ORIENTATIONS SUR L'EDUCATION

AU CELIBAT SACERDOTAL

ROME 1974

 

 

 

SACREE CONGREGATION POUR L'EDUCATION CATHOLIQUE

 

 

PRESENTATION

 

 

Sa Sainteté le Pape Paul VI, en écrivant l'Encyclique " Sacerdotalis caelibalus ", a voulu " remettre en lumière, en termes plus adaptés à la mentalité contemporaine, les raisons profondes du célibat sacré " (n. 16) ; se préoccupant aussi d'assurer, à ceux qui auraient choisi le sacerdoce, une éducation appropriée à cet état de vie, il ordonna " que des instructions soient publiées au plus tôt, dans lesquelles le thème sera traité avec toute l'ampleur qui s'impose et en faisant appel à la collaboration d'experts, de manière à fournir une aide qualifiée et opportune à ceux qui ont dans l'Eglise la très lourde charge de former les futurs prêtres " (n. 61).

Le présent document se propose de répondre à cette volonté du Saint Père.

Le retard apporté à sa publication s'explique d'abord par le scrupule qu'on a eu, suivant les directives mêmes de l'Encyclique, de solliciter le concours d'un nombre suffisant d'experts; ensuite par la difficulté même du sujet, qui a requis plusieurs refontes successives importantes pour tenir compte de toutes les observations utiles; enfin par le souci qu'on a eu de soumettre le projet au jugement des Conférences Episcopales et de le remanier d'après leurs vœux.

L'actualité et l'opportunité du document, qui reste d'ailleurs - à cause de son caractère spécifique - en dehors des discussions théoriques sur le célibat, n'ont rien perdu de leur urgence.

Quant à l'esprit du document, il est suffisamment défini par le texte lui-même, par son titre et par son introduction. La formation au célibat est évidemment commandée et réglée avant tout par l'amour du Christ qui est à la source d'un tel engagement: sans cette charité portée à un haut degré, le célibat perd toute signification.

Cependant le sens et l'exercice du célibat sont conditionnés par des éléments humains de tout genre qu'il est indispensable de mettre en lumière et dont il serait grave plus que jamais de ne pas tenir compte.

La Sacrée Congrégation pour l'Education Catholique, à laquelle revenait le soin de préparer ce document, est heureuse de l'offrir aux Evêques et à tous les responsables, dans l'espoir que cette contribution au labeur difficile des formateurs de prêtres, sur un point délicat et fondamental, sera bien accueillie, consciencieusement méditée et, avec la grâce de Dieu, utilement mise en œuvre pour le bien de l'Eglise.

Rome, du Palais de la S. Congrégation, jeudi saint 2 avril 1974.

 

G. M. Card. GARRONE, Préfet

U J. SCHRÔFFER, Secrétaire

 

 

 

 

PREAMBULE

 

 

1. Nature et raison d'être de ces orientations

La présente contribution fournit non des " normes ", mais des " orientations " générales sur l'éducation au célibat sacerdotal ; orientations qui sont substantiellement valables pour toutes les conditions sociales, qui ont pourtant besoin d'une pédagogie pour être mises en pratique dans les diverses situations. Elle répond à une indication précise de l'encyclique " Sacerdotalis caelibatus ", qui a souhaité la publication d'instructions spéciales pour aider comme il convient ceux qui ont dans l'Eglise la lourde charge de préparer les futurs prêtres à vivre le célibat sacerdotal.1

Le document s'insère dans la vie actuelle de l'Eglise et a pour but la formation au célibat consacré, comme don de l'Esprit, librement accueilli; en aucune manière il n'entend porter atteinte à la valeur des conditions de vie et du système d'éducation en usage dans les Eglises orientales.

Le célibat consacré est un " don précieux " que Dieu fait avec libéralité à ceux qu'il appelle; ceux-ci néanmoins ont le devoir de créer les conditions humaines les plus favorables à la fructification de ce don.2 Aussi est-ce le devoir des éducateurs d'aider leurs élèves à apprécier le don du célibat, à être disposés à l'accueillir, à discerner sa présence et à l'affirmer dans leur vie.

2. Objet spécifique de ces orientations

L'éducation de la sexualité — quel que soit l'état (mariage ou célibat) auquel le sujet aspire — est un problème difficile et délicat, surtout dans l'actuel contexte socio-culturel. Ce problème acquiert en outre un relief particulier dans la formation intégrale des candidats à la vie de consécration à Dieu.

Comme le souligne le Synode des Evêques de 1971, "dans le monde actuel, des difficultés particulières menacent de toutes parts le célibat. Du reste, au cours des siècles passés, les prêtres les ont éprouvées plus d'une fois ".3 En fait, " il faut reconnaître que le célibat ne peut être gardé en tant que don de Dieu si le candidat n'y est pas préparé de façon adéquate ".4

La formation au célibat consacré représente un devoir inéluctable pour les éducateurs tant de la communauté familiale et paroissiale que de la communauté du séminaire, car c'est sur eux que repose en grande partie la responsabilité de la formation des candidats à la vie ecclésiastique.

Le problème de la formation au célibat est examiné ici principalement sous l'aspect humain à la lumière des sciences de l'éducation; mais on n'oubliera jamais que ce problème ne peut être résolu simplement au plan naturel. Si bonnes que soient les dispositions des candidats et dévoués les soins des éducateurs, il est hors de discussion que l'apport de la grâce reste fondamental et irremplaçable, quand on se souvient des affirmations catégoriques de l'Ecriture à ce sujet (Ps 126; Mc 4, 26-29; 10,27; Lc 1, 37; Jn 15, 5; 1 Co 3, 6; Ga 5, 22-23; Ph 4,13) et que demeure aussi irremplaçable la fidèle observance des " règles d'ascèse garanties par l'expérience de l'Eglise et non moins nécessaires dans les circonstances actuelles ".5

Les jeunes doivent se convaincre qu'ils ne pourront suivre leur difficile cheminement sans une ascèse particulière, plus grande que celle qui est demandée aux autres fidèles, propre aux aspirants au sacerdoce.6

Dès les années du séminaire qu'ils apprennent à s'appliquer avant tout à nourrir, avec tout l'amour inspiré par la grâce, leur intimité avec le Christ en en explorant le mystère inépuisable; qu'ils acquièrent un sens toujours plus profond du mystère de l'Eglise, hors duquel leur état de vie risquerait de leur apparaître sans consistance ni valeur.7

3. Motifs d'une mise à jour continue

Le problème a toujours existé, mais il a pris une particulière importance et une plus vive urgence de nos jours à cause de facteurs et de motifs nombreux, parmi lesquels on signalera particulièrement ceux-ci :

— Le célibat sacerdotal est vécu selon des modalités diverses qui varient avec l'évolution de l'histoire. Il doit être un témoignage de salut offert aux hommes selon leurs exigences spirituelles actuelles.

— Les sciences humaines, en particulier la pédagogie, la psychologie et la sociologie, sont en continuel approfondissement et vont à la recherche de nouvelles méthodologies, tant théoriques que pratiques.8

— Le séminariste lui-même manifeste une nouvelle sensibilité psychologique: il tend toujours davantage à refuser les liens conventionnels pour s'insérer dans l'humain comme les autres, réclamant le maximum quant au choix et à l'engagement libres, dans l'ouverture intérieure aux idéaux évangéliques.

En réponse à tout cela, l'œuvre éducative s'appliquera à rechercher une mise à jour personnelle continue et à lire les signes des temps dans la communauté humaine et chrétienne d'aujourd'hui.

Cette mise à jour périodique nécessaire s'impose à toutes les institutions humaines qui proclament des valeurs éternelles et ne sont pas des expressions de vérité purement relative. Les valeurs sacerdotales, justement parce qu'éternelles et impérissables, doivent être reçues dans le contexte d'une Eglise en marche vers le Seigneur ressuscité; elles demandent à être exprimées dans des formes adaptées au temps présent. Aussi l'éducateur fera-t-il en sorte d'amener à aimer les mêmes valeurs sacerdotales, mais dans les modalités propres de notre temps.

4. Adaptation aux conditions des églises locales

L'éducation au célibat connaîtra sans aucun doute des adaptations non seulement par rapport aux civilisations ou aux époques, mais aussi par rapport aux conditions des églises locales. La diversité du milieu ecclésial conduit à vivre dans une perspective psychologique et anthropologique propre, et à témoigner de l'Evangile d'une manière correspondante. L'éducation du séminaire, pour être responsable, doit refléter et rechercher les orientations éducatives davantage adaptées au milieu local, selon les normes données par les Conférences épiscopales, puisque, par analogie avec le sacerdoce, le célibat sacerdotal est aussi une consécration à Dieu pour le peuple au service duquel le prêtre est envoyé.9

Ces orientations, fournies pour l'époque actuelle, n'entendent pas diminuer les responsabilités des églises locales en matière d'éducation; au contraire, elles tiennent à rappeler que c'est à ces communautés ecclésiales que revient une recherche sur leurs exigences spirituelles, sur le style de vie ecclésiastique convenable, sur les tâches d'éducation et de témoignage du séminaire local qui semblent opportunes. Chaque presbyterium doit découvrir le dessein de Dieu à travers la méditation de la Parole du Seigneur appliquée à ses propres situations concrètes.10

5. Adaptation aux conditions individuelles

La présente contribution offre ses suggestions pédagogiques en parties distinctes qui se déroulent successivement. L'éducateur voudra bien les prendre dans une vision globale d'ensemble; il voudra bien ensuite ne pas oublier que, nonobstant les grandes différences bio-psychologiques et socio-culturelles existant entre les divers candidats à la vie sacerdotale, il reste cependant toujours vrai que le problème de la sexualité se présente substantiellement identique pour tous, indépendamment de leurs conditions spécifiques de vie.

Ce caractère universel du problème suggère des orientations générales de solution, mais engage en même temps à rechercher les méthodes d'application adaptées aux exigences de chacun, et à résoudre les difficultés d'orientation et de choix quand se rencontrent de profondes différences individuelles de type normal, et surtout en présence d'authentiques anomalies ou de vraies déviations de la personnalité.

Ces orientations concernent l'éducation des personnes normales, comme doivent l'être les candidats à la vie sacerdotale. Dans des conditions plus ou moins déviantes, des interventions spécialisées et des solutions adéquates seront nécessaires; mais dans ces cas-là c'est un devoir d'indiquer clairement aux candidats que l'état ecclésiastique n'est pas fait pour eux.

 

 

 

PREMIERE PARTIE

LE CELIBAT

DANS LA VIE SACERDOTALE D'AUJOURD'HUI

 

 

6. Conditions de vie authentiquement chrétienne

Mariage et célibat sont deux états de vie authentiquement chrétienne. Tous deux sont des modes de réalisation spécifique de la vocation chrétienne.11

Le célibat pour le Royaume des cieux (Mt 19, 12) est un don fait par Jésus-Christ à son Eglise. Ce n'est pas un charisme qui appartienne essentiellement et exclusivement au sacerdoce; ce n'est donc pas une vocation nécessaire et unique du prêtre. Il peut être vécu, dans l'Eglise, par des groupes de personnes qui sont appelées, sous des formes diverses, à l'expérience des vertus évangéliques.

Le célibat constitue donc un signe qui s'insère à la place qui lui revient parmi les autres valeurs évangéliques. En tant que choisi et vécu pour le Royaume des cieux, il est lié étroitement aux autres vertus évangéliques de pauvreté et d'obéissance. En effet, ces vertus, prises dans leur ensemble, sont intimement liées entre elles et complémentaires l'une de l'autre, et expriment une existence totalement insérée dans l'Evangile.

 

I. LE CELIBAT CONSACRE DANS LA VIE DE L'EGLISE

7. Signification du sacrement de l'Ordre

Les sacrements du Baptême et de l'Ordre font participer, dans le Mystère pascal du Seigneur, au sacerdoce du Christ.

L'Ordre est une participation au Christ prêtre en tant que " Tête " de l'Eglise; il confère le sacerdoce ministériel qui présente une différence essentielle et non seulement de degré avec le sacerdoce commun conféré par le Baptême;12 il établit les prêtres " ministres ", c'est-à-dire représentants du Christ comme Tête de l'Eglise et participants de l'autorité par laquelle lui-même construit, sanctifie et gouverne son Corps mystique.13

Les prêtres, " par l'onction du Saint-Esprit, sont marqués d'un caractère spécial qui les configure au Christ prêtre ".14 Comme le Christ et dans sa charité, ils sont envoyés pour le salut du Peuple de Dieu; ils sont appelés à orienter les hommes, au moyen de la communauté ecclésiale fondée sur la Parole de Dieu et l'Eucharistie, vers une vie dans l'esprit du Christ toujours plus étendue et plus profonde, pour témoigner toujours davantage de sa résurrection.

8. Le sacerdoce et les vertus évangéliques

Les vertus évangéliques s'inscrivent à la fois comme impératifs et comme grâces dans la consécration sacerdotale. Le candidat au sacerdoce, en se consacrant au Christ prêtre, en assume les engagements évangéliques, prolongeant la mission même du Christ et lui rendant témoignage par une vie évangélique.

Le sacerdoce ministériel exige cette forme particulière d'amour qu'est la charité pastorale, par laquelle le prêtre tend à donner toute sa vie pour le salut des autres; et il l'exige justement en tant qu'il la donne. Les vertus évangéliques sont précisément au service de cette charité pastorale.

S'il est vrai que tout chrétien est consacré à Dieu dans le Christ et est au service de ses frères, il n'est pas moins vrai que la consécration à Dieu dans le sacerdoce exige une participation plus généreuse et plus complète, qui trouve précisément dans la pratique des vertus évangéliques la réponse la plus adéquate à l'idéal de perfection sacerdotale.

9. Nature spécifique du célibat consacré

Le célibat a une valeur positive évidente comme disponibilité totale à l'exercice du ministère sacerdotal et comme moyen de consécration à Dieu sans que le cœur soit partagé; il a valeur de signe, de témoignage de l'amour presque paradoxal pour le Royaume des cieux.

A propos du fondement du célibat, on lit dans les conclusions du Synode rappelé que " le célibat des prêtres est en pleine concordance avec l'appel à suivre le Christ comme apôtre, et aussi avec la réponse inconditionnelle de celui qui est appelé à assurer le service pastoral ".15 On y fait également remarquer que, "si le célibat est vécu dans l'esprit de l'Evangile, dans la prière et la vigilance, avec pauvreté, joie, mépris des honneurs, amour fraternel, c'est un signe qui ne peut demeurer longtemps caché: il annonce efficacement le Christ même aux hommes de notre temps ".16

Le célibat transcende les voies communes et implique un engagement personnel total. Il ne se conserve que par la collaboration à la grâce de Dieu; plus qu'une loi ecclésiastique, le célibat doit être compris comme une " qualification ", à laquelle est conférée la valeur d'une offrande publique devant l'Eglise.

Le célibat est donc une offrande, une obligation, un véritable sacrifice de caractère public plus que personnel: ce n'est pas une simple renonciation au sacrement qu'est le mariage, pour le Royaume des cieux. " Le candidat doit estimer que cette forme de vie ne lui est pas seulement imposée de l'extérieur, mais plutôt qu'elle est l'expression de sa libre donation, acceptée et ratifiée par l'Eglise par l'intermédiaire de l'évêque ".17

10. Le célibat dans la perspective apostolique

II est hors de doute que Jésus-Christ a présenté à tous ses disciples les plus hautes exigences pour se mettre à sa suite. Dans ce contexte il a demandé des dispositions plus profondes encore de ceux qu'il a appelés à la tâche apostolique. Pierre, André, Jacques, Jean ont tout laissé pour suivre le Christ (Mc 1, 16-20), lequel exalte le célibat embrassé pour le Royaume des cieux (Mt 19, 12). L'Apôtre Paul vécut ce radicalisme évangélique et l'estima comme un don divin qui permet de mieux se vouer au Seigneur d'un cœur sans partage.

Ainsi par le célibat est renforcée dans les ministres de l'Eglise la disponibilité à l'œuvre de l'Evangile, la capacité de leur témoignage est augmentée et ils conservent la liberté pour contester toute oppression. Dans le célibat se trouve une admirable participation à la " kénose " qui fut la voie du Christ dans son Mystère pascal.

Greffé sur la vie sacerdotale, le célibat, sans être absolument nécessaire ni à l'existence ni à l'exercice du sacerdoce, lui convient à ce point qu'il en illumine la nature- et en favorise l'action. Il réalise éminemment les dimensions de consécration à Dieu, de configuration au Christ, de donation à l'Eglise, qui sont des caractéristiques propres du sacerdoce; il exprime l'idéal que- le caractère sacerdotal tend à promouvoir.

II. Le célibat dans la perspective eschatologique

Le célibat tend à manifester et à renforcer la charité même du prêtre, à perfectionner et, d'une certaine manière, à anticiper la vie future de charité ressuscitée dans le Christ, à laquelle conduit le sacerdoce.18

Par le célibat embrassé et vécu pour le Royaume des cieux, le prêtre répond à l'appel à une configuration au Christ et anticipe le monde futur, déjà présent au moyen de la foi et de la charité. Une telle consécration constitue ainsi un signe de l'espérance eschatologique, un signe prophétique de la réalité future, quand tous les hommes, unis en Christ par son Esprit, ne vivront que pour la louange du Père.

Chaque chrétien a d'ailleurs le devoir de rendre témoignage dans le monde à la chanté du Christ, et toute la vie chrétienne (du martyre à la vie religieuse, du sacerdoce à la vie conjugale) apparaît marquée du caractère eschatologique.

Ce n'est pas, à proprement parler, le célibat qui confère le sens eschatologique au sacerdoce. Celui-ci le possède déjà par lui-même, comme le possèdent, par eux-mêmes et de manière complémentaire, tous les autres états ou vocations de vie chrétienne. Toutefois le célibat sacerdotal est en consonance avec le sens eschatologique du sacerdoce, et sous certains aspects, le renforce subsidiairement et particulièrement;19 il lui donne la possibilité de s'identifier plus pleinement avec la parfaite charité du Christ ressuscité.20

 

 

2. LE CELIBAT SACERDOTAL DANS LA VIE ACTUELLE

12. Problématique du célibat sacerdotal

Certains, aujourd'hui, se demandent si on ne pourrait pas être un bon prêtre sans vivre dans l'état de célibataire. Evidemment, le célibat sacerdotal, en introduisant un choix bien particulier dans la vie, humaine et chrétienne, implique le sacrifice de certains biens. On peut penser que l'état matrimonial, dans certaines situations, pourrait d'une certaine manière faciliter davantage l'accès à la vocation sacerdotale et, qui sait, favoriser chez certains prêtres un équilibre affectif humain plus profond. Ceci n'empêche pas, pourtant, que le célibat, en lui-même, est plus approprié à la mission sacerdotale et que le renoncement qu'il implique peut se traduire en charité rédemptrice.

Il n'y a pas d'état ou de vocation qui ne comporte le renoncement à certaines valeurs, non seulement parce que ce sont des vocations vécues par des créatures humaines, mais aussi parce que la grâce du Mystère pascal du Seigneur doit pouvoir s'y répandre.

Savoir s'il convient d'unir le célibat au ministère sacerdotal ou de consentir que l'un soit disjoint de l'autre en certains cas, ne constitue pas simplement un choix disciplinaire: c'est une décision pastorale de gouvernement ecclésiastique qui ne peut se baser exclusivement ni sur la seule lumière de la foi ni sur une pure enquête sociologique, mais doit résulter de la fusion harmonieuse des deux éléments.21 L'approfondissement des valeurs sacerdotales communiquées par une foi vive, et la réflexion sur l'expérience sacerdotale sont co-déterminantes.

13. Motivations du célibat

En exigeant le célibat, l'Eglise a des motivations profondes, qui sont basées sur l'imitation du Christ, la fonction de représentant du Christ Tête de la communauté, la disponibilité de service comme moyen indispensable pour édifier continuellement l'Eglise.22 Celle-ci n'est pas mue par des raisons de " pureté rituelle " ou par l'idée que ce n'est qu'au moyen du célibat qu'on peut atteindre la sanctification.

Parmi les motivations présentées au cours de l'histoire pour justifier le célibat sacerdotal, il peut y en avoir dont le temps a révélé la caducité; mais cela ne doit pas conduire à nier la convenance entre célibat et sacerdoce, car c'est une expérience vivante de l'Eglise, moins liée à telle ou telle motivation que bien plutôt à la réalité fondamentale du christianisme, à savoir la personne de Jésus-Christ qui fut en même temps vierge et prêtre.23

Dans le sens proposé par l'Eglise, le célibat n'est pas un élément externe, impersonnel; il est partie intégrante de la vie et du ministère sacerdotal. Initialement c'est toujours un don conféré d'en-haut; mais un don qui doit imprégner la vocation sacerdotale en en devenant une composante on ne peut plus importante et qualificative.

14. Nature du rapport célibat-sacerdoce

La convenance entre célibat et sacerdoce apparaît toujours davantage à mesure qu'on met en lumière l'aspect christologique, ecclésiologique et eschatologique du célibat. Aussi le 2e Concile du Vatican parle-t-il de " multiples convenances " en se référant à la consécration et à la mission du prêtre dans le cadre du mystère du Christ et de l'Eglise.24 Le Synode susmentionné réaffirme la loi en vigueur sur le célibat " à cause de la cohérence intime, aux multiples aspects, entre la charge pastorale et la vie dans le célibat ".25

Le prêtre est le représentant de la personne du Christ, député par son ordination non seulement à la tâche d'édification du Peuple de Dieu par le ministère de la Parole et de l'Eucharistie, mais aussi à la manifestation, d'une manière unique et sacramentelle, de l'amour fraternel, servant ainsi également la cause de l'édification du Royaume.

Quand Jésus proposait aux Apôtres de tout quitter, cela visait certes à une plus grande disponibilité pour l'avènement du Règne, mais comportait aussi la perspective d'entrer dans la communion apostolique où l'on peut établir de profondes et bénéfiques relations interpersonnelles.

Le célibat sacerdotal est une communion au célibat du Christ. La nouveauté du sacerdoce chrétien participe intimement à la nouveauté du Christ,26 car une vue de foi domine tout le déroulement des raisons qui militent en faveur du célibat consacré dans sa signification christologique, ecclésiologique et eschatologique.27

Le prêtre, en participant à l'unique sacerdoce du Rédempteur, a aussi en lui " le modèle direct et l'idéal suprême " qui, précisément parce que suprême, est logiquement ouvert à tous les héroïsmes, aux conquêtes les plus ardues.28 D'où l'ardent désir de reproduire, dans l'exercice du sacerdoce, l'état et le sort même du Seigneur par une ressemblance aussi parfaite que possible avec lui.29

15. Difficultés actuelles du célibat sacerdotal

Le célibat sacerdotal ne semble pas favorisé par l'ambiance sociale actuelle.30 Les idées sont en processus radical de révision et la société n'agit certainement pas en faveur de la stabilité de la vocation, bien au contraire. Tout cela fait que le célibat est particulièrement exposé à la crise. Il semble aujourd'hui, pour certains, faire partiellement obstacle à la mission sacerdotale de se mettre au service des humbles et des pauvres. Le prêtre désire être inséré dans l'aventure humaine sans privilèges, ni exemptions, ni limitations; il aimerait participer aux expériences fondamentales de l'homme (travail, insécurité, logement, amour, culture, loisirs, etc.); surtout il sent le puissant appel de l'amour humain.

Le célibat sacerdotal, outre qu'aujourd'hui il n'est pas facile à comprendre pour beaucoup, devient particulièrement difficile quand il est vécu par une personne qui se croit lésée dans son autonomie ou méconnue dans ses revendications. Dans une pareille situation, le sujet cherche instinctivement par compensation à se valoriser en réclamant un supplément d'affection même interdite.

La recherche de compensations affectives peut aussi être favorisée par le simple fait que les femmes, avec lesquelles le prêtre est en rapport par son ministère, sont portées à se confier à lui, dont en outre l'état célibataire inspire la confiance; parfois elles recherchent auprès de lui un appui masculin. En outre dans une ambiance générale de mixité, la situation est encore rendue plus difficile par les dangers auxquels est exposée la chasteté des candidats, particulièrement dans la société d'aujourd'hui.31

16. Présupposés de l'éducation au célibat

Le célibat, considéré dans la perspective concrète d'aujourd'hui, met en évidence la nécessité de faire épanouir la maturité affective et, en même temps, de faire vivre la continence comme expression de la charité apostolique.32 Une continence, qui n'est pas maîtrisée intérieurement par la charité apostolique n'est en rien évangélique, et ne pourrait d'ailleurs être pratiquée par le consacré qui a choisi le célibat pour vivre et communiquer la charité ecclésiale de manière plus intense et plus originale.

Le célibataire, mûr affectivement et spirituellement, ne se sent pas sous la contrainte de la loi canonique extérieure, ni ne juge les précautions nécessaires comme des prescriptions imposées de

l'extérieur.

La chasteté dans le célibat n'est pas tant un tribut payé au Seigneur qu'un don reçu de sa miséricorde. Celui qui entre dans cet état de vie doit avoir conscience qu'il ne se charge pas seulement d'un fardeau, mais que surtout il reçoit une grâce libératrice.

Le but de la formation du séminaire est de préparer un homme mûr, responsable, un prêtre parfait et fidèle. Mais les conditions actuelles du monde ne facilitent pas une telle maturation et une telle perfection; cette situation socio-ambiante négative impose par conséquent une responsabilité personnelle accrue chez les candidats au sacerdoce; c'est à eux-mêmes, en effet, que revient finalement la tâche d'épanouir pleinement leur vocation.

 

 

 

DEUXIEME PARTIE

BUTS DE L'EDUCATION DU SEMINAIRE

 

 

 

17. Triple élément de l'éducation du séminaire

Une pédagogie éclairée du célibat sacerdotal tiendra compte des buts auxquels doit conduire l'éducation du séminaire: corrélativement se préciseront les instances et les caractéristiques de la formation au célibat sacerdotal; il sera alors possible de passer à l'indication d'orientations éducatives opportunes.

L'éducation du séminaire a la tâche de former des pasteurs d'âmes, selon l'exemple de Notre Seigneur Jésus Christ, Maître, Prêtre et Pasteur.33 Cette visée éducative présuppose et implique que dans les élèves soit promue simultanément la formation de l'homme, du chrétien et du prêtre.34 Aussi y a-t-il trois buts pour un programme d'éducation des candidats au sacerdoce, qui correspondent à l'exigence de former des personnalités intégralement humaines, chrétiennes et sacerdotales.

Par conséquent les activités éducatives doivent toujours pleinement respecter des rapports équilibrés entre ces trois niveaux de formation, sans prépondérance de l'un aux dépens des autres, sans dissocier le niveau chrétien de l'humain, ni le niveau sacerdotal du niveau chrétien.

Dans cette triple composante d'une formation humano-christiano-sacerdotale il importe de noter la distinction essentielle, qui doit être harmonisée dans l'unité, comme il est nécessaire d'en noter la complémentarité et l'interaction. En effet, si la formation humaine est une condition et un postulat pour vivre en chrétien, la grâce est la force dynamique pour réaliser cette plénitude humaine.

 

I. FORMATION A LA MATURITE HUMAINE

18. Le concept de maturité humaine

Le problème spécifique du célibat sacerdotal s'insère dans le problème fondamental de la maturité affective du candidat, voire même en celui plus vaste et essentiel de la maturité psychique et morale, ou, plus simplement, de la maturité humaine, comme expression de la personnalité mature caractérisée par l'harmonie de tous ses éléments, par l'intégration de ses tendances et de ses valeurs.

Comme le soulignent les psychologues actuels, la maturité n'est pas une qualité simple; elle a de multiples aspects, et chacun d'eux peut être diversement développé, et doit être par conséquent considéré en particulier, quand il s'agit d'en déterminer les critères d'évaluation. La maturité apparaît donc comme une condition globale qui est qualifiée par un mode typique d'existence, par un style qui échappe en partie à des mesures objectives, mais qui s'impose d'une manière particulière.

La maturité est une réalité complexe et il n'est pas facile d'en faire complètement le tour. Toutefois on convient d'estimer qu'a atteint d'une façon générale sa maturité l'homme qui a réalisé sa vocation d'homme: en d'autres termes, l'homme qui a acquis la capacité aisée et habituelle d'agir librement; qui a intégré l'épanouissement de ses virtualités humaines avec des habitus vertueux; qui a acquis un auto-contrôle facile et habituel de son émotivité, avec l'intégration des forces émotives qui doivent être au service d'une structuration rationnelle ; qui aime la vie communautaire parce qu'il est ouvert au don de soi aux autres; qui s'engage dans un service professionnel avec stabilité et sérénité; qui a la liberté d'examiner, d'inventer et d'élaborer une expérience, c'est-à-dire de transformer les événements afin qu'ils soient fructueux pour l'avenir; l'homme réussi, qui a épanoui comme il faut toutes ses potentialités et ses virtualités surtout humaines.

19. La maturité humaine dans l'éducation

L'éducation humaine vise à ce que le sujet " croisse " dans ses diverses dimensions primaires (éducation physique, intellectuelle, morale, sociale, religieuse) et dérivées (éducation artistique, vocationnelle, au sens d'éducation professionnelle et d'éducation à un rôle social), mais de manière que tout l'ensemble de l'action éducative soit coordonné vers l'ensemble unitaire de la personnalité bio-psycho-sociale du sujet selon son individualité propre et spécifique.

Ce qui fait un homme dont l'éducation est réussie, c'est qu'il veut le bien librement, consciemment et en responsabilité avec toute sa personnalité psychique et spirituelle. Cette maturité spirituelle est présentée par le Concile comme la fin de l'éducation; tous les hommes ont un droit inaliénable d'y être formés.35 A fortiori les élèves des séminaires doivent y être formés, car Dieu appelle l'homme réel, et s'il n'y a pas d'homme il n'y a pas d'appelé.36

La formation permettra donc au candidat de se développer humainement, afin que l'orientation religieuse ne remplace pas l'homme, mais le pénètre et le purifie lentement.

20. La maturité affective de l'homme

II faut atteindre la maturité sous tous ses aspects, y compris naturellement et surtout l'aspect affectif. Le rôle de l'affectivité en effet est considéré comme un élément fondamental de la construction de la personnalité, car elle concourt particulièrement à son intégration dans l'établissement de la relation affective et sexuelle envers l'autre, dans la réalisation responsable par un travail ou une profession, dans le développement de rapports sociaux d'amitié. C'est parce que l'affectivité est considérée comme une dimension fondamentale de la personne que la maturité affective peut être considérée comme une condition indispensable pour un fonctionnement optimum de la personnalité.

Comme aspect de la vie psychique, l'affectivité peut s'entendre de diverses manières: comme ensemble de réactions internes et externes aux exigences de satisfaction, comme capacité d'éprouver des sentiments et des émotions, comme capacité d'aimer, ou comme possibilité de créer des rapports interpersonnels.

Une personnalité bien intégrée sait faire prévaloir la nature rationnelle de l'homme sur les pulsions; au contraire moins une personne est intégrée, plus les pulsions prévalent sur la force de la raison. Aussi une éducation qui veut favoriser dans son sujet un développement intégrant de la personnalité doit lui faire acquérir avant tout la capacité d'une émotivité équilibrée.

Intimement lié au facteur émotionnel, on trouve le problème de l'adaptation, qui consiste à affronter sereinement ses propres problèmes, à prendre ses responsabilités à leur égard, à élaborer des solutions aux difficultés rencontrées; la désadaptation, à l'inverse, amène la prédominance d'une émotivité négative, de facteurs d'hostilité, de dépendance, d'inadéquation sociale et, en même temps, la prédominance de problèmes non résolus.

21. La maturité sexuelle de l'homme

Par rapport à l'affectivité, la " dimension sexuelle " acquiert une particulière importance. Même si on peut l'entendre en divers sens, on ne peut nier le lien étroit entre affectivité et sexualité, et leur interdépendance dans l'intégration de la personnalité. Pour qu'on puisse parler de personne mature, l'instinct sexuel doit dépasser deux formes typiques d'immaturité: le narcissisme et l'homosexualité, et atteindre l'hétérosexualité. Ceci est un premier stade du développement sexuel, mais un second est aussi nécessaire: l'amour doit devenir un don, non la recherche de soi.

La conséquence de ce développement est une conduite sexuelle de niveau proprement " humain ", où le sujet se comprend et s'accepte de manière distincte et élevée, et acquiert une haute idée de soi. On doit considérer la sexualité comme un facteur déterminant de la maturation de la personnalité. La maturité sexuelle représente une étape nécessaire pour atteindre un niveau psychologique adulte. De là la nécessité d'une exacte mise en place de la sexualité dans le cadre total de la personnalité en formation.

On ne pourra arriver à une sexualité mature, avec les caractéristiques dont nous venons de parler, sans conflit, sans renoncements ou sans difficulté. Le sujet en marche vers la maturation devra toujours lutter, car à tout moment il a un choix à faire: précisément entre la satisfaction de certaines tendances souvent opposées.

22. Le problème de la sexualité intégrée

Le problème le plus difficile est celui d'évaluer convenablement la " sexualité intégrée ". Il s'agit de considérer la sexualité comme une des valeurs humaines et non comme quelque chose de négatif, de frustrant pour le développement de la personne. La valeur intrinsèque de la sexualité devra être perçue et acceptée à sa juste place dans l'échelle des valeurs, une place importante comme " valeur d'expression " et comme " facteur d'intégration ".

La sexualité mature comporte non seulement l'acceptation de la valeur sexuelle intégrée dans l'ensemble des valeurs, mais encore la faculté " oblative ", c'est-à-dire la capacité de donation, d'amour altruiste. Quand cette capacité se réalise adéquatement, la personne devient capable de contact spontané, de maîtrise émotionnelle, d'engagement volontaire.

L'aspect oblatif de la sexualité comporte le sentiment d'être " l'un pour l'autre ". C'est pourquoi l'oblativité ne se sépare pas de la réceptivité: la sexualité insère dans une vie de relation, elle exige donc la capacité de donner comme celle de recevoir, la disposition à accueillir l'amour offert, dans une attitude de totale correspondance.

23. L'auto-contrôle perfectif de l'homme

Pour qu'une personne puisse utiliser pleinement ses capacités, elle doit devenir capable d'auto-contrôle. Ce qui est à contrôler c'est le changement continu qui se produit en tout individu et qui prend la forme de désirs, d'impulsions, de pensées et d'habitudes. En ce sens, auto-contrôle signifie auto-discipline, c'est-à-dire une orientation de l'activité mentale et de la conduite qui procure joie, bonheur et bien-être au sujet.

La structure dynamique de la personnalité est caractérisée par des conflits et des tensions internes. La personnalité atteint sa maturité par la composition graduelle et progressive de forces opposées. Il y a conflit entre les idéaux d'une personne et ses tendances; et c'est justement là que l'auto-contrôle est nécessaire si on veut assurer la stabilité, l'adaptation et la réussite de l'individu.

L'auto-contrôle ne signifie pas statisme ou fixité incolore dans son comportement personnel et social. On note dans le psychisme humain une impulsion à un certain dépassement de soi, une force qui tend à dépasser, par une intervention consciente et un effort personnel, le pur développement spontané ou le processus biologique de la croissance. L'homme non seulement croît et se développe, mais, en tant que conscient et libre, il progresse. Cette force intérieure, génératrice de progrès, n'est autre que l'actuation des potentialités toujours nouvelles dans l'homme.

Le processus intégratif de la personnalité se réalise par le consentement répété à la satisfaction de certaines tendances et par la non-satisfaction de certaines autres. En d'autres termes, l'individu réalise une canalisation de ses tendances et de ses potentialités actives. Dans le dynamisme même de l'homme il y a implicitement un " exercice ascétique ", de caractère éminemment positif.

 

2. FORMATION A LA MATURITE CHRETIENNE

24. La dimension chrétienne dans l'éducation

L'éducation chrétienne — à laquelle a droit le chrétien, fils de Dieu par le baptême — doit tendre à aider la personnalité à mûrir elle-même non seulement au sens humain, mais principalement au sens chrétien. La maturité chrétienne se réalise par la croissance graduelle de la foi, dans l'adoration de Dieu comme Père, surtout par le moyen de la participation à la vie liturgique; par la croissance dans la perfection en Christ en concourant à la croissance de son Corps mystique.

Le chrétien, même déjà vivant en Christ, ne se sent jamais suffisamment transformé en son esprit: il doit toujours mener plus à terme la création-rédemption en soi-même, dans les autres hommes et dans les réalités terrestres. Toutefois, on convient d'ordinaire qu'il est possible de vérifier la présence d'une maturité chrétienne. L'éducation au séminaire doit porter à maturité la personnalité chrétienne du candidat.37 La pédagogie se situe donc surtout dans la perspective de l'unité, c'est-à-dire de ce qui est commun, puis dans celle de la différenciation.38 Selon cette remarque, l'éducation des séminaires ne devra pas être mise à part et séparée de l'éducation commune du chrétien; en effet il n'y a pas deux formes d'éducation, mais une seule, fondamentale: celle du chrétien, qui se différencie ensuite selon la vocation propre du laïc et celle du prêtre.

25. La maturité comme exigence de vie chrétienne

La maturité humaine, avant d'être une exigence de l'état sacerdotal, est une exigence élémentaire de la vie chrétienne. L'histoire des prêtres manques est souvent celle d'hommes manques: histoire de personnalités non unifiées, non intégrées, où l'on chercherait en vain l'homme mature et équilibré.

Le christianisme doit être perçu selon sa dimension transcendante, mais aussi selon celle de promotion humaine, surtout aujourd'hui où on est particulièrement sensible à tout ce qui réalise l'épanouissement de la perfection humaine.

La maturité psycho-affective doit être considérée comme le but des efforts personnels et sociaux pour le développement intégral de l'homme, comme la prémisse d'un vigoureux développement surnaturel, à savoir pour arriver à cette maturité de vie chrétienne à laquelle saint Paul exhortait les Ephésiens pour qu'ils atteignent la dimension de " l'homme parfait, dans la force de l'âge, qui réalise la plénitude du Christ" (Ep 4, 13).

L'invitation au plein épanouissement de la personnalité humaine, bien que toujours présente dans les documents du magistère, est devenue récemment particulièrement insistante, en accord avec les conquêtes des sciences humaines.39

26. La maturité affective du chrétien

La maturité affective est grandement aidée par l'éducation chrétienne. En effet, par rapport aux conditionnements de l'affectivité, il ne faut pas seulement considérer les facteurs naturels, mais les repercussions affectives de l'insertion par le baptême dans la vie de Jésus-Christ, d'une existence sous la motion des dons de l'Esprit, d'une vie à l'écoute de la Parole du Seigneur.

Le chrétien vit dans l'Eglise qui est essentiellement une fraternité et une charité " pour communier à la vie, à la charité et à la vérité ";40 étant donc inséré dans la socialité ouverte de l'Eglise, il y trouve les plus grandes ouvertures de l'amour dans la rencontre de Dieu et de ses frères.

Vivant uni à Dieu et au prochain, le chrétien trouvera une paix et une sécurité qui demeurent malgré les troubles éventuels provenant des difficultés des passions. En effet la vie chrétienne ne détruit pas les réactions spontanées de la nature en face du danger, ni les déviations psychiques acquises dans l'enfance ou dérivant d'une éducation religieuse erronée ou mal intégrée.

A ce propos, on notera comment la pédagogie chrétienne peut aider grandement le sujet à accepter positivement sa réalité intime avec son ensemble d'éléments, de potentialités, de lacunes, d'impossibilités. S'accepter soi-même est un présupposé essentiel du processus de maturation personnelle à tous les niveaux; quand au contraire ne se réalise pas cette acceptation, on a des phénomènes de régression qui débouchent souvent sur des comportements anormaux de signification compensatoire.

27. La maturité sexuelle du chrétien

La pédagogie chrétienne a sa vision et son jugement sur la sexualité, selon la Révélation divine. Elle considère la sexualité comme une œuvre de Dieu, comme une réalité qui ne se limite pas au corps, mais touche l'être humain dans sa totalité; une réalité qui a un rôle déterminant dans la maturation de l'homme, de la personnalité physique à la personnalité morale, donc dans le développement de la ressemblance avec Dieu; une réalité qui s'actualise dans une rencontre personnelle. C'est à cause de cette rencontre mutuelle de personne à personne que le rapport sexuel humain se différencie fondamentalement du rapport animal.

Pour la pédagogie chrétienne, l'amour est capacité de s'ouvrir au prochain dans un soutien amoureux, il est dépassement de toute forme d'intérêt égoïste, il est don à l'autre pour le bien de l'autre, il est insertion active dans la vie communautaire. Elle sait aussi que cet amour authentique, vocation de l'homme, peut être vécu soit dans le mariage, soit dans la virginité.

L'achèvement sexuel du mariage n'est pas nécessaire à la formation affective de la personnalité, et le mariage ne réalise pas de lui-même l'épanouissement harmonieux de la personnalité affective. D'autre part, l'homme est capable de sublimer sa sexualité et d'accomplir sa personnalité dans un rapport d'échanges affectifs non sexuels.

La vertu qui règle l'exercice de la sexualité est la chasteté, vertu naturelle, mais qui dans le chrétien devient vertu surnaturelle. La chasteté chrétienne est sanctifiante dans la mesure où elle participe à l'ordre surnaturel. Le dynamisme théologal, donnant une fin nouvelle et supérieure à la vertu de chasteté, en change la nature: 41 c'est un don de Dieu en vertu duquel la volonté devient capable moins de réprimer les désirs sexuels que d'intégrer la pulsion sexuelle dans l'harmonie de la personnalité chrétienne totale.

28. L'auto-contrôle perfectif du chrétien

Le contrôle pour dominer la passion sexuelle est demandé par une exigence de vie spirituelle en Christ (I Co 1, 23). Souffrir avec le Christ signifie mortifier ses passions pour se conformer mystiquement à lui crucifié. Il apparaît impossible de favoriser en même temps la concupiscence et la vie de l'Esprit (Rm 8, 13; I Co 6, 9; Ep 5, 5).

Le Mystère pascal, qui par le baptême est à la racine de la vie chrétienne, exprime de la manière la plus vraie et la plus vivifiante le dynamisme fondamental de l'existence chrétienne, précisément parce qu'il réussit à unir, de manière harmonieuse et féconde, les exigences essentielles de la personne humaine et chrétienne: affirmation de soi dans le don de soi à Dieu et au prochain.

Dans la présente économie du salut, seul le Mystère pascal offre le fondement théologique et psychologique pour une ascèse qui apparaît seule capable de nous rapprocher de l'harmonie originelle de l'homme. Le plan de vie qui nous est révélé par le Mystère pascal unit le " renoncement " à certaines formes de comportement et l'authentique " offrande " de soi dans une unité infrangible, comme la mort du Christ est inséparable théoîogiquement de sa résurrection.

Poussé par l'amour qui grandit sans cesse et dont l'élan ne s'affaiblit pas, on vit l'effort ascétique sans même en soupçonner l'existence; on renonce sans s'apercevoir des renoncements, car on est attiré et fasciné par un idéal plus élevé.

 

3. FORMATION A LA MATURITE SACERDOTALE

29. Formation dans une perspective pastorale

Le trait fondamental de la personnalité sacerdotale, selon le 2e Concile du Vatican, est celui d'un pasteur d'âmes, formé sur le modèle du Christ Maître, Prêtre et Pasteur.42 Comme pasteur, le prêtre doit avoir la capacité de susciter et de diriger la communauté chrétienne; il rend un service dans l'édification de l'Eglise.

L'éducation au séminaire a pour but principal de préparer de vrais pasteurs,43 en entendant par formation pastorale non seulement un aspect ou un secteur de l'éducation parmi d'autres, mais aussi la caractéristique propre de la préparation des prêtres: caractéristique qui doit pénétrer tous les aspects de la formation des candidats.

La personnalité du prêtre-pasteur est donc le sommet vers lequel doit harmonieusement s'orienter toute l'éducation des séminaristes.44 Cela signifie que tous les éléments constituant la structure et le fonctionnement du séminaire doivent être pensés et mesurés pour une efficacité pratique en vue d'obtenir le but indiqué, et que les éducateurs doivent se proposer, comme fin propre de leur action spécialisée, la formation pastorale des séminaristes.

30. Maturité humano-chrétienne du prêtre

La vocation sacerdotale demande la maturité humaine et chrétienne, afin que la réponse à l'appel divin soit basée sur la foi, et soit aussi en mesure de percevoir le sens de la vocation et de ses exigences.

La maturité spécifiquement sacerdotale est à chercher dans ce par quoi le prêtre se différencie du chrétien ordinaire, à savoir dans sa relation unique au Corps du Christ présent dans l'Eucharistie comme principe et source de la communauté ecclésiale du salut, et dans sa mission de salut. Le prêtre est un " homme de Dieu pris parmi les hommes "; sa spiritualité s'appuie sur ces deux pôles: Dieu et les hommes. La relation entre les deux termes n'est pas alternative: ou Dieu ou les hommes, mais unitive: et Dieu et les hommes. Pour être plus étroitement uni aux hommes, le prêtre doit vivre plus profondément uni à Dieu.

Durant le cours de sa formation, le séminariste doit passer de l'immaturité pré-adolescente à la maturité adulte; de la vie chrétienne commune à la maturité chrétienne, c'est-à-dire à la profondeur et à la densité de la vie de foi, d'espérance et de charité en Christ; enfin il doit passer à la maturité sacerdotale, c'est-à-dire à une participation plus intime de la mission prophétique, sanctifiante et pastorale du Christ Prêtre. La maturité sacerdotale inclut et renforce la maturité humano-chrétienne, mais aussi elle la transcende; elle exige de rayonner dans tout le moi humano-chrétien et donc dans la vie affective, sexuelle et active elle-même.

31. La maturité affective du prêtre

Le choix du célibat sacerdotal ne s'oppose pas à l'évolution normale de l'affectivité, il la suppose au contraire: le célibataire est appelé à exprimer une manifestation particulière de la capacité d'aimer. Adulte dans l'amour humain et divin, le prêtre sait prendre une décision responsable par rapport à la manière de vivre l'affectivité, et cela pour toute la vie.

Le célibat choisi " pour le Royaume des cieux ", comme l'est le célibat sacerdotal, est un état d'amour. Il n'est possible qu'à celui qui l'a intégré dans sa vie spirituelle. Il s'agit d'un choix exclusif, définitif et total de l'unique et souverain amour du Christ pour partager plus intimement son sort, dans une logique lumineuse et héroïque d'amour unique et illimité au Christ Seigneur et à son Eglise.45

En vertu de son célibat, le prêtre peut être plus complètement l'homme de Dieu, celui qui s'est laissé entièrement conquérir par le Christ et ne vit que pour lui. L'amour virginal l'invite à être plus totalement possédé par Dieu et par conséquent à le rayonner, à le donner dans toute son intégralité.

L'amour du prêtre pour le prochain doit être caractérisé par une finalité pastorale; il doit s'extérioriser au moyen de la cordialité, indispensable pour rendre les hommes susceptibles d'accepter le soutien spirituel que leur offre le prêtre.

Le prêtre est capable d'amitiés vraies et profondes, particulièrement utiles à son expansion affective quand elles se réalisent dans la fraternité sacerdotale.46

32. La maturité sexuelle du prêtre

Si le célibat comme option personnelle en faveur d'un bien plus important même purement naturel est en mesure de promouvoir la pleine maturation et intégration de la personnalité humaine, cela peut a fortiori se dire du célibat choisi pour le Royaume des cieux, comme il apparaît clairement de la vie de tant de saints et de fidèles, qui, vivant dans le célibat, se consacrent totalement à Dieu et aux hommes pour la promotion du progrès humain et chrétien.47

Le mode exclusif par lequel un candidat choisit le célibat sacerdotal et se lie plus intimement à Dieu, détermine aussi ses devoirs et une donation particulière dans la charité à Dieu dans le Christ. Qui a choisi la virginité en vertu de son être exclusivement voué à participer au sacerdoce du Christ, a comme ligne directrice l'épanouissement dans l'amour de Dieu et du prochain. S'il ne progresse pas dans l'amour, il ne répond pas à sa vocation.

Les virtualités que la paternité naturelle allume dans le cœur de l'homme ont quelque chose de grand et de sublime: esprit altruiste, assomption de lourdes responsabilités, capacité d'amour et de dévouement supérieure à tout sacrifice, expérience concrète et quotidienne des difficultés de la vie, anxiété pour l'avenir, etc.: tout cela est aussi vrai de la paternité spirituelle.

C'est pourquoi le célibat n'est pas pour tous: il demande un appel spécial du Seigneur, et ne laisse pas d'être pour toute la vie un risque et un danger, si par malheur venaient à cesser les battements d'un cœur de père spirituel universel et la donation exclusive au Christ.

33. L'auto-contrôle perfectif du prêtre

L'auto-contrôle perfectif, qui implique un effort constant pour la réalisation de valeurs supérieures, est nécessaire non seulement pour arriver à la maturité affective, mais pour persévérer, empêchant les éventuelles régressions, une fois atteinte une affectivité adulte; c'est un élément irremplaçable de la chasteté humano-chrétienne et sacerdotale, qui doit savoir toujours dominer les sollicitations qui renaissent de manière nouvelle et imprévue.48

Dans la perspective chrétienne d'un auto-contrôle perfectif continu, le célibat sacerdotal apparaît comme offrande au Seigneur durant toute l'existence. La consécration de la continence n'est pas terminée dans le geste isolé de l'ordination sacerdotale, mais elle se renouvelle dans la vigilance toujours nécessaire en face de sympathies, d'amours sensibles et d'affections passionnelles.

Comme l'amour humain, la plénitude d'amour que comporte le célibat demande le renouvellement quotidien dans un renoncement joyeux à soi-même. Ce n'est qu'ainsi que seront dépassées les difficultés qui naissent avec le temps et d'une certaine monotonie dans la vie, ainsi que les résistances de la nature.

Il sera toujours stimulant pour le prêtre de penser que le sacrifice personnel que lui demande son célibat a une fonction ecclésiale; ce sacrifice souligne, en effet, la dimension spirituelle de tout amour digne de ce nom et mérite aux familles chrétiennes la grâce d'une union vraie.49

 

 

 

TROISIEME PARTIE

ORIENTATIONS

POUR LA FORMATION DES SEMINARISTES

 

 

34. Difficultés de la formation

L'éducation à la chasteté touche si directement la sensibilité et le sentiment des jeunes et met en branle tant de processus psychologiques, particulièrement vigoureux et pas encore bien coordonnés, étant donné l'âge de la formation, qu'on peut craindre les réactions les plus inattendues. Ainsi par exemple, chercher à prévenir une déviation alors qu'elle n'existe pas encore, pourrait amener à la provoquer; ou bien, exagérer l'importance de légères déviations en cours d'évolution, pourrait aboutir à en compromettre la disparition et favoriser des complications de type obsessionnel.

D'autre part il s'agit d'éduquer un instinct qui plus qu'aucun autre peut être sujet à déviation, car il est compliqué par la présence de données psychiques. La difficulté naît de sa grande différenciation dans le cadre du même sexe. Si l'éducation sexuelle est difficile dans son évolution normale et dans la préparation au mariage, on comprend aisément, combien plus difficile est l'éducation au célibat sacerdotal.

Personne ne peut prétendre à une solution adéquate et définitive d'une problématique toujours ouverte et difficile à ramener à des paramètres fixes, en tant qu'elle dépend du devenir psychophysique de toute l'existence humaine, des milieux avec leurs sollicitations et leurs conditionnements sociologiques, d'occasions souvent imprévisibles, comme aussi de secours surnaturels difficilement repérables avec certitude et liés à la libéralité divine.

 

I. CRITERES D'ACTION DE L'EDUCATEUR

35. Conscience de la complexité du problème

L'éducateur doit être conscient que de sa manière de percevoir le problème de la formation à la chasteté, de l'interpréter, de le traiter et de le résoudre dépend en grande partie la vie psychique, morale et religieuse de l'homme et du prêtre de demain. Aussi dans les problèmes sexuels et affectifs de l'âge de l'évolution l'éducateur devra-t-il intervenir avec le tact le plus délicat.

Il est nécessaire que l'éducateur soit conscient de toute la complexivité physiologique, psychologique, pédagogique, morale et ascétique du problème. L'idéal du célibat sacerdotal est celui d'une chasteté appréciée, aimée, gardée, solidement possédée et longuement éprouvée: une chasteté qui non seulement résiste au choc de dangers toujours croissants, mais qui soit une flamme de consécration et d'apostolat.

Aussi l'éducation à la chasteté sera-t-elle lumineuse, fondée sur la clarté et non sur des réticences ou des insincérités; positive, orientée surtout à la maturation de la sexualité comme un mode juste et joyeux d'aimer, et non pas seulement à en éviter les transgressions. Elle devra être à la fois complète, systématique et personnalisée, c'est-à-dire adaptée aux individus selon leur développement personnel concret et diversifié.50

Les candidats à la vie sacerdotale pourront surmonter les difficultés propres au célibat si sont mises en jeu les conditions adaptées: l'équilibre humain par une juste insertion dans le tissu des relations humaines, le développement de la vie intérieure par l'oraison, l'abnégation et une ardente charité pour Dieu et le prochain, et les autres secours de la vie spirituelle, la relation fraternelle avec les autres prêtres et avec l'évêque, par une meilleure adaptation dans ce but des structures pastorales et aussi par la confiance dans l'aide de la communauté ecclésiale.51

36. Situations normales et pathologiques

D'une manière générale, la solution des problèmes sexuels devra être basée sur des critères de simplicité, de naturel et de positivité. L'attention se portera sur les conditions générales de la personnalité et non seulement sur des actes particuliers et occasionnels. Ici comme ailleurs les méthodes répressives ont plutôt pour effet de renforcer que d'atténuer la mauvaise habitude ou la déviation sexuelle.

L'éducateur se souviendra que la bonne voie pour faire l'éducation sexuelle des jeunes est de s'adresser à leurs sentiments les plus nobles, de leur faire comprendre que, pour arriver à la maturité, on doit se former un caractère fort, une personnalité bien intégrée, et avoir le contrôle de soi. Il convient de s'appuyer aussi sur le sentiment de fierté, en montrant que certaines déviations sexuelles sont signes d'un manque de développement de la personnalité, sont un résidu d'infantilisme: situations qui sont inacceptables chez qui veut vivre en harmonie avec son idéal et sa dignité d'homme.

L'éducateur ne peut rester indifférent devant les déviations sexuelles de l'âge de l'évolution; mais il doit intervenir de manière positive dans la solution du problème en évitant de le considérer comme un fait isolé. Il devra aider la personnalité toute entière à passer à un niveau supérieur d'intégration en utilisant pour cela les indications fournies par la nature elle-même.

Aujourd'hui il y a beaucoup d'individus en qui se rencontrent de vraies névroses sexuelles qui, si elles ont leur fondement dans une prédisposition constitutionnelle, trouvent néanmoins dans les conditions de la vie moderne une stimulation qui en fait un tourment. C'est en effet le milieu qui fournit ample matière à leur élaboration imaginative. Le problème apparaît particulièrement sérieux à la période de la puberté. L'expérience prouve qu'une direction éclairée peut notablement faciliter le dépassement de la crise et garantir avec plus de sécurité l'expansion intégrale de la personnalité juvénile.

37. Conduite humaine et spirituelle du développement

Le jeune qui s'ouvre à la vie ne peut être abandonné à lui-même: il a besoin de direction, de fermeté dans le jugement, de volonté forte. C'est là que se trouve la difficulté du problème: dans cette personnalité encore incertaine et résistante à la fois, dont la conscience morale porte encore les traits.

Le conseiller doit être plus que respectueux et discret, car toute intervention qui ne répondrait pas à un besoin intime serait rejetée comme une intrusion, une violation de l'intimité personnelle; il doit être comme l'ami qui est là tout proche pour assister dans les heures difficiles, pour conseiller dans les doutes et les incertitudes, pour soutenir aux moments de danger moral, sans jamais faire peser sa parole ni sa présence.

Le jeune veut connaître les problèmes de la vie sexuelle, car il la considère comme une part fondamentale de sa vie. Les interdictions inopportunes, au lieu de retenir, poussent l'individu à ce qui est prohibé. Il s'agit d'amener le sujet à regarder les questions sexuelles comme des questions sérieuses, à respecter la personne humaine et sa valeur incomparable en lui-même et dans les autres.

Dans le traitement des difficultés ou des déviations sexuelles, il sera bon que l'éducateur prenne les précautions suivantes: avant tout ne pas effrayer le sujet pour ne pas créer d'anxiété en lui; éviter, si possible, d'imposer pour ne pas le mettre dans des conditions artificielles ou anormales; toujours éviter d'ironiser sur ce qu'il a confié pour ne pas l'induire à se replier et se renfermer en soi; ne pas dramatiser la situation pour ne pas diminuer la force de se reprendre.

38. Evaluation de l'authenticité de la vocation

Une des orientations éducatives importantes, par rapport à tout le problème de l'éducation au célibat, est d'aider l'individu à prendre conscience de ses inclinations et de ses capacités à dépasser d'éventuelles difficultés liées à l'état de célibataire. Et s'il se rendait compte de ne pas avoir les qualités nécessaires, il faut faire en sorte qu'il sache opérer son choix vocationnel avec conscience, sérieux et courage.52

Les erreurs de discernement des vocations ne sont pas rares, et trop d'inaptitudes psychiques, plus ou moins pathologiques, ne se manifestent qu'après l'ordination sacerdotale. Les discerner à temps permettra d'éviter beaucoup de drames.

La sélection des candidats est une chose à la fois difficile et délicate; elle demande un grand souci de préparation et de réalisation de la part de tous les éducateurs.53 Elle sera faite selon les critères d'un diagnostic adéquat comme la science psychologique permet aujourd'hui de le réaliser, et devra tenir compte, outre le facteur surnaturel, des multiples conditionnements humains.

On peut estimer que les éducateurs bien préparés sont en mesure de vérifier l'authenticité des vocations dans les individus normaux par les critères habituels de sélection. Dans les cas particuliers et, de toute façon, chaque fois que cela paraîtra opportun aux responsables de l'éducation des séminaristes, pour mieux aider les candidats à vérifier leur vocation, il conviendra et parfois même on devra recourir à des remèdes spécifiques: examen psychologique du candidat avant l'entrée en théologie, consultations spécialisées, même de caractère psychothérapeutique, interruption des études ecclésiastiques pour expérimenter un travail professionnel.

39. L'éducation sexuelle, problème des éducateurs

Le but de l'éducation sexuelle est de prendre en considération la sexualité humaine selon la mesure qui lui revient, pour qu'elle soit à sa place parmi les autres éléments éducatifs, dans le cadre d'une éducation intégrale de l'homme. En face d'une méconnaissance ou d'une ignorance de la sexualité, il faut se garder de l'erreur opposée qui tend à la survaloriser en en faisant la dimension unique ou la plus importante dans la dynamique de la personnalité.

L'action éducative doit se poursuivre durant tout le temps de l'évolution, en s'adaptant à l'âge, au sujet, au sexe et au milieu moyennant " une éducation sexuelle à la fois positive et prudente ".54 Parmi les objets d'éducation, celui de l'éducation sexuelle semble aujourd'hui poser le plus de problèmes, non seulement par les incertitudes et les difficultés méthodologiques, mais aussi par l'interférence de la personnalité et du passé émotionnel de l'éducateur.

Il s'agit d'évaluer comme il faut les aspects dynamiques de la sexualité qui agissent souvent au niveau de l'inconscient, sans pour cela vouloir réduire toute la vie intime de l'éducateur à un jeu de pulsions irrationnelles.

La préparation des éducateurs, en ce secteur qui est l'un des plus difficiles de l'éducation humaine, est une condition indispensable pour que soient garantis des résultats positifs à son action. Elle présuppose la connaissance du développement juvénile, l'existence de rapports particuliers dans le groupe familial, un langage adapté aux coutumes sociales particulières, l'attachement à des valeurs déterminées.

Il faut surtout que ceux qui doivent s'occuper de l'éducation sexuelle des jeunes soient des personnes ayant atteint la maturité sexuelle et dotées d'un vrai équilibre sexuel. Plus encore que la connaissance de la méthode et du contenu, ce qui compte c'est le type de personnalité que représente l'éducateur, la perspective selon laquelle l'éducation sexuelle est vécue avant même d'être donnée, le style de vie incarné par l'éducateur. Les connaissances, les conseils, l'attention de l'éducateur sont importants, mais son comportement compte plus encore.

 

2. ORIENTATIONS POUR L'EDUCATION SEXUELLE

40. L'éducation sexuelle comme processus de formation

L'éducateur se souviendra que l'éducation sexuelle ne peut être séparée d'une formation morale intégrale; elle doit être éducation active, individuelle, protégée et favorisée par un milieu éducatif, basée sur une pleine confiance réciproque entre l'éducateur et son élève.

Du point de vue de la responsabilité de l'éducateur c'est une erreur aussi bien d'ignorer la sexualité que de vouloir l'isoler du contexte éducatif. La sexualité humaine est un donné de fait dont il est nécessaire de prendre conscience et qu'on doit évaluer selon les exigences globales du sujet. Tel est l'unique moyen de pouvoir l'intégrer dans l'ensemble de la personnalité. L'éducation de la sexualité demande d'être faite d'une manière permanente et en relation constante avec toute la personnalité.

L'éducation sexuelle doit s'intégrer dans l'éducation complète du candidat, car la réalisation de l'œuvre d'art que constitue une vie chaste suppose un travail correspondant dans l'ensemble de la personne. Le problème de la pureté ne se résout pas en faisant de la pureté une idée fixe et exclusive, mais en la considérant et en la vivant dans le cadre de plus hautes et plus vastes raisons de justice et de charité, absolument nécessaires pour donner un sens et une valeur à la vie: en d'autres termes, dans un cadre d'humanité intégrale.

41. La personnalisation dans l'éducation sexuelle

L'éducateur se préoccupera d'amener les candidats à " découvrir " le choix fondamental de leur vie, en les conduisant et en les aidant à le ressentir comme un bien, comme leur bien, donc à vouloir le traduire dans leurs actes et à le pratiquer avec une persévérance qui en facilite la réalisation et en marque toute l'existence. Pour l'épanouissement des séminaristes dans la sphère affectivo-volitive de leur personnalité, l'éducateur devra leur montrer plus le bien que le mal, la vertu que le vice; il devra leur présenter des idées-forces et des valeurs qui puissent les soutenir en toute éventualité. Même en dehors de la perspective éthico-religieuse, il convient d'enseigner aux jeunes que le sexe constitue une réserve des qualités viriles du corps, de l'esprit et du cœur.

Pour que l'éducation sexuelle atteigne ses fins essentiellement morales et donc strictement liées à la personnalité, il faut qu'elle soit donnée personnellement et qu'elle aide chacun à résoudre ses problèmes. Pour une fructueuse éducation personnalisée, il faut savoir percevoir les signes des besoins et des ressources de chaque sujet; il faut savoir doser les moyens naturels et surnaturels selon les capacités et les nécessités de chacun.

42. Importance du milieu dans l'éducation sexuelle

Le rapport personnel de l'éducateur avec l'élève et la direction personnalisée ne suffisent pas pour éduquer: il faut organiser sagement le milieu de vie. Cela exige que d'une part on élimine autant que possible les facteurs agissant de manière délétère sur l'esprit du jeune55 et que, d'autre part, on lui apprenne à réagir aux mauvaises influences qui pourraient venir du milieu.

Le milieu doit être riche de vie, d'activité, de sérénité, d'élévation morale, de saine amitié: il doit être tel qu'il facilite le transfert des énergies affectives et des intérêts de l'adolescent ou du jeune sur des objets bons en leur évitant la concentration sur des objets dangereux.

Un important élément constitutif du milieu est la mentalité collective des élèves. L'éducateur ne pourra jamais créer un climat idéal pour la pureté sans chercher à former une mentalité collective des élèves de haut niveau par rapport au respect mutuel et sans éduquer en eux le culte de la vertu.

Le séjour au séminaire est nécessairement temporaire: les séminaristes par conséquent seront préparés à vivre avec fidélité et satisfaction l'existence qu'ils auront hors du séminaire, " dans un monde qui tend à exiler l'homme de lui-même et à compromettre, avec son unité spirituelle, son union à Dieu ".56

43. Le dialogue dans l'éducation sexuelle

Les jeunes sentent le besoin d'un ami en qui ils puissent croire et se confier. Sans l'aide d'un guide amical et sage, on verra se multiplier et se compliquer les états d'angoisse, les découragements, les chutes. De son côté, l'éducateur-ami ne pourra être guide s'il ne connaît pas intimement celui dont il a la charge, ce qui demande que celui-ci se confie avec simplicité. Mais cette rencontre réciproque dans la confiance n'est possible que si l'éducateur est capable de mettre toute sa personne en état d'écoute, attendant avec confiance l'heure de la bonne volonté et de la grâce.

En respectant la liberté nécessaire en matière de direction spirituelle, l'éducateur devra convaincre et exhorter les jeunes à avoir un guide spirituel auquel ils se confient en toute sincérité, mais surtout il sera attentif à son propre progrès de manière à mériter et à conquérir leur estime et leur confiance.

Quand l'éducateur aura créé une atmosphère de confiance réciproque, il pourra accomplir une œuvre d'éclairage personnel, discrète et progressive, elle aussi part importante de l'éducation à la chasteté, qui, faite comme il convient aidera aussi à renforcer la confiance et l'affection de l'élève pour son éducateur.

44. Education sexuelle personnelle et progressive

L'éducation sexuelle, au sens non seulement d'éclairage intellectuel mais d'éducation morale, est nécessaire et obligatoire, car c'est par elle que le problème peut trouver sa juste solution; qui en est privé est par là même sans défense aussi bien devant des déviations personnelles que devant des initiations nocives que l'on doit prévenir.57

La tâche de l'éducateur n'est pas tant d'enseigner, que de favoriser des prises de conscience. Il s'agit d'amener les jeunes à une capacité de décision libre et droite, car c'est elle qui en fait est apte à gouverner le dynamisme de la sensibilité.

Par conséquent l'éducation sexuelle doit répondre aux exigences suivantes: progressivité selon l'âge, caractère positif de l'intervention, adaptation au caractère de chacun, corrélation à l'état de vie. Le premier milieu et le plus naturel de cette éducation est la famille et, en elle, les parents qui, cependant, ne sont pas toujours préparés à cette tâche. D'où la nécessité pour les éducateurs de suppléer les déficiences éducatives de la famille.58

45. Le problème de la pudeur dans l'éducation sexuelle

La pudeur est un élément essentiel de la sensibilité dans ses diverses manifestations. C'est une résistance inconsciente à tout ce qui révélerait en nous notre fond d'instinctivité. Quand elle devient consciente, elle vise à exclure les circonstances et à freiner imaginations et comportements qui aviliraient la dignité spirituelle du moi; c'est un moyen efficace de faire s'épanouir l'amour authentique dans la vie sexuelle pour la conserver dans une chaste harmonie de la personne.

La pudeur est intimement liée à la vie morale supérieure; elle est l'expression de la conscience en matière sexuelle, qui est une réaction interne à toutes les déviations de l'ordre naturel. Comme tel, le sens de la pudeur est protection de la personnalité et, par conséquent, une valeur de la plus haute importance pédagogique. On ne peut éduquer à la chasteté sans développer le sens de la pudeur.

D'autre part, il faut se rappeler qu'une éducation trop étroite en cette matière multiplierait les difficultés et aggraverait l'inquiétude et le malaise des jeunes. Il est bon de les habituer à se libérer de craintes et de pruderies injustifiées pour ne pas étendre le domaine des tentations au détriment d'une vie sereine normale.

L'éducation à la pudeur sera indirecte et positive. Dans ce but on utilisera la tendance imitative des sujets en leur présentant des modèles concrets et attrayants de vertu; on éduquera leur sens esthétique en leur inspirant le goût du beau présent dans la nature, dans l'art, dans la vie morale; on les aidera à établir en eux un système de valeurs spirituelles à réaliser dans un élan désintéressé de foi et de dévouement.

46. Le problème de l'amour dans l'éducation sexuelle

La maturation sexuelle doit aller de pair avec la maturation affective. L'éducation de la chasteté est, pour une grande part, éducation du cœur et problème d'amour.

L'amour humain n'est pas parfait dès le début: il se développe et se perfectionne à travers un long processus d'évolution et de purification. De sensible, d'égoïste, d'hédoniste qu'il est chez l'enfant, il doit arriver à être, chez l'adulte, spirituel, altruiste, capable de sacrifice, à l'image de l'amour de Dieu pour l'homme. Il faut donc aider le séminariste à s'élever sur cette trajectoire, sans retards ou arrêts, et sans cependant prétendre brûler les étapes.

Signalons particulièrement ici la nécessité de favoriser le développement des grandes réserves affectives des jeunes par le rappel insistant de l'idéal de vérité, de justice, de bonté, de pureté, de générosité, d'oblativité, d'héroïsme, et de rendre possibles des amitiés authentiques et élevantes.

L'attention des jeunes sera attirée non pas tant sur les éléments troubles qui peuvent se rencontrer dans leurs amitiés que sur le devoir d'en faire un reflet de la charité envers l'ami comme envers les autres. L'effervescence sentimentale juvénile a besoin d'être clarifiée, purifiée et ordonnée; il faut en montrer le bien-fondé dans la raison et dans la foi, de sorte que le jeune en prenne une conscience distincte, aime avec droiture, et cherche à réaliser les fins naturelles et surnaturelles de l'amour.59

 

3. ORIENTATIONS POUR L'EDUCATION AU CELIBAT

47. Vérité et authenticité du célibat

Le célibat est une valeur, une grâce, un charisme qui doit être présenté dans sa vraie lumière pour être estimé, choisi et vécu pour ce qu'il est. Une sereine présentation en est donc nécessaire, qui dissipe en même temps les préjugés et les objections qu'on élève contre lui. C'est une première tâche de l'éducateur.

L'éducation du séminaire doit aider à discerner le sens de la sexualité par rapport au mariage: la consécration par le célibat suppose la connaissance de ce qu'est l'engagement d'amour du couple. Toutefois l'éducation du séminaire se propose surtout d'amener à découvrir ce qui est le sens de la sexualité et son exercice authentique dans le célibat consacré à Dieu dans le Christ.60 Il ne s'agit donc pas de supprimer l'amour et la sexualité, mais de les comprendre et de les sublimer: et ici, plus qu'une simple instruction, il faut toute une pédagogie qui forme à aimer d'un amour de charité.

Le célibat sacerdotal est plus que la simple chasteté, il ne s'identifie pas avec l'état de non-mariage ou avec la continence sexuelle; il est renoncement à une triple tendance naturelle: la fonction génitale, l'amour conjugal, la paternité humaine; renoncement certes, mais " par amour du Royaume des cieux ". Pour être authentique et témoigner vraiment des valeurs religieuses, il ne doit jamais être une négation ou une fuite, mais 'une sublimation de la sexualité.

48. Dynamisme intérieur de la vie de célibat

Les " motivations " du célibat prennent une dimension particulière pour chaque sujet. D'autre part, dans la vie du célibataire consacré, se déroule une évolution par l'apprentissage des relations avec Dieu et avec les autres. C'est ici que se pose le vrai problème, plus que dans la valeur des motivations initiales.

On ne doit pas oublier l'importance de l'attitude psychique du séminariste en face de la vie célibataire.61 L'équilibre humain idéal, dans le célibat comme dans le mariage, ne se réalise pas complètement une fois pour toutes.62

En outre on ne considérera pas comme contradictoire une inclination du jeune au mariage ou à la vie familiale qui rendrait douloureux son renoncement. Il peut arriver que la souffrance soit ressentie durant toute la vie et cependant elle ne constitue pas un préjudice pour l'état virginal si l'exclusivité de la consécration à Dieu est vécue en plein consentement. Le célibat est un appel de la part de Dieu, qui peut précisément coûter le sacrifice d'une forte propension au mariage.

49. Dans un contexte de relations et de solitude

Le célibat volontaire a un sens dans un contexte de "relation": il est vécu au sein d'une communauté fraternelle qui suppose l'échange et permet de rejoindre les autres au-delà du besoin qu'on peut avoir d'eux: apprentissage de la "non-possessivité". Un des signes d'un célibat bien assumé est la capacité d'établir et de maintenir des relations interpersonnelles valables. C'est la présence des amis en leur absence, le refus de s'imposer à eux, qui est la preuve qu'on n'a pas d'eux un besoin trop grand. C'est pourquoi le célibat est aussi acceptation d'une " solitude ".63

Il y a une solitude constitutive mystérieuse qui fait partie de notre condition humaine. C'est toujours dans une situation de solitude qu'on découvre le mieux son identité propre et ses propres possibilités, et que mûrissent les grands choix de la vie La solitude du célibat sacerdotal est chargée de ces valeurs.

Le prêtre est destiné à conduire les hommes à Dieu par le Christ; il y réussira quand la bonté et l'amour de Dieu rayonneront à travers sa personne. En accord avec son état, le prêtre doit savoir mettre en second lieu ses intérêts et subordonner la satisfaction de ses propres tendances à l'amour du prochain auquel il s'est voué par son sacerdoce.

50. Conditions de l'éducation au célibat

En tenant compte du principe énoncé plus haut selon lequel l'éducation sexuelle doit être intégrée dans l'éducation totale de la personne et en vue d'une éducation au célibat, il est indispensable d'amener les séminaristes à cultiver toujours davantage les vertus naturelles et surnaturelles.64 On leur montrera comment toutes les vertus forment un tout organique unifié par la charité, qui est la "forme" de tout l'agir vertueux; on les convaincra de la nécessité de s'adonner constamment et entièrement à la perfection de la charité " qui est le lien de la perfection " (Col 3, 14).

A mesure que les séminaristes développent leurs convictions et le sens de leur responsabilité dans le choix vocationnel, on doit les stimuler à aimer activement l'idéal et à vouloir vivre la chasteté parfaite sans concessions ou compromis indulgents, conscients que même d'un point de vue humain ils ne sont pas inférieurs aux autres. Chaque candidat doit se connaître soi-même, ses conditions physiques, psychiques, morales, religieuses, affectives, et mesurer pleinement sa capacité de répondre à l'appel divin avec une décision pesée, mûrie et responsable.65 Il doit avoir la pleine volonté libre de s'offrir totalement et sans cesse au Christ, Grand-Prêtre éternel, et à son Eglise.66 Il doit pouvoir et vouloir observer les commandements de Dieu et la discipline de l'Eglise.67

51. Education à l'amour vrai dans le célibat

L'intégration du renoncement au mariage non seulement exclut l'ignorance de la sexualité, mais exige que les jeunes soient éduqués à en prendre conscience, à l'estimer avec tout son poids dans les rapports avec les autres valeurs de la personne prise globalement. Tout cela implique une éducation du cœur, des affections, des sentiments, de l'ouverture aux autres, en un mot un développement progressif et contrôlé de sa sexualité et de son affectivité.

Il ne suffit pas de vivre matériellement le célibat, il faut l'aimer sacerdotalement. Ce serait une sérieuse contre-indication pour la vocation ecclésiastique qu'un jeune soit égoïste, fermé à l'affection, préoccupé exclusivement de soi et de ses commodités. Mais il est aussi vrai qu'un jeune doué d'un tempérament excessivement affectueux, prompt aux sympathies et aux attachements maladifs, n'est pas très apte à la vie célibataire.

Le célibat est vocation à une forme d'amour; il doit être vécu dans un climat d'amitié qui sera avant tout amitié avec Dieu en Christ.68 Le prêtre doit vivre de cet amour de charité qui se puise en Dieu comme à la plus haute source et s'exerce à l'imitation du Christ, s'élargissant à tous et dilatant ce sens de responsabilité qui est l'indice d'une personnalité mature.

52. Rapport entre sens religieux et chasteté

Dans leur choix de vie et pour y demeurer fidèles (car il faut le renouveler sans cesse), les séminaristes seront amenés à se fonder sur les motifs les plus valables; et on les persuadera de vouloir vivre une chasteté authentique, s'ils ne veulent pas languir dans la médiocrité, privés des joies humaines et des joies divines.

Etant donné le profond rapport entre sens religieux et chasteté et à cause du sens proprement sacré et chrétien du célibat, il est indispensable que la formation religieuse des séminaristes se perfectionne toujours davantage et atteigne les profondeurs de l'âme; 69 qu'ils soient mis au contact des sources d'une authentique vie spirituelle qui donne seule un fondement solide à l'observance de la virginité consacrée.70

Le célibat, offert pour toute la vie, donne le moyen de sacrifier de nouvelles situations au Seigneur, de s'enrichir de nouvelles dimensions ecclésiales, de vérifier la sincérité de la générosité de la première offrande, de s'identifier lentement et progressivement à Jésus Christ dans la profondeur de son moi, de continuer un constant et confiant abandon à l'assistance de l'Esprit du Seigneur, et de signifier et de témoigner auprès du Peuple de Dieu le " sacerdoce éternel " de Jésus Christ.

 

4. EDUCATION A L'ASCESE SACERDOTALE

53. Nécessité de l'ascèse

La formation au sacerdoce, et particulièrement au célibat sacerdotal, demande une ascèse, non pas générale, mais " particulière, propre aux aspirants au sacerdoce et plus rigoureuse que celle à laquelle sont tenus tous les autres fidèles. Une ascèse sévère mais qui ne doit pas écraser le sujet, une ascèse constituée par la pratique réfléchie et assidue des vertus qui font d'un homme un prêtre ".71 La vie sacerdotale exige, en outre, " une ascèse intérieure et extérieure vraiment virile "72 pour que le prêtre puisse maintenir la pleine fidélité aux engagements qu'il a pris73 et avoir la garantie d'une heureuse persévérance.74

La conquête de la sainteté chrétienne exige un effort d'abnégation qui est aussi de libération. L'abnégation, selon l'enseignement du 2e Concile du Vatican, est exercice du pouvoir royal et est nécessaire pour réaliser le règne de la charité.75 Charité et abnégation sont complémentaires: l'abnégation libère l'homme en laissant le champ libre pour la charité, et celle-ci stimule l'abnégation.

Le candidat à la vie sacerdotale est prévenu par la grâce de la vocation qui lui fait le don précieux d'une vie chaste;76 en en prenant conscience, il sera poussé à accueillir ce don avec gratitude et à y correspondre librement et généreusement.77 L'ascèse est la réponse décidée que le candidat veut donner avec toute sa vie.

54. Caractéristique de l'ascèse sacerdotale

Cette mortification vivifiante, nécessaire à toute vie humaine et chrétienne, convient a fortiori à la vie sacerdotale. En effet, on ne peut comprendre l'activité sacerdotale du Christ en son plein sens biblique si on ne tient pas compte, avant tout, que Christ est " prêtre et victime " et qu'il se sacrifie lui-même sur l'autel de la Croix pour le bien de l'humanité, anticipant puis renouvelant cette donation de manière non-sanglante sur les autels.

Ceci étant le point capital de la mission sacerdotale du Rédempteur, on ne peut penser diversement au sujet de la vie de ceux qui sont appelés à participer à cette mission et qui, agissant en sa personne, continuent son œuvre. Il est donc clair que la sainteté sacerdotale et, par là même, la spiritualité sacerdotale, doit être entièrement centrée sur le fait que eux aussi doivent être prêtres et victimes, en union avec le Christ souverain prêtre et victime sans tache.

Cette vérité non seulement met en évidence la nécessité d'une forte ascèse visant à éviter tout ce qui pourrait faire obstacle au ministère sacerdotal, mais elle constitue encore plus positivement une invitation à suivre la voie de la croix, portant toujours dans notre corps la mortification de Jésus pour que la vie de Jésus se manifeste en nous (cfr. 2 Co 4, 10). C'est une invitation positive à accepter à fond les implications de la consécration sacerdotale.78

Ainsi s'explique la connexion, soulignée nettement par le Concile, entre la fonction principale des prêtres et leur devoir d'imiter ce qu'ils accomplissent.79

Cette mise en valeur de l'ascèse propre du sacerdoce célibataire n'ignore pas que le mariage est aussi un état de sacrifice qui implique mortification de soi.

55. Devoir d'ascèse dans la vie de séminariste

Tenant compte de l'actuel climat de refus général de la mortification, on insistera pour convaincre les séminaristes que le devoir d'ascèse s'impose pour acquérir la maturité humaine, chrétienne et sacerdotale; on leur montrera comment il est une condition indispensable à une participation accrue au Mystère pascal du Christ.

La fidélité aux choix qu'on a faits est la vertu d'une personne arrivée à la pleine maturité spirituelle, et c'est la forme la plus haute de la liberté. Mais on n'arrive à une maturité et à une liberté pareilles que par un long exercice de contrôle de soi, de donation de soi, poursuivi pendant les années de formation et continuellement maintenu par après. " De cette manière, l'aspirant au sacerdoce acquerra, avec l'aide de la grâce divine, une forte personnalité, bien équilibrée et douée de maturité, heureuse synthèse des éléments innés et acquis, harmonieuse coordination de toutes les facultés sous la lumière de la foi et de l'union intime avec le Christ qui l'a choisi pour lui et pour le ministère du salut du monde ".80

56. L'option fondamentale au plan de la foi

Ce n'est pas sans raison que le Magistère de l'Eglise insiste sur la fonction prophétique de ceux qui se sont engagés à suivre de près Jésus Christ, car est prophète non seulement celui qui annonce l'avenir, mais celui qui témoigne de la réalité et de la proximité de Dieu.81

L'élan affectif vers l'Invisible ne peut s'appuyer que sur le regard surnaturel, que sur une connaissance qui dépasse la connaissance sensible. Le célibat sacerdotal et religieux est une offrande faite au Seigneur; il dépasse tout calcul humain de fécondité et d'efficacité; il se révèle comme sacrifice et accepte de ne recevoir sa justification que de la foi.

Tendre ainsi vers Dieu, c'est une ascèse profonde, d'autant plus profonde que le sujet, comme tout être humain, doit découvrir et assumer les limites qui le marquent au profond de son être. Rien n'est possible sans la généreuse acceptation de cette limite. C'est comme la lutte de Jacob avec l'ange (cfr. Gn 32, 24-32). La lutte regarde surtout les désillusions qui frappent l'homme dans ses enthousiasmes les plus profonds et ses espérances les plus chères.

 

5. LE PROBLEME DE L'INTEGRATION AFFECTIVE

57. Problème délicat et fortement débattu

Comme un autre jeune, le séminariste rencontre l'exigence de l'intégration affective; en d'autres termes, il sent la nécessité d'une attitude équilibrée et sereine envers la sexualité en général, et particulièrement envers l'autre sexe. Il s'agit d'arriver à un juste équilibre, à la maîtrise de soi ou, comme on dit souvent, à l'état de maturité, où l'affectivité est intégrée dans la personne du jeune de telle manière qu'elle permet un comportement normal et adéquat dans les diverses situations de la vie.

Il est clair que cette maturation ne peut s'effectuer parfaitement que moyennant les contacts avec d'autres personnes; ils consistent dans des relations d'amitié, des entretiens et, en général, dans la communion de travail, de loisir et d'autres intérêts. Ces contacts revêtent naturellement une grande importance dans la vie du jeune. Il sent en effet très vivement ses propres limites; il voit qu'il ne se suffit pas à lui-même, étant porté à recevoir et à donner. C'est une expérience humaine fondamentale qui peut être la base d'une riche expérience spirituelle.

Mais il est difficile de vivre des relations en en poursuivant la maturation, spécialement quand il s'agit de personnes de sexe différent. Cela demande la capacité et le souci de savoir en reconnaître les ambiguïtés, comment se situent les désirs et les divers mécanismes affectifs : est aussi nécessaire un prudent " discernement des esprits ", sensible aux motions de la grâce et de la nature.

Sur le problème des relations féminines, il s'est produit ces dernières années un changement notable. Tandis que naguère encore prévalait à ce sujet une attitude de réserve et de précaution, à en arriver, dans certains cas extrêmes, à un isolement exagéré du séminariste, aujourd'hui par contre c'est un grand optimisme qui fait son chemin, une attitude de confiance, parfois excessive, qui semble ne pas se contenter des contacts ordinaires de la vie, mais admet la convenance de relations fréquentes avec les femmes, pour le seul motif d'une plus facile maturation affective du jeune.

58. Rappel de la théologie de la chasteté

On amènera les séminaristes à découvrir la théologie de la chasteté en leur montrant les rapports entre la pratique de cette vertu et toutes les grandes vérités du christianisme. On montrera la fécondité apostolique de la virginité consacrée en faisant remarquer que toute expérience du bien ou du mal modifie positivement ou négativement notre être, notre personnalité et, par suite, aussi notre action apostolique.

La religion valorise la pureté comme vertu et indique les moyens aptes à la conserver et à la défendre avec un soin jaloux, avec réserve, avec une discipline intérieure de l'imagination et des désirs et avec une discipline extérieure des sens.

L'action éducative, en ce domaine, n'est complète que si elle instruit les élèves sur la nature des tentations, leurs sources et leurs causes, leurs diverses formes, sur les remèdes et sur la stratégie spirituelle dont il faut user contre elles.

59. Pour une solution positive du problème

Dans les relations féminines du séminariste, comme en toute relation humaine, la juste ligne à suivre est celle de la vérité et de la sincérité, en insistant sur l'authenticité du comportement qui exclut par nature tout ce qui serait feint et artificieux. Bien évidemment on ne trouve pas dans cette ligne les relations provoquées ou recherchées seulement pour un avantage personnel unilatéral, comme pour utiliser la personne de l'autre à ses propres fins à soi.

Si donc on exclut pour le futur prêtre des relations de ce genre, il demeure les contacts ordinaires et normaux qui se présentent dans les diverses occasions de la vie. Il s'agit de relations établies selon les règles d'un sain comportement humain, empreintes de la délicatesse, du respect et surtout de la charité dus à toute personne.

Les relations situées à ce niveau offrent au séminariste des occasions suffisantes pour son épanouissement: pour mieux se connaître lui-même, pour affiner son caractère en faisant l'expérience de ses points forts et de ses points faibles, des diverses qualités qu'il doit renforcer ou corriger. Il est nécessaire que, dans ces relations, le séminariste arrive à la maîtrise de soi, qu'il sache les suspendre ou y renoncer sans éprouver d'inquiétude. Cela suppose une saine ascèse, une mortification vigilante et un constant contrôle de soi. En tenant compte de cette nécessité du contrôle de soi, on exhortera les séminaristes à un prudent discernement des affections: " En s'ouvrant de cela en pleine confiance à leur directeur spirituel et à leur supérieur, qu'ils apprennent avec eux le discernement dans la lumière de Dieu; qu'ils évitent par contre les relations trop personnelles, en particulier, exclusives et prolongées, avec les personnes de l'autre sexe; qu'ils s'efforcent plutôt de pratiquer un amour ouvert à tous et par conséquent vraiment chaste, en s'habituant à l'obtenir de Dieu comme un don ".82

L'importance donnée en cette matière à la direction spirituelle suppose naturellement aussi les capacités nécessaires chez le directeur spirituel. Il ne pourra évidemment résoudre les divers problèmes qui se présentent selon un schéma unique: il devra les étudier un à un, en tenant compte des différences entre les individus et en aidant chacun personnellement à surmonter les crises éventuelles qui pourraient le troubler dans sa vocation ou l'en détourner.

60. Formation en vue de la vie pastorale

Le problème des relations féminines concerne la vie personnelle du séminariste, mais aussi la perspective de sa future activité pastorale. C'est précisément par rapport à cet engagement pastoral de demain qu'" il faut donner aussi l'importance qu'elle mérite à une préparation des élèves en vue des relations correctes et saines qu'ils devront avoir avec les femmes, de façon que, étant bien informés des particularités de leur tempérament et de leur psychologie, selon les états de vie et l'âge, ils puissent, dans leur ministère pastoral, leur offrir un service spirituel plus efficace en se comportant avec la réserve et la prudence qui conviennent à des ministres du Christ ".83

Comme on l'a dit plus haut, des relations correctes et saines avec la femme ne s'improvisent pas, mais s'obtiennent par une lente et délicate éducation. Il revient donc aux séminaires de préparer leurs élèves aux relations personnelles avec la femme: non seulement les aider à acquérir la maîtrise de leurs propres réactions affectives en sa présence, mais aussi leur faire connaître ce qu'elle représente dans l'ordre de l'esprit. Une telle préparation est également nécessaire au séminariste pour approfondir son sens humain et le tact délicat qui doivent imprégner toute relation pastorale.

61. Un mot sur les relations d'amitié

Devant la situation actuelle, il est nécessaire de dire aussi un mot sur la possibilité d'une amitié entre le séminariste (ou le prêtre) et la femme. Ce problème demande en effet une attention perspicace et un rare équilibre.

Il n'y a pas de doute que les relations normales dans le cadre de la vie quotidienne peuvent, dans certaines conditions, contribuer à la maturation humaine et spirituelle du séminariste, il faut toutefois mettre en garde contre des amitiés particulières qui se révéleraient dangereuses et incompatibles avec la vocation sacerdotale en tant qu'elles empêchent la liberté du cœur et l'universalité de l'amour. La nature de la mission à laquelle se prépare le séminariste réclame en lui une ouverture d'esprit envers tous les hommes, un amour universel, " sincère, humain, fraternel, personnel et capable de sacrifices, à l'exemple du Christ envers tous et envers chacun, en particulier envers les pauvres, les malheureux et leurs égaux ".84

Cela suppose implicitement que les supérieurs et les directeurs spirituels sachent aider efficacement les jeunes qui leur sont confiés. On devra tenir compte qu'il est bien difficile de connaître, dès le début, le caractère des relations, en estimant peut-être spirituel ce qui ne l'est pas; et puis, même dans l'hypothèse d'une grande rectitude d'intention, il faut compter avec la force idéalisante des relations affectives, qui induit à sous-évaluer et à méconnaître les dangers réels que comportent ces relations. En effet, l'amour sensible, ambivalent de nature, incline facilement vers la concupiscence, aboutissant à compromettre l'épanouissement de la personne qu'il devrait au contraire favoriser. Ainsi, alors que les avantages spirituels que certains attendraient volontiers d'une amitié de ce genre sont très hypothétiques et incertains, les dangers et les difficultés qui en découlent sont au contraire souvent grands et réels.

En ce domaine, un juste réalisme portera à se souvenir que la nature trompe facilement en faisant croire nécessaires certaines relations et en colorant de motivations surnaturelles ce qui n'est qu'inclination de la nature.85

 

6. DIFFICULTES DU PROCESSUS DE FORMATION

62. Tâches de l'action éducative pendant l'adolescence

L'éducateur devra connaître la personnalité de son élève dans sa croissance au long des diverses phases de l'âge de l'évolution. Pour ce qui regarde, en particulier, l'adolescence, on notera qu'elle se caractérise par le processus de maturation physiologique, par l'émergence du désir sexuel, par la prévalence de l'activité imaginative au sujet des données de la vie sexuelle.

L'adolescent a besoin d'être aidé à se former une juste idée de la fonction de la sexualité, à prendre conscience de sa place dans l'ordre des valeurs, à apprendre la bonne manière d'agir en cas de tentations impures et en face des situations comportant des éléments sexuels, à dominer ses instincts non dans la terreur, mais dans la sérénité que seule la connaissance de la vérité peut apporter.

L'éducation doit tenir compte de tout cela et développer en sociabilité tout le potentiel affectif de l'adolescent, en l'aidant à objectiver son impulsion sexuelle en totale oblativité. Tâche particulièrement ardue que d'intégrer clairement cette impulsion. Il ne faut donc pas s'étonner si l'on trouve chez l'adolescent un repliement sur soi, uni à la sensation d'être dramatiquement incompris du milieu qui l'entoure. Il est compréhensible que dans cet état l'impulsion sexuelle pousse parfois l'adolescent à centrer sur soi sa charge érotique, rendant toujours plus difficile son intégration.

63. Le phénomène de l'auto-érotisme adolescent

Une des causes responsables du phénomène masturbatoire est le déséquilibre sexuel; d'autres causes sont surtout occasionnelles et secondaires, même si elles n'en facilitent pas la disparition ou contribuent à l'alimenter. L'action pédagogique devra plus s'orienter vers ces causes qu'attaquer directement le phénomène; ce n'est qu'ainsi qu'on pourra favoriser efficacement l'évolution de l'instinct du garçon, à savoir cette croissance intérieure qui l'amènera à une discipline progressive de son monde instinctuel, à laquelle ces causes font plus ou moins obstacle.

Il ne faut pas recourir à la peur, aux menaces ou aux intimidations de caractère physique ou spirituel, si on ne veut pas favoriser des états obsessionnels qui compromettent l'équilibre sexuel et fixent le sujet sur lui-même au lieu de l'ouvrir aux autres. Dans ce cas comme en d'autres, le dépassement s'obtient dans la mesure où on réussit à prendre conscience de la vraie cause du trouble. C'est dans cette direction que s'orientera particulièrement l'action éducative.

L'auto-érotisme demeure un obstacle pour le genre de vie auquel conduit l'action éducative. L'éducateur ne peut demeurer indifférent en voyant qu'il contribue à fermer des horizons. Toutefois il doit dédramatiser le fait masturbatoire et ne pas diminuer son estime et sa bienveillance pour le sujet. Mis au contact de l'amour oblatif surnaturel de l'éducateur, le jeune percevra qu'il est accueilli dans la communion de charité et se sentira arraché à la fermeture de son propre moi.

Il n'est pas bon, pour les difficultés individuelles, d'offrir toujours une solution que le sujet n'aurait qu'à accepter: il est beaucoup plus efficace, pour une vraie croissance intérieure, d'aider et de stimuler le sujet à trouver la solution de lui-même. De cette manière, il résout non seulement un problème particulier, mais il apprend l'art de résoudre les problèmes qui éventuellement se présenteront.

64. La formation du séminariste adolescent

Restant entendu que l'éducation au séminaire doit promouvoir harmonieusement la formation naturelle, chrétienne et sacerdotale des élèves, l'aspect le plus difficile de cette éducation durant l'adolescence est celui de savoir doser, selon une juste proportion, la formation chrétienne et la formation sacerdotale. Cette dernière doit commencer graduellement et sera poursuivie, pendant la période d'adolescence, avec beaucoup de sagesse.

Pour la majeure partie des candidats les motifs de vocation sont, au début, assez vagues. Ils veulent se mettre au service des hommes, de l'Eglise et du Christ, mais n'ont souvent pas d'idées bien précises ni sur l'Eglise ni sur le Christ. Leur attitude est plutôt une; disponibilité de caractère humanitaire, polarisée par une référence peu spécifique à Dieu, au Christ, à l'Eglise. En effet, pour beaucoup d'adolescents, la vision de la vie est encore globale. L'attitude humanitaire et la référence religieuse sont par conséquent peu distinctes.

C'est la raison pour laquelle beaucoup d'adolescents pensent au début à la fonction sacerdotale ; mais quand les intérêts prennent leur figure spécifique, ils abandonnent l'idée de la vocation et laissent le séminaire, si le contenu religieux de leur attitude ne s'enrichit pas. Il faut donc faire découvrir graduellement le sens d'une vie consacrée, et non imposer dès le début un genre de vie déjà sacerdotal.

65. Tâches de l'action éducative pendant la jeunesse

Pendant la jeunesse, l'amour tend à s'exprimer en manifestations de sexualité bien différenciées, dans une fusion du facteur sexuel physiologique avec le facteur psycho-affectif. Malgré les apparences et la promiscuité actuelle, bien des jeunes ne connaissent pas la vraie psychologie féminine. La femme les attire, mais elle reste un mystère pour eux et les déconcerte. Ils peuvent céder facilement aux contrefaçons de l'amour alors qu'ils devraient découvrir que chasteté et amour sont une unique vertu, essentiellement active, féconde et généreuse.

L'éducateur tiendra particulièrement compte du fait que la jeunesse est l'époque du choix décisif et définitif de la vie: les jeunes doivent être mis en face de toutes leurs possibilités pour pouvoir choisir librement. C'est le moment où il est nécessaire de les amener à connaître la vraie théologie du mariage et du célibat consacré; 86 c'est le moment où doivent être définitivement dissipés les préjugés et " les fausses théories qui présentent la continence parfaite comme impossible ou nuisible à l'épanouissement humain ".87

66. Le problème de la persévérance dans la vocation

Un grave problème, aujourd'hui, n'est pas seulement celui de l'insensibilité des jeunes à la vocation sacerdotale, mais aussi celui de leur persévérance et de leur adhésion totale aux exigences d'une telle vocation. Parmi les multiples causes de non-persévérance, il y a certes les causes objectives dépendant des conditions du milieu et de la culture où vivent les jeunes. Mais il y a aussi sans nul doute une cause subjective de notable importance sur laquelle il convient d'attirer l'attention des éducateurs: il s'agit d'une regrettable dévaluation de l'état de consécration à Dieu dans la vie sacerdotale.

Les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas moins généreux que ceux d'hier, mais ils ont besoin d'être guidés sur la voie de l'engagement, d'être provoqués à l'héroïsme. Ils ont besoin de grands idéaux. C'est une grave erreur de réduire la vocation sacerdotale aux dimensions d'une vie ordinaire, sans sacrifice, sans engagement. Les jeunes ne pourront répondre généreusement si l'on ne s'appuie pas sur les qualités propres de l'âme juvénile: le goût du difficile, le besoin de dévouement, la joie du sacrifice.

Les jeunes doivent arriver à sentir profondément " avec quel esprit reconnaissant cet état doit être assumé, non seulement comme une prescription de la loi ecclésiastique, mais comme un don précieux de Dieu, que l'on doit demander humblement, et auquel ils se hâteront de répondre librement et généreusement, stimulés et aidés par la grâce de l'Esprit-Saint ".88

67. Difficultés particulières à l'âge adulte

C'est un signe de réalisme psychologique de penser que le prêtre, comme tout autre homme, sera sujet aux crises habituelles du développement humain et aux difficultés particulières de sa condition: crises et difficultés affectives, sexuelles, de relation avec l'autorité, d'insertion dans l'Eglise et dans le monde, d'ordre spirituel. Aussi les candidats à la vie sacerdotale devront-ils être préparés à affronter ces crises avec esprit de sacrifice et logique courageuse.

Dans l'existence d'un homme, dépasser ce qu'on appelle souvent " la moitié du chemin " est un fait très important. Les solutions fondamentales ont déjà été prises en résolvant entre vingt et trente ans les problèmes cruciaux de la vie: vocation, profession, orientation de vie. Les possibilités sont minimes de revenir en arrière.

A cet âge, la jeunesse a disparu avec ses perspectives et ses prérogatives: enthousiasmes, espérances, rêves de sainteté et de grandes œuvres au sein de l'Eglise. Apparaît une vie plus consciente, plus calme, plus équilibrée, mais aussi plus vulnérable. On peut déjà avoir eu des appréciations favorables, des postes de responsabilité, des succès, ou se sentir un " raté " humainement et apostoliquement. On peut aussi se trouver dans une position d'obscurité résignée.

Cette constatation peut porter certains sujets à une vie tourmentée, intérieurement inquiète, à une "crise du vide", c'est-à-dire d'insatisfaction et de frustration à cause des idéaux non réalisés. En de telles circonstances se fera plus fortement sentir l'exigence d'une amitié humaine.

68. Raisons de crise dans la vie sacerdotale

Du point de vue de la situation familiale, le prêtre se trouve seul: généralement la famille où, jeune, il s'insérait, n'existe plus, et il n'a pas de famille propre. La situation d'apostolat marque une diminution de la ferveur qui avait soutenu le prêtre dans sa jeunesse; il a l'impression que les nouvelles générations le mettent de côté. Dès lors à quarante ans l'attend généralement une solitude intérieure et extérieure. Alors il peut sentir plus vivement le poids et la portée de ce à quoi il a renoncé par le célibat.

Il s'y ajoute souvent une certaine monotonie dans le ministère toujours pareil, souvent difficile, jointe parfois à un sentiment de défiance envers le milieu et envers la hiérarchie: défiance parce que les choses vont toujours pareilles sans espoir de changement.

Naissent ainsi les repliements douloureux, les irritations, la mauvaise humeur; il y a le danger de redécouvrir et de surévaluer les réalités sensibles dont le sujet s'est séparé pour se consacrer à Dieu. La crise spirituelle ne tardera pas, qui tourne parfois à la routine dans le ministère et les exercices de piété, et d'autres fois au scepticisme sur les progrès spirituels, faisant tenir tout effort pour inutile.

69. Critères pour prévenir et résoudre les crises

Pour celui qui vient à se trouver dans cette situation, la première règle à suivre est de se prendre en patience, de s'accepter sans s'irriter contre le réveil de difficultés particulières. Celles-ci font partie de la nature, et la vocation ne supprime pas la nature. L'impatience en face de ces difficultés, l'incapacité de les comprendre, est l'une des causes qui portent à l'abandon ou au dégoût de la vocation.

Mais l'acceptation patiente et sereine de ce que les années apportent avec elles ne suffira pas et peut-être même ne sera pas possible sans maintenir vivant le sentiment de la foi dans une humble et agissante union avec le Seigneur, répétant souvent le mot de l'apôtre Paul: " Je sais en qui j'ai mis ma foi et je suis convaincu " (2 Tm 1, 12). Cette union humble et agissante, faite de conscience de soi, de confiance, d'abandon et de prière, obtiendra cette fraîcheur de vie spirituelle qui maintient jeune malgré les années qui passent. L'union à Dieu et une vision de foi portent aussi à évaluer de manière juste et objective les difficultés évoquées plus haut; si elles ne font pas disparaître les difficultés, elles en atténuent le poids et sont capables de transformer en don le vide de la solitude.

Que si la crise était tellement profonde que le prêtre demande la suspension de son engagement ecclésiastique pour réfléchir et faire en même temps une expérience momentanée de vie laïque, on préférera le placer dans un milieu communautaire qui puisse l'aider tant par un amour humain et charitable que par une reprise de la vision de foi dans un exercice ascétique et pastoral.

 

 

 

QUATRIEME PARTIE

FONCTION EDUCATIVE DU SEMINAIRE

 

 

 

70. Conditions de la formation au séminaire

La chasteté, loin d'être une vertu isolée dans la structure de la personnalité spirituelle du prêtre, constitue l'expression culminante d'une vie saine dans la foi, équilibrée, solidement construite sur une ardente charité.

C'est pourquoi rien dans la vie et le climat du séminaire ne devra être indifférent à l'établissement de cette vertu. Au contraire, c'est la teneur même de ce climat qui sera la condition principale et le facteur fondamental de cette formation. Il n'est donc pas superflu, mais bien nécessaire de rappeler les traits essentiels de la vie du séminaire dans leur rapport direct ou indirect avec la formation à la chasteté.

Tout séminaire doit être tel qu'il "entretienne chez les séminaristes la joie de leur propre vocation",89 le célibat vécu pour le Royaume de Dieu apparaissant comme une grâce éminemment favorable en vue de l'annonce joyeuse du Christ ressuscité.

On y arrivera en communiquant aux séminaristes le goût de la charité ecclésiale et apostolique, qui est à la fois amour du Christ et communion d'amitié avec les supérieurs et les compagnons, esprit évangélique et volonté de collaboration. Ce programme doit moins s'enseigner qu'être témoigné dans la vie concrète du séminaire.

Nous exprimons ici quelques suggestions qui peuvent aider à créer dans le séminaire une atmosphère hautement éducative, résultat d'une sage mise en place des rapports interpersonnels, d'une vie spirituelle intense et d'une ardente charité ecclésiale, aussi bien que d'un contact adéquat avec le monde extérieur et d'un usage convenable des moyens de communication sociale.

 

I. ATMOSPHERE EDUCATIVE DU SEMINAIRE

71. Le séminaire comme communauté fraternelle

Le climat dans lequel se déroulent les relations humaines au séminaire est un facteur important pour la formation pastorale. Avant de porter hors du séminaire les richesses dont il dispose, il faut avoir donné au milieu même dans lequel on vit, le caractère et le style de service mutuel où chacun concourt à créer les conditions d'épanouissement de tous les autres.

Ce climat éducatif est caractérisé par quelques orientations. Avant tout il est souhaitable que dans la communauté du séminaire chacun cherche librement sa vocation, ne se sentant pas destiné automatiquement au sacerdoce pour avoir commencé une expérience de séminariste.90 On tiendra compte de la diversité de dispositions où peuvent se trouver les séminaristes par rapport à la vocation, ainsi que de la mutabilité des attitudes des jeunes. Les éducateurs respecteront tous et chacun; ils n'établiront pas des échelles de mérite; ils n'insinueront pas l'idée que celui qui change de route est un traître; ils maintiendront très vifs en tous le droit et le devoir personnels de l'approfondissement continu de la vocation et de la libre décision.

Une autre orientation, dont dépend la réussite de la communauté des jeunes du séminaire, est donnée par les rapports interpersonnels qui doivent se caractériser par la confiance qu'on a en famille et par l'amitié fraternelle.91 On se rappellera que la confiance ne s'impose pas par l'autorité, mais se suscite et s'obtient en la méritant; pour l'amitié fraternelle, il y a des facteurs qui la favorisent et d'autres qui peuvent la détruire. Que le séminaire soit une école d'amitié; qu'il suscite l'amitié même à un niveau purement humain; qu'il ait confiance en elle et ne la trouble pas par des insinuations injustes et péjoratives. Une éducation vraie au célibat doit pouvoir s'enraciner profondément dans la fraternité.92

Une vie de communauté fraternelle, harmonieuse, active, riche de chaleur humaine et surnaturelle, répand en ses membres un sentiment de détente, d'équilibre, de satisfaction, qui les vaccine pour ainsi dire contre la recherche de compensations affectives au-dehors; et elle rend plus difficile l'apparition de regrets pour le renoncement fait par le choix du célibat.

72. Le séminaire comme communauté éducative

En dernière analyse, maturité signifie adhésion à la réalité et amour pour elle: réalité de soi-même, des autres, de Dieu. Aussi le moyen de formation le plus important doit-il être un climat imprégné de vérité, c'est-à-dire de clarté, de loyauté, d'affection, de respect, de dialogue, afin que la découverte de la vocation propre soit une conquête progressive et le résultat d'un choix mûri plus que l'effet d'un conditionnement extérieur. L'atmosphère de la vie du séminaire contribuera à la maturation des candidats dans la mesure où elle connaîtra la chaleur de vraies rencontres humaines, où elle sera capable de pousser à l'initiative et à la responsabilité personnelle, de mener graduellement à une obéissance digne des enfants de Dieu, c'est-à-dire convaincue et raisonnable.

Il convient plus que jamais que le déroulement de la vie au séminaire se réalise dans un étroit rapport de collaboration entre éducateurs et élèves, où seront mises en valeur les personnalités, les capacités et les compétences de chacun. Les rapports de solidarité et de sociabilité seront le programme et la méthode du séminaire tout entier. " Les directeurs et les professeurs (...) sous la conduite du supérieur, observeront entre eux une étroite union d'esprit et d'action, et formeront entre eux et avec les séminaristes une famille qui réponde à la prière du Seigneur: " Qu'ils soient un " (Jn 17, n) et qui entretienne chez les séminaristes la joie de leur propre vocation ".93

73. Les "groupes" dans la formation du séminaire

Pour promouvoir une formation personnelle, il faut mettre les élèves dans une ambiance favorable au développement de toutes leurs qualités et de toutes leurs possibilités. Dans ce but une certaine division en groupes, qui respecte cependant l'unité du séminaire, est conseillée en certaines circonstances.94 De cette manière les rapports de solidarité peuvent se nouer et s'exercer plus facilement, en pratiquant l'expérience d'une convenable division des tâches selon les ressources de chacun au service du bien commun: ainsi s'ébauchent les orientations propres de chacun vers l'avenir.

Les groupes peuvent être organisés conformément aux nécessités réelles de chaque diocèse et par conséquent aux futurs champs d'apostolat, acquérant ainsi une fonctionnalité dynamique et pastorale; autour d'eux pourraient s'organiser divers cercles sur des centres d'intérêt humains ou apostoliques, qui pourraient facilement devenir des facteurs de formation, aptes à créer des liens d'amitié et de travail. Tout cela enrichirait et vivifierait la formation.

La vie communautaire au séminaire, en éduquant à la vie de foi, prépare ainsi à entrer dans le presbytérium diocésain, à s'y intégrer progressivement, non seulement de droit, mais d'intelligence, de cœur et d'esprit. Cela demande que le séminaire soit lui-même une communauté qui initie à l'esprit et au travail communs d'un corps pastoral unique et divers, qui soit suffisamment intégrée dans la vie diocésaine et favorise la participation effective du diocèse à la formation des futurs prêtres.

74. Fonction de la discipline et du règlement

Le climat de liberté, le respect de la personne humaine, la mise en valeur de l'initiative personnelle ne doivent pas être interprétés comme une libération de toute espèce de discipline. Le séminariste, qui choisit librement son état, doit aussi librement en accepter les conditionnements et les respecter. La discipline fait partie de la structure spirituelle du séminariste comme du prêtre durant toute sa vie: " Une telle discipline (...) ne doit pas seulement être supportée comme une imposition de l'extérieur, mais, pour ainsi dire, elle doit être intériorisée, insérée dans le complexe de la vie spirituelle comme l'un de ses éléments indispensables".95 Ce qui ne veut pas dire qu'elle soit purement intérieure, puisqu'elle est " personnelle et communautaire ",96 et aussi extérieure.97

Mais si la discipline proposée par le règlement demeure importante, le centre de l'éducation est offert par le rapport éducatif, humain et chrétien, entre éducateur et séminariste. Une telle perspective n'implique pas l'abandon de l'élève à lui-même et ne dispense pas l'éducateur d'être présent, au contraire elle réclame bien plus intimement cette présence. En effet, l'éducateur ne peut se faire remplacer par une discipline rigide, une règle minutieuse, une surveillance étroite; il doit guider et fortifier l'élève par une relation amicale, dans l'entretien confidentiel, attentif aux situations que vit l'élève.98

Il est nécessaire d'adapter les principes généraux à chaque cas particulier. Il n'y a pas d'éducation valable pour tous: parfois le supérieur responsable, vu la connaissance personnelle qu'il a du sujet, peut le laisser marcher en acceptant certains risques, car une certitude intime lui dit qu'il finira par comprendre ce qui est utile et ce qui ne l'est pas, mieux que par des ordres rigides; d'autres fois au contraire, il interviendra avec décision pour sauver le présomptueux qui s'expose sans motif à un danger grave.

 

2. LE SEMINAIRE EXPRESSION DE VIE SPIRITUELLE

75. La vie de prière comme facteur éducatif

Le choix du célibat doit être animé de magnanimité, de la conscience qu'il est important de donner entièrement sa vie à un grand amour qui embrasse tout à la fois Dieu, le Christ et les hommes; de la conscience que, si le célibat est un don précieux du Seigneur qu'il faut demander avec humilité,99 c'est aussi un don de l'homme à Dieu. Cette générosité ouvrira toujours davantage le cœur du séminariste à la prière, à l'adoration et à la contemplation de celui qui est le terme de la donation et sera source de joie et de jeunesse permanentes.100

Le séminaire initiera donc les élèves à la pratique habituelle et spontanée de la rencontre et de l'entretien avec Dieu en Christ; et ceci selon les multiples modes de la prière, de l'action liturgique, de la méditation de la Parole, de l'étude de la personne du Christ comme centre de toute réflexion de foi et de théologie.

Une vie centrée sur Dieu par l'oraison est un impératif catégorique de la vie de consécration. Le séminariste et le prêtre posséderont donc à un haut degré ce don de piété qui est en substance un grand amour pour le Seigneur, et ils demeureront toujours les témoins privilégiés de la beauté et de la joie du rapport immédiat avec le Dieu de la Révélation.

Le célibataire de vocation qui abandonne la prière, c'est-à-dire qui interrompt les rapports interpersonnels avec Dieu, est bien près de la ruine de son célibat. Cette relation fondamentale au Seigneur, alimentée aux sources de la prière même de l'Eglise et devenue profondément personnelle au moyen d'exercices appropriés, est d'importance capitale pour qu'un prêtre puisse être à son aise dans les relations de direction spirituelle. Sans une relation à Dieu, riche de saine vie spirituelle, le prêtre ne peut être capable d'aider efficacement les fidèles.

76. Critères de mise à jour des formes de piété

Dans la mise à jour des formes de piété, il faut viser à découvrir, au-delà des pratiques, ce qui en a été la raison d'être, en adaptant les moyens aux exigences psychologiques et pastorales d'aujourd'hui. On favorisera la spontanéité qui peut s'ouvrir à l'amour amical avec le Christ dans la rencontre intime avec le Père.101 La piété, davantage orientée vers le mystère du salut, sera insérée concrètement dans la vie dont elle doit non pas constituer un moment limité, mais être l'âme qui la vivifie intégralement.

Tout en donnant sa juste place à la prière spontanée, il est évident que c'est une illusion et une erreur fondamentale de psychologie et de spiritualité de croire que la prière faite au moment où on s'y sent personnellement incliné est par là même fructueuse et que, vice-versa, celle qui est demandée par la règle commune non seulement est moins fructueuse, mais provoque la désaffection de la prière. Il faut, bien sûr, pratiquer la prière spontanée, mais on doit surtout suggérer la manière de la rendre personnelle, intérieure.

La pédagogie religieuse doit faire vivre les pratiques de piété comme une recherche de vie évangélique, où sincèrement trouve sa place l'entretien avec le Père par le Christ dans l'Esprit-Saint.102

77. Formation liturgique des séminaristes

Les séminaristes seront formés à participer à la vie liturgique et sacramentelle et à en vivre intensément, et non pas simplement à assister aux cérémonies. Si un jeune n'était pas dans la disposition de chercher et de suivre le Christ, la liturgie pourrait lui apparaître comme une activité extérieure fastidieuse. Au contraire les exercices de piété et les actes liturgiques seront organisés et proposés de manière à convenir aux jeunes, et ceux-ci les accompliront joyeusement et de bon gré,103 éduqués au sens liturgique comme à une manière communautaire de vivre en Dieu.

Le ministère du prêtre, avant d'être œuvre de l'homme, est œuvre du Christ en personne; aussi le prêtre doit-il l'accomplir selon l'esprit du Christ souverain Prêtre et Pasteur éternel. On comprend par là à quelle profondeur doit régner l'intimité entre le Christ et le prêtre. Or toute l'œuvre éducative du séminaire tend à faire acquérir cette perfection: vivre intérieurement la vie du Seigneur et se préparer à exercer le ministère sacerdotal dans son esprit.104

78. La méditation de la Parole de Dieu

Se mettant en présence de Dieu dans le Christ, le séminariste aimera méditer la Parole révélée, cherchant à l'appliquer aux situations actuelles, soit seul soit en groupe.105 Il s'habituera à regarder toute la vie chrétienne (coutumes, institutions, personnes et doctrine) à la lumière de l'Evangile, dans la conscience que c'est la Parole de Dieu qui juge et convertit l'Eglise. Et ce principe inspirera toute l'activité personnelle et apostolique.

La communion avec le Rédempteur n'est pas seulement communion à sa pensée, mais surtout communion à sa vie de charité dont le Mystère pascal est comme l'acte central, l'expression la plus authentique et la plus forte (Rm 6, 2-11). Après le baptême, le chrétien et le prêtre plus encore ne peuvent demeurer de simples spectateurs de ce Mystère, mais ils doivent y participer en se configurant à Celui qui est mort pour le péché et ressuscité pour la gloire du Père, devenant ainsi sa manifestation dans le monde (Ph 3, 8-11;2 Co 4, 10; 3, 18).

Cette participation par le baptême et le sacerdoce ne se réalise qu'avec le concours de l'Esprit-Saint, car le Mystère pascal ne devient nôtre que par l'œuvre de celui qui en est l'artisan, à savoir le Saint Esprit. Cette spiritualité doit guider du dedans la vie de ceux qui sont appelés au sacerdoce ministériel.

79. Formation par les études théologiques

Le séminariste d'aujourd'hui a particulièrement besoin d'une " synthèse vitale de foi ", découverte personnellement et capable d'éclairer sa vie concrète; une foi qui ne se limite pas à une adhésion à un contenu déterminé, mais qui soit un exercice chrétien de choix et de confiance en Christ et dans l'Eglise. Une grave crise affective d'un prêtre suppose toujours un affaiblissement ou un obscurcissement de la foi.

L'étude de la théologie est appelée à favoriser l'esprit de foi des séminaristes. On présentera donc une introduction au mystère du Christ106 et à l'histoire du salut qui, en favorisant la formation spirituelle du séminariste, doit lui présenter une vision unitaire et organique des études sacerdotales.

Les cours doivent donc offrir aux jeunes, par un exposé systématique, un savoir organique de théologie et en même temps une initiation à la recherche (biblico-patristique, historique, sociologique) de manière à faire acquérir un sens critique personnel d'évaluation de la pensée moderne. Tout cela servira à cultiver une foi profonde, ouverte sur les nécessités d'aujourd'hui et toujours alimentée par l'amour du Christ agissant dans son Eglise.107

Ces appels relatifs au climat spirituel du séminaire ne peuvent être regardés comme étrangers au problème de la formation à la chasteté. Si le séminaire ne réussit pas à créer un tel climat, si le futur prêtre n'en devient pas comme imprégné, la chasteté, privée de sa sève, .n'a vraiment aucune chance de survivre.

 

3. LE SEMINAIRE EXPRESSION DE CHARITE ECCLESIALE

80. Le rapport entre directeurs et séminaristes

Le séminariste a besoin d'être plongé dans une ambiance de charité apostolique. C'est l'œuvre du séminaire de faire expérimenter que la substance d'une vie sacerdotale dans le célibat et d'une vie chrétienne dans l'esprit du Christ se ramène à un unique dénominateur: pratiquer et témoigner la charité ecclésiale dans le Seigneur. La charité vécue, don de l'Esprit Saint, permet d'éduquer, de convertir et de sanctifier soi-même et les autres.108

Les supérieurs du séminaire doivent se révéler au séminariste non pas tant comme ceux qui donnent des ordres, des directives, des avertissements et des punitions, mais plutôt comme ceux qui suscitent l'union de charité dans leurs élèves, surtout par le témoignage de leur conduite personnelle. Dans la mesure où quelqu'un a des responsabilités de supérieur, il est aussi tenu d'être un principe plus profond d'union de charité.109

Le séminariste, qui aura goûté la charité du Seigneur à travers le visage sacerdotal de son éducateur, saura l'exprimer demain dans le presbytérium en union avec l'évêque et la communiquer aux fidèles.110 Par cette charité même, dont il fait l'expérience au séminaire et dans le diocèse, le prêtre vivra sereinement sa vie célibataire, sans nostalgie pour la vie dans l'état laïc.111

81. Formation à la chanté apostolique

La formation spirituelle à donner aux séminaristes doit être orientée dans un but pastoral et conçue en fonction de la vie sacerdotale future. Les prêtres sont des bâtisseurs qualifiés de la communauté ecclésiale: pour ce ministère non seulement il leur a été conféré un pouvoir spirituel (2 Co 10, 8; 13, 10), mais leur conduite, "à l'exemple de celle du Seigneur, doit être extrêmement humaine envers tous les hommes s.112

La vie communautaire du séminaire, animée d'une sincère charité chrétienne, rayonnant une grande force apostolique, devra être comme une préparation, un prélude de cette communion fraternelle du travail apostolique.113 C'est pour cette raison que les séminaristes doivent se sentir liés à leur diocèse, s'intéressant de ses problèmes pastoraux et acquérant ainsi une spiritualité diocésaine, enracinée dans le terrain de leur travail futur.114

L'union à Dieu dans la prière, l'amour du silence et des choses spirituelles, loin d'y faire obstacle, demandent un intérêt apostolique peur les événements de la société humaine et pour les signes des temps, qui constituent un appel à la charité pastorale du futur prêtre, à son service loyal et désintéressé.115

Le séminariste saisira la relation qui existe entre son célibat volontaire et la charité apostolique. En effet, le célibat volontaire est témoignage d'amour, une " réponse d'amour " à l'amour du Christ, où la capacité de donation qui n'est que d'une créature humaine reçoit de la grâce une nouvelle force incomparable.116

La parfaite chasteté est vécue par le prêtre " non par dépréciation du don divin de la vie, mais par un amour plus élevé pour la vie nouvelle qui jaillit du Mystère pascal ".117 Le sacrifice de l'affection humaine est, dans ce cas, accompli pour le Seigneur, et donc pour l'Eglise, voire pour toute l'humanité, à laquelle le prêtre sacrifie d'autres liens et des affections d'ailleurs légitimes.118

82. Assimilation progressive au Christ

L'exemple du Pasteur suprême met en évidence ce qu'a de surhumain la mission rédemptrice où doivent entrer les prêtres. La racine primordiale de la condition pastorale et de son exercice ne peut être qu'une consécration vivante et totale au Christ donné au monde par le Père.119

Le sacrement, qui établit pasteur, fait d'un baptisé un " élu du Christ " pour le salut de ses frères, un " esclave " de Jésus Christ dans l'amour fraternel (Ph 3, 12; Ga 1, 10; 5, 13). Une vie de totale soumission aux exigences de l'amour du Seigneur dispose à l'action de la grâce, comme vivre toujours moins pour soi et toujours plus pour lui la fait fructifier (2 Co 5, 14-15).

Les pasteurs doivent être continuellement formés à une disponibilité et à une puissance de donation qui est totalitaire de sa nature; ils doivent savoir que le " oui " dit à l'évêque qui impose les mains, est le consentement à l'engagement permanent et virtuellement total de l'amour sauveur. Dans la prière sacerdotale de Jésus, il est impossible de dissocier le " pour eux " du " je me consacre moi-même ". Il doit en être de même dans la formation des prêtres : on ne dissociera pas la consécration à Dieu du service des frères, au contraire il faut fonder totalement celui-ci sur celle-là.

 

4. EXIGENCES ET MODALITES DU CONTACT AVEC LE MONDE

83. Nouvelles tâches de la formation au séminaire

Les séminaires ont toujours cherché à préserver leurs élèves de l'influence du monde en favorisant un climat de recueillement propice à leur vie intérieure. A côté de cette préoccupation, toujours valable et nécessaire, on sent aussi la nécessité de mettre le séminariste en contact avec le monde des hommes dans le contexte de toutes ces réalités parmi lesquelles vit la famille humaine. En effet, c'est une des exigences fondamentales de la formation au séminaire qu'on ne peut ni ne doit prétendre maintenir des séparations devenues chimériques.

On ne peut faire abstraction de la situation délicate, parfois critique, de la foi dans le monde actuel. Les jeunes ne peuvent ignorer la réalité du monde où il sont appelés à travailler, et ils ne doivent pas l'ignorer, car la présentation de la foi ne peut pas ne pas tenir compte des conditions des hommes auxquels ils s'adresseront. Aussi la formation des futurs prêtre" devra-t-elle comporter une lucidité, une franchise, un courage et des caractéristiques qu'elle ne demandait pas autrefois.120

On devra aider le séminariste à surmonter les risques, les déviations et les équivoques éventuels grâce à une formation positive, fondée théologiquement, au sujet des choix qu'il se prépare à faire définitivement par l'ordination. Ce qui le pousse à prendre la décision fondamentale d'embrasser le sacerdoce sera non la crainte ou l'ignorance du monde ou la méconnaissance des réalités, mais une vision sereine de ce qu'est sa propre personne insérée dans le monde et de ses relations avec les autres.

84. Fonction des relations interpersonnelles

L'isolement total dans le séminaire empêche le séminariste d'assimiler le sens des problèmes de sa génération; il tend à créer des rapports mutuels conventionnels selon des normes de comportement préétablies ; il prive le candidat de la possibilité de mûrir avec responsabilité sa vocation par affrontement au milieu extérieur; il ne facilite pas une connaissance concrète de la vie et des hommes parmi lesquels le séminariste exercera son apostolat;121 il ne lui permet pas de comprendre les tentations des hommes de sorte que, prêtre, il n'éprouvera pas d'intérêt pour les problèmes des autres; il expose les jeunes au danger de se former un esprit de groupe privilégié.

Le rapport humain n'est pas qu'un moyen d'apostolat; c'est une valeur en soi sous l'aspect théologique. Le chrétien, image de Dieu en Christ, est appelé à être dans le monde comme expression de l'amour du Christ pour les hommes: dans l'amour de l'autre, en effet, il se réalise en Christ comme créature nouvelle. L'état sacerdotal lui-même exprime la mission de vivre charitablement en contact amical, en intimité sereine, en affection fraternelle, en communion familière.

C'est parce que l'éducation doit s'accomplir au contact des hommes d'aujourd'hui que le magistère a invité à former les séminaristes à la relation sociale; il a recommandé leur formation aux vertus humaines sociales telles que l'amitié, la loyauté, la fidélité à la parole donnée, la capacité de se donner aux autres avec générosité et constance.122

85. Relations des séminaristes avec leur famille

La famille a un rôle important et offre des occasions décisives par rapport aux candidats à la vie sacerdotale: par exemple, la possibilité de découvrir concrètement le sens, la valeur et les sacrifices de l'amour humain; l'expérience fondamentale et l'enrichissement d'un rapport affectif; la possibilité de connaître certains aspects particuliers de la psychologie féminine.

Le temps que passe le candidat dans sa famille, non seulement pendant les vacances d'été mais aussi durant l'année scolaire, est aujourd'hui particulièrement important pour sa formation. C'est un temps de rencontres sociales faciles et variées où il prend des activités de loisir ou de travail et d'apostolat, où il expérimente la valeur et l'opportunité des conseils reçus au séminaire. Cette fonction éducative, bien exercée, a aussi pour effet de renforcer la responsabilité et la vie spirituelle des membres de la famille et des prêtres de la paroisse.

La famille devrait être le "jardin" où naissent et poussent les vocations, " comme le premier séminaire ", et devrait être la meilleure collaboratrice du séminaire.123 Toutefois on ne doit pas oublier les nombreuses et graves carences éducatives des familles actuelles, en raison desquelles bien souvent c'est la famille elle-même qui détruit ce que le séminaire essaie de construire.

Pour faire fond sur la famille comme l'un des facteurs soutenant la formation et la persévérance du futur prêtre, il faut développer une pastorale adéquate de la famille. Un des objectifs principaux de la pastorale des vocations ecclésiastiques consiste précisément à susciter la collaboration des familles, en particulier en créant chez les parents la conscience de l'apport qu'ils peuvent et doivent donner pour favoriser la naissance et la croissance des vocations.

Le rôle des parents par rapport à la vocation ecclésiastique de leurs fils est multiple, car ils sont appelés à préparer, à cultiver et à défendre les vocations que Dieu suscite dans leur famille. Ils doivent donc s'enrichir eux-mêmes et leur famille d'importantes valeurs spirituelles, morales et pédagogiques, telles qu'une religion profonde et convaincue, une conduite morale chrétienne exemplaire, une conscience apostolique et ecclésiale, une bonne préparation pédagogique, une conception exacte de la vocation.

86. Relations avec la communauté paroissiale

C'est dans la communauté ecclésiale que le chrétien vit son expérience de foi et il est invité à y collaborer pour répandre les fruits du salut. Une communauté de vie où les divers rôles, des prêtres et des laïcs, sont vécus comme il faut et où la présence du Seigneur est au centre de toute activité, aidera chacun à prendre conscience de la dimension ecclésiale de sa vocation personnelle.

La communauté paroissiale est donc elle aussi appelée à contribuer sérieusement à la naissance des vocations sacerdotales, à leur persévérance et à leur insertion progressive dans l'action apostolique avec toutes les forces vives de la communauté.124

Ce but sera atteint efficacement aux conditions suivantes: que la paroisse forme une vraie communauté, caractérisée par une foi vive, résolument orientée vers la réalisation du Royaume de Dieu; que les prêtres de la paroisse influent sur l'esprit des jeunes par l'exemple d'une vie sainte et leur engagement dans l'action pastorale; que les fidèles s'intéressent au problème des vocations, prient dans ce but et pour la sanctification des prêtres et apportent leur contribution aux exigences de la communauté ecclésiale.

87. Contact humain et sacerdotal avec le monde

Le séminaire devra être une communauté ouverte à la vie d'aujourd'hui, en d'autres termes, il devra garder des contacts et des liens en diverses directions: avec la famille des élèves, avec le monde des jeunes, avec la vie de l'Eglise locale et universelle, et avec les problèmes de l'humanité.125

En disant que le séminaire n'est pas une institution " fermée " mais " ouverte ", on entend parler non d'une ouverture sans discernement, mais d'une ouverture réfléchie. Cela signifie avant tout que les élèves seront formés de manière à devenir capables d'un authentique contact humain et sacerdotal avec les hommes, d'une ouverture d'esprit sur leurs problèmes, capables de dialoguer.126

Le prêtre est appelé à agir dans le monde, à le comprendre, à l'accueillir, mais en même temps à y accomplir une mission qui l'en distingue. Il ne peut être " comme eux " en tout point. En vivant de manière responsable dans le monde, le prêtre s'y sent solidaire et solitaire à la fois. Son œuvre débouche simultanément sur la communauté humaine et sur la communion des saints: il vit parmi les hommes en se maintenant en présence de Dieu.127

Le séminariste doit être éduqué à vivre dans une ambiance profane en esprit sacerdotal, et formé de manière à savoir assumer des comportements propres, en vivant parmi les autres et en y exprimant des réponses personnelles suggérées par son moi spirituel intérieur. Le processus d'éducation du séminaire visera donc à développer la capacité d'autonomie spirituelle en face des pressions du milieu.

88. Education à la présence apostolique dans le monde

Les élèves, dès le séminaire, apprendront à se mettre en contact des hommes avec un regard apostolique. Dans ce but, le 2e Concile du Vatican a souhaité que les séminaristes participent à l'apostolat moins pour compléter les forces à l'œuvre dans les paroisses que pour créer en eux une mentalité pastorale dans la rencontre des autres, pour faire naître en eux le goût de la charité apostolique comme âme de leur devoir, pour accroître leur désir de rechercher une méthode apostolique adaptée aux nécessités nouvelles.128

Pour obtenir ces objectifs de la formation, il est nécessaire que les paroisses choisies pour les exercices pastoraux soient vraiment capables de susciter chez le séminariste l'esprit missionnaire, la charité apostolique et une technique mise au point par une révision critique.129 La vie célibataire elle-même doit être liée à la mission apostolique personnelle.

Pour atteindre un but aussi élevé que la formation pastorale du prêtre, il faut des éducateurs qualifiés, animateurs qui assistent les élèves et soient responsables de la réflexion et de l'engagement pastoral. Aucune règle, aucune ouverture ne sont concevables si les séminaires ne disposent pas d'hommes qui aient vraiment le sens et le don de l'éducation.130

89. Fonction des moyens de communication sociale

Les moyens de communication sociale jouant un rôle important dans la formation de l'homme d'aujourd'hui et aussi du prêtre, il est bien évident qu'ils ne sont pas étrangers au problème de la formation à la chasteté parfaite. En effet, ils sont aujourd'hui très largement employés également au service de la sexualité. Le problème touche donc l'aspect personnel du prêtre qui utilisera ces moyens, qu'il le veuille ou non, et sera sujet à leur influence; il touche aussi l'aspect pastoral du prêtre qui, comme pasteur, sait que ces moyens contribuent à informer, à former, à mûrir en sens social les fidèles, et qu'il doit être en mesure de les aider soit à tirer profit de ces nouvelles ressources soit à se garder de ce que leur influence pourrait avoir de nocif.131

Non seulement pour leur formation personnelle, mais pour une vraie préparation à l'apostolat il convient que les aspirants au sacerdoce soient initiés à l'usage des moyens de communication sociale; et en général qu'ils soient exercés à l'art de communiquer leur pensée par la parole et par écrit aux hommes de notre temps d'une manière adaptée à la mentalité moderne.

Evidemment il s'agit d'un problème d'une ampleur et d'une gravité énormes si l'on tient compte de l'état réel de la presse actuelle et de la diffusion et de la pénétration incisive de la radio et de la télévision. L'ambiance externe et interne d'une communauté de séminaire dépend étroitement de l'usage de ces moyens qui influent largement sur la formation ou la déformation des candidats au sacerdoce.

Le problème pédagogique des moyens de communication sociale ne peut donc se réduire à une simple réglementation disciplinaire de leur usage: c'est surtout un problème d'éducation positive, de réflexion sur le phénomène social dans lequel nous sommes plongés: problème de préparation et de culture de maîtres capables de diriger cet aspect de la formation. Il s'agit non seulement de limiter les dégâts d'un instrument qui peut être dangereux, mais de former des hommes aptes à prendre leurs responsabilités dans les réalités quotidiennes concrètes.

 

 

 

CONCLUSION

 

 

 

90. La formation, synthèse de la nature et de la grâce

Nous ne doutons pas que les orientations suggérées dans ces pages aideront les éducateurs. Elles sont inspirées d'une évaluation sereine des données de la nature et de la grâce qui concourent à la formation du séminariste et du prêtre. Les éducateurs, conscients de la grandeur et de la responsabilité de leur mission, viseront toujours à promouvoir en harmonieuse unité les ressources de la nature et de la grâce.

L'éducation au célibat sacerdotal, pour être efficace, doit tendre à favoriser le développement et le perfectionnement de la personne prise dans son ensemble le plus concret et le plus original. Il faut donc connaître et interpréter la réalité du sujet comme il est, adapter l'action éducative aux conditions concrètes de chacun, considérées dans le cadre de son histoire personnelle tant individuelle que sociale.

Les conditions humaines qui favorisent la vie spirituelle se résument dans l'idée de maturité. Or s'efforcer de faire mûrir sa personnalité, aider les autres à le faire, signifie collaborer avec l'action divine de la grâce pour construire l'édifice spirituel de l'homme et donc du prêtre.

S'il est vrai que la vie spirituelle, dans son mystère, dépend essentiellement de la grâce et transcende par là-même le psychisme humain comme tel, il reste cependant exact que ce dernier en conditionne le rendement. Aussi est-il de grande importance que la personnalité de chacun devienne humainement plus riche pour servir d'instrument et de signe à l'appel de l'Esprit, de la meilleure manière possible.

L'action éducative se propose précisément de favoriser les conditions humaines de chacun, de les orienter, de les perfectionner quand il le faut, de manière à rendre plus utile l'action de la grâce. Et l'efficacité de l'action éducative sera d'autant plus grande qu'on tiendra compte davantage des conditions propres, tant normales que pathologiques, d'une personnalité en formation. C'est alors seulement que pourront se réaliser ces conditions qui font de la personnalité humaine un instrument valable de l'œuvre divine de la grâce.

 

 

 

 

 

Note:

1 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, 24. juin 1967. A.A.S., 59 (1967), p. 682, n. 61.

2 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 10; Décr. Presbyterorum Ordinis, n. 16; Décr. Perfectae caritatis, n. 12; PAUL VI, Exhort. apost. Evangelica testificatio, 29 juin 1971: A.A.S., 63 (1971), p. 505, n. 15; Doc. Syn. Episc., 30 novembre 1971, De sacerdotio ministeriali, pars a., I, n. 4, d.: A.A.S., 63 (1971), p. 917.

3 Doc. Syn. Episc., 30 novembre 1971, De sacerdotio ministeriali, pars a., I, n. 4, d.: A.A.S., 63 (1971). p. 917.

4 Doc. Syn. Episc., 30 novembre 1971, De sacerdotio ministeriali, p. 917.

5 CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 16.

6 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, pp. 684 ss., n. 70.

7 Cfr. ibid., p. 687, n. 75.

8 Cfr. CONC. VAT. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 1 ; CONC. VAT. II, Décl. Gravissimum educationis, n. 1; PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 681, n. 61.

9 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 1.

10 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis. n. 16.

11 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 665, n. 20.

12 Cfr. CONC. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 10.

13 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 2.

14 CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 2; cfr. CONC. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 28; PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 664, nn. 19 ss.

15 Doc. Syn. Episc., 30 novembre 1971, De sacerdotio ministeriali, p. 915.

16 Doc. Syn. Episc., 30 novembre 1971, De sacerdotio ministeriali, p. 915.

17 Doc. Syn. Episc., 30 novembre 1971, De sacerdotio ministeriali, p. 917.

18 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 10; Décr. Presbyterorum ordinis, n. 16.

19 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 16; PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 663, n. 17.

20 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 10; PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, pp. 670 ss., nn. 33-34.

21 Cfr. CONC. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 29; PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 674, n. 42.

22 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 16; Doc. Syn. Episc., 30 nov. 1971, De sacerdotio ministeriali, p. 915.

23 Cfr. CONC. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, nn. 43, 46.

24 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 16.

25 Doc. Syn. Episc., 30 nov. 1971, De sacerdotio ministeriali, p. 916.

26 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 664, n. 19.

27 Cfr. ibid., pp. 663-671, nn. 17-34.

28 Cfr. ibid., p. 664, n. 19; pp. 666, ss., n. 24.

29 Cfr. ibid., p. 665, n. 21.

30 Cfr. ibid., p. 657, n. 1.

31 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 10.

32 Cfr. ibid., nn. 10-11.

33 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 4; Const. dogm. Lumen gentium, n. 28.

34 PAUL VI, dans la lettre apost. Summi Dei Verbum, 4 nov. 1963: A.A.S., 55 (1963), pp. 984 ss., appelait l'attention sur la "nécessité d'une formation humaine, chrétienne, sacerdotale simultanée", et affirmait que "la formation de l'homme doit aller de pair avec celle du chrétien et du futur prêtre".

35 Cfr. CONC. VAT. II, Décl. Gravissimum educationis, n. 1.

36 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 2.

37 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, nn. 3, 8, 2; S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, Rome 1970, nn. 48-58.

38 Cfr. CONC. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, chap. II-III-IV.

39 Cfr. CONC. VAT. II, Décl. Gravissimum educationis, nn. 1-2; Décr. Optatam totius, nn. 10-11; Décr. Apostolicam actuositatem, n. 29; Décr. Perfectae caritatis, n. 12; PAUL VI, Encycl. Populorum progressio, 26 mars 1967: A.A.S., 59 (1967), p. 265, n. 16; S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 51.

40 CONC. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 9.

41 Cfr. Somme théol., I-II, q. 63, a. 4.

42 Cfr. CONC. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 28; Décr. Presbyterorum ordinis, nn. 4-9.

43 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 4.

44 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, nn. 8-20; S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, nn. 44-49.

45 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, pp. 666 ss., nn. 24-25.

46 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, nn. 8, 14; PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, pp. 688-689, nn. 79-81.

47 Cfr. Doc. Syn. Episc., 30 nov. 1971, De sacerdotio ministeriali, p. 915.

48 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 16; PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, pp. 686-688, nn. 73, 77.

49 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 679, n. 57.

50 Cfr. S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 48.

51 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Perfectae caritatis, n. 12; Doc. Syn. Episc., 30 nov. 1971, De sacerdotio ministeriali, p. 917.

52 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 6; S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, nn. 39-41.

53 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 683, n. 64; CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 6.

54 CONC. VAT. II, Décl. Gravissimum educationis, n. 1.

55 Cfr. PIE XII, Encycl. Sacra virginitas, 25 mars 1954: A.A.S., 46 (1954), pp. 183-186.

56 PAUL VI, Exhort. ap. Evangelica testificatio, 29 juin 1971: A.A.S., 63 (1971), p. 515, n. 33.

57 Cfr. CONC. VAT. II, Décl. Gravissimum educationis, n. 1; PIE XII, Alloc. Magis quam, aux Carmes, 23 sept. 1951: Discorsi e radiomessaggi, XIII, p. 256; Encycl. Sacra virginitas, 25 mars 1954. pp. 183-186.

58 Cfr. CONC. VAT. II, Décl. Gravissimum educationis, nn. 3, 8; Const. Past. Gaudium et spes, n. 49.

59 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius,. n. 10; PIE XII, Exhort. ap. Menti Nostrae, 23 sept. 1950: A.A.S., 42 (1950), p. 687.

60 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 10; S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 48.

61 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 682, n. 63; S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 48.

62 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 686, n. 73.

63 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 680, nn. 58-59; CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 3.

64 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 2; S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, nn. 48, 51, 54.

65 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 684, n. 67.

66 Cfr. ibid., p. 684, n. 69; p. 686, n. 72.

67 Cfr. ibid., p. 684, n. 70.

68 Cfr. ibid., pp. 664-670, nn. 19-34.

69 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 18.

70 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 687, n. 75.

71 Cfr. ibid., p. 684, n. 70.

72 Cfr. ibid., p. 688, n. 78.

73 Cfr. ibid., p. 691, n. 86.

74 Cfr. ibid., p. 692, n. 90.

75 Cfr. CONC. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 36.

76 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 10.

77 Cfr. ibid.

78 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 684, n. 70; p. 688, n. 78; CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 16.

79 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, nn. 13, 14; PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 688, n. 78.

80 PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 684 s., n. 70.

81 Cfr. CONC. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 44.

82 S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 48.

83 Ibid., n. 95.

84 Ibid., n. 48.

85 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 688, n. 77.

86 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 10.

87 CONC. VAT. II, Décr. Perfectae caritatis, n. 12.

88 CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 10.

89 CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 5.

90 Cfr. S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 13.

91 Cfr. ibid., nn. 13, 14, 46, 48.

92 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Perfectae caritatis, n. 12.

93 CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 5.

94 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 7; S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 23.

95 PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 683, n. 66.

96 Ibid.

97 Cfr. ibid., p. 688, n. 78.

98 Cfr. ibid., p. 684, n. 68; CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 2.

99 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 10.

100 Cfr. S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 54.

101 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, nn. 4, 16; Décr. Presbyterorum ordinis, n. 13.

102 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 8; Décr. Presbyterorum ordinis, n. 18.

103 Cfr. S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 14.

104 Cfr. ibid., nn. 44-45.

105 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 8.

106 Cfr. ibid., n. 14; S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 62.

107 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius; nn. 16-17; S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, nn. 76-80.

108 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 2; Décr. Perfectae caritatis, n. 12.

109 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 2; Décr. Perfectae caritatis, n. 24.

110 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 8.

111 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Perfectae caritatis, n. 12; cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, pp. 688-689, nn. 79-80.

112 CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 6.

113 Cfr. S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 46.

114 Cfr. ibid., n. 47.

115 Cfr. ibid.

116 Cfr. PAUL VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus, p. 666, n. 24.

117 Ibid., p. 661, n. 13.

118 Cfr. ibid., pp. 661, 667, 668, 669, nn. 13-20, 26-30.

119 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 14.

120 Cfr. S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 69.

121 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, nn. 3, 19.

122 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 2; S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalîs, nn. 51, 69.

123 Cfr. PIE XI, Encycl. Ad catholici sacerdotii, 20 décembre 1935: A.A.S., 28 (1936), pp. 5 ss.; CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 2.

124 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 2; S. C. Educ. Cath., Ratio fundatnentalis, n. 2; CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 2; Décr. Ad gentes, n. 19.

125 Cfr. S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, n. 12.

126 Cfr. ibid., nn. 12, 20, 47, 51, 58, 69, 95.

127 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 17.

128 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Optatam totius, n. 12, 19.

129 Cfr. ibid., nn. 19-21.

130 Cfr. S. C. Educ. Cath., Ratio fundamentalis, nn. 30-31.

131 Cfr. CONC. VAT. II, Décr. Inter mirifica, passim; Comm. Pont. pour les Communications sociales, Instr. past. Communia et progressio, 23 mai 1971: A.A.S., 63 (1971), pp. 593 ss., passim.