Année B

Évangile selon saint Marc

 

 

Temps de l’avent B *

1er dimanche de l’avent B *

2e dimanche de l’avent B *

3e dimanche de l’avent B *

4e dimanche de l’avent B *

Temps de Noël B *

25 décembre - Nativité du Seigneur B *

La Sainte Famille B *

1er janvier- Sainte Marie, Mère de Dieu B *

2e dimanche après Noël B *

Épiphanie du Seigneur B *

Baptême du Seigneur *

Temps du carême B *

1er dimanche de carême B *

2e dimanche de carême B *

3e dimanche de carême B *

4e dimanche de carême B *

5e dimanche de carême B *

Semaine sainte B *

Dimanche des Rameaux et de la Passion B *

Jeudi saint B *

Vendredi saint B *

Samedi saint B *

Temps pascal B *

Dimanche de Pâques B *

Lundi de Pâques B *

2e dimanche de Pâques B *

3e dimanche de Pâques B *

4e dimanche de Pâques B *

5e dimanche de Pâques B *

6e dimanche de Pâques B *

Ascension du Seigneur B *

7e dimanche de Pâques B *

Pentecôte B *

Solennités du temps ordinaire B *

La Sainte Trinité B *

Le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ B *

Le Sacré-Cœur de Jésus B *

Temps ordinaire B *

2e dimanche du temps ordinaire B *

3e dimanche du temps ordinaire B *

4e dimanche du temps ordinaire B *

5e dimanche du temps ordinaire B *

6e dimanche du temps ordinaire B *

7e dimanche du temps ordinaire B *

8e dimanche du temps ordinaire B *

9e dimanche du temps ordinaire B *

10e dimanche du temps ordinaire B *

11e dimanche du temps ordinaire B *

12e dimanche du temps ordinaire B *

13e dimanche du temps ordinaire B *

14e dimanche du temps ordinaire B *

15e dimanche du temps ordinaire B *

16e dimanche du temps ordinaire B *

17e dimanche du temps ordinaire B *

18e dimanche du temps ordinaire B *

19e dimanche du temps ordinaire B *

20e dimanche du temps ordinaire B *

21e dimanche du temps ordinaire B *

22e dimanche du temps ordinaire B *

23e dimanche du temps ordinaire B *

24e dimanche du temps ordinaire B *

25e dimanche du temps ordinaire B *

26e dimanche du temps ordinaire B *

27e dimanche du temps ordinaire B *

28e dimanche du temps ordinaire B *

29e dimanche du temps ordinaire B *

30e dimanche du temps ordinaire B *

31e dimanche du temps ordinaire B *

32e dimanche du temps ordinaire B *

33e dimanche du temps ordinaire B *

34e dimanche du temps ordinaire B - Le Christ Roi de l’univers *

 

 

 

 

 

Temps de l’avent B

 

1er dimanche de l’avent B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 13,33-37

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : "Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment. "

Homélie

Voyez, veillez et priez !

au choix

Homélie de Geoffroy d’Admont († 1165)

Homélies pour les fêtes, 23, PL 174, 725-726

Voyez, veillez et priez (cf. Mc 13,33 ; 14,38). Par ces paroles, le Seigneur notre Sauveur n’a pas averti seulement ses disciples auxquels il parlait physiquement, mais en outre, par ces mêmes paroles, il a révélé clairement à nous-mêmes ce que nous devons faire, comment nous devons veiller. Cette triple parole indique nettement comment doit se sauver chacun de nous qui, oubliant tout ce qui est en arrière, désire se lancer vers l’avenir (cf. Ph 3,14), voudrait saisir le sommet de la perfection auquel il tend.

Celui qui, saisi par l’inspiration divine, aura décidé de renoncer au monde et à ses convoitises, selon l’avertissement que la parole divine nous a donné au début de la lecture d’évangile, (Mc 13,33), doit avoir les yeux ouverts pour comprendre d’emblée, avec sagesse, ce qu’il doit faire ou ce qu’il doit éviter. <>

Mais, pour quiconque vient à la conversion, il ne suffit pas, pour devenir parfait, de comprendre ce qui est bien, s’il ne cherche ensuite à veiller pour agir de même. C’est pourquoi le Seigneur, après avoir exhorté ses disciples à voir, ajoute aussitôt : Veillez et priez (Mc 13,33). Il est prescrit à chacun de veiller, c’est-à-dire de s’appliquer à réaliser effectivement ce qu’il a bien compris, et de repousser la paresse d’une vie oisive dans laquelle il se trouvait jusque-là, par la recherche vigilante d’une activité vertueuse. A celui qui veille ainsi, par le zèle d’une vie fervente, le Seigneur indique une voie encore supérieure, puisqu’il ajoute aussitôt : et priez.

Priez est donc prescrit à tous les élus, c’est-à-dire qu’en désirant les biens éternels, on doit rechercher le fruit de son effort fervent dans la seule espérance de la récompense céleste. Il semble que saint Paul prescrivait à ses disciples cette obstination dans la prière, quand il disait : Priez sans relâche (1 Th 5,17). En effet, nous prions sans relâche si, lorsque nous faisons le bien, nous ne recherchons pour cela aucune gloire terrestre, mais nous nous préoccupons uniquement de désirer les biens éternels. <>

Voyez, veillez et priez. Voyez ce qu’il faut faire, en comprenant ce qui est juste ; veillez en faisant le bien ; priez en désirant les biens éternels. Pourquoi il est si important pour nous de voir, de veiller et de prier, on le voit clairement par les paroles qui suivent : Car vous ne savez pas quand viendra le moment (Mc 13,33). Donc, parce que nous ignorons quand sera le moment de cette visite, il nous faut veiller et prier sans cesse, c’est-à-dire préparer à cette grâce, par un zèle vigilant, le fond de notre cœur.

ou bien

L’éclat du second avènement du Christ

Sermon de saint Augustin († 430)

Sermons sur l’Ancien Testament, 18, 1-2 ; PL 38, 128-129.

Notre Dieu viendra manifestement, et il ne se taira pas (Ps 49,3) ! En effet, le Seigneur Christ, notre Dieu, le Fils de Dieu, viendra de façon cachée dans son premier avènement, et de façon manifeste dans le second. Quand il est venu caché, il n’a été connu que de ses serviteurs ; quand il viendra manifestement, il sera connu des bons et des mauvais. Quand il est venu caché, c’était pour être jugé ; quand il viendra manifestement, ce sera pour être le juge.

Enfin, quand autrefois il était jugé, il s’est tu, et le prophète avait prédit ce silence : Comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche (Is 53,7). Mais Il viendra manifestement, notre Dieu, et il ne se taira pas. S’il s’est tu quand il allait être jugé, il ne se taira pas lorsqu’il viendra comme juge. Et déjà maintenant il ne se tait pas, s’il y a quelqu’un qui veuille l’entendre. Mais le psaume dit : Il ne se taira pas, lorsque ceux qui le méprisent maintenant reconnaîtront sa voix. Car lorsqu’on énonce maintenant les commandements de Dieu, certains les tournent en dérision. Parce que ce qu’il a promis ne se montre pas maintenant, et parce que ce dont il nous menace ne se voit pas maintenant, on se moque de ce qu’il prescrit.

Maintenant ce qu’on appelle le bonheur de ce monde, les méchants le possèdent aussi ; et ce qu’on appelle le malheur de ce monde, les bons le possèdent aussi. Si des hommes ne croient qu’aux réalités présentes et ne croient pas aux réalités futures, c’est parce qu’ils observent que les biens et les maux du siècle présent appartiennent indistinctement aux bons et aux mauvais. S’ils ambitionnent les richesses, ils voient qu’elles appartiennent aux pires des hommes aussi bien qu’aux bons. S’ils ont horreur de la pauvreté et des misères de cette vie, ils voient qu’elles font souffrir non seulement les bons, mais aussi les mauvais, et ils disent dans leur cœur : Dieu ne voit pas (Ps 93,7), il ne dirige pas les affaires humaines. Il nous laisse totalement rouler au hasard dans l’abîme profond de ce monde, et il ne nous montre en rien sa providence. Et s’ils méprisent les préceptes de Dieu, c’est parce qu’ils ne voient pas son jugement se manifester.

Cependant, chacun doit remarquer, même maintenant, que Dieu, quand il le veut, regarde et juge, sans attendre une heure. Mais quand il veut, il attend. D’où vient cette différence ? Parce que s’il ne jugeait jamais dès maintenant, on ne croirait pas en son existence. Mais s’il jugeait tout dès maintenant, il ne garderait rien pour le jugement. Il réserve donc beaucoup de causes pour ce jugement, mais quelques-unes sont jugées présentement, afin que ceux dont il fait attendre le jugement soient saisis de crainte et se convertissent. Car Dieu n’aime pas condamner mais sauver, et c’est pourquoi il est patient envers les mauvais, pour qu’ils deviennent bons. Cependant l’Apôtre nous dit que la colère de Dieu se révélera contre tout refus de Dieu (Rm 1,18), et qu’il rendra à chacun selon ses œuvres (Rm 2,6). Il avertit et il reprend l’homme qui le méprise en lui disant : Méprises-tu ses trésors de bonté et de patience (Rm 2,4) ? Parce qu’il est bon, parce qu’il est patient avec toi, parce qu’il te fait attendre et ne te détruit pas, tu le méprises et tu juges absolument nul le jugement de Dieu : Refuses-tu de reconnaître que ce don de Dieu te pousse à la conversion ? Avec ton cœur endurci, tu accumules la colère contre toi pour le jour de la colère, où sera révélé le juste jugement de Dieu, lui qui rendra à chacun selon ses œuvres (Rm 2,4-6).

Prière

Donne à tes fidèles, Dieu tout-puissant, d’aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur, pour qu’ils soient appelés, lors du jugement, à entrer en possession du Royaume des cieux. Par Jésus Christ.

 

2e dimanche de l’avent B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1, 1-8

Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu. Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour préparer ta route.

Homélie

Le messager qui prépare la route

Homélie d’Origène († 253)

Homélies sur saint Luc, 22, 1-4, SC 67, 300-302 ...

Examinons comment l’avènement du Christ est proclamé, et d’abord ce qui est écrit au sujet de Jean : A travers le désert une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Ce qui suit concerne en propre le Seigneur notre Sauveur, car ce n’est pas par Jean Baptiste que tout ravin sera comblé, mais par le Seigneur notre Sauveur. Que chacun se considère soi-même, ce qu’il était avant de croire, et il découvrira qu’il a été une vallée basse, une vallée en pente rapide, plongeant vers les bas-fonds. Mais le Seigneur Jésus a envoyé l’Esprit Saint, son remplaçant. Alors toute vallée a été comblée, par les bonnes œuvres et les fruits de l’Esprit Saint.

La charité ne laisse pas subsister en vous de vallée, si bien que, si vous possédez la paix, la patience et la bonté, non seulement vous cesserez d’être vallée, mais vous commencerez à être montagne de Dieu. Nous voyons se produire et s’accomplir chaque jour pour les païens cette parole : Tout ravin sera comblé, et pour le peuple d’Israël, qui est tombé de si haut : Toute colline et toute montagne seront abaissées (Lc 3,4-5). <>

C’est à la faute des fils d’Israël que les païens doivent le salut : Dieu voulait les rendre jaloux (Rm 11,11). Si vous dites que ces montagnes et ces collines qui ont été abattues sont les puissances ennemies qui se dressaient contre les hommes, vous ne vous tromperez pas. En effet, pour que les vallées en question soient comblées, il faut que les puissances ennemies, montagnes et collines, soient abaissées.

Mais voyons si une autre prophétie s’est accomplie à l’avènement du Christ. Car le texte poursuit : Les passages tortueux deviennent droits. Chacun de nous était tortueux, du moins s’il l’était et ne le reste plus aujourd’hui, car, par l’avènement du Christ qui s’est réalisé pour notre âme, tout ce qui était tortueux a été redressé. A quoi peut-il nous servir en effet, que le Christ soit venu jadis dans la chair, s’il n’est pas venu aussi jusqu’à notre âme ? Prions pour que son avènement s’accomplisse chaque jour en nous, et que nous puissions dire : Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi (Ga 2,20). <>

Donc Jésus mon Seigneur est venu ; il a égalisé nos aspérités et converti en routes unies tout ce qui était chaotique, pour faire de nous un chemin sans danger de chute, un chemin facile et très pur, pour que Dieu le Père puisse progresser en nous et que le Seigneur Jésus Christ fasse en nous sa demeure et dise : Mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. (Jn 14,23).

Prière

Seigneur tout-puissant et miséricordieux, ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils ; mais éveille en nous cette intelligence du cœur qui nous prépare à l’accueillir et nous fait entrer dans sa propre vie. Lui qui règne avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

 

3e dimanche de l’avent B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 1,6-8.19-28

Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.

Homélie

Jean le Précurseur présenté par l’évangéliste Jean

Homélie de Jean Scot Érigène († après 870)

Homélie sur le Prologue de Jean, ch. 15 ; SC 151, 275-277.

Comme il est logique, c’est Jean qui introduit Jean dans son discours sur Dieu ; l’abîme appelant l’abîme à la voix des mystères divins (cf. ps 41,8) : l’Évangéliste raconte l’histoire du Précurseur. Celui qui reçut la grâce de connaître le Verbe au commencement (Jn 1,1) nous renseigne sur celui qui reçut la grâce de venir en avant du Verbe incarné. Il y eut, dit-il. Il ne dit pas simplement : Il y eut un envoyé de Dieu, mais il y eut un homme (Jn 1,6). Il parle ainsi afin de distinguer le Précurseur, qui participe seulement de l’humanité, et l’homme qui, unissant étroitement en lui divinité et humanité, est venu ensuite : afin de séparer la voix qui passe du Verbe qui demeure toujours de façon immuable, afin de suggérer que l’un est l’étoile du matin qui apparaît à l’aube du Royaume des cieux, et de déclarer que l’autre est le soleil de justice qui lui succède. Il distingue le témoin de celui auquel il rend témoignage, celui qui est envoyé de celui qui envoie, la lampe vacillante de la lumière splendide qui remplit l’univers et qui, pour le genre humain tout entier, dissipe les ténèbres de la mort et des péchés.

Ainsi le Précurseur fut l’homme du Seigneur, non pas Dieu ; le Seigneur, dont il fut le Précurseur, fut à la fois homme et Dieu. Le Précurseur fut un homme qui deviendrait Dieu par la grâce. Celui dont il prépare la venue était Dieu par nature ; il devait se faire homme par humilité, et parce qu’il voulait opérer notre salut et notre rachat.

Un homme fut envoyé. Par qui ? Par le Dieu Verbe qu’il a précédé. Sa mission était d’être Précurseur. C’est dans un cri qu’il envoie sa parole devant lui : A travers le désert, une voix crie (Mt 3,3). Le messager prépare l’avènement du Seigneur. Son nom était Jean, signifiant que la grâce lui a été donnée d’être le Précurseur du Roi des rois, le révélateur du Verbe inconnu, le baptiseur en vue de la naissance spirituelle, le témoin, par sa parole et son martyre, de la lumière éternelle.

Prière

Tu le vois, Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ; dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère, pour que nous fêtions notre salut avec un cœur vraiment nouveau. Par Jésus Christ.

 

4e dimanche de l’avent B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 1,26-38

L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.

Homélie

Descendant du roi David

Homélie de saint Bède le Vénérable († 735)

Homélies pour l’avent, 3 ; CCL 122, 14-17.

Frères très chers, l’évangile qui est lu aujourd’hui met en valeur la naissance de notre salut. En effet, il nous raconte l’envoi par Dieu d’un ange du ciel chargé d’annoncer à la Vierge la naissance inouïe, dans la chair, du Fils de Dieu, par lequel nous pourrions rejeter notre vieillerie coupable, et être renouvelés au point d’être comptés parmi les fils de Dieu. Donc, pour que nous puissions obtenir les dons du salut promis, écoutons d’une oreille attentive le récit de son origine.

L’ange Gabriel, dit l’évangile, fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie (Lc 1,26-27).

Ce qui est dit de la maison de David ne concerne pas seulement Joseph, mais aussi Marie. Car la Loi prescrivait que chacun devait épouser une femme de sa tribu et de sa famille, au témoignage de l’Apôtre, qui écrit à Timothee : Souviens-toi de Jésus Christ, le descendant de David : il est ressuscité d’entre les morts, voilà mon évangile (2 Tm 2,8). Le Seigneur est véritablement issu de la descendance de David parce que sa mère vierge a réellement pris naissance de la souche de David. L’ange entra chez elle et dit : Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père (Lc 1,30-32).

Le trône de David désigne ici le pouvoir sur le peuple d’Israël, que David gouverna en son temps avec un zèle plein de foi, en obéissant aux ordres du Seigneur et en bénéficiant de son secours. Donc le Seigneur a donné à notre Rédempteur le trône de David son père, quand il décida de le faire s’incarner dans la race de David. Ce peuple, que David dirigea par son pouvoir temporel, le Christ va l’entraîner par une grâce spirituelle vers le royaume éternel dont l’Apôtre dit : Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé (Col 1,13).

Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob (Lc 1,33). La maison de Jacob désigne l’Église universelle qui, par la foi et le témoignage rendus au Christ, se rattache à la destinée des Patriarches, soit chez ceux qui ont tiré leur origine charnelle de leur souche, soit chez ceux qui, nés charnellement d’une autre nation, sont renés dans le Christ, par le baptême dans l’Esprit.

C’est sur cette maison de Jacob qu’il régnera éternellement : et son règne n’aura pas de fin (Lc 1,33). Oui, il règne sur elle dans la vie présente, lorsqu’il gouverne le cœur des élus où il habite, par leur foi et leur amour envers lui ; et il les gouverne par sa continuelle protection, pour leur faire parvenir les dons de la rétribution céleste ; il règne dans l’avenir, lorsque, une fois achevé l’état de l’exil temporel, il les introduit dans le séjour de la patrie céleste. Et là, ils se réjouissent de ce que sa présence visible leur rappelle continuellement qu’ils n’ont rien à faire d’autre que de chanter ses louanges.

Prière

Que ta grâce, Seigneur notre Père, se répande en nos cœurs : par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’incarnation de ton Fils bien-aimé ; conduis-nous par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par Jésus Christ.

Temps de Noël B

 

25 décembre - Nativité du Seigneur B

Evangile

Commencement de l’Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 1,1 -25 ; lecture brève : 1,18-25

Voici la table des origines de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham : Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères.

ou bien

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2,1-14

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre.

Homélie

Dieu dans la chair

Homélie de saint Basile le Grand († 379)

Homélie sur la sainte génération du Christ, 2.6 ; PG 31,1459-1462.1471-1474.

Dieu sur terre, Dieu parmi les hommes ! Cette fois il ne promulgue pas sa loi au milieu des éclairs, au son de la trompette, sur la montagne fumante, dans l’obscurité d’un orage terrifiant, mais il s’entretient d’une façon douce et paisible, dans un corps humain, avec ses frères de race. Dieu dans la chair ! Ce n’est plus celui qui agit par intermittence comme les prophètes, mais celui qui assume pleinement la nature humaine et, par sa chair qui est celle de notre race, ramène à lui tout le genre humain.

Comment donc, direz-vous, sa splendeur s’est-elle étendue à tous à partir d’un seul ? Comment la divinité peut-elle habiter la chair ? Comme le feu habite le fer, non pas en se déplaçant, mais en se communiquant. En effet, le feu ne se jette pas sur le fer mais, en demeurant à sa place, il lui communique sa propre vertu. En cela il n’est nullement diminué, mais il remplit entièrement le fer auquel il se communique. De la même manière, Dieu, le Verbe, qui a habité parmi nous (Jn 1,14), n’est pas sorti de lui-même ; le Verbe qui s’est fait chair (Jn 1,14) n’a pas été soumis au changement : le ciel n’a pas été dépouillé de celui qu’il contenait, et pourtant la terre accueillit dans son propre sein cet être céleste. <>

Pénètre-toi de ce mystère : Dieu est dans la chair afin de tuer la mort qui s’y cache. En effet, si des médicaments capables de chasser les poisons sont introduits dans un corps, ils en chassent les causes de corruption, afin que les ténèbres qui règnent dans cet organisme se dissipent quand paraît la lumière. Et de même que, dans l’eau, la glace l’emporte sur le liquide aussi longtemps que règne l’obscurité de la nuit, mais se met à fondre sous le rayon du soleil qui la réchauffe, de même la mort a régné jusqu’à la venue du Christ. Mais quand la grâce de Dieu s’est manifestée pour notre salut (Tt 2,11), quand s’est levé le soleil de justice (Ml 3,20), la mort a été engloutie dans la victoire (1 Co 15,54) parce qu’elle ne supportait pas la cohabitation avec la vie véritable.

O profondeur de la bonté et de l’amour de Dieu pour les hommes ! Rendons gloire avec les bergers, dansons avec les chœurs des anges, car il est né aujourd’hui un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur (Lc 2,11-12).

Dieu, le Seigneur, nous illumine (Ps 117,27), non sous son aspect de Dieu, pour ne pas épouvanter notre faiblesse, mais sous son aspect de serviteur, afin de conférer la liberté à ceux qui étaient condamnés à la servitude. Qui aurait le cœur assez lâche et assez indifférent pour ne pas se réjouir, exulter d’allégresse, rayonner de joie devant cet événement ? C’est une fête commune à toute la création. Tous doivent y contribuer, nul ne doit se montrer ingrat. Nous aussi, élevons la voix pour chanter notre allégresse.

Prière

Père, toi qui as merveilleusement créé l’homme et plus merveilleusement encore rétabli sa dignité, fais-nous participer à la divinité de ton Fils, puisqu’il a voulu prendre notre humanité. Lui qui règne.

 

La Sainte Famille B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2,22-40

Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur.

Homélie

Le Législateur soumis à la Loi

au choix

Homélie de saint Cyrille d’Alexandrie († 444) !

Homélie 12, PG 77, 1041 1048 1049

Nous avons vu récemment le petit Emmanuel couché dans une mangeoire, emmailloté comme on fait chez les hommes, mais chanté comme Dieu par l’armée des saints anges. Car Dieu le Père avait conféré aux habitants du ciel cet honneur insigne d’être les premiers à proclamer le Christ.

En outre, nous avons vu aujourd’hui celui-ci obéir aux lois de Moïse, c’est-à-dire que Dieu, le législateur, se soumettait, comme un homme, à ses propres lois. C’est ce que nous enseigne saint Paul : Nous, de même, quand nous étions des enfants nous étions soumis aux éléments du monde. Mais, lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme, il a été sujet de la Loi juive, pour racheter ceux qui étaient sujets de la Loi (Ga 4,3-5). Donc, le Christ a racheté de la malédiction de la Loi ceux qui en étaient les sujets, mais qui ne l’observaient pas. De quelle manière les a-t-il rachetés ? En accomplissant cette loi ; autrement dit, afin d’effacer la transgression dont Adam s’était rendu coupable, il s’est montré obéissant et docile, à notre place, envers Dieu le Père. Car il est écrit : De même que tous sont devenus pécheurs parce qu’un seul homme a désobéi, de même tous deviendront justes parce qu’un seul homme a obéi (Rm 5,18). Avec nous il a courbé la tête devant la loi, et il l’a fait selon le plan divin de l’incarnation. En effet, il devait accomplir parfaitement ce qui est juste (cf. Mt 3,15).

Après avoir pris pleinement la forme de serviteur, précisément parce que sa condition humaine le rangeait au nombre de ceux qui portent le joug, il a payé aux percepteurs, comme tout le monde, le montant de l’impôt, alors que par nature, et en tant que Fils, il en était dispensé (cf. Mt 18,23-26). Donc, lorsque tu le vois observer la loi, ne sois pas choqué, ne mets pas au rang des serviteurs celui qui est libre, mais mesure par la pensée la profondeur d’une telle économie.

Donc, lorsque fut venu le huitième jour, où l’on obéissait à la loi en accomplissant la circoncision, il reçut son nom, celui de Jésus, qui se traduit par "Salut du peuple." Car c’est ainsi que Dieu le Père voulut que son Fils fut nommé après être né de la femme, selon la chair. C’est alors, certes, que le salut s’est surtout réalisé, non pour un seul peuple, mais pour beaucoup, pour toutes les nations, pour la terre entière. <>

Il est donc devenu lumière pour éclairer les nations païennes mais gloire d’Israël (Lc 2,32). Car si, dans cette nation, certains sont devenus violents, rebelles et butés, un reste a été sauvé (Rm 9,27) et glorifié par le Christ. Ses disciples en ont été les prémices, eux dont la gloire illumine le monde. De toute façon, c’est la gloire d’Israël, puisqu’il en est issu selon la chair, même s’il est Dieu, établi au-dessus de tous les hommes, et béni dans les siècles. <>

L’évangéliste a donc la sagesse de nous aider en nous enseignant tout ce que le Fils incarné a fait à cause de nous et pour nous, lui qui n’a pas dédaigné d’assumer notre pauvreté. Nous devons donc le glorifier comme notre Rédempteur, notre Sauveur et notre Dieu : à lui, et avec lui, à Dieu le Père, gloire et puissance, ainsi qu’à l’Esprit Saint, pour les siècles des siècles. Amen.

ou bien

Mûrir comme une grappe

Homélie de saint Grégoire de Nysse († 395) sur le Cantique des Cantiques

Homélies sur le Cantique, 3 ; éd. jaeger 6, 96-99.

Le petit enfant qui nous est né, Jésus, grandit de façon différente, en sagesse, en âge et en grâce, chez ceux qui l’ont reçu. Il n’est pas le même chez tous mais il se conforme à la capacité de celui en lequel il vit. Il se montre ainsi comme un petit enfant, comme un adolescent ou un homme parfait, selon la nature de la grappe. Car celle-ci, sur la vigne, ne montre pas toujours la même forme, elle change avec le temps : elle fleurit, elle bourgeonne, elle est achevée, puis, parfaitement mûre, elle va se transformer en vin.

La vigne promet donc par son fruit : celui-ci n’est pas encore mûr et à point pour donner du vin, mais il attend la plénitude des temps. Toutefois, il n’est pas absolument incapable de nous réjouir. En effet, il charme l’odorat, avant le goût, dans l’attente des biens futurs, et il séduit les sens de l’âme par les effluves de l’espérance. Car l’assurance ferme de la grâce que l’on espère délecte déjà ceux qui attendent avec constance. Il en est ainsi du raisin de Chypre qui promet du vin avant de l’être devenu : par sa fleur — c’est l’espérance qui est sa fleur — il nous donne l’assurance de la grâce future. <>

Celui dont la volonté s’harmonise à celle du Seigneur parce qu’il la médite jour et nuit, devient un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt (cf. ps 1,3). C’est pourquoi la vigne de l’Époux, qui a pris racine dans la terre fertile de Gaddi (cf. Ct 1,14 Vg.), c’est-à-dire dans le fond de l’âme, qui est arrosée et enrichie par les enseignements divins, produit cette grappe fleurissante et épanouie dans laquelle elle peut contempler son planteur et son vigneron.

Bienheureuse cette culture dont la fleur reproduit la beauté de l’Époux ! Puisque celui-ci est la lumière véritable, la vraie vie et la vraie justice, comme dit la

Sagesse, et bien d’autres vertus encore, lorsqu’un homme, par ses œuvres, devient pareil à l’Époux, lorsqu’il regarde la grappe de sa propre conscience, il y voit l’Époux lui-même, car il reflète la lumière de la vérité dans une vie lumineuse et sans tache.

C’est pourquoi cette vigne féconde affirme : C’est ma grappe qui fleurit et bourgeonne (cf. Ct 7,7-8.13). L’Époux est en personne cette vraie grappe qui se montre attachée au bois, dont le sang devient, pour ceux qui se sauvent dans la joie, une boisson de salut, dans le Christ Jésus notre Seigneur, à qui soient la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen.

Prière

Tu as voulu, Seigneur, que la Sainte Famille nous soit donnée en exemple ; accorde-nous de pratiquer, comme elle, les vertus familiales et d’être unis par les liens de ton amour, avant de nous retrouver pour l’éternité dans la joie de ta maison. Par Jésus Christ.

 

1er janvier- Sainte Marie, Mère de Dieu B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2,16-21

Quand les bergers arrivèrent à Bethléem, ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire.

Homélie

La Vierge Mère de Dieu

Homélie de Basile de Séleucie († vers 459)

Sermon 39, 4-5 ; PG 85, 437.441-447.

Le Créateur de l’univers, le Tout-Puissant, né de la Vierge Mère de Dieu, s’est uni à la nature humaine ; il a pris une chair vraiment dotée d’une âme, et il n’a connu aucune faute : Il n’a jamais commis de péché ni proféré de mensonge (1 P 1,22).

Corps très saint qui a abrité le Seigneur ! C’est en Marie qu’a été annulé le constat de notre péché ; c’est en elle que Dieu s’est fait homme tout en restant Dieu. Il a voulu se soumettre à cette grossesse et il s’est abaissé à naître comme nous ; sans abandonner le sein du Père, il était comblé par les caresses de sa mère.

Car Dieu ne se divise pas lorsque il accomplit sa volonté ; c’est même en demeurant chez tous sans division qu’il donne le salut au monde. Gabriel est venu vers la Vierge Mère sans quitter le ciel, et le Verbe de Dieu qui embrasse toutes choses, tandis qu’il s’incarne en elle, ne cesse pas d’être adoré dans le ciel. <>

Est-il nécessaire de faire intervenir tout ce qu’ont dit les prophètes qui ont annoncé la venue du Christ qui naîtrait de la Mère de Dieu ? Quelle voix serait assez sublime pour entonner des hymnes convenant à sa dignité ? De quelles fleurs lui tresserons-nous la couronne qui lui est due ? Car c’est d’elle qu’a germé la fleur de Jessé (cf. Is 11,1) qui a couronné notre race de gloire et d’honneur.

Quels présents dignes d’elle lui offrirons-nous, quand tout ce qu’il y a dans le monde est indigne d’elle ? Car, si saint Paul dit des autres saints : Le monde n’en était pas digne (He 11,38), que dirons-nous de la Mère de Dieu qui resplendit au-dessus de tous les martyrs autant que le soleil brille plus que les étoiles ?

O virginité par laquelle les anges, d’abord éloignés du genre humain, se réjouissent avec raison d’être mis au service des hommes ! Et Gabriel exulte d’être chargé d’annoncer la conception divine. C’est pourquoi il ouvre son message de salut en invoquant la joie et la grâce : Réjouis-toi, comblée de grâce (Lc 1,28), prends un visage joyeux. Car c’est de toi que va naître la joie de tous, avec celui qui, après avoir détruit la puissance de la mort et avoir donné à tous l’espérance de ressusciter, nous délivrera de l’antique malédiction. <>

L’Emmanuel s’est donc produit dans ce monde qu’il avait créé jadis, en apparaissant comme un nouveau-né, lui qui était Dieu avant l’éternité ; couché dans une mangeoire, exclu de la salle commune, alors qu’il venait préparer les demeures éternelles. Confiné dans une grotte et signalé par l’étoile, comblé de cadeaux par les mages et payant la rançon du péché, porté dans les bras de Syméon et embrassant l’univers par l’étendue de sa puissance divine, vu comme un nourrisson par les bergers et reconnu comme Dieu par l’armée des anges qui chantaient sa gloire dans le ciel, la paix sur la terre, la bienveillance de Dieu envers les hommes (Lc 2,14).

Tout cela, la sainte Mère du Seigneur de l’univers le méditait dans son cœur (Lc 2,19.51), dit l’évangile. Elle se réjouit intérieurement de cette accumulation de merveilles, en même temps qu’elle est bouleversée par la grandeur de son Fils qui est Dieu, grandeur qu’elle perçoit par les yeux de l’âme. Comme elle restait à contempler l’enfant divin, entraînée, comme je le crois, par des élans pleins de respect, elle était seule à converser avec le seul.

Prière

Dieu tout-puissant, par la maternité virginale de la bienheureuse Vierge Marie, tu as offert au genre humain les trésors du salut éternel ; accorde-nous de sentir qu’intervient en notre faveur celle qui nous permit d’accueillir l’auteur de la vie, Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur. Lui qui règne.

 

2e dimanche après Noël B

Voir année A, p. 27, ou C, p. 331

 

Épiphanie du Seigneur B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 2,1-12

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : "Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?"

Homélie

Il est roi, Dieu et homme

Homélie de saint Odilon de Cluny († 1049)

Sermons pour l’Épiphanie, 2 ; PL 142, 997-998.

Ce jour, je l’ai souvent dit, est une assez grande fête par lui-même, mais il est encore remarquable par son voisinage avec Noël. Lorsque l’on adore Dieu dans l’enfant, on honore l’enfantement virginal. Lorsque l’on offre des présents à l’homme-Dieu, on adore la dignité de la naissance divine. Lorsque les mages découvrent Marie avec l’enfant, ils proclament véritables l’humanité du Christ et l’intégrité de la Mère de Dieu. Comme dit l’évangéliste : En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et tombant à genoux., ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et ils lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe (Mt 2,10-11).

Ces dons offerts par les mages révèlent les mystères du Christ. En donnant de l’or, ils exaltent le roi ; en offrant l’encens, ils adorent Dieu ; en présentant de la myrrhe, ils le reconnaissent mortel. Quant à nous, croyons donc que le Christ a épousé notre condition mortelle, afin que, par sa mort unique, nous sachions que nous sommes délivrés de la seconde mort. Comment le Christ est apparu mortel et a payé notre dette envers la mort, Isaïe l’a dit : Il a été comme un agneau conduit à l’abattoir (Is 53,7).

Nous devons croire que le Christ est roi, car nous l’avons prouvé par l’autorité divine. Il dit de lui-même dans le Psaume : J’ai été sacré roi par lui (Ps 2,6 Vg.), c’est-à-dire par Dieu le Père. Et qu’il soit le Roi des rois, il le dit lui-même par la bouche de la Sagesse : Par moi règnent les rois, et les grands fixent de justes décrets (Pr 8,15). Enfin, qu’il soit vraiment le Christ et Seigneur, c’est ce qu’attesté le monde entier créé par lui. Car il dit lui-même dans l’Évangile : Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre (Mt 28,18). Et l’Apôtre affirme que lui a été donné par Dieu le Père le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux (Ph 2,9-10). L’Apôtre dit ailleurs : Tout est créé par lui et pour lui. Il est avant tous les êtres, et tout subsiste en lui (Col 1,16-17). Et saint Jean l’Évangéliste dit : Par lui tout s’est fait, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui (Jn 1,3). Si l’on reconnaît que toutes choses ont été faites par lui et que tout subsiste en lui (Col 1,17), nous devons nécessairement croire que toutes choses ont connu son avènement.

Prière

Aujourd’hui, Seigneur, tu as révélé ton Fils unique aux nations, grâce à l’étoile qui les guidait ; daigne nous accorder, à nous qui te connaissons déjà par la foi, d’être conduits jusqu’à la claire vision de ta splendeur. Par Jésus Christ.

 

Baptême du Seigneur

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1,7-11

Jean Baptiste proclamait dans le désert : "Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi."

Homélie

Celui-ci est mon Fils

au choix

Homélie de Grégoire d’Antioche († 593)

Homélies sur le baptême du Christ, 2, 5-6.9-10, PG 88, 1876-1877. 1880-1884.

Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour (Mt 3,17). Il est celui qui a rempli le sein de Marie sans quitter le mien ; qui, en demeurant en moi inséparablement, a résidé aussi en elle, sans contracter aucune limite ; qui est au ciel en gardant son unité, et qui a séjourné dans les entrailles de la Vierge sans tache. Il n’y en a pas un qui est mon Fils, et un autre le Fils de Marie ; l’un qui était couché dans une grotte, et un autre, adoré par les mages ; l’un qui a été baptisé, et un autre demeuré sans baptême. Non, celui-ci est mon Fils. Il n’y en a qu’un : celui qui est vu par la pensée et celui qui est vu par les yeux ; il n’y en a qu’un, et c’est le même : celui qui est invisible et celui que vous voyez ; celui qui est éternel et situé dans le temps ; celui qui est consubstantiel avec moi par la divinité, et consubstantiel avec vous par son humanité, en toutes choses à l’exception du péché (cf. He 4,15). <>

C’est lui qui est le médiateur entre moi et ceux qui lui obéissent, car c’est par lui-même qu’il réconcilie avec moi ceux qui m’avaient offensé. C’est lui qui est à la fois mon Fils et l’agneau ; lui qui est le prêtre et la victime ; celui qui offre et celui qui est offert ; celui qui s’est fait sacrifice et celui qui reçoit le sacrifice.

Tel est le témoignage que le Père a rendu à son Fils unique après le baptême de celui-ci dans le Jourdain. Et lorsque, devant ses disciples, le Christ fut transfiguré sur la montagne, et que son visage devint resplendissant au point d’obscurcir la splendeur du soleil, alors, le Père prit de nouveau la parole pour dire : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour : écoutez-le (Mt 17,5).

S’il dit : Je suis dans le Père, et le Père est en moi (Jn 14,11), écoutez-le. S’il dit : Celui qui m’a vu a vu le Père (Jn 14,9), écoutez-le, car il dit la vérité. S’il dit : Le Père qui m’a envoyé est plus grand que moi (cf. Jn 14,28), mettez cette parole au compte du dessein du salut qui l’abaisse vers vous. S’il dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous, en rémission des péchés (cf. Mt 26,26.28), regardez ce corps qu’il vous montre, ce corps qu’il a pris chez vous pour en faire le sien, et qui a été broyé pour vous. S’il dit : Ceci est mon sang (Mt 26,28), soyez sûrs qu’il s’agit bien de son sang et non de celui d’un autre. <>

Voilà ce que Dieu le Père nous a enseigné, voilà ce que le Fils unique de Dieu nous a révélé, voilà l’instruction que nous avons reçue de l’Esprit Saint, voilà ce que proclament les saintes Écritures. Ce que nous avons reçu, gardons-le. Pourquoi ces vaines oppositions entre nous ? Dieu nous a appelés à vivre dans la paix, non dans la bataille. Demeurons dans notre vocation. Approchons-nous avec respect et tremblement de la table eucharistique où nous participons aux mystères célestes. Ne soyons pas en même temps convives d’un même festin, et à l’affût les uns des autres ; unis à l’intérieur par la communion, et scandaleux au dehors par notre désaccord, afin que le Seigneur ne dise pas de nous aussi : J’ai élevé des enfants, je les ai fait grandir, je les ai nourris de ma chair, et ils m’ont rejeté (cf. Is 1,2).

Que le Sauveur de tous, le Créateur de la paix, donne la tranquillité à son Église ; que lui-même protège ce saint troupeau avec son pasteur, que lui-même rassemble les brebis égarées dans sa bergerie, afin qu’il n’y ait plus qu’un seul troupeau et une seule bergerie. A lui gloire et puissance, pour les siècles des siècles. Amen.

ou bien

Le baptême de l’auteur du baptême

Homélie de saint Éphrem († 373)

Hymne 14, 6-8.14.36-37.47-50 ; éd. lamy 1, 116.118.124.126.128 (trad. lat.).

Celui de qui vient tout baptême est venu au baptême et s’est manifesté au Jourdain. Jean le vit et retint sa main en suppliant : "Comment, Seigneur, veux-tu être baptisé, toi qui sanctifies tout par ton baptême ? C’est à toi qu’appartient le vrai baptême, d’où découle toute sainteté parfaite."

Le Seigneur répondit : "Je le veux : approche et baptise-moi, pour que ma volonté s’accomplisse. Tu ne peux résister à ma volonté ; je serai baptisé par toi, car je le veux. Tu trembles et, contre ma volonté, tu ne considères pas ce que j’ai demandé. Or le baptême m’appartient ; accomplis l’œuvre à laquelle tu as été appelé. Les eaux sont sanctifiées par mon baptême, c’est de moi qu’elles reçoivent le feu et l’Esprit. Si je ne reçois pas le baptême, elles n’auront pas le pouvoir d’engendrer des enfants immortels. Il faut absolument que tu me baptises sans discuter, comme je l’ordonne. Je t’ai baptisé dans le sein de ta mère, baptise-moi dans le Jourdain."

Saint Jean Baptiste répond : "Je suis un serviteur bien pauvre. Toi qui libères tous les hommes, aie pitié de moi ! Je ne suis pas digne de défaire la courroie de tes sandales (cf. Mc 1,7). Qui me rendra digne de toucher ta tête sublime ? J’obéis, Seigneur, à ta parole. Oui, viens vers le baptême où ton amour te pousse. L’homme qui n’est que poussière admire, avec un souverain respect, qu’il soit parvenu à cette dignité d’imposer la main à celui qui l’a modelé."

Les armées célestes restaient silencieuses ; l’Époux très saint descendit dans le Jourdain ; baptisé, il en remonta aussitôt et sa lumière rayonna sur le monde.

Les portes du ciel s’ouvrirent et la voix du Père se fit entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour (Mt 3,17). Allons, tous les peuples, adorez-le !

Les assistants demeuraient stupéfaits d’avoir vu l’Esprit descendre pour rendre témoignage (cf. Jn 1,32-34) au Christ. Gloire, Seigneur, à ton Epiphanie, qui nous réjouit tous ! Dans ta manifestation, c’est le monde entier qui a resplendi.

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, quand le Christ fut baptisé dans le Jourdain, et que l’Esprit Saint reposa sur lui, tu l’as désigné comme ton Fils bien-aimé ; accorde à tes fils adoptifs, nés de l’eau et de l’Esprit, de se garder toujours dans ta sainte volonté. Par Jésus Christ.

Temps du carême B

 

1er dimanche de carême B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1,12-15

Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert. Et dans le désert il resta quarante jours, tenté par Satan.

Homélie

Jésus, tenté pour notre instruction

Homélie de Lansperge le Chartreux († 1539)

Sermon 2 sur le premier dimanche de carême, Opera omnia, t 1, 180

Tout ce que le Seigneur Jésus a voulu faire aussi bien que souffrir, il l’a fait pour nous instruire, nous reprendre et nous être utile. Puisqu’il savait que nous en tirerions beaucoup de fruit pour notre instruction et notre réconfort, il n’a voulu rien omettre de ce qui pourrait nous profiter. C’est pourquoi il fut conduit au désert, et il n’y a pas de doute que ce fut par l’Esprit Saint. En effet, l’Esprit Saint a voulu le conduire là où le démon pourrait le trouver et oserait s’approcher de lui pour le tenter. Car le tentateur était provoqué à le mettre à l’épreuve par des circonstances favorables, c’est-à-dire la solitude, la prière, la mortification corporelle, le jeûne et la faim. Ainsi le démon aurait-il la possibilité d’apprendre de Jésus s’il était le Christ et le Fils de Dieu.

La première chose que nous apprenons ici, c’est que la vie de l’homme sur la terre est une vie de combat (Jb 7,1). Et aussi que le chrétien doit s’attendre à être d’emblée tenté par le démon. Qu’il se prépare donc à la tentation, selon l’Écriture : Si tu viens te mettre au service du Seigneur, prépare-toi à subir l’épreuve (Si 2,1). C’est pourquoi le Seigneur a voulu réconforter par ses exemples tout nouveau baptisé, tout nouveau converti, pour qu’il n’ait pas peur et ne devienne pas timoré, si après sa conversion ou son baptême, ayant été tenté par le démon plus fortement qu’auparavant, pu s’il souffre davantage de la persécution, il lit dans l’Évangile que le Christ lui-même a été tenté par le démon aussitôt après son baptême.

La deuxième leçon que le Christ a voulu nous donner par son exemple, c’est que nous ne cherchions pas facilement à nous exposer à la tentation. Conscients de notre faiblesse, veillons plutôt à ne pas entrer en tentation, prions et évitons les occasions d’être tentés.

Prière

Accorde-nous, Dieu tout-puissant, tout au long de ce carême, de progresser dans la connaissance de Jésus Christ et de nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle. Lui qui règne.

 

2e dimanche de carême B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 9,2-10

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.

Homélie

Jésus, supérieur à Moïse et Elie

Homélie de saint Ambroise († 397)

Sur le psaume 45, 2, CSEL 64, 6, 330-331 n

Le Seigneur Jésus a voulu que Moïse gravît seul la montagne, mais il fut rejoint par Josué. Dans l’Évangile aussi, c’est à Pierre, Jacques et Jean, seuls de tous les disciples, qu’il révéla la gloire de sa résurrection. Ainsi voulut-il que son mystère demeurât caché, et il les avertissait fréquemment de ne pas annoncer facilement ce qu’ils avaient vu à n’importe qui, pour qu’un auditeur trop faible ne trouvât là un obstacle qui empêcherait son esprit inconstant de recevoir les mystères dans toute leur force. Car enfin Pierre lui-même ne savait pas ce qu’il disait (Lc 9,33), puisqu’il croyait qu’il fallait dresser trois tentes pour le Seigneur et ses acolytes. Ensuite, il n’a pas pu supporter l’éclat de gloire du Seigneur qui se transfigurait, mais il tomba sur le sol, comme tombèrent aussi les fils du tonnerre, Jacques et Jean, quand la nuée les recouvrit, et ils ne purent se relever que lorsque Jésus s’approcha et les toucha, leur ordonna de se lever et de calmer leur crainte.

Ils entrèrent donc dans la nuée pour connaître ce qui est secret et caché, et c’est là qu’ils entendirent la voix de Dieu disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour : écoutez-le (Mt 17,5). Que signifie : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ? Cela veut dire — Simon, ne t’y trompe pas ! — que tu ne dois pas placer le Fils de Dieu sur le même rang que les serviteurs. "Celui-ci est mon Fils : Moïse n’est pas mon Fils, Élie n’est pas mon Fils, bien que l’un ait ouvert le ciel, et que l’autre ait fermé le ciel." L’un et l’autre, en effet, à la parole du Seigneur, ont vaincu un élément, mais ils n’ont fait que prêter leur ministère à celui qui a affermi les eaux et fermé par la sécheresse le ciel, qu’il a fait fondre en pluie dès qu’il l’a voulu.

Là où le témoignage sur la résurrection est invoqué, on fait appel au ministère des serviteurs, mais là où se montre la gloire du Seigneur qui ressuscite, la gloire des serviteurs tombe dans l’obscurité. Car, en se levant, le soleil obscurcit jusqu’aux globes des étoiles, et toutes leurs lumières disparaissent devant l’éclat du soleil de ce monde. Comment donc, devant l’éternel soleil de justice, pourrait-on voir encore des étoiles de chair ? Où sont donc ces lumières qui brillaient à nos yeux par quelque miracle ? Toutes sont ténèbres en comparaison de la lumière éternelle. D’autres s’empressent de plaire à Dieu par leurs services, lui seul est la lumière éternelle, en qui le Père se complaît ou en qui, dit-il, "je me suis complu, afin que l’on croie que tout ce qu’il a fait est à moi, et que tout ce que j’ai fait, on croie à bon droit que c’est l’œuvre du Fils."

Écoutez celui-ci dire de lui-même : Le Père et moi, nous sommes un (Jn 10,30). Il n’a pas dit : "Moïse et moi, nous sommes un." Il n’a pas dit qu’il y a une quelconque communion dans la gloire éternelle entre Élie et lui. Pourquoi préparez-vous trois tentes ? Celui-ci n’a pas sa tente sur la terre, mais au ciel.

Prière

Tu nous a dit, Seigneur, d’écouter ton Fils bien-aimé ; fais-nous trouver dans ta parole les vivres dont notre foi a besoin : et nous aurons le regard assez pur pour discerner ta gloire. Par Jésus Christ.

 

3e dimanche de carême B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 2,13-25

Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.

Homélie

Le temple de pierres vivantes

Homélie de saint Augustin († 430) sur le psaume 130.

On suggère d’utiliser comme homélie le texte figurant comme seconde lecture dans la Liturgie des Heures ou le Livre des jours, et de prendre comme seconde lecture le texte qui est donné ici.

Homélies sur les psaumes, ps 130 ; CCL 40, 1899-1900.

Nous ne devons pas écouter la voix qui chante les psaumes comme celle d’un individu, mais comme celle de tous les hommes appartenant au Corps du Christ. Et parce que tous font partie de son corps, ils parlent comme un corps unique, et cet homme unique est aussi une multitude. En effet, ils sont multiples en eux-mêmes, et ils ne font qu’un en lui qui est unique. Lui-même est aussi le Temple de Dieu, dont l’Apôtre écrit : Il est saint, ce temple de Dieu que vous êtes (1 Co 3,17), c’est-à-dire : tous ceux qui croient au Christ et qui croient de manière à aimer. Car croire au Christ, c’est aimer le Christ, et non pas comme les démons croyaient, sans aimer (Je 2,19), et c’est pourquoi ils pouvaient bien croire, mais ils disaient : Qu’y a-t-il de commun entre nous et toi, Fils de Dieu (cf. Mt 8,29) ? Pour nous, croyons de telle sorte que, si nous croyons en lui, ce soit en l’aimant, et que nous ne disions pas : Qu’y a-t-il entre nous et toi ? Mais plutôt : Nous t’appartenons, à toi, qui nous as rachetés. Tous ceux qui croient ainsi sont comme les pierres vivantes dont le temple de Dieu est bâti (1 P 2,5), et comme les bois incorruptibles dont était composée cette arche que le déluge n’a pu submerger (Gn 6,14). Ce temple, c’est-à-dire les hommes eux-mêmes, c’est là que l’on prie Dieu, et qu’il exauce. <>

Être exaucé par rapport à la vie éternelle est accordé seulement à celui qui prie dans le temple de Dieu. Or on prie dans le temple de Dieu quand on prie dans la paix de l’Église, dans l’unité du Corps du Christ, lequel est constitué de tous ceux qui croient en lui, sur la terre entière, et c’est pourquoi celui qui prie dans ce temple-là est exaucé. Car il prie en esprit et en vérité (Jn 4,24), celui qui prie dans la paix de l’Église, non dans ce temple qui n’en était que la figure.

Car c’est en figure que le Seigneur chasse du Temple ces hommes qui y recherchaient leurs intérêts, c’est-à-dire qui allaient au Temple pour vendre et acheter. Car si ce Temple était figuratif, il est évident que le corps du Christ, qui est le vrai temple dont l’autre n’était que l’image, contient lui aussi, mélangés, des acheteurs et des vendeurs, c’est-à-dire des hommes qui recherchent leurs intérêts personnels, et non ceux de Jésus Christ (Ph 2,21).

C’est parce que les hommes sont frappés pour leurs péchés, que le Seigneur a fait un fouet de cordelettes et a ainsi chassé du Temple tous ceux qui cherchaient leurs intérêts personnels, non ceux de Jésus Christ.

C’est donc la voix de ce temple qui retentit dans le psaume. Dans ce temple, ai-je dit, on implore Dieu, et il exauce en esprit et en vérité, mais non dans le temple matériel. Car il n’y avait là qu’une ombre où était montré le temple de l’avenir. C’est pourquoi celui-là est maintenant tombé. Notre maison de prière serait-elle tombée ? Nullement. Car vous avez entendu ce qu’a dit notre Seigneur Jésus Christ : Il est écrit : Ma maison s’appellera maison de prière pour toutes les nations (Mc 11,17).

Prière

Tu es la source de toute bonté, Seigneur, et toute miséricorde vient de toi ; tu nous a dit comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage ; écoute l’aveu de notre faiblesse : nous avons conscience de nos fautes, patiemment relève-nous avec amour. Par Jésus Christ.

 

4e dimanche de carême B

Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3,14-21

De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.

Homélie

La croix, preuve suprême de l’amour

Traité de saint Jean Chrysostome († 407) sur la Providence

Traité sur la Providence, 17, 1-8 ; SC 79, 224-230.

On suggère d’utiliser comme homélie le texte figurant comme seconde lecture dans la Liturgie des Heures ou le Livre des jours, et de prendre comme seconde lecture le texte qui est donné ici.

Lorsque nous célébrons notre maître commun pour toutes sortes de raisons diverses, est-ce que nous ne le célébrons pas surtout en lui rendant gloire à cause de la stupeur qui nous saisit devant la croix, devant cette mort maudite ? Saint Paul, à tout propos, ne nous montre-t-il pas la mort du Christ comme le signe de son amour pour nous ? La mort qu’il a subie pour les hommes tels qu’ils sont ? A tout propos, il rappelle tout ce que le Christ a fait pour nous secourir et nous soulager, et il revient à la croix en disant : Voici comment Dieu a prouvé son amour pour nous : alors que nous étions pécheurs, le Christ est mort pour nous (Rm 5,8). Et par là, il nous fait entrevoir les plus belles espérances en disant : Si, alors que nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, une fois réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie (Rm 5,10). Et n’est-ce pas pour cela surtout que lui-même triomphe, s’exalte, bondit et s’envole de joie, en écrivant aux Galates : Que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil (Ga 6,14). Pourquoi vous étonner pour cela, si Paul bondit, s’élance et triomphe ? Le Christ lui-même, lui qui a supporté ces souffrances, appelle le supplice sa "gloire". Père, dit-il, l’heure est venue, glorifie ton Fils (Jn 17,1). Et le disciple qui a écrit cela disait : L’Esprit Saint n’avait pas encore été donné parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié (Jn 7,39). Ce qu’il appelle "gloire", c’est sa croix. Mais, lorsqu’il voulut nous montrer son amour, de quoi parle-t-il ? De ses miracles, de ses merveilles, de ses prodiges ? Pas du tout. Ce qu’il met en valeur, c’est la croix, lorsqu’il dit : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle (Jn 3,16). Et Paul dit encore : Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout (Rm 8,32) ? Et lorsqu’il nous invite à l’humilité, c’est de là qu’il tire son exhortation : Ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus : lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix (Ph 2,5-8).

Une autre fois, en exhortant à la charité, il revient sur ce sujet : Vivez dans l’amour comme le Christ nous a aimés, et s’est livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire (Ep 5,2).

Et le Christ lui-même a voulu montrer combien la croix était sa plus ardente préoccupation, combien il chérissait la souffrance : écoutez comment il a appelé le premier des Douze, le fondement de l’Église, le coryphée du chœur des Apôtres. Celui-ci lui avait dit, dans son ignorance : Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas ! Jésus répliqua : Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route (Mt 16,22-23). Par l’excès de l’injure et de la réprimande, il montrait l’importance majeure qu’il attachait à la croix.

Prière

Dieu qui as réconcilié avec toi toute l’humanité en lui donnant ton propre Fils, augmente la foi du peuple chrétien, pour qu’il se hâte avec amour au-devant des fêtes pascales qui approchent. Par Jésus Christ.

 

5e dimanche de carême B

Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 12,20-33

Parmi les Grecs qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu durant la Pâque, quelques-uns abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée. Ils lui firent cette demande : "Nous voulons voir Jésus."

Homélie

Images de la mort vivifiante du Christ

Commentaire de saint Cyrille d’Alexandrie sur les Nombres († 444)

Commentaire sur le Livre des Nombres, livre 2, PG 69, 619-624

Le Christ, comme prémices de la nouvelle création, a évité la malédiction de la Loi, mais par le fait même qu’il devenait malédiction pour nous. Il a échappé aux puissances de la corruption devenant par lui-même libre parmi les morts (cf. ps 87,6). Après avoir terrassé la mort, il est ressuscité, puis il est monté vers le Père comme une offrande magnifique et resplendissante, comme les prémices, en quelque sorte, de la race humaine rénovée, incorruptible. <>

Comme dit l’Écriture : Ce n’est pas dans un sanctuaire construit par les hommes, qui ne peut être qu’une copie du sanctuaire véritable, que le Christ est entré, mais dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu (He 9,24). Il est pain qui donne la vie et qui est venu du ciel. En s’offrant lui-même à Dieu le Père à cause de nous comme un sacrifice d’agréable odeur, il remet aux pauvres hommes leurs péchés et les délivre de leurs erreurs. Vous comprendrez bien cela en le comparant, par le regard spirituel, au jeune taureau muselé, et au bouc égorgé pour les erreurs du peuple. <> Il a donné sa vie afin d’effacer le péché du monde.

C’est pourquoi, de même que sous le pain nous voyons le Christ comme la vie et celui qui donne vie, sous le symbole du jeune taureau nous le voyons comme immolé, s’offrant à Dieu en sacrifice d’agréable odeur, et sous le symbole du bouc comme devenu péché pour nous (2 Co 5,21) et offert pour nos péchés. On pourrait encore le considérer sous le symbole de la gerbe. Qu’est-ce que ce signe représente ? Je vais le dire rapidement.

On peut comparer le genre humain aux épis d’un champ. Ils naissent de la terre, ils attendent d’avoir obtenu toute leur croissance et, au moment voulu, ils sont fauchés par la mort. C’est ainsi que le Christ disait à ses disciples : Ne dites-vous pas : Encore quatre mois et ce sera la moisson ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Dès maintenant le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle (Jn 4,35-36).

Or le Christ est né parmi nous, il est né de la Vierge sainte comme les épis sortent de la terre. Parfois d’ailleurs il se nomme lui-même le grain de blé : Amen, Amen je vous le dis : si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit (Jn 12,24). Ainsi s’est- il offert pour nous à son Père, à la manière d’une gerbe et comme les prémices de la terre. Car l’épi de blé, comme nous-mêmes d’ailleurs, ne peut être considéré isolément. Nous le voyons dans une gerbe, formée de nombreux épis d’une seule brassée. Car le Christ Jésus est unique, mais il nous apparaît et il est réellement comme constituant une brassée, en ce sens qu’il contient en lui tous les croyants, évidemment dans une union spirituelle. Sans cela, comment saint Paul pourrait-il écrire : Avec lui il nous a ressuscites, avec lui il nous a fait régner aux cieux (Ep 2,6-7) ? En effet, puisqu’il est constitué par nous, nous ne faisons qu’un seul corps avec lui (Ep 3,6) et nous avons acquis par la chair l’union avec lui. Car lui-même adresse d’ailleurs ces paroles à Dieu le Père : Je veux, Père, que, comme moi et toi ne faisons qu’un, eux aussi ne fassent qu’un avec nous (Jn 17,21).

Prière

Que ta grâce nous obtienne, Seigneur, d’imiter avec joie la charité du Christ qui a donné sa vie par amour pour le monde. Lui qui règne.

Semaine sainte B

Dimanche des Rameaux et de la Passion B

Évangile au choix

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 11,1-10

Quelques jours avant la fête de la Pâque, Jésus et ses disciples approchent de Jérusalem, de Bethphage et de Béthanie, près du mont des Oliviers.

Homélie

Suivre Jésus dans la joie comme dans la peine

Homélie du bienheureux Guerric d’Igny († 1157)

Sermons sur les Rameaux, 3,25, SC 202, 188-192 198-200

Bien des gens ont été stupéfaits du triomphe glorieux remporté par Jésus lorsqu’il fit son entrée à Jérusalem, alors que peu après il montra dans sa passion un visage sans gloire et humilié. <>

Si l’on considère en même temps la procession d’aujourd’hui et la passion, on voit Jésus, d’un côté sublime et glorieux, de l’autre humble et misérable. Car dans la procession il reçoit des honneurs royaux, et dans la passion on le voit châtié comme un bandit. Ici, la gloire et l’honneur l’environnent, là il n’a ni apparence ni beauté (cf. Is 53,2). Ici, c’est la joie des hommes et la fierté du peuple ; là, c’est la honte des hommes et le mépris du peuple (cf. ps 21,7). Ici, on l’acclame : Hosanna au fils de David. Béni soit le roi d’Israël qui vient (cf. Mc 11,10). Là, on hurle qu’il mérite la mort et on se moque de lui parce qu’il s’est fait roi d’Israël. Ici, on accourt vers lui avec des palmes ; là, ils le soufflettent au visage avec leurs paumes, et l’on frappe sa tête à coups de roseau. Ici, on le comble d’éloges ; là, il est rassasié d’injures. Ici, on se dispute pour joncher sa route avec le vêtement des autres ; là, on le dépouille de ses propres vêtements. Ici, on le reçoit dans Jérusalem comme le roi juste et le Sauveur ; là, il est chassé de Jérusalem comme un criminel et un imposteur. Ici, il est monté sur un âne, assailli d’hommages ; là, il est pendu au bois de la croix, déchiré par les fouets, transpercé de plaies et abandonné par les siens. <>

Si nous voulons, mes frères, suivre notre chef sans trébucher à travers la prospérité comme à travers l’adversité, contemplons-le mis en honneur dans cette procession, soumis aux outrages et aux souffrances dans sa passion, mais gardant une âme immuable dans un tel bouleversement. <>

Seigneur Jésus, c’est toi, joie et salut de tous, que tous bénissent de leurs vœux, qu’ils te voient monté sur l’âne ou suspendu à la croix. Que tous puissent te voir régnant sur ton trône royal et te louent pour les siècles des siècles. A toi louange et honneur pour tous les siècles des siècles.

ou bien

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 12,12-16

C’était quelques jours avant la Pâque. La grande foule qui était venue pour la fête, apprenant que Jésus arrivait à Jérusalem, prit des branches de palmier et sortit à sa rencontre.

Homélie

Roi par compassion

Homélie de saint Augustin († 430)

Homélies sur l’évangile de saint Jean, 51, 2-4 ; CCL 36, 440-441.

La grande foule qui était venue pour la fête, apprenant que Jésus venait à Jérusalem, prit des branches de palmier et sortit à sa rencontre. Les gens criaient : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le roi d’Israël ! (Jn 12,12-13) Les rameaux de palmier sont des louanges symbolisant la victoire que le Seigneur allait remporter sur la mort en mourant lui-même, et le triomphe qu’il allait obtenir sur le démon, prince de la mort, par le trophée de la croix. <>

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! Cette acclamation doit se comprendre plutôt en ce sens : "Béni soit celui qui vient au nom du Père", bien qu’on puisse aussi comprendre : celui qui vient en son propre nom, parce que lui-même aussi est Seigneur.

Mais ses paroles nous orientent plutôt vers le sens que nous proposons, car il a dit : Moi, je suis venu au nom du Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, celui-là, vous le recevrez (Jn 5,43) ! En effet, le Christ est le maître de l’humilité, lui qui s’est abaissé en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix (Ph 2,8). Car il ne perd pas sa divinité lorsqu’il nous enseigne l’humilité. Par celle-là il est égal au Père, par celle-ci il est semblable à nous. Par le fait qu’il est égal au Père, il nous a créés pour que nous existions ; par le fait qu’il nous est semblable, il nous a rachetés, pour que nous ne périssions pas.

La foule lui adressait donc ces louanges : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! Quel supplice l’esprit envieux des chefs des Juifs pouvait-il supporter, quand toute cette foule acclamait le Christ comme son roi ! Mais qu’est-ce que cela pouvait représenter pour le Seigneur, d’être le roi d’Israël ? Quelle grandeur y avait-il pour le roi des siècles (1 Tm 1,17) à devenir un roi pour les hommes ? Car le Christ n’était pas roi d’Israël pour exiger l’impôt, pour armer des troupes ni pour terrasser visiblement des ennemis. Il est roi d’Israël pour gouverner des âmes, veiller à leurs intérêts éternels et conduire au Royaume des cieux ceux qui ont mis en lui leur foi, leur espérance, leur amour. Donc, si le Fils égal au Père, le Verbe par qui tout a été fait (Jn 1,3), a voulu être roi d’Israël, ce fut de sa part compassion et non promotion, une marque de miséricorde, non un accroissement de pouvoir. Car celui qui fut appelé sur terre le roi des Juifs, est dans les cieux le Seigneur des anges. <>

Jésus, trouvant w" petit âne, monta dessus. Il accomplissait ainsi l’Écriture : N’aie pas peur, fille de Sion. Voici ton roi qui vient, monté sur le petit d’un ânesse (Jn 12,15 ; Za 9,9). Cette fille de Sion, à laquelle sont adressées ces paroles inspirées, faisait partie de ces brebis qui écoutaient la voix du pasteur ; elles étaient dans cette foule qui louait avec tant d’enthousiasme la venue du Seigneur, qui l’escortait par un tel cortège. C’est à elle qu’il a été dit : N’aie pas peur (Jn 12,15). Reconnais celui que tu acclames et ne tremble pas devant sa passion, car ce sang qui est répandu, c’est lui qui effacera ton péché et te rendra la vie.

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, pour montrer au genre humain quel abaissement il doit imiter, tu as voulu que notre Sauveur, dans un corps semblable au nôtre, subisse la mort de la croix : accorde-nous cette grâce de retenir les enseignements de sa passion et d’avoir part à sa résurrection. Lui qui règne.

 

Jeudi saint B

Le Jeudi saint, aux Vigiles célébrées le matin, il n’y a pas de lecture d’évangile. On a cependant cru rendre service en proposant une homélie pour nourrir la méditation de ce jour-là.

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 13,1-15

Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.

Homélie

Il les aima jusqu’au bout

saint Thomas More († 1535)

Traité sur la Passion, Le Christ les aima jusqu’au bout, Homélie 1.

Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens, les aima jusqu’au bout (Jn 13,1). L’évangéliste saint Jean était aimé si tendrement par le Christ qu’il se penchait sur sa poitrine au cours de la dernière Cène, et que Jésus lui révéla secrètement qui était le traître. C’est à la garde de saint Jean que Jésus, du haut de la croix, confia sa mère douloureuse. Jean fut appelé spécialement dans l’Évangile le disciple que Jésus aimait. C’est ce disciple qui met ici en lumière par ses paroles combien notre Sauveur, qui aimait tellement Jean, était fidèle dans son amour.

Car ces paroles sont suivies aussitôt par le récit de l’amère Passion du Christ, en commençant par la dernière Cène, et d’abord par l’humble service du lavement des pieds rendu par Jésus à ses disciples, et par l’envoi du traître au dehors. Viennent ensuite l’enseignement de Jésus, sa prière, son arrestation, son procès, sa flagellation, sa crucifixion et toute la douloureuse tragédie de sa très amère Passion.

C’est avant tout cela que saint Jean cite les paroles rappelées à l’instant, pour faire comprendre que tous ces actes, le Christ les a accomplis par pur amour. Cet amour, il l’a bien montré à ses disciples lors de la dernière Cène, lorsqu’il leur affirma qu’en s’aimant les uns les autres, ils suivraient son exemple. Car ceux qu’il aimait, il les aima jusqu’au bout, et il souhaitait qu’ils fassent de même. Il n’était pas inconstant, comme tant de gens qui aiment de façon passagère, abandonnent à la première occasion, et d’amis deviennent ennemis, comme fit le traître Judas. Jésus, lui, a persévéré dans l’amour jusqu’au bout, jusqu’à ce que, précisément par cet amour, il en soit venu à cette extrémité douloureuse. Et pas seulement pour ceux qui étaient déjà ses amis, mais pour ses ennemis, afin d’en faire des amis. Non pour son avantage, mais pour le leur.

Ici nous remarquerons que l’Évangile dit parfois que le Christ quittera ce monde pour aller au Père, comme lorsqu’il disait : Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours (Jn 12,8). Cela ne signifie pas qu’il ne sera plus avec son Église, ici en ce monde, ou qu’il ne reviendra plus jusqu’au jour du jugement, car lui-même a fait cette promesse : Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.

Prière

Dieu qu’il est juste d’aimer par-dessus tout, multiplie en nous les dons de ta grâce ; dans la mort de ton Fils, tu nous fais espérer ce que nous croyons ; accorde-nous, par sa résurrection, d’atteindre ce que nous espérons. Par Jésus Christ.

 

Vendredi saint B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 15,1-41

Dès le matin, les chefs des prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le grand conseil. Puis ils enchaînèrent Jésus et l’emmenèrent pour le livrer a Pilate.

Homélie

Voir l’année A, p. 50.

Prière

Regarde, Seigneur, nous t’en prions, la famille qui t’appartient : c’est pour elle que Jésus, le Christ, notre Seigneur, ne refusa pas d’être livré aux mains des méchants ni de subir le supplice de la croix. Lui qui règne.

 

Samedi saint B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 15,12-47

Déjà le soir était venu ; or, comme c’était la veille du sabbat le jour où il faut tout préparer, Joseph d’Arimathie intervint. C’était un homme influent, membre du Conseil, et il attendait lui aussi le Royaume de Dieu.

Homélie

Participer à la mort du Christ

Commentaire d’Origène († 253) sur la Lettre aux Romains

Commentaire sur la Lettre aux Romains, 5, 10, PG 14, 1048-1052

A chacun des croyants le Christ a accordé la mort de son propre péché comme un bienfait de la foi, qui vient de sa propre mort. Il s’agit de ceux qui, par la foi, sont morts, crucifiés et ensevelis avec lui ; de ce fait le péché ne peut agir sur eux, pas plus que sur des morts, et c’est ainsi qu’on les déclare morts au péché. C’est pourquoi il dit : Si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui (cf. Rm 6,8). Il ne dit pas : "nous avons vécu", comme il a dit : "nous sommes morts", mais il dit : "nous vivrons", pour montrer que la mort est à l’œuvre dans le présent, et la vie dans le futur, c’est-à-dire lorsque paraîtra le Christ, qui est notre vie cachée en Dieu (cf. Col 3,3-4). Maintenant, enseigne saint Paul, c’est la mort qui fait son œuvre en nous (2 Co 4,12). Mais cette mort elle-même, qui fait son œuvre en nous, me semble comporter différentes étapes.

Chez le Christ, il y eut le temps de la mort dont on dit : Poussant un grand cri, il rendit l’esprit (Mt 27,50). Ensuite il y eut le temps où, mis au tombeau, il gisait, la porte fermée. Puis on vint le chercher au tombeau, et on ne le trouva pas, parce qu’il était déjà ressuscité, résurrection dont aucun homme n’a pu voir le commencement.

De même chez nous, qui croyons en lui, on doit trouver ce triple niveau de mort. Premièrement par la confession en parole, la mort du Christ doit être montrée en nous, lorsque celui qui croit du fond de son cœur devient juste, et celui qui, de bouche, affirme sa foi parvient au salut (cf. Rm 10,10). Deuxièmement, en faisant mourir en nous ce qui appartient encore à la terre (cf. Col 3,5), puisque partout nous subissons dans notre corps la mort de Jésus (2 Co 4,10), et c’est en ce sens que, pour saint Paul, la mort fait son œuvre en nous. Troisièmement, lorsque nous ressuscitons d’entre les morts et que nous menons une vie nouvelle (Rm 6,4). Et, pour nous expliquer plus brièvement et plus clairement, le premier jour de la mort, c’est de renoncer au monde ; le deuxième, c’est d’avoir renoncé en outre aux vices de la chair ; et lorsqu’on atteint la plénitude de la perfection, dans la lumière de la sagesse, c’est le troisième jour de la résurrection. Cependant ces différentes étapes, en chacun des croyants, et ces progrès successifs, seul peut les connaître et les discerner celui-là qui lit dans le secret des cœurs. <>

C’est encore ainsi que le Christ s’est anéanti lui-même, a pris la condition de serviteur et a souffert la domination du tyran, s’étant fait obéissant jusqu’à la mort (cf. Ph 2,7). Par cette mort, il a détruit celui qui détenait l’empire de la mort, c’est-à-dire le démon, afin qu’il libère ceux qui étaient captifs de la mort. Le Christ, après avoir ligoté l’homme fort et avoir triomphé de lui sur la croix, pénétra dans sa demeure, la demeure de la mort, l’enfer, et il en arracha ses biens, c’est-à-dire qu’il en délivra les âmes qu’il retenait. Et c’est ce dont lui-même parle d’une façon énigmatique dans l’Évangile : Peut-on entrer dans la maison de l’homme fort et piller ses biens, sans avoir d’abord ligoté cet homme fort (Mt 12,29) ?

Il a donc commencé par le lier sur la croix, et c’est ainsi qu’il a pénétré dans sa maison, c’est-à-dire l’enfer, et de là, montant vers les hauteurs, il a emmené captive la captivité (cf. Ep 4,8), c’est-à-dire ceux qui ressusciteront avec lui, et ils entrèrent dans la cité sainte, la Jérusalem céleste (cf. Mt 27,52-53). Aussi l’Apôtre dit-il, dans ce passage que nous étudions : Sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir (Rm 6,9).

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, dont le Fils unique est descendu aux profondeurs de la terre, d’où il est remonté glorieux, accorde à tes fidèles, ensevelis avec lui dans le baptême, d’accéder par sa résurrection à la vie éternelle. Lui qui règne.

Temps pascal B

 

Dimanche de Pâques B

Le dimanche de Pâques, la Veillée nocturne tient lieu d’Office des Vigiles ou des Lectures On a cependant cru rendre service en proposant une homélie pour nourrir la méditation de ce jour-là

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 16,1-8

Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus. De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au sépulcre au lever du soleil.

Homélie

Se reporter à l’année A, p. 55.

 

Lundi de Pâques B

Se reporter à l’année A, p. 57.

 

2e dimanche de Pâques B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 20,19-31

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.

Homélie

Le corps du Ressuscité

au choix

Homélie de saint Grégoire le Grand († 604)

Homélies sur les évangiles, 26, 1-2 ; PL 76, 1197-1198.

La première question qui frappe notre esprit à la lecture de ce passage de l’Évangile est la suivante : Comment, après la résurrection, le corps du Seigneur fut-il un vrai corps, puisqu’il a pu entrer auprès de ses disciples toutes portes closes ? Mais nous devons savoir que l’activité divine n’aurait rien d’étonnant si la raison pouvait la comprendre, et que la foi n’aurait pas de mérite si la raison humaine l’appuyait de son expérience.

Ces œuvres de notre Rédempteur, qui par elles-mêmes sont absolument incompréhensibles, doivent être jugées à partir d’une autre de ses activités, afin que la foi en des faits étonnants soit soutenue par des faits plus étonnants encore.

Car ce corps du Seigneur qui rejoignait les disciples toutes portes closes, c’est le même qui, à sa naissance, est devenu visible pour nous lorsqu’il sortit, par sa nativité, du sein intact de la Vierge. Alors, quoi d’étonnant s’il est entré portes closes après sa résurrection qui le fera vivre éternellement, alors que, venu pour mourir, il est sorti, sans l’ouvrir, du sein de la Vierge ? Mais parce que la foi des témoins doutait à l’égard de ce corps qu’ils pouvaient voir, il leur montra aussitôt ses mains et son côté. Cette chair qu’il avait fait passer à travers les portes fermées, il l’offrit à leur toucher. <>

C’est d’une façon merveilleuse et imprévisible que notre Rédempteur montra un corps devenu, après sa résurrection, à la fois incorruptible et palpable. En le donnant à toucher, il encourageait à croire. Il s’est donc montré et incorruptible et palpable afin de montrer à coup sûr son corps comme relevant, après la résurrection, de la même nature mais d’une autre gloire.

Il leur dit : La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie (Jn 20,21).

C’est-à-dire : comme le Père, qui est Dieu, m’a envoyé, moi qui suis Dieu, de même moi, qui suis homme, je vous envoie, vous qui êtes des hommes.

Le Père a envoyé son Fils, c’est-à-dire qu’il décréta son incarnation pour la rédemption du genre humain. Il voulut qu’il vienne dans le monde pour subir la Passion, et pourtant il aimait ce Fils qu’il envoyait souffrir.

Les Apôtres de son choix, le Seigneur Jésus ne les a pas envoyés vers les joies du monde. Mais, comme lui-même avait été envoyé, il les envoya aux souffrances que le monde leur infligerait.

Donc, parce que le Fils est aimé du Père, et cependant est envoyé à la Passion, de même les disciples sont aimés du Seigneur, et cependant sont envoyés dans le monde pour y subir la Passion. C’est ce qui lui fait dire : Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Cela signifie : lorsque je vous envoie vers les attaques des persécuteurs, je vous aime du même amour dont le Père m’aime, moi qu’il a envoyé au-devant des souffrances.

ou bien

Heureux ceux qui croient sans avoir vu

Homélie de saint Cyrille d’Alexandrie († 444)

Commentaire sur l’évangile de Jean, 12, 22 ; PG 74, 729-736.

Thomas n’a pas mis longtemps à confesser sa faute, lui qui, peu auparavant, avait été si lent à croire ! Huit jours seulement s’étaient écoulés, et le Christ détruisit les objections de son incrédulité en lui montrant les traces des clous et même son côté.

Notre Seigneur Jésus Christ avait merveilleusement traversé les portes verrouillées, tandis qu’un corps épais et terrestre aurait cherché un accès approprié et aurait demandé pour entrer l’espace que demande la taille de chacun. Ensuite, il lui a suffi de découvrir son côté devant Thomas, et de montrer les blessures faites dans sa chair, pour convaincre tout le monde. Car on nous rapporte que Thomas fut le seul à dire : Si je n’avance pas mes mains, si je ne vois pas la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas (Jn 20,25) !

Mais le péché de l’infidélité était en quelque sorte commun à tous, et nous ne constatons pas que l’esprit des autres disciples ait été à l’abri du doute, bien qu’ils aient tous dit : Nous avons vu le Seigneur (Jn, 20,25) ! Saint Luc nous écrit à leur sujet : Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Il leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ? Ils lui offrirent un morceau de pain grillé. Il le prit et le mangea devant eux (Lc 24,41-43). Vous voyez comment la pensée incrédule n’a pas son siège chez Thomas seulement, mais que le cœur des autres disciples souffrait de la même maladie. <>

Donc l’étonnement rendait les disciples lents à croire. Mais parce que rien ne pouvait excuser l’incrédulité de témoins oculaires, saint Thomas a bien fait de confesser sa foi en disant : Mon Seigneur et mon Dieu. Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu (Jn 20,28-29).

Cette parole du Seigneur est pleinement conforme à la miséricordieuse économie de Dieu, et elle peut nous être du plus grand profit. Car ici encore il s’est soucié grandement de nos âmes, parce qu’il est bon, parce qu’il veut que tous les hommes soient sauvés et qu’ils parviennent à connaître la vérité (1 Tm 2,4), comme il est écrit. Mais cela peut nous surprendre. Car il devait supporter patiemment Thomas avec ses paroles, ainsi que les autres disciples qui le prenaient pour un esprit et un fantôme. Il devait encore, pour convaincre le monde entier, montrer les marques des clous et l’ouverture du côté. Enfin, de manière surprenante et sans que le besoin l’y contraigne, il devait prendre de la nourriture, afin de ne laisser aucun motif de douter à ceux qui avaient besoin de ces signes. <>

Celui qui n’a pas vu, mais qui accueille et tient pour vrai ce que l’initiateur aux mystères lui a dit à l’oreille, honore d’une foi remarquable ce que son maître lui a proclamé. Par conséquent, on appelle bienheureux tous ceux qui ont cru grâce à la parole des Apôtres, eux qui ont été témoins oculaires des grandes actions du Christ et serviteurs de la Parole, comme dit saint Luc (Lc 1,2). Car il est nécessaire de les écouter, si nous sommes saisis d’un amour passionné pour la vie éternelle, et si nous attachons le plus grand prix à trouver dans le ciel notre demeure.

Prière

Dieu de miséricorde infinie, tu ranimes la foi de ton peuple par les célébrations pascales ; augmente en nous ta grâce pour que nous comprenions toujours mieux quel baptême nous a purifiés, quel Esprit nous a fait renaître, et quel sang nous a rachetés. Par Jésus Christ.

 

3e dimanche de Pâques B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 24,35-48

Les disciples qui rentraient d’Emmaûs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment ils avaient reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même était là au milieu d’eux.

Homélie

Croire au Christ, tête et corps

Homélie de saint Augustin († 430)

Sermon 116, 1 5-6, PL 38, 657-660

Jésus Christ est notre salut. En effet, il l’est en personne, lui qui a été blessé pour nous, cloué à la croix, puis déposé de la croix et mis au tombeau. Il en est sorti, guéri de ses blessures, gardant ses cicatrices. Car il jugea profitable à ses disciples que ses cicatrices soient gardées, pour guérir les blessures de leur cœur. Quelles blessures ? Celles de l’incrédulité. En effet, lorsqu’il apparut à leurs yeux en présentant une chair réelle, ils pensèrent voir un esprit. C’est là une blessure du cœur qui n’est pas légère. Que votre charité y songe : s’ils avaient gardé cette blessure, en pensant que le corps enseveli n’était pas ressuscité, mais qu’un esprit avait trompé leurs regards par l’illusion d’un corps humain, s’ils étaient demeurés dans cette croyance, ou plutôt dans cette incrédulité, ce n’est pas leurs blessures qu’il faudrait déplorer, mais leur mort. <>

Donc, il se montra à ses disciples. Mais qui est-ce donc qu’il montra ? Le chef de son Église. Il prévoyait qu’à l’avenir son Église existerait dans tout l’univers, mais ses disciples ne le voyaient pas encore. Il leur montrait la tête, et il promettait le corps. Voici en effet ce qu’il ajouta : Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous. Que signifient ces mots : quand j’étais encore avec vous ? Quand j’étais avec vous, étant mortel, ce que je ne suis plus maintenant. J’étais avec vous, lorsque j’avais à mourir. Que veut dire : avec vous ! Mortel, j’étais avec des mortels. Maintenant je ne suis plus avec vous, parce que, si je suis bien avec des mortels, je n’aurai plus maintenant à mourir.

Je vous ai dit qu’il fallait que tout s’accomplisse. Parce que c’est écrit, et qu’il le fallait. Quoi donc ? Que le Christ souffre, et qu’il ressuscite d’entre les morts le troisième jour. Cela ils l’ont vu : ils l’ont vu souffrir, ils l’ont vu attaché à la croix, et ils le voyaient après sa résurrection, vivant et présent parmi eux.

Qu’est-ce donc qu’ils ne voyaient pas ? Son corps, c’est-à-dire l’Église. Le Christ, ils le voyaient, mais elle, ils ne la voyaient pas. Ils voyaient l’Époux, l’Épouse était encore cachée. Qu’il leur promette donc la venue de l’Église. Il est écrit, et il le fallait, que le Christ souffre et ressuscite d’entre les morts. Voilà ce qui concerne l’Époux. <>

Et au sujet de l’Épouse ? La conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Voilà ce que les disciples ne voyaient pas encore : l’Église répandue à travers toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Ils voyaient la tête et, sur sa parole, ils croyaient à son corps. <>

Nous leur sommes semblables : nous voyons quelque chose qu’ils ne voyaient pas ; et nous ne voyons pas quelque chose qu’ils voyaient. Que voyons-nous qu’ils ne voyaient pas ? L’Église répandue à travers les nations. Et qu’est-ce que nous ne voyons pas, mais qu’ils voyaient ? Le Christ vivant dans la chair. Comment le voyaient-ils, tandis qu’ils croyaient à son corps ? De la même façon que nous-mêmes voyons le corps et croyons à la tête. En revanche, que ce que nous ne voyons pas vienne à notre aide ! Voir le Christ a aidé les Onze à croire à l’Église future. L’Église que nous voyons nous aide à croire que le Christ est ressuscité. Leur foi a reçu son accomplissement : de même la nôtre. La leur a été accomplie en ce qui concerne la tête, la nôtre l’est en ce qui concerne le corps.

Le Christ total s’est fait connaître d’eux et s’est fait connaître de nous. Mais il n’a pas été connu tout entier par eux, ni tout entier par nous. Eux, ils ont vu la tête, et ils ont cru au corps. Nous, nous avons vu le corps et nous avons cru à la tête. Cependant le Christ ne fait défaut à personne : il est tout entier en tous, et pourtant son corps lui demeure attaché.

Prière

Garde à ton peuple sa joie, Seigneur, toi qui refais ses forces et sa jeunesse ; tu nous as rendu la dignité de fils de Dieu, affermis-nous dans l’espérance de la résurrection. Par Jésus Christ.

 

4e dimanche de Pâques B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 10,11-18

Jésus disait aux Juifs : "Je suis le bon pasteur (le vrai berger). Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis."

Homélie

au choix

Le Pasteur de la terre entière

Homélie de saint Pierre Chrysologue († 450)

Sermon sur le père et les deux fils, et sur le psaume 99, 6, 1-4, CCL 24, 44-47

Dans la lecture de ce jour, le Christ a proclamé : Je suis le Bon Pasteur, le vrai berger. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis (Jn 10,11). Il nous a indiqué ainsi que sa venue sur la terre comme pasteur des nations serait un bienfait pour nous. Aussi, lui qui est le maître, cherche-t-il des collaborateurs, des assistants pour le monde entier, lorsqu’il dit (dans le psaume) : Acclamez le Seigneur, terre entière (Ps 99,1).

Au moment de retourner au ciel, il confie donc à Pierre le soin de paître ses brebis à sa place. Pierre, m’aimes-tu ? dit-il, Sois le Pasteur de mes brebis. Et pour que Pierre ne commence pas par contraindre de façon autoritaire les plus petits du troupeau, mais les porte avec douceur, il répète sa question : Pierre, m’aimes-tu ? Sois le Pasteur de mes agneaux. Il confie à Pierre les brebis avec leurs petits, parce qu’il est le Pasteur qui prévoit déjà la future fécondité de son troupeau.

Pierre m’aimes-tu ? Sois le Pasteur de mes agneaux (Jn 21,15-17). C’est à ces agneaux que saint Paul, collègue de Pierre le Pasteur, offrait le lait d’une nourriture spirituelle. Le saint roi David l’avait compris, et il s’écrie, comme s’il était lui-même une brebis : Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre (Ps 22,1-2).

Le verset suivant de notre psaume annonce aux croyants qui reviennent aux pâturages de la paix évangélique la joie qui succède aux gémissements causés par les guerres, à une triste vie ensanglantée, à la servitude. Car l’homme était esclave du péché, captif de la mort, enchaîné par ses crimes. Quand n’est-il pas désespéré par ses vices ?

Et c’est pourquoi l’homme poussait de profonds soupirs, quand il devait supporter continuellement des maîtres aussi cruels. Le roi prophète, nous voyant libérés de ces calamités et ramenés au culte du Créateur, à la grâce du Père, à la liberté au service d’un bon maître, s’exclame à juste titre : Servez le Seigneur dans l’allégresse, venez à lui avec des chants de joie (Ps 99,2). Car ceux que leur culpabilité avait rejetés, ceux que leur mauvaise conscience avait chassés, voici que la grâce les ramène, l’innocence les réconcilie. Nous sommes à lui, nous, son peuple et son troupeau (Ps 99,3). On nous a montré, en langage de parabole, que le Pasteur est venu du ciel et qu’il ramènerait aux pâturages vivifiants, dans une allégresse céleste, les brebis errantes et empoisonnées par des nourritures mortelles.

Venez dans sa maison lui rendre grâce, dans sa demeure chanter ses louanges (Ps 99,4). Seule la proclamation de sa louange nous fait entrer dans sa demeure par la porte de la foi. <> Rendez-lui grâce et bénissez son nom (Ps 99,4). Ce nom par lequel nous avons été sauvés, ce nom qui fait fléchir le genou à toute créature au ciel, sur terre, aux enfers, et par lequel la création chérit infiniment Dieu, son Seigneur. Oui, le Seigneur est doux, éternel est son amour (cf. Ps 99,5). Il est vraiment doux en raison de sa miséricorde, c’est par elle seule qu’il a daigné retirer la sentence amère qui condamnait le monde entier. Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (Jn 1,29).

ou bien

Le Pasteur qui fait vivre et qui juge

Homélie de Basile de Séleucie († 459)

Discours 26, 2 ; PG 85, 306-307.

Le Pasteur se fait égorger pour son troupeau, comme s’il était une brebis. Il n’a pas refusé la mort, il n’a pas anéanti ses bourreaux comme il en avait le pouvoir, car sa Passion ne lui a pas été imposée. C’est en toute liberté qu’il a donné sa vie pour ses brebis. J’ai le pouvoir de donner ma vie, et le pouvoir de la reprendre (Jn 10,18). Par sa passion il expiait nos passions mauvaises ; par sa mort il guérissait notre mort ; par son tombeau il anéantit le tombeau ; par les clous de sa croix il ruinait jusqu’aux fondements de l’enfer.

La mort a gardé son empire jusqu’à la mort du Christ. Les tombeaux sont restés écrasants, notre prison indestructible, jusqu’à ce que le Pasteur y descende pour annoncer aux brebis qui s’y trouvaient enfermées la joyeuse nouvelle de leur libération. Son apparition au milieu d’elles leur donnait la garantie de leur appel à une vie nouvelle. Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis, et c’est ainsi qu’il cherche à s’attirer leur amour. Or, on aime le Christ si l’on écoute attentivement sa voix.

Le pasteur sait bien séparer les chèvres des brebis. Selon l’Évangéliste, toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux, qui seront à sa droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde (Mt 25,32-34).

Qu’avaient-ils donc fait pour mériter cette invitation ? J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli (Mt 25,35). Ce que vous avez donné aux miens, c’est moi qui vous le revaudrai. C’est par eux que moi je suis nu, étranger, errant et pauvre. C’est à eux que l’on donne, c’est moi qui suis reconnaissant. C’est moi qui suis dans la peine quand ils vous supplient.

Gagne le juge à ta cause par tes présents, avant que vienne le procès. Donne-lui une raison d’être indulgent, donne-lui matière à pardonner. Ne nous préparons pas cette sentence sévère : Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel, préparé pour le démon et ses anges. Quels sont donc ces crimes qui nous feraient condamner avec le démon ! J’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé (Mt 25,41-43).

Qui donc est passé à côté de son Pasteur, qu’il voyait affamé ? Qui a méprisé, en le voyant nu, celui qui sera bientôt son juge ? Qui va condamner à la soif le juge de l’univers ? Le Christ se laissera gagner par les services et les présents des pauvres, il dispensera d’un long supplice en récompense d’un petit présent. Éteignons le feu par notre miséricorde. Soyons compatissants envers les autres, faisons-leur grâce comme Dieu nous a fait grâce dans le Christ. A lui gloire et puissance pour les siècles des siècles.

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, guide-nous jusqu’au bonheur du ciel ; que le troupeau parvienne, malgré sa faiblesse, là où son Pasteur est entré victorieux. Lui qui règne.

 

5e dimanche de Pâques B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 15,1-8

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : "Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.

Homélie

Demeurer dans le Christ

Homélie de saint Augustin († 430)

Commentaire sur l’évangile de Jean, 80, 1, 81, 1.3-4 ; CCL 36, 527-531.

Dans le passage de l’évangile où notre Seigneur dit qu’il est la vigne, et ses disciples les sarments, il parle ainsi en tant que chef de l’Église, et nous ses membres. Car le Christ est le médiateur entre Dieu et les hommes (1 Tm 2,5). En effet, la vigne et les sarments ont la même nature, et voilà pourquoi, parce qu’il était Dieu, d’une autre nature que nous, il s’est fait homme, afin que la nature humaine fût en lui comme une vigne dont nous pourrions être les sarments.

Il disait aux disciples : Demeurez en moi, comme moi en vous. Ils n’étaient pas en lui de la même manière dont lui était en eux. Cette union réciproque ne lui procure aucun profit : c’est eux qu’elle avantage. Les sarments sont dans la vigne non pas pour enrichir celle-ci, mais pour recevoir d’elle le principe de leur vie. La vigne est dans les sarments pour leur communiquer sa sève vivifiante, non pour la recevoir d’eux. Ainsi cette permanence du Christ dans les disciples, et la permanence de ceux-ci dans le Christ, leur est doublement avantageuse, mais nullement au Christ. Car si vous retranchez un sarment, un autre peut surgir de la racine qui reste vivante, tandis que le sarment coupé ne peut vivre séparé de la racine.

Considérez encore plus attentivement ce que la Vérité ajoute : Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire (Jn 15,5). Pour que personne ne s’imagine que le sarment pourrait de lui-même porter quelque peu de fruit, alors que Jésus avait dit : Celui-là donne beaucoup de fruit, il ne dit pas : parce que, en dehors de moi, vous pouvez faire peu de chose, mais : vous ne pouvez rien faire. Que ce soit peu ou beaucoup, on ne peut le faire en dehors de lui puisque, en dehors de lui, on ne peut rien faire. Si le sarment porte peu de fruit, le vigneron l’émonde pour qu’il en porte davantage. Cependant si le sarment ne demeure pas uni à la vigne et ne vit pas de sa racine, il ne peut, par lui-même, porter le moindre fruit.

Si le Christ n’avait pas été un homme, il n’aurait pas pu être la vigne. Cependant il ne fournirait pas cette grâce aux sarments, s’il n’était pas également Dieu. Mais, parce que, sans cette grâce, on ne peut pas vivre, et parce que la mort est au pouvoir de notre libre arbitre, notre Seigneur ajoute : Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu’on a jeté dehors et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent (Jn 15,6). C’est pourquoi, si le bois de la vigne est d’autant plus méprisable lorsqu’il ne demeure pas uni à la vigne, il est d’autant plus glorieux quand il le demeure. Le Seigneur le dit par le prophète Ézékiel : lorsque ces bois de la vigne sont coupés, ils ne rendent aucun service au cultivateur et ne servent à aucun ouvrage artisanal (cf. Ez 15,4-5). Le bois de la vigne n’a que deux destinations : la vigne ou le feu. S’il ne reste pas sur la vigne, il sera brûlé. Pour ne pas aller au feu, il doit rester sur la vigne.

Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l’obtiendrez (Jn 15,7). Lorsqu’on demeure dans le Christ, que peut-on demander, sinon ce qui convient au Christ ? Que peut-on vouloir, quand on demeure dans le Seigneur, sinon ce qui n’est pas étranger au salut ? Nous demandons une chose parce que nous sommes dans le Christ, mais nous voulons autre chose parce que nous sommes encore en ce monde. Du fait que nous y demeurons, nous sommes parfois tentés de demander ce dont nous ignorons que cela nous est nuisible. Mais chassons l’idée que nous obtiendrons cela si nous demeurons dans le Christ, car il ne fait ce que nous lui demandons que si cela est bon pour nous.

Mais si nous demeurons en lui parce que ses paroles demeurent en nous, nous demanderons tout ce que nous voudrons, et nous l’obtiendrons.

Prière

Dieu qui as envoyé ton Fils pour nous sauver et pour faire de nous tes enfants d’adoption, regarde avec bonté ceux que tu aimes comme un père ; puisque nous croyons au Christ, accorde-nous la vraie liberté et la vie éternelle. Par Jésus Christ.

 

6e dimanche de Pâques B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 15,9-17

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : "Comme le Père vous a aimés, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour."

Homélie

au choix

Demeurer dans l’amour

Homélie de saint Augustin († 430)

Commentaire sur l’évangile de Jean, 82, 1-4 ; CCL 36, 532-534.

Le Sauveur, en parlant à ses disciples, souligne de plus en plus la grâce par laquelle nous sommes sauvés. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi vous serez pour moi des disciples (Jn,15,8). <>

Si Dieu le Père est glorifié de ce que nous produisons beaucoup de fruit et devenons les disciples du Christ, nous ne devons pas le mettre au crédit de notre gloire, comme si nous tenions tout cela de nous-mêmes. Car cette grâce vient de lui, et c’est pourquoi, dans ce sens, la gloire n’est pas à nous, mais à lui. Il a dit ailleurs : Que votre lumière brille devant les hommes : alors, en voyant ce que vous faites de bien... — ici, il devance en eux la pensée que ces bonnes œuvres viendraient d’eux-mêmes, en ajoutant aussitôt : ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux (Mt 5,16). En effet, ce qui glorifie le Père, c’est que nous donnions beaucoup de fruit et que nous devenions disciples du Christ. Et par qui le devenons-nous, sinon par lui, dont la miséricorde nous a devancés ? Car nous sommes son ouvrage, créés en Jésus Christ pour que nos œuvres soient vraiment bonnes (cf. Ep 2,10).

Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour (Jn 15,9). Voilà d’où viennent nos œuvres bonnes. Car d’où pourraient-elles venir, sinon de la foi agissant par la charité (Ga 5,6) ? Et d’où viendrait que nous aimons, sinon de ce que nous sommes aimés en premier ? C’est ce que notre évangéliste nous dit de la façon la plus claire dans son épître : Aimons Dieu parce que lui-même nous a aimés le premier (cf. 1 Jn 4,19). <>

Certes le Père, qui aime le Christ, nous aime, nous aussi, mais en lui, parce que la gloire du Père est que nous donnions du fruit en étant unis à la vigne qui est son Fils, et que nous devenions ses disciples.

Demeurez, dans mon amour, leur dit-il. Comment demeurer ? Écoutez ce qui suit : Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour (Jn 15,10). Est-ce l’amour qui rend fidèle aux commandements, ou est-ce l’observance des commandements qui engendre l’amour ? Personne ne peut douter que l’amour vient en premier. C’est pourquoi il n’a aucun motif d’observer les commandements, celui qui est sans amour. Donc, lorsque le Seigneur dit : Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, il ne nous montre pas ce qui engendre l’amour, mais ce qui le manifeste. Il semble dire : ne vous imaginez pas que vous demeurez dans mon amour, si vous n’êtes pas fidèles à mes commandements : vous y demeurerez si vous les observez. C’est-à-dire : on verra que vous demeurez dans mon amour, si vous observez mes commandements. Ainsi, que personne ne se fasse d’illusion en se disant qu’il l’aime, alors qu’il n’observe pas ses commandements. Car nous l’aimons dans la mesure où nous observons ses commandements. Moins nous les observons, moins nous aimons. <>

Ce n’est donc pas afin d’obtenir son amour que nous observons d’abord ses commandements ; mais, s’il ne nous aime pas, nous ne pouvons pas les observer. Telle est la grâce qui est lumineuse pour les humbles, mystérieuse pour les orgueilleux.

ou bien

Le véritable amour

saint Thomas More († 1 535)

Traité sur la Passion. Le Christ les aima jusqu’au bout, Homélie 1.

Méditons profondément sur l’amour du Christ, notre Sauveur qui a aimé les siens jusqu’au bout (Jn 13,1), à tel point que pour leur bien, volontairement, il souffrit une mort douloureuse et manifesta le plus haut degré d’amour qui puisse exister. Car il a dit lui-même : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jn 15,13). Oui, c’est bien là le plus grand amour qu’on ait jamais montré. Et pourtant notre Sauveur en donna un plus grand encore, car il donna cette preuve d’amour à la fois pour ses amis et pour ses ennemis.

Quelle différence entre cet amour fidèle et les autres formes d’amour faux et inconstant que l’on trouve dans notre pauvre monde ! Le flatteur prétend vous aimer parce qu’il fait chez vous de bons repas. Mais si l’adversité amoindrit vos revenus et qu’il ne trouve plus la table mise, alors : adieu ! et voilà votre frère le flatteur parti chercher une autre table. Il pourrait même devenir votre ennemi et médire de vous cruellement.

Qui peut être sûr, dans l’adversité, de garder beaucoup de ses amis, quand notre Sauveur lui-même, lorsqu’il fut arrêté, est resté seul, abandonné des siens ? Quand vous partez, qui voudra partir avec vous ? Seriez-vous roi, votre royaume ne vous laisserait-il pas partir seul pour vous oublier aussitôt ? Même votre famille ne vous laisserait-elle pas partir, comme une pauvre âme abandonnée qui ne sait où aller ?

Alors, apprenons à aimer en tout temps, comme nous devrions aimer : Dieu par-dessus toute chose, et toutes les autres choses à cause de lui. Car tout amour qui ne se rapporte pas à cette fin, c’est-à-dire à la volonté de Dieu, est un amour tout à fait vain et stérile. Tout amour que nous portons à une créature quelconque et qui affaiblit notre amour envers Dieu est un amour détestable et un obstacle à notre marche vers le ciel. Dans l’amour que vous portez à vos enfants, que votre tendresse ne vous empêche jamais, au cas où Dieu vous le commanderait, d’être prêt à en faire le sacrifice, comme Abraham était prêt à sacrifier son fils Isaac. Et puisque Dieu ne le fera pas, offrez votre enfant au service de Dieu d’une autre façon. Car tout ce que nous aimons et qui nous fait enfreindre un commandement divin, si nous l’aimons plus que Dieu, c’est un amour mortel et condamnable.

Donc, puisque notre Seigneur nous a tant aimés pour notre salut, implorons assidûment sa grâce, de crainte qu’en comparaison de son grand amour, nous soyons convaincus d’ingratitude.

Prière

Dieu tout-puissant, accorde-nous, en ces jours de fête, de célébrer avec ferveur le Christ ressuscité : que le mystère de Pâques dont nous faisons mémoire reste présent dans notre vie et la transforme. Par Jésus Christ.

 

Ascension du Seigneur B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 16,15-20

Jésus ressuscité dit aux onze Apôtres : "Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé."

Homélie

Une fidélité réciproque

Homélie de saint Augustin († 430)

Commentaire sur la Première Épître de Jean, 4,2-3 ; SC 75, 220-224

Nous croyons en Jésus que nous n’avons pas vu. Ceux qui l’ont vu et qui l’ont touché, qui ont entendu la parole de sa propre bouche, nous l’ont annoncé. Ils ont été envoyés par lui pour persuader le genre humain de la vérité. Ils n’ont pas eu l’audace d’y aller eux-mêmes. Et où ont-ils été envoyés ? Vous l’avez entendu, quand on nous a lu l’Évangile : Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création (Mc 16,15). Les disciples ont donc été envoyés partout. On les croyait parce que, confirmés par des signes et des prodiges, ils disaient ce qu’ils avaient vu. Et nous, nous croyons en celui que nous n’avons pas vu, et dont nous attendons le retour. Tous ceux qui l’attendent avec joie se réjouiront alors. Et ceux qui ne croient pas, lorsque viendra ce qu’ils ne voient pas maintenant, seront couverts de honte. <>

Demeurons donc dans ses paroles pour éviter d’être confondus quand il viendra. Car lui-même dit dans l’Évangile à ceux qui avaient cru en lui : Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples. Et comme s’ils avaient demandé pour quel avantage, il ajoute : Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres (Jn 8,31-32). Car, pour le moment, notre salut existe en espérance, pas encore en réalité. Puisque nous ne tenons pas encore ce qui a été promis, nous espérons seulement que cela viendra. Il est fidèle, celui qui a promis, il ne te trompe pas. Mais de ton côté, ne succombe pas, attends la promesse, car la vérité ne peut pas tromper. Et toi, ne sois pas menteur en professant une chose tandis que tu en fais une autre. Garde la foi, et lui gardera sa promesse. Mais si tu ne gardes pas la foi, c’est toi qui es coupable de fraude, non celui qui a promis.

Puisque vous savez que Dieu est juste, reconnaissez aussi que tout homme qui vit selon la justice de Dieu est vraiment né de lui (1 Jn 2,29). Actuellement notre justice vient de la foi. La justice parfaite ne se trouve que chez les anges, et même pas chez eux si on les compare à Dieu. Pourtant s’il y a une justice parfaite dans les âmes et les esprits créés par Dieu, c’est bien chez les anges saints, justes et bons que nulle chute n’a fait dévier, qu’aucun orgueil n’a fait tomber, mais qui demeurent toujours dans la contemplation du Verbe de Dieu et qui trouvent leur unique douceur en celui qui les a créés. En eux la justice est parfaite, et en nous, par la foi, elle commence à exister selon l’Esprit.

Prière

Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l’action de grâce, car l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire : nous sommes les membres de son corps, il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c’est là que nous vivons en espérance. Par Jésus Christ.

 

7e dimanche de Pâques B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 17, 11b-19

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi : "Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes."

Homélie

Qu’ils soient un !

au choix

Homélie de saint Cyrille d’Alexandrie († 444)

Commentaire sur l’évangile de Jean, 11,9 ; PG 74, 516-517

Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom, que tu m’as donné en partage (Jn 17,11). Le Christ veut garder ses disciples dans l’unité d’esprit et de volonté, en sorte qu’ils soient comme fondus les uns dans les autres, quant à l’âme et à l’esprit, par le lien de la paix et de l’amour mutuel, qu’ils soient unis par la chaîne infrangible de la charité. Ils progresseront ainsi vers une unité si parfaite que cette union, librement choisie, de leurs volontés soit le reflet de l’unité de nature que nous reconnaissons entre le Père et le Fils.

C’est donc une unité qui ne doit pas être ébranlée par aucun des assauts des forces ou des plaisirs de ce monde, ni être brisée par le désaccord des volontés, mais qui doit plutôt garder intacte la puissance de l’amour dans l’unité du culte et de la sainteté.

Or, c’est bien ce qu’ils firent. Car nous lisons dans les Actes des Apôtres : La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme (Ac 4,32) dans l’unité qui vient de l’Esprit. C’est encore ce que dit saint Paul : Un seul Corps et un seul Esprit (Ep 4,4), car la multitude que nous sommes est un seul corps (1 Co 10,17) dans le Christ, car tous nous participons à un même pain, et tous nous avons reçu l’onction d’un même Esprit, celui du Christ.

Donc, puisque les disciples devaient former un seul corps et participer à un seul et même Esprit pour que s’accomplisse l’unité spirituelle, Jésus veut qu’ils réalisent un accord indestructible dans une concorde parfaite.

Si l’on pense que cette unité des disciples est conforme à celle du Père et du Fils, qui n’est pas seulement l’unité de leur nature divine, mais l’unité parfaite de leur volonté, les disciples — il est permis de le croire — n’ont qu’une seule nature sainte et une même volonté. Car il est juste de constater chez les chrétiens une même volonté, bien qu’il n’y ait pas chez nous la même notion de consubstantialité qu’il y a entre le Père et le Verbe de Dieu, lequel procède du Père et demeure en lui.

ou bien

Jésus prie pour les siens

Homélie du bienheureux Guerric d’Igny († 1157)

Sermon pour l’Ascension, 1-2, SC 202, 272

Père, quand j’étais avec eux... (Jn 17,11-12). Le Seigneur a prononcé cette prière la veille de sa passion, mais il n’est pas absurde de l’appliquer au jour de l’Ascension, c’est-à-dire au moment où il allait s’éloigner définitivement de ses petits enfants, qu’il recommandait à son Père. Car celui qui dans les cieux a créé la multitude des anges, qui les enseigne et les gouverne, s’était attaché sur la terre un petit troupeau (Lc 12,32) de disciples qu’il formerait par sa présence dans la chair jusqu’à ce que, leur connaissance ayant quelque peu progressé, ils soient devenus capables de recevoir l’enseignement de l’Esprit Saint.

Dans sa grandeur, il aimait ces petits d’un grand amour. En effet, il les avait détachés de l’amour du monde et il voyait que, leur ayant fait abandonner toute espérance d’ici-bas, ses disciples dépendraient uniquement de lui. Cependant, aussi longtemps qu’il voulut vivre avec eux corporellement, il ne leur donna pas facilement de nombreuses marques d’affection, se montrant envers eux plutôt grave que tendre, comme il convenait à un maître et à un père. Mais lorsqu’arriva le moment de les quitter, il sembla comme vaincu par sa tendre affection pour eux, et il ne put leur dissimuler l’immensité de sa douceur, qu’il leur avait cachée jusque-là.

C’est ainsi que, comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout (Jn 13,1). Alors, en effet, il répandit sur ses amis presque toute l’immensité de son amour, avant que lui-même se répandît comme de l’eau (Ps 21,15) pour eux. Alors il leur remit le sacrement de son corps et de son sang, et il leur prescrivit de le célébrer. Je ne sais ce qui est plus étonnant, de sa puissance ou de son amour ! Pour les consoler de son départ, il inventait ce nouveau mode de présence : ainsi, tout en s’éloignant d’eux quant à la présence visible de son corps, il serait non seulement avec eux, mais aussi en eux par la vertu de ce sacrement. <>

Alors, levant les yeux au ciel, il les recommanda à son Père, en parlant ainsi : Père, quand j’étais avec eux, je les gardais dans la fidélité à ton nom, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte. Maintenant je viens à toi. Garde-les dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné. Je ne te demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais (cf. Jn 17,12-13.11.15). 0

L’ensemble de cette prière tient en trois points, où l’on trouve l’essentiel du salut. Qu’ils soient préservés du mal et sanctifiés dans la vérité, afin qu’ils soient glorifiés avec lui, Jésus. Père, dit-il, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire (Jn 17,24).

Heureux disciples, qui ont pour juge leur avocat en personne, et pour intercesseur celui qu’on doit adorer au même titre que le Père auquel il adresse sa prière. Ce Père avec qui le Christ n’a qu’une seule volonté et une seule puissance, car Dieu est unique (Mc 12,32). Toute prière du Christ doit nécessairement s’accomplir, car sa parole est puissance, et sa volonté efficacité. Pour toutes les choses qui existent, il parla, et ce qu’il dit exista ; il commanda, et ce qu’il dit survint (Ps 32,9). Je veux, dit-il, que là où je suis, eux aussi soient avec moi. Quelle sécurité pour ceux qui ont la foi ! Car cette sécurité ne fut pas seulement offerte aux Apôtres, et à ceux qui furent disciples en même temps qu’eux, mais à tous ceux qui, par leur parole, croiraient au Verbe de Dieu. Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, dit-il, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi (Jn 17,20).

Prière

Entends notre prière, Seigneur : nous croyons que le Sauveur des hommes est auprès de toi dans la gloire ; fais-nous croire aussi qu’il est encore avec nous jusqu’à la fin des temps, comme il nous l’a promis. Lui qui règne.

 

Pentecôte B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean Jn 15,26-27 ; 16,12-15

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : "Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur."

Homélie

au choix L’Esprit Saint, clé de la connaissance

Catéchèse de Syméon le Nouveau Théologien († 1022)

Catéchèses, 33, SC 113, 255-261.

La clé de la connaissance n’est pas autre chose que la grâce du Saint-Esprit. Elle est donnée par la foi. Par l’illumination, elle produit très réellement la connaissance et même la connaissance plénière. Elle ouvre notre esprit enfermé et obscurci, souvent avec des paraboles et des figures, mais aussi avec des affirmations plus claires. <>

Faites donc bien attention au sens spirituel de la parole. Si la clé n’est pas bonne, la porte ne s’ouvre pas. Car, dit le Bon Pasteur, c’est à lui que le portier ouvre (Jn 10,3). Mais si la porte ne s’ouvre pas, personne n’entre dans la maison du Père, car le Christ a dit : Personne ne va vers le Père sans passer par moi (Jn 14,6).

Or, c’est l’Esprit Saint qui, le premier, ouvre notre esprit et nous enseigne ce qui concerne le Père et le Fils. Le Christ nous dit cela aussi : Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur, et il vous guidera vers la vérité tout entière (cf. Jn 15,26 ; 16,13). Vous voyez comment, par l’Esprit ou plutôt dans l’Esprit, le Père et le Fils, inséparablement, se font connaître. Et Jésus dit encore : Si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais lorsqu’il viendra, lui, il vous rappellera toute chose (Jn 16,7). Et encore : Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur, qui sera toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité (cf. Jn 14,15-17). <>

Si l’on appelle le Saint-Esprit une clé, c’est parce que, par lui et en lui d’abord, nous avons l’esprit éclairé. Une fois purifiés, nous sommes illuminés par la lumière de la connaissance. Nous sommes baptisés d’en haut, nous recevons une nouvelle naissance et devenons enfants de Dieu, comme dit saint Paul : L’Esprit Saint intervient pour nous par des cris inexprimables (Rm 8,26), et encore : Dieu a envoyé en nos cœurs son Esprit qui crie : Abba, Père (cf. Ga4,6) !

C’est donc lui, l’Esprit, qui nous montre la porte, cette porte qui est lumière. Et cette porte nous enseigne que l’habitant de la maison est, lui aussi, lumière inaccessible (cf. 1 Tm6,16).

ou bien

L’Esprit du Seigneur remplit l’univers

Sermon de saint Aelred de Rielvaux († 1167)

Sermon sur la septuple voix du Saint-Esprit à la Pentecôte, Sermones inediti, éd. C.H. talbot, Rome, 1952, 1, 112-114.

La solennité de ce jour nous enthousiasme, non seulement parce que nous reconnaissons son importance, mais aussi parce que nous savourons sa douceur. Ce qu’elle met surtout en valeur, c’est l’amour. Or il n’y a pas dans le langage des hommes une parole plus douce à entendre, un sentiment plus délicieux à cultiver. Cet amour n’est rien d’autre que la bonté de Dieu, sa bienveillance, son amour. Ou plutôt, c’est Dieu qui est en personne la bonté, la bienveillance, l’amour. Et cette bonté de Dieu s’identifie à son Esprit, lequel est lui-même Dieu. <>

Et selon le dessein de Dieu, au commencement, l’Esprit de Dieu a rempli l’univers, déployant sa vigueur d’un bout du monde à l’autre et gouvernant toute chose avec douceur (Sg 8,1). Mais, en ce qui concerne son œuvre de sanctification, c’est à partir de ce jour de Pentecôte et par la suite que l’Esprit du Seigneur a rempli l’univers. Car c’est aujourd’hui que cet Esprit de douceur est envoyé par le Père et le Fils pour sanctifier toute créature selon un plan nouveau, une manière nouvelle, une manifestation nouvelle de sa puissance et de sa vertu. Certes, auparavant l’Esprit n’avait pas été donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié (Jn 7,39). <>

Mais aujourd’hui, venant du séjour céleste, l’Esprit s’est donné aux âmes des mortels avec toute sa richesse, toute sa fécondité. Ainsi cette rosée divine s’étendrait sur toute l’étendue de la terre, dans la diversité de ses dons spirituels. Et il est juste que la plénitude de ses richesses ait ruisselé pour nous du haut du ciel, puisque peu de jours auparavant, par la générosité de notre terre, le ciel avait reçu ce fruit d’une merveilleuse douceur. Car notre terre a-t-elle jamais produit rien de plus doux, de plus agréable, de plus délicieux, de plus saint ? Oui, la vérité a germé de la terre (Ps 84,12).

Il y a quelques jours, nous avons envoyé en avant-coureur ce que le ciel possédait de plus doux, afin que nous le possédions à notre tour. L’humanité du Christ, c’est toute la grâce de la terre ; l’Esprit du Christ, c’est toute la douceur du ciel. Il s’est donc produit une sorte d’échange très salutaire : l’humanité du Christ est montée de la terre au ciel ; aujourd’hui, du ciel est descendu vers nous l’Esprit du Christ. <>

Puisque l’Esprit du Christ remplit l’univers, lui qui tient ensemble tous les êtres, il entend toutes les voix (Sg 1,7). C’est partout que l’Esprit Saint agit, c’est partout que l’Esprit prend la parole. Sans doute, avant l’Ascension, l’Esprit du Seigneur fut donné aux disciples, lorsque le Seigneur leur dit : Recevez le Saint-Esprit. Tous ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus (Jn 20,23). Mais en aucune façon, avant la Pentecôte, on n’entendit la voix de l’Esprit Saint, on ne vit briller sa puissance. Et sa connaissance ne parvint pas aux disciples du Christ, qui n’avaient pas été confirmés en courage, puisque la peur les obligeait encore à se cacher dans une salle fermée à clé.

Mais à partir de ce jour, la voix du Seigneur domine les eaux, le Dieu de la gloire déchaîne le tonnerre, la voix du Seigneur brise les cèdres, elle taille des lames de feu, elle épouvante le désert de Cadès, elle ravage les forêts, et tous s’écrient : Gloire ! (cf. ps 28,3-9)

Prière

Aujourd’hui, Seigneur, par le mystère de la Pentecôte, tu sanctifies ton Église chez tous les peuples et dans toutes les nations ; répands les dons du Saint-Esprit sur l’immensité du monde, et continue dans les cœurs des croyants l’œuvre d’amour que tu as entreprise au début de la prédication évangélique. Par Jésus Christ.

Solennités du temps ordinaire B

 

La Sainte Trinité B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 28,16-20

Au temps de Pâques, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent.

Homélie

L’action propre à chaque personne divine

Homélie de Nicolas Cabasilas († 1323)

La Vie en Christ, 2, PG 150, 532-533

Bien que la sainte Trinité ait donné le salut au genre humain par un seul et même amour des hommes, la foi nous dit que chacune des personnes divines y apporte sa contribution particulière. Le Père se réconcilia avec nous, le Fils opéra la réconciliation, et le Saint-Esprit fut le don accordé à ceux qui étaient devenus les amis de Dieu. Le Père nous a libérés, le Fils fut la rançon de notre délivrance ; quant à l’Esprit, il est la liberté en personne, selon la parole de saint Paul : Là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté (2 Co 3,17). Si le Père nous a créés, le Fils nous a re-créés, et c’est l’Esprit qui fait vivre (Jn 6,63). Car, dans la création initiale, la Trinité s’inscrivait en filigrane. Le Père était le modeleur, le Fils était sa main, l’Esprit Défenseur insufflait la vie. Mais pourquoi parler de cela ? Car c’est seulement dans la création nouvelle que nous ont été révélées les distinctions qui existent en Dieu.

En effet, à toutes les époques, Dieu a répandu ses bienfaits sur la création, mais vous n’en trouverez pas un que l’on puisse rapporter au Père seul, au Fils seul, ou à l’Esprit seul. Au contraire, ils sont tous communs à la Trinité, parce que c’est par une seule puissance, une seule providence et une seule activité créatrice qu’elle réalise toute chose.

Dans le plan du salut par lequel elle a restauré notre genre humain en le renouvelant, c’est bien la Trinité tout entière qui a voulu mon salut et qui a prévu comment il se réaliserait. Mais ce n’est pas la Trinité tout entière qui l’a réalisé. Son artisan, ce n’est ni le Père ni le Saint-Esprit, mais le Verbe seul, le Fils unique seul. C’est lui qui a assumé la chair et le sang. C’est lui qui a subi les fouets et la douleur, c’est lui qui est mort et ressuscité. C’est par lui que la nature a reçu une vie nouvelle et que le baptême fut institué comme une naissance nouvelle et une création nouvelle. C’est pourquoi, lorsque l’on baptise, il faut invoquer Dieu en distinguant les personnes : le Père, le Fils, le Saint-Esprit, que cette création nouvelle est seule à nous révéler.

Prière

Dieu notre Père, tu as envoyé dans le monde ta Parole de vérité et ton Esprit de sainteté pour révéler aux hommes ton admirable mystère ; donne-nous de professer la vraie foi en reconnaissant la gloire de l’éternelle Trinité, en adorant son Unité toute-puissante. Par Jésus Christ.

 

Le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 14,12-16.22-26

Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : "Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs de ton repas pascal ?"

Homélie

Le mystère de la Pâque nouvelle

Homélie de saint Jean Chrysostome († 407)

Homélies sur l’évangile de saint Matthieu, 82, 1, PG 58, 737-739

Pendant le repas, Jésus prit le pain et le rompit (Mt 26,26 passim). Pourquoi célèbre-t-il ce mystère au moment de la Pâque ? Afin de vous montrer de toute façon qu’il est le législateur de l’Ancien Testament et que tous les événements de ce jour y étaient préfigurés. Il remplace le symbole figuratif par la vérité. Que cela se soit passé le soir, signifiait la plénitude des temps et la fin prochaine de ce qui concernait le Christ.

Pourquoi rend-il grâce ? Pour nous enseigner comment il faut accomplir ce mystère. Pour nous montrer qu’il ne va pas à la Passion malgré lui. Et il nous formait à supporter avec action de grâce ce que nous avons à souffrir, en y puisant même de grandes espérances.

Si le signe figuratif a obtenu la délivrance de l’esclavage, combien plus encore la vérité affranchira-t-elle l’univers et nous sera-t-elle accordée pour le plus grand bien de notre nature ! C’est donc pour cela que le Christ ne nous livre pas plus tôt ce mystère, mais seulement lorsque doivent cesser les observances légales. Il abolit alors la principale des fêtes juives, il invite ses disciples à une autre table, autrement digne de crainte. Et il leur dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps, rompu pour vous (cf. 1 Co, 16,24).

Comment n’ont-ils pas été troublés en entendant cela ? Parce qu’il leur avait déjà donné de grands et magnifiques enseignements. C’est pourquoi maintenant il n’insiste pas, car ils ont été assez instruits. Mais il leur dit le motif de sa Passion, qui est d’enlever les péchés. Le sang de la nouvelle alliance signifiait le gage de cette Loi nouvelle qu’il avait annoncée. Il avait promis longtemps auparavant que la nouvelle alliance devait être ratifiée par son sang. De même que l’Ancien Testament avait les sacrifices des brebis et des taureaux, de même le Nouveau Testament a le sang du Seigneur. Par là Jésus montre encore qu’il doit mourir. C’est pourquoi il parle de Testament en rappelant le premier, car celui-ci avait été consacré par le sang. Et il parle encore de la cause de sa mort : Ce sang sera répandu pour beaucoup en rémission des péchés. Puis il ajoute : Quand vous ferez, cela, vous le ferez en mémoire de moi.

Il parle ainsi pour montrer que sa passion et sa croix sont un mystère, et, par là, consoler encore ses disciples. Comme Moïse disait : Ceci sera pour vous un mémorial éternel (cf. Ex 3,15), Jésus dit de même : en mémoire de moi, jusqu’à ce que je vienne (cf. 1 Co, 11,26). C’est pourquoi il disait aussi : J’ai ardemment désiré manger cette Pâque (Lc 22,15), pour vous donner ces institutions nouvelles et vous laisser une Pâque qui ferait de vous des hommes animés par l’Esprit.

Prière

Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement tu nous as laissé le mémorial de ta Passion ; donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de la rédemption. Toi qui règnes.

 

Le Sacré-Cœur de Jésus B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 19,31-37

Jésus venait de mourir. Comme c’était le vendredi, il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat (d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque).

Homélie

Tout-puissant, Dieu remet les péchés

Sermon de saint Augustin († 430)

On suggère d’utiliser comme homélie le texte figurant comme seconde lecture dans le Livre des jours ou la Liturgie des Heures, et de prendre comme seconde lecture le texte qui est donné ici

Sermon 213, 2b, éd des Mauristes, 5, 942

Je crois en Dieu, le Père tout-puissant. Voyez comme c’est concis, et comme c’est riche ! Il est Dieu, et il est Père : Dieu par sa puissance, Père par sa bonté. Que nous avons de la chance : trouver un Père en la personne de notre Seigneur ! Croyons donc en lui et attendons tout de sa miséricorde, parce qu’il est tout-puissant. Que personne ne dise : Il ne peut pas pardonner mes péchés. Comment, tout-puissant, ne le pourrait-il pas ? Mais tu insistes : Moi, j’ai beaucoup péché ! et je te réponds : Mais il est tout-puissant ! Et toi : J’ai commis de si grands péchés que je ne puis en être délivré et purifié. Je réponds : Mais lui est tout-puissant !

La rémission des péchés. Si elle n’existait pas dans l’Église, il n’y aurait aucun espoir, car alors nous ne poumons aucunement espérer la vie future ni la libération éternelle. Nous rendons grâce à Dieu qui a fait ce don à son Église.

Voici que vous allez venir à la fontaine sainte, que vous serez purifiés par le baptême, renouvelés par le bain salutaire de la nouvelle naissance. En remontant de ce bain, vous serez sans aucun péché. Tous les péchés passés qui vous poursuivaient seront détruits. Ils étaient semblables aux Égyptiens qui poursuivaient les Israélites jusqu’à la mer Rouge. Que veut dire : jusqu’à la mer Rouge ? Jusqu’à cette fontaine, consacrée par la croix et le sang de Jésus Christ. En effet, nous appelons rouge ce qui rougeoie. Or, ne voyez-vous pas que tout ce qui touche à Jésus Christ est rougeoyant ? Interrogez les yeux de la foi. Si tu regardes la croix, remarque le sang. Si tu vois celui qui est cloué, vois ce qu’il a versé. Le côté du Christ a été percé par la lance, et notre rançon en a jailli. Voilà pourquoi le signe du Christ imprime sa marque sur le baptême, c’est-à-dire sur l’eau où vous êtes plongés, comme si vous traversiez la mer Rouge.

Vos péchés, ce sont vos ennemis. Ils vous poursuivent, mais seulement jusqu’à la mer. Dès que vous y serez entrés, vous leur échapperez et ils seront détruits, de même que les Israélites s’échappèrent à pied sec, tandis que l’eau engloutissait les Égyptiens. Et que dit l’Écriture ? Il n’en resta pas un seul (cf. ps 105,11).

Que vos péchés soient nombreux ou non, qu’ils soient grands ou petits : il n’en restera pas un seul.

Prière

Seigneur notre Père, en vénérant le Cœur de ton Fils bien-aimé, nous disons les merveilles de ton amour pour nous ; fais que nous recevions de cette source divine une grâce plus abondante. Par Jésus Christ.

Temps ordinaire B

 

2e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 1,35-42

Jean Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : "Voici l’Agneau de Dieu."

Homélie

André, le premier Apôtre

Homélie de Basile de Séleucie († 459)

Éloge de saint André, 3-4, PG 28, 1104-1105.

André, le plus illustre des Apôtres, est touché par les paroles du Baptiste. Quittant son maître, il court vers celui qu’il lui désigne : ses paroles lui sont parvenues comme un signal, et il gagne même de vitesse la langue de Jean. Signe évident de son amour, il accourt vers le Seigneur, emmenant avec lui l’évangéliste Jean. Laissant là le flambeau, tous deux s’élancent vers le soleil.

André a été la première plantation du Seigneur. C’est lui qui ouvrit la porte à l’enseignement du Christ. Le premier, il récolta les fruits de la terre cultivée par les prophètes. Le premier, il embrassa celui que tous attendaient, devançant ainsi l’espérance de tous. Le premier, il montra que les commandements de la Loi étaient arrivés à leur terme.

Le premier, il mit un frein à la langue de Moïse, et il ne la laissa plus parler après la venue du Christ. On ne l’en blâma pas, et il ne jeta pas le blâme sur celui qui avait été le guide des Juifs, mais, avant l’envoyé, il honora celui qui l’avait envoyé. Qui plus est, il se montra le premier à honorer Moïse, en étant le premier à reconnaître celui que Moïse avait annoncé : Le Seigneur notre Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète tel que moi : écoutez-le (Dt 18,15). André, pour obéir à la Loi, l’a rejetée. Il a entendu la parole de Moïse : Ecoutez-le.

Ayant entendu Jean proclamer : Voici l’Agneau de Dieu (Jn 1,37), il va spontanément vers celui qu’il lui désigne. L’ayant trouvé, et ayant reconnu en lui le prophète annoncé, il lui amène son frère. A Pierre, qui ne le connaît pas encore, il révèle le trésor : "Nous avons trouvé le Messie (Jn 1,41), celui dont nous désirions la venue. <> Oh ! Nous qui avons veillé durant tant de nuits près des eaux du Jourdain, nous venons de trouver celui que nous désirions."

Dès qu’André a fini de parler, Pierre, son frère, qui l’a écouté attentivement, part en toute hâte, plein d’enthousiasme. En amenant Pierre au Seigneur, André fait de son frère un disciple comme lui. C’est la première bonne chose à mettre à son actif : il a augmenté le nombre des Apôtres, il a présenté Pierre au Christ, si bien que Jésus trouvera en lui le guide de ses disciples.

C’est donc André qui aura semé en Pierre tout le bien qui, par la suite, sera porté au crédit de celui-ci. La louange adressée à l’un rejaillit également sur l’autre, car les vertus de l’un appartiennent aussi à l’autre, et chacun se glorifie des mérites de l’autre.

Vraiment, quelle joie Pierre ne procurera-t-il pas à tous les disciples quand il rompit leur silence embarrassé en répondant sans retard à la question du Seigneur ! <> Pierre seul prononça ces paroles : Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16) ! Il parlait au nom de tous, comme s’il était la langue de ceux dont Jésus attendait une réponse, ou comme si eux tous s’exprimaient par lui. En une seule phrase, il proclama le Sauveur et son plan de salut.

Oh ! Que cette proclamation s’accorde bien avec celle d’André ! Pour approuver les paroles qu’André avait dites à Pierre lorsqu’il l’avait conduit au Christ, le Père céleste les a aussi inspirées à Pierre.

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, qui régis l’univers du ciel et de la terre, exauce, en ta bonté, les prières de ton peuple et fais à notre temps la grâce de la paix. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, ton Fils a interpellé ceux qui le suivaient sans le connaître vraiment. Comme eux, nous sommes à la recherche du Christ, le Messie, et, souvent, nous ne savons où le trouver. Fais-nous voir aujourd’hui le lieu de sa demeure et rends-nous prompts à le suivre. Lui qui règne.

 

3e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1,14-20

Après l’arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu ; il disait : "Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle."

Homélie

Le repentir, chemin de la conversion

Homélie de saint Césaire d’Arles († 543)

Sermon 144, 1-4, CCL 104, 593-595

La lecture de l’évangile, frères bien-aimés, nous a fait entendre ces paroles du Seigneur : Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche (Mt 4,17). Le Royaume des cieux est le Christ qui, nous en avons la certitude, connaît les actes bons et mauvais et juge tous les motifs de nos actes.

Aussi nous faut-il devancer Dieu en confessant nos fautes et réprimer tous les dérèglements de l’âme avant le jugement. Nous nous exposons au danger si nous ne savons quel traitement suivre pour nous guérir du péché. Nous devons faire pénitence avant tout parce que nous savons que nous aurons à rendre compte des raisons de nos errements.

Voyez, frères bien-aimés, combien la bonté de notre Dieu est grande envers nous, si grande qu’il veut remettre le péché de celui qui s’en reconnaît coupable et le répare avant le jugement. Car lui, le juste juge, fait toujours précéder le jugement d’un avertissement, pour n’avoir jamais à exercer une justice sévère. Si Dieu veut tirer de nous des ruisseaux de larmes, ce n’est pas pour rien, frères bien-aimés, mais pour que nous puissions recouvrer par le repentir ce que nous avions perdu par la négligence.

Car notre Dieu sait que l’homme n’a pas toujours une volonté droite, et qu’il peut souvent pécher dans sa chair ou commettre des écarts de langage. Aussi nous a-t-il appris la voie du repentir par laquelle nous pouvons réparer les dommages que nous avons causés, et nous corriger de nos fautes. Pour être sûrs d’en obtenir le pardon, nous ne devons donc jamais cesser de regretter nos péchés.

Si affaiblie que soit la nature humaine par tant de blessures, personne ne doit désespérer. Car le Seigneur est d’une générosité si grande qu’il répand de bon cœur sur tous ceux qui sont à bout de force les dons de sa miséricorde. <>

Mais l’un de vous dira peut-être : "Pourquoi craindrais-je, puisque je ne fais aucun mal ?" Sur ce point, écoutez ce que dit l’apôtre Jean : Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous (1 Jn 1,8). Que personne donc ne vous égare, mes bien-aimés, car la pire espèce de péché est de ne pas apercevoir ses péchés. Alors que tous ceux qui reconnaissent leurs fautes peuvent se réconcilier avec Dieu en se repentant, aucun pécheur ne mérite davantage notre pitié que celui qui croit n’avoir rien à se reprocher. <>

Je vous exhorte donc, mes bien-aimés, avec les paroles de l’Écriture, à vous tenir humblement sous la main toute-puissante de Dieu (1 P 5,6). Et que personne ne refuse de réparer son péché, puisque personne n’en est exempt, car ce serait déjà une faute que de prétendre être sans péché. Il peut se faire que l’un soit moins coupable que l’autre, mais nul n’est exempt de tout péché. Les hommes sont certes pécheurs à des degrés divers ; il n’y en a pourtant aucun qui soit net de toute souillure.

Voilà pourquoi, mes bien-aimés, il faut que ceux qui se sont rendus coupables d’offenses plus graves implorent leur pardon avec plus de foi. Quant à ceux qui se sont préservés des fautes les plus honteuses, qu’ils prient afin de ne pas les commettre. Par la grâce de Jésus Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec le Père et l’Esprit Saint pour les siècles des siècles. Amen.

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, dirige notre vie selon ton amour, afin qu’au nom de ton Fils bien-aimé, nous portions des fruits en abondance. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, en ton Fils Jésus tu as invité ton peuple à la conversion. Rends-nous accueillants à la Bonne Nouvelle et prêts à répondre à ton appel. Alors nous pourrons marcher à la suite du Christ et préparer les hommes à l’avènement de ton Règne. Par Jésus Christ.

 

4e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1,21-28

Jésus, accompagné de ses disciples, arrive à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.

Homélie

L’autorité de Jésus

Homélie de saint Jean Chrysostome († 407) sur la Lettre aux Hébreux

Homélies sur la Lettre aux Hébreux, -5,3 ; PG 63, 50.

Considérez Jésus Christ, apôtre et grand prêtre pour notre confession de foi, lui qui est digne de confiance pour celui qui l’a institué, tout comme Moïse, sur toute sa maison (He 3,1-2). Que signifie : Il est digne de confiance pour celui qui l’a institué ! Cela veut dire qu’il dirige par sa providence les êtres qui lui appartiennent, et ne les laisse pas périr par sa négligence.

Comme Moïse qui fut digne de confiance dans toute sa maison ; c’est-à-dire : apprenez qui est votre grand prêtre, apprenez son origine, et vous n’aurez pas besoin d’autres encouragements ni consolations. Le Christ est appelé apôtre parce qu’il a été envoyé. Il est appelé aussi grand prêtre pour notre confession, c’est-à-dire notre confession de foi. Jésus est comparé, ajuste titre, à Moïse puisqu’il a été chargé comme Moïse de gouverner un peuple, mais un peuple plus nombreux et chargé d’une mission plus importante. Moïse avait gouverné à titre de serviteur, le Christ gouverne en sa qualité de Fils. Ceux dont Moïse avait la charge n’étaient pas à lui, ceux que guide Jésus lui appartiennent.

Pour attester ce qui allait être dit (He 3,5). Que dis-tu là ? Est-il possible que Dieu accepte un témoignage humain ? Oui, sans aucun doute, car il appelle le ciel, la terre et les collines à être ses témoins. Voici ce qu’il dit par son prophète : cieux, écoutez ; terre, prête l’oreille, car le Seigneur parle (Is 1,2). Et encore : Écoutez, vous aussi, fondements inébranlables de la terre (Mi 6,2), c’est le procès du Seigneur avec son peuple. A plus forte raison prend-il des hommes à témoin.

Que signifie : Pour attester ! Pour que les hommes attestent, même quand ils agissent impudemment, que le Christ nous parle vraiment en sa qualité de Fils, car ceux dont Moïse avait la charge n’étaient pas à lui, mais ceux que guide Jésus lui appartiennent.

Prière

Accorde-nous, Seigneur, de pouvoir t’adorer sans partage, et d’avoir pour tout homme une vraie charité. Par Jésus Christ.

ou bien

Qui es-tu Seigneur, toi qui parles avec autorité ? Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Toi, le Saint de Dieu, venu pour mettre fin à la puissance du mal, délivre nos esprits et nos corps de tout ce qui les entrave. Alors, possédés de ton Esprit, nous chanterons à jamais ta victoire. Toi qui règnes.

 

5e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1,29-39

En quittant la synagogue de Capharnaüm, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean, alla chez Simon et André. Or, la belle-mère de Simon était au lit avec de la fièvre.

Homélie

Jésus vient nous sauver

Homélie de saint Pierre Chrysologue († 450)

Sermon 18, 1-3 ; CCL 24, 107-108.

Ceux qui ont écouté attentivement l’évangile de ce jour savent pour quelle raison le Seigneur du ciel est entré dans d’humbles demeures terrestres. Puisqu’il est venu par bonté secourir tous les hommes, il n’est pas étonnant qu’il ait bien voulu porter ses pas en tous lieux.

Etant venu dans la maison de Pierre, Jésus vit sa belle-mère alitée, avec de la fièvre (Mt, 8,14). Voyez quel motif a conduit le Christ chez Pierre : nullement le désir de se mettre à table, mais la faiblesse de la malade ; non le besoin de prendre un repas, mais l’occasion d’opérer une guérison. Il voulait exercer sa divine puissance, et non prendre part à un banquet avec des hommes. Ce n’était pas du vin qu’on versait chez Pierre, mais des larmes. <>

Aussi le Christ n’est-il pas entré dans cette maison pour prendre sa nourriture, mais pour restaurer la vie. Dieu est à la recherche des hommes, non des choses humaines. Il veut leur donner les biens célestes, il ne désire pas trouver les biens terrestres. Le Christ est donc venu ici-bas pour nous prendre avec lui, il n’est pas venu chercher ce que nous possédons.

Etant venu dans la maison de Pierre, Jésus vit sa belle-mère alitée, avec de la fièvre. Dès qu’il fut entré chez Pierre, le Christ vit ce pour quoi il était venu. L’aspect de la maison ne retint pas ses regards, ni la multitude venue à sa rencontre, ni l’hommage de ceux qui le saluaient, ni la famille qui le pressait. Il ne jeta même pas un coup d’œil sur les dispositions prises pour le recevoir, mais il écouta les gémissements de la malade et porta son attention à la fièvre qui la consumait. Il vit qu’elle était dans un état désespéré, et aussitôt il étendit les mains pour qu’elles accomplissent leur œuvre divine. Et le Christ ne prit pas place à la table des hommes avant que la femme ne se lève de sa couche pour louer Dieu.

Il lui prit la main, dit l’évangile, et la fièvre la quitta (Mt 8,15). Voyez comment la fièvre quitte celle que le Christ tient par la main. La maladie ne résiste pas devant l’auteur du salut. Il n’y a pas de place pour la mort, là où est entré le Prince de la vie.

Prière

Dans ton amour inlassable, Seigneur, veille sur ta famille ; et puisque ta grâce est notre unique espoir, garde-nous sous ta constante protection. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, ton Fils est passé parmi nous en faisant le bien : il guérissait les malades et proclamait la Bonne Nouvelle. Il savait aussi se retirer dans la solitude pour te prier. Accueille notre prière avec la sienne, car il est le seul à te prier comme il faut. Lui qui règne.

 

6e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1,40-45 Un lépreux vient trouver Jésus ; il tombe à ses genoux et le supplie : "Si tu le veux, tu peux me purifier."

Homélie

Le Christ guérit celui qui croit

Homélie de saint Paschase Radbert († 860)

Commentaire sur l’évangile de Matthieu, 5, 8, CCM 56 A, 475-476.

Le Seigneur guérit chaque jour l’âme de tout homme qui l’implore, l’adore pieusement et proclame avec foi ces paroles : Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier (Mt 8,2), et cela quel que soit le nombre de ses fautes. Car celui qui croit du fond du cœur devient juste (Rm 10,10). Il nous faut donc adresser à Dieu nos demandes en toute confiance, sans mettre nullement en doute sa puissance.

Et si nous prions avec une foi pleine d’amour, nous bénéficions certainement, pour parvenir au salut, du concours de la volonté divine qui agit en proportion de sa puissance et qui est capable de produire son effet. C’est la raison pour laquelle le Seigneur répond aussitôt au lépreux qui le supplie : Je le veux (Mt 8,3). Car, à peine le pécheur commence-t-il à prier avec foi, que la main du Seigneur se met à soigner la lèpre de son âme. <>

Ce lépreux nous donne un conseil excellent sur la façon de prier. Ainsi ne met-il pas en doute la volonté du Seigneur, comme s’il refusait de croire en sa bonté. Mais, conscient de la gravité de ses fautes, il ne veut pas présumer de cette volonté. Quand il dit que le Seigneur, s’il le veut, peut le purifier, il fait bien d’affirmer ainsi le pouvoir qui appartient au Seigneur, de même que sa foi inébranlable. Car, pour obtenir une grâce, la foi pure et vraie est à bon droit requise tout autant que la mise en œuvre de la puissance et de la bonté du Créateur.

Par ailleurs, si la foi est faible, elle doit d’abord être fortifiée. C’est alors seulement qu’elle révélera toute sa puissance pour obtenir la guérison de l’âme et du corps. L’apôtre Pierre parle sans aucun doute de cette foi quand il dit : Il a purifié leurs cœurs par la foi (Ac 15,9). Si le cœur des croyants est purifié par la foi, nous devons entendre par là la force de la foi, car, comme le dit l’apôtre Jacques, celui qui doute ressemble au flot de la mer (Je 1,6).

Mais la foi pure, vécue dans l’amour, maintenue par la persévérance, patiente dans l’attente, humble dans son affirmation, ferme dans sa confiance, pleine de respect dans sa prière et de sagesse dans ce qu’elle demande, est certaine d’entendre en toute circonstance cette parole du Seigneur : Je le veux.

En ayant présente à l’esprit cette réponse admirable, nous devons regrouper les mots selon leur sens. Aussi bien le lépreux a-t-il dit pour commencer : Seigneur, si tu le veux, et le Seigneur : Je le veux. Le lépreux ayant ajouté : Tu peux me purifier, le Seigneur ordonna avec la puissance de sa parole : Sois purifié (Mt 8,2-3). Vraiment, tout ce que le pécheur a proclamé dans une vraie confession de foi, la bonté et la puissance divine l’ont aussitôt accompli par grâce.

Un autre évangéliste précise que l’homme qui recouvra la santé était tout couvert de lèpre (Lc 5,12), afin que personne ne perde confiance en raison de la gravité de ses fautes. Car tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu (Rm 3,23).

C’est pourquoi, si nous croyons à bon droit que la puissance de Dieu est à l’œuvre partout, nous devons le croire également de sa volonté. Il veut, en effet, que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité (1 Tm 2,4).

Prière

Dieu qui veux habiter les cœurs droits et sincères, donne-nous de vivre selon ta grâce ; alors tu pourras venir en nous pour y faire ta demeure. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur Jésus, tu aurais voulu que tes actions bienfaisantes restent ignorées de la foule, mais leur éclat fut tel que la nouvelle s’en répandit partout. Donne-nous aujourd’hui encore des signes de ta miséricorde, afin que nous puissions répandre la Bonne Nouvelle. Toi qui règnes.

 

7e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 2,1-12

Jésus était de retour à Capharnaüm, et la nouvelle se répandit qu’il était à la maison. Tant de monde s’y rassembla qu’il n’y avait plus de place, même devant la porte. Il leur annonçait la Parole. Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes.

Homélie

Le Christ pardonne les péchés

Homélie de saint Jean Chrysostome († 407)

Homélies sur l’évangile de Matthieu, 29, 2 ; PG 57, 359-360.

Les Juifs professaient que Dieu seul peut remettre les péchés. Jésus, avant même de remettre les péchés, a révélé les secrets des cœurs, montrant par là qu’il possédait aussi cet autre pouvoir réservé à Dieu. Évidemment, les scribes se gardaient bien de dévoiler leurs pensées. Or, quelques scribes se disaient : Cet homme blasphème. Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises (Mt 9, 3-4) ?

Aussi bien, il ne revient à personne d’autre qu’à Dieu de connaître les secrets des cœurs. C’est ce que dit le prophète : Toi seul, tu connais les secrets des humains (2 Ch 6,30). Il est encore écrit : Dieu, toi qui scrutes les cœurs et les reins (Ps 7,10). <> Jésus révèle donc sa divinité et son égalité avec le Père en dévoilant aux Juifs le fond de leur cœur, et en divulguant des pensées qu’ils n’osent pas déclarer ouvertement par crainte de la foule. Et il fait cela avec beaucoup de douceur, en posant la question : Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises ?

A tout prendre, si quelqu’un avait lieu de ne pas être satisfait, c’était bien le paralytique. Il aurait pu manifester sa déception au Christ en lui disant : "Soit ! Tu es venu pour soigner une autre maladie et guérir un autre mal. Mais quelle preuve aurai-je que mes péchés sont pardonnes ?" Or, il ne dit rien de tel, mais il se confie à celui qui a le pouvoir de le guérir.

Alors les Juifs, terriblement jaloux, se mettent à comploter contre le bien des autres. C’est pourquoi Jésus les réprimande, mais avec une extrême douceur : "Si donc, veut-il dire, vous refusez d’ajouter foi à ce que je viens de dire et que vous taxiez mes paroles d’orgueil, voici que je les confirme en dévoilant vos secrets. Et je vous apporte encore une autre preuve : Voyez, je vais montrer mon pouvoir sur ce corps paralysé ! "

Par ailleurs, dans les premières paroles qu’il adresse au paralytique, Jésus n’affirme pas clairement qu’il agit de sa propre autorité. Il ne dit pas : "Je te pardonne tes péchés", mais : Tes péchés sont pardonnes (Mt 9,2). Ensuite, lorsque les scribes l’y contraignent, il déclare sans ambiguïté que ce pouvoir lui appartient : Pour que vous sachiez, dit-il, que le Fils de l’homme a le pouvoir, sur terre, de pardonner les péchés... (Mt 9,6). <>

D’ailleurs, avant même de guérir l’infirme, il avait posé cette question aux scribes : Qu’est-ce qui est le plus facile ? De dire : Tes péchés sont pardonnes, ou bien de dire : Prends ta civière et rentre chez toi (Mt 9,5-6) ? Autrement dit : "Qu’est-ce qui vous semble le plus facile ? De montrer son pouvoir sur un corps inerte, ou de pardonner à une âme ses fautes ?" C’est évidemment de guérir un corps, car le pardon des péchés dépasse cette guérison autant que l’âme est supérieure au corps. Mais puisque l’une de ces œuvres est visible, et l’autre pas, je vais accomplir également l’œuvre qui est visible et moindre, pour prouver celle qui est plus grande et invisible.

A ce moment-là, Jésus a témoigné par ses œuvres qu’il est, comme l’a dit Jean Baptiste, celui qui enlève les péchés du monde (cf. Jn 1,29).

Prière 

Accorde-nous, Dieu tout-puissant, de conformer à ta volonté nos paroles et nos actes dans une inlassable recherche des biens spirituels. Par Jésus Christ.

ou bien

Par nos seules forces, Seigneur Dieu, nous sommes incapables de parvenir jusqu’à toi. Suscite-nous des compagnons débordants de foi, qui nous permettent, malgré notre paralysie, de marcher vers le pardon que tu offres à tous les hommes. Par Jésus Christ.

 

8e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 2,18-22

Comme les disciples de Jean Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus : "Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ?" Jésus répond : "Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ?"

Homélie

Le Christ, époux de l’Église

Homélie de saint Paschase Radbert († 860)

Commentaire sur l’évangile de Matthieu, 10, 22 ; CCM 56 B, 1072-1073.

Une union si étrange et extraordinaire a eu lieu lorsque le Verbe s’est fait chair dans le sein de la Vierge et a ainsi habité parmi nous (Jn 1,14). De même que tous les élus sont ressuscites dans le Christ lorsqu’il est ressuscité, de même ces noces ont été célébrées en lui, et l’Église a été unie à l’Époux par les liens du mariage quand l’Homme-Dieu a reçu en plénitude les dons de l’Esprit Saint et que toute la divinité est venue habiter dans son corps.

En vertu de cette alliance, l’Épouse, comme je l’ai dit, a vraiment reçu en cadeau les arrhes de ces dons de l’Esprit Saint qui a demeuré tout entier dans le Christ. Celui-ci est devenu homme par l’Esprit Saint et, en sa qualité d’Époux, il est sorti du sein de la Vierge, qui fut en effet sa chambre nuptiale. Mais l’Église, en renaissant de l’eau dans le même Esprit, devient un seul corps dans le Christ, si bien que les deux ne font plus qu’une seule chair (Mt 19,5), ce qui, par rapport au Christ et à l’Église, est un grand mystère (Ep 5,31).

Et ce mariage dure depuis le début de l’Incarnation du Christ jusqu’au moment où le Christ lui-même reviendra, en sorte que tous les rites de l’union nuptiale soient accomplis. Alors, ceux qui seront prêts, et qui auront rempli comme il le faut les conditions d’une si grande union, feront, pleins de respect, leur entrée avec lui dans la salle des noces éternelles.

En attendant, l’Épouse promise au Christ est amenée à son Époux, et elle fait alliance avec lui, chaque jour, dans la foi et la tendresse, jusqu’à ce que lui-même revienne. Voilà pourquoi Paul disait : Je vous ai fiancés, en effet, à un Époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ (2 Co 11,2). Ainsi, une seule épouse et femme, promise au Christ, s’attachera-t-elle à lui lorsque l’Église, venue des Juifs aussi bien que des Gentils, sera rassemblée dans l’unité. Car tous les saints de l’Ancien Testament qui ont vécu depuis le commencement du monde, et qui ont tous cru que le Christ viendrait dans la chair pour sauver l’humanité, ont part à ces noces qu’ils avaient vues par la foi, fût-ce de loin. Voilà pourquoi l’Écriture dit : Il envoya ses serviteurs pour appeler les invités à la noce (Mt 22,3). Car le Christ avait déjà invité tous ceux qu’il a appelés, puisque tous, depuis Abel le juste, avaient été inspirés par Dieu et attendaient la venue du Christ.

Prière

Fais que les événements du monde, Seigneur, se déroulent dans la paix, selon ton dessein, et que ton peuple connaisse la joie de te servir sans inquiétude. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur Jésus Christ, tu as été enlevé à nos yeux de chair, mais tu restes auprès de nous car tu nous sauves. Que la nouveauté de ton salut ne cesse de faire notre joie, en attendant la vie bienheureuse où tu nous combleras de ta présence. Par Jésus Christ.

 

9e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 2,23-3,6 ou 2,23-28

Un jour de sabbat, Jésus marchait à travers les champs de blé ; et ses disciples, chemin faisant, se mirent à arracher des épis. Les pharisiens lui disaient : "Regarde ce qu’ils font le jour du sabbat ! Cela n’est pas permis."

Homélie

Le jour du Seigneur

Sermon d’Eusèbe d’Alexandrie († 6e siècle ?) sur le dimanche

Sermons sur le dimanche, 16, 1-2 ; PG 86,1, 416-421.

Écoute, mon enfant, je vais t’exposer les raisons pour lesquelles la tradition de garder le dimanche et de nous abstenir de travailler nous a été transmise.

Lorsque le Seigneur confia le sacrement aux disciples, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le donna à ses disciples, en disant : "Prenez, mangez : ceci est mon corps, rompu pour vous en rémission des péchés." De même, il leur donna la coupe en disant : "Buvez-en tous : ceci est mon sang, le sang de l’Alliance Nouvelle, répandu pour vous, et pour la multitude en rémission des péchés. Faites cela en mémoire de moi " (cf. Mt 26,26-27 ; 1 Co 11,24).

Le jour saint du dimanche est donc celui où l’on fait mémoire du Seigneur. C’est pourquoi on l’a appelé "le jour du Seigneur". Et il est comme le seigneur des jours. En effet, avant la Passion du Seigneur, il n’était pas appelé "jour du Seigneur", mais "premier jour".

En ce jour, le Seigneur a établi le fondement de la résurrection, c’est-à-dire qu’il a entrepris la création ; en ce jour, il a donné au monde les prémices de la résurrection ; en ce jour, comme nous l’avons dit, il a ordonné de célébrer les saints mystères. Ce jour a donc été pour nous le commencement de toute grâce : commencement de la création du monde, commencement de la résurrection, commencement de la semaine. Ce jour, qui renferme en lui-même trois commencements, préfigure la primauté de la sainte Trinité.

La semaine comporte évidemment sept jours : Dieu nous en a donné six pour travailler, et il nous en a donné un pour prier, nous reposer et nous libérer de nos péchés. Si donc nous avons commis des fautes durant ces six jours, nous pouvons les réparer le dimanche et nous réconcilier avec Dieu.

Rends-toi donc de grand matin à l’église de Dieu, approche-toi du Seigneur pour lui confesser tes péchés, apporte-lui ta prière et le repentir d’un cœur contrit. Sois présent pendant toute la sainte et divine liturgie, achève ta prière, ne sors pas avant le renvoi de l’assemblée.

Contemple ton Seigneur, tandis qu’il est partagé et distribué sans être détruit. Et si ta conscience est pure, avance-toi et communie au corps et au sang du Seigneur. Si, au contraire, elle te condamne pour de coupables et mauvaises actions, interdis-toi de communier jusqu’à ce que tu l’aies purifiée par le repentir. Reste jusqu’à la fin de la prière et ne sors pas de l’église avant qu’on ne t’ait renvoyé. Rappelle-toi le traître Judas : il n’a pas achevé sa prière avec les autres, ce qui a été le début de sa perte. <>

Ce jour-même, comme nous l’avons souvent répété, t’a été offert pour la prière et pour le repos. Voici donc le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie (Ps 117,24) ! Rendons gloire à celui qui est ressuscité en ce jour, ainsi qu’au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

Prière

Seigneur notre Père, nous en appelons à ta providence qui jamais ne se trompe en ses desseins : tout ce qui fait du mal, écarte-le, et donne-nous ce qui peut nous aider. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, les lois que tu nous donnes ne cherchent pas à écraser l’homme mais à l’épanouir en vérité. Garde-nous du légalisme qui fait passer le précepte avant la miséricorde, et accorde-nous de vivre pleinement dans la liberté de ton Esprit. Par Jésus Christ.

 

10e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 3,20-35

Jésus entre dans une maison, où de nouveau la foule se rassemble, si bien qu’il n’était pas possible de manger. Sa famille, l’apprenant, vint pour se saisir de lui, car ils affirmaient : "Il a perdu la tête."

Homélie

Le Christ, vainqueur du Mal

Homélie pascale attribuée à saint Jean Chrysostome († 407)

Homélies pascales, 51, 1-3 , SC 187, 318-322

Les signes de la résurrection du Seigneur sont clairs : la ruse a cessé, la jalousie a été bannie, la querelle a été foulée aux pieds, la paix est en honneur et la guerre a pris fin. Nous ne pleurons plus sur Adam, lui qui fut formé le premier (1 Tm 2,13), mais nous glorifions le second Adam (1 Co 15,47). Nous ne blâmons plus Ève, la désobéissante (Gn 3,6), mais nous disons bienheureuse Marie, la mère de Dieu. Nous ne nous détournons plus de l’arbre, mais nous portons la croix (Lc 14,27) du Seigneur. Nous ne redoutons plus le serpent (Gn 3,1), mais nous révérons l’Esprit Saint. Nous ne descendons plus en terre, mais nous remontons aux cieux. Nous ne sommes plus exilés du Paradis (Gn 3,23-24), mais nous vivons auprès d’Abraham (Lc 16,22). Nous n’entendons plus dire comme les Juifs : J’ai rendu ton jour semblable à la nuit (Os 4,5), mais nous chantons, dans un sens spirituel : Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie (Ps 117,24) !

Pourquoi ce chant ? Parce que le soleil n’est plus obscurci (Mt 27,45), mais que tout s’illumine. Parce que le voile du Temple n’est plus déchiré (Mt 27,51), mais que l’Église est reconnue. Parce que nous ne tenons plus des rameaux de palmier (Jn 12,13), mais que nous portons les "nouveaux illuminés."

Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie. Voici le jour, celui-ci et non un autre, car il n’y a qu’une reine et une multitude de princesses 1. Voici le jour, le jour du Seigneur, jour triomphal, consacré par la coutume à la résurrection. C’est le jour où nous sommes parés de grâce et partageons l’agneau (Ex 12,8-11) spirituel, où l’on donne du lait (1 Co 3,2 ; 1 P 2,2) à ceux qui viennent de renaître, où le plan divin s’accomplit pour les pauvres.

Qu’il soit pour nous jour de fête et de joie, sans que nous courions dans les tavernes, mais en nous hâtant vers les sanctuaires, sans que nous honorions l’ivresse, mais en aimant la tempérance <>, sans que nous nous amusions sur les places, mais en chantant des psaumes dans nos maisons. Ce jour est celui de la résurrection, non des excès. Personne ne monte au ciel en dansant. Personne en état d’ivresse ne se tient auprès d’un roi. Que personne donc parmi nous ne déshonore ce jour ! <>

Voici le jour où Adam a été libéré, où Ève a été délivrée de son affliction (Gn 3,16). Voici le jour où la mort féroce a frémi, où la résistance des blocs de pierre (Mt 27,51) a été brisée et anéantie, les verrous des tombeaux (Mt 27,52) mis en pièces et enlevés. Voici le jour où les corps (Mt 27,53) de ceux qui étaient morts depuis longtemps ont été rendus à leur vie antérieure, où les lois sévères des puissances souterraines, jusqu’alors immuables, ont été abolies, où les cieux se sont ouverts (Mt 3,16) quand le Christ notre Seigneur est ressuscité. Voici le jour où l’arbre verdoyant et fertile de la résurrection a étendu ses branches sur le monde entier pour le bien de la race humaine, comme dans un jardin où les lis des nouveaux illuminés ont grandi, où les ruisseaux des pécheurs se sont desséchés. Voici le jour où la force du diable a été paralysée, où les armées des démons ont été balayées. <>

Voici donc ce jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie, avec la grâce du Christ illuminant par sa résurrection le monde entier qui habitait les ténèbres et l’ombre de la mort (Lc 1,79). A lui, au Père et au Saint-Esprit, gloire et adoration pour les siècles des siècles. Amen.

1 La fête de Pâques, comparée à une reine, l’emporte en dignité sur toutes les autres fêtes, comparées a des princesses.

Prière

Seigneur, source de tout bien, réponds sans te lasser à notre appel : inspire-nous ce qui est juste, aide-nous à l’accomplir. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, tu as envoyé ton Fils dans le monde pour combattre le péché et les puissances mauvaises. Délivre-nous de tout mal, aide-nous à faire ta volonté, pour que nous devenions en vérité frères et sœurs de Jésus Christ, notre Seigneur. Lui qui règne.

 

11e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 4,26-34

Parlant à la foule en paraboles, Jésus disait : "Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. "

Homélie

La graine devient un grand arbre

au choix

Homélie de saint Pierre Chrysologue († 450)

Sermon 98, 1-2 4-7, CCL 24 A, 602-606.

Mes frères, vous avez appris aujourd’hui comment le Royaume des cieux, dans toute sa grandeur, est comparé à une graine de moutarde. <> Le Royaume des cieux, dit le Seigneur, est comparable à une graine de moutarde (Mt 13,31). <> Est-ce là tout ce que les croyants espèrent ? Est-ce là tout ce que les fidèles attendent ? Est-ce là le bonheur auquel les vierges parviennent après une longue pratique de la virginité ? Est-ce là la gloire à laquelle aspirent les martyrs, lorsqu’ils versent jusqu’à la dernière goutte de leur sang ? Est-ce là ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme (1 Co 2,9) ? Est-ce là ce que promet l’Apôtre et qui est tenu en réserve dans l’ineffable mystère du salut, pour ceux qui aiment ?

Mes frères, ne nous laissons pas facilement déconcerter par les paroles du Seigneur. Si, en effet, la faiblesse de Dieu est plus forte que l’homme, et si la folie de Dieu est plus sage que l’homme (1 Co 1,25), cette toute petite chose, qui est le bien de Dieu, est plus splendide que toute l’immensité du monde.

Puissions-nous seulement semer dans notre cœur cette graine de moutarde, de sorte qu’elle devienne le grand arbre de la connaissance, s’élevant de toute sa hauteur pour élever notre pensée jusqu’au ciel, et déployant toutes les branches de la science. Son fruit brûlant réchaufferait notre bouche de son goût vivifiant, son grain allumerait en nous un feu qui enflammerait notre cœur et, en savourant le fruit de cet arbre, nous cesserions de dédaigner ce qui nous était inconnu. <>

Comme le dit le Christ, le Royaume de Dieu est semblable à la graine de moutarde. <> Le Christ est le Royaume. A la manière d’une graine de moutarde, il a été jeté dans un jardin, le corps de la Vierge. Il a grandi et il est devenu l’arbre de la croix qui couvre la terre entière.

Après qu’il eut été broyé par la Passion, son fruit a produit assez de saveur pour donner du bon goût et de l’arôme, d’une manière égale, à tous les êtres vivants qui le touchent. Car, tant que la graine de moutarde demeure intacte, ses vertus restent cachées, mais elles déploient toute leur puissance quand la graine est broyée. De même le Christ a-t-il voulu que son corps fut broyé pour que sa force ne reste pas cachée.

Mes frères, il nous faut broyer cette graine de moutarde pour éprouver toute la force, figurée dans cette parabole. Le Christ est roi, car il est le principe de toute autorité. Le Christ est le Royaume, car en lui réside toute la gloire de son royaume. Le Christ est homme, car l’homme tout entier est renouvelé en lui. Le Christ est la graine de moutarde, l’instrument dont Dieu se sert pour faire descendre toute sa grandeur dans toute la petitesse de l’homme.

Que dirai-je encore ? Lui-même est devenu toute chose pour renouveler tous les hommes en lui. Le Christ homme a reçu la graine de moutarde qui est le Royaume de Dieu. Le Christ homme l’a reçue, alors que le Christ Dieu la possédait depuis toujours. Il a jeté la semence dans son jardin. <>

Le jardin est la terre cultivée qui s’est étendue au monde entier, labouré par la charrue de la Bonne Nouvelle. Il est clôturé par les bornes de la sagesse. Les Apôtres ont peiné pour en arracher toutes les mauvaises herbes. On prend plaisir à y contempler les jeunes pousses des croyants, les lis des vierges et les rosés des martyrs. Des fleurs y donnent toujours leur parfum.

Le Christ a donc semé la graine de moutarde dans son jardin. Elle a pris racine quand il a promis son Royaume aux patriarches, elle est née avec les prophètes, elle a grandi avec les Apôtres, et elle est devenue l’arbre immense qui étend ses innombrables rameaux sur l’Église, en lui prodiguant ses dons. <>

Prends les ailes d’argent de la colombe évangélique dont parle le prophète (cf. ps 67,14). Prends ses plumes brillantes sous l’éclat du soleil divin. Envole-toi dans ton vêtement d’or pour jouir d’un repos sans fin, désormais hors de l’atteinte des filets, parmi tant de magnifiques frondaisons. Sois assez fort pour prendre ainsi ton vol, et va habiter en sécurité dans cette vaste demeure !

ou bien

Le Christ, grain du Royaume de Dieu

Homélie attribuée à saint Jean Chrysostome († 407)

Homélies sur "Le Royaume de Dieu est semblable à un grain", 7 ; PG 64, 21-23.

Qu’y a-t-il de plus grand que le Royaume des cieux et de plus petit qu’un grain de moutarde ? Comment Jésus peut-il comparer ce Royaume infini à un minuscule grain de moutarde, qui occupe une si petite place ? Pourtant, quand nous examinons attentivement le Royaume des cieux et le grain de moutarde, nous découvrons combien la comparaison est juste et naturelle.

Le Royaume des cieux n’est évidemment rien d’autre que le Christ, puisque celui-ci dit de lui-même : Voilà que le règne de Dieu est au milieu de vous (Lc 17,21). Or, rien n’est plus grand que le Christ dans sa divinité, comme la parole du prophète peut nous l’apprendre : C’est lui qui est notre Dieu : aucun autre ne lui est comparable. Il a découvert les chemins de la connaissance, et il les a confiés à Jacob, son serviteur, à Israël, son bien-aimé. Ainsi la Sagesse est apparue sur la terre, elle a vécu parmi les hommes (Ba 3,36-38). <>

Par ailleurs, qu’y a-t-il de plus petit que le Christ dans son incarnation, puisqu’il est devenu moindre que les anges et que les hommes ? Apprends-le de la bouche de David : Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? Tu l’as voulu un peu moindre que les anges (Ps 8,5-6). L’interprétation qu’en donne Paul montre qu’il s’agit bien du Christ : Nous voyons Jésus abaissé un peu en-dessous des anges à cause de sa passion et de sa mort (He 2,9). <>

Comment se fait-il que le Christ soit en même temps le Royaume des cieux et le grain, qu’il soit à la fois grand et petit par rapport au Royaume ? Voici : sa miséricorde pour ceux qu’il a créés est si grande qu’il s’est fait tout à tous pour les gagner tous. Du fait de sa nature, il était Dieu comme il l’est encore et le sera toujours. Il est devenu homme en vue de notre salut. Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables (Rm 11,33) !

O grain, par lequel le monde a été fait, les ténèbres dispersées, l’Église renouvelée ! Qu’elle est grande la force de ce grain suspendu à la croix ! Alors qu’il y était cloué, il a, par une simple parole, détaché du bois le larron pour le plonger dans les délices du paradis. De son flanc percé par la lance, ce grain a laissé couler une boisson d’immortalité pour les assoiffés. Ce grain, après qu’on l’eut descendu du bois et planté dans le jardin, a couvert toute la terre de ses branches. Ce grain, semé dans le jardin, a plongé ses racines jusqu’aux enfers. Il en a fait sortir les âmes et, en trois jours, les a emmenées au ciel. <> Le Royaume des cieux est comparable à un grain de moutarde qu’un homme a semé dans son champ (Mt 13,31). Sème ce grain de moutarde dans le jardin de ton âme <> et la parole du prophète vaudra aussi pour toi : Tu seras comme un jardin bien irrigué, comme une source où les eaux ne manquent jamais (Is 58,11).

Prière

Dieu tout-puissant, force de ceux qui espèrent en toi, sois favorable à nos appels : puisque l’homme est fragile et que sans toi il ne peut rien, donne-nous toujours le secours de ta grâce ; ainsi nous pourrons, en observant tes commandements, vouloir et agir de manière à répondre à ton amour. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, ton action en ce monde reste souvent cachée et tes serviteurs sont tentés par le découragement. Ranime en eux l’espérance et fait germer la semence que tu as jetée sur notre terre. Par Jésus Christ.

 

12e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 4,35-41

Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule en paraboles. Le soir venu, il dit à ses disciples : "Passons sur l’autre rive". <> Survient une violente tempête.

Homélie

Comment apaiser les tempêtes du cœur

Homélie de saint Augustin († 430)

Sermon 63, 1-3 ; PL 38, 424-425.

Je vais, avec la grâce du Seigneur, vous entretenir de l’évangile de ce jour. Je veux aussi, avec l’aide de Dieu, vous encourager à ne pas laisser la foi dormir dans vos cœurs au milieu des tempêtes et des houles de ce monde. Le Seigneur Jésus Christ exerçait sans aucun doute son pouvoir sur le sommeil non moins que sur la mort, et quand il naviguait sur le lac, le Tout-Puissant n’a pas pu succomber au sommeil sans le vouloir. Si vous le pensez, c’est que le Christ dort en vous. Si, au contraire, le Christ est éveillé en vous, votre foi aussi est éveillée. L’Apôtre dit : Que le Christ habite en vos cœurs par la foi (Ep 3,17). Donc le sommeil du Christ est le signe d’un mystère. Les occupants de la barque représentent les âmes qui traversent la vie de ce monde sur le bois de la croix. En outre, la barque est la figure de l’Église. Oui, vraiment, tous les fidèles sont des temples où Dieu habite, et le cœur de chacun d’eux est une barque naviguant sur la mer : elle ne peut sombrer si l’esprit entretient de bonnes pensées.

On t’a fait injure : c’est le vent qui te fouette ; tu t’es mis en colère : c’est le flot qui monte. Ainsi, quand le vent souffle et que monte le flot, la barque est en péril. Ton cœur est en péril, ton cœur est secoué par les flots. L’outrage a suscité en toi le désir de la vengeance. Et voici : tu t’es vengé, cédant ainsi sous la faute d’autrui, et tu as fait naufrage. Pourquoi ? Parce que le Christ s’est endormi en toi, c’est-à-dire que tu as oublié le Christ. Réveille-donc le Christ, souviens-toi du Christ, que le Christ s’éveille en toi. Pense à lui.

Que voulais-tu ? Te venger. As-tu oublié la parole qu’il a dite sur la croix : Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font (Lc 23,34) ? Celui qui s’était endormi dans ton cœur a refusé de se venger.

Réveille-le, rappelle-toi son souvenir. Son souvenir, c’est sa parole ; son souvenir, c’est son commandement. Et quand tu auras éveillé le Christ en toi, tu te diras à toi-même : "Quel homme suis-je pour vouloir me venger ? Qui suis-je pour user de menaces contre un homme ? Peut-être serai-je mort avant d’avoir pu me venger ? Et quand viendra pour moi le moment de quitter ce corps, si j’expire brûlant de haine et assoiffé de vengeance, celui qui n’a pas voulu se venger ne m’accueillera pas. Celui qui a dit : Donnez, et vous recevrez ; pardonnez, et vous serez pardonnes (Lc 6,37) ne m’accueillera pas. Je réprimerai donc ma colère, et mon cœur trouvera à nouveau le repos." Le Christ a commandé à la mer, et elle s’est calmée (cf. Mt 8,26).

Ce que je viens de vous dire au sujet des mouvements de colère doit devenir votre règle de conduite dans toutes vos tentations. La tentation surgit : c’est le vent qui souffle ; ton âme est troublée : c’est le flot qui monte. Réveille le Christ, laisse-le te parler. Qui donc est celui-ci, pour que même les vents et la mer lui obéissent (Mt 8,27) ? Quel est celui à qui la mer obéit ? A lui la mer, c’est lui qui l’a faite (Ps 94,5). Par lui, tout s’est fait (Jn 1,3). Imite plutôt les vents et la mer : obéis au Créateur. La mer entend l’ordre du Christ, vas-tu rester sourd ? La mer obéit, le vent s’apaise, vas-tu continuer à souffler ?

Que voulons-nous dire par là ? Parler, agir, ourdir des machinations, n’est-ce pas souffler, et refuser de s’apaiser au commandement du Christ ? Quand votre cœur est troublé, ne vous laissez pas submerger par les vagues. Si pourtant le vent nous renverse — car nous ne sommes que des hommes —, et qu’il excite les passions mauvaises de notre cœur, ne désespérons pas. Réveillons le Christ, afin de poursuivre notre voyage sur une mer paisible et de parvenir à la patrie.

Prière

Fais-nous vivre à tout moment, Seigneur, dans l’amour et le respect de ton saint nom, toi qui ne cesses jamais de guider ceux que tu enracines solidement dans ton amour. Par Jésus Christ.

ou bien

Qui es-tu donc, Jésus de Nazareth, pour que le vent et la mer t’obéissent ? Toi que le Père, Créateur de l’univers, a envoyé vaincre nos peurs et apaiser nos angoisses, augmente notre foi en ta puissance et fais-nous sentir ton secours. Toi qui règnes.

 

13e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 5,21-43

Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord du lac. Arrive un chef de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment : "Ma petite fille est à toute extrémité."

Homélie

Pour Dieu, la mort est un sommeil

Homélie de saint Pierre Chrysologue († 450)

Sermon 34, 1.5 ; CCL 24, 193.197-199.

S. Pierre Chrysologue commente le passage parallèle de l’évangile de Matthieu

Toute lecture d’évangile nous est d’un grand profit aussi bien pour la vie présente que pour la vie future. Mais plus encore l’évangile de ce jour, car il contient la totalité de notre espérance et bannit tout motif de désespoir. <>

Mais venons-en au chef de la synagogue qui conduisit le Christ auprès de sa fille, et donna en même temps l’occasion à une femme (qui souffrait d’hémorragie) de venir trouver Jésus. Ainsi commence la lecture de ce jour : Voici qu’un chef s’approcha. Il se prosternait devant Jésus en disant : "Ma fille est morte à l’instant, mais viens lui imposer la main, et elle vivra" (Mt 9,18)2.

Le Christ connaissait l’avenir et n’ignorait pas que cette femme viendrait à sa rencontre. C’est elle qui ferait comprendre au chef des Juifs que Dieu n’a pas besoin de se déplacer, qu’il n’est pas nécessaire de lui montrer le chemin ni de solliciter sa présence physique. Il faut croire, au contraire, que Dieu est présent partout, qu’il y est avec tout son être et pour toujours. Qu’il peut tout faire sans peine en donnant un ordre, qu’il envoie sa puissance sans la transporter ; qu’il met la mort en fuite par un commandement sans bouger la main ; qu’il rend la vie en le décidant, sans recourir à la médecine.

Ma fille est morte à l’instant, mais viens. Ce qui signifie : "Son corps conserve encore la chaleur de la vie et des traces visibles de son âme ; son esprit ne l’a pas encore quittée ; la famille garde encore son enfant ; le royaume des morts ne la reconnaît pas encore pour sienne. Viens donc vite retenir son âme prête à partir."

L’insensé ! Il ne croyait pas que le Christ pourrait ressusciter une morte, mais seulement la retenir. Aussi, dès que le Christ arriva à la maison et vit que les gens pleuraient la jeune fille comme une morte, il voulut amener à la foi leurs cœurs incrédules. Comme eux pensaient qu’on ne pouvait pas ressusciter d’entre les morts plus facilement que sortir du sommeil, le Christ déclara que la fille du chef (de la synagogue) était endormie et non pas morte. La jeune fille n’est pas morte, dit-il, elle dort (Mt 9,23).

Et vraiment, pour Dieu, la mort est un sommeil. Car Dieu fait revenir un mort à la vie en moins de temps qu’un homme ne tire un dormeur de son sommeil. Et Dieu rend la chaleur aux membres refroidis par la mort plus vite qu’un homme ne peut rendre vigueur aux corps plongés dans le sommeil.

Écoute ce que dit l’Apôtre : Instantanément, en un clin d’œil, <> les morts ressusciteront (1 Co 15,52). Sachant qu’il lui était impossible de signifier par des mots l’immédiateté de la résurrection, le bienheureux Apôtre l’a évoquée par des images. D’ailleurs, comment aurait-il pu condenser dans des mots la rapidité d’un événement dans lequel la puissance divine dépasse la rapidité même ? Ou bien, comment le temps pourrait-il intervenir dans le don d’une réalité éternelle, non soumise au temps ? Parce qu’il n’y a pas de temps sans flux qui s’écoule, l’éternité exclut le temps.

Prière

Tu as voulu, Seigneur, qu’en recevant ta grâce nous devenions des fils de lumière ; ne permets pas que l’erreur nous plonge dans la nuit, mais accorde-nous d’être toujours rayonnants de ta vérité. Par Jésus Christ.

ou bien

"Talitha koum". Daigne, Seigneur Dieu, prononcer sur nous cette parole de résurrection, comme ton Fils, jadis, la prononça sur l’enfant qui était morte. Toi qui n’as pas fait la mort, donne-nous de partager la vie qui jaillit de ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur. Lui qui règne.

 

14e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 6,1-6

Jésus est parti pour son pays, et ses disciples le suivent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : "D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?’

Homélie

Croire en Jésus, aujourd’hui, sans le voir

Catéchèse de Syméon le Nouveau Théologien († 1022)

Catéchèses, 29, version remaniée de SC 113, 164-169.

Frères et Pères, beaucoup ne cessent de dire — et leurs paroles parviennent à nos oreilles — : "Si nous avions vécu au temps des Apôtres, et si nous avions été jugés dignes de voir le Christ comme eux, nous serions aussi devenus des saints comme eux." Ils ignorent qu’il est le même, lui qui parle, maintenant comme alors, dans tout l’univers. Car s’il n’était pas le même jadis et maintenant, identiquement Dieu à tous égards, par ses opérations et par ses rites, comment le Père se montrerait-il toujours présent dans le Fils, et le Fils dans le Père, par l’Esprit, puisque le Christ dit : Mon Père est à l’œuvre jusqu’à maintenant, et moi aussi je suis à l’œuvre (Jn 5,17) ?

Mais quelqu’un dira peut-être : "Ce n’est pas la même chose de l’avoir vu lui-même corporellement, en ce temps-là, ou d’entendre uniquement ses paroles aujourd’hui et recevoir un enseignement sur lui et sur son Royaume. Et je réponds : "La situation actuelle n’est sûrement pas la même que celle d’alors, mais c’est la situation d’aujourd’hui, de maintenant, qui est beaucoup plus heureuse. Elle nous conduit plus facilement à une foi et une conviction plus profondes que le fait de l’avoir vu et entendu alors corporellement. "

Alors, en effet, c’était un homme qui apparaissait aux Juifs sans intelligence, un homme d’humble condition ; mais maintenant c’est un Dieu véritable qui nous est prêché. Alors, il fréquentait corporellement les publicains et les pécheurs et mangeait avec eux ; mais maintenant il est assis à la droite de Dieu le Père, n’ayant jamais été séparé de lui en aucune manière. Nous croyons qu’il nourrit le monde entier et nous disons, si du moins nous sommes croyants, que sans lui rien ne s’est fait. Alors, même les gens de rien le méprisaient en disant : N’est-il pas le fils de Marie (Mc 13,15) et de Joseph (Lc 4,22), le charpentier (Mt 13,55) ? Mais maintenant les rois et les princes l’adorent comme le Fils du vrai Dieu, et vrai Dieu lui-même, et il a glorifié et glorifie ceux qui l’adorent en esprit et en vérité, même s’il les corrige souvent quand ils pèchent. Eux qui étaient d’argile, il les rend de fer, les plaçant au-dessus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Alors, il était tenu pour un homme corruptible et mortel parmi tous les autres. Dieu sans forme et invisible, il a reçu, sans subir d’altération ni de changement, une forme dans un corps humain et s’est montré totalement homme, en n’offrant aux regards rien de plus que les autres hommes. Mais il a mangé, bu, dormi, transpiré et s’est fatigué ; il a fait tout ce que font les hommes, excepté le péché.

C’était une grande chose de reconnaître et de croire qu’un homme pareil était Dieu, celui qui a fait le ciel même, la terre et tout ce qu’ils contiennent. C’est pourquoi, lorsque Pierre a dit : Tu es le Fils du Dieu vivant, le Maître l’a déclaré bienheureux en ces termes : Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela — c’est-à-dire qui te l’ont fait voir et dire — mais mon Père qui est aux cieux (Mt 16,16-17).

Ainsi, celui qui actuellement écoute chaque jour Jésus proclamer et annoncer par les saints évangiles la volonté de son Père béni, sans lui obéir avec crainte et tremblement et sans garder ses commandements, n’aurait pas plus accepté alors de croire en lui, absolument pas, même s’il avait été présent, s’il l’avait vu lui-même et entendu prêcher. Il est même à craindre que, dans sa totale incrédulité, il l’aurait regardé comme un ennemi de Dieu, non comme le vrai Dieu, et l’aurait blasphémé.

Prière

Dieu qui as relevé le monde par les abaissements de ton Fils, donne à tes fidèles une joie sainte : tu les as tirés de l’esclavage du péché : fais-leur connaître le bonheur impérissable. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, ton Fils ne fut pas reconnu comme prophète par les gens de son pays et il s’étonna de leur manque de foi. Rends-nous attentifs à l’action de Jésus Christ en ceux que nous côtoyons chaque jour, car c’est peut-être par l’un de nos proches qu’il veut aujourd’hui nous parler. Lui qui règne.

 

15e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 6,7-13

Jésus appelle les Douze, et pour la première fois il les envoie deux par deux. Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais.

Homélie

Consignes aux missionnaires

Homélie de Théophylacte († 1109)

Commentaire sur l’évangile de Marc, PG 123, 548-549.

En plus de l’enseignement qu’il a donné lui-même, le Seigneur a envoyé les Douze deux par deux, pour que leur zèle en soit augmenté, car, envoyés seuls, ils auraient pu manquer d’ardeur. Si, d’autre part, il les avait envoyés à plus de deux, il n’aurait pas eu assez d’Apôtres pour parcourir les nombreux villages.

Il les envoie donc deux par deux : Deux hommes valent mieux qu’un seul (Qo 4,9), dit l’Ecclésiaste. Il leur prescrit aussi de ne rien emporter, ni sac, ni pièces de monnaie, ni pain, leur enseignant par ces paroles à mépriser les richesses. Ainsi mériteront-ils le respect de ceux qui les verront et, en ne possédant rien en propre, ils leur apprendront la pauvreté. Qui donc, à la vue d’un Apôtre sans besace ni pain — qui est la chose la plus nécessaire — ne se laisserait pas fléchir et ne se dépouillerait pas pour vivre dans la pauvreté ?

Il leur ordonne de rester dans une maison pour ne pas s’acquérir une réputation d’hommes inconstants que la gloutonnerie fait passer d’une famille à l’autre. Il leur dit par ailleurs de quitter ceux qui ne les reçoivent pas, en secouant la poussière de leurs pieds. Ils leur montreront ainsi qu’ils ont parcouru un long chemin pour eux sans aucune utilité, ou qu’ils ne gardent rien d’eux, pas même la poussière, qu’ils secouent au contraire en témoignage contre eux, c’est-à-dire en signe de désaveu.

"Amen, je vous le dis, au jour du jugement, Sodome et Gomorrhe seront traitées moins sévèrement (Mt 10,15) que ceux qui ne vous auront pas reçus." Car, pour avoir subi une punition en ce monde, les habitants de Sodome seront frappés d’une peine moins sévère dans l’autre. A quoi il faut encore ajouter que les Apôtres ne leur ont pas été envoyés. Or ceux qui n’auront pas reçu les Apôtres subiront des peines plus lourdes.

Ils partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient (Mc 6, 12-13). Marc est le seul à rapporter que les Apôtres faisaient des onctions d’huile. A propos de cette pratique, Jacques, le frère du Seigneur, dit dans son épître catholique : Si l’un de vous est malade, qu’il appelle ceux qui exercent dans l’Eglise la fonction d’Anciens. Ils prieront sur lui après avoir fait une onction d’huile (Je 5,14). Ainsi l’huile sert-elle à soulager la souffrance. Elle donne la lumière et apporte l’allégresse ; elle symbolise la bonté de Dieu, et la grâce de l’Esprit Saint par laquelle nous sommes délivrés de nos souffrances et nous recevons la lumière, la joie et l’allégresse spirituelles.

Prière

Dieu qui montres aux égarés la lumière de ta vérité pour qu’ils puissent reprendre le bon chemin, donne à tous ceux qui se déclarent chrétiens de rejeter ce qui est indigne de ce nom, et de rechercher ce qui lui fait honneur. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur Jésus, tes premiers missionnaires étaient des pauvres qui ne comptaient que sur ta puissance. Fais de nous des apôtres marchant sur les routes du monde avec, comme seule richesse, ta parole à faire entendre, ton amour à partager, dans la communion du Père et de l’Esprit. Toi qui règnes.

 

16e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 6,30-34

Après leur première mission, les Apôtres se réunissent auprès de Jésus, et lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné. Il leur dit : "Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu."

Homélie

au choix Le bon pasteur annoncé par les Prophètes

Homélie de Didyme d’Alexandrie († 398)

Commentaire sur Zacharie, 2, 39-42, SC 84, 446-448

Il y a une promesse de Dieu rapportée par le prophète Ézékiel qui s’accorde avec les passages de l’Ecriture concernant l’élévation d’un personnage célèbre. Dieu dit à ceux qu’il veut combler de ses bienfaits et sauver : Je vous susciterai un pasteur unique, mon serviteur David (Ez 34,23).C’est celui qui a dit dans l’évangile : Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis (Jn 10,11). Il est leur guide et leur très bon berger, et il s’expose au danger pour elles. Il meurt, en effet, ayant, par la grâce de Dieu, goûté la mort pour le salut de tous (He 2,9), afin de leur donner la vie et de glorifier le Seigneur tout-puissant.

Car Michée, le saint prophète, a prophétisé à son sujet, et fait cette prédiction dans un cantique : Le Seigneur se dressera, il verra et il fera paître son troupeau avec puissance, et ils vivront au nom de leur Dieu tout-puissant (Mi 5,3), c’est-à-dire qu’ils participeront à Celui qui a dit à Moïse, l’annonciateur des divins mystères : Je suis celui qui suis (Ex 3,14).

De même que le véritable David, pasteur très bon à la main vigoureuse, s’est dressé pour faire paître les brebis qui écoutent la voix de Jésus (cf. Jn 10,3), brebis conduites par la main de Jésus et peuple de son pâturage (Ps 94,7), de même Celui qui s’élève d’une racine, comme le dit l’Écriture (Is 11,1), s’est levé en très bon chef de guerre envoyé par la bienveillance du Père. Il a mis en déroute ses ennemis épouvantés, en les frappant dans le dos avec ses mains. Il est loué et glorifié par ses propres frères, car il est apparu comme le premier-né d’entre eux, selon la parole de l’Apôtre : Ceux que lui, Dieu, connaissait par avance, il les a aussi destinés à être l’image de son Fils, pour faire de ce Fils l’aîné d’une multitude de frères (Rrn 8,29). A leur propos, le premier-né dit à Dieu : Je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée (Ps 21,23).

ou bien

Suivre le Christ à l’écart

Commentaire de saint Bède le Vénérable († 735)

Commentaire sur l’évangile de Marc, 2 ; CCL 120, 5 10-5 H

Les Apôtres se réunissent auprès de Jésus et lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné (Mc 6,30). Les Apôtres ne sont pas seuls lorsqu’ils rapportent au Seigneur ce qu’ils ont fait et enseigné, mais ses disciples et ceux de Jean Baptiste viennent aussi lui annoncer ce que Jean a souffert pendant que les Apôtres enseignaient. <> Et il leur dit : Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. <> Pour faire comprendre combien il était nécessaire d’accorder du repos aux disciples, l’évangéliste poursuit en disant : De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu’on n’avait même pas le temps de manger (Mc 6,31) La fatigue de ceux qui enseignaient, ainsi que l’ardeur de ceux qui s’instruisaient, montrent bien ici comme on était heureux en ce temps-là.

Plût au ciel qu’il en fût de même encore à notre époque, qu’un grand concours de fidèles se pressât autour des ministres de la Parole pour les entendre, sans même leur laisser le temps de reprendre des forces ! Car lorsqu’ils manquent du temps nécessaire pour prendre soin d’eux-mêmes, ils ont encore moins la possibilité de s’abandonner aux séductions de l’âme et du corps. Ou plutôt, du fait que l’on réclame d’eux à temps et à contretemps la parole de foi et le ministère du salut, ils brûlent du désir de méditer les pensées célestes et de les mettre sans cesse en pratique, de sorte que leurs actes ne démentent pas leurs enseignements.

Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l’écart (Mc 6,32). Les disciples ne montèrent pas seuls dans la barque, mais ils prirent avec eux le Seigneur et gagnèrent un endroit désert, comme l’évangéliste Matthieu l’indique clairement. Les gens les virent s’éloigner et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux (Mc 6,33). En disant qu’ils partirent à pied et arrivèrent avant eux, l’évangéliste laisse entendre que les disciples et le Seigneur n’ont pas navigué jusqu’à l’autre rive de la mer de Galilée ou du Jourdain, mais qu’après avoir traversé en barque un bras de mer ou une crique, ils sont parvenus à un endroit proche, situé dans la même région, et que les gens du pays pouvaient aussi gagner à pied.

En débarquant, Jésus vit une foule nombreuse, et il en eut pitié, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger, et il se mit à les instruire longuement (Mc 6,34). Matthieu donne plus d’explications sur la manière dont Jésus eut pitié d’eux, quand il dit : Et il en eut pitié, et il guérit leurs infirmes (Mt 14,14). Car avoir pitié des pauvres et de ceux qui n’ont pas de berger, c’est précisément leur ouvrir le chemin de la vérité en les instruisant, faire disparaître leurs infirmités physiques en les soignant, mais aussi les nourrir quand ils ont faim, et les encourager ainsi à louer la générosité divine. C’est ce que Jésus a fait, comme nous le rappelle encore la suite de cet évangile.

Il a en outre mis à l’épreuve la foi de la foule, et l’ayant éprouvée, lui a donné en retour une récompense proportionnée. Il a gagné en effet un endroit isolé pour voir si les gens auraient soin de les suivre. Eux l’ont suivi. Ils ont pris en toute hâte la route du désert, non sur des ânes ou des véhicules de tout genre, mais à pied, et ils ont montré, par cet effort personnel, quel grand soin ils avaient de leur salut.

En retour, Jésus a accueilli ces gens fatigués. Comme sauveur et médecin plein de puissance et de bonté, il a instruit les ignorants, guéri les malades et nourri les affamés, manifestant ainsi quelle grande joie lui procure l’amour des croyants.

Prière

Sois favorable à tes fidèles, Seigneur, et multiplie les dons de ta grâce : entretiens en eux la foi, l’espérance et la charité, pour qu’ils soient attentifs à garder tes commandements. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur Jésus, tu as eu pitié des foules qui étaient comme des brebis sans berger, et tu leur as sacrifié ton repos pour leur donner ta parole de vie. Fais de nous des messagers de l’Évangile, qu’aucune fatigue ne lasse, que nulle difficulté n’arrête. Toi qui règnes.

 

17e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6,1-15

Jésus était passé de l’autre côté du lac de Tibériade (appelé aussi mer de Galilée). Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait en guérissant les malades. Jésus gagna la montagne, et là, il s’assit avec ses disciples.

Homélie

Dieu nous est connu par ses œuvres

Homélie de saint Augustin († 430)

Commentaire sur l’évangile de Jean, 24, 1.6.7 ; CCL 36, 244.247.

Les miracles accomplis par notre Seigneur Jésus Christ sont vraiment des œuvres divines. Ils disposent l’intelligence humaine à connaître Dieu en partant de ce qui est visible, puisque nos yeux sont incapables de le voir en raison même de sa nature. En outre, les miracles que Dieu opère pour gouverner l’univers et organiser toute sa création ont tellement perdu de leur valeur à force de se répéter, que presque personne ne prend la peine de remarquer quelle œuvre merveilleuse et étonnante il réalise dans n’importe quelle petite graine de semence.

C’est pourquoi il s’est réservé, dans sa bienveillance, d’accomplir au moment choisi certaines actions en dehors du cours habituel des choses et de l’ordre de la nature. Ainsi, ceux qui tiennent pour négligeables les merveilles de tous les jours, restent stupéfaits à la vue d’œuvres qui sortent de l’ordinaire et cependant ne l’emportent pas sur celles-là. Gouverner l’univers est en vérité un miracle plus grand que de rassasier cinq mille hommes avec cinq pains ! Personne toutefois ne s’en étonne, alors que l’on s’extasie devant un miracle de moindre importance parce qu’il sort de l’ordinaire. Qui, en effet, nourrit aujourd’hui encore l’univers sinon celui qui, avec quelques grains, crée les moissons ?

Le Christ a donc fait ce que Dieu fait. Usant de son pouvoir de multiplier les moissons à partir de quelques grains, il a multiplié cinq pains dans ses mains. Car la puissance se trouvait entre les mains du Christ, et ces cinq pains étaient comme des semences que le Créateur de la terre multipliait sans même les confier à la terre.

Cette œuvre a donc été placée sous les sens pour élever l’esprit, et elle s’est offerte aux regards pour exercer l’intelligence. Il nous est ainsi devenu possible d’admirer le Dieu invisible en considérant ses œuvres visibles (cf. Rm 1,20). Après avoir été éveillés à la foi et purifiés par elle, nous pouvons même désirer voir sans les yeux du corps l’Être invisible que nous connaissons à partir du visible. <>

En effet, Jésus a fait ce miracle pour qu’il soit vu de ceux qui se trouvaient là, et ils l’ont mis par écrit pour que nous en ayons connaissance. Ce que les yeux ont fait pour eux, la foi le fait pour nous. Aussi bien, nous reconnaissons en notre âme ce que nos yeux n’ont pu voir et nous avons reçu un plus bel éloge, puisque c’est de nous qu’il a été dit : Heureux ceux qui croient sans avoir vu (Jn 20,29) ! <>

D’après l’évangile, les gens dirent, à la vue du signe qu’il venait d’opérer : Celui-ci est vraiment un prophète (Jn 6,14). Or, il était le Seigneur des prophètes, l’inspirateur des prophètes, le sanctificateur des prophètes. Mais il était aussi un prophète, comme cela avait été dit à Moïse : C’est un prophète comme toi que je leur susciterai (Dt 18,18). <>

Le Seigneur est prophète, il est la Parole de Dieu et, sans la Parole de Dieu, aucun prophète ne prophétise. La Parole de Dieu est avec les prophètes et la Parole de Dieu est prophète. Dans le passé, les hommes ont mérité d’avoir des prophètes inspirés et remplis de la Parole de Dieu (cf. He 1,1) ; nous, nous avons mérité d’avoir pour prophète la Parole même de Dieu.

Prière

Tu protèges, Seigneur, ceux qui comptent sur toi ; sans toi rien n’est fort et rien n’est saint ; multiplie pour nous tes gestes de miséricorde afin que, sous ta conduite, en faisant un bon usage des biens qui passent, nous puissions déjà nous attacher à ceux qui demeurent. Par Jésus Christ.

ou bien

Dieu qui aimes les hommes, ton Fils est venu dans le monde comme le grand Prophète qui nourrit les foules de sa parole et de son pain. A ceux qui forment le peuple de l’Alliance nouvelle, ne cesse pas d’accorder les signes de ta grâce et la force de ton salut. Par Jésus Christ.

 

18e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6,24-35

La foule s’était aperçue que Jésus n’était pas au bord du lac, ni ses disciples non plus. Alors les gens prirent les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus.

Homélie

Jésus, le pain de vie

Homélie de Théophylacte († 1109)

Commentaire sur l’évangile de Jean, PG 123, 1297-1301.

Au désert, nos pères ont mangé la manne. Comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel (Jn 6,31). <>

Ainsi les Juifs veulent-ils pousser Jésus à accomplir lui-même un prodige semblable qui aurait pour effet de leur procurer une nourriture corporelle et, en raison de leur extraordinaire gloutonnerie, ils lui rappellent la manne.

Que leur répond donc l’infinie Sagesse de Dieu, Jésus notre Seigneur ? Voici : Ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain (Jn 6,32), ce qui revient à dire : "Moïse ne vous a pas donné le vrai pain, mais tout ce qui s’est passé alors était la figure de ce qui arrive aujourd’hui. Moïse était la figure de Dieu, le vrai chef des Israélites spirituels. Ce pain était ma propre image. Étant descendu du ciel, je suis la vraie nourriture et le pain véritable." Il se déclare "pain véritable", non que la manne eût été une chose trompeuse, mais parce que cette figure était aussi une ombre, non la réalité même. <>

Assurément, ce pain qui est Vie par nature, du fait qu’il est le Fils du Père vivant, accomplit l’œuvre qui lui est propre, car il vivifie tout. Comme le pain qui vient de la terre conserve la fragile substance de notre chair et prévient sa destruction, de même le Christ, lui aussi, vivifie l’âme par l’action de l’Esprit, et en outre il préserve le corps même en vue de son incorruptibilité. Car le Christ a fait don à l’humanité de la résurrection d’entre les morts et de l’immortalité des corps. <>

Et Jésus leur dit : Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif (in 6,35). <> Il n’a pas dit : "Le pain qui vous alimente", mais "le pain de la vie". En effet, après que la mort eût mené tous les êtres à leur perte, le Christ, qui est le pain, nous a vivifiés par lui-même. Nous croyons en effet que le levain de la pâte humaine a été cuit au feu de sa divinité. Il est le pain, non de cette vie ordinaire, mais de la vie transformée à laquelle la mort ne met pas de fin.

Si quelqu’un croit en ce pain, il ne connaîtra pas la faim, cette faim qui torture celui qui n’écoute pas la parole de Dieu, et il ne connaîtra pas la soif spirituelle de celui qui n’a pas reçu l’eau du baptême ni la sanctification de l’Esprit. L’un n’a pas été baptisé : manquant du rafraîchissement de l’eau sainte, il éprouve la soif et une grande sécheresse. L’autre a été baptisé : il possède l’Esprit et jouit sans cesse de son réconfort.

Prière

Assiste tes enfants, Seigneur, et montre à ceux qui t’implorent ton inépuisable bonté ; c’est leur fierté de t’avoir pour Créateur et Providence : restaure pour eux ta création, et l’ayant renouvelée, protège-la. Par Jésus Christ.

ou bien

Dieu notre Père, nous te rendons grâce : par le pain de la terre tu nourris nos corps et par le pain venu du ciel tu donnes au monde la vraie vie. Avec le pain quotidien, donne-nous de ce pain-là, toujours. Par Jésus Christ.

 

19e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6,41-51

Comme Jésus avait dit : "Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel", les Juifs récriminaient contre lui : "Cet homme-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ?"

Homélie

au choix

S’unir à la vie du Christ

Traité de Denys l’Aréopagite († après 510)

La Hiérarchie ecclésiastique, 3, 12-13 ; PG 3, 444

Lorsque Jésus, le Verbe divin, dans sa bonté et son amour pour les hommes, a assumé notre nature humaine, son unité simple et cachée s’est rendue présente en un être composé et visible, sans en subir aucune altération. En unissant étroitement notre bassesse à sa souveraine divinité, il a généreusement établi entre lui et nous une intime communion.

Celle-ci ne peut se réaliser que si nous lui sommes unis harmonieusement, comme les membres au corps, si nous nous conformons à la même vie pure et divine et si nous ne nous livrons pas à la mort en cédant aux passions destructrices, qui nous rendraient incapables de nous adapter et d’adhérer aux membres parfaitement sains de Dieu, et de vivre en union avec eux.

Car si nous désirons être en communion avec lui, il faut que nous contemplions la vie toute divine qu’il a menée dans la chair. Il faut aussi qu’en mettant dans notre vie la sainte innocence qui la rendra semblable à la sienne, nous tendions vers l’état de pureté parfaite et la divinisation. C’est ainsi, en effet, qu’il nous donnera de bénéficier de sa ressemblance selon le mode qui nous convient.

Cela, l’évêque le révèle lorsque, dans la célébration des mystères, il découvre les dons cachés et divise leur unité en de nombreuses parts, et que, par l’union intime des réalités sacramentelles avec ceux qui les reçoivent, il accomplit en ceux qui y participent, la parfaite communion avec elles.

En présentant à notre regard le Christ Jésus, l’évêque montre d’une manière sensible, au moyen des éléments sacramentels, qui en sont comme les figures, ce qui constitue notre vie spirituelle. Il révèle que le Christ, sorti du secret de sa divinité, a pris la forme humaine par amour pour nous en assumant toute notre humanité sans se mélanger à elle ; qu’il est descendu de son unité essentielle jusqu’à notre nature divisée sans subir aucun changement ; qu’il appelle l’humanité à avoir part à sa divinité et à ses biens propres, en lui offrant les bienfaits de son amour pour les hommes.

Il nous demande seulement de nous unir à sa vie divine en imitant celle-ci autant que nous le pouvons, afin que s’accomplisse en nous la véritable communion avec Dieu et ses divins mystères.

ou bien

Le Christ est présent dans le pain et le vin

Homélie d’Eutychius de Constantinople († 582)

Sur la Pâque et la très sainte Eucharistie, 2-3, PG 86/2, 2393-2396

J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir (Lc 22,15). Assurément, la Pâque que Jésus a mangée avant de souffrir était, de toute évidence, une Pâque sacramentelle : elle n’aurait pas été appelée Pâque sans sa passion. Il s’est donc immolé sacramentellement lorsque, de ses propres mains, il prit le pain à la fin du repas, il l’éleva et le rompit, en s’unissant lui-même intimement à l’élément sacramentel.

De même, il remplit la coupe du produit de la vigne, il rendit grâce et l’éleva vers Dieu le Père. Il dit : Prenez, mangez et Prenez, buvez. Ceci est mon corps et Ceci est mon sang (Mt 26,26-27). Donc quiconque reçoit une partie de ces éléments, reçoit en entier le saint corps et le précieux sang du Christ. Et en raison de son union intime avec ces éléments, le Christ se partage entre tous ceux qui communient, mais sans se diviser.

Ainsi en va-t-il d’un sceau qui transmet toute son empreinte et toute sa forme aux matières sur lesquelles il est apposé. Il reste unique, sans subir de diminution après avoir été apposé ni d’altération par les objets, si nombreux soient-ils, sur lesquels il a laissé sa marque.

Ainsi un son produit par la bouche humaine se propage-t-il dans l’air en restant tout entier en celui qui l’a émis. Il se répand dans l’air, pénètre tout entier dans les oreilles de tous, et un auditeur n’en perçoit pas une part plus grande ou moins grande qu’un autre. Mais il parvient à tous dans sa totalité, sans être divisé ni altéré, lors même qu’il est entendu par des milliers de personnes. Le son n’est pourtant qu’un phénomène matériel, puisqu’il ne se compose de rien d’autre que d’une vibration de l’air.

Que personne donc ne suppose qu’après le sacrifice sacramentel et la sainte résurrection du Seigneur, son corps et son sang incorruptibles, immortels, saints et vivifiants, présents dans les éléments sacramentels grâce aux rites sacrés, fassent moins sentir leur efficacité propre que les choses que nous venons de prendre comme exemples. Il faut tenir au contraire que son corps et son sang sont présents tout entiers dans tous les éléments sacramentels. Car la plénitude de la divinité du Verbe de Dieu habite corporellement, c’est-à-dire réellement, dans le corps même du Seigneur. Quant à la fraction de ce pain précieux, elle signifie la mort sacramentelle du Seigneur. Aussi a-t-il déclaré qu’il désirait cette Pâque, parce qu’elle nous procure le salut, l’immortalité et la parfaite connaissance.

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, toi que nous pouvons déjà appeler notre Père, fais grandir en nos cœurs l’esprit filial, afin que nous soyons capables d’entrer un jour dans l’héritage qui nous est promis. Par Jésus Christ.

ou bien

Dieu notre Père, rends-nous attentifs à ton enseignement, fais-nous vaincre notre pesanteur spirituelle et attire-nous vers ton Fils. Nourris de ce pain vivant qui descend du ciel, nous pourrons obtenir la vie éternelle. Par Jésus Christ.

 

20e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6,51-58

Jésus disait à la foule : "Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. "

Homélie

Communier pour avoir la vie

Homélie de Théophylacte († 1109)

Commentaire sur l’évangile de Jean, PG 123, 1309-1312.

Nous venons d’entendre cette parole : Si vous ne mangez pas la chair du Fils, vous n’aurez pas la vie (Jn 6,53). Lorsque nous participons aux divins mystères, il ne faut donc pas que notre foi chancelle, ni que nous cherchions à connaître la manière dont cela se fait. Car l’homme laissé à sa seule nature, j’entends celui qui obéit à des pensées purement humaines ou naturelles, n’accueille pas les réalités surnaturelles et spirituelles.

Ainsi ne comprend-il pas ce qu’est la nourriture spirituelle procurée par la chair du Seigneur. Ceux qui ne la reçoivent pas en communion n’auront aucune part à la vie éternelle, parce qu’ils n’auront pas reçu Jésus, qui est la vraie vie. Car la chair que nous mangeons n’est pas celle d’un être simplement humain, mais celle d’un Dieu. Unie à la divinité, elle est assez puissante pour nous déifier. Elle est aussi une vraie nourriture : son efficacité ne dure pas seulement quelques instants, et elle ne se décompose pas à la manière d’une nourriture passagère, mais elle est un secours pour la vie éternelle.

De même, la coupe du sang du Seigneur est une vraie boisson, car elle n’étanche pas notre soif pour un temps limité, mais elle préserve pour toujours de la soif celui qui la boit, et elle ne le laisse pas insatisfait. Comme le Seigneur l’a dit à la Samaritaine : Celui qui boira de l’eau que moi, je lui donnerai, n’aura plus jamais soif (Jn 4,14). En effet, quiconque recevra la grâce de l’Esprit Saint en participant aux divins mystères, ne souffrira ni de la faim spirituelle ni de la soif, comme ceux qui n’ont pas la foi.

Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi (Jn 6,56-57). Cette parole nous apprend à connaître le mystère de la communion. Ainsi celui qui mange la chair et boit le sang du Seigneur demeure-t-il dans le Seigneur, et le Seigneur en lui. Ainsi s’opère un mélange merveilleux et inexplicable, si bien que Dieu est en nous et nous en Dieu.

La parole que tu viens d’entendre ne te remplit-elle pas de crainte ? Nous ne mangeons pas Dieu purement et simplement, car il est impalpable et incorporel, et il ne peut être saisi ni par les yeux ni par les dents. Nous ne mangeons pas non plus la chair d’un être simplement humain, car elle ne pourrait nous être d’aucun secours. Mais depuis que Dieu s’est uni un corps selon une union ineffable, ce corps aussi est vivifiant. Non qu’il se soit changé en la nature divine — absolument pas — mais de la même manière que le fer rougi au feu reste du fer et dégage l’énergie du feu.

C’est ainsi que le corps du Seigneur, étant le corps du Verbe de Dieu, a aussi le pouvoir de donner la vie tout en restant un corps. De même que je vis par le Père, dit Jésus, c’est-à-dire de même que je suis engendré par le Père, qui est Vie, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi, en étant uni à moi, et pour ainsi dire transformé en moi, qui ai le pouvoir de donner la vie.

Prière

Pour ceux qui t’aiment, Seigneur, tu as préparé des biens que l’œil ne peut voir : répands en nos cœurs la ferveur de ta charité, afin que t’aimant en toute chose et par-dessus tout, nous obtenions de toi l’héritage promis qui surpasse tout désir. Par Jésus Christ.

ou bien

Dieu vivant, tu nous donnes en nourriture la chair du Fils de l’homme, et son sang à boire. Accorde-nous de vivre dès aujourd’hui de sa vie, et ressuscite-nous au dernier jour pour que nous demeurions à jamais en toi. Par Jésus Christ.

 

21e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 6,60-69

Jésus avait dit dans la synagogue de Capharnaüm : "Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle." Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s’écrièrent : "Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter !"

Homélie

Suivre le Christ fidèlement

Homélie de saint Cyrille d’Alexandrie († 444)

Commentaire sur l’évangile de Jean, 4, 4, PG 73, 613 617

A qui donc irions-nous ? demande Pierre. Il veut dire : "Qui nous instruira comme toi des divins mystères ?" ou encore : "Auprès de qui trouverions-nous quelque chose de meilleur ? Tu as les paroles de la vie éternelle" (Jn 6,68). Elles ne sont pas dures, comme le disent ces autres disciples. Au contraire, elles conduisent à la réalité la plus extraordinaire de toutes, la vie éternelle qui est sans fin, vie exempte de toute corruption.

Ces paroles nous montrent bien que nous devons nous asseoir aux pieds du Christ, le prenant pour notre seul et unique maître, et nous tenir constamment près de lui sans nous laisser distraire. Il doit devenir pour nous le guide parfaitement capable de nous conduire à la vie qui n’aura pas de fin. De cette manière, en effet, nous monterons jusqu’à la divine demeure du ciel et nous entrerons dans l’Église des premiers-nés, pour faire nos délices des biens que l’esprit humain ne peut comprendre.

De soi, il est évident que la volonté de suivre le Christ seul et de lui être toujours uni, est chose bonne et salutaire. Néanmoins, l’Ancien Testament va aussi nous l’apprendre. De fait, au temps où les Israélites, affranchis de l’oppression égyptienne, se hâtaient vers la terre promise, Dieu ne les laissait pas faire route en désordre, et le législateur ne leur permettait pas d’aller n’importe où, à leur gré ; sans guide, en effet, ils se seraient à coup sûr complètement égarés. <>

Remarque comment ils reçoivent l’ordre de suivre, de se mettre en marche au moment où la nuée prend son départ, de faire encore halte avec elle, puis de prendre du repos avec elle. Vraiment, en ce temps-là, les Israélites trouvaient leur salut en restant avec leur guide. Aujourd’hui, nous faisons également le nôtre en refusant de nous séparer du Christ. Car c’est lui qui s’est manifesté aux anciens sous les apparences de la tente, de la nuée et du feu. <>

Les Israélites devaient exécuter les ordres : il leur était défendu de se mettre en route de leur propre initiative. Ils devaient s’arrêter avec la nuée, par égard pour elle. Cela devait encore servir d’exemple, afin que vous compreniez cette parole du Christ : Si quelqu’un me sert, qu’il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur (Jn 12,26). C’est en marchant toujours avec lui que le disciple donne la preuve qu’il est fidèle à le suivre et assidu à se tenir près de lui.

Or, la marche en compagnie et à la suite du Christ Sauveur ne s’entend nullement dans un sens matériel, mais s’effectue plutôt par le moyen des œuvres qu’engendré la vertu. Les disciples les plus sages s’y sont fermement engagés de tout leur cœur. Ils ont refusé de se retirer avec ceux qui manquaient de foi et couraient à leur perte.

Ils s’écrient à bon droit : Où irions-nous ? En d’autres termes : "Nous serons toujours avec toi, nous nous attacherons à tes commandements, nous accueillerons tes paroles, sans jamais récriminer. Nous ne croirons pas, avec les ignorants, que ton enseignement est dur à entendre. Nous ferons plutôt nôtre cette pensée : Qu’elle est douce à mon palais, ta promesse : le miel a moins de saveur dans ma bouche !" (Ps 118,103).

Prière

Dieu qui peux mettre au cœur de tes fidèles un unique désir, donne à ton peuple d’aimer ce que tu commandes et d’attendre ce que tu promets ; pour qu’au milieu des changements de ce monde, nos cœurs s’établissent fermement là où se trouvent les vraies joies. Par Jésus Christ.

ou bien

Père de Jésus Christ, donne-nous d’aller vers lui, même quand ce qu’il dit nous paraît trop lourd à porter. Il a les paroles de la vie éternelle, et son amour est plus précieux que tout amour. Lui qui règne.

 

22e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 7,1-23

Les pharisiens et quelques scribes étaient venus de Jérusalem. Ils se réunissent autour de Jésus et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées.

Homélie

Les Traditions humaines et la Loi d’amour

Traité de saint Irénée (+ 200)

Contre les hérésies 4, 12, 1-2, SC 100, 508-514

La tradition des anciens, que les Juifs affectaient d’observer en vertu de la Loi, était contraire à la Loi de Moïse. Voilà pourquoi Isaïe dit : Tes marchands mêlent ton vin avec de l’eau (Is 1,22), montrant par là que les anciens mêlaient à l’austère commandement de Dieu une tradition diluée, c’est-à-dire qu’ils ont instauré une loi altérée et contraire à la Loi. Le Seigneur l’a montré clairement quand il a dit : Pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au nom de votre tradition (Mt 15,3) ? Ils ne se sont pas contentés de violer la Loi de Dieu par leur transgression, en mêlant le vin avec de l’eau, mais ils lui ont aussi opposé leur propre loi, qu’on appelle aujourd’hui encore la loi pharisaïque. Ils y omettent certaines choses, en ajoutent d’autres, et en interprètent d’autres à leur guise, toutes pratiques auxquelles se livrent notamment leurs docteurs.

Résolus à défendre ces traditions, ils ne se sont pas soumis à la Loi de Dieu qui les préparait à la venue du Christ. Ils ont même reproché au Christ de faire des guérisons le jour du sabbat. Cela, avons-nous dit, même la Loi ne l’interdisait pas, puisqu’elle guérissait d’une certaine façon en faisant circoncire l’homme le jour du sabbat. Cependant ils ne se reprochaient pas à eux-mêmes de transgresser le commandement de Dieu par leur tradition et leur loi pharisaïque, alors qu’il leur manquait l’essentiel de la Loi, à savoir l’amour de l’homme pour Dieu.

Cet amour est, en effet, le premier et le plus grand commandement, et l’amour du prochain est le second. Le Seigneur l’a enseigné quand il a dit que toute la Loi et les Prophètes dépendent de ces commandements (cf. Mt 22,36-40). Et lui-même n’est pas venu donner de commandement plus grand que celui-là. Mais il a renouvelé ce même commandement, en ordonnant à ses disciples d’aimer Dieu de tout leur cœur et leur prochain comme eux-mêmes. <>

Paul dit aussi : La charité est la Loi dans sa plénitude (Rm 13,10) et, quand tout le reste disparaît, la foi, l’espérance et la charité demeurent, mais la plus grande de toutes, c’est la charité (1 Co 13,13). Ni la connaissance, ni la compréhension des mystères, ni la foi, ni la prophétie (cf. 1 Co 13,2) ne servent à rien sans la charité envers Dieu. Si la charité fait défaut, tout est vain et inutile. C’est la charité qui rend l’homme parfait, et celui qui aime Dieu est parfait dans le monde présent et dans le monde à venir. Car nous ne cesserons jamais d’aimer Dieu, mais plus nous le contemplerons, plus nous l’aimerons.

Prière

Dieu puissant, de qui vient tout don parfait, enracine en nos cœurs l’amour de ton nom ; resserre nos liens avec toi, pour développer ce qui est bon en nous ; veille sur nous avec sollicitude, pour protéger ce que tu as fait grandir. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, nous avons besoin de lois pour vivre dans la charité, et de signes pour t’exprimer notre foi. Que ces préceptes et ces rites ne s’opposent jamais à ta volonté, mais nous aident à lui conformer notre cœur. Par Jésus Christ.

 

23e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 7,31-37

Jésus quitta la région de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction du lac de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. On lui amène un sourd-muet et on le prie de poser la main sur lui.

Homélie

Il a bien fait toutes choses

Homélie de saint Laurent de Brindes († 1619)

11 e dimanche après la Pentecôte, Première homélie, 1.9.11-12 ; Opera omnia, 8, 124.134.136-138.

La Loi divine raconte les œuvres que Dieu a accomplies à la création du monde, et elle ajoute : Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon (Gn 1,31). <> L’Évangile rapporte l’œuvre de la Rédemption et de la nouvelle création, et il dit de la même manière : Il a bienfait toutes choses (Mc 7,37). Car l’arbre bon donne de bons fruits, et un arbre bon ne peut pas porter de mauvais fruits (Mt 7,17-18). Assurément, par sa nature, le feu ne peut répandre que de la chaleur, et il ne peut produire du froid ; le soleil ne diffuse que de la lumière, et il ne peut être cause de ténèbres. De même, Dieu ne peut faire que des choses bonnes, car il est la bonté infinie, la lumière même. Il est le soleil qui répand une lumière infinie, le feu qui donne une chaleur infinie : Il a bien fait toutes choses. <>

Il nous faut donc aujourd’hui dire sans hésiter avec cette sainte foule : Il a bienfait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets (Mc 7,37). <> Vraiment, cette foule a parlé sous l’inspiration de l’Esprit Saint, comme l’ânesse de Balaam. C’est l’Esprit Saint qui dit par la bouche de la foule : Il a bien fait toutes choses. Cela signifie qu’il est le vrai Dieu qui accomplit parfaitement toutes choses, car faire entendre les sourds et faire parler les muets sont des œuvres réservées à la seule puissance divine. Et d’un cas particulier on passe à tous : <> il a réalisé un miracle que Dieu seul peut faire, donc il est Dieu, qui a bien accompli toutes choses. <>

Il a bien fait toutes choses. La Loi dit que tout ce que Dieu a fait était bon, et l’Évangile qu’il a bien fait toutes choses. Or, faire de bonnes choses n’est pas purement et simplement les faire bien. Beaucoup, à la vérité, font de bonnes choses sans les faire bien, comme les hypocrites qui font certes de bonnes choses, mais dans un mauvais esprit, avec une intention perverse et fausse. Dieu, lui, fait toutes choses bonnes et il les fait bien. Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu’il fait (Ps 144,17). Tout cela, ta sagesse l’a fait (Ps 103,24), c’est-à-dire : Tu l’as fait avec la plus grande sagesse et très bien. C’est pourquoi la foule dit : Il a bien fait toutes choses. <>

Et si Dieu, sachant que nous trouvons notre joie dans ce qui est bon, a fait pour nous toutes ses œuvres bonnes et les a bien faites, pourquoi, de grâce, ne nous dépensons-nous pas pour ne faire que des œuvres bonnes et les bien faire, dès lors que nous savons que Dieu y trouve sa joie ? <>

Vous demanderez : "Que devons-nous faire pour mériter de jouir éternellement des bénédictions divines ?" Je répondrai en une phrase : "Puisque l’Église est appelée l’Épouse du Christ et de Dieu, nous devons faire ce qu’une femme mariée, une bonne épouse, fait pour son époux, et alors Dieu nous traitera comme un bon époux traite son épouse bien-aimée. Voici ce que le Seigneur dit par la bouche d’Osée : Tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la justice et le droit, l’amour et la tendresse ; tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la fidélité, et tu connaîtras le Seigneur" (Os 2,21-22).

Ainsi, mes frères, nous serons heureux dès cette vie même, ce monde sera pour nous un paradis terrestre. Avec les Hébreux nous nous nourrirons, dans le désert de cette vie, de la manne céleste, si, en suivant l’exemple du Christ, nous nous appliquons, autant que nous le pouvons, à bien faire toutes nos actions, de sorte que l’on puisse dire à propos de chacune de nos œuvres : Il a bien fait toutes choses.

Prière

Dieu qui as envoyé ton Fils pour nous sauver et pour faire de nous tes enfants d’adoption, regarde avec bonté ceux que tu aimes comme un père ; puisque nous croyons au Christ, accorde-nous la vraie liberté et la vie éternelle. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, que de fois ne sommes-nous pas sourds à ton appel et muets devant le témoignage à rendre ! Ne cesse pas d’ouvrir nos oreilles et de délier notre langue, afin que, devant tous, nous proclamions combien tu es admirable en Jésus, le Christ, notre Seigneur. Lui qui règne.

 

24e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 8,27-35

Jésus s’en alla avec ses disciples vers les villages situés dans la région de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il les interrogeait : "Pour les gens, qui suis-je ?"

Homélie

Comment marcher à la suite du Christ

Homélie de saint Césaire d’Arles († 543)

Sermon 159, 1 4-6 ; CCL 104, 650.652-654.

Quand le Seigneur nous dit dans l’évangile : Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même (Mc 8,34), nous trouvons qu’il nous commande une chose difficile et nous considérons qu’il nous impose un lourd fardeau. Mais si celui qui commande nous aide à accomplir ce qu’il commande, cela n’est pas difficile. <>

Où devons-nous suivre le Christ, sinon là où il est allé ? Or, nous savons qu’il est ressuscité et monté aux cieux : c’est là que nous avons à le suivre. Il ne faut certainement pas nous laisser envahir par le désespoir, car, si nous ne pouvons rien par nous-mêmes, nous avons la promesse du Christ. Le ciel était loin de nous avant que notre Tête y soit montée. Désormais, si nous sommes les membres de cette Tête, pourquoi désespérer de parvenir au ciel ? Pour quel motif ? S’il est vrai que sur cette terre tant d’inquiétudes et de souffrances nous accablent, suivons le Christ en qui se trouvent le bonheur parfait, la paix suprême et l’éternelle tranquillité.

Mais l’homme désireux de suivre le Christ écoutera cette parole de l’Apôtre : Celui qui déclare demeurer dans le Christ doit marcher lui-même dans la voie où lui, Jésus, a marché (1 Jn 2,6). Tu veux suivre le Christ ? Sois humble, comme il l’a été. Tu veux le rejoindre dans les hauteurs ? Ne méprise pas son abaissement.

En péchant, l’homme avait couvert sa route d’obstacles, mais celle-ci fut aplanie lorsque le Christ l’eut foulée à sa résurrection et qu’il eut fait d’un étroit sentier, une avenue digne d’un roi. L’humilité et la charité sont les deux pieds qui permettent de la parcourir rapidement. Tous sont attirés par les hauteurs de la charité, mais l’humilité est le premier degré qu’il faut monter. Pourquoi lèves-tu le pied plus haut que toi ? Tu veux donc tomber et non monter ? Commence par la première marche, c’est-à-dire l’humilité, et déjà elle te fait monter.

Voilà pourquoi notre Seigneur et Sauveur ne s’est pas borné à dire : Qu’il renonce à lui-même, mais il a ajouté : Qu’il prenne sa croix et qu’il me suive (Mc 8,34). Que signifie : Qu’il prenne sa croix ? Qu’il supporte tout ce qui lui est pénible, c’est ainsi qu’il marchera à ma suite. Dès qu’il aura commencé à me suivre, en se conformant à ma vie et à mes commandements, il trouvera sur son chemin bien des gens qui le contrediront, qui chercheront à le détourner, qui non seulement se moqueront de lui, mais le persécuteront. Ces gens-là ne se trouvent pas uniquement parmi les païens qui sont hors de l’Église ; il s’en trouve même parmi ceux qui semblent être dans l’Église, si on les juge de l’extérieur. Mais ils lui sont bel et bien étrangers, en raison de leurs actions mauvaises.

Tout en se glorifiant du seul nom de chrétien, ils persécutent sans cesse les bons chrétiens. <> Dès lors, situ désires suivre le Christ, porte sa croix sans plus attendre et supporte les méchants sans te laisser abattre. <>

Le Seigneur a dit : Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Si donc nous voulons mettre ceci en pratique, efforçons-nous, avec l’aide de Dieu, de faire nôtre cette parole de l’Apôtre : Lors donc que nous avons nourriture et vêtement, sachons être satisfaits. Il est à craindre que si nous recherchons plus de biens terrestres qu’il ne nous en faut, dans l’intention de nous enrichir, nous ne tombions dans la tentation, dans le piège du démon, dans une foule de convoitises insensées et funestes, qui plongent l’homme dans la ruine et la perdition (1 Tm 6,8-9).

Daigne le Seigneur nous prendre sous sa protection et j nous délivrer de cette tentation, lui qui vit et règne avec le Père et l’Esprit Saint dans tous les siècles des siècles. Amen.

Prière

Dieu créateur et maître de toutes choses, regarde-nous, et pour que nous ressentions l’effet de ton amour, accorde-nous de te servir avec un cœur sans partage. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, quand la souffrance nous trouble et que le mal nous scandalise, rappelle-nous l’exemple de ton Fils : Messie attendu par les siens, il fut pourtant rejeté par les notables de son peuple et mis à mort sur une croix. Fais-nous la grâce de le suivre jusqu’au Calvaire pour participer à la lumière de sa résurrection. Lui qui règne.

 

25e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 9,30-37

Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu’on le sache. Car il les instruisait en disant : "Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. "

Homélie

Comment ressembler au Christ

Commentaire de Théophylacte († 1109)

Commentaire sur l’évangile de Marc, PG 123, 588-589.

Jésus instruisait ses disciples en disant : "Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera" (Mc 9,30-31). <> Généralement Jésus fait alterner les miracles avec les discours qui concernent sa passion, pour ne pas laisser croire que celle-ci serait due à sa faiblesse. Il annonce donc la triste nouvelle de son exécution et la fait suivre de la joyeuse annonce de sa résurrection le troisième jour. Il veut nous apprendre que la joie succède toujours à la tristesse, afin que nous ne laissions pas inutilement les chagrins nous submerger, mais que nous espérions des réalités meilleures.

Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : De quoi discutiez-vous en chemin (Mc 9,33) ? <> Les disciples, qui entretenaient encore en eux-mêmes des pensées très humaines, avaient discuté ensemble pour savoir lequel d’entre eux était le plus grand et était tenu en plus haute estime par le Christ.

Le Seigneur ne contrarie pas leur désir de jouir de sa plus haute estime. Il veut, en effet, que nous désirions parvenir au rang le plus élevé. Il n’entend pourtant pas que nous nous emparions de la première place, mais plutôt que nous atteignions les hauteurs par l’humilité. De fait, il a placé un petit enfant au milieu d’eux, et il veut que nous lui devenions semblables, nous aussi. Car le petit enfant ne recherche pas la gloire, il n’est ni envieux ni rancunier.

"Non seulement, dit-il, vous obtiendrez une grande récompense en lui ressemblant, mais si, à cause de moi, vous honorez également ceux qui lui ressemblent, vous recevrez en échange le Royaume des cieux. Aussi bien est-ce moi que vous accueillez et, en m’accueillant, vous accueillez Celui qui m’a envoyé."

Tu vois donc quel immense pouvoir a l’humilité, jointe à la simplicité de vie et à la sincérité : elle a le pouvoir de faire habiter en nous le Fils et le Père, et aussi, de toute évidence, le Saint-Esprit.

Prière

Seigneur, tu as voulu que toute la loi consiste à t’aimer et à aimer son prochain ; donne-nous de garder tes commandements, et de parvenir ainsi à la vie éternelle. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, tu as envoyé ton Fils, premier-né de toute créature, pour être le dernier et le serviteur de tous. Fais-nous grandir dans l’humilité et rends-nous accueillants aux plus petits de nos frères. Par Jésus Christ.

 

26e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 9,38-43.45.47-48

Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : "Maître, nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l’en empêcher, car il n’est pas de ceux qui nous suivent."

Homélie

Scruter les Écritures pour éviter le péché

Catéchèse de Syméon le Nouveau Théologien († 1022)

Catéchèses, 3 , SC 96, 298-305

Est-ce que tu ne frémis pas, mon ami, en entendant Dieu te dire chaque jour par toute l’Écriture divine : Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche (Ép 4,29). Amen, je vous le dis, vous rendrez compte d’une seule parole creuse (cf. Mt 12,36), et : Vous recevrez une récompense pour avoir donné de l’eau fraîche (cf. Mc 9,41). <>

Ne vous trompez pas, mes frères, Dieu aime les hommes, il est miséricordieux et compatissant, j’en témoigne et je le confesse : et c’est par sa compassion que j’ai l’assurance d’être sauvé. Sachez cependant que ceux qui ne se repentent pas et ne gardent pas ses commandements avec une exactitude parfaite et avec beaucoup de crainte, ne profiteront nullement de cette compassion. Dieu leur infligera une punition plus sévère qu’aux nations impies et non baptisées.

Ne vous y trompez pas, mes frères, aucun péché ne doit vous paraître petit, et aucun ne doit être pris par nous à la légère, sous prétexte qu’il ne cause pas un dommage si considérable à nos âmes. Car les serviteurs fidèles ne font pas la différence entre un petit péché et un grand : n’auraient-ils péché que par un regard, une pensée ou une parole, qu’ils seraient dans un état semblable à ceux qui ont déchu de l’amour de Dieu, et je suis convaincu que cela est vrai. Quelqu’un a-t-il formé la plus petite pensée contraire à la volonté de Dieu ? S’il ne s’en repent aussitôt, s’il ne repousse pas l’assaut de son imagination, mais accueille cette pensée et la conserve en soi, cela lui est compté comme un péché ; même s’il ne sait pas que cette pensée est mauvaise, il lui en est tenu compte. <>

Nous devons donc être très vigilants et zélés ; il nous faut beaucoup scruter les Écritures. En effet, le Seigneur nous a fait voir l’avantage que celles-ci nous procurent quand il a déclaré : Scrutez les Écritures (Jn 5,39).

Scrutez-les et retenez avec beaucoup d’exactitude et de foi tout ce qu’elles disent. Ainsi, connaissant exactement la volonté de Dieu par les divines Écritures, vous serez capables de distinguer, sans vous tromper, le bien du mal, au lieu de prêter l’oreille à n’importe quel esprit et d’être emportés par des pensées funestes.

Soyez certains, mes frères, que rien n’est aussi favorable à notre salut que l’observance des divins préceptes du Seigneur. Nous aurons toutefois à verser beaucoup de larmes, il nous faudra beaucoup de crainte, de patience et de persévérance dans la prière, pour que nous soit révélé le sens d’un seul mot du Maître, pour que nous connaissions le grand mystère caché dans les moindres paroles, et que nous exposions nos vies, jusqu’à la mort, pour un seul détail des commandements de Dieu.

Car la parole de Dieu est comme une épée à deux tranchants qui sépare et écarte l’âme de toute convoitise et de toute sensation corporelle. Plus que cela, elle devient aussi comme un feu brûlant lorsqu’elle ranime l’ardeur de notre âme, lorsqu’elle nous fait mépriser toutes les tristesses de la vie et considérer comme une joie toute épreuve qui survient, lorsqu’elle nous fait désirer et embrasser la mort redoutable aux autres hommes, en nous faisant voir en elle la vraie vie et le moyen d’y parvenir.

Prière

Dieu qui donnes la preuve suprême de ta puissance, lorsque tu patientes et prends pitié, sans te lasser, accorde-nous ta grâce : en nous hâtant vers les biens que tu promets, nous parviendrons au bonheur du ciel. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous comprendre que les frontières de ton Royaume sont plus larges que celles que nous voulons lui assigner. Permets qu’au lieu d’exclure ceux qui nous paraissent loin de toi, nous consacrions nos forces à retrancher de notre vie tout ce qui nous empêche d’appartenir pleinement à Jésus Christ. Lui qui règne.

 

27e dimanche du temps ordinaire B

Evangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 10,2-16

Un jour, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : "Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ?"

Homélie

Le mystère de l’Epoux et de l’Epouse

Homélie de Jacques de Saroug († 521) sur le voile de Moïse

Version remaniée de la traduction publiée dans P. Guéranger, L’année liturgique, t. 3, 1950, 1023-1025.

Dans ses desseins mystérieux, le Père avait préparé une Épouse pour son Fils unique et il la lui avait présentée sous les figures de la prophétie. <> Moïse parut. Il traça d’une main experte une image de l’Époux et de l’Épouse et la recouvrit aussitôt d’un voile. Il écrivit dans son livre que l’homme quitterait son père et sa mère pour s’attacher à sa femme de sorte que les deux ne fassent réellement plus qu’un. Le prophète Moïse nous a parlé en ces termes de l’homme et de la femme pour annoncer le Christ et son Église. Avec l’œil perçant du prophète, il contempla le Christ devenant un avec l’Église grâce au mystère de l’eau. Il vit le Christ attirer à lui l’Église dès le sein virginal, et l’Église attirer à elle le Christ dans l’eau du baptême. L’Époux et l’Épouse furent ainsi totalement unis d’une manière mystique : voilà pourquoi Moïse écrivit que les deux ne feraient plus qu’un. Moïse, le visage voilé, contempla le Christ et l’Église ; il appela l’un "Homme" et l’autre "Femme", pour éviter de montrer aux Hébreux la réalité dans toute sa clarté. <>

Après la célébration de leurs noces, Paul vint. Il vit le voile étendu sur leur splendeur, et l’ôta pour révéler le Christ et son Épouse au monde entier. Il montra que c’était bien eux que Moïse avait décrits dans sa vision prophétique. Exultant d’une joie divine, l’Apôtre proclama : Ce mystère est grand (Ép 5,32). Il fit connaître ceux que le prophète avait désignés d’une manière voilée sous les figures de l’Homme et de la Femme. "Je le sais, dit-il, c’est le Christ et son Église qui ne sont plus deux mais un seul" (cf. Ép 5,31). <>

Les femmes ne sont pas aussi étroitement unies à leurs maris que l’Église au Fils de Dieu. Quel autre époux que notre Seigneur mourut jamais pour son épouse, et quelle épouse a jamais choisi comme époux un crucifié ? Qui a jamais donné son sang en présent à son épouse, sinon celui qui mourut sur la croix et scella son union nuptiale par ses blessures ? Qui a-t-on jamais vu mort, gisant au banquet de ses noces, avec, à son côté, son épouse qui l’étreint pour être consolée ? A quelle autre fête, à quel autre banquet, a-t-on distribué aux convives, sous la forme du pain, le corps de l’époux ?

La mort sépare les épouses de leurs maris, mais ici elle unit l’Épouse à son Bien-aimé. Il mourut sur la croix, laissa son corps à sa glorieuse Épouse, et maintenant, à sa table, chaque jour, elle le prend en nourriture. <> Elle s’en nourrit sous la forme du pain qu’elle mange et sous la forme du vin qu’elle boit, afin que le monde reconnaisse qu’ils ne sont plus deux, mais un seul.

Prière

Dans ton amour inépuisable, Dieu éternel et tout-puissant, tu combles ceux qui t’implorent, bien au-delà de leurs mérites et de leurs désirs ; répands sur nous ta miséricorde en délivrant notre conscience de ce qui l’inquiète et en donnant plus que nous n’osons demander. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, tu es fidèle à tes promesses et ton amour ne se reprend pas. Sois béni d’avoir fait du couple humain une image de ta tendresse pour l’Église ! Augmente chez les époux le sens de la grandeur de leur union, et rends-nous toujours fidèles à ton Alliance. Par Jésus Christ.

 

28e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 10,17-30 Jésus se mettait en route quand un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda : "Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?"

Homélie

Perdre pour gagner

Homélie de saint Jean Chrysostome († 407)

Homélie sur le débiteur de dix mille talents, 3 ; PG 51, 21.

En réponse à la question que lui posait un homme riche, Jésus avait révélé comment on peut parvenir à la vie éternelle. Mais l’idée d’avoir à abandonner ses richesses rendit cet homme tout triste, et il s’éloigna. Alors Jésus déclara : Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu (Mc 10,25).

A son tour, Pierre s’approche de Jésus. Lui qui s’est dépouillé de tout en renonçant à son métier et à sa barque, ne possède même plus un hameçon. Et il pose cette question à Jésus : Mais alors, qui peut être sauvé (Mc 10,26) ?

Remarque la réserve et le zèle du disciple. Il n’a pas dit : "Tu ordonnes l’impossible, ce commandement est trop difficile, cette loi est trop exigeante." Il n’est pas non plus resté silencieux. Mais, sans manquer au respect qu’un disciple doit à son Maître, il a dit : Mais alors, qui peut être sauvé ? montrant par là combien il était attentif aux autres. C’est qu’avant même d’être le pasteur, il en avait l’âme. Avant d’être investi de l’autorité, il possédait le zèle qui convient à un chef, puisqu’il se préoccupait de la terre entière.

Un homme riche, propriétaire d’une fortune considérable, aurait probablement demandé cela par intérêt, par souci de sa situation personnelle et sans penser aux autres. Mais Pierre, qui était pauvre, ne peut être soupçonné d’avoir posé sa question pour de pareils motifs. C’est le signe qu’il se préoccupait du salut des autres, et qu’il désirait apprendre de son Maître comment on y parvient. D’où la réponse encourageante du Christ : Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu (Mc 10,27). Il veut dire : "Ne pensez pas que je vous laisse à l’abandon. Moi-même, je vous assisterai dans une affaire aussi importante, et je rendrai facile et aisé ce qui est difficile."

Prière

Nous t’en prions, Seigneur, que ta grâce nous devance et nous accompagne toujours, pour nous rendre attentifs à faire le bien sans relâche. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur Jésus, notre Maître, toi seul es bon, toi seul mérites qu’on te sacrifie toutes choses. Aide-nous à nous détacher de la richesse et du souci du bien-être. Alors notre liberté trouvera de l’espace pour s’épanouir et du courage pour s’engager à ta suite. Toi qui règnes.

 

29e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 10,35-45

Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : "Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande."

Homélie

Le maître devient serviteur

Homélie de saint Jean Chrysostome († 407)

Homélie contre les Anoméens, 8, 6 ; PG 48, 116-111.

Voyant que Jacques et Jean s’étaient écartés de leur groupe et intriguaient pour obtenir les honneurs les plus élevés, les dix autres disciples donnèrent libre cours à leur colère. C’est alors que Jésus entreprit de corriger les passions déréglées des uns et des autres. Il les appela donc et leur dit : Les chefs des nations païennes commandent en maîtres. Les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut être le premier sera le dernier de tous (Mc 10,42-44).

Manifestement, en convoitant ainsi les premières places, les plus hautes charges et les honneurs les plus élevés, les deux frères voulaient, à mon avis, avoir autorité sur les autres. Aussi Jésus s’oppose-t-il à leur prétention. Il met à nu leurs pensées secrètes en leur disant : Celui qui veut être le premier sera le serviteur de tous (Mc 10,44). Autrement dit : "Si vous ambitionnez le premier rang et les plus grands honneurs, recherchez le dernier rang, appliquez-vous à devenir les plus simples, les plus humbles et les plus petits de tous. Mettez-vous après les autres. Telle est la vertu qui vous procurera l’honneur auquel vous aspirez. Vous en avez près de vous un exemple éclatant, puisque le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude (Mc 10,45). Voilà comment vous obtiendrez gloire et célébrité. Voyez ce qui m’arrive : je ne recherche ni honneur ni gloire, et pourtant le bien que je réalise ainsi est infini."

Nous le savons : avant l’Incarnation du Christ et son abaissement, tout était perdu, tout était corrompu ; mais, après qu’il se fût humilié, il a tout relevé. Il a aboli la malédiction, détruit la mort, ouvert le paradis, mis à mort le péché, déverrouillé les portes du ciel pour y ramener les prémices de notre humanité. Il a propagé la foi partout dans le monde. Il a chassé l’erreur et rétabli la vérité. Il a fait monter sur un trône royal les prémices de notre nature.

Le Christ est l’auteur de biens infiniment nombreux, que ni ma parole, ni aucune parole humaine ne saurait décrire. Avant son abaissement, il n’était connu que des anges, mais, depuis qu’il s’est humilié, la race humaine tout entière l’a reconnu.

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, fais-nous toujours vouloir ce que tu veux et servir ta gloire d’un cœur sans partage. Par Jésus Christ.

ou bien

Dieu notre Père, pour montrer à l’homme que tu l’aimes comme un fils, tu as envoyé ton Fils unique comme serviteur de tous, afin qu’il soit l’aîné d’un grand nombre de frères. Accorde à tes disciples de se mettre au service les uns des autres, à l’exemple de celui qui a donné sa vie en rançon pour la multitude. Lui qui règne.

 

30e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 10,46-52

Tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route. Apprenant que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : "Jésus, fils de David, aie pitié de moi !"

Homélie

Le Seigneur est notre lumière

Homélie de Clément d’Alexandrie († 215)

Exhortation aux Grecs, 11, 113-115, GCS 1, 79-81.

Le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard (Ps 18,9). Reçois le Christ, reçois la faculté de voir, reçois la lumière, afin que tu connaisses bien Dieu et l’homme (Homère Iliade, 5). Le Verbe qui nous a illuminés est plus délectable que l’or et la pierre précieuse, plus désirable que le miel qui coule des rayons (Ps 18,11). Comment, en effet, ne serait-il pas désirable, celui qui a illuminé l’esprit enseveli dans les ténèbres, et donné l’acuité aux yeux de l’âme porteurs de lumière (Platon Timée, 45 B) ? Et de même que sans le soleil, malgré les autres étoiles, tout serait nuit (Héraclite Fragment 99, éd diels), de même, si nous n’avions pas connu le Verbe et n’avions pas été illuminés par lui, rien ne nous distinguerait des volailles que l’on gave, puisque nous serions engraissés dans l’obscurité et élevés pour la mort.

Recevons la lumière afin de recevoir Dieu ; recevons la lumière et devenons les disciples du Seigneur. Telle est bien la promesse qu’il a faite à son Père : Je proclamerai ton nom devant mes frères, je te louerai en pleine assemblée (Ps 21,23). Chante la louange de Dieu, ton Père, fais-le moi connaître ; tes paroles me sauveront, ton chant m’instruira. Car jusqu’à maintenant j’errais à la recherche de Dieu, mais, puisque tu m’illumines, Seigneur, par toi je trouve Dieu, de toi je reçois le Père ; je deviens héritier avec toi, puisque tu n’as pas dédaigné ton frère.

Mettons donc fin à l’oubli de la vérité. Chassons l’ignorance et les ténèbres qui voilent notre regard comme un brouillard. Contemplons le Dieu véritable en faisant d’abord monter vers lui cette acclamation : Salut, ô lumière (Eschyle Agamemnon, 22, 508) ! Alors que nous étions ensevelis dans les ténèbres et prisonniers de l’ombre de la mort, du ciel a resplendi pour nous une lumière plus pure que le soleil, plus douce que la vie d’ici-bas. Cette lumière est la vie éternelle, et tout ce qui y participe a la vie. Mais la nuit se garde de la lumière ; de peur, elle disparaît, et fait place au jour du Seigneur.

Tout est devenu lumière sans déclin : l’occident s’est changé en orient. Voilà ce que signifie la nouvelle création (Ga 6,15). Car le soleil de justice (Ml 4,2), qui passe partout dans sa chevauchée, visite sans distinction tout le genre humain. Il imite son Père qui fait lever son soleil sur tous les hommes (Mt 5,45), et il répand sur tous la rosée de la vérité. Il a fait passer l’orient à l’occident et, en crucifiant la mort, il l’a transformée en vie. Il a arraché l’homme à la perdition et l’a fixé au firmament. Il a transplanté la corruption pour qu’elle devienne incorruptibilité, et il a changé la terre en ciel. Il est le divin agriculteur qui signale les moments favorables, excite les peuples au travail — au bon travail — leur rappelant la manière de vivre (Aratos Phénomènes, 6) en accord avec la vérité.

Il nous fait don de l’héritage paternel, vraiment immense, divin et inaltérable. Il divinise les hommes par son enseignement céleste en mettant ses lois dans leur pensée et en les inscrivant dans leur cœur (Jr 31,33). De quelles lois le prophète fait-il mention ? Tous connaîtront Dieu, des plus petits jusqu’aux plus grands, et je pardonnerai leurs fautes, dit Dieu, et je ne me rappellerai plus leurs péchés (Jr 31,34).

Accueillons les lois de la vie, obéissons à l’exhortation de Dieu, apprenons à le connaître pour qu’il nous pardonne. Même s’il n’en a pas besoin, manifestons-lui notre gratitude, donnons-lui en paiement notre docilité, notre respect, comme un loyer que nous lui devons pour notre séjour ici-bas.

Prière

Dieu éternel et tout-puissant, augmente en nous la foi, l’espérance et la charité ; et pour que nous puissions obtenir ce que tu promets, fais-nous aimer ce que tu commandes. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur Jésus, fils de David, aie pitié de nous. Sans nous lasser, nous crions vers toi car nous savons que tu peux nous sauver. Fais-nous bondir vers toi quand tu nous appelles ; ouvre nos yeux, pour que nous voyions ; et permets-nous de te suivre sur la route. Toi qui règnes.

 

31e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 12,28b-34

Un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander : "Quel est le premier de tous les commandements ?"

Homélie

L’amour de Dieu, source de l’amour du prochain

Traité de saint François de Sales († 1622)

Traité de l’amour de Dieu, 10, 11, Œuvres, ed complète, Annecy, 1894, 204-206 Pour faciliter la lecture, certains mots et l’orthographe ont été modernisés

Comme Dieu créa l’homme à son image et ressemblance (Gn 1,26), aussi a-t-il ordonné un amour pour l’homme à l’image et ressemblance de l’amour qui est dû à sa Divinité : Tu aimeras, dit-il, le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur ; c’est le premier et le plus grand commandement. Or le second est semblable à lui : Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Mt 22,37-39). Pourquoi aimons-nous Dieu, (Théotime) ? "La cause pour laquelle on aime Dieu", dit saint Bernard (De l’amour de Dieu, début), "c’est Dieu même" ; comme s’il disait que nous aimons Dieu parce qu’il est la très souveraine et très infinie bonté. Pourquoi nous aimons-nous nous-mêmes en charité ? Certes, c’est parce que nous sommes l’image et ressemblance de Dieu. Et puisque tous les hommes ont cette même dignité, nous les aimons aussi comme nous-mêmes, c’est-à-dire en qualité de très saintes et vivantes images de la Divinité. Car c’est en cette qualité-là, (Théotime), que nous appartenons à Dieu d’une si étroite alliance et d’une si aimable dépendance, qu’il ne fait nulle difficulté de se dire notre Père et nous nommer ses enfants (cf. 1 Jn 3,1-2) ; c’est en cette qualité que nous sommes capables d’être unis à sa divine essence par la jouissance de sa souveraine bonté et félicité ; c’est en cette qualité que nous recevons sa grâce et que nos esprits sont associés au sien très saint, rendus, par manière de dire, participants de sa divine nature (2 P 1,4), comme dit saint Léon. Et c’est donc ainsi que la même charité qui produit les actes de l’amour de Dieu produit également ceux de l’amour du prochain : et tout ainsi que Jacob vit qu’une même échelle touchait le ciel et la terre, servant également aux anges pour descendre comme pour monter (cf. Gn 28,12), nous savons aussi qu’une même dilection s’étend à chérir Dieu et le prochain, nous élevant à l’union de notre esprit avec Dieu et nous ramenant à l’amoureuse société des prochains ; en sorte toutefois que nous aimons le prochain en tant qu’il est à l’image et ressemblance de Dieu, créé pour communiquer avec la divine Bonté, participer à sa grâce et jouir de sa gloire.

(Théotime), aimer le prochain par charité, c’est aimer Dieu en l’homme ou l’homme en Dieu ; c’est chérir Dieu seul pour l’amour de lui-même, et la créature pour l’amour de lui. <>

Quand nous voyons un prochain créé à l’image et ressemblance de Dieu, ne devrions-nous pas dire les uns aux autres : "Tenez, voyez cette créature, comme elle ressemble au Créateur ?" Ne devrions-nous pas nous jeter sur son visage, la caresser et pleurer d’amour pour elle ? Ne devrions-nous pas lui donner mille et mille bénédictions ? Et quoi donc ? Pour l’amour d’elle ? Non certes, car nous ne savons pas si elle est digne d’amour ou de haine (Si 9,1). Et pourquoi donc ? (O Théotime), pour l’amour de Dieu qui l’a formée à son image et ressemblance, et par conséquent rendue capable de participer à sa bonté en la grâce et en la gloire ; pour l’amour de Dieu, dis-je, de qui elle est, à qui elle est, par qui elle est, en qui elle est, pour qui elle est, et qu’elle ressemble d’une façon toute particulière. Et c’est pourquoi non seulement le divin amour commande maintes fois l’amour du prochain, mais il le produit et répand lui-même dans le cœur humain comme sa ressemblance et son image ; puisque tout ainsi que l’homme est image de

Dieu, de même l’amour sacré de l’homme envers l’homme est la vraie image de l’amour céleste de l’homme envers Dieu.

Sermon 12, 1

Prière

Dieu de puissance et de miséricorde, c’est ta grâce qui donne à tes fidèles de pouvoir dignement te servir ; accorde-nous de progresser sans que rien nous arrête vers les biens que tu promets. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, tu es l’unique Seigneur et tu es seul à mériter un amour sans limites. Donne-nous de t’aimer de toutes nos forces, et que ta charité transfigure notre amour pour le prochain. Par Jésus Christ.

 

32e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 12,38-44

Dans son enseignement Jésus disait : "Méfiez-vous de scribes qui tiennent à sortir en robes solennelles et qui aiment les salutations sur les places publiques."

Homélie

Donner avec générosité

Lettre de saint Paulin de Noie († 431)

Epître 34, 2-4, CSEL 29, 305-306

Qu’as-tu donc que tu n’aies reçu ?, demande l’Apôtre (1 Co 4,7). Voilà pourquoi, mes bien-aimés, il ne faut pas que nous gardions jalousement nos richesses comme si elles étaient nôtres, mais que nous les prêtions, puisqu’elles nous ont été confiées. Car on nous en a confié la charge, et nous avons l’usage d’une richesse commune, non la possession éternelle d’un bien propre (cf. 1 Co 9,17). Si tu reconnais que ce bien n’est à toi ici-bas que pour un temps, tu pourras le posséder éternellement dans le ciel. <>

Rappelons-nous cette veuve qui se préoccupait des pauvres sans se soucier d’elle-même. Ne pensant qu’à la vie future, elle abandonna tous ses moyens d’existence, comme le Juge lui-même l’a attesté. Les autres, en effet, avaient donné du surplus de leur biens. Cette femme, qui avait pour toute fortune deux petites pièces de monnaie, était peut-être plus dépourvue que beaucoup de pauvres, mais les richesses de son cœur dépassaient celles de tous les riches. Elle n’avait en vue que les richesses de la récompense éternelle. Elle ne désirait que le trésor céleste et, d’un seul coup, elle s’est dépouillée de tous ses biens, ceux qui viennent de la terre et qui retournent à la terre. <>

Prêtons donc au Seigneur les biens que nous avons reçus de lui. Nous ne possédons rien, en effet, qu’il ne nous ait donné, et nous n’existons que parce qu’il le veut. En particulier, comment pourrions-nous penser avoir quelque chose à nous, alors que nous avons contracté une dette plus grande et spéciale, et que nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes ? Car Dieu nous a créés, mais il nous a aussi rachetés.

Eh bien, réjouissons-nous d’avoir été rachetés à grand prix, en vérité, par le sang du Seigneur lui-même. Ce qui fait que nous ne sommes plus des esclaves sans valeur. Être libre de la justice est en effet une liberté plus vile que l’esclavage, puisqu’une pareille liberté fait de l’homme un esclave du péché et un prisonnier de la mort. Aussi, rendons au Seigneur ce qu’il nous a donné ; donnons à Celui qui reçoit en tout pauvre ; donnons, dis-je, avec joie, pour recevoir de lui dans l’allégresse, comme il l’a promis.

Prière

Dieu qui es bon et tout-puissant, éloigne de nous tout ce qui nous arrête, afin que sans aucune entrave, ni d’esprit ni de corps, nous soyons libres pour accomplir ta volonté. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, toi qui ne juges pas d’après les apparences, purifie notre cœur. Et puisque tu aimes ceux qui donnent sans compter, apprends-nous à être généreux ; que toute notre vie devienne une offrande à ta gloire. Par Jésus Christ.

 

33e dimanche du temps ordinaire B

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 13,24-32

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : "En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s’obscurcira et la lune perdra son éclat."

Homélie

Le rassemblement des élus à la fin des temps

Homélie de Grégoire Palamas († 1359)

Homélie 26 ; PG 151, 340-341.

Ceux qui professent la foi droite en notre Seigneur Jésus Christ et en témoignent dans leurs actions, ceux qui restent vigilants ou, s’ils ont péché, se purifient de leurs souillures par la confession et le repentir, ceux qui combattent les vices en exerçant les vertus de tempérance, de chasteté, de charité, de miséricorde, de justice et de sincérité, tous ceux-là entendront à la résurrection le Roi des cieux en personne leur dire : Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde (Mt 25,34). Héritiers d’un royaume céleste, inébranlable, ils régneront ainsi avec le Christ. Ils vivront pour toujours dans la lumière ineffable et sans déclin qu’aucune nuit jamais n’interrompt. Ils demeureront avec les saints des temps anciens dans des délices inexprimables, auprès d’Abraham, là où il n’y a plus aucune douleur, aucune peine ni aucun gémissement.

Il existe une moisson pour les épis de blé matériels et une autre pour les épis doués de raison, c’est-à-dire le genre humain. Celle-ci, avons-nous dit, s’effectue chez les infidèles et rassemble dans la foi ceux qui accueillent l’annonce de l’évangile. Les ouvriers de cette moisson sont les Apôtres du Christ, puis leurs successeurs, puis, au cours du temps, les docteurs de l’Église. Le Christ a dit à leur sujet ces paroles, que nous avons déjà citées : Le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle (Jn 4,36). En effet, les docteurs de la foi obtiendront aussi de Dieu une pareille récompense, parce qu’ils rassemblent pour la vie éternelle ceux qui obéissent.

Et il y a encore une autre moisson : c’est le passage de cette vie à la vie future qui, pour chacun de nous, s’opère par la mort. Les ouvriers de cette moisson-là ne sont pas les Apôtres, mais les anges. Ils ont une plus grande responsabilité que les Apôtres, car ils font le tri qui suit la moisson et ils séparent les méchants des bons, comme on le fait avec l’ivraie et le grain. Ils envoient d’abord les bons dans le Royaume des cieux, puis précipitent Les méchants dans la géhenne de feu. <>

Nous sommes aujourd’hui le peuple choisi de Dieu, la race sainte, l’Église du Dieu vivant, mise à part de tous les impies et infidèles. Puissions-nous être séparés de l’ivraie de la même manière dans le siècle futur, et agrégés à la foule de ceux qui sont sauvés dans le Christ, notre Seigneur, qui est béni dans les siècles. Amen.

Prière

Accorde-nous, Seigneur, de trouver notre joie dans notre fidélité, car c’est un bonheur durable et profond de servir constamment le créateur de tout bien. Par Jésus Christ.

ou bien

Père tout-puissant, maître des temps et de l’histoire, toi seul connais le jour et l’heure où viendra le Fils de l’homme. Accorde-nous la grâce de nous préparer à son avènement, afin que, lors de sa venue sur les nuées avec puissance et grande gloire, nous soyons mis au nombre des élus. Par Jésus Christ.

 

34e dimanche du temps ordinaire B - Le Christ Roi de l’univers

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 18,33-37

Lorsque Jésus comparut devant Pilate, celui-ci l’interrogea : "Es-tu le roi des Juifs ?"

Homélie

Mon royaume n’est pas de ce monde

Homélie de saint Augustin († 430)

Commentaire sur l’évangile de Jean, 115, 2 ; CCL 36, 644-645.

Écoutez donc, Juifs et Gentils ; écoutez, circoncis et incirconcis ; écoutez, tous les royaumes de la terre. Je ne m’oppose pas à votre exercice du pouvoir en ce monde, mon royaume n’est pas de ce monde (Jn 18,36).

Ne vous laissez pas égarer par la peur, comme Hérode le Grand, qui fut frappé d’épouvanté quand on lui annonça la naissance du Christ. La peur, plus encore que la colère, déchaîna sa cruauté et, pour faire mourir Jésus, il ordonna le massacre de nombreux enfants (cf. Mt 2,3.16). Mon royaume, dit le Christ, n’est pas de ce monde. Que voulez-vous savoir de plus ? Venez dans le royaume qui n’est pas de ce monde ; venez-y par la foi, et que la peur ne vous rende pas cruels !

Le Christ, il est vrai, dit dans un psaume prophétique, en parlant de son Père : Il m’a sacré roi sur Sion, sa sainte montagne (cf. ps 2,6). Mais cette ville et cette montagne ne sont pas de ce monde. Qu’est-ce, en effet, que le royaume du Christ ? Simplement ceux qui croient en lui, ceux à qui il dit : Vous n’êtes pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde (Jn 17,16). Il veut pourtant qu’ils soient dans le monde. Aussi prie-t-il le Père pour eux : Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais (Jn 17,15). Voilà pourquoi il ne dit pas : "Mon royaume n’est pas dans ce monde", mais : Mon royaume n’est pas de ce monde. Il le confirme ensuite en ajoutant : Si mon royaume était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs (Jn 18,36).

Il ne dit donc pas : "Mon royaume n’est pas ici", mais : Mon royaume n’est pas d’ici (Jn 18,36). Car son royaume est établi ici-bas et il durera jusqu’à la fin des temps ; il contiendra un mélange d’ivraie jusqu’à la moisson, qui est la fin du monde. Alors viendront les moissonneurs, qui sont les anges, et ils enlèveront tous ceux qui font tomber les autres. Ce qui serait impossible si son royaume n’existait pas ici-bas (cf. Mt 13,38-41).

Pourtant, comme il est exilé dans le monde, il n’est pas d’ici. Le Christ dit en effet à ceux qui font partie de son royaume : Vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde (Jn 15,19). Ils étaient donc du monde, quand ils n’étaient pas encore sujets du royaume, mais du prince de ce monde. Aussi, tous les hommes, bien que créés par le Dieu véritable, sont du monde en tant qu’issus de la race d’Adam, race corrompue et condamnée. Mais ceux d’entre eux qui sont régénérés dans le Christ forment le royaume qui n’est plus de ce monde.

Voilà comment Dieu nous a arrachés au pouvoir des ténèbres et nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé (Col 1,13), ce royaume dont le Christ dit : Mon royaume n’est pas de ce monde, ou bien : Mon royaume n’est pas d’ici (Jn 18,36).

Prière

Dieu éternel, tu as voulu fonder toutes choses en ton Fils bien-aimé, le Roi de l’univers ; fais que toute la création, libérée de la servitude, reconnaisse ta puissance et te glorifie sans fin. Par Jésus Christ.