ecclésiastique, confirmée par le concile oecuménique, les jeunes qui sont appelés au diaconat sont tenus à observer la loi du célibat.

5 - Le diaconat permanent ne sera pas conféré avant vingt-cinq ans accomplis ; cependant les conférences épiscopales peuvent exiger un âge supérieur.

6 - Que les jeunes candidats à l’office diaconal soient réunis dans un collège spécial, où ils seront éprouvés, formés à une vie vraiment évangélique et préparés à remplir utilement leurs fonctions spécifiques.

7 - Pour la fondation de ce collège, que les évêques d’une même région, et même, s’il est nécessaire, de plusieurs régions d’une même nation, suivant les circonstances, unissent leurs efforts. Qu’ils choisissent pour la direction de ce collège, des supérieurs particulièrement aptes et qu’ils établissent avec le plus grand soin les normes concernant la discipline et le programme des études, en tenant compte des prescriptions suivantes.

8 - Ne soient admis dans ce collège diaconal que des jeunes, ayant manifesté une propension naturelle au service de la hiérarchie et de la communauté chrétienne, et suffisamment cultivés, en fonction des habitudes et des conditions locales.

9 - La formation diaconale proprement dite devra durer au moins trois ans ; en outre, l’ordonnance des études sera établie de telle sorte que les candidats soient peu à peu, progressivement, rendus aptes à remplir avec compétence et utilité les diverses fonctions diaconales. L’ensemble du cycle des études pourra être agencé de façon à permettre, au cours de la dernière année, une préparation plus immédiate aux offices auxquels les diacres seront de préférence appelés.

10 - A cela s’ajouteront les exercices pratiques concernant l’enseignement des éléments de la religion aux enfants et aux autres fidèles, la divulgation et la direction du chant sacré, la lecture des livres de l’Écriture dans les assemblées des fidèles, la prédication, l’administration des sacrements qui sont de la compétence du diacre, la visite aux malades et, en général, l’accomplissement de tous les services qui peuvent être confiés à des diacres.

 

Les diacres plus âgés, célibataires ou mariés

11 - Des hommes d’âge plus avancé peuvent être appelés au diaconat, qu’ils soient célibataires ou mariés ; cependant, qu’un homme marié ne soit pas admis sans s’assurer d’abord non seulement du consentement de sa femme, mais aussi de l’honnêteté chrétienne de celle-ci et de l’absence en elle de tout ce qui pourrait empêcher ou déshonorer le ministère de son mari.

12 - Cet âge avancé s’entend : trente-cinq ans accomplis ; et son sens est que personne ne peut être appelé au diaconat sans s’être d’abord concilié l’estime du clergé et des fidèles par un long exemple de vie vraiment chrétienne, des moeurs intègres et une disposition naturelle au service.

13 - S’agissant d’hommes vivant dans le mariage, on aura soin de n’admettre que ceux qui, pendant de nombreuses années de vie matrimoniale, auront prouvé leur qualités de chefs de famille et dont la femme et les enfants mènent une vie vraiment chrétienne et jouissent d’une excellente réputation.

14 - Il est souhaitable que ces diacres aient, eux aussi, une bonne culture, - ainsi qu’il est demandé aux numéros 8, 9, 10 - et qu’ils aient au moins la science suffisante, au jugement de la conférence épiscopale, pour remplir leurs fonctions spécifiques. Qu’ils soient donc admis, pendant un certain temps, dans un collège spécial où il leur sera possible d’apprendre ce dont ils auront besoin pour s’acquitter dignement de leur office diaconal.

15 - Si cela ne peut se faire, que le candidat soit confié, pour sa préparation, à un prêtre particulièrement qualifié, qui s’occupera de lui, l’enseignera et pourra témoigner de sa prudence et de sa maturité. Car il faut toujours veiller, avec un soin très attentif, à ce que ne soient admis à cet ordre sacré que des hommes capables et expérimentés.

16 - Après la réception du diaconat, même les appelés plus âgés ne peuvent, selon la discipline traditionnelle de l’Église, s’unir en mariage.

17 - Que les diacres évitent d’exercer des métiers ou des professions qui, au jugement de l’Ordinaire du lieu, porteraient préjudice à l’honneur de leur charge ou à son heureux accomplissement.

 

Entretien matériel des diacres

18 - Tout diacre non religieux doit être régulièrement incardiné à un diocèse.

19 - Les règles en vigueur à propos du juste entretien matériel des prêtres et la garantie, en leur faveur, des assurances sociales, doivent être étendues aux diacres permanents, en tenant compte également de la famille de ceux qui vivent dans les liens du mariage et en harmonie avec ce qui est dit à l’article 21 de cette lettre.

20 - Il sera du ressort des conférences épiscopales d’établir les règles relatives à l’entretien du diacre et, s’il est marié, de sa famille, selon les circonstances diverses de temps et de lieu.

21 - Les diacres qui exercent une profession civile doivent pourvoir, autant que possible, par les bénéfices qu’ils en retirent, à leurs besoins et à ceux de leur famille.

 

Les fonctions du diacre

22 - Conformément à la Constitution susdite du concile oecuménique du Vatican, le diacre est chargé, si l’Ordinaire du lieu le lui demande :

a) d’assister l’évêque ou le prêtre, durant les cérémonies liturgiques, suivant les prescriptions des divers rituels ;

b) d’administrer solennellement le baptême et de suppléer aux cérémonies éventuellement omises dans l’administration de ce sacrement, soit aux enfants, soit aux adultes ;

c) de conserver l’eucharistie, de la distribuer, à lui-même et aux autres, de la porter comme viatique aux mourants et de donner au peuple ce qu’on appelle la " bénédiction eucharistique ", avec le ciboire ;

d) s’il n’y a pas de prêtres, d’assister aux mariages et de les bénir, en observant par ailleurs tout ce qui est ordonné dans le Code de droit canon, et le canon 1098, dont les prescriptions, concernant les prêtres, sont désormais étendues aux diacres ;

e) d’administrer les sacramentaux, de présider les funérailles et les rites de la sépulture ;

f) de lire aux fidèles les livres de la Sainte Écriture, d’instruire et d’exhorter le peuple ;

g) de présider les offices et les prières du culte religieux, là où il n’y a pas de prêtre ;

h) de diriger les célébrations de la Parole de Dieu, là surtout où il n’y a pas de prêtre ;

i) d’assurer, au nom de la hiérarchie, les obligations de charité et d’administration, ainsi que les oeuvres d’assistance sociale ;

j) de diriger, au nom de l’évêque ou du curé, les communautés chrétiennes éparses ;

k) de promouvoir et soutenir l’apostolat des laïcs.

23 - Toutes ces fonctions seront exercées en parfaite communion avec l’évêque et son presbyterium, c’est-à-dire sous l’autorité de l’évêque et du prêtre responsable, en ce lieu, du bien des âmes.

24 - Que les diacres prennent part, quand c’est possible, aux conseils pastoraux.

 

Devoirs et vertus des diacres

25 - Que les diacres, consacrés aux mystères du Christ et de l’Église, s’abstiennent de toute mauvaise habitude, s’emploient à toujours être agréables à Dieu, " prompts à toute oeuvre bonne " pour le salut des hommes. En vertu de l’ordre reçu, ils doivent, plus que tous les autres, exceller dans la pratique de la vie liturgique, l’amour de la prière, le service divin, l’exercice de l’obéissance, de la charité et de la chasteté.

26 - Il sera de la compétence des conférences épiscopales d’établir des règles plus efficaces pour nourrir la vie spirituelle des diacres, aussi bien célibataires que mariés. Mais que les Ordinaires veillent à ce que tous les diacres :

a) soient assidus à la lecture attentive et à la méditation de la parole de Dieu ;

b) participent fréquemment et, si possible, tous les jours au sacrifice de la messe, se nourrissent de la sainte eucharistie et visitent le saint sacrement avec dévotion ;

c) purifient fréquemment leur âme par le sacrement de pénitence et, afin de le recevoir dignement, fassent chaque jour leur examen de conscience ;

d) vénèrent avec un grand amour la Vierge Marie, Mère de Dieu.

27 - Il est infiniment souhaitable que les diacres permanents récitent chaque jour une partie au moins de l’office divin, à fixer par les conférences épiscopales.

28 - Les diacres diocésains doivent faire, au moins tous les deux ans, une retraite dans une maison religieuse ou une autre maison, désignée par l’Ordinaire.

29 - Que les diacres ne cessent pas d’étudier, surtout les sciences sacrées ; qu’ils lisent avec assiduité les livres de l’Écriture Sainte ; qu’ils s’adonnent aux disciplines ecclésiastiques de façon à pouvoir correctement expliquer aux autres la doctrine catholique et à devenir plus aptes chaque jour à instruire et fortifier les âmes des fidèles. Pour cela, qu’ils soient convoqués à des sessions périodiques, où seront traitées les questions concernant leur vie et leur ministère.

30 - De par le ministère qui leur est confié, les diacres doivent à l’évêque obéissance et révérence ; que les évêques, de leur côté, aient en grande estime, dans le Seigneur, ces ministres du peuple de Dieu, et les suivent avec une paternelle affection. Si, pour une juste raison, un diacre demeure pendant un certain temps en dehors de son diocèse, qu’il se soumette volontiers à l’Ordinaire du lieu pour tout ce qui concerne les charges de l’office diaconal.

31 - Pour le costume, on observera les coutumes locales et les décisions des conférences épiscopales.

 

Les diacres dans les instituts religieux

32 - L’institution du diaconat permanent parmi les religieux est réservée de droit au Saint-Siège qui, seul, peut examiner et approuver les voeux des chapitres généraux.

33 - Les religieux diacres accomplissent le ministère diaconal sous l’autorité de l’évêque et de leurs supérieurs, selon les mêmes règles qui régissent l’apostolat des religieux prêtres ; ils sont tenus à se soumettre aux mêmes lois que les autres membres de leur famille religieuse.

34 - Le religieux diacre, qui réside de façon permanente ou pendant un certain temps dans un diocèse où n’existe pas le diaconat permanent, ne doit pas exercer de ministère à moins d’avoir obtenu le consentement de l’Ordinaire du lieu.

35 - Ce qui est dit des religieux, dans les articles 32 à 34, vaut également pour les membres des autres états de perfection.

Pour terminer, après avoir édicté ces règles, un souhait se présente spontanément à notre esprit : que les diacres, dans l’accomplissement de leurs délicates missions, en ces circonstances particulières de notre temps, suivent les illustres exemples que nous leur proposons, de saint Étienne, le premier martyr, qui, comme l’affirme saint Irénée, fut " le premier à être choisi par les apôtres pour le service ", et de saint Laurent de Rome, qui " se distinguait, de façon éminente, dans l’administration des sacrements et la gestion du patrimoine ecclésiastique "

 

Rites d’ordination – Pontificis romani, 18 juin 1968

(CA Pontificis romani, SA 347)

Parmi les rites des ordinations, il faut considérer en premier lieu ceux par lesquels, grâce au sacrement de l’ordre, conféré en différents degrés, se constitue la hiérarchie sacrée : " C’est ainsi que le ministère ecclésiastique, institué par Dieu, est exercé dans la diversité des ordres par ceux que, déjà depuis l’Antiquité, on appelle évêques, prêtres, diacres. "

Or, dans la révision des rites des ordinations, outre les principes généraux qui doivent régir la restauration complète de la liturgie, selon les prescriptions du concile Vatican II, il faut porter la plus grande attention à cette magnifique doctrine sur la nature et les effets du sacrement de l’ordre, qui a été professée par le concile dans la Constitution sur l’Église ; c’est justement cette doctrine que la liturgie doit exprimer à sa manière, car il faut " organiser les textes et les rites de telle façon qu’ils expriment avec plus de clarté les réalités saintes qu’ils signifient et que le peuple chrétien, autant qu’il est possible, puisse facilement les saisir et y participer, par une célébration pleine, active et communautaire ".

Pour ce qui regarde les diacres, outre ce qu’on trouve dans notre lettre apostolique Sacrum diaconatus ordinem que nous avons promulguée Motu proprio le 18 juin 1967, on doit se rappeler surtout les paroles suivantes : " Au degré inférieur de la hiérarchie se trouvent les diacres auxquels on a imposé les mains "non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du ministère". La grâce sacramentelle, en effet, leur donne la force nécessaire pour servir le peuple de Dieu dans la diaconie de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son presbyterium ". Dans l’ordination diaconale, il y avait peu de choses à changer, en tenant compte soit des règles récemment établies au sujet du diaconat comme degré propre et permanent de la hiérarchie, soit d’un progrès dans la simplicité et la clarté des rites.

D’autre part, entre les autres documents du magistère suprême relatifs aux ordres sacrés, nous estimons digne d’une mention particulière la constitution apostolique Sacramentum ordinis, promulguée par notre prédécesseur Pie XII le 30 novembre 1947, qui déclare : " Les ordres du diaconat, du presbytérat et de l’épiscopat ont pour matière, et pour matière unique, l’imposition des mains ; quant à la forme, également unique, ce sont les paroles déterminant l’application de cette matière, paroles qui signifient sans équivoque les effets du sacrement - à savoir le pouvoir d’ordre et la grâce du Saint-Esprit - et qui sont reçues et employées comme telles par l’Église ". Après quoi, le document en question décide quelle est l’imposition des mains et quelles sont les paroles qui, dans la collation de chacun des ordres, constituent la matière et la forme.

Dans l’ordination des diacres, la matière est cette imposition des mains par l’évêque qui se fait en silence sur chacun des ordinands, avant la prière consécratoire.

La forme consiste dans les paroles de cette prière consécratoire ; parmi elles, voici celles qui appartiennent àla nature essentielle, si bien qu’elles sont exigées pour que l’action soit valide : " Emitte in eos, Domine, quaesumus, Spiritum Sanctum, quo in opus ministerii fideliter exsequendi munere septiformis tuae gratiae roborentur ". (Envoie sur eux l’Esprit Saint, nous t’en prions, Seigneur : qu’ils soient ainsi fortifiés des sept dons de ta grâce pour remplir fidèlement leur ministère).

 

Le diaconat dans la tradition de l’Église - Ad pascendum, 15 août 1972

(LA Ad pascendum, SA 499)

Pour guider le peuple de Dieu et l’accroître sans cesse, le Christ Seigneur a institué dans l’Église des ministères variés qui tendent au bien du corps tout entier.

Dès l’âge apostolique, en effet, le diaconat, qui a toujours été tenu en grand honneur dans l’Église, se distingue parmi les ministères avec un éclat particulier. L’apôtre saint Paul l’atteste explicitement, soit dans l’Epître aux Philippiens lorsqu’il salue non seulement les évêques mais aussi les diacres, soit dans une lettre à Timothée où il souligne les qualités et les vertus indispensables aux diacres, afin qu’ils soient jugés dignes du ministère qui leur est confié.

Ensuite, les anciens écrivains ecclésiastiques, en proclamant la dignité des diacres, n’omettent point d’exalter en même temps les vertus et les dons spirituels exigés pour l’accomplissement de leur ministère, à savoir : la fidélité au Christ, l’intégrité des moeurs, la soumission à l’évêque.

Saint Ignace d’Antioche affirme que la fonction du diacre n’est rien d’autre que " le ministère de Jésus-Christ, lequel avant les siècles était près de son Père et est venu parmi nous à la fin ", et il remarque : " Il importe que les diacres, ministres des mystères de Jésus-Christ, donnent satisfaction à tous et de toute manière. Ils ne sont pas, en effet, des diacres préposés aux tables, ils sont les ministres de l’Église de Dieu. "

Saint Polycarpe de Smyrne exhorte les diacres à être " sobres en toutes choses, indulgents, zélés, attentifs dans leur conduite à la vérité du Seigneur qui s’est fait le serviteur de tous ". L’auteur de la Didascalie des Apôtres, rappelant les paroles du Christ : " Celui qui veut devenir le plus grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur ", applique cette exhortation fraternelle aux diacres : " Ainsi donc, il faut que vous, les diacres, si la nécessité survenait de donner votre vie pour vos frères dans l’accomplissement de votre ministère, vous la donniez... En effet, si le Seigneur du ciel et de la terre a été notre serviteur, a tout souffert et tout supporté pour nous, ne faut-il pas, à plus forte raison, que nous le fassions pour nos frères, étant donné que nous sommes ses imitateurs et que nous avons reçu en partage la mission même du Christ ? "

De même, les écrivains sacrés des premiers siècles, tout en rappelant l’importance du ministère des diacres, exposent aussi abondamment les fonctions multiples et importantes qui leur sont confiées. Ils affirment clairement quelles doivent être leur autorité auprès des communautés chrétiennes et leur participation à l’apostolat. Le diacre est présenté comme " l’oreille, la bouche, le coeur et l’âme de l’évêque ". Le diacre est auprès de l’évêque pour se consacrer à tout le peuple de Dieu et prendre soin des malades et des pauvres : c’est donc à très juste titre qu’on l’appelle " ami des orphelins, ami de ceux qui s’adonnent à la piété, soutien des veuves, homme plein d’ardeur, ami de tout ce qui est bien ". Par-dessus tout, il est prescrit de porter la sainte eucharistie aux malades demeurés à la maison, de conférer le baptême et de s’appliquer, selon la volonté et les directives de l’évêque, à prêcher la Parole de Dieu.

Aussi le diaconat s’est-il étonnamment développé dans l’Église, en même temps qu’il rendait un remarquable témoignage d’amour au Christ et aux chrétiens dans l’accomplissement des oeuvres caritatives, dans la célébration des mystères sacrés et dans l’exercice des charges pastorales.

Par la pratique de la fonction diaconale, ceux qui étaient destinés au presbytérat faisaient la preuve de leur capacité, de la valeur de leur travail et acquéraient ainsi cette préparation qu’on attendait d’eux en vue de recevoir la dignité sacerdotale et la charge pastorale.

 

Avant et après le concile Vatican II

Au long des siècles, cependant, la discipline concernant cet ordre a changé. On devint certes plus ferme dans l’interdiction de conférer les ordres " en sautant " les degrés intermédiaires, mais peu à peu diminua le nombre de ceux qui préféraient demeurer diacres toute leur vie plutôt que de s’élever à un degré supérieur. C’est ainsi que, dans l’Église latine, le diaconat permanent a pratiquement disparu. Il est à peine besoin de rappeler ce qu’a décrété le concile de Trente lorsqu’il s’est proposé de restaurer les ordres sacrés selon leur nature propre, conformément aux fonctions primitives de l’Église. En fait, l’idée de restaurer cet ordre sacré, important comme degré réellement permanent, ne se fit jour que beaucoup plus tard. Notre prédécesseur Pie XII eut l’occasion d’y faire brièvement allusion. Finalement, le concile Vatican Il accéda aux souhaits et aux demandes de restauration du diaconat permanent, lorsque le bien des âmes le demanderait, comme ordre intermédiaire entre les degrés supérieurs de la hiérarchie ecclésiastique et le reste du peuple de Dieu, en quelque sorte comme interprète des besoins et des aspirations des communautés chrétiennes, animateur du service ou de la " diaconie " de l’Église auprès des communautés chrétiennes locales, signe ou sacrement du Christ lui-même, qui " n’est pas venu pour être servi, mais pour servir ".

C’est pourquoi, au mois d’octobre 1964, au cours de la troisième session du concile, les Pères approuvèrent le principe de la rénovation du diaconat. Le mois suivant, en novembre, fut promulguée la constitution dogmatique Lumen gentium, dont le n° 29 décrit les principaux aspects caractéristiques de cet état : " Au degré inférieur de la hiérarchie se trouvent les diacres, auxquels on impose les mains "non pour le sacerdoce, mais pour le service". Fortifiés, en effet, par la grâce du sacrement, ils sont au service du peuple de Dieu, en union avec l’évêque et son presbyterium, dans la "diaconie" de la liturgie, de la parole et de la charité ".

Au sujet de la permanence dans l’ordre diaconal, la même constitution déclare : " Comme ces fonctions du diacre, nécessaires au plus haut point à la vie de l’Église, peuvent difficilement se remplir en bien des répons selon la discipline actuellement en vigueur dans l’Église latine, le diaconat pourra à l’avenir être restauré comme un degré propre et permanent de la hiérarchie " -

Or cette restauration du diaconat permanent demandait que les décisions du concile soient soumises à une réflexion approfondie ainsi qu’à un mûr examen de la condition juridique du diacre, célibataire ou marié. Mais il était nécessaire, en même temps, que soit adapté aux conditions actuelles tout ce qui concerne le diaconat chez ceux qui seront appelés au sacerdoce, afin que le temps du diaconat permette vraiment cette épreuve de la vie, de la maturité et de l’aptitude au ministère sacerdotal que l’ancienne discipline exigeait des candidats au sacerdoce.

C’est pourquoi nous avons donné, le 18 juin 1967, la lettre apostolique Motu proprio " Sacrum diaconatus ordinem " établissant, au sujet du diaconat permanent, les normes canoniques adaptées. Le 18 juin de l’année suivante, par la constitution apostolique Pontificalis Romani recognitio, nous avons approuvé le nouveau rite destiné à conférer les ordres du diaconat, du presbytérat et de l’épiscopat, en définissant en même temps la matière et la forme de l’ordination elle-même.

 

Nouvelles normes

Au moment où, allant plus loin, nous promulguons ce même jour la lettre apostolique Ministeria quaedam, il a paru opportun de fixer des normes précises concernant le diaconat. Nous voulons aussi que les candidats au diaconat connaissent quels ministères ils doivent exercer, et aussi à quel moment et pour quelles raisons ils doivent assumer les obligations du célibat et de la prière liturgique.

Bien que l’entrée dans l’état clérical soit différente de la réception du diaconat, cependant l’ancien rite de la tonsure, par lequel le laïc devenait clerc, n’existe plus. Mais un nouveau rite est établi, par lequel celui qui aspire au diaconat ou au presbytérat manifeste publiquement sa volonté de s’offrir à Dieu et à l’Église pour exercer ces ordres. L’Église, accueillant cette oblation, le choisit et l’appelle à se préparer à la réception de ces ordres, et à être ainsi introduit officiellement parmi les candidats au diaconat ou au presbytérat.

Il y a une convenance particulière à ce que les ministères de lecteur et d’acolyte soient confiés à ceux qui, en tant que candidats à l’ordre du diaconat ou du presbytérat, désirent se consacrer spécialement à Dieu et à son Église. L’Église, en effet, qui " ne cesse, de la table de la Parole de Dieu comme de celle du Corps du Christ, de prendre le pain de vie et de le présenter aux fidèles ", estime très opportun que les candidats aux ordres approfondissent et méditent par une longue familiarité comme par un exercice progressif du ministère de la Parole et de l’autel, ce double aspect de la charge sacerdotale. Par là, l’authenticité de leur ministère trouvera sa plus grande efficacité. Les candidats accéderont en effet aux ordres sacrés dans la pleine conscience de leur vocation, pleins de ferveur, donnés au service de Dieu, persévérants dans la prière et prenant part aux besoins des saints.

La suite du document donne les normes à suivre pour l’admission des candidats au diaconat et au presbytérat. Ces normes ont été reprises dans le Code de droit canonique. Les principaux canons concernant les diacres sont reproduits à la fin du présent volume.

 

3 CARACTÈRE PROPRE ET FONCTIONS DU DIACRE

Les occasions les plus fréquentes pour le pape de parler du diaconat sont les audiences qu’il accorde à des diacres récemment ordonnés qui se préparent au sacerdoce. Mais, qu’il soit conféré à des futurs prêtres ou à des candidats non destinés à la prêtrise, le diaconat est un dans sa nature, ses pouvoirs et ses exigences. Dans l’ensemble de ces documents, le Saint-Père montre bien ce qui est le propre du diacre et les aspects multiples de sa mission.

 

Le diacre est essentiellement serviteur - (A des diacres de Milan, 15 mars 1979, ORf 15)

Très chers diacres de Milan, je suis heureux de pouvoir vous encourager et vous exhorter à vous montrer non seulement dignes de votre appel mais aussi à répondre généreusement à la grâce divine.

Comme vous le savez, " diacre " signifie " ministre ", c’est-à-dire " serviteur ". C’est là une qualification fondamentale et stable qui vous marque irrévocablement : vous n’y renoncerez pas, et même, vous la mettrez encore mieux en évidence quand, dans peu de mois, par l’imposition des mains de votre archevêque, vous deviendrez prêtres. Que " le ministère " soit vraiment la définition de votre vie : comme pour Jésus qui est venu " non pour être servi, mais pour servir " ou comme Barnabé et Paul que l’antique concile de Jérusalem présenta comme " des hommes qui ont voué leur vie au nom de notre Seigneur Jésus-Christ ".

C’est à chacun de vous que le Seigneur entend répéter : " Là où je suis, là aussi sera mon diakonos (mon serviteur) ". Et Jésus, où est-il ? Aujourd’hui comme en ce temps-là, il se trouve sur différents terrains : dans la célébration de l’eucharistie et la présence sacramentelle, dans l’annonce de l’Évangile, dans les besoins journaliers des pauvres, dans la communauté chrétienne qui est son Corps, dans les successeurs des apôtres. Dans toutes ces fonctions et milieux de l’Église, il faut que vous aussi, vous soyez présents, prêts, totalement disponibles et heureux. Qu’il ne vous arrive jamais d’encourir les avertissements de votre communauté comme un certain Archippe de l’Église de Colosses à qui, selon le témoignage de saint Paul, les fidèles durent dire : " Prends garde au ministère que tu as reçu dans le Seigneur et tâche de bien l’accomplir ".

Un total dévouement à votre devoir pastoral, accompli dans la joie et de manière désintéressée, sera le meilleur témoignage que vous puissiez rendre : celui que le Seigneur et l’Eglise attendent de vous ; et il marquera en même temps la réussite de votre vie.

 

Serviteur, mais aussi ami du Christ (A des diacres américains, 15 avril 1988, ORf 20)

Chers amis dans le Christ, " Voici le jour que fit Yahvé, pour nous allégresse et joie " (Ps 118, 24).

Tout au long de la période de Pâques, l’Église nous invite à proclamer ce message. Et il semble particulièrement approprié de le faire aujourd’hui puisque j’ai la joie d’accueillir les nouveaux diacres du collège d’Amérique du Nord, avec leurs familles et leurs amis.

L’ordination au diaconat est avant tout l’oeuvre de Dieu et non pas celle des hommes. C’est à cause de ce que Dieu a fait que nous nous réjouissons et sommes heureux. Comme Jésus l’a dit : " Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai institués pour que vous alliez et que vous portiez du fruit ". Donc, nous nous réjouissons, précisément pour ce que Dieu est en train de faire dans l’Église et dans la vie de ces jeunes hommes.

Chers frères, Dieu a appelé chacun de vous à être un diacre, un diakonos, un serviteur. A travers la prière sacramentelle et l’imposition des mains, chacun de vous a été fait serviteur de l’Évangile, un serviteur de la sainte liturgie, un serviteur de tout le peuple de Dieu, et en particulier un serviteur des malades et des pauvres. Sur l’invitation du Seigneur, vous avez franchi un pas décisif pour devenir toujours plus comme notre Sauveur, le seul qui soit venu " non pas pour être servi, mais pour servir ".

Le bonheur d’un serviteur, sa véritable identité, dépend de ses liens affectifs avec son Maître. Et ainsi Jésus dit à ses disciples : " Où je suis, là aussi sera mon serviteur ". Où Jésus est, là aussi sera son diakonos. Il sera avec le Christ dans la célébration de l’eucharistie et dans les autres célébrations sacramentelles. Il sera avec le Christ qui se fait un avec " les derniers " de notre monde. Il sera avec le Christ dans la communauté chrétienne et avec les successeurs des apôtres. Il sera avec le Christ dans la liturgie des heures de l’Église et dans sa mission de rendre publiquement témoignage des droits et de la dignité de la personne humaine. Il sera avec le Christ parce qu’il est un serviteur fidèle.

Un serviteur oui, mais même plus : car il vous appelle aussi ses amis, amis avec lesquels il partage sa connaissance du Père, amis qu’il aime au point de mourir sur la Croix.

En tant qu’amis du Christ, vous partagez aussi les liens affectifs qu’il a avec sa Mère. Pendant cette année mariale, je vous encourage, ainsi que vos familles et amis, à redoubler de dévotion pour la Mère de Dieu. Vous ne pouvez pas trouver de meilleur exemple d’obéissance empressée à la volonté de Dieu. Tout comme Marie a dit : " Je suis la servante du Seigneur ", puissiez-vous tous être des exemples de service généreux et d’amour fidèle !

 

Rendu conforme au Christ Serviteur par l’Esprit Saint (A des diacres, Castel Gandolfo, 11 avril 1980, ORf 18)

Chers fils et frères en Jésus-Christ, en présence de la communauté des fidèles représentée ici par vos parents et amis, vous vous êtes rassemblés pour ratifier l’offrande de votre vie à Dieu, comme diacres de son Église. Vous le faites, pleins de confiance parce que vous savez que votre vocation et votre ministère trouvent un support effectif dans la puissance de la résurrection du Christ que, durant cette sainte période, l’Église célèbre avec joyeuse gratitude et amour.

En vérité, l’Église vous a mis entre les mains un grand trésor en vous appelant à être tout particulièrement associés au Christ dans son adoration au Père et dans son service à l’humanité. Vous êtes appelés à devenir plus conformes au Christ Serviteur ; et maintenant votre état de disciples se manifeste dans un ministère de parole, d’autel et de charité.

Votre vie doit être entièrement enracinée dans la Parole de Dieu que vous êtes appelés à accepter et à communiquer dans toute sa plénitude, exactement comme la proclame l’Église une, sainte, catholique et apostolique. Dans le sacrifice eucharistique - auquel vous prenez part et qui, toujours, sera le centre de votre vie - le Christ lui-même offrira à son Père votre plein ministère de charité. Vous aurez désormais des relations très étroites avec les pauvres, les souffrants et les malades, avec tous ceux qui se trouvent dans le besoin. Et rappelez-vous toujours que le plus grand service que vous puissiez rendre au peuple de Dieu est de lui porter le vivifiant et sanctifiant Évangile du salut.

Pour vous équiper en vue de cette mission de service, l’Église a invoqué le Saint-Esprit pour qu’il vous accorde ses sept dons. C’est lui le Saint-Esprit, qui vous aide à être toujours plus conformes à ce Jésus que vous représentez et qui veut prolonger par vous son contact salvifique avec l’humanité. Il faut que le peuple puisse voir le Christ en vous ; le Maître doit être reconnu dans ses disciples. C’est au nom du Christ que vous êtes envoyés et tout ce que vous êtes capables de faire doit être fait " au nom de Jésus-Christ de Nazareth ".

Pour être conscients de votre tâche ministérielle accomplie en son nom, et pour rester effectivement unis à lui, vous devez prier. Vous devez fréquemment élever votre coeur vers le Seigneur qui vous a appelés par votre nom, qui vous a chargés d’une grande responsabilité. A cet égard, la liturgie des heures enrichira votre vie et garantira l’efficacité de votre ministère de service. Il faut que la prière soutienne votre service et qu’à son tour votre service, toujours et de nouveau, vous ramène à la prière. Soyez assurés que Marie, la Mère du Seigneur ressuscité, soutiendra tous vos efforts et vous entourera de son amour.

Et finalement, chers fils et frères, pour que votre joie soit complète, rappelez-vous les paroles de Jésus, les assurances qu’il nous a données, les merveilleuses promesses qu’il nous a faites : " ... si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera ". Oui, comme diacres vous êtes appelés à servir le Christ dans ses membres et à être honorés par son Père éternel : à lui gloire et reconnaissance dans l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

 

Les diacres associés spécialement à l’Évangile du Christ ressuscité - A des diacres, 21 avril 1979

(ORf 18)

Chers amis et bien aimés diacres, dans la longue histoire de l’Église, il n’est pas rare de voir près du pape des diacres associés à son ministère, de voir des diacres à ses côtés. Et ce matin je suis tout particulièrement heureux d’être entouré de diacres parce que notre rapport - notre communion ecclésiale - trouve sa plus haute expression dans le saint sacrifice de la messe.

Notre joie est doublée - la vôtre comme la mienne - par la présence ici, en grand nombre, de parents et de personnes qui vous sont chères. Vous êtes venus tous et chacun, pour célébrer le mystère pascal et faire l’expérience de l’amour de Jésus. Celui-ci est un amour sacrificatoire, un amour qui l’a poussé à donner sa vie pour son peuple et pour le relever de nouveau. Cet amour sacrificatoire s’est manifesté avec grande générosité dans la vie de vos parents, et il est vraiment juste qu’aujourd’hui ils vivent un moment exceptionnel de sérénité, de satisfaction et de légitime orgueil.

Lorsque nous commémorons la résurrection du Christ, nous pensons à ses différentes apparitions, telles que nous les rappellent les Actes des Apôtres : ses apparitions à Marie-Madeleine, aux deux disciples, aux onze apôtres. Nous renouvelons notre foi - notre sainte foi catholique - et nous exultons et nous nous réjouissons car le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia ! Aujourd’hui plus que jamais, nous nous réjouissons parce que nous avons conscience de ce que signifie être le peuple de Pâques et d’avoir l’Alléluia pour chant.

L’événement de Pâques - la résurrection corporelle du Christ - pénètre la vie de l’Église tout entière. Il donne des forces aux chrétiens partout et dans toutes les éventualités de la vie. Il nous rend sensibles à l’humanité avec toutes ses limites, toutes ses souffrances et tous ses besoins. La résurrection a l’immense pouvoir de libérer, d’élever, d’opérer la justice, de favoriser la sainteté, de causer la joie.

Mais pour vous, diacres, il y a ce matin un message particulier. Par votre ordination sacrée vous avez été associés d’une manière spéciale à l’Évangile du Christ ressuscité. Vous avez été chargés de rendre un type particulier de service, la diaconie, au nom du Seigneur ressuscité. Au cours de la cérémonie d’ordination, l’évêque a dit à chacun de vous : " Recevez l’Évangile du Christ dont vous êtes maintenant le messager. Croyez à ce que vous y lisez ; enseignez ce que vous croyez et pratiquez ce que vous enseignez ". Et vous êtes appelés ainsi à ressentir vivement les paroles des Actes des Apôtres. En tant que diacres vous vous trouvez associés à Pierre et à Jean et à tous les apôtres. Vous secondez le ministère apostolique et participez à sa proclamation. Comme les apôtres, vous devez vous sentir poussés à proclamer par la parole et par la mort la résurrection du Seigneur Jésus. Vous devez, vous aussi, ressentir le besoin de faire le bien, de rendre service au nom de Jésus crucifié et ressuscité, de porter la Parole de Dieu dans la vie de son saint peuple.

Dans la première lecture d’aujourd’hui nous avons entendu les apôtres dire : " Nous ne pouvons pas ne pas publier ce que nous avons vu et ce que nous avons entendu ". Et vous êtes appelés, par soumission à la foi, à proclamer sur la base de leur témoignage - sur la base de ce qui a été transmis dans l’Église sous la direction du Saint-Esprit - le grand mystère du Christ ressuscité qui, dans l’acte véritable de sa résurrection, communique à tous ses frères la vie éternelle parce qu’il leur communique sa victoire sur le péché et sur la mort. Rappelez-vous que la proclamation de la résurrection par les apôtres était un défi et un reproche à l’adresse d’un grand nombre. Et il leur fut défendu de parler au nom de Jésus ressuscité. Mais leur réponse fut immédiate et très claire : " S’il est juste aux yeux de Dieu de vous obéir plutôt qu’à Dieu, à vous d’en juger ".

Et dans cette obéissance à Dieu ils trouvèrent la mesure la plus pleine de la joie pascale.

Dans l’obéissance et la joie

Il en est de même pour vous, les nouveaux diacres du temps pascal. Comme assistants des évêques et des prêtres votre qualité de disciples doit être marquée par deux caractéristiques : l’obéissance et la joie. Vous devez, chacun sur sa propre voie, témoigner de l’authenticité de votre vie. Votre aptitude à communiquer l’Évangile dépendra de votre adhésion à la foi des apôtres. L’efficacité de votre diaconie aura pour mesure la fidélité de votre obéissance au mandat de l’Église. C’est le Christ ressuscité qui vous a appelé et c’est l’Église qui vous envoie de l’avant pour proclamer le message transmis par les apôtres. Soyez assurés que la puissance de l’Évangile vous comblera de la joie la plus élevée : la joie du sacrifice, sans doute, mais une joie qui transforme l’être intimement associé au Christ ressuscité dans sa triomphante mission de salut. Tous les disciples de Jésus, et vous, les diacres à un titre spécial, sont appelés à prendre part à l’immense joie pascale ressentie par notre Sainte Mère. A la résurrection de son Fils, nous voyons Marie comme Mater plena sanctae laetitiae - une Mère emplie de sainte joie - qui devient pour chacun de nous Causa nostrae laetitiae, la cause de notre joie.

L’obéissance et la joie sont donc la véritable expression de votre état de disciples. Mais elles sont aussi la condition de l’efficacité de votre ministère et en même temps un don de la grâce divine, conséquence du vrai mystère de la Résurrection que vous proclamez.

Chers diacres, je vous parle comme à des fils, des frères et des amis. Ce jour est un jour de joie toute spéciale. Mais faites qu’il soit aussi un jour de spéciales résolutions. En présence du pape, sous le regard des apôtres Pierre et Paul, en compagnie d’Étienne, devant le témoignage de vos parents et en communion avec l’Église universelle, renouvelez maintenant votre consécration ecclésiale à Jésus-Christ, que vous servez et qui vous appelle à transmettre son message vivifiant dans toute sa pureté et intégrité avec toutes ses exigences et dans toute sa force. Et sachez que c’est avec un immense amour que je vous répète, à vous et à tous les diacres de l’Église les paroles de l’Évangile de ce matin, les paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ : " Allez partout dans le monde et annoncez la Bonne Nouvelle à toute la création ".

C’est cela le sens de votre ministère. Ce sera le plus grand service que vous rendrez à l’humanité. C’est votre réponse à l’amour de Dieu !

 

Un appel de Dieu transmis par l’Église 1982 - A des diacres, 24 avril 1982

(ORf 20)

Mes frères et soeurs, je vous souhaite la bienvenue dans la joie de ce temps pascal. Je suis tout spécialement heureux d’avoir cette occasion de rencontrer les nouveaux diacres du collège pontifical nord-américain et de saluer de manière toute spéciale leurs parents et amis, ainsi que les autorités académiques du collège, Monseigneur Charles Murphy et tous ceux qui participent au programme de formation du collège.

C’est avec grand plaisir que j’ai appris que vous vous êtes réunis il y a deux jours en la basilique Saint-Pierre pour l’ordination au diaconat de ces jeunes gens. Quel immense trésor est le don qu’à ce moment le Seigneur leur a accordé. Ils avaient travaillé véritablement avec ardeur pour s’y préparer théologiquement, spirituellement et pastoralement. Mais ils se rendent compte que cet appel du Seigneur est un don. Ce n’est pas une chose qui a été méritée ; c’est une grâce gratuitement accordée par le Seigneur ressuscité.

Nul ne peut revendiquer en son propre nom le droit de servir comme diacre dans l’Église. Le diaconat est un appel de Dieu transmis à travers l’Église, et il doit être accepté humblement comme une occasion privilégiée de participer au mystère pascal du Christ. Le rite de l’ordination lui-même nous donne une importante leçon quand il prévoit que le candidat devra recevoir ce don dans un acte de prière - prosterné devant le Seigneur, invoquant son aide, celle de sa Bienheureuse Mère, et celle de tous les saints.

Oui, mes frères, diacres de l’Église, dans cette rencontre sacramentelle, le Seigneur vous a accordé une grâce extraordinaire. Soyez-lui reconnaissants pour l’invitation qui est maintenant votre défi quotidien de croître toujours plus dans l’image de Jésus par votre service à autrui et votre prière pour l’Église.

Le diaconat vous donne une place unique dans le ministère de l’Église auquel vous participez encore plus complètement avec l’ordination sacerdotale. Naturellement vous l’envisagez avec enthousiasme et pleins d’espérances.

Mais voyez dans le présent appel au service une invitation à mûrir dans la foi, dans l’espérance et dans l’amour. Soyez prêts à donner tout de vous-mêmes dans le service et dans la prière pour vos frères et soeurs, et pour l’Église tout entière.

Que le Seigneur ressuscité soutienne tous vos efforts et qu’il soit toujours pour vous une source de force et de joie.

 

Un ministère d’amour - A des diacres américains, 16 avril 1983

(ORf 17)

Chers frères en Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est une grande joie pour moi de vous souhaiter la bienvenue ici aujourd’hui, peu après votre ordination au diaconat. Vous êtes entrés dans une nouvelle phase de vos relations avec le Christ, une phase qui vous marque pour un service spécial au milieu du peuple de Dieu.

Votre ministère est un ministère d’amour qui se manifeste dans un intense engagement en faveur de la parole de Dieu et dans la pratique de la charité, exactement comme Étienne et les autres disciples que les apôtres avaient choisis dans les premières communautés chrétiennes.

Bien que votre temps comme diacres vise votre préparation au plus ample service ecclésial comme prêtres de Jésus-Christ, je ne vous demande pas moins d’accepter généreusement l’appel que le Seigneur vous a adressé. Vous êtes des ministres de la parole. Laissez la parole de Dieu parler à vos coeurs ; que cette parole soit la source de votre communion avec le Christ ; qu’elle vous guide dans chacune de vos actions. Et alors vous connaîtrez la joie dont parle saint Paul et qui est, comme il le dit : " vivre dans le Seigneur ".

Je demande au Seigneur ressuscité de vous confirmer dans sa grâce afin que vous puissiez proclamer le message de l’Evangile avec joie et avec espérance.

 

4 UNE CHARTE DU DIACONAT PERMANENT

Jusqu’à présent, Jean-Paul II n’a prononcé que deux discours adressés spécialement à des diacres permanents : l’un à Rome en 1985, l’autre à Detroit, aux USA, en 1987. Ce dernier est particulièrement important par son ampleur, sa profondeur et sa richesse. Bien que destiné d’abord aux diacres des États-Unis, qui représentaient alors plus de la moitié de la totalité des diacres permanents de l’Église catholique, ce discours s’adresse à tous et peut être considéré comme une véritable charte du diaconat permanent.

 

Fonctions spécifiques des diacres - Au Congrès pour le diaconat permanent en Italie, 16 mars 1985

(ORf 14)

Très chers frères, je suis vraiment heureux de pouvoir prendre contact avec vous qui, ces jours-ci, êtes venus participer au Congrès national des délégués épiscopaux pour le diaconat permanent et des diacres permanents, organisé par la commission épiscopale pour le clergé de la conférence épiscopale italienne. Ce sont des journées d’études durant lesquelles vous voulez réfléchir également sur deux documents que la conférence épiscopale a publiés en 1972 à ce sujet et, précisément, sur " la restauration du diaconat permanent en Italie " et sur " le ministère de diacre ".

La volonté de restituer au diaconat permanent son propre grade permanent dans la hiérarchie de l’Église est un des fruits du concile oecuménique Vatican II. La Constitution sur l’Église a synthétisé de manière claire et profonde les aspects théologiques de l’ordre des diacres, et les fonctions spécifiques des candidats. Soutenus par la grâce sacramentelle, les diacres servent le peuple de Dieu - en communion avec l’évêque et son clergé - dans le ministère de la liturgie, de la prédication et de la charité. En ce qui concerne le ministère de la liturgie, les autorités compétentes peuvent confier aux diacres différentes charges : administrer solennellement le baptême ; conserver et distribuer l’eucharistie ; porter le viatique aux agonisants ; assister aux mariages et les bénir au nom de l’Église ; présider au culte et àla prière des fidèles ; administrer les sacramentaux ; diriger le rite funéraire jusqu’à la sépulture. Quant au ministère de la prédication, le diacre pourra lire la Sainte Écriture aux fidèles, instruire et exhorter le peuple.

Le ministère de la charité se réfère en particulier aux pages des Actes des Apôtres où il est question du " choix des Sept " - et parmi eux d’Étienne et Philippe - à préposer au service des tables (diaconie). On connaît bien à cet égard les recommandations adressées aux diacres dans la Didascalia apostolorum : " Comme notre Sauveur et Maître a dit dans l’Évangile : "Celui qui voudra devenir grand parmi vous, se fera votre serviteur, exactement comme le Fils de l’homme qui est venu, non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon Pour une multitude" ; vous devez, vous les diacres, faire exactement la même chose, même si cela comporte de donner votre vie pour le service que vous êtes tenus d’accomplir ".

A son rang, le diacre personnifie le Christ Serviteur du Père, participant à la triple fonction du sacrement de l’ordre : il est maître en ce sens qu’il proclame et éclaire la Parole de Dieu ; il est sanctificateur, en tant qu’il administre les sacrements du baptême et de l’eucharistie et les sacramentaux ; il est un guide en tant qu’animateur de communautés ou de secteurs de la vie ecclésiale.

En ce sens, le diaconat contribue à la croissance de l’Église, comme réalité de communion, de service, de mission.

 

L’idéal du diacre et ses exigences

La liturgie rappelle souvent les paroles avec lesquelles saint Paul présentait l’image idéale du diaconat aux premières générations chrétiennes, et j’aime aussi à rappeler celles de l’un des plus grands parmi les " Pères apostoliques ", saint Ignace, évêque d’Antioche et martyr : " Suivez tous l’évêque comme Jésus-Christ suit le Père, et les prêtres comme les apôtres ; quant aux diacres, vénérez-les comme la loi de Dieu ; écoutez J’évêque et Dieu vous écoutera ; je suis prêt à donner ma vie pour ceux qui sont soumis à l’évêque, aux prêtres et aux diacres ; avec eux je puis avoir une part des biens de Dieu ! "

La participation à l’ordre sacré avec les tâches précitées exige des candidats au diaconat permanent une sérieuse préparation dans le domaine des sciences sacrées, et un profond engagement de vie intérieure alimentée par le contact assidu avec le Christ, en particulier au moyen des sacrements de l’eucharistie et de la réconciliation.

Une étude s’impose tout particulièrement : l’étude continuelle, quotidienne de la Parole de Dieu, de la théologie, de l’enseignement du magistère, de la spiritualité chrétienne suivant les directives, les indications et les programmes des autorités ecclésiastiques compétentes.

Je souhaite de tout coeur que votre Congrès national constitue une étape importante pour la promotion ultérieure du diaconat permanent en Italie.

 

Le diaconat permanent, signe visible de l’oeuvre accomplie par l’Esprit-Saint – A des diacres permanents à Detroit, USA, 19 sept. 1987

(ORf 44)

Chers frères dans le service de Notre-Seigneur,

Chères épouses de ces hommes ordonnés au diaconat permanent,

Chers amis qui collaborez avec eux,

Je vous salue en l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ en qui, comme le dit saint Paul, Dieu nous a élus, rachetés et adoptés comme ses fils. Avec saint Paul et avec vous, " j’élève aujourd’hui des louanges vers notre Père céleste " pour les dons merveilleux de sa grâce.

C’est avec une joie toute particulière que je prends contact avec vous qui représentez " un grand et visible signe de l’oeuvre accomplie par l’Esprit Saint " après le concile Vatican Il qui a pourvu à la restauration du diaconat permanent dans l’Église. La sagesse de cette décision est aujourd’hui mise en évidence par votre présence nombreuse et par la richesse de vos ministères. Avec l’Église entière, " je remercie Dieu pour l’appel que vous avez reçu et pour la réponse généreuse que vous avez donnée ". Quant à vous, qui pour la plupart êtes mariés, c’est l’amour, le soutien et la collaboration de vos épouses qui a rendu cette réponse possible. Il est en effet très encourageant de noter qu’au cours des deux dernières décennies quelque huit mille diacres permanents ont été consacrés au service de l’Évangile.

C’est avant tout la vocation au service que je désire célébrer avec vous aujourd’hui.

Parlant des diacres, le concile Vatican Il a dit : " Fortifiés par la grâce du sacrement, ils sont au service du peuple de Dieu, en union avec l’évêque et son presbyterium, dans la "diaconie" de la liturgie, de la parole et de la charité ". Approfondissant la réflexion au sujet de cette description, mon prédécesseur, le pape Paul VI, déclarait, d’accord avec le Concile, que " le diaconat permanent devrait être restauré... comme force motrice pour le service de l’Église (diaconie) en faveur des communautés chrétiennes comme signe et sacrement du Seigneur Jésus-Christ lui-même, lui qui est "venu pour servir et non pour être servi". Ces paroles rappellent l’antique tradition de l’Église, telle que l’expriment les premiers Pères de l’Église comme Ignace d’Antioche qui disait que les diacres " sont des ministres des mystères de Jésus-Christ... ministres de l’Église de Dieu ". Quant à vous, chers frères, vous appartenez à la vie de l’Église qui a connu de saints diacres comme Laurent, et avant lui, Étienne et ses compagnons que les Actes des Apôtres considèrent comme hommes remplis de foi et de l’Esprit Saint ".

Les diacres, ministres des mystères du Christ et signes vivants du service de l’Église

Ceci est l’essence du diaconat auquel vous avez été appelés : " être des ministres des mystères du Christ et en même temps serviteurs de vos frères et soeurs ". Le fait que ces deux dimensions soient inséparablement unies dans une unique réalité révèle l’importance du ministère qui vous incombe avec l’ordination.

Quels sont les mystères du Christ dont vous êtes les ministres ? Saint Paul nous en donne une description détaillée dans la lecture que vous venons d’entendre. Le mystère central, le voici. Le plan de gloire de Dieu le Père est de faire que toutes choses au ciel comme sur la terre deviennent une seule chose sous la direction du Christ, son Fils bien-aimé ; c’est pourquoi tous les baptisés sont prédestinés, choisis, rachetés et liés à l’Esprit Saint. Ce plan de Dieu est au centre de notre vie et de la vie du monde.

Alors, si ce plan rédempteur est la mission de tous les baptisés, quelle est la dimension spécifique de votre service de diacres ? Le concile Vatican Il explique que la grâce sacramentelle qui vous est conférée par l’imposition des mains vous rend capables d’accomplir avec une efficacité spéciale les ministères de la parole, de l’autel et de la charité. " Le service du diacre est le service de l’Église sacramentalisé. " Votre service n’est pas simplement un service parmi d’autres ; il est vraiment conçu, ainsi que l’a décrit saint Paul, comme une " force motrice " pour la diakonia de l’Église. Par votre ordination vous êtes rendus semblables au Christ dans son rôle de service. Vous devez être également des signes vivants du service de l’Église.

 

Relation entre les trois domaines du ministère diaconal

Si nous considérons la profonde nature spirituelle de cette diaconie, alors nous pouvons mieux apprécier la relation qui existe entre les trois domaines du ministère traditionnellement associés au diaconat, c’est-à-dire le ministère de la parole, le ministère de l’autel et le ministère de la charité. Suivant les circonstances, l’un ou l’autre de ceux-ci peut prendre une importance particulière dans le travail personnel d’un diacre, mais ces trois ministères sont inséparablement unis dans le plan rédempteur du service de Dieu. Il en est ainsi parce que la Parole de Dieu nous conduit inévitablement à l’adoration eucharistique de Dieu sur l’autel ; à son tour cette adoration nous conduit à une nouvelle manière de vivre qui s’exprime en actes de charité.

Cette charité est à la fois amour de Dieu et amour du prochain. Comme la première Lettre de saint Jean nous l’enseigne : " Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas... que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère ". Pour la même raison, les actes de charité qui ne sont pas enracinés dans la Parole de Dieu et dans l’adoration ne peuvent porter de fruit durable : " Hors de moi, a dit Jésus, vous ne pouvez rien faire ". Le ministère de la charité est confirmé à toutes les pages de l’Évangile ; il demande une constante et radicale conversion du coeur. Nous en avons un exemple frappant dans l’Évangile selon saint Matthieu que nous venons d’entendre ; il nous recommande : " Ne résistez pas à l’offense " et ordonne : " Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent ". Tout ceci constitue une partie essentielle du ministère de la charité.

 

Un ministère particulièrement utile dans le monde actuel

Il est certain que dans le monde actuel, les occasions ne manquent pas pour un tel ministère, tant sous la forme des actes de charité les plus simples que dans le témoignage, le plus héroïque rendu aux exigences radicales de l’Evangile. Tout autour de nous, nombreux sont nos frères et nos soeurs qui vivent dans la pauvreté matérielle ou spirituelle, ou encore dans l’une ou l’autre, simultanément. C’est ainsi que beaucoup de peuples du monde subissent l’oppression de l’injustice, et sont privés de leurs droits humains fondamentaux. D’autres encore sont troublés et souffrent parce qu’ils ont perdu la foi en Dieu, et risquent de perdre toute espérance.

Au milieu de ces misères de la condition humaine, c’est un grand réconfort de savoir que de très nombreux diacres des États-Unis se trouvent engagés dans le service direct en faveur des nécessiteux, de tous ceux qui se trouvent dans le besoin comme les malades, les opprimés, les affligés, les jeunes et les personnes âgées, les agonisants et les faibles, les aveugles et les sourds, les invalides, ceux qui ont connu la souffrance dans leur mariage, ceux qui n’ont pas de toit, les victimes de la drogue, les prisonniers, les réfugiés, les vagabonds, les pauvres de la campagne, les victimes de la discrimination raciale et ethnique, et tant et tant d’autres. Comme le Christ nous l’a dit : " Dans la mesure où vous l’aurez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ".

En même temps le concile nous rappelle que le ministère de charité au service du plan divin de la rédemption nous oblige à exercer une influence positive pour un changement dans le monde où nous vivons, c’est-à-dire à être un ferment - à être l’âme de la société humaine - de manière que la société puisse être rénovée par le Christ et transformé en " famille de Dieu ". L’ordre temporel comprend le mariage et la famille, le monde de la culture, la vie économique et sociale, le commerce et les professions, les institutions politiques, la solidarité entre les peuples, les problèmes de la justice et de la paix. La tâche est normalement peu facile. La vérité sur nous et sur le monde, révélée dans l’Évangile, ne correspond pas toujours à ce que le monde aimerait entendre. Souvent aussi, la vérité de l’Évangile est en contradiction avec la pensée communément acceptée, comme le démontrent clairement des maux comme le racisme, les procédés anticonceptionnels, l’avortement et l’euthanasie - pour n’en citer que quelques-uns.

 

Témoignage spécial rendu par le diacre permanent dans la société, la famille et la paroisse

Prendre activement part à la société fait partie de la mission baptismale de chaque chrétien, conformément à ses conditions de vie, mais le diacre permanent a un témoignage spécial à rendre. La grâce sacramentelle de son ordination est destinée à le renforcer, à rendre ses efforts plus fructueux, précisément parce que ses occupations séculières lui permettent de pénétrer dans la sphère temporelle d’une manière qui, normalement, ne conviendrait pas aux autres membres du clergé. En même temps le fait qu’il soit un ministre ordonné de l’Église confère à ses efforts une dimension particulière aux yeux de ceux avec qui il vit et travaille.

La contribution qu’un diacre marié apporte à la transformation de la vie familiale a également une grande importance. Lui et son épouse sont entrés dans une communauté de vie et ils doivent s’aider et se soutenir l’un l’autre. Leur association et leur unité sont si profondément ancrées dans le sacrement de mariage que l’Église, à juste titre, demande le consentement de l’épouse avant que le mari puisse être ordonné diacre permanent. Comme le soulignent les directives au sujet du diaconat permanent aux États-Unis, l’enrichissement et l’approfondissement de l’amour sacrificatoire et réciproque entre mari et femme constituent probablement la plus importante implication de l’épouse d’un diacre dans le ministère public de son mari au service de l’Église. Aujourd’hui tout particulièrement, il ne s’agit pas du tout d’une chose négligeable.

En particulier, le diacre permanent et son épouse doivent être un exemple vivant de fidélité et d’indissolubilité dans le mariage chrétien devant un monde où se révèle un profond besoin de ces signes. Affrontant avec esprit de foi les défis et les exigences de la vie quotidienne de la vie conjugale, ils renforcent la vie familiale non seulement de la communauté ecclésiale mais de toute la société. Ils révèlent aussi que les obligations de la famille, du travail et du ministère peuvent s’harmoniser dans le service de la mission de l’Église. Les diacres, leurs épouses et leurs enfants peuvent être un grand encouragement pour tous ceux qui se sont engagés à promouvoir la vie familiale.

Je vous rappelle aussi un autre genre de famille : la paroisse qui est le milieu normal où les diacres, dans leur vaste majorité, accomplissent le mandat de leur ordination " pour aider l’évêque et son presbyterium ".

La paroisse fournit un contexte ecclésial à votre ministère et sert à vous rappeler que votre oeuvre ne s’accomplit pas dans l’isolement mais en communion avec l’évêque, les prêtres et avec tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, prennent part au ministère de l’Église. Les diacres permanents ont le devoir de respecter le ministère du prêtre et de collaborer consciencieusement et généreusement avec lui et avec le personnel de la paroisse. D’autre part, le diacre a le droit d’être accueilli et pleinement respecté, par eux et par tous, pour ce qu’il est : un ministre ordonné de la Parole, de l’autel et de la charité.

 

Qualités des diacres permanents

Considérant la dignité et l’importance du diaconat permanent, que pouvons-nous attendre de vous ? Comme chrétiens nous ne devrions pas avoir honte de parler des qualités d’un serviteur, auxquelles tous les chrétiens devraient aspirer et plus particulièrement les diacres que le rite de l’ordination définit " serviteurs de tous ". Un diacre doit être connu pour sa fidélité, son intégrité et son obéissance, et voilà pourquoi la fidélité au Christ, l’intégrité morale et l’obéissance à l’évêque doivent distinguer votre vie, comme le démontre à l’évidence le rite de l’ordination. Dans ce rite, l’Église exprime également ses espérances à votre sujet quand elle prie ainsi :

" Écoute, Père très saint, notre prière, et dans ta bonté, bénis ces fils qui désirent se consacrer comme ministres de l’Église à ton service et au service du peuple chrétien ; fais qu’ils puissent persévérer dans la vocation afin que, intimement unis au Christ Souverain Prêtre, ils deviennent d’authentiques apôtres de l’Évangile. Par le Christ notre Seigneur. "

 

Une formation spirituelle qui dure toute la vie

Chers frères, que cette prière vous entraîne à une formation spirituelle qui dure toute la vie afin que vous puissiez croître et persévérer dans l’accomplissement d’un service qui serve vraiment à l’éducation du peuple de Dieu. Quant à vous, les épouses des diacres permanents, qui êtes les collaboratrices intimes de leur ministère, vous vous trouvez engagées à croître avec eux dans la connaissance et dans l’amour de Jésus-Christ. Et ceci signifie naturellement croissance dans la prière, prière personnelle, prière familiale, prière liturgique.

Comme les diacres sont des ministres de la Parole, le concile Vatican Il vous invite à une constante lecture et à une étude attentive des Saintes Écritures, autrement - si vous êtes prédicateur - vous pourriez parler vainement de la Parole de Dieu pour ne pas l’avoir écoutée dans votre coeur. Dans votre vie de diacres, vous êtes appelés à écouter, garder et pratiquer la Parole de Dieu pour être en mesure de la proclamer dignement. Prêcher au peuple de Dieu est un honneur qui implique une sérieuse préparation et de sérieux efforts vers la sainteté de la vie.

Comme ministres de l’autel, vous devez être plongés dans l’esprit de la liturgie et convaincus avant tout que " la liturgie est le but auquel tend l’action de l’Église et en même temps la source de toute sa vertu. " Vous êtes appelés à accomplir votre tâche avec la dignité et le respect que l’on doit à la liturgie que Vatican Il définit vigoureusement comme étant principalement " l’adoration de la majesté divine ".

Je m’unis à vous pour remercier tous ceux qui se dévouent à votre éducation, tant avant qu’après votre ordination, grâce à des programmes de formation spirituelle théologique et liturgique.

 

Un fruit qui demeure

" Chantez un chant nouveau au Seigneur ! Que votre chant soit chanté du haut des montagnes ! " Chantez lui comme serviteurs, mais chantez aussi comme amis du Christ qui vous a fait connaître, à vous tous, ce qu’il a appris du Père. Ce n’est pas vous qui l’avez choisi, mais lui qui vous a choisis, vous, pour que vous alliez et portiez du fruit, et un fruit qui demeure. Ceci vous le ferez en vous aimant les uns les autres. Selon les normes de ce monde, la servitude est méprisée, mais dans la sagesse et la providence de Dieu, elle est le mystère par lequel le Christ a racheté le monde. Et vous êtes des ministres de ce mystère, des hérauts de l’Évangile. Vous pouvez être certains qu’un jour vous entendrez le Seigneur dire à chacun de vous : " C’est bien, serviteur bon et fidèle... entre dans la joie de ton Seigneur ".

Chers frères et soeurs, comme quelqu’un qui s’efforce d’être " le serviteur des serviteurs de Dieu ", je ne saurais prendre congé de vous sans me tourner avec vous vers la Vierge Marie qui continue à proclamer : " Je suis la servante du Seigneur ". Et nous voyons, dans l’exemple de son service, le parfait modèle de notre propre appel à suivre Notre-Seigneur Jésus-Christ et à servir son Eglise.

 

5 LES DIACRES, COLLABORATEURS DES ÉVÊQUES ET DES PRÊTRES DANS L’OEUVRE DU SALUT

Dans ses voyages apostoliques, Jean-Paul II rencontre ordinairement le clergé des pays qu’il visite, s’adressant aux évêques, aux prêtres, aux religieux et religieuses. Il est remarquable que, durant les premières années de son pontificat, jamais les diacres n’étaient mentionnés en de telles circonstances. C’est en France, à Ars, en 1986, que le Saint-Père associe pour la première fois les diacres aux prêtres, en notant à la fin de son discours que ses paroles concernent tout autant les uns que les autres. Et depuis lors, dans les rencontres du pape avec le clergé, les diacres ont droit, presque toujours, à une mention spéciale. Les discours adressés ainsi aux prêtres et aux diacres donnent au chef suprême de l’Église l’occasion de décrire la mission pastorale à laquelle les deux " ordres " de ministres sacrés coopèrent sous l’autorité des évêques.

 

Une mission de salut – A Ars, 6 oct. 1986

(ORf 41)

" Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie… Recevez l’Esprit Saint " (Jn 20, 21-22).

Chers frères, c’est le Christ qui nous choisit, il nous envoie comme il a été envoyé par le Père, et il nous communique l’Esprit Saint. Notre sacerdoce s’enracine dans les missions des personnes divines, dans leur don mutuel au coeur de la Sainte Trinité. " La grâce de l’Esprit Saint... continue à être transmise par l’ordination épiscopale. Puis, par le sacrement de l’ordre, les évêques font participer les ministres sacrés à ce don spirituel. " Les prêtres participent à cette grâce et les diacres aussi.

Notre mission est une mission de salut. " Dieu a envoyé son Fils dans le monde pour que par lui le monde soit sauvé. " Jésus a prêché la Bonne Nouvelle du Royaume ; il a choisi et formé ses apôtres ; il a accompli par la Croix et la Résurrection l’oeuvre de la Rédemption : à la suite des apôtres, nous sommes associés d’une façon particulière à son oeuvre de salut, pour la rendre présente et efficiente partout dans le monde. Saint Jean-Marie Vianney allait jusqu’à dire : " Sans le prêtre, la mort et la passion de Notre-Seigneur ne serviraient à rien. C’est le prêtre qui continue l’oeuvre de la Rédemption sur la terre. "

Ce que nous avons à réaliser, ce n’est donc pas notre oeuvre, c’est le dessein du Père, c’est l’oeuvre de salut du Fils. L’Esprit Saint se sert de notre esprit, de notre bouche, de nos mains. Il nous revient notamment de proclamer sans cesse la Parole, pour évangéliser ; de la traduire de manière à toucher les coeurs, sans l’altérer ni l’amoindrir ; et de refaire le geste d’offrande de Jésus à la Cène, ses gestes de pardon envers les pécheurs.

 

Une configuration spéciale au Christ

Ce n’est pas seulement une charge que nous avons reçue, une fonction qualifiée à accomplir au service du peuple de Dieu. Les gens peuvent parler du sacerdoce comme d’un métier, d’une fonction, y compris la fonction de présidence du rassemblement eucharistique.

Mais nous n’en sommes pas réduits à être des fonctionnaires.

D’abord parce que c’est dans notre âme même que, par l’ordination, nous sommes marqués d’un caractère spécial qui nous configure au Christ-Prêtre pour nous rendre capables d’agir au nom du Christ-Tête en personne. Certes, nous sommes pris d’entre les hommes et nous demeurons proches d’eux, " chrétiens avec eux ", disait saint Augustin. Mais nous sommes mis à part, totalement consacrés à l’oeuvre du salut ; " la fonction du prêtre, en tant qu’elle est unie à l’ordre épiscopal, participe à l’autorité par laquelle le Christ lui-même construit, sanctifie et gouverne son Corps ". C’est le concile Vatican II qui nous le rappelle.

Nous sommes à la fois dans l’assemblée chrétienne et face à elle pour signifier que l’initiative de la sanctification vient de Dieu, de la Tête du Corps, et que l’Église la reçoit. Envoyés au nom du Christ, nous avons été sanctifiés par lui à un titre spécifique : cela demeure et atteint en profondeur notre être de baptisés. Le curé d’Ars avait à ce sujet des formules chocs : " C’est le prêtre que Dieu place sur la terre comme un autre médiateur entre le Seigneur et le pauvre pécheur " ; nous dirions aujourd’hui : il participe d’une façon spéciale à la mission du seul médiateur, Jésus-Christ.

Cela entraîne une conséquence dans notre vie de chaque jour. Il est normal que nous cherchions continuellement à conformer au Christ, dont nous sommes les ministres, non seulement les gestes du ministère, mais nos pensées, l’attachement de notre coeur, notre conduite, en disciples qui vont jusqu’à reproduire les mystères de sa vie, comme disait le père Chevrier. Cela suppose évidemment une véritable intimité avec le Christ, dans la prière. Toute notre personne et toute notre vie renvoient au Christ. Tous les baptisés sont appelés à la sainteté, mais notre consécration et notre mission nous font un devoir particulier d’y tendre, que nous soyons séculiers ou religieux, à travers les richesses inhérentes à notre sacerdoce et les exigences de notre ministère au sein du peuple de Dieu.

Certes les sacrements tiennent leur efficacité du Christ et non de notre dignité. Nous sommes ses instruments, pauvres et humbles, qui n’ont pas à s’attribuer le mérite de la grâce transmise, mais des instruments responsables, et, par la sainteté du ministre, les âmes sont mieux disposées à coopérer à la grâce.

Précisément, nous voyons dans le curé d’Ars un prêtre qui ne s’est pas contenté d’accomplir extérieurement les gestes de la Rédemption : il y a participé dans son être même, dans son amour du Christ, dans sa prière constante, dans l’offrande de ses épreuves ou ses mortifications volontaires. Je le disais déjà aux prêtres à Notre-Dame de Paris, le 30 mai 1980 : " Le curé d’Ars demeure pour tous les pays un modèle hors pair, à la fois de l’accomplissement du ministère et de la sainteté du ministre ".

 

Nécessité du sacerdoce ministériel

Il est vrai que le Concile a heureusement replacé le sacerdoce ministériel dans la perspective de la mission apostolique au sein de tout le peuple de Dieu. Il a évité qu’on en fasse un enrichissement " en soi ", détaché de ce peuple. Il a mis en relief la tâche primordiale d’annoncer la Parole qui prépare le terrain à la foi, et donc aux sacrements. Il a mieux articulé le sacerdoce du prêtre sur celui de l’évêque, et montré son rapport avec le ministère ordonné des diacres et le sacerdoce commun de tous les baptisés grâce auquel tous peuvent et doivent avoir accès aux richesses de la grâce (adoption filiale, vie du Christ, Esprit Saint, sacrements), faire de leur vie une offrande spirituelle, témoigner comme disciples du Christ dans le monde, et prendre leur part de l’apostolat et des services de l’Église.

Mais précisément, pour qu’ils exercent pleinement ce rôle prophétique, sacerdotal et royal, les baptisés ont besoin du sacerdoce ministériel, par lequel leur est communiqué de façon privilégiée et tangible le don de la vie divine reçue du Christ, Tête de tout le Corps.

 

Le souci du salut des âmes

" Je me suis fait tout à tous afin d’en sauver à tout prix quelques-uns " (1 Co 9, 22).

Le mot de salut est un de ceux qui reviennent le plus souvent chez le curé d’Ars. Qu’est-ce à dire pour lui ? Être sauvé, c’est être délivré du péché qui éloigne de Dieu, dessèche le coeur, et risque de séparer de l’amour de Dieu pour toujours, ce qui serait le plus grand malheur. Être sauvé, c’est vivre uni à Dieu, c’est voir Dieu.

Être sauvé, c’est également être réintroduit dans une vraie communion avec les autres, car nos péchés, bien souvent, consistent à blesser l’amour du prochain, la justice, la vérité, le respect de ses biens et de son corps, ses droits humains, tout cela est contraire à la volonté de Dieu. Et il y a une solidarité profonde entre tous les membres du Corps du Christ : on ne peut l’aime lui, sans aimer ses frères. Le salut permet donc de retrouver une relation filiale avec Dieu et fraternel e avec les autres.

La rédemption du Christ a ouvert pour tous la possibilité du salut. Le prêtre coopère à la Rédemption, y dispose les âmes en prêchant la conversion, en donnant le pardon. C’est pour le salut que le curé d’Ars a voulu être prêtre : " Gagner des âmes au Bon Dieu ", déclarait-il en annonçant sa vocation, à dix-huit ans, comme saint Paul disait : " Gagner le plus grand nombre ". C’est pour cela que Jean-Marie Vianney s’est dépensé jusqu’à l’épuisement, pour cela qu’il acceptait de faire pénitence, comme pour arracher à Dieu les grâces de conversion. Pour leur salut, il craignait, il pleurait. Et lorsqu’il était tenté de fuir sa lourde charge de curé, il revenait, pour le salut des paroissiens. Nous lisons dans saint Paul : " L’amour du Christ nous presse... le voici, le jour du salut ". " Le sacerdoce, disait encore Jean-Marie Vianney, c’est l’amour du Coeur du Christ. "

Chers frères, beaucoup de nos contemporains semblent devenus indifférents au salut de leur âme. Nous soucions-nous assez de cette perte de foi, ou bien nous résignons-nous ?

Certes, nous avons raison d’insister aujourd’hui sur l’amour de Dieu qui a envoyé son Fils pour sauver et non pour condamner. Nous avons raison de miser sur l’amour plutôt que sur la crainte et la peur. D’ailleurs, c’est aussi ce que faisait le curé d’Ars.

En outre, les hommes sont libres d’adhérer ou non à la foi et au salut ; ils réclament hautement cette liberté, et l’Église aussi veut que leur démarche soit libre de contraintes extérieures, étant sauve l’obligation morale pour chacun de chercher la vérité et d’y adhérer, d’agir selon sa conscience.

Enfin, Dieu lui-même est libre de ses dons. La conversion est une grâce. Dans l’encyclique Dominum et vivificantem j’ai montré que seul l’Esprit Saint fait prendre conscience de la gravité du péché, du drame de la perte du sens de Dieu, et donne le désir de la conversion.

Mais notre amour des hommes ne peut se résigner à ce qu’ils se privent du salut. Nous n’avons pas prise directement sur la conversion des âmes. Mais nous sommes responsables de l’annonce de la foi, de la totalité de la foi, et de ses exigences. Nous devons inviter nos fidèles à la conversion et à la sainteté, dire la vérité, avertir, conseiller, et faire désirer les sacrements qui les rétablissent dans la grâce de Dieu. Le curé d’Ars considérait que c’était là un ministère redoutable, mais nécessaire : " Si un pasteur reste muet en voyant Dieu outragé et les âmes s’égarer, malheur à lui ". On sait avec quel soin il préparait ses homélies dominicales et ses catéchèses, avec quel courage il rappelait les exigences de l’Évangile, dénonçait le péché et invitait à réparer le mal commis.

Convertir, guérir, sauver : trois maîtres mots de notre mission. Le curé d’Ars s’est montré vraiment solidaire de son peuple pécheur : il a tout fait pour arracher les âmes à leur péché, à leur tiédeur, pour les ramener à l’amour.

 

Les diacres associés aux prêtres au service du peuple de Dieu

Et vous, chers diacres, mes entretiens de ce matin vous concernent de près, puisque vous êtes les collaborateurs de l’ordre sacerdotal. Je ne puis évoquer votre charge sans penser à l’attitude de Jésus le jeudi saint : il se lève de table, lave les pieds de ses disciples, et, au oment où il institue l’eucharistie, il indique le service des autres comme la voie royale. Diacres permanents, l’évêque vous associe aux prêtres par une ordination qui vous met pour toujours au service du peuple de Dieu d’une façon qui vous est propre. L’Église compte beaucoup sur vous, notamment pour annoncer la Parole et catéchiser, pour préparer aux sacrements, pour administrer le baptême et donner la sainte communion, pour présider à la prière de la communauté en certaines circonstances, pour assurer d’autres services d’Église et surtout porter le témoignage de la charité en maints secteurs de la vie sociale. Je suis heureux de vous bénir et de bénir vos familles.

La seule question décisive que Jésus pose à chacun d’entre nous, à chaque pasteur, est celle posée à Pierre : " M’aimes-tu, m’aimes-tu vraiment ? "

Alors chers frères, n’ayez pas peur ! Si le Seigneur nous a appelés dans son champ, il est avec nous par son Esprit. Séminaristes, prêtres, diacres, laissons-nous entraîner par l’Esprit en Église.

 

En particulier dans la pastorale familiale (EA Familiaris consortio, 22 nov. 1981)

Le premier responsable de la pastorale familiale dans le diocèse est l’évêque. Comme père et pasteur, il doit être particulièrement soucieux de ce secteur, sans aucun doute prioritaire, de la pastorale. Il doit lui consacrer intérêt, sollicitude, temps, personnel, ressources.

Les évêques sont aidés en particulier par les prêtres dont la tâche - comme l’a expressément souligné le synode - constitue une partie essentielle du ministère de l’Église à l’égard du mariage et de la famille. On doit dire la même chose des diacres auxquels sera éventuellement confiée la charge de ce secteur pastoral.

Leur responsabilité s’étend non seulement aux problèmes moraux et liturgiques, mais aussi aux problèmes de caractère personnel et social. Ils doivent soutenir la famille dans ses difficultés et ses souffrances, en se tenant aux côtés de ses membres, en les aidant à voir leur vie à la lumière de l’Évangile. Il n’est pas superflu de noter que, dans cette mission, exercée avec le discernement qui convient et un véritable esprit apostolique, le ministre de l’Église puise un nouveau stimulant et de nouvelles énergies pour sa propre vocation et pour l’exercice même de son ministère.

Préparés à cet apostolat en temps utile et de façon sérieuse, le prêtre et le diacre doivent se comporter constamment, au regard des familles, comme des pères, des frères, des pasteurs et des maîtres, en les aidant avec le secours de la grâce et en les éclairant avec la lumière de la vérité. Leur enseignement et leurs conseils devront donc être toujours en pleine consonance avec le magistère authentique de l’Église, de manière à aider le peuple de Dieu à se former un sens exact de la foi à appliquer ensuite à la vie concrète. Cette fidélité au magistère permettra aussi aux prêtres de veiller avec grand soin à maintenir l’unité dans leurs façons de juger, afin d’éviter aux fidèles des troubles de conscience.

Les pasteurs et les laïcs participent dans l’Église à la mission prophétique du Christ : les laïcs, en témoignant de la foi par la parole et par la vie chrétienne -, les pasteurs, en discernant dans ce témoignage ce qui est expression de foi authentique et ce qui correspond moins à la lumière de la foi ; la famille, en tant que communauté chrétienne, grâce à sa participation spéciale et à son témoignage de foi. Ainsi s’établit un dialogue entre les pasteurs et les familles.

 

Les évêques invités à encourager les vocations au diaconat permanent - A des évêques du Chili, 10 mars 1989

(ORf 17)

Votre sollicitude pastorale doit arriver à tous, car vous êtes " des docteurs authentiques " et des " hérauts de la foi ", accompagnant le message chrétien du témoignage de vos vies. Je sais bien que vous n’avez pas toujours un nombre suffisant de prêtres pour vous occuper convenablement des communautés. Mais comment ne pas sentir le manque d’assistance religieuse dans les zones périphériques des grandes villes et dans les zones éloignées des campagnes. Je vous invite donc à faire de grands efforts pour arriver à ces brebis dispersées et sans bergers : encouragez les groupes de prière et particulièrement la prière du saint rosaire, dévotion si enracinée sur votre continent et si féconde pour la vie chrétienne ; faites tout votre possible pour établir des lieux de culte, qui, même par leur simplicité favorisent e recueillement et l’esprit d’adoration ; encouragez les vocations au diaconat permanent, afin que leur ministère puisse suppléer dans la mesure du possible au manque de prêtres. A ce propos, je vous encourage à suivre avec une sollicitude particulière la formation des diacres, qui doit être solide et soignée car eux aussi " participent à la mission et à la grâce du Souverain Prêtre " . C’est pourquoi, par la sélection attentive des candidats, ceux qui sont appelés au diaconat permanent doivent recevoir une préparation doctrinale, spirituelle et pastorale qui soit à la hauteur des devoirs qui leur seront confiés.

 

L’appel vient de Dieu - A Santiago, 1er avril 1987

(ORf 15)

" Frères, considérez votre appel " (1 Cor 1, 26).

Par ces paroles, l’apôtre Paul invitait les chrétiens de Corinthe à une réflexion sur la signification de leur propre vocation. Par ces paroles, je désire également commencer aujourd’hui, chers prêtres, religieux, diacres et séminaristes, vous invitant à méditer sur le don que chacun de vous a reçu en étant appelé par Dieu, afin que vous reconnaissiez une fois de plus la grandeur de votre vocation et que vous soyez remplis de reconnaissance envers celui qui a fait en vous de grandes choses.

" Il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés ". Voyez-vous mes frères, le point de départ que l’apôtre veut mettre en valeur : l’insuffisance de nos ressources humaines, le peu de valeur de nos dispositions pour la mission que le Christ a confiée aux ministres de son Église. Cependant, cette réalité même, la prise de conscience lucide de l’indignité personnelle nous situe - par attitude évangélique - " plus proches " de l’élection divine et souligne ultérieurement le caractère surnaturel et gratuit de l’appel dont nous avons été l’objet. Oui, frères bien-aimés, Dieu nous a choisis non pour nos mérites mais en vertu de sa miséricorde.

En effet, " c’est par lui que vous êtes dans le Christ Jésus qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification et rédemption, afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie, qu’il se glorifie dans le Seigneur ".

C’est pourquoi le don surnaturel que nous avons reçu doit nous porter à nous glorifier seulement et exclusivement dans le Christ. Celui qui a conscience de n’être rien, peut découvrir que le Christ est tout pour lui, que dans le Christ se trouve la seule source de sa véritable existence et cette glorification dans le Christ constitue précisément le trait caractéristique qui révèle la véritable humilité personnelle et l’abandon qui en résulte, sans réserves, de soi-même à Dieu et aux frères. Si, au contraire, nous nous croyions sages, autosuffisants, supérieurs, nous serions dans l’erreur et notre travail serait stérile car il se sert de " ce qui dans le monde est sans naissance. et ce que l’on méprise et ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin qu’aucune chair n’aille se glorifier devant Dieu ".

 

Une pastorale de la primauté du Christ

Nous remercions " le Père qui nous a mis en mesure de partager le sort des saints dans la lumière ". Par ce remerciement adressé au Père et par l’attitude humble et soumise que nous rappelait saint Paul il y a un instant, vous contemplez à présent votre aptitude. C’est la conséquence d’avoir été arrachés par le Christ à la puissance des ténèbres et d’avoir été transférés dans le royaume de son Fils bien-aimé, obtenant ainsi " la rédemption, la rémission des péchés, car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix ".

Dans le Christ, tout le mal a déjà été vaincu ; la mort a été tenue en échec jusque dans sa racine même qui est le péché. Le Christ est descendu jusqu’au plus profond du coeur de l’homme avec l’arme la plus puissante : l’amour qui est plus fort que la mort. De cette manière, les chrétiens - et plus encore nous, les ministres de Dieu - nous n’avançons pas dans l’histoire d’un pas incertain. Nous pouvons le faire puisque nous avons été arrachés " au pouvoir des ténèbres " ; nous avançons dans la juste voie, " dans le sort des saints dans la lumière ". Cependant, quelles que soient les incertitudes qui peuvent nous induire en erreur, quelles que soient les tentations à caractère personnel ou sur l’efficacité de notre mission et ministère, elles peuvent être surmontées grâce à cette perspective merveilleuse d’union au Christ, par laquelle nous pouvons tout car elle est notre victoire définitive. En lui se trouve le principe et la racine de notre victoire personnelle ; en lui, nous trouvons la force nécessaire pour vaincre n’importe quelle difficulté car le Seigneur est pour nous " sagesse, justice, sanctification et rédemption ".

Mes très chers, le Christ est vivant ! Il vit aujourd’hui et opère puissamment dans l’Église et dans le monde. Et nous, nous avons été appelés à opérer en son nom et à le représenter au nom de la personne du Christ. Nous annonçons aux hommes leur salut, nous célébrons sacramentellement son propre culte rédempteur, nous enseignons à accomplir ses commandements. Le Christ est vivant aujourd’hui et il poursuit sans cesse son oeuvre rédemptrice dans l’Église.

Il nous faut considérer également que notre ministère est destiné à arracher les hommes " à la puissance des ténèbres " et à les transférer au " royaume de son Fils bien-aimé " par " la rédemption et le pardon des péchés ".

Vous comprendrez que je vous invite à réaliser une pastorale que nous pourrions appeler " de la primauté du Christ sur tout ". Nous devons conduire l’homme au Christ Rédempteur de l’homme. En lui il y a tout, en lui se trouve la plénitude ; en lui, le mal a déjà été vaincu. Pour cela, notre message est toujours chargé d’espoir, de paix, de confiance et de sérénité. Par le ministère de la Parole de Dieu, nous nous adressons à la conscience de chacun pour qu’il s’ouvre au Christ et nous l’éclairons de la doctrine du Maître : la même que nous étudions, méditons et appliquons à nos propres vies.

 

Responsabilité des diacres

Maintenant, je m’adresse à vous tout spécialement, diacres permanents et séminaristes. Avec tous mes frères en l’épiscopat, je vous dis que l’Église du Chili met en vous une espérance particulière. Je voudrais que dans cette confiance, vous voyiez aussi un appel à la responsabilité. C’est le Christ qui vous a appelés ! Le pape et les évêques remercient Dieu avec vous, du don de votre vocation qu’il fait à son Église et nous essayerons de vous aider, afin que votre oui au Christ soit total.

Ne négligez à aucun moment votre préparation spirituelle ; développez-la harmonieusement avec les autres aspects de votre formation. Aimez l’étude qui est un instrument indispensable du ministère pastoral et faites de celle-ci, chers séminaristes, un aliment de la méditation personnelle ; pratiquez une piété solide et forte ; soyez dociles et sincères dans la direction spirituelle ; invoquez la Vierge Marie, Mère du Grand Prêtre éternel, afin qu’elle guide, comme mère, vos pas vers le sacerdoce.

A présent, je voudrais rappeler à tous, avec les mots de saint Luc qu’" il advint, comme il était quelque part à prier, que lorsqu’il eut cessé, un des disciples lui dit : "Seigneur, apprends-nous à prier" ". Ils avaient vu Jésus recueilli, en prière, et ils éprouvèrent le désir profond de l’imiter. L’exemple du Maître réveilla chez les disciples le besoin de parler au Père. Moi aussi, de cette cathédrale de Santiago, je désire adresser ma demande, au nom de tous : " Seigneur, apprends-nous à prier ! Montre-nous l’efficacité de la prière ! Nous aussi, nous voulons suivre ton exemple ! "

Oui, mes frères bien-aimés, il faut que nous sachions ménager chaque jour un peu de temps pour nous recueillir en un dialogue personnel avec Dieu. Ce dialogue est indispensable pour notre ministère, parce que les ministres, comme dit le décret Presbyterorum Ordinis, " en cherchant le meilleur moyen de transmettre aux autres ce qu’ils ont contemplé, goûteront plus profondément l’incomparable richesse du Christ " et " la sagesse de Dieu en sa riche diversité ". En effet, comment pourrions-nous les faire connaître si nous ne les connaissons pas ? Comment pourrions-nous susciter chez les fidèles un amour ardent pour Dieu si nous-mêmes ne sommes pas unis à lui par un lien continuel vital ?

Dans la lettre que j’ai envoyée à tous les prêtres l’an dernier, à l’occasion du jeudi saint, je proposais l’exemple du saint curé d’Ars, les invitant à méditer sur notre sacerdoce à la lumière de la vie de ce modèle de pasteur. Je voudrais vous rappeler maintenant ce que j’ai écrit à cette occasion : " La prière était l’âme de sa vie, une prière silencieuse, contemplative, la plupart du temps dans son église au pied du tabernacle. A travers le Christ, son âme s’ouvrait aux trois personnes divines auxquelles il consacra "sa pauvre âme". Il maintint une union constante avec Dieu au milieu d’une vie extrêmement occupée. Et il ne négligea jamais ni l’office divin ni le rosaire. Il se tournait spontanément vers la Vierge ".

 

Les merveilles de Dieu dans l’Église

" Mon âme exalte le Seigneur " (Lc 1, 46).

De cet admirable Cerro San Cristobal, que couronne l’image de Marie Immaculée et dans le contexte de son chant du Magnificat, je ne puis m’empêcher de sentir comme le Tout-Puissant continue de faire de grandes choses merveilleuses, en vous tous qui, comme pierres vivantes, constituez la réalité de cette Église.

J’élève mon chant de louange au Seigneur pour les prêtres qui, grâce à leur dévouement généreux, rassemblent la famille de Dieu en communauté de prière et la conduisent à Dieu le Père par l’intermédiaire du Christ et de l’Esprit. Je loue le Seigneur pour les diacres chez lesquels, grâce à leur ministère si appréciable, se reflètent particulièrement les paroles de Jésus qui affirme qu’il vient pour servir et non pour être servi, car leur mission est un auxiliaire efficace pour l’action pastorale des évêques et des prêtres. Je loue le Seigneur pour les religieux et les religieuses qui, par leur consécration au service du prochain, sont signe et anticipation des promesses du Royaume des Cieux.

 

CONCLUSION

 

L’espérance de l’Église

(A Lima au Pérou, 14 mai 1988, ORF 23)

A présent, je m’adresse plus spécialement à vous, diacres permanents, pour vous dire que l’Église du Pérou met une espérance particulière dans votre dévouement et votre consécration totale. Remerciez Dieu pour la grandeur de votre vocation et éprouvez à chaque instant la responsabilité de répandre le message du salut par une vie de service désintéressé des hommes.

(Aux évêques du Pacifique, 28 octobre 1988, ORF 46)

Je voudrais aussi rendre grâce avec vous pour le ministère des diacres permanents dans vos Église locales : ils se consacrent généreusement au service de la Parole de Dieu, de la liturgie et de la charité.

(A Prague, 21 avril 1990, ORf 17)

L’activité pastorale qui souffre du manque de prêtres pourra recevoir une aide précieuse du ministère des diacres permanents, que vous entendez opportunément introduire dans votre Église en tenant compte des expériences déjà accomplies en d’autres Églises à cet égard.

(A Mexico, 12 mai 1990, ORf 25)

Je voudrais aussi encourager les diacres permanents à se dévouer généreusement pour les communautés qu’ils servent comme disciples du Seigneur Jésus. Soyez toujours d’authentiques maîtres de la Parole et de l’exemple.

(A Montevideo, 31 mars 1987, ORf 14)

Et vous, bien-aimés diacres permanents et séminaristes, sachez que vous êtes la belle espérance de l’Église toujours jeune. Je suis certain que vous ne la trahirez pas.

 

APPENDICE : LE DIACRE DANS LE NOUVEAU CODE DE DROIT CANONIQUE (1983)

 

L’ordre sacré du diaconat

Can. 1008 - Par le sacrement de l’ordre, d’institution divine, certains fidèles sont constitués ministres sacrés par le caractère indélébile dont ils sont marqués ; ils sont ainsi consacrés et députés pour être pasteurs du peuple de Dieu, chacun selon son degré, en remplissant en la personne du Christ Chef les fonctions d’enseignement, de sanctification et de gouvernement.

Can. 1009 - § 1. Les ordres sont l’épiscopat, le presbytérat et le diaconat.

§ 2. Ils sont conférés par l’imposition des mains et la prière consécratoire que les livres liturgiques prescrivent pour chacun des degrés.

Can. 1012 - Le ministre de l’ordination sacrée est l’évêque consacré.

Can. 1015 - § 1. Chacun sera ordonné au presbytérat et au diaconat par son évêque propre, ou en ayant de lui des lettres dimissoriales régulières.

Can. 1016 - Pour l’ordination au diaconat de ceux qui ont l’intention de se faire inscrire dans le clergé séculier, l’évêque propre est l’évêque du diocèse dans lequel le candidat a son domicile, ou celui du diocèse au service duquel il a décidé de se mettre ; pour l’ordination des clercs séculiers au presbytérat, c’est l’évêque du diocèse auquel le candidat a été incardiné par le diaconat.

 

Conditions requises

Can. 1024 - Seul un homme baptisé reçoit validement l’ordination sacrée,

Can. 1025 - § 1. Pour que la collation des ordres du presbytérat ou du diaconat soit licite, il est requis que le candidat, après la probation exigée par le droit, possède les qualités voulues, au jugement de l’évêque propre ou du supérieur majeur compétent, qu’il ne soit retenu par aucune irrégularité ni aucun empêchement, et qu’il ait rempli les conditions préalables selon les can. 1033-1039 ; en outre, les documents dont il s’agit au can. 1050 auront été réunis, et l’enquête prévue au can. 1051 aura été faite.

§ 2. De plus, il est requis qu’au jugement de son supérieur légitime, le candidat soit considéré comme utile pour le ministère de l’Église.

Can. 1026 - Pour que quelqu’un soit ordonné, il faut qu’il jouisse de la liberté voulue ; il est absolument interdit à quiconque, de quelque manière et pour quelque raison que ce soit, de contraindre quelqu’un à recevoir les ordres, ou d’en détourner quelqu’un qui est canoniquement idoine à les recevoir.

Can. 1027 - Les aspirants au diaconat et au presbytérat recevront une préparation soignée, selon le droit.

Can. 1028 - L’évêque diocésain ou le supérieur compétent veillera à ce que les candidats, avant d’être promus à un ordre, aient été dûment instruits de ce qui concerne cet ordre et ses obligations.

Can. 1029 - Seront seuls promus aux ordres ceux qui, au jugement prudent de l’évêque propre ou du supérieur majeur compétent, tout bien pesé, ont une foi intègre, sont animés par une intention droite, possèdent la science voulue, jouissent d’une bonne réputation et sont dotés de moeurs intègres, des vertus éprouvées et des autres qualités physiques et psychiques en rapport avec l’ordre qu’ils vont recevoir.

Can. 1030 - A moins d’une cause canonique, même occulte, l’évêque propre ou le supérieur majeur compétent ne peut interdire l’accession au presbytérat aux diacres qui sont ses sujets et qui s’y destinent, restant sauf le droit de recours selon le droit.

Can. 1031 - § 1. Le presbytérat ne sera confié qu’à ceux qui ont vingt-cinq ans accomplis et qui jouissent d’une maturité suffisante, en observant en outre un intervalle d’au moins six mois entre le diaconat et le presbytérat ; ceux qui se destinent au presbytérat ne peuvent être admis au diaconat qu’à partir de vingt-trois ans accomplis.

§ 2. Un candidat au diaconat permanent qui ne serait pas marié, ne doit pas y être admis, s’il n’a pas au moins vingt-cinq ans accomplis ; un candidat qui est marié ne doit pas y être admis s’il n’a pas au moins trente-cinq ans accomplis, et sans le consentement de son épouse.

§ 3. Les conférences des évêques ont la liberté de fixer une règle selon laquelle un âge plus avancé est requis pour le presbytérat et le diaconat permanent.

§ 4. La dispense de plus d’un an concernant l’âge requis selon les § 1 et 2 est réservée au Siège apostolique.

Can. 1032 - § 1. Les aspirants au presbytérat ne peuvent être promus au diaconat qu’après avoir accompli la cinquième année du cycle des études de philosophie et de théologie.

§ 2. Une fois achevé le cycle des études et avant d’être promu au presbytérat, le diacre participera à la charge pastorale, en exerçant son ordre, pendant un temps convenable à déterminer par l’évêque ou le supérieur majeur compétent.

§ 3. L’aspirant au diaconat permanent ne sera promu à cet ordre qu’après avoir accompli le temps de formation.

Can. 1033 - Seul est licitement promu aux ordres celui qui a reçu le sacrement de confirmation.

Can. 1034 - Un aspirant au diaconat ou au presbytérat ne sera pas ordonné s’il n’a pas d’abord, par le rite liturgique de l’admission, obtenu de l’autorité dont il s’agit aux can. 1016 et 1019 son inscription parmi les candidats, après sa demande préalable écrite et signée de sa propre main, et acceptée par écrit par la même autorité.

§ 2. Celui qui a été agrégé par des voeux à un institut clérical n’est pas tenu d’obtenir cette admission.

Can. 1035 - § 1. Avant d’être promu au diaconat, permanent ou transitoire, il est requis d’avoir reçu et exercé pendant un temps convenable les ministères de lecteur et d’acolyte.

§ 2. Entre la collation de l’acolytat et celle du diaconat, il y aura un intervalle d’au moins six mois.

Can. 1036 - Pour pouvoir être promu au diaconat ou au presbytérat, le candidat remettra à l’évêque propre ou au supérieur majeur compétent une déclaration écrite et signée de sa propre main, par laquelle il atteste qu’il recevra l’ordre sacré spontanément et librement et qu’il se consacrera pour toujours au ministère ecclésiastique, demandant en même temps d’être admis à recevoir l’ordre.

Can. 1037 - Celui qui doit être promu au diaconat permanent en n’étant pas marié, et de même celui qui doit être promu au presbytérat ne seront pas admis à l’ordre du diaconat s’ils n’ont pas, selon le rite prescrit, publiquement devant Dieu et devant l’Église, assumé l’obligation du célibat, ou s’ils n’ont pas émis les voeux perpétuels, dans un institut religieux.

Can. 1038 - Le diacre qui renonce à être promu au presbytérat ne peut pas être empêché d’exercer l’ordre qu’il a reçu, à moins qu’il ne soit retenu par un empêchement canonique ou une autre cause grave que le jugement de l’évêque diocésain ou du supérieur majeur compétent devra apprécier.

Can. 1039 - Tous ceux qui doivent être promus à un ordre suivront des exercices spirituels pendant au moins cinq jours, à l’endroit et de la manière fixés par l’Ordinaire ; l’évêque, avant de procéder à l’ordination, sera informé de ce que les candidats ont suivi ces exercices comme il convient.

Can. 1050 - Pour que quelqu’un puisse être promu aux ordres sacrés, les documents suivants sont requis :

1) une attestation des études dûment accomplies, selon le can. 1032 ;

2) s’il s’agit d’ordinands au presbytérat, une attestation de la réception du diaconat ;

3) s’il s’agit de candidats au diaconat, une attestation de baptême et de confirmation, ainsi que de la réception des ministères dont il s’agit au can. 1035 ; de plus, une attestation de la déclaration dont il s’agit au can. 1036, ainsi que, si l’ordinand qui doit être promu au diaconat permanent est marié, une attestation de la célébration du mariage et du consentement de l’épouse.

 

Le ministère de la Parole de Dieu

Can. 756 - § 1. En ce qui concerne l’Église tout entière, la charge d’annoncer l’Évangile est confiée principalement au pontife romain et au collège des évêques.

§ 2. En ce qui concerne l’Église particulière qui lui est confiée, chaque évêque y exerce cette charge en tant qu’il y est le modérateur de tout le ministère de la parole ; parfois cependant quelques évêques exercent conjointement cette charge pour plusieurs Églises à la fois, selon le droit.

Can. 757 - Il appartient en propre aux prêtres, en tant qu’ils sont les coopérateurs des évêques, d’annoncer l’Évangile de Dieu ; sont principalement tenus par ce devoir à l’égard du peuple qui leur est confié les curés et les autres prêtres qui ont reçu charge d’âmes ; il appartient aussi aux diacres d’être au service du peuple de Dieu par le ministère de la parole, en communion avec l’évêque et son presbyterium.

Can. 762 - Comme le peuple de Dieu est d’abord rassemblé par la Parole du Dieu vivant qu’il est tout à fait juste d’attendre de la bouche des prêtres, les ministres sacrés, dont un des principaux devoirs est d’annoncer à tous l’Évangile de Dieu, auront en haute estime la charge de la prédication.

Can. 763 - Les évêques ont le droit de prêcher la parole de Dieu partout y compris dans les églises et oratoires des instituts religieux de droit pontifical, à moins que l’évêque du lieu ne l’ait expressément défendu dans des cas particuliers.

Can. 764 - Restant sauves les dispositions du can. 765, les prêtres et les diacres ont partout la faculté de prêcher, qu’ils exerceront avec le consentement au moins présumé du recteur de l’église, à moins que cette faculté n’ait été restreinte ou enlevée par l’Ordinaire compétent, ou qu’une autorisation expresse ne soit requise par une loi particulière.

Can. 765 - Pour prêcher aux religieux dans leurs églises ou oratoires, l’autorisation du supérieur compétent selon les constitutions est requise.

Can. 767 - § 1. Parmi les formes de prédication l’homélie, qui fait partie de la liturgie elle-même et est réservée au prêtre ou au diacre, tient une place éminente ; au cours de l’année liturgique, les mystères de la foi et les règles de la vie chrétienne y seront exposés à partir du mystère sacré.

 

Droits et obligations des diacres permanents

Can. 236 - Les aspirants au diaconat permanent seront formés à nourrir leur vie spirituelle et ils seront instruits à remplir dûment les devoirs propres à leur ordre, selon les dispositions de la conférence des évêques :

1) les jeunes gens passeront trois années dans une maison appropriée, à moins que pour des raisons graves l’évêque diocésain n’en ait décidé autrement ;

2) les hommes d’âge mûr, célibataires ou mariés, seront formés selon un programme de trois ans tel qu’il est déterminé par la même conférence des évêques.

Can. 276 - § 1. Dans leur conduite, les clercs sont tenus par un motif particulier à poursuivre la sainteté, puisque consacrés à Dieu à un titre nouveau par la réception du sacrement de l’ordre, ils sont les dispensateurs des mystères de Dieu au service de son peuple.

§ 2. Pour être en mesure de parvenir à cette perfection :

1) tout d’abord, ils rempliront fidèlement et inlassablement les obligations du ministère pastoral ;

2) ils nourriront leur vie spirituelle à la double table de la Sainte Écriture et de l’eucharistie ; les prêtres sont donc instamment invités à offrir chaque jour le sacrifice eucharistique ; quant aux diacres, ils participeront quotidiennement à la même oblation ;

3) les prêtres ainsi que les diacres qui aspirent au presbytérat sont tenus par l’obligation de s’acquitter tous les jours de la liturgie des heures selon les livres liturgiques propres et approuvés ; et les diacres permanents s’acquitteront de la partie fixée par la conférence des évêques ;

4) ils sont tenus également de faire les retraites spirituelles, selon les dispositions du droit canonique ;

5) ils sont exhortés à pratiquer régulièrement l’oraison mentale, à fréquenter assidûment le sacrement de pénitence, à honorer la Vierge Mère de Dieu d’une vénération particulière et à utiliser les autres moyens de sanctification, communs ou particuliers.

Can. 281 - § 3. Les diacres mariés qui se dévouent entièrement au ministère ecclésiastique méritent une rémunération leur permettant de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille ; mais ceux qui, en raison d’une profession civile qu’ils exercent ou ont exercée, reçoivent une rémunération, pourvoiront à leurs besoins et à ceux de leur famille avec ces revenus.

Can. 284 - Les clercs porteront un habit ecclésiastique convenable, selon les règles établies par la conférence des évêques et les coutumes légitimes des lieux.

Can. 285 - § 1. Les clercs s’abstiendront absolument de tout ce qui ne convient pas à leur état, selon les dispositions du droit particulier.

§ 2. Les clercs éviteront ce qui, tout en restant correct, est cependant étranger à l’état clérical.

§ 3. Il est interdit aux clercs de remplir les charges publiques qui comportent une participation à l’exercice du pouvoir civil.

§ 4. Sans la permission de leur Ordinaire, les clercs ne géreront pas des biens appartenant à des lacs ni des charges séculières comportant l’obligation de rendre des comptes ; il leur est défendu de se porter garant, même sur leurs biens personnels, sans avoir consulté leur Ordinaire propre ; de même, ils s’abstiendront de signer des effets de commerce par lesquels ils assumeraient l’obligation de verser de l’argent sans motif défini.

Can. 286 - Il est défendu aux clercs de faire le négoce ou le commerce par eux-mêmes ou par autrui, à leur profit ou à celui de tiers, sauf permission de l’autorité ecclésiastique légitime.

Can. 287 - § 1. Les clercs s’appliqueront toujours et le plus possible à maintenir entre les hommes la paix et la concorde fondée sur la justice.

§ 2. Ils ne prendront pas une part active dans les partis politiques ni dans la direction des associations syndicales, à moins que, au jugement de l’autorité ecclésiastique compétente, la défense des droits de l’Église ou la promotion du bien commun ne le requièrent.

Can. 288 - Les diacres permanents ne sont pas tenus aux dispositions des can. 284, 285, § 3 et 4, 287, § 2, à moins que le droit particulier n’en dispose autrement.

Can. 1087 - Attendent invalidement mariage ceux qui sont constitués dans les ordres sacrés.