COMMUNAUTÉ
SAINT-MARTIN
ET FORMATION
PERMANENTE DES PRÊTRES
(source : cf. Sacrum
ministerium 2/96, pp. 87-91)
La Communauté
Saint-Martin est une Association Publique Cléricale de droit pontifical, érigée
à Gênes le Dimanche du Bon Pasteur 1979, et qui a pour finalité de faire vivre à ses
membres le sacerdoce diocésain selon une forme de vie commune telle qu’elle est
recommandée par le Concile Vatican II. De ce fait, elle se met au service
pastoral des évêques diocésains. Son érection comprend la mission de former ses membres - et tous les candidats
aux ordres que les Ordinaires seraient à même de lui confier - faisant d’eux un
corps mobile préparé au ministère diocésain ou à toutes autres missions plus
particulières confiées par les évêques (PO 10). De nombreux fidèles, laïcs ou
clercs, lui sont encore associés en participant aux buts et aux œuvres de la
communauté, tant sur le plan matériel que spirituel.
Communauté
Saint-Martin et formation à la vie commune
La vie commune des
prêtres a été fort encouragée par le Concile Vatican II: «Pour donner au
soin des âmes sa pleine efficacité, la vie commune des prêtres, de ceux
surtout qui sont attachés à la même paroisse, est instamment recommandée; elle
favorise l'action apostolique et offre aux fidèles un exemple de chanté et
d'unité» (Christus Dominus n. 30). Dans l'exhortation apostolique Pastores
Dabo Vobis (PDV), le Pape Jean Paul II écrit: «Toutes les formes de
"fraternité sacerdotale" approuvées par l'Église sont utiles pour la
vie spirituelle et aussi pour la vie apostolique et pastorale» (n. 81).
Dans son Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, la
Congrégation pour le Clergé a également souligné cet aspect de la vie
sacerdotale: «Une manifestation de cette communion est aussi la vie commune
favorisée depuis toujours par l'Eglise, récemment encouragée par les documents
du Concile Vatican H et le Magistère postérieur... Parmi ses différentes
réalisations (maison commune, table commune, etc.), on doit retenir comme la
plus importante la participation communautaire à la prière liturgique» (n.
29).
Mais si l'on
reconnaît toujours plus aujourd'hui son opportunité et ses bienfaits pour la
vie du prêtre, l'expérience prouve que la vie commune entre prêtres ne
s'improvise pas et qu'elle exige une formation adéquate et dûment
proportionnée.
C'est pourquoi la
formation sacerdotale, pour laquelle la Communauté St-Martin a reçu mission de
l'Église, est commandée, outre les directives générales de la ratio des
séminaires, par cette spécificité communautaire.
Nul doute par
conséquent que la dimension "vie commune", avec ses exigences,
entrera pour partie intégrante dans la formation permanente de nos prêtres.
D'ailleurs, la Congrégation pour le Clergé met précisément cette vie commune au
nombre des conditions les plus favorables à la formation des prêtres, surtout
dans les premières années de leur ministère, sachant que le jeu des nominations
et les urgences pastorales entraîneront souvent par la suite, pour les prêtres
diocésains, une dispersion, voire un isolement: «Ceci facilitera les
entretiens et discussions avec l'évêque, et avec les confrères, la prière
commune (liturgie des Heures, concélébration et adoration eucharistique,
chapelet, etc.), l'échange d'expériences, l'encouragement réciproque, la naissance
de bons rapports d'amitié» (Directoire n. 82).
Actuellement, la
Communauté St-Martin comprend une Maison de Formation à Candé sur Beuvron, dans
le diocèse de Blois, et oeuvre par petites communautés pour le compte des
juridictions suivantes: Gênes, Fréjus-Toulon, Orléans, Tours, Blois, Rome,
Ordinariat militaire, Service diplomatique au Liban, en Bosnie, Sées, Chartres,
sans compter quelques ministères au nom du diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg.
Voici donc comment, forts des indications du Magistère, nous envisageons la
formation permanente de nos prêtres.
Il est tout à fait
significatif que le Pape Jean Paul II, dans son exhortation apostolique Pastores
Dabo Vobis, ait voulu placer la formation permanente des prêtres sous le
signe de la recommandation de S. Paul à Timothée, de raviver le don que Dieu
avait déposé en lui (cf. 2 Tm 1,6): «Les paroles de l'Apôtre Paul à Timothée
peuvent ajuste titre s'appliquer à cette formation permanente à laquelle tous
les prêtres sont appelés en vertu du "don de Dieu" reçu à
l'ordination. Ces paroles nous amènent à saisir toute la vérité et
l'originalité de la formation permanente des prêtres» (n. 70).
C'est dire que la
formation du prêtre est de soi une réalité permanente, au sens de quotidienne:
c'est dire aussi qu'elle est d'abord une réalité de grâce et donc de vie
spirituelle. Le don de l'ordination correspond à l'appel, si
exhaustivement défini par l'évangéliste Marc: « Il en institua douze
pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher» (Me 3, 14).
La formation
permanente du prêtre puise donc sa source dans la fréquentation assidue du
Christ-Jésus par les moyens habituels de la vie spirituelle. On comprendra
ainsi combien la vie commune est en cela un puissant adjuvant. L'Office
célébré en commun, au moins pour les Heures principales de Laudes et Vêpres,
l'oraison quotidienne assumée ensemble, et la Messe de Communauté, là où c'est
possible, constituent le premier ressourcement quotidien. Les exigences de ces
exercices de communauté permettent à chacun de ne jamais céder à la pression
des urgences, d'acquérir le recul nécessaire par rapport aux multiples
activités du ministère et d'être mieux disponibles aux requêtes des fidèles
comme prêtres, c'est-à-dire avant tout comme des hommes de l'Eucharistie et des
hommes de prière, «pris d'entre les hommes et établis pour intervenir en
faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu» (He 5, 1), selon ce
verset de l'épître aux Hébreux que le Pape Jean Paul II considérait récemment
comme «la meilleure définition de l'identité du prêtre» (Discours de
Jean Paul II pour le 30° anniversaire de Presbyterorum Ordinis du 27
octobre 1995).
La formation du
prêtre n'en doit pas moins avoir une dimension humaine: «Car le prêtre doit
grandir dans le contact quotidien avec les autres et dans le partage de leur
vie de chaque jour; il doit approfondir la sensibilité humaine...» (PDV n.
72). Là encore la vie commune est une aide significative. D'abord, le partage
de la vie commune — maison 'commune, table commune... — avec un minimum de
participation concrète aux tâches de la vie domestique, permet de mieux
prendre conscience de la vie quotidienne des hommes dont nous avons la charge
et ainsi de grandir dans l'attention concrète à l'autre qui doit caractériser
l'humanité du prêtre, "l'homme pour tous". Dans ce domaine des relations
humaines, l'expérience de la fraternité sacerdotale contribue à construire
toujours davantage l'équilibre affectif du prêtre, là où des relations trop
étroites avec les fidèles risqueraient de le mettre en péril, sans compter
qu'alors le prêtre pourrait glisser insensiblement d'une donation à tous à une
disponibilité sélective.
Le fait d'assumer une
responsabilité pastorale à plusieurs, en démultipliant les forces et en
favorisant une meilleure répartition des tâches, permet encore d'assumer un
ministère de proximité plus grande, où le prêtre peut ne pas se cantonner
au cultuel strict et a davantage le loisir de prendre part à la vie des
gens, aux grandes étapes sacramentelles et aux grandes heures de leur vie
personnelle et familiale — baptême, mariage, maladie, mort, multiples
rencontres sur le terrain... Dans ce ministère de proximité, la disponibilité
du prêtre, par des permanences au presbytère ou au confessionnal, tient
évidemment une place privilégiée: c'est là que l'homme livre le plus facilement
son coeur et confie sa vie, c'est là qu'il recherche le plus dans le prêtre
l'oreille attentive et bienveillante et la parole du Salut!
Formation
intellectuelle continue
Pour ce qui est de la
formation intellectuelle, nous sommes aidés par le fait que la plupart des
prêtres de la Communauté, grâce aux grades académiques obtenus, participent à
l'enseignement des diverses disciplines ecclésiastiques, dans notre Maison de
Formation. Cette tâche d'enseignement aide les professeurs qui, mis à part les
permanents, sont tous en paroisse, à approfondir leurs études, par une mise à
jour continuelle.
En outre, comme nous
l'avons déjà éprouvé pour nos diacres permanents, nous prévoyons d'organiser
des sessions d'approfondissement intellectuel pour les prêtres qui n'ont pas
charge d'enseignement. Nous avons essayé de constituer un périodique annuel de
notre "École de théologie", intitulé "Les cahiers de
Saint-Martin", pour permettre, entre autres, de partager le fruit de nos
travaux et de nos enseignements avec tous les prêtres et diacres de la
Communauté, en particulier ceux qui ne participent pas à l'enseignement à
Candé, afin de leur proposer des pistes de réflexion. L’essai, à transformer,
est un excellent instrument de formation permanente. On s'oriente de
préférence vers des sujets, sans doute à même de susciter un débat théologique,
mais susceptibles aussi de prolongements dans le ministère pastoral. Dans ce
sens, chaque article devrait proposer une petite bibliographie permettant de
poursuivre la réflexion par quelques pistes de travail. On y ajoute un certain
nombre de recensions ou de notes de lectures de certains articles et ouvrages
récemment parus, auxquels tous n'ont pas forcément un accès facile.
Si la formation
intellectuelle a pour but de faire grandir le prêtre dans l'acquisition de la
pensée du Christ et de l'Église, dans le "sentire cum Ecclesia", on
voit combien l'aspect communautaire de cette formation est profitable pour
réaliser cette unité d'orientation doctrinale et morale à laquelle les fidèles
ont droit de la part de leurs prêtres. C'est aussi le moyen de parfaire l'unité
des membres de la Communauté, autour des préoccupations plus spécifiques qui
nous rassemblent et qui ont motivé la reconnaissance canonique faite à notre
Association d'agir au nom de l'Église.
Formation
pastorale et exercice du ministère en commun
Quant à la
formation pastorale, elle est aussi grandement facilitée par la vie commune
qui en constitue précisément pour nous la modalité spécifique: l'exercice du
ministère en commun et le partage de la vie commune permettent de prendre part
concrètement aux soucis pastoraux les uns des autres, d'échanger couramment sur
nos expériences respectives, tant à bâtons rompus, qu'à l'occasion de réunions
organisées périodiquement; devant un cas difficile, il est toujours profitable
de recourir au soutien ou aux conseils des frères avec qui l'on partage la "cura
animarum". Tout cela crée une ambiance d'échange permanent qui
s'exprimera à travers des attitudes communes de vie ecclésiale et pastorale.
Mais parce que nous
sommes insérés, par le ministère, dans un presbyterium diocésain, nos
prêtres ont aussi à coeur de profiter de la formation permanente organisée au
niveau des diocèses. Toujours utiles au plan des liens à tisser avec les
confrères avec qui nous collaborons nécessairement sur le terrain de la
mission, ces sessions ont un intérêt particulier au plan des réalités
pastorales abordées, nécessitant un consensus plus large que celui de la
Communauté, tant au plan local qu'au plan national ou universel.
marc aillet
Curé à
Saint-Raphaël
Renseignements pratiques :
Fondateur et modérateur général : Mgr Jean-François
Guérin
Responsable de la maison de formation : Abbé
Jean-Marie Le Gall
Économe général : Abbé Pascal-André Dumont
53 rue du Château – BP 34
41120 Candé-sur-Beuvron
tél : 0033.2.54.52.48.10
fax : 0033.2.54.52.48.19