INTRODUCTION : SUR LA SEXUALITÉ, FLASHER LE SOLEIL ! 2

I - UNE URGENCE : RÉ-INVENTER L'AMOUR.. 4

1. UNE SPLENDEUR : ÉMERVEILLE-TOI ! 4

2. UNE HORREUR : RÉVEILLE-TOI ! 6

3. UNE LUEUR : ÉCLAIRE-TOI ! 9

4. UN BONHEUR : LÈVE-TOI ! 11

II - LE CORPS : AU RADAR DU CŒUR.. 14

1. MON CORPS, C'EST QUOI ? C'EST QUI ?. 15

2. MA CHAIR N'EST QU'UN CRI ! 20

3. D'ÉTRANGES FISSURES : UNE SEXUALITÉ BLESSÉE. 23

1. LA MASTURBATION : MATURATION OU PERTURBATION?. 23

2. L'IMPURETÉ = ENGRENAGE, ESCLAVAGE ?. 26

3. RÉSISTER = EXISTER.. 27

4. L'HOMOSEXUALITÉ: DIFFÉRENCE OU DÉVIANCE? D'OÙ PEUT NAITRE UNE ESPÉRANCE ! 32

III - L'AMOUR ÉVEILLE L'AMOUR.. 47

1. LA PUBERTÉ : PURETÉ ET LIBERTÉ. 48

2. DRAGUER : TRICHER ?. 50

3. CO-HABITER = CO-HÉSITER ?. 54

4. S'AIMER = S'APPRIVOISER.. 57

IV - LA PAROLE AUX TÉMOINS. 64

1. RETROUVER LES CHEMINS DE L'AMOUR.. 64

2. LIBÉRÉS DES DÉVIANCES ! 75

 

Daniel-Ange

 

TON CORPS FAIT POUR L’AMOUR

 

 

A vous les milliers de jeunes

qui, un peu partout depuis six ans,

avez participé à nos veillées :

« Ton corps fait pour l'amour »

et les avez vécues comme autant

de transfusions d'espérance.

 

Et, parmi vous, spécialement

A toi qui as été blessé par un amour défiguré

et qui maintenant rêve

d'un amour de lumière !

 

Pour éviter un trop épais volume, cet ouvrage a été réparti en deux tomes. Mais ils forment un tout inséparable. Je supplie le lecteur qui n'aurait entre les mains que ce premier livre, de poursuivre son chemin avec Ton corps fait pour la vie vers lequel il tend tout entier. Merci !

 

Nihil obstat Cher Daniel-Ange,

je te donne avec joie mon « Nihil obstat » pour tes livres : Ton corps fait

pour l'amour et Ton corps fait pour la vie. (Cela veut dire que tout y est

conforme à la Foi de l'Eglise Catholique). Puissent-ils être le canal de

la grâce par le quel le Seigneur touchera le cœur de nombreux jeunes.

Ton frère, Jean-Miguel GARRIGUES

Saint-Nizier, Lyon, le 22 mai 1988.

Fête de la Pentecôte.

 

Imprimatur

Je suis heureux de permettre que ce livre soit imprimé.

Cardinal Godefried DANNEELS

Malines, Bruxelles, le 24 juin 1988.

Fête de la Saint Jean-Baptiste.

 

Imprimatur

Mechliniae, 30 juin 1988.

E. Goffinet vie. gén.

 

Cher Daniel-Ange,

 

Je lis en ce moment Ton corps fait pour l'amour, et bientôt tout le groupe va le lire. Enfin quelque chose qui change des morales fuyantes et abstraites de certains! Comme il est bon pour nous d'entendre quelqu'un parler de l'amour de cette façon au XXe siècle ! Et vois-tu, tu m'as fait redécouvrir avec plus de force l'importance primordiale de l'amour vécu en Christ, dans un monde de plus en plus secoué par la haine. Or seul l'amour (entre homme et femme) vécu chrétiennement pourra sauver ce monde de la haine, de la violence, de l'érotisme tournant à ne considérer le corps que comme un objet. Merci de clamer cette vérité par-dessus tant de fausses vérités, de nous rappeler les exigences de l'Amour vrai. Cela m'a atteint à un moment où, peut-être, celle que j'aime et moi-même allions rouler sur la pente de ce soi-disant amour qui n'est que charnel.

Encore merci et loué soit Dieu pour Ton corps fait pour l'amour, car tu nous proposes là des choses bien concrètes, fortes, sans avoir peur des exigences. Quelles exigences ! Mais cela, l'Esprit peut, veut nous y aider si on le lui demande. Mais oui, nous les jeunes, sommes prêts à assumer ces exigences quand on nous les rappelle, car elles viennent et retournent à la Vérité, au Seigneur...

Christophe, 19 ans.

 

J'ai lu Ton corps fait pour l'amour et il m'a vraiment passionnée. Certains passages m'ont beaucoup marquée, ont bouleversé certaines idées que j'avais sur l'amour. Je suis persuadée que Dieu existe mais sa parole si simple, si belle, si pure et si profonde à nos yeux, est obscure, bête, superficielle, dépassée à la vue de nombreux jeunes. Cependant, ils sont les premiers, comme nous sommes tous dans ce cas, à avoir envie d'aimer, d'être aimés et d'être heureux. Mais savent-ils vraiment ce que signifient ces mots ? Je m'inquiète pour eux et je les plains car après avoir lu le livre, j'ai compris un peu de leur signification. Elle est tellement différente et tellement plus magnifique ! Vraiment dommage que nous ne soyons pas tous éclairés par cette resplendissante Lumière qu'est le Seigneur : la Vie serait si belle si tous comprenaient son message...

 

Martine, 18 ans.

 

  C'est sans doute l'un de tes plus beaux livres. Son actualité est énorme. Il vient pile à l'heure. Tu y poses bien les exigences, mais aussi les moyens de les réaliser. Que le Seigneur vienne bénir ce livre dont il te fait accoucher.

Etienne, 21 ans.

 

Et qu'il vienne surtout vous bénir chacun, vous les jeunes — parfois jeunes couples — qui m'avez aidé au long de la gestation étalée sur 9 mois en sa mouture finale, mais en fait sur 9 ans, depuis le premier jet du fascicule : Ton corps fait pour l'amour.

Le sérieux et l'amour, avec lesquels vous l'avez corrigé, en ses différentes phases de croissance, m'ont été un soutien continuel aux heures de découragement.

Ce sont des pages qu'on écrit en tremblant, tellement on a peur d'abîmer ce qu'il y a de plus beau, donc de plus fragile au monde.

 

 

 

INTRODUCTION : SUR LA SEXUALITÉ, FLASHER LE SOLEIL !

 

 

QUI TE PARLE ET POURQUOI...

 

 

Est-il maître, gourou, prof, éducateur spécialisé, expert, conseiller technique, assistant social, psychologue chevronné ? Ou encore extra-terrestre ?

Simplement un petit frère de chair et de sang : même chair et même sang d'humanité. Et pour ceux d'entre vous qui sont baptisés : même chair et même sang du même Seigneur Jésus. Un frère qui a un cœur comme le tien : fait pour aimer et se laisser aimer. Un corps comme le tien : fait pour vivre et donner la vie, comme toi assoiffé de bonheur et de beauté. Et l'impureté et la chasteté, je sais ce que c'est. L'humiliation des dérapages, la violence des tentations, mais aussi le bonheur apaisant de la pureté, je sais ce que c'est. Lutter pour tenir dans la lumière, implorer le Pardon pour repartir à zéro, je sais combien c'est dur. Mais tonifiant en même temps !

Ce petit frère est aussi, depuis peu, prêtre de Jésus. Tu me diras : mais alors de quel droit parler de ces questions ?

Primo : un prêtre connaît mêmes combats et mêmes tentations que tout jeune à qui l'Eglise ose demander de vivre sa sexualité sans l'exercer physiquement avant le don total de lui-même. Voilà pour ce qui est avant le mariage. Je l'écris en tant qu'homme.

Secundo : il sait aussi et la croix et le bonheur de tenir dans la fidélité à un conjoint au long des jours. Et voilà pour ce qui en est de l'engagement au mariage. Je l'écris en tant qu'homme s'étant « marié » avec la personne de Dieu une fois pour toutes et pour toujours.

Tertio : les deux conditions de vie (mariage et célibat d'amour pour Dieu) s'éclairent l'une l'autre. Et j'aime quand des personnes mariées écrivent ou parlent des consacrés, et vice-versa 1.

1. « Les meilleurs conseils que mon épouse et moi avons reçus pour l'éducation de nos enfants ou notre vie de couple, proviennent de célibataires, hommes ou femmes, laïcs ou prêtres. De même que des frères prêtres sont venus me demander mon avis sur tel aspect de leur vie... Ceux qui, mariés, se heurtent aux mêmes problèmes que nous, ne voient pas les choses avec assez de recul. Nous sommes complémentaires. Nous avons besoin les uns des autres. Il y a trop de prêtres complexés par rapport aux gens mariés. »

Quarto : si je n'ai aucune compétence médicale, psychologique, sociologique, pour en parler, j'en parle comme faisant partie du Corps diplomatique de Dieu. C'est le rayon-laser du regard de Dieu que je projetterai sur ces questions brûlantes. Et là, j'ai la compétence spirituelle que donne l'expérience de l'Eglise, experte en humanité.

Enfin et surtout : en tant que jeune prêtre, je reçois une multitude de confidences, aussi bien de personnes mariées que de jeunes 2. Fascinante expérience humaine et divine !

2. Entre autres, de ces jeunes que j'ai eu la grâce de suivre depuis leur adolescence à leur mariage ou consécration à Dieu.

 

 

LE FRUIT DE MILLE CONFIDENCES

 

 

Qui, vous êtes des centaines à m'avoir confié — de vive voix ou par écrit — problèmes et difficultés, à la suite de nombreuses veillées « Ton corps fait pour l'amour », ou de la lecture de ma brochure portant le même nom.

Pourquoi donc me confier de ces choses si intimes, que tu avouais n'avoir jamais osé dire à un autre ? Ta confiance m'a bouleversé. Je voudrais en être digne... Je tremble de te décevoir. A tes questions, j'essayerai de répondre. En laissant surtout d'autres jeunes te répondre eux-mêmes.

Je me permets de te tutoyer : que ma parole t'atteigne personnellement , comme si nous étions tous les deux nous regardant les yeux dans les yeux. Comme si tu états seul au monde : n'es-tu pas unique au monde ?

En même temps, je rêve que ces vérités de lumière puissent atteindre ceux dont la nuit est la plus noire, ceux que personne ne rejoint jamais sur une route de solitude et d'errance. Ceux-là mêmes que nous aimons tellement rencontrer au long de nos virées d'Espérance-transfusion: en taule, boîtes, métro, trottoirs «chauds». Chaque fois, nous sommes bouleversés par l'attente secrète qui se lit dans les regards. Regards parfois éteints, où soudain s'allume une clarté venue de très loin : celle d'une aube.

Derrière chacune de ces pages, comme en filigrane, se dessine pour moi tel visage précis, et résonne encore à mes oreilles telle confidence discrètement glissée, telle question brutalement posée.

Chaque page sera donc l'écho d'une rencontre, d'un partage, dans un bistrot, une prison, un hôpital psychiatrique à Montréal, Bruxelles ou Paris : n'est-ce pas partout une même jeunesse qui agonise du dedans, jeunesse en crise d'infini, mais déjà belle de la radieuse beauté de Dieu ? 3

3. Ces pages seront émaillées de lettres de jeunes. Certaines citations peuvent faire croire qu'elles ont été rédigées « pour les besoins de la cause». Je puis certifier que toutes sont authentiques (j'en garde les originaux), glanées qu'elles sont dans mon courrier personnel. Par discrétion, j'ai simplement changé le prénom, ou éventuellement telle circonstance trop repérable.

 

 

EN PLEIN SOLEIL, LA SEXUALITÉ !

 

 

Au long de ces pages, c'est donc Dieu lui-même que nous allons oser interroger 4. Qui mieux que Lui sait ce qu'est notre corps ? Il l'a inventé. Il l'a fait de ses propres mains, et de matière et de lumière... Avec son propre corps — puisqu'il est venu vivre sur notre terre — il l'a refait, et pour toujours et dans l'amour. Sur notre corps n'aurait-il donc aucun droit d'auteur? D'auteur et de sauveur? Et qui mieux que Lui, sait ce qu'aimer veut dire, Lui dont c'est l'unique métier ?... Que peut-il faire d'autre qu'aimer, dis-moi? Qui mieux que Lui, sait ce qu'est vivre , Lui qui donne et re-donne la Vie ? Voir la sexualité dans la lumière de ses yeux, à Lui, c'est la voir face à face, telle qu'elle est. Tout autre regard est myope. Toute autre approche déforme la réalité. « Est obscène ce qui s'arrête à mi-chemin du mystère. L'érotisme est un arrêt de parcours. » s Tant que notre sexualité n'est pas vue dans une optique éternelle, elle ne pourra être qu'une pratique passionnelle. C'est-à-dire passagère et vide, et non messagère de vie.

4. Certains passages seront difficiles. Par moments, j'ai voulu creuser le sens des choses, pour ceux qui veulent approfondir. Que cela ne décourage pas les autres, qui pourront parfois sauter quelques pages, quitte à y revenir plus tard, dans une seconde lecture.

5. « Le plus grand service que l'on puisse rendre à la sexualité, c'est de l'exposer dans la lumière : non pas dans la lumière médiane ou diffuse, mais dans la pleine lumière. Quand on l'aura regardée face-à-face, on sera obligé de la dépasser, après l'avoir approfondie ; afin d'atteindre le mystère le plus intime de la sexualité, qui est un mystère caché dans la Trinité elle-même. » Jean Guitton, France Catholique, n°2093.

Projeter la sexualité en pleine lumière, c'est la restituer à cette aurore où elle est née : née du Cœur de Dieu.

Dieu ! Pardonne-moi si j'en parle tant ici, et si tu n'y crois pas ! Que cela ne te blesse pas ! Il a pu être caricaturé à tes yeux. De toutes manières, que tu le saches ou non, cela ne changera rien à la réalité : Lui croit en toi. Alors, dans ce livre, ne te cabre pas. Joue le jeu : lis comme si effectivement II existait. Relève le pari: s'il existe, je ne Lui ferme pas la porte.

 

Ton frère, Daniel-Ange

2 février de l'année Mariale 1988

Fête de Marie offrant au Père

son Enfant unique, Lumière des nations

dans le Temple de Jérusalem.

 

 

DEPUIS LA PARUTION DE LA PREMIÈRE ÉDITION.

 

 

C'est par milliers que j'ai reçu des lettres de jeunes, touchés par ces pages, et me confiant, avec une bouleversante confiance, une désarmante simplicité, leurs problèmes personnels, dans ce domaine. Dans tant de lettres l'incise : «C'est la première fois, que j'ose avouer ceci», «Jamais encore je n'ai pu dire ceci.» «Tu es la première personne à qui j'en parle» 6

6. Voir quelques extraits en fin de volume.

Effrayante solitude des jeunes d'aujourd'hui ! Si peu d'écoutants ! Si peu d'accompagnateurs spirituels, encore moins de Pères ou de Mères spirituels. Une des pires carences de notre monde, de notre Église d'aujourd'hui. Les «psy» de toutes sortes sont au chômage, tellement il y en a. Les rarissimes qui ont le charisme d'une paternité, d'une maternité spirituelle sont débordés. C'est la queue à leurs portes. Ils n'arrivent pas à répondre à toutes les requêtes, à tous les SOS. C'est de médecins, d'infirmières spirituels dont nous avons le plus urgent besoin. Qu'ils nous soient donnés, d'ici le seuil décisif de l'an 2000, pour ne pas rater ce cap.

 

31 Janvier 1990.

En la fête de Don Jean Bosco.

Anniversaire de la mort de Ghandi.

 

I - UNE URGENCE : RÉ-INVENTER L'AMOUR

 

 

1. UNE SPLENDEUR : ÉMERVEILLE-TOI !

 

Comme tant d'autres sportifs, c'est en découvrant toutes les possibilités de son corps que Francisco Cruz -champion mexicain du foot au Mundial 86 de Mexico - découvre avec joie de qui il tient son corps :

 

« J'ai découvert Dieu à 17 ans lors d'une période délicate de ma vie. Lui seul m'a permis d'en sortir, d'aller de l'avant. Seule compte la quête de Dieu. Elle m'importe bien plus que ma carrière sportive. Au vu de cette évidence, l'argent, les ovations et la renommée ne pèsent pas bien lourd. Pour moi, le foot m'offre le moyen de propager ma foi en Dieu. D'ailleurs, je lui dédie chacun de mes matches. Je n'ai qu'un modèle ; le seul personnage que je souhaite approcher, c'est Jésus. Je peux tout perdre ici-bas, sauf la foi, que je m'efforce de répandre autour de moi. Déjà, beaucoup de ceux qui me côtoient ont été touchés par mes convictions et ma façon de les vivre. »

 

Ton corps, j'aimerais que tu l'aimes! Si facile de le rejeter, de le mépriser ! Corps qui t'est confié comme un inséparable compagnon de route. Corps sans lequel tu ne peux être ce que tu es. Ton corps, dis-moi, quel chef-d'œuvre ! Rien n'est plus grand, rien n'est plus beau ! l Après le cœur de l'homme, dont il est l'écrin magnifique. En es-tu émerveillé ? Es-tu passionné de le mieux connaître ? Les mille découvertes de la médecine et de la biologie te laissent-elles indifférent ? Ou provoquent-elles ta louange et ta joie ? Quand blessures ou maladies viennent perturber son rythme normal, réalises-tu quel trésor représente son fonctionnement harmonieux ?

1. Deux saints, l'un d'Orient, l'autre d'Occident, en parlent ainsi: Grégoire de Nazianze était hanté par ce mystère qui l'unissait à un corps : « Je l'aime comme un ami de captivité. Je le respecte comme un cohéritier, nous qui sommes héritiers de lumière et de feu. Compagnon de peine dont je prends soin, je l'aime comme un frère, par respect pour Celui qui nous a réunis. » Bernard de Claivaux, lui, en parlera comme de « notre Eve », compagne fidèle destinée à la gloire : « Je l'y prépare par une gestion pleine d'affection. Je l'aime et aime Dieu avec elle. »

Dis-tu souvent merci à Dieu pour tes jambes qui te permettent une course en montagne, tes yeux qui peuvent contempler le soleil couchant, tes mains qui peuvent travailler la terre, tes lèvres qui peuvent baiser un enfant, ta voix qui peut chanter et tes oreilles entendre le vent dans les arbres ? Et que dire de ton cerveau ? Sais-tu que tu possèdes cent milliards de neurones dont chacun peut contenir cinq milliards d'informations ? l bis Et comme si tout cela n'était encore rien, le plus fabuleux, le plus inimaginable, le plus fantastique, le plus inouï, le plus incroyable, le plus inconcevable: par ce corps pouvoir faire exister quelqu'un, une personne qui n'a jamais encore existé et qui existera toujours, toujours... Et en plus faire cela dans un acte où ton cœur s'exprime et se donne, où ton corps devient l'entrecroisement de l'amour et de la  vie : quelle splendeur ! Aura-t-on jamais fini d'en dire : merci ?

1bis. Les câblages du cerveau = 400.000 km !

Rien n'est beau, rien n'est grand, rien n'est bouleversant, comme l'éclosion d'une vie ! Mystère qui nous fascine, nous déroute, nous dépasse, nous stupéfie, nous émerveille. Puissions-nous ne jamais, au grand jamais, nous y habituer! Mais de plus en plus en sonder et l'immensité et la majesté ! Seul Dieu pouvait l'inventer.

Je voudrais qu'à cause de ton corps, tu sois fou de joie. Soigne-le. Ne le force pas. Ne le violente pas. Accueille-le, tel qu'il t'est confié. Avec ses limites, ses handicaps, ses faiblesses. Et lorsqu'il te fait souffrir, lorsqu'il ne répond pas à ce que tu en attends, bénis encore le Seigneur pour ton frère le corps. Accueille-toi, tel que Dieu t'a façonné. Sois content de ton visage. Ne rêve pas d'un autre. Quel qu'il soit, trouve-le beau. Content de la couleur de tes yeux et de tes cheveux. Content de ta taille. Content d'être garçon ou fille. Drame de tant d'êtres qui n'acceptent ni leur visage ni leur sexe ! Comme il est difficile d'être heureux de ce que Dieu nous a donné ! 2

2. « Tu sais, j'ai honte du visage que j'ai, si jeune, si jeune... Dieu me l'a donné pour me nuire.» Paul, 15 ans.

Sois content de l'environnement de ta vie. C'est comme un prolongement de ton corps : ta famille, ton milieu, ta ville ou ton village, ton pays, ton époque, aussi déroutants soient-ils. De vivre ici et aujourd'hui, dis-tu parfois merci à Dieu ?

Mon rêve : aider à guérir tes blessures, à vivre ton corps, à dire ton amour, à faire la vie, à inventer l'avenir, à créer de la beauté.

A chacun je voudrais dire : tu es tellement plus beau, plus belle que tu ne le penses ! Tellement plus aimé(e) que tu ne l'imagines. Tellement plus capable d'aimer et de vivre que tu ne le crois. Et qu'à la fin de ce livre, te remonte au cœur ce cri d'une prière, que Marie et Jésus ont chantée : « Merveille que je suis ! »

 

 

ON DEMANDE DES COURS D'EMERVEILLEMENT!

 

 

Le 19 Septembre 1989, une émission d'Ant. 2 sur le réseau de la drogue. Jean-François: «On ne m'a pas appris à m'émerveiller. Je demande des cours d'émerveillement. Quand je regarde un arbre par la fenêtre et que je le trouve beau, on me dit: «Ce n'est pas avec ça que tu vas faire ta vie ! ».

Eh bien, que ces deux livres ne soient rien d'autre qu'un cours d'émerveillement. Car, c'est bel et bien avec la Beauté de l'Amour que tu vas faire non seulement ta vie, mais la Vie tout court.

Si tu as déjà vécu l'éclosion d'un premier amour (et non l'érosion d'une dernière amourette), tu sauras ce que veut dire s'émerveiller. Découvrir, avec une fraîcheur sans cesse renouvelée, la tendresse, le charme, la beauté, la délicatesse, le corps et surtout le cœur d'une personne dont — subtilement ou subitement — on s'éprend. Sans aucune explication. C'est ainsi. On aime. Donc des yeux nouveaux sont donnés. Et le monde entier paraît plus beau : une lumière neuve maintenant s'y reflète.

Et quand, pour la première fois de la vie, on se sent regardé, respecté, aimé, admiré... Quand on devine dans le regard d'un(e) autre l'éclair de l'éblouissement, ou la douce lueur de l'émerveillement, là où peut-être tu avais toujours été méprisé, rejeté : quel bonheur fou ! Comme la vie en devient tout autre. Tu re-nais!

Oui, la confiance engendre la confiance. L'émerveillement éveille l'émerveillement. La beauté suscite la beauté. L'amour enfante.

 

 

2. UNE HORREUR : RÉVEILLE-TOI !

 

UN INVISIBLE TCHERNOBYL

 

 

Que s'est-il donc passé ? L'énergie atomique peut servir la mort : Tchernobyl. L'industrie chimique peut être mal gérée : pluies toxiques détruisant les forêts, déchets polluant les nappes phréatiques.

Le feu si doux pour réchauffer peut tout ravager: Armero 3. Et quel feu plus brûlant que celui de l'amour ?

Et voici que nous apprenons violemment ce que nous pressentions depuis longtemps : l'énergie sexuelle non maîtrisée peut entraîner la mort... le Sida ! Tant il est vrai que toute chose bonne, détournée de sa fin, se retourne contre l'homme. Tout ce qui est abusif est corrosif. Mais pourquoi, pourquoi a-t-il donc fallu atteindre de telles extrémités pour en prendre conscience ?

3. Eruption volcanique en Colombie, 1985.

Là où l'écologie est négligée, faune et flore sont menacées... Mépriser une écologie élémentaire du corps, une éducation élémentaire du cœur : la destruction s'en suit. L'auto-destruction. Car ici, il ne s'agit plus de son environnement, mais de l'homme lui-même. Et en l'homme, de là où il est le plus lui-même : des sources mêmes par où la vie le traverse et se transmet : le sang et le sperme 4.

4. Je ne parlerai pas ici de la contagion sanguine par la toxicomanie ou par transfusion (maintenant jugulée grâce au dépistage systématique). Mais de la contagion par voies sexuelles, de loin la plus répandue. (En France, 68% des cas sont homosexuels.) Même en Afrique, où les causes sont multiples, les spécialistes précisent que la plupart des cas « sont liés au développement des mœurs occidentales » (50% des prostituées). Tout autant qu'aux seringues non stérilisées servant aux piqûres anti-paludisme.

Pathétique paradoxe : l'expérience physique de l'amour, là voilà court-circuitée par la peur. L'angoisse plane, là où la joie devrait se déployer. Autour du lieu où se donne la vie, rôde la mort. A la transmission d'une vie éternelle se mêle la contagion d'un virus mortel !

 

 

AVANT QU'IL NE SOIT TROP TARD

 

 

Pardonne-moi d'en parler ici. On t'en rabâche les oreilles. Mais comment me taire ?

Franck, mon ami, à 22 ans, vient d'en être emporté 5. Plusieurs de mes amis sont en train de l'être. Comme tant et tant d'autres (et si tu n'en connais pas encore, cela viendra vite).

5. Dans la première rédaction de cette page, j'avais écrit : « est en train d'être emporté ». C'est pour écrire ce livre que je suis resté en ermitage, alors qu'il était à l'hôpital, où je désirais tellement le rejoindre. C'est lorsque j'achevais le chapitre sur l'homosexualité qu'il est parti vers Dieu. Je rêvais de le lui soumettre. Son témoignage est si percutant que je lui consacre un petit livre (dans la collection Jeunesse-Lumière), Franck, ou l'amour re-trouvé (à paraître). Le Sarment, Fayard.

Dans sa dernière carte, il m'écrivait :

 « A l'amour qui t'emporte, ne demande pas où. Ce sera l'Amour ma vie, ma vie... pour l'Amour. »

II sait alors que c'est un Amour au-delà de tout amour qui l'attend. Mais aussi que c'est à cause d'un amour abîmé qu'il est ainsi emporté. Et que seul l'Amour totalement vrai et pur de Jésus peut le guérir de tous les détournements de l'amour.

Son dernier message, je voudrais le crier sur tous les toits, tous les trottoirs, tous les lieux où l'amour est bafoué, perverti, aliéné :

« Dis à tous les jeunes comme moi : de grâce, laissez-vous rencontrer par Jésus, avant qu'il ne soit trop tard ! »

Ce livre n'est rien d'autre que ce dernier appel, simplement mis en musique.

« Je hurle, je crie devant Dieu : Ecoute-moi, Seigneur ! Ecoute ma petite voix si faible, mais si aimante ».

Il crie vers nous : cessez de gâcher l'amour ! Entendrons-nous sa petite voix, si faible, mais si aimante ?

 

 

CES CRIS DE SANG, LES ENTENDS-TU ?

 

 

Franck criait au nom de ces centaines de milliers de garçons qui doivent se prostituer pour survivre, aux USA, et sont déjà ou seront bientôt atteints par le Sida 6.

6. « Les garçons en meurent plus vite — la rue est un parent brutal et meurtrier ». Communication du Père Bruce Rltter, franciscain, au 9e Congrès international de la Famille. Paris 12 sept. 86. Sur le million d'enfants ayant fugué aux USA en 86, 25 000 ont été accueillis dans les maisons créées par celui-ci. Parmi eux : 95 % se prostituent et 50 % ont fait une TS (tentative de suicide). Lire aussi : M.J. Coloni, Sans toit ni frontière. Les enfants de la rue. Fayard, 1987.

Combien sont accueillis, entourés, soignés ? Et pas avec gants et masques par des infirmières harnachées comme des cosmonautes ! 7

7. Lors d'une récente visite dans un hôpital de Los Angeles, un jeune avouait que c'était la première fois qu'on « osait » le toucher et l'embrasser !

II criait au nom de cette foule immense de jeunes esclaves victimes des négriers à col blanc qui importent et exportent d'un bout à l'autre de la planète de la chair fraîche à consommer : nouvelle matière première ; denrée même plus de luxe : simplement de luxure 8.

8. Six millions d'enfants victimes de la traite internationale. 35 millions de femmes et enfants dans les maisons closes, pour l'ensemble du monde (ONU). Aux USA, 14 % des films pornos exploitent des enfants. Des maisons spécialisées louent à la carte garçons ou filles, suivant âge, teinte, désirés et pour le temps voulu : « Rent a girl, rent a boy ». Qui parle de cette odieuse injustice, les enfants handicapés automatiquement stérilisés (pratique courante aux USA et Canada) : véritable mutilation?

Exploitants plus inhumains que certains patrons du siècle dernier laissant crever des enfants dans leurs usines : l'industrie sexuelle a déjà fait plus de victimes innocentes que la révolution industrielle du XIXe.

 

 

LA GUERRE, AU LIBAN OU EN OCCIDENT ?

 

 

Il criait au nom de toutes ces autres petites victimes livrées au bon plaisir de l'égoïsme 9. Drame du premier berceau de la vie — et de quelle douceur ! — transformé en tombeau : le sein d'une mère devenu cimetière !

S'attaquer à la vie en sa source — en son terrain d'éclosion comme en son instant de transmission — cela ferait-il récolter le dégoût de la vie ? Le dilemme d'aujourd'hui serait-il : choisir entre une écologie des corps ou une nécrologie pour les morts ?

9. USA : deux millions d'enfants ainsi avortés par an. France : « deux millions en 10 ans. 1976-83 : 1 308 216 avortements recensés, pour 10 835 victimes de la route. Un avortement toutes les deux minutes. En plus, ça fait du fric, par fards et cosmétiques interposés. Des camions entiers de fœtus congelés (dont certains décapités entre 12ème et 21 ème semaine) sont importés des pays de l'Est pour l'industrie des produits de beauté (sur la fiche de douane, la mention : « Déchets d'accouchements!»). Pub dans le Quotidien de Paris: «Les ampoules C... aux embryons humains promettent de réhydrater votre peau. » Les embryons animaux, eux, sont protégés par différentes sociétés. Depuis mai 68, il y aurait eu en France 3 500 000 enfants non-nés, par rapport au seuil de renouvellement de la population.

Et le vrai traitement du Sida, ne serait-il pas : le Sexe Intériorisé Dans l'Amour ?

 

 

TROUBLES DE PUBERTÉ OU SPASMES D'AGONIE ?

 

 

Qu'est-ce que tu es déstabilisé par ce monde, aux secousses sismiques si violentes ! Les mutations contemporaines, dans tous les domaines à la fois, te prennent de plein fouet ! Et te voilà sans défense, sans arrières, sans racines. Tu te laisses emporter, ballotter : fragile planche à voile en plein cyclone ! Ce qui touche au plus intime est ébranlé : le corps, l'amour, et surtout la vie ! Oui la vie même ! Chaque jour t'apporte les dernières expériences en matière de procréation humaine : bébés éprouvettes, mères porteuses, embryons congelés ou surnuméraires, etc. On ne sait même plus qui est l'homme, ce qu'est l'amour, où va la vie, que faire de son corps.

En pleine crise de puberté, notre humanité ? Perdue, la grâce de son enfance ? Flétri, l'émerveillement de ses 7-8 ans? Brisé, le ressort de ses 12-13 ans ? Sans avoir trouvé encore ni la maturité ni l'équilibre de sa majorité. Elle oscille entre les deux. Elle ne sait qui elle est exactement. Elle se cherche. Comme lors de tes 15-18 ans. Grisée par ses pouvoirs, ses richesses et sa science, elle joue à l'apprenti-sorcier, se croit tout permis, tout possible. Elle joue avec sa vie, badine avec l'amour, s'amuse avec le corps, flirte avec la mort.

Arracher la vie à l'amour, ça retourne l'amour contre la vie. L'explosion de l'érotisme serait-il un violent accès de fièvre ? Les jeux d'Eros avec Thanatos entraînent-ils des spasmes d'agonie ? 10

10. Combien de tentatives de suicide sont-elles liées à des expériences amoureuses décevantes, frustrantes — au niveau affectif comme au niveau génital. Combien à des déviances sexuelles, comme l'homosexualité. Bien des jeunes homosexuels m'ont avoué leur tendance suicidaire.

 

 

D'UNE MAIN SOIGNER, DE L'AUTRE FACILITER LA CONTAGION?

 

 

Mais maintenant que les ravages d'une sexualité débridée s'étalent au grand jour, on pare au plus pressé — ce qu'il faut effectivement faire, mais on s'en fiche des causes ! On essaye d'enrayer la contagion, avec les moyens du bord, tout en incitant aux comportements mêmes qui le véhiculent. On distribue en masse seringues et préservatifs — et sans doute faut-il en passer par là — en continuant tout comme avant, comme si de rien n'était... Mais franchement, n'est-ce pas un moyen de propager le mal, en encourageant les comportements mêmes qui le véhiculent ? « Play safe », ça veut dire : tu peux continuer à jouer. Plus de problèmes ! Idiote politique de l'autruche !

Médecins qui se contentent de désinfecter indéfiniment une plaie, en faisant semblant d'ignorer que c'est le sang lui-même qui est contaminé et qu'il faudrait soigner. Simple comparaison.

Ou bien encore : nous roulons sur une route jonchée de tessons de bouteille, suivis de camions remplis de roues de secours. Plus le temps de balayer la route : plus le temps de faire de la morale, plus le temps de s'attaquer aux causes... 11 Plus le temps d'aller au fond des Choses... 12

11. «Lorsqu'un incendie éclate, le premier devoir est évidemment de conjuguer les efforts pour ['éteindre et de soigner les blessés. Mais on doit aussi en rechercher les causes, et pour mesurer l'étendue du mal, tenir compte de la violence du vent qui en amplifie le désastre. » Cardinal Suenens.

12. Ce sont parfois des non-croyants qui sont plus lucides, ou plus francs pour dire les choses, que bien des chrétiens timides si ce n'est anémiés dans leur foi. Le professeur Georges David, président-fondateur des Centres d'études et de conservation du sperme déclarant que la première mesure pratique à prendre pour enrayer le fléau est, tout simplement, le retour au partenaire unique. Et de conclure : « Exprimer une telle opinion, et donc mettre indirectement en cause certains comportements sexuels actuels, ne va pas manquer de soulever une vague d'indignation. Mais pourquoi pourrait-on mettre en cause, comme on le fait maintenant, les consommations excessives du tabac ou de l'alcool et pas certains comportements sexuels ? Ces trois situations n'ont-elles pas en commun de constituer un risque pour le sujet, mais également pour autrui?» Le Monde, 5-08-87.

Ne nous contentons pas de préservatifs, qui ne sont que des palliatifs, mais préservons-nous nous-mêmes tout entiers. Et pour préserver la vie, réservons-nous pour l'amour.

La chasteté, n'est-ce pas l'unique traitement prophylactique, permettant d'intervenir avant ? Avant qu'il ne soit trop tard ? 13

13. Chaque jour, en sortant de l'hôpital parisien de Franck, je tombais sur un kiosque affichant un des gros-titres de ces jours-là : « 100 expériences homos». Cette homosexualité même dont il mourait.

Tout cela pour dire : les problèmes de sexualité, de personnels qu'ils étaient, sont devenus des problèmes de société. Leur traitement relève d'une priorité sociale. Assainir le terrain de l'amour est aujourd'hui devenu le premier service social de nos peuples d'Occident.

 

 

OÙ LA POLICE ENCOURAGE LES EFFRACTIONS AU CODE

 

 

Devant les dégâts monstres, on panique ! Mais qui donc l'a voulu ? A qui la faute ? Tout cela n'est-il pas voulu, programmé, calculé ? Cyniquement, froidement ?

Les infirmières se dévouent au chevet de Franck, et Charles Aznavour chante : « Je suis un homo comme ils disent » 13. On récuse l'inceste, et Gainsbourg sur podium et petit écran vante l'amour avec sa fille. On condamne des jeunes pour viols, meurtres et agressions et on les agresse à longueur de jour par ces mêmes actes.

On est horrifié du taux croissant de suicides et on laisse circuler livres, BD, revues et vidéos le prônant comme la plus belle des morts, l'apothéose d'une existence, et allant jusqu'à donner toutes les recettes possibles ! 13b

13b. 670 meurtres, 15 viols, 20 scènes de sexe et 27 de tortures... déversés par semaine à la télévision. (Un journaliste l'a calculé en mettant devant chaque écran des six chaînes une personne qui s'est coltinée de midi à minuit toutes les émissions !)

D'une main on vous pousse à l'acte, de l'autre on vous frappe pour cette acte même : pas de pire sadisme. Une main tient l'appât, l'autre le bâton : pas de pire cynisme.

On vous matraque pour les choses mêmes dont on n'a pas cessé de vous matraquer: pas de pire hypocrisie.

Que dirait-on d'un Etat pénalisant les infractions au code, mais laissant le long des routes toutes les incitations à l'enfreindre ?

 

 

3. UNE LUEUR : ÉCLAIRE-TOI !

 

Que conclure de ce drame intense ? Seul un jeune atteint du Sida a le droit de le dire :

 

«C'est le 8 novembre 1985 que je l'ai su officiellement. Ce jour-là, j'ai reçu une bombe atomique sur la tête. Ce fut un choc terrible, le monde qui s'écroulait... Mais en définitive, cette nouvelle m'apparaît aujourd'hui comme un événement qui m'a fait franchir une étape nouvelle dans ma vie. Une véritable redécouverte de Dieu est venue à travers cette épreuve, comme une invitation à grandir, à vivre... une invitation à réinventer l'amour. A redécouvrir ce que veut dire aimer.» 14.

 

14. Témoignage paru dans La Croix du 15 mars 1987.

 

Pour notre humanité occidentale, cette sourde explosion nucléaire, n'est-elle pas aussi appel pressant à franchir une étape nouvelle de sa croissance ? A redécouvrir ce que veut dire aimer ? Mais pour passer ce seuil, qui donc la guidera ? Il y a quelques jours, sur un sommet de 2000 m je tombe sur deux jeunes militaires, à peine engagés, en opération-survie, découvrant tout à coup qu'ils allaient en direction symétriquement opposée à l'itinéraire commandé. Sur leur boussole, ils avaient confondu les deux flèches Nord et Sud ! Quelle boussole rendra à l'humanité son Nord, son Aurore pour échapper à la mort ?

 

 

PAS DE GREVES POUR LES AIGUILLEURS DU CIEL

 

 

Chaque avion reçoit un chenal de vol précis à l'intérieur duquel il peut naviguer librement, sans menace constante de collision. Eh bien ! La tour de contrôle qui t'aiguille et te donne les coordonnées de sécurité, c'est l'Eglise. La vie, elle sait ce que c'est. D'expérience. 2000 ans d'expérience de l'homme, n'est-ce donc pas assez pour être fiable ? l5 Surtout, elle sait ce que pense Dieu, de qui vient toute vie et tout amour. L'homme, elle le voit avec ses yeux à Lui !

15. «Je reçois le conseil de l'Eglise, comme une richesse. Elle le connaît bien, l'homme. » (D'un témoignage de jeunes fiancés.) Les évêques des USA : « L'abstinence en dehors du mariage et la fidélité conjugale sont les seuls moyens valables, moralement et médicalement, pour prévenir la propagation du Sida » (11.12.87). Jean-Paul II a lancé un appel à tous les lieux de pèlerinage pour y ouvrir des maisons d'accueil pour les Sidéens.

C'est pourquoi, elle est toujours pour: pour l'amour, pour la liberté, pour la vérité, pour la vie, pour le corps. Pour ce qui dure toujours. Pour ce qui a la clarté du jour.

Hors d'elle, on est si facilement contre: on contre-dit la Parole de Dieu. On contre-fait ses chefs d'œuvre. On contre-carre son plan d'amour. La contra-ception est contra-vention pénalisant la vie. L'avortement est contre-offensive de la mort sur la vie. L'Eglise est en passe de devenir le seul lieu où la vie sera protégée, inconditionnellement. Où jamais, jamais la mort ne sera donnée. Bientôt hôpitaux, cliniques et maternités catholiques seront-ils les seuls lieux où l'on pourra être sûr que toute la prodigieuse technique médicale ne sera mise qu'au service de la seule vie ? De même qu'elle est déjà, sous les régimes totalitaires — de gauche comme de droite l'espace, parfois le seul, où la liberté de l'homme opprimé, écrasé — peut s'exprimer. Sinon, pourquoi serait-elle presque toujours l'ennemi n° 1 de toute dictature ? l6

16. Des milliers de jeunes athées, comme l'était une Tatiana Goritcheva découvrent l'Eglise : « Elle nous est apparue comme l'unique ilôt pur de la vie, dans 1' océan d'un état mort. Elle est devenue l'antithèse de toute idéologie mortifiante ou abêtissante. Nous vivons dans un état où le pouvoir de l'idéologie est total. L'idéologie déforme la personnalité, alors que dans l'Eglise, l'individu atteint la plénitude de l'épanouissement » (Nous, convertis d'Union Soviétique, Editions Nouvelle Cité).

 

 

EN RETARD D'UN TRAIN ? EN AVANCE SUR DEMAIN !

 

 

Mais sauvegarder l'amour, protéger la liberté, promouvoir la vie, valoriser le corps, cela veut dire parfois crier : « Attention ! Terrain miné ! A vos risques et périls ! »

Elle le fait toujours et partout. Face au mal, neutralité égale complicité. Elle se fait la voix des sans-voix. Tous ces jeunes, ces pauvres et ces petits, dont on vient d'entendre les requêtes, elle répercute leurs cris. Elle prend leur défense. Quand un homme rougit, elle rugit ! Elle ne peut pas se taire. Elle préfère passer aujourd'hui pour rétro, réac, plutôt que d'être accusée demain de complicité avec les coupables de l'autogénocide contemporain.

Devant l'esclavage de la femme, dans l'empire romain, elle s'est élevée farouchement17.

17. Le couple est né de la primauté de la personne sur la famille, promue par l'Eglise. Durant le premier siècle, elle a défendu envers et contre tout, la femme et l'enfant contre la toute-puissance masculine et paternelle. Les filles qui voulaient se consacrer à Dieu durent s'opposer tragiquement, et parfois jusqu'au sang répandu, à l'autocratisme abusif de leurs pères. « Nous sommes libres ! » Ce sont elles qui ont courageusement frayé la brèche du libre choix d'amour dans le mariage. Même acharnement de l'Eglise contre le meurtre des enfants, les Romaines ne gardant souvent que les garçons pour le service militaire et une seule fille pour la reproduction. C'est encore l'Eglise qui a fini par faire abolir l'esclavage, en y mettant quatre siècles. Les patriciennes chrétiennes qui affranchissaient leurs esclaves, parfois par dizaine de milliers, ont provoqué de vrais krashs financiers et complètement déstabilisé l'ordre établi.

Dans 20 ans, on comprendra que si l'Eglise n'avait pas été là, il ne resterait plus rien d'humain dans l'humanité 18.

18. N'est-elle pas toujours là sur la brèche, aux frontières où l'homme souffre ? Qui a créé en Europe, puis au Tiers-Monde, jusqu'à tout récemment, les premiers hôpitaux, orphelinats, léproseries, écoles, universités? L'Eglise. En Afrique, partout, je l'ai constaté.

L'Eglise en retard d'un train ? Allons donc ! En avance sur demain.

En retard d'un problème ? En avance d'une question !

En retard d'une révolution ? En avance sur l'évolution !

 

 

DURE ET PURE ? NON, TENDRE ET VRAIE!

 

 

Comprends-tu maintenant, pourquoi l'Eglise peut paraître tranchante parfois dans ses prises de position, sans compromissions. C'est que dans les choses aussi graves que les manipulations génétiques ou les perversions de l'amour, il en va de la survie même de l'espèce humaine. Dans l'immense naufrage de toutes les valeurs, il faut ce roc de diamant, ce socle d'existence auquel amarrer, en toute sécurité, nos embarcations prenant eau de toutes parts, et se laissant entraîner par le courant à toutes les dérives.

De plus en plus de non-croyants sont attirés vers elle, simplement en raison de ses certitudes absolues, inconditionnelles, quand elle parle corps, amour et vie 19.

19. «Je vous avoue que cet homme-là dans notre monde déliquescent, me fascine. Il représente la « résistance » dans notre débâcle spirituelle, et il est bien le seul. » Ménie Grégoire, à propos de Jean-Paul II. « Nous appréciions beaucoup que l ?Eglise enseignât des vérités données par Dieu une fois pour toutes, que les commandements de Dieu ne fussent pas soumis à des changements futiles dus à l'époque. Le maximalisme de la prédication chrétienne nous plaisait : vivre pour les choses pour lesquelles on voulait et pouvait mourir. Ignorants, nous avions cependant, ce qui à notre époque est peut-être plus appréciable que les connaissances : une confiance illimitée envers l'Eglise, une foi dans chacune de ses paroles, de ses mouvements, de ses exigences. Hier encore, nous ne reconnaissions aucune autorité, aucune norme. Aujourd'hui, nous acceptions ce salut venu à nous par le miracle qu'était notre Eglise, comme une vérité inconditionnée, absolue, en détail comme dans l'ensemble. ». Tatiana Goritcheva. Typique la question de lycéens de Paris au cardinal Lustiger : « Vous l'Eglise, vous les adultes, vous les vieux, n'avez-vous pas manqué de courage en ne nous prévenant pas de ce que nous devions faire, en matière de morale et de sexualité ? » (Cardinal Lustiger, Le Choix de Dieu, Editions Olivier Orban, p. 423.)

 

Pour elle : arracher l'amour à la mort, c'est une question de vie.

Restituer la vie au corps, c'est une question d'amour.

Pour elle : pas de science, sans con-science ;

pas de conscience, sans connaissance ;

pas de connaissance, sans espérance ;

et pas d'espérance pour l'homme, sans expérience de Dieu.

Et encore : pas d'éthique sans mystique ;

pas de vie sexuelle sans vie spirituelle ;

pas de science génétique sans sens eucharistique.

Car, pour elle encore :

plus il y a de foi, moins il y a de loi ;

plus il y a de communion, moins il y a de consommation ;

plus il y a de confiance, moins il y a de violence ;

plus il y a d'héroïsme, moins il y a d'égoïsme ;

et moins il y a d'égoïsme, moins il y aura d'érotisme.

 

 

MAIS LAISSE-LES DONC S'ENLACER!

 

 

Enfin, comprends que dans sa manière de dire, elle peut être gauche, maladroite, manquer de tact. C'est tellement difficile pour elle de parler en même temps pour tous les peuples de la terre, tout en étant attentive à chacun comme s'il était seul au monde. De parler en voyant très loin, en fonction de l'avenir de l'humanité, tout en demeurant toute proche de ton problème concret, ici et aujourd'hui 20. Sa grande question, quand elle doit parler: comment éviter le divorce entre amour et vérité, exigence et miséricorde : deux « couples » à jamais mariés dans le Cœur de Dieu.

20. C'est pourquoi, quand le pape parle, de manière forcément globale et générale, c'est aux pasteurs sur place à transposer, dans une fidélité totale, au plan local et personnel.

Ne rien compromettre de la vérité, ne rien galvauder de 1' amour 2l.

21. « Seule la vérité remporte la victoire. Mais la victoire de la vérité, c'est l'amour. » Saint Augustin.

L'amour sans la vérité: du flirt.

La vérité sans l'amour: du bluff.

La vérité, c'est le magnésium de l'amour et l'amour le calcium de la vie.

L'amour demande que soit criée la vérité.

Qu'en toi, vérité et amour, exigence et miséricorde, s'étreignent dans un enlacement que rien ne pourra rompre ! Alors leur enfant sera : bonheur !

 

 

AIME-LA POUR LA RENDRE BELLE

 

 

Comprends que l'apparente « sévérité » de l'Eglise n'est que l'envers de son immense tendresse. Elle voit le meilleur en toi : elle veut à tout prix le protéger, quitte à te protéger contre toi-même. Ses exigences sont celles de ton propre cœur. Elle ose beaucoup te demander, car elle sait que tu es assez grand pour y répondre. Et que cela répond à ce que tu portes de plus grand. Elle t'estime à ta propre valeur. Elle vise pour toi le maximum de ce dont tu es capable. Si jamais l'Eglise a pu te décevoir, te blesser — en ses membres aussi pécheurs que toi — alors j'ose te le demander: «Veux-tu lui pardonner? T'engages-tu à la rendre plus transparente à Jésus ? Telle que tu la rêves ? Telle qu'il la rêve ? Vos rêves à tous les deux, ne coïncident-ils pas ? »

 

 

CE MONT-DE-LA-JOIE : MONDE DE DEMAIN.

 

 

Mais qu'est-ce qu'elle est belle, cette Eglise en train de retrouver partout une jeunesse neuve, une ardeur entraînante, un fantastique élan, un souffle nouveau.

Sur une colline perdue du N.O. de l'Espagne, nous étions plus de 500.000 jeunes, venus de tous les pays du monde, à pied, à cheval, en VTT (Vélo tout terrain), en planche à voile, formant un fleuve gigantesque. Convoqués par un simple clin d'œil d'un petit bonhomme tout en blanc: notre Jean-Paul. Quel autre homme au monde, est-il capable de rassembler, où il veut, dans les bleds les plus paumés, des jeunes du monde entier, et cela par centaines de mille ?

Je les ai entendus, après des semaines de marche et de bivouacs, applaudir à tout craquer, quand résonnait dans la nuit: «Respectez l'amour! Vivez la liberté de la chasteté ! Ne vous laissez pas avoir par les marchands d'illusion ! Construisez les familles rayonnantes de l'an 2000!».

Fantastique contagion du bonheur de croire ! Prodigieux impact de la Vérité, rejoignant la vérité profonde que tout être porte au tréfonds de lui-même !

Sur le Mont de la Joie — avec 500.000 jeunes remplaçant les quelques 5.000 arbres : vision de l'Eglise de demain. Il y avait là les parents, les consacrés, les prêtres, les politiciens, les décideurs, les artistes, les créateurs, les martyrs du début du troisième millénaire.

Ces jeunes de toutes races, peuples et langues : vibrante et vivante prophétie de l'Église de demain, et déjà d'aujourd'hui.

C'était à Compostelle, le 20 Août 1989.

 

 

4. UN BONHEUR : LÈVE-TOI !

 

Face à ce raz de marée noire, toute une jeunesse se lève. Elle refuse de se laisser manipuler. Elle en a assez des adultes projetant sur elle leurs phantasmes d'il y a 25 ans. Elle exige la beauté, réclame la vérité. En elle, le sens de l'amour, de la famille, de la vie, est resté comme intact. Miraculeusement 22. Elle refuse le dilemme mortel : préservatifs ou contagion. Elle fraye la brèche à la troisième voie, la seule qui ait l'avenir pour elle : la pureté 23. Ces jeunes ne sont pas chrétiens pour autant.

22. Si l'attente des jeunes est si forte par rapport à la famille aujourd'hui, c'est qu'elle peut combler trois de leurs besoins fondamentaux. Primo: être reconnu comme unique, ceci dans un monde anonyme. Secundo : être en sécurité, dans un monde agressif. Tertio : être entouré, dans un monde de solitude. Pour eux, la famille doit répondre à toutes ces attentes non-comblées.

23. Dans les pays Scandinaves et nord-américains, nombre de revues porno et de sex-shops font faillite (1972 : 72 millions de lecteurs de Playboy. 1986 : 3,4 millions). Le mot même de « chasteté » revient à la page dans les pages de magazines qui n'ont absolument rien de chrétien. Dans le « courrier sexuel » de Podium (novembre 1987) : « II n'y a aucune honte à être vierge à 20 ans. Vous êtes loin d'être la seule dans ce cas, car de plus en plus de filles se réservent pour le garçon qu'elles aimeront vraiment. » A une fille de 16 ans : « Votre mère a parfaitement raison de s'opposer à votre mariage avec un homme de 50 ans. » A Sophie, 13 ans, que son petit ami oblige à avoir des rapports sexuels avec ses amis à lui : « Cessez donc immédiatement tout rapport avec votre petit ami, qu'on peut qualifier de proxénète. C'est honteux. L'amour ne doit pas être aveugle ! » Ton très nouveau, dans une revue qui récemment encourageait une sexualité tous azimuts. La dernière campagne anti-sida de la ville de New-York prônait officiellement et publiquement la chasteté et la fidélité conjugale.

Simplement hommes et femmes. Ils refusent ce que même les animaux ne font pas, et ce pour quoi on voudrait les exploiter. Ils refusent au nom même de leur humanité. Ils sont de toutes tendances politiques, religieuses ou sociales : immense espérance !

Ils se liguent contre cette pornographie insolente, triomphante, omniprésente, obsédante, matraquante. Tant de jeunes, surtout de filles, se sentent continuellement humiliées, outragées, bafouées 24.

24. N'hésite pas, comme les jeunes de « Média-Vérité », à réagir sans agressivité, mais avec fermeté : fais et fais faire le boycott des articles utilisant le porno pour faire vendre. Achète de préférence au kiosque qui étale le moins de cochonneries et explique à la petite dame qui le tient, pour l'encourager. Remercie les revues qui veulent rester propres. Ecris à tel producteur d'émission, tel auteur de BD, tel compositeur pour dire pourquoi tu te sens blessé. Dis ta foi ! Suggère du positif !

Ils disent non à la pression sociale qui déferle dans ce qu'ils veulent garder comme leur jardin secret, odieuse ingérence dans leur intimité. Le sexe a trop de prix à leurs yeux, pour qu'ils acceptent de le voir galvauder à tout prix. L'amour, ils veulent l'arracher au créneau « consommation-programmation » pour le restituer à la gratuité, à l'imprévisible.

 

 

ARRACHER AUX LABOS, LES ENFANTS-CADEAUX

 

 

Ils s'insurgent contre ces manipulations génétiques, devant lesquelles, tous, nous sommes soudain saisis de vertige. Tous, simplement en tant qu'homme. Ils ne veulent pas d'un enfant — chef-d'œuvre entre tous — réduit à n'être qu'un objet calibré, fabriqué en série, traité en matière première. Accepté si conforme, éliminé si pas conforme.

Ils veulent qu'il soit désiré et non programmé. Reçu et non produit. Sujet de joie et d'amour et non objet de contrat, de sélection et de commerce. Ils ne veulent pas de ces embryons obtenus en labo, matériau biologique disponible à gogo pour expérimentations tous azimuts.

Ils veulent des parents libres, et non des techniciens décidant arbitrairement qui faire vivre et qui faire mourir. Ils ne veulent pas que l'amour soit débranché du corps, ni la vie déconnectée de l'amour. Ni d'autre lieu d'éclosion de la vie que le corps. Ils veulent préserver l'intimité amoureuse et nuptiale de l'effraction des techniques. Arracher l'enfant aux manipulateurs scientifiques, avant sa naissance. Aux exploiteurs cyniques, après.

Et ces enfants, ils les désirent pour arracher notre monde à son narcissisme, pour le rendre à son a-venir. Avec chaque enfant, n'est-ce pas quelque chose de neuf qui commence ? Ils veulent des familles prophétiques.

 

 

ARRACHER L'ESPÉRANCE A LA SÉNESCENCE

 

 

Ils se rebiffent contre toute gabegie de l'amour et de la vie, écœurés qu'ils sont par ces parodies amoureuses où l'homme devient plus inerte qu'une statue de sel !

Ils veulent prendre toutes les mesures pour parer à un gigantesque krach financier : à force d'émettre des tonnes de billets-papiers, sans aucune couverture-or, c'est l'inflation, la chute libre des prix — du prix et de la liberté et de l'amour.

Le mot même « amour », ils sont décidés à l'arracher à la boue et à la cendre. Ils savent qu'il ne sera pas racheté par notre silence, mais bel et bien purifié par notre conscience : celle de sa valeur infinie. L'amour, n'est-il pas l'unique étalon-or de toutes les autres valeurs ?

Ils récusent le vieillissement prématuré, la sénescence juvénile 25 ! Ils n'en veulent plus de ces filles de 16 ans, à qui on en donne déjà 30. Et celles de 30 déjà 50 ! Ils veulent rester jeunes. Ils veulent protéger et la clarté de leurs yeux, et la fraîcheur de leur visage, et la virginité de leur cœur. Comme si tout se tenait.

25. En évangélisant hier dans le quartier de Saint-Denis à Paris, me revenait ce mot de la Bible : « Ses jeunes gens étaient plus éclatants que neige, plus vermeil que le corail était leur corps, leur teint était de saphir... et voici : leur visage est plus sombre que la suie, leur peau colle à leurs os. Dans les rues, on ne les reconnaît même plus ! » (Lamentations, 4-7).

Ils protestent contre le conformisme bête et aveugle ! Ils refusent de s'embourgeoiser dans des habitudes de société. D'être grégaires 26. Ils ne veulent pas en rester à de vieux clichés dépassés, à des slogans sentant le rance, à des comportements périmés, à des idées toutes faites. Naguère, on disait : pas de mariage ! Vive la co-habita-tion (co-hésitation) juvénile ! Aujourd'hui, on dit : sans mariage, l'humanité se détruit ! Naguère : le sexe, c'est pour s'amuser ! Aujourd'hui : c'est pour vivre l'amour et servir la vie. Et voici une race qu'on croyait en voie de disparition qui brusquement réapparaît : les fiancés !

26. D'une revue qui n'a rien de chrétien : « On ne perçoit plus l'abstinence comme un manque, mais au contraire comme une phase indispensable et nécessaire de la libido. On redécouvre dans la chasteté les vertus de contrôle, de maîtrise de soi, de respect de l'autre, d'équilibre. La continence involontaire est de l'ordre de la frustration. La continence volontaire est choisie. Mourir de faim ou choisir de refuser de la nourriture pour un meilleur équilibre, ce n'est pas la même chose... Contre les puissances de pression de la société, c'est une rébellion douce qu'ils inventent, c'est une liberté personnelle qu'ils arborent. La religion du tout pour le sexe leur paraît aussi cinglée que celle des interdits. C'est une même insupportable pression. Des témoignages abondent ! « Ras le bol de ce tintamarre autour de la sexualité.. J'ai décidé d'arrêter complètement... Ça surprend comme si je venais d'une autre planète, d'une civilisation plus avancée. » « Je suis devenue continente... Cela m'a complètement transformée. Les hommes ne me regardent pas de la même manière. Comme s'ils se rendaient compte que je suis dans un monde différent, plus haut. Les vrais rapports humains valent mieux que tout... » « La continence est le rituel qui vous prépare aux préludes de la fête. » « II faut apprendre à respecter les rythmes biologiques... sinon, c'est le stress. Notre sexualité naturelle comporte des phases actives et des phases de repos... » Revue Vital, octobre 1983.

 

 

CONTESTER L'IMPURETÉ, EN ATTESTANT LA LIBERTE

 

 

Adolescence, jeunesse : c'est le temps des expériences fortes. Fais donc cette expérience, exaltante entre toutes, de la maîtrise de toi-même, de la pureté. Donc de la liberté. Tu en es capable. Tu es plus grand que tu ne le penses.

Un grand nombre la font. Ils en sont fiers et heureux. Leur bonheur a quelque chose de rayonnant, leur visage quelque chose de lumineux. Qui ne trompe pas. Garçons et filles magnifiquement libres. Dans un monde hyper-érotisé, cela demande une liberté intérieure, un courage extraordinaire, de dire simplement : « Non, je ne couche pas avec toi, parce que je t'aime trop pour cela ! » Je suis toujours bouleversé de voir tant de jeunes, vivant dans des lycées où presque tout le monde a des relations sexuelles, protégés, j'oserais dire miraculeusement. Ils ont une pureté qui ne peut être donnée que par le Seigneur.

Ils rendent témoignage à la vie, précisément en posant un des actes les plus forts qu'ils puissent poser : se refuser aux provocations de l'impureté. A quelque prix que ce soit.

On parle beaucoup des enfants qui se prostituent -pardon : qu'on prostitue ! — des jeunes couchant ensemble. Qui parle de ceux — bien plus nombreux qu'on ne pense -qui ont le courage de « ramer à contre-courant » ?

Je repense à ces jeunes Croates témoignant de leur habitude là-bas, entre jeunes chrétiens de faire entre eux une alliance de respect mutuel.

Je connais des jeunes qui, dans tel centre universitaire, refusent de participer à des jeux pour le moins ambigus, dans des érotiques « discos ». Des enfants se font tabasser dans leur internat : ils refusent d'être sodomisés. Je dis : ce sont des petits héros. Des saints en herbe. Déjà préparés aux persécutions plus violentes. Ils sont de la trempe de ces jeunes gens d'Ouganda, brûlés vifs plutôt que de céder à leur roi pédéraste. D'une Maria Goretti (Italie 1910), d'une Karolina Kotska (Pologne 1914), d'une Anwarita au cœur transpercé par la lance du colonel à qui elle se refusait (Zaïre 1962) et que Jean-Paul II vient de canoniser, au nom de tant d'autres 27.

27. Encore tout récemment, ce 4 octobre 1987: Antonia Mesina (1935) et Pierina Morosini (1957), toutes les deux tuées plutôt qu'être violées. « Marcel, Pierina et Antonia vous sont remis à vous les jeunes, en tant que témoins d'un amour en marche , capable de voir au-delà de l'humain de voir Dieu, voir l'invisible. Ils vous sont remis comme un exemple de foi mûrie, libre de tout compromis, comme un hymne d'espoir à l'égard des nouvelles générations, que l'Esprit continue d'appeler aux sources de l'Evangile. Aujourd'hui, ils sont placés dans un moment annonciateur pour annoncer la joie, celle de glorifier le Christ en son propre corps. En lui présentant la parole de vie, ils crient leur message avec la force silencieuse du martyre et, avec leur jeune sang, ils chantent au Christ, Roi et Seigneur des martyrs hier, aujourd'hui et demain. » Jean-Paul II, le 4 octobre 1987.

Et je pense à plusieurs prostituées maintenant consacrées à Dieu, et franchement épanouies. A tant de femmes qui devaient vendre leur corps pour vivre et qui, maintenant l'ont confié à leur Seigneur pour toujours. Nul n'est jamais trop loin pour Dieu. Pour Lui, nul n'est jamais trop sale, trop blessé, trop paumé.

A l'heure actuelle, la pureté, comme la non-violence, est une des plus fortes contestations d'un monde clos sur lui-même, et par le fait même condamné à l'asphyxie spirituelle. Elle est respiration à pleins poumons dans un monde qui étouffe.

Pour nous, jeunes occidentaux, sans cesse matraqués par une publicité effrontée : rester chaste, cela relève de l'héroïsme. Mais l'héroïsme est la vraie réponse à l'éro-tisme. Il nous faut un surcroît de tendresse, à la mesure de nos tristesses. Un surcroît de force, à la mesure de notre fragilité. A la mesure des moyens sataniques mis en œuvre pour nous corrompre : il nous faut l'Esprit de Dieu ! Il nous faut l'Eglise de Dieu ! Il nous faut savoir qui nous sommes ! Il nous faut être qui nous sommes.

Avec ce peuple de l'espérance, ouvre-toi sur demain. Ne te distance pas des pelotons d'avant-garde. Cap sur ton à-venir !

 

 

CAP  2000

 

Et sur l'horizon-avenir, la crête de l'an 2000. Seuil décisif qui marque le bimillénaire de la Révolution de l'Amour : celle où l'Amour, où Dieu, a pris mon corps. Pour m'aimer à travers et son corps et le mien (Terme technique: l'Incarnation).

Ce qui sera célébré, re-actualisé alors, c'est précisément ce triple mystère de Y Amour, de la Vie, du Corps. Désormais à jamais inséparables l'un de l'autre. D'ici là, c'est ce qui doit être le plus annoncé, creusé, vécu.

C'est aussi ce qui est le plus attaqué. Tout se passe aujourd'hui comme si l'Ennemi n'ayant pu atteindre l'Enfant de la crèche, se venge sur les enfants innocents, dans le massacre contemporain par les Hérode d'aujourd'hui 28. N'ayant pu violer la pureté de la Vierge Marie et de saint Joseph, il se venge sur celle des jeunes d'aujourd'hui 29. N'ayant pu détruire la Famille, sainte entre toutes, de Nazareth, il se venge sur les familles d'aujourd'hui, pour les détruire tant qu'il peut. N'ayant pu limoger Dieu dans sa faiblesse extrême, il se venge sur toutes les faiblesses 30.

28. 50 millions d'enfants avortés par an dans le monde.

29. 100 millions d'enfants victimes de guerre, misère, prostitution.

30. Personnes euthanasiées par milliers en Hollande, chaque année.

Jaloux, de la conception virginale de Jésus (sans père selon la chair), il la plagie par les familles monoparentales. Ce qui est visé par le Destructeur et le Menteur, c'est chaque fois Dieu en son Enfance. C'est donc cela même dont je dois vivre, en protégeant, en promouvant, en épanouissant, partout et à tous les prix : l'Amour, la Vie, le Corps. L'enfant. Dieu. Dieu. Dieu.

 

 

II - LE CORPS : AU RADAR DU CŒUR

 

« Le corps est pour le Seigneur et le Seigneur est pour le corps. Votre corps est un temple du Saint-Esprit qui est en vous. Rendez gloire à Dieu dans votre corps ! »

Saint Paul aux chrétiens de Corinthe, 1ère lettre 6, 13-20

 

« Adoration du corps ? Non, jamais ! Mépris du corps ? Pas davantage ! Maîtrise du corps ? Oui ! Transfiguration du corps ? Plus encore ! »

Jean-Paul II aux jeunes, Parc des Princes, Paris 1980

 

A l'origine, Dieu regarde longuement

Tout ce qu'il vient d'inventer, d'imaginer, de faire.

Comme un enfant, il s'en émerveille.

«Tout cela, comme c'est beau et bon!»

Tout, sauf une chose, une lacune : «Pour l'homme, être seul n'est pas bon!»

Et de donner à l'homme, la femme.

Don du Cœur de Dieu à travers la blessure de l'homme.

Il les confie l'un à l'autre. La femme est la dernière à être créée. De toute la création, elle est le sommet, La fine pointe, l'achèvement.

Après, Dieu peut se reposer, Content de son chef d'œuvre, Confiant sur sa mise en œuvre.

Et l'homme de partager l'émerveillement du Créateur. Un seul cri jaillit de ses profondeurs : «Celle-ci est bien la chair de ma chair» !

Par eux, ensemble, inséparablement, il va continuer à inventer, à créer, inlassablement.

Il ne sera plus seul à faire jaillir la vie.

La beauté d'Adam et d'Eve : ultime joie de Dieu ! *

* Sur une admirable fresque d'une église romane du massif central, l'iconographe orthodoxe Nicolas Greshni, a peint Eve s'élançant d'un bond du côté ouvert d'Adam, et se jettant, en tout premier dans les bras du Christ-Créateur, qui tendrement la regarda longuement et l'étreint. Son tout premier amour, c'est LUI !

 

 

1. MON CORPS, C'EST QUOI ? C'EST QUI ?

 

 

Petite théologie en vue d'une saine écologie du corps

 

 

DÉRIVES ET DÉVIANCES

 

 

Tant de conceptions erronées, de demi-vérités sur le corps, courent les rues.

Pour le Platonisme, c'est une sorte de prison dans laquelle la malheureuse petite âme se ballade et dont elle cherche à se délivrer au plus vite. Le corps est ici une chose franchement mauvaise ; et le manichéisme en rajoutera !

Pour les philosophies extrême-orientales, c'est une sorte d'enveloppe interchangeable, ce qui permettrait d'avoir des dizaines, si ce n'est des centaines de formes corporelles différentes. L'âme transmigrant de l'une à l'autre, d'une existence à une autre 1. Le corps, là aussi, est complètement débranché de l'âme et on se demande bien quel est leur lien profond ! 2

1. Voir : H.V. von Balthazar, Des bords du Gange aux rives du Jourdain, Éditions Saint-Paul.

2. Le fait que l'hindouisme dissocie si radicalement corps et âme peut rendre compte d'un paradoxe : alors qu'en soi il vise une totale maîtrise de la sexualité — et y parvient en fait —, il vire facilement à la sensualité. Alors que le Hatha-Yoga prône une chasteté rigoureuse, il peut dégénérer en érotisme à peine déguisé, du moins pour les occidentaux qui s'y initient. Il faut avoir l'honnêteté de le reconnaître. Un tel travestissement, dû au climat érotique actuel (mais qui exploite habilement la publicité du « Yoga commercial ») sera certes récusé par les authentiques Yogin. Il reste qu'une des visées de base du Yoga est de récupérer l'énergie sexuelle, considérée comme la vibration subtile de base, en la sublimant, en la spiritualisant, n'est pas à entendre dans le sens d'une « transfiguration ». D'ailleurs, toute l'imagerie crûment érotique des arts hindous, témoigne de cette sorte d'obsession du sexe, omniprésente dans l'hindouisme. Comment le Yoga pourrait-il en être indemne ?

Pour l'occidental moyen, il n'est le plus souvent qu'un outil de travail, un objet de luxe, si ce n'est un gadget de plaisir.

Chacune de ces dérives conceptuelles implique et entraîne des déviances sexuelles. Elles ont en commun de mépriser le corps, de le réduire à quelque chose d'extérieur à moi-même, à quelque chose d'au moins très secondaire : une espèce d'accessoire, débranché de la personne.

Mais, au fond, qu'en est-il vraiment ? Comment, Dieu, Lui, voit-il ce corps qu'il m'a donné, qu'il a pétri de ses propres mains? D'autant plus qu'il a voulu pour Lui-même un corps, tellement il en a d'estime, tellement il aime, tellement il le mesure à sa juste valeur, qui est infinie, éternelle ! 3

3. Les pages qui suivent risquent d'ê.tre un peu ardues pour certains. Si tu n'y comprends pas grand chose, tu peux les sauter, et passer au chapitre suivant. Mais l'effort en vaut la peine : tu comprendras mieux les conséquences sur la sexualité d'une vision juste du corps. Il ne faut pas avoir peur de creuser : on vit de manière trop superficielle. Et c'est terriblement déstabilisant. Et si certaines choses ici te paraissent difficiles, tu saisiras plus tard, ou bien, ayant terminé ce livre, tu pourras y revenir.

 

 

CE CORPS QUE JE SUIS

 

 

Le corps n'est pas une chose. Il est quelqu'un. Il est moi-même. Il est la personne que je suis.

Mais ma personne ne se réduit pas à mon corps : je ne suis pas une bête perfectionnée. Une bête n'a pas une âme qui jamais ne mourra (jamais après la mort, une bête n'apparaît à quelqu'un, comme les saints le font parfois), ni un esprit capable de maîtriser l'univers.

Ma personne ne se réduit pas non plus à mon âme : je ne suis ni un ange, ni un esprit. Par mon corps, je suis rivé au cosmos, ancré dans une histoire, intégré dans la texture du temps et de l'espace. En moi, l'âme et le corps sont inséparables à jamais. Non pas contenant et contenu, geôle et prisonnier, mais constituant ensemble ce que je suis dans une intégration mutuelle 4. Intégration que biologie et médecine contemporaine ne font que confirmer. Ame et corps n'existent que l'un par rapport à l'autre, sans qu'aucun des deux ne se réduise à l'autre. L'âme anime le corps. Le corps exprime l'âme.

4. Dans la Bible, l'âme-souffle Inephesh) est synonyme de vie, vie qu'elle reçoit du Souffle même de Dieu (Genèse 2, 7-7, 22). « Une âme c'est un homme, c'est quelqu'un. Les âmes sont des êtres de chair en qui a été déposée une semence de vie, germe d'éternité. » A la différence du platonisme, âme (psyché) et esprit (pneuma) sont distingués. L'esprit, reçu de Dieu, fait de l'homme une âme vivante. « Le souffle demeure inséparable du corps qu'il anime. Il indique la manière dont la vie concrète se manifeste en l'homme. Aussi l'âme est-elle identifiée au sang, c'est le sang même. » (d'après VTB : âme.) Pour saint Paul, le corps exprime la personne. Il est éternel. Ce qui est caduc est périssable (donc le péché), relève de la chair (ainsi le cadavre, jamais appelé corps). Mais parce que la chair peut maintenir le corps en esclavage, le Christ nous a dépouillés du corps charnel, du corps du péché qui va à la mort. Dans le langage courant actuel (comme dans ce livre), c'est plutôt le mot psychisme qui désigne ce que la Bible entend par âme (du grec : psyché) et le mot âme, ou « cœur profond » ou « fine pointe de l'esprit » qui recouvre ce que saint Paul appelle l'esprit, ce qui en soi est spirituel et éternel.

Je n'habite pas mon corps. Je suis mon corps. Mon corps c'est moi. Mais moi en tant que donné aux autres, en tant que relatif aux autres, enraciné dans une situation concrète.

Si je n'étais pas un corps, je n'aurais pas eu besoin, pour venir au monde, de cet homme et de cette femme qui ont dû s'unir — et je l'espère, d'abord s'aimer — pour me donner la vie. Les anges, eux, n'ont pas de parents : ils n'ont pas de corps.

Si je n'étais pas un corps, je n'aurais aucun besoin des autres, ni pour exister, ni pour me nourrir (que de personnes en chair et en chaînes, par exemple, sont nécessaires pour qu'existé ce repas qui sustente ma vie !)

 

 

CE CORPS QUI ME RELIE AUX AUTRES

 

 

Mon corps me rend dépendant de la société et me permet de devenir moi-même. Par mon corps, je me livre aux autres et me reçois d'eux. Je m'affirme et me dépossède. Il m'est une richesse, et me rend pauvre de moi-même : redevable aux autres. A travers lui s'exerce la complémentarité. Par lui l'humanité devient ma  famille 5.

5. « Le corps est un sacrement primordial, un signe qui transmet dans le monde visible les mystères invisibles... En tant que sexué, il exprime la vocation à la réciprocité comme à l'amour et au don mutuel de soi. » Orientations éducatives sur l'amour humain, Rome 1983. «Le corps humain est la manifestation de la personne même. Le corps est la personne même en sa visibilité. » (Introduction à Donum Vitae, Rome, mars 87.)

Mon corps, c'est moi en tant que relié à la création. Par mon corps, je plonge mes racines dans le cosmos qui est comme un grand corps prolongé. C'est par mon corps que je.suis soumis à toutes les contraintes géographiques et historiques. Que je suis, en mon être physique, quelque peu conditionné par les données atmosphériques et planétaires !

Mon corps me programme dans l'espace et le temps , mais tout en étant le terrain même où s'acquiert ma liberté. Je ne suis jamais pré-programme, pré-conditionné. J'ai le pouvoir de jouer avec les données brutes, de le déjouer, de les maîtriser. Comme un skieur en slalom : les obstacles deviennent autant de victoires. Et le slalom est plus sportif que le simple « shuss » : j'y exerce la maîtrise de mon corps.

De même ce que vit mon corps va marquer profondément mon être : qui nierait les effets positifs de la relaxation sur le psychisme des personnes ?

 

 

QUI VOILE MON INTIMITÉ ET DÉVOILE MON IDENTITÉ

 

 

Le corps est l'expression, la manifestation de l'âme. Sourire ou rictus sur les lèvres, nuages ou éclairs dans les yeux, tics involontaires, mots lâchés, ton dans la voix : combien de signes qui t'échappent et te trahissent !

C'est le langage de mon être : la tendresse que vit mon cœur va s'exprimer dans un baiser, une étreinte, un mouvement sexuel. Ce que je fais de mon corps révèle ce que je suis. Mais ce que je suis, je le sais si peu !

Mais en même temps, il y a comme une distance entre mon corps et mon âme : je ne m'y reconnais pas totalement. Comme une relation perturbée — et donc ambiguë — entre eux. En même temps, il est ce par quoi je me dis, et, en même temps, ce qui m'empêche de me livrer totalement : il permet de protéger mon jardin secret. Il me protège vers le monde extérieur tout en me barricadant dans un univers intérieur. Certaines personnes sont tellement mal dans leur peau qu'elles ressentent leur corps comme une sorte de pesanteur, de barrière entre elles et les autres. Le visage même peut tromper : il peut devenir un masque ! On a peur de se montrer. La manière dont je m'habille, me coiffe, me maquille, vont me façonner un   personnage : est-ce celui que je suis réellement ou celui que je veux paraître ?

Bref, le corps m'est opacité et ouverture : il masque mon intimité, tout en révélant mon identité. Car en même temps, le corps c'est moi, c'est quelqu'un et, en même temps, c'est encore quelque chose. Je le ressens dans la douleur physique qui peut me rendre prisonnier du corps. Il devient comme une sorte de chambre de torture où je suis enfermé!... Et Dieu sait que la souffrance corporelle peut être destructive aussi, et que l'âme n'arrive pas toujours à l'assumer.

Combien une maladie — voire un simple malaise — peut me « mettre par terre ». Une rage de dent, un mal de crâne : et me voilà incapable de penser !

 

 

JE FAIS MON CORPS ET MON CORPS ME FAIT

 

 

Le corps est aussi unique que l'âme. Changer de corps reviendrait à devenir un autre être. L'âme individualise le corps, ou plutôt le personnalise, ce qui est tout à fait autre chose. En sens inverse, la manière dont j'emploie mon corps me chosifie ou me personnalise 6.

6. « L'homme achevé est un ensemble qui forme une unité, composée de l'âme qui reçoit l'Esprit du Père, et qui est une avec la chair modelée selon l'image de Dieu. » (Irénée de Lyon, Adv. Haer., V, 6 ,l.)

Le corps ne m'est pas donné préfabriqué. Je le crée avec le temps. Si le corps est le langage de l'âme, l'âme forge le corps peu à peu à son image. Ils grandissent ensemble l'un par l'autre. L'un formant l'autre dans une nouvelle transparence.

« La vie du corps, c'est un cœur paisible,

et le cœur modèle le visage. »

Livre des Proverbes, 14, 30 ; 15, 13

Comme il est parfois dur de vivre avec son corps ! De l'accepter tel qu'il est, surtout à l'adolescence où nous sommes en pleine mutation. Dur de vivre avec ce corps, car dur de vivre tout court ! Dur de devenir vraiment ce que je suis !

 

 

VISAGE ET MAINS OÙ TRANSPARAÎT LE CŒUR

 

 

Pourquoi n'y a-t-il pas sur ta carte d'identité une photo de ton genou ou de ton épaule ? Mais bien celle de ton profil, de ton visage, et parfois tes empreintes digitales.

Le visage et les mains ! Ce sont les seuls membres vraiment transparents à la personne, les seuls où je me trahis moi-même, où je me livre, où l'on peut deviner -deviner seulement, mais enfin deviner tout de même -qui je suis ! Quel est mon cœur profond !

Tandis que les autres membres n'en révèlent rien : ils relèvent de l'espèce. Ils ont une sorte d'anonymat, d'impersonnalité ! Ce sont les mêmes pour tous les êtres humains, à quelques détails morphologiques près.

C'est pourquoi, il y a cette honte naturelle de la nudité : j'ai peur d'être vu ailleurs que là où précisément je me révèle le plus. Peur d'être regardé en dehors de mon regard où je me donne et communique. Peur d'être ravalé au rang d'objet, et finalement aliéné. L'animal n'a pas honte d'être nu : il n'a pas d'âme.

Dans le livre de la Genèse, tout à coup Adam et Eve s'aperçoivent qu'ils sont nus! Constat pathétique! Sur quoi donc s'ouvrent leurs yeux sinon sur leur sexe? Pourtant il n'est pas nouveau ! C'est leur regard qui a changé, qui de contemplatif est devenu voyeur, convoiteur, consommateur. « Ils virent qu'ils étaient nus », veut dire : ils ne se regardèrent plus dans le visage 7. Leurs yeux ont perdu leur transparence, leurs corps ne baignent plus dans la lumière 8.

7. « Lorsque la chasteté n'est plus chaste, lorsque la vierge n'est plus vierge, alors le corps est véritablement nu... » (Mère Theresa de Calcutta.)

8. « La femme était jusqu'à ce moment regardée dans les yeux. Elle se mirait à son tour dans ceux de son mari. Un reflet de l'amour trinitaire les embellissait tous deux. Les fenêtres qui les ouvraient l'un à l'autre sur leur intimité respective, en incluant la dimension charnelle, les ouvraient en même temps sur l'intériorité de Dieu. Et soudain, c'est la descente. La femme a vu, probablement la première, que des yeux ne regardaient plus son visage. Ils s'abaissaient. Ils devenaient agressifs et gloutons. De sexe ; de son sexe. Comme on devient glouton d'un fruit ou d'une huître. Comme on devient avide d'un objet. La femme s'est jugée avilie par l'envie qu'on avait d'elle. «On», son mari qui jusque-là l'avait étreinte dans la tendresse. Sa honte est venue de l'agressivité dont elle était l'objet. C'était un instinct de défense, une protestation, une affirmation de noblesse, un non au viol. » (Francis Voile, Joyeuse Lumière, juillet 1987.)

Ce qu'on appelle la pudeur — d'un mot moins usé que neuf, parce qu'oublié ! — est cet instinct de préservation d'une intimité, instinct de défense devant l'effraction de cette intimité. (Voir plus loin : « L'amour éveille l'amour »). Elle sonne l'alarme, puis protège du danger. Etaler sans gêne sa nudité est de l'ordre de l'agression. Car la beauté du nu ne provoque plus à une admiration gratuite, à un émerveillement contemplatif, comme il en était au Paradis. Elle excite à la consommation. Elle provoque à la copulation « La nudité est liée intimement à l'amour. L'amour vrai s'il réclame la nudité se la réserve ». Spontanément on se retire pour s'unir.

 

 

CE VÊTEMENT QUI ENNOBLIT LE CORPS

 

 

C'est pourquoi dans tous les pays, à tous les âges du monde, à mesure qu'il sort de l'animalité, l'homme s'habille. Et pas seulement pour se protéger des intempéries, ni par coquetterie, mais en vertu d'un étrange instinct que n'ont jamais possédé les bêtes. Le vêtement est ainsi devenu une composante essentielle de la civilisation, partout où l'on a laissé s'exprimer un élan de nature. Le nudisme intégral conduit à l'animalité. Il est retour à l'état primitif. Régression. Déchéance 9.

9. D'ailleurs, il n'y aurait qu'un pas pour que le nudisme généralisé sur nos plages ne conduisent à la libre copulation publique. Comme c'est déjà le cas sur certaines plages du Brésil devenues : « amourodromes » (enamorodromos) protégés par la police !

Alors que le vêtement exprime merveilleusement, non seulement les goûts, la finesse d'une personne, mais aussi toute une culture (passionnant, le Musée du Vêtement à Paris !). Chaque époque, comme chaque milieu social se trahit par le vêtement. C'est un des plus beaux langages qui nous soit donné ! Facteur de beauté, il valorise admirablement le corps, tout en maintenant l'attraction des sexes : une lumière tamisée permet de voir, sans que l'éclat du soleil ne crève les yeux !

« On ne rougit pas de ce qui nous est étranger » et si tu rougis de la nudité de ton corps, c'est précisément que c'est toi-même. La pudeur c'est ce qui permet d'être regardé au visage, et non au sexe, c'est-à-dire tout simplement d'être regardé ! C'est pourquoi le visage et les mains sont les seuls membres que le vêtement ne cache habituellement pas 10.

10. Typique qu'aujourd'hui des femmes de plus en plus dévêtues ne sachent même pas qu'elles sont nues!

Mains et visage sont privilégiés par le christianisme, négligés par l'hindouisme 11.

11. Je m'inspire ici de la remarquable conférence d'Olivier Clément au Congrès de la jeunesse orthodoxe (Avignon, novembre 1980), reprise et développée dans une série de ses articles par France Catholique de février-mars 1981. Voir aussi: La révolte de l'Esprit, page 337 sv. Les phrases entre guillemets, dans les pages qui suivent, en sont extraites.

Les mains : les gestes liturgiques chrétiens sont centrés sur l'attitude des bras et des mains 12. Les postures du Hatha-Yoga, sur les jambes, le bassin et la colonne vertébrale. Le Bouddha tient ses mains devant son pénis. La Croix ouvre toutes grandes les mains du Christ.

12. Mains ouvertes jointes, levées, tendues vers le Ciel, imposées sur les frères. « Comme les attitudes du coips sont innombrables, celle où nous levons les yeux au ciel, doit sûrement être préférée à toutes les autres pour exprimer dans le corps l'image des dispositions de l'âme pendant la prière. » (Origène, La Prière, 31.)

Mais pour saisir sur le vif la différence radicale entre la conception chrétienne de l'homme et celle des religions orientales, qu'il suffise de comparer le visage éthéré, neutralisé de Bouddha 13et celui — compromis jusqu'à la défiguration — du Suaire de Turin. D'un côté : failles camouflées ; un masque réussi. De l'autre : blessures consenties et offertes ; un visage adorable. Une impassibilité obtenue, une vulnérabilité accueillie. Une sérénité aseptisée, une beauté meurtrie. Un silence replié sur soi, un recueillement ouvert à l'autre. Un au-dedans hermétique, une intériorité accessible par ses blessures mêmes. Une absence, une Présence : deux mondes.

13. « Dans les sculptures en Inde, les corps sont unis, mais les visages séparés, absorbés dans une méditation solitaire. » O. Clément. Car pour l'Inde, l'absolu est impersonnel. Dieu est l'Etre Suprême, certes, mais sans parole et sans visage. Philosophie essentiellement moniste, toute personnalité distincte n'est qu'illusion (maya). La création elle-même n'ayant pas de consistance propre, est maya. Le moi se dissout dans l'impersonnel, dans l'anonymat d'un grand Tout : la poupée de sel dans l'océan. Le Samadhi, le Satori ou le Nirvana, impliquent finalement une perte d'identité personnelle. L'homme y perd la parole et le visage. Plus personne qu'il pourrait écouter et regarder. Plus personne à qui s'affronter ou à qui se livrer. Plus personne qui l'appelle par son nom et lui donne d'être ce qu'il est : vertige du vide, où l'on se précipite, dans une sorte de suicide intérieur, « un suicide à pente douce ».

 

 

PAS DEUX COMME TOI !

 

 

Une chose ne cesse de me bouleverser : penser que nulle part dans le monde, parmi les quatre milliards d'êtres humains actuellement en vie, personne n'a exactement les traits de mon visage, l'intonation de ma voix, les teintes de mon regard. Bien plus : parmi les milliards de milliards d'hommes qui ont existé ou existeront, pas un visage ne sera identique au mien, car personne n'a jamais eu et n'aura mon cœur. Tu te rends compte ! Cela veut dire : pas deux comme toi ! Personne, jamais, jamais et nulle part ne sera toi !

Merveille de profusion et de précision, tellement dans le style de Dieu : sur les 50 à 100 millions de spermatozoïdes que comporte chaque éjaculation de sperme, un seul vient féconder l'ovule, dont un seul point de la coque est vulnérable pour l'accueillir ! La Parole de Dieu dans la Bible : « Dès le sein maternel, je t'ai choisi », veut donc dire : c'est bien Lui qui a choisi cet unique spermatozoïde parmi des milliards par lequel tu as été conçu. Pour que tu sois effectivement unique parmi des milliards d'êtres, chacun aussi unique que toi.

Par ailleurs, le code génétique mémorise toutes les données contribuant à la construction d'un individu. Et ces particularités sont à ce point individualisés qu'il n'y a qu'une probabilité sur quatre millions de trouver deux personnes possédant les mêmes caractéristiques 14.

14. Le code génétique véritable point de départ de l'être, est un agrégat de cellules qui, déployé, ferait plusieurs fois la distance de la terre à la lune ! Tout y est déjà inscrit, depuis la couleur de nos yeux à ces empreintes digitales, elles aussi uniques au monde. Au point que la police anglaise arrive maintenant à détecter des violeurs à partir de l'analyse combinée du sperme, des empreintes digitales et du sang (Méthode du Dr. Alec Jeffreys de Leicester). Est déjà potentiellement inscrit dans notre code, notre cerveau avec ses 1500 cm3 comprenant 100 milliards de neurones, et 1015 de synapses (connexions nerveuses). (A côté d'une telle complexité, une galaxie de 1011 étoiles, qui ne donnerait pas la vie est « aussi simple qu'un tas de cailloux par rapport au Parthénon !) Mais alors que le cerveau est constitué de cellules qui vont mourir (le soma ) les cellules sexuelles de la reproduction (ou cellules germinales, le germen) se reproduisent perpétuellement dans une durée indéfinie ! Et malgré cette programmation extraordinaire-ment miniaturisée, ma liberté est plus grande que celle d'un animal. L'abeille nait avec toute la ruche dans son code génétique. Elle n'a pas besoin d'apprendre. De même le singe, complètement séparé de ses parents et de tout, sait tout d'instinct. Mais le fils de Mozart n'a pas le solfège inscrit dans son code, ni celui d'Einstein la relativité ! Notre liberté, c'est de créer. (Voir Professeur Chaunu, Du Big-Bang à l'enfant, Desclée de Brouwer, 1987, pp 50 ss.)

Cela veut dire encore : tu es aimé d'un amour absolument unique ! Et si Dieu cessait de poser sur toi, à chaque fraction de seconde, un regard chargé de tendresse, un regard te donnant — instant après instant — la vie, tu cesserais à cet instant même d'exister : je ne verrais plus que tes jeans, baskets et peut-être lunettes, là par terre devant moi. Mais de Florence, Marc, Eric ou Marie-Emmanuelle : plus rien. Tu m'entends : plus rien de rien ! Ton existence est suspendue à un amour incessant. Et tu ne le sais pas...

 

 

RE-DÉCOUVRIR MON CORPS !

 

 

« N'ayez pas peur de vous battre — c'est une lutte actuellement — contre toutes les caricatures de l'amour. Ne joue pas avec ton corps, c'est quelque chose de tellement beau ! Maintenant, je l'ai découvert. Avant, je me demandais qu'est-ce que cette carcasse qu'on avait enfilée là ? Je ne me trouvais pas bien, j'étais disloqué. Dieu est venu me remettre en harmonie avec moi-même, il n'y a pas si longtemps. Mais c'est dans la prière et le sacrement du Pardon que tout se rééquilibre... Dieu est venu me rejoindre en cette blessure qu'il y avait en moi. Un soir, j'étais parti prier avec les autres, et pendant la prière, en voyant mes mains, je me touche la peau et j'eus l'impression de redécouvrir mon corps... et d'avoir une peau toute neuve. »

Christophe, 27 ans.

 

 

...ET D'OÙ PEUT JAILLIR UNE EXISTENCE !

 

 

Pense à cette chose tellement bouleversante — mais qu'on ne réalise pas, étant habitués aux choses les plus extraordinaires : le sperme — ou l'ovule — est porteur de moi-même ! J'oserais dire que s'y profile déjà une partie du visage de l'enfant possible, dont je pourrais être le co-créateur. Et donc ce n'est pas une matière neutre, mais une substance déjà presque personnifiée, en « passe » de devenir quelqu'un !

Et comme le visage, comme le regard, comme les yeux où déjà passe quelque chose de moi-même, eh bien! par l'ovule ou le sperme se donne une partie de moi. Les organes génitaux sont donc des membres infiniment précieux : d'un prix sans nom. Tu ne jouerais pas avec tes yeux, encore moins avec ton âme : pourquoi donc jouer avec ton sexe ? Ce sexe capable de transmettre un peu de ce que tu es, capable de donner le plus beau de toi : la vie, ta vie !

Plus seulement de le montrer (comme pour les mains ou le visage), d'y communiquer un reflet de ce que je suis ou pense, mais de faire sortir de moi un peu de ce que je suis, pour en faire une autre personne 15.

15. Ceci sera développé dans le tome II : Ton corps fait pour la vie.

Ici on touche du doigt à quel point la personne en son identité la plus profonde, et non seulement en sa liberté, est atteinte. On entend dire, c'est comme l'acte de manger ou de boire ! Mais forcer un ado à avaler sa soupe, va-t-il le perturber à ce point ? 16 Va-t-il risquer l'éclosion d'une vie ?

16. «Affirmer que l'acte sexuel est un acte instinctif comme le sommeil ou la faim est le comble de l'ignorance. » Gandhi. Voir au chapitre suivant: «La masturbation: maturation ou perturbation ».

 

 

UN MIROIR AUX ALOUETTES ?

 

 

L'attrait physique est quelque chose de super. Il prouve combien corps et cœur sont indissociablement liés. Toute beauté physique est reflet de la beauté au-delà de toute beauté, du Créateur. Elle peut être amorce de l'amour, mais aussi piège pour le cœur. Elle peut ne pas correspondre avec la beauté intérieure. Bien sûr, l'idéal c'est l'harmonie parfaite entre les deux : on en rêvera toute sa vie ! Grâce à Dieu, cela existe. Et Dieu veuille qu'on trouve cette perle rare.

Mais il se peut aussi que derrière le charme physique, on découvre un cœur fermé, un être violent, un tempérament arrogant. On a l'impression d'avoir été dupé. Je n'ai jamais pu me faire à cette distorsion, qui doit venir de la faille originelle.

Et puis, le charme physique, ça s'estompe. Simplement avec le temps. Mais aussi, bien plus rapidement et tristement, par l'usure d'une sexualité effrénée : rien ne vieillit autant. Et c'est le paradoxe : tu déflores cette beauté même qui t'attirait, cette fraîcheur qui te fascinait : « L'homme tue ce qu'il aime ! »

Ou bien, ce peut être l'handicap physique, la maladie, qui défigure ou simplement altère les traits. Alors, que reste-t-il si ton amour ne misait que sur la morphologie ?

Très étrangement, un amour authentique peut parfois commencer et grandir sans grand attrait physique, alors qu'un violent attrait physique peut n'impliquer ou n'entraîner aucun amour vrai. Surtout ne t'imagine pas qu'un mouvement sexuel spontané, devant telle fille, tel garçon, est à lui seul clignotant avertisseur d'amour ! Mais en général, comme elle est étroite cette mutuelle imbrication entre le sentiment intérieur et ses retentissements dans le corps ! 16b.

16b. En fait le «centre moteur» de la sexualité se trouve dans le cerveau. La stimulation de la pensée provoque la stimulation sexuelle.

« Depuis 30 ans, on a découvert que sur les représentations imagina-tives du corps humain dans le cerveau, les organes génitaux sont représentés séparés du corps. Comme s'ils étaient les seules parties du corps en contact direct avec le siège des émotions» (Prof. Lejeune Congrès de Strasbourg, 9 Avril 1989).

 

« Je suis une fille de Dieu, et mon cœur à tout instant hurle : « Je veux t'aimer Seigneur plus que tout ». C'est le cri de mon cœur, et ma vie ne peut pas le réaliser.

« Je t'ouvre le sanctuaire de Jésus que je suis sensée être ; je crois que Jésus, que la Sainte Trinité demeure en moi, mais j'ai une grande gêne, je suis dégoûtée de moi-même. Mon corps me dégoûte, et j'ai honte, je me ferme comme Adam et Eve à l'amour de Jésus. Tu sais, je suis malade, fiévreuse intérieurement. J'ai eu, voilà trois ans, un passage « d'affection » dans ma vie. J'ai connu la sexualité, moi qui jusqu'alors ne savais rien de tout cela. J'ai vécu l'homosexualité et pourtant mon but était de vivre une belle amitié. J'ai prié et j'ai eu la force de stopper, mais je suis si tourmenté, si asphyxiée. Il arrive que des jours cette affection me manque, alors parfois je tombe à genoux en criant : « Au secours, Sainte Vierge Marie», et souvent, je suis aigrie sur moi-même et tout cela se répercute sur les autres. Il m'arrive de me masturber, et tout cela ne me mène qu'à un vide. Je sens que ma vie intérieure n 'est pas en communion avec ma vie physique.

« J'aime tant la vie, et je suis arrivée au stade de dire, de penser, à me trancher la gorge. Je suis donnée à Jésus avec toute ma saleté. Je peux te dire que personne au monde n'a fait battre mon cœur autant que Jésus et pourtant je l'ai trahi. Je suis l'épouse infidèle et je désire revenir à la maison... »

 

 

2. MA CHAIR N'EST QU'UN CRI !

 

 

« Avec Toi, Seigneur, je n'ai pas d'autre désir !

Vers Toi, ma chair n'est qu'un cri !

Et mon cœur , d'amour, se consume ! »

Psaume 72, 25.

 

 

CET ACTE OÙ JE M'INVESTIS TOUT ENTIER...

 

 

Et dans ce corps, la sexualité est la manière principale où, dans la différence et le complémentarité, va jouer ma relation aux autres et à Dieu, dont elle est un cadeau splendide. Voulue comme telle, par Lui-même.

 

« La sexualité est une composante fondamentale de la personnalité, une de ses façons d'exister, de se manifester, de communiquer avec les autres, de ressentir, d'exprimer et de vivre l'amour humain. Elle caractérise l'homme et la femme non seulement sur le plan physique, mais aussi sur le plan psychologique et spirituel, marquant chacune de leurs expressions 17 ».

 

17. «La sexualité est une richesse de toute la personne — corps, sentiment et âme — et manifeste sa signification intime en portant la personne au don de soi dans l'amour. Du moment que l'homme, dans les faits, est incliné à réduire la sexualité à la seule expérience génitale, on explique les réactions tendant à dévaluer le sexe, comme si par nature il était indigne de l'homme. Les présentes orientations veulent s'opposer à une telle dévalorisation. » Orientations éducatives sur l'amour humain, Rome 1983. (Ce document, élaboré par le Vatican, est une excellente synthèse de la pensée de l'Eglise catholique sur ces problèmes... Quand je le citerai, je mettrai juste : Orientations.)

Et son expression la plus forte sur le plan physique, sera la « génitalité » : l'acte sexuel proprement dit18.

18. Sexualité et génitalité, étroitement liées ne se confondent donc pas. La génitalité implique l'aspect physiologique de la transmission de la vie, alors que la sexualité englobe l'être en sa totalité. Bref, l'union sexuelle est bien plus que le simple accouplement.

Mais tout ce qui précède veut dire quoi ? Eh bien ! qu'une relation sexuelle ne se réduira jamais à un acte neutre. On ne peut la débrancher de l'âme. C'est toute la personne qui s'y implique. Parce que ce corps, c'est toi : aucun échange physique ne peut avoir lieu sans que ton âme n'y soit investie. Et l'âme de ton partenaire, atteinte. Et c'est bien ce qui en fait et toute la gravité et toute la majesté. D'où les retentissements loin, très loin, dans les profondeurs de l'être. La preuve : à quel point un viol, surtout le viol d'un enfant, peut traumatiser ! Il peut laisser des lésions psychiques pour la vie entière ! Des blessures telles que le Seigneur seul peut les guérir. Médecins et prêtres, qui reçoivent certaines confidences, pourraient témoigner de ces terribles ravages, et spirituels et psychologiques.

 

 

 

DÉCODER CE CRI DU CORPS

 

 

Ce besoin si violent de passer aussi rapidement à l'expression génitale, n'est-ce pas un message ? Comment le déchiffrer ?

Ne s'y cache-t-il pas une angoisse qui cherche à se soulager ?

Chez le garçon, c'est la sourde inquiétude de ne pas être assez viril, d'être incapable, impuissant. Tu manques de confiance en toi-même, d'espérance en ce que tu peux devenir : « Je veux coucher avec toi » se traduit : « Suis-je un homme ? Puis-je donner la vie ? »

Ce peut être aussi : « Puisque tu ne m'ouvres pas (encore) ton cœur, qu'au moins je pénètre ton corps ! Je finirai bien par atteindre ton cœur. En attendant je me contente de ton corps ! »

Du côté de la fille, c'est plutôt : « Est-ce que je plais, est-ce que j'attire ? » Elle doute d'elle-même. Elle veut se le prouver. « Dis-moi que je suis belle ! Que quelqu'un veut bien de moi».

 

En effet, « il est plus facile pour une fille de croire que son corps est désirable que d'accepter que sa personne est aimable. Mais ce ne sont pas les relations sexuelles qui lui démontrent que sa personne est aimable et qu'elle est importante. Qui lui assure, alors, que c'est pour sa grâce intérieure et sa beauté profonde que son ami la désire, et non pour l'attirance de son corps?» 19

 

19. Christian Beaulieu, Jeunes, Amour et Sexualité, Ed. du Cerf, p. 72

Chez le garçon, ce peut-être le besoin d'affirmer son pouvoir, de dominer : « Vois comme je suis fort ! » Chez la fille, le besoin de prendre sa revanche. De manipuler à son tour. De dominer le garçon, en le tenant en laisse...

D'un côté comme de l'autre, le cri lancé : « Finalement, suis-je important pour toi ? » Mais le paradoxe :        « Dans le flirt, on cherche à être important pour l'autre, et on ne considère pas l'autre comme important. Alors c'est vite le désespoir », comme me le disaient quelques jeunes récemment. Ajoutant : « On drague pour se rassurer, on cherche une sécurité, mais comme on se laisse tomber aussi sec, on est de plus en plus insécurisé... » 20

20. «J'ai vécu une expérience de l'amour super: j'existais, j'étais autre, j'étais heureuse... Cela s'est terminé. Aujourd'hui même l'amitié ne me fait pas retrouver ces instants de bonheur. Mais maintenant j'ai peur de recommencer, peur de l'autre, de mes réactions, de l'amour. Je ne sais plus ce que je veux, la vie n'est plus la vie ! » « J'ai été seule aux sports d'hiver. Le moniteur m'a fait du charme... Quel chagrin quand il m'a fait comprendre au moment du départ que c'était sans lendemain. J'ai cru que je ne pourrais pas le supporter. »

 

 

FIXÉ SUR LE SEXUEL, CAR FRUSTRÉ DE L'ESSENTIEL

 

 

« Libérer le désir sexuel dans un monde clos par la mort, où Dieu est rejeté, c'est exactement libérer un fauve enragé, enragé par l'absence de sa proie, parce qu'il ne trouve pas finalement ce qu'il cherche » (Olivier Clément, ouvrage cité).

 

La jouissance sexuelle est indéfiniment renouvelée : n'est-ce pas un « mime » d'infini ? Pendant qu'il dure, le temps ne compte plus : plagia d'éternité ? Mais précisément, il est toujours à recommencer, toujours transitoire : ce n'est ni l'infini, ni l'éternité !

Au fin fond du désir sexuel, n'y a-t-il pas comme une nostalgie d'un lieu où n'existe rien d'autre que le bonheur d'aimer? D'une personne dont personne, jamais ne pourra nous séparer ? D'une beauté que rien, jamais, ne pourra déflorer ? D'un visage qu'aucune ride ne viendra faner ? Nostalgie d'une plénitude, dont les plus beaux moments d'amour ne sont que l'approche tâtonnante ? Les sex-shops prouvent et le vide du cœur et son attente d'un ailleurs. Ils crient que l'homme rêve toujours et crève d'amour.

Et si cet amour, cet ailleurs, cette plénitude, ce visage, cette beauté, ce bonheur, c'était... Dieu? Dieu refoulé, voilà tes besoins d'amour non pas transférés, mais exacerbés 21 ! C'est quoi qui fait le succès monstre du marché du sexe ? Le besoin fou de tendresse qui habite le cœur de l'homme. Besoin si rarement assouvi ! D'où sa perpétuelle insatisfaction ! Bien sûr, on peut connaître un amour grand, pur, beau et fort, sans pour autant connaître Dieu. Pourtant, sans en savoir la source, c'est de Dieu même que vient tout ce qu'il y a de grand, de pur, de beau et de fort dans cet amour.

2l. Franck n'écrivait-il pas: «Je crois bien que c'est Dieu que je cherchais dans tous ces partenaires, multipliés à l'infini. » Son cœur n'était-il pas en quête d'infini ?

Et de son côté à Lui, comme ce besoin fou de donner de l'amour et d'en recevoir doit Le bouleverser ! Il y reconnaît, comme en négatif, son Visage. Chaque acte sexuel — même impur — comme chaque acte de violence, est un gigantesque appel à la vie, à Sa Vie, un S.O.S. déchirant. On peut vivre sans le savoir. Mais quel bonheur en plus, quand on le sait !

Aimer, comme tu rêves d'aimer, le peux-tu vraiment en dehors de Lui ?

 

 

S.O.S.: SOCIÉTÉ OBSÉDÉE DE SEXE

SOLITUDE OUVERTE AU SEIGNEUR

 

 

Parce qu'on sait si peu se mobiliser pour une grande cause humaine, se dépenser en petits services d'amour, se dévouer auprès des plus faibles, lutter pour la paix et la justice, bref, ouvrir mille débouchés à l'amour, alors ne reste que le sexe. Gigantesque abcès de fixation d'un monde qui s'ennuie. Qui s'ennuie de ne plus savoir ni où ni comment investir ses capacités d'aimer : le champ visuel se rétrécit. Il ne voit plus qu'un seul point. Tout s'y ramène.

Alors que l'horizon de l'amour est sans limites. Appel aux espaces infinis. Aussi, tout désir du cœur qui n'est pas équilibré par un immense désir de Dieu risque d'être déçu, un jour ou l'autre. Sera-t-il jamais vraiment comblant ? Ton cœur crie qu'il est fait pour autre chose que l'argent, autre chose que le sexe. Qu'il est plus grand que ses problèmes. Plus grand que le monde. Oui, ce monde, il est trop petit pour ton cœur. Tu éclates. Tu as envie de tout faire sauter. Tu pleures, tu cries. Pleurer, crier, ça fait partie de l'amour, non ? Pleurer, crier, pour détendre les muscles crispés du cœur !

Avoue-le, la plus grande des souffrances : personne ne fait vraiment appel à toi. Personne n'a besoin de toi ! Tu n'es utile, tu n'es nécessaire à personne. Pour personne, tu n'es irremplaçable. Tu ne comptes pour personne. Pour personne tu n'existes. Alors, à quoi bon exister? Dans chaque relation sexuelle, c'est ton cœur qui crie : « Est-ce que j'existe pour toi ? Est-ce que je compte pour toi ? Dis-moi que je ne suis pas seul au monde ! »

Tu cherches à t'arracher à ta solitude ! Désespérément. Tu cherches un partenaire qui soit à la hauteur de ton cœur. Et tu ne le trouves pas ! Amères, les redescentes! Chaque fois, tu te retrouves plus seul encore qu'avant !

 

 

MON COEUR QUI RÊVE D'UN PREMIER AMOUR

 

 

« Depuis toute petite, j'avais subi pas mal de sévices sexuels de la part de mes frères, de mon parrain. D'horreurs en abominations, on sent son corps comme quelque chose de répugnant. La seule chose qui intéressait mon pauvre père, c'était la dégradation de l'homme et de la femme. Plus que pour des animaux, seul le sexe comptait. A 12-13 ans, je comprenais qu'il n'y a que ça qui plaisait à l'humain, aussi je rêvais d'être prostituée pour que les gens soient « heureux ». Je me laissais entraîner par le flot, insensible à la vie, aux saisons qui passaient. Comme dans un souterrain, sans lumière ni joie. Tout était centré sur la jouissance, mais aussi la tendresse, la sécurité : se reposer sur quelqu'un ! Mais je ne savais pas que ce que je faisais était mal. Je priais très, très souvent Marie. Et puis, je suis entrée dans le Renouveau. Je ne voulais plus manquer ma prière, comme avant je ne voulais pas manquer une fête. Avec Marie, toute pécheresse que je suis, je m'en vais vite reposer sur le Cœur de Jésus quand j'ai mal. J'ai pleuré, pleuré, et Marie étouffait mes pleurs en me serrant contre son Cœur. Jésus, II est trop pur, mais juste pour moi. Et sa pureté qui me faisait peur, maintenant me rassure. « Jésus, mon frère, mon ami, donne-moi un corps de lumière, pour que je puisse te regarder sans crainte, toi et mes frères. Jésus, délivre-moi de mes chaînes.Mon cœur de prostituée, le voilà ! Mon cœur qui rêvait d'un premier amour, le voilà ! Mon cœur où palpitent les derniers battements d'ailes d'un papillon de printemps! Mon cœur qui ne peut te parler que lorsque je redeviens enfant ! »

Geneviève, 17 ans.

 

Qui que tu sois, où que tu sois, quel que soit le visage de ton cœur ou les virages de ta vie, tu ne peux vivre sans te reposer sur quelqu'un. Et si, toi aussi, tu laissais Jésus s'offrir comme ton repos, le repos de ton cœur? Ton cœur peut-être déjà usé à mal-aimer. Peut-être déjà flétri, mais qui rêve toujours, toujours d'un premier amour, d'un amour qui n'a jamais été donné, d'un amour qui soit à la hauteur de ton cœur. Oui, trouver quelqu'un qui soit digne de ton amour, digne de ta fabuleuse capacité d'aimer et de se donner. Ton cœur n'est pas vide, mais trop plein d'un amour qui n'a jamais trouvé quelqu'un en qui il puisse se déverser.

C'était dans une église de la ville de Québec. A la fin de la messe, une douzaine de filles qui faisaient le trottoir sont montées à l'autel me confier leur bouleversement. Entrées par simple curiosité, intriguées par une église pleine de jeunes, un soir de semaine. Au moment où elles entrent, je lis cette lettre de Geneviève. Elles en sont transpercées, Maintenant, libérées de leurs chaînes, elles vivent en joyeuses enfants de Dieu. Tant de femmes qui devaient vendre leur corps pour vivre, l'ont maintenant confié à leur Seigneur pour toujours. Nul n'est jamais trop loin, trop sale, trop blessé pour Dieu.

Jésus veut devenir pour toi ce premier amour, dont tu rêves depuis toujours. Alors tout amour y trouvera et sa profondeur et sa saveur et ses couleurs. Tu connaîtras les saisons, toujours neuves de l'amour. Loin de t'arracher à un amour humain, il humanise l'amour, l'arrache à ses souterrains, lui donne un visage de printemps, le jette en plein soleil.

 

 

3. D'ÉTRANGES FISSURES : UNE SEXUALITÉ BLESSÉE

 

 

« A la brise du soir, Dieu se promène dans le jardin.

Il appelle l'homme :

— « Où es-tu ? »

— « J'ai peur : je suis nu. »

— « Qu'as-tu donc fait? »…

Livre de la Genèse, 3, 8

 

Mais tout n'est pas si simple ! Notre sexualité n'est plus transparente à la lumière. Une opacité, une pesanteur vient la troubler. Une tragique déconnexion peut se faire entre attraction du sexe et transmission de la vie. Entre amour et fécondité. Entre sexualité et génitalité. Entre sexe et personne. Entre cœur et corps. Entre joie et jouissance.

A tous les niveaux, que de failles possibles ! Toutes dues, en dernière instance, à un séisme originel : au péché premier qui a déclenché toute la suite, brèche par où le mal a déferlé sur le monde. Nous devons donc assumer une sexualité blessée, qui est à guérir, comme on soigne un accidenté. Une sexualité dégradée, qui est à restaurer, comme on restaure un tableau endommagé.

Une sexualité fissurée qui est à reconstruire, comme on refait une maison sinistrée.

Travail de longue haleine, mais tellement passionnant ! Travail re-créateur. Fascinant de travailler à faire émerger l'amour de ses caricatures, jaillir la vie de ses contrefaçons... Délivrer la personne de ses aliénations. Et l'on voit alors la sexualité retrouver peu à peu son intégralité.

Mais d'abord voir bien en face, ces maladies de l'amour, ces handicaps de la vie, pour savoir comment en guérir, comment s'en sortir. Ou simplement comment s'en prémunir.

Ces multiples distorsions nous feront mieux saisir, par la négative, à quel point et ïamour et la vie sont inhérents au mystère de notre corps. Par contraste avec ces exemples en creux, sera ainsi mis en relief la splendeur de notre sexualité humaine. La lucidité sur le mal fait pressentir la limpidité de la beauté.

 

 

1. LA MASTURBATION : MATURATION OU PERTURBATION?

 

 

L'AUTO-ÉROTISME: UN CIRCUIT FERMÉ? 22

 

 

Elle est moins perversion que perturbation, et plus ou moins profonde. Cela semble innocent, naturel. On n'y fait même plus attention. On ne se pose même pas de question : « C'est inévitable, pour ne pas dire bénéfique.

22. Il est très difficile de parler en même temps de la masturbation chez l’homme et la femme, ce phénomène se présentant alors de manière totalement différente. Plus facile chez l'homme, beaucoup plus profond (impliquant davantage volonté et action) chez la femme. Donc, plus rare mais plus «marquant» et d'une certaine manière plus dangereuse chez elle. Dans ces pages, il s'agit davantage du pdv masculin, plus fréquent et habituel.

Cela entretient ses capacités sexuelles, pour mieux les exercer avec d'autres. C'est nécessaire à l'épanouissement psychique, à l'équilibre physique, au bien-être général. Et puis, c'est tellement facile et tellement amusant ! On porte avec soi, toujours et partout, un jeu aux plaisirs jamais émoussés. » D'abord, précisons plusieurs choses (excuse les détails, mais pour être clair, il faut être précis).

1. La masturbation implique un orgasme voulu, recherché, provoqué. Ce qui, en dernière instance, relève d'un acte délibéré de consentement (quelles que soient les compromissions avec notre faiblesse). Un mouvement sexuel spontané est innocent si on ne lui donne pas suite exprès, pour aller jusqu'à l'orgasme. De même si cela se passe dans un demi-sommeil, où la volonté n'est guère éveillée. Ne confonds donc pas éjaculation involontaire et excitation volontaire.

2. Bien sûr, de manière inhabituelle, accidentelle, relevant d'une faiblesse passagère, se masturber est moins grave. Et qui donc n'a jamais glissé sur cette peau de banane, ne fut-ce qu'en passant ? Mais le problème est que l'acte ponctuel se multiplie si facilement ! Comme s'il engendrait le suivant. Et si vite, l'habitude est prise (comme les verres d'alcool qui se rapprochent de plus en plus...). On s'y enfonce, comme dans un bourbier: plus tu gesticules pour t'en sortir, plus tu t'embourbes dans la vase ! Combien m'en parlent effectivement comme d'un handicap dont ils ne savent comment guérir ! Comme d'une humiliation personnelle. Leur souffrance n'est pas à prendre à la légère. On n'a pas le droit d'en sourire ou de feindre l'ignorance.

 

 

MASTURBATION = COMPENSATION, RÉCUPÉRATION, DÉCEPTION

 

 

Mais enfin, pourquoi donc la masturbation est-elle, en fin de compte, si peu épanouissante, si peu équilibrante ? Pourquoi ne donne-t-elle pas de vraie joie, alors même qu'elle est satisfaction physique? Et tous peuvent l'avouer s'ils sont vrais avec eux-mêmes.

1. La masturbation semble aller de soi, mais en fait, elle renferme sur soi. Elle te tourne vers toi-même, te replie sur toi-même, t'emprisonne en toi-même, car te fait jouir de toi-même. Et jouir de toi-même finit par te rendre difficile de te réjouir de l'autre. La masturbation quand elle devient habitude peut entraver ton élan vers l'autre, les autres. La sexualité — et donc tout ton être — s'y débranche d'une personne à aimer, à qui se donner, pour qui se dévouer. Tu te blottis dans un petit cocon : le tien. Même sur messageries-minitel, comme le contact est distant, irréel, artificiel ! Sur le petit écran, n'est-ce pas encore toi que tu projettes ? 23

23. Typique que sur un grand nombre de lignes, ce soit des garçons qui se font passer pour filles : travestissement à distance !

2. Ne te vient-elle pas surtout dans les périodes de solitude, lorsque tu ne te sens pas entouré, aimé, mais rejeté, sinon blessé par les autres : « Si les autres ne m'aiment pas, moi au moins, je m'aime » (Symptomati-que : tu le pratiques dans les lieux et moments où tu es effectivement seul. Lorsque d'autres sont là, l'envie s'estompe ou la honte t'en empêche.) Finalement, c'est une recherche — parfois désespérée — de simple tendresse, mais d'une impossible tendresse : comment s'aimer soi-même ainsi sans virer au narcissisme, et qui sait ? — à l'égoïsme, qui en est la sœur jumelle. Finalement n'est-ce pas un phénomène de compensation face à des déceptions ? Tu te rattrapes avec toi-même, tu te récupères à la petite cuillère. Et alors, qu'en retires-tu? Qu'en retiens-tu ?

 

 

UN GHETTO POUR SORTIR DU POINT ZÉRO ?

 

 

Alarme signalant qu'une côte d'alerte a été dépassée : on déprime, on balise, on galère. Mais s'enfermer dans un ghetto, va-t-il te redonner de repartir à zéro ? Dans la joie de vivre et d'aimer? Malheur aux parents, aux éducateurs qui devant un phénomène de masturbation haute-dose d'un adolescent qui s'est confié à eux, l'accablent de reproches ou de sarcasmes. Ou pire peut-être : minimisent le phénomène. Si ce n'est l'encouragent... Ils se bouchent les oreilles à un cri. Et n'en tenant aucun compte, c'est ce jeune qu'ils ne prennent pas au sérieux. Autre forme de mépris. Banaliser l'acte, c'est marginaliser le jeune : le rejeter plus loin encore dans sa solitude... Rejet et solitude qui le pousseront à s'évader dans l'imaginaire : la drogue, c'est la masturbation de l'imaginaire, et la masturbation la drogue de l'imaginaire.

On fuit une réalité trop dure : à tout prix oublier l'espace d'un moment, une réalité qu'on a peur d'affronter. Ici encore : décoder le S.O.S. D'où vient cette peur du réel qui pousse l'affectivité à tourner en circuit fermé ?

L'immaturité affective veut jouir d'être aimé, sans l'effort et la responsabilité d'aimer, de se donner. La maturité impliquant et l'ouverture à l'autre et l'affrontement au réel ; la masturbation finit par court-circuiter la maturation.

 

 

PRÉPARE TES FUTURS RAPPORTS CONJUGAUX.

 

 

Autre conséquence à long terme d'une masturbation enracinée : la difficulté plus tard à maîtriser l'éjaculation lors d'un rapport sexuel. La rapidité, la quasi immédiateté de l'éjaculation par rapport à l'érection, empêche une synchronisation des deux organes, celui de l'homme étant déclenché trop rapidement (souvent avant même la pénétration).

D'où: frustration de la fille, sentiment d'échec chez le garçon. Souvent alors humilié par la fille : «tu ne sais pas faire!» D'où, parfois, repli de celui-ci sur l'homosexualité, après un certain nombre de ces «coups ratés».

Combien de jeunes épouses m'ont confié leur cruelle déception devant les maladresses sexuelles de leur conjoint, venant souvent d'une habitude chez eux, précoce et enracinée, de la masturbation. De plus, elle tend à faire d'un rapport sexuel plus une masturbation à deux, qu'un véritable don d'amour. D'où : satisfaction immédiate du garçon, mais au prix d'une frustration cruelle chez la fille.

Savoir que tu prépares la «réussite» de tes actes conjugaux futurs, et par là même l'harmonie avec ta future épouse, te stimulera, te motivera pour, dès l'adolescence, lutter pour une saine maîtrise de ta sexualité. Ton conjoint futur t'en sera profondément reconnaissante.

 

 

DES SOPHISMES MANQUANT DE RÉALISME

 

 

On entend souvent dire: si l'obsession est trop violente, le désir trop exacerbé, la chair trop excitée, il vaut mieux passer rapidement à l'acte pour en être soulagé. La pureté de l'imagination passerait donc par l'impureté ? C'est manquer de réalisme élémentaire, car l'acte à son tour va déclencher une nouvelle image : cercle vicieux ici encore.

On entend souvent dire que se masturber est aussi anodin que saliver ou pleurer, jouissance physique en plus... Et pourtant l'expérience — et peut-être la tienne — crie exactement le contraire : quand ton cœur éprouve une tendresse, est-ce que tu te mets spontanément à cracher? As-tu honte de te moucher en public? Te souviens-tu de chaque circonstance où tu as avalé ? Mais surtout, un peu de bon sens simplement : salive ou larme peuvent-ils faire exister une personne humaine ? Peut-il en jaillir une éternité ? 24 Non et non, les organes génitaux ne sont pas le plus amusant des joujoux !

24. Un garçon de 14 ans m'avouait que la première fois qu'il s'était masturbé, il avait été traversé par ce flash : « Si je continue, je ne pourrai pas me marier : je manipule la vie. »

On entend souvent dire qu'avoir une relation sexuelle avec un(e) partenaire est moins grave qu'avec soi-même, parce que ce serait plus « naturel », davantage dans l'ordre des choses voulu par le Créateur. Et pour beaucoup c'est justement ce qui justifie leurs coucheries : mieux vaut fuir dans le réel que dans l'imaginaire ! En théorie, ce peut être vrai, mais en fait, dans ce dilemne, la masturbation est sûrement un moindre mal. Au moins ton manque de respect n'altère que toi : tu ne blesses et n'abîmes pas un(e) autre... 25

25. Il se peut que tu aies courageusement arrêté des relations sexuelles pour effectivement te préparer au mariage. Et voici que tu dérapes dans la masturbation (et même avec des fantasmes homosexuels, ce qui est absolument nouveau pour toi). Tu en es effrayé, et tu te demandes s'il ne vaut mieux pas reprendre ces rapports. Ne sois pas découragé par ce phénomène de transfert qui est une sorte de compensation provisoire. Et qui disparaîtra de lui-même, dès que tu auras trouvé celle avec qui tu feras ta vie.

 

 

HAUTES DOSES = GROS RISQUES

 

 

Deux autres risques à entrevoir lucidement : devenu invétéré, cela rend difficile la relation conjugale dans le mariage où il te faudra faire passer ton propre plaisir, ta propre satisfaction après les désirs de ton conjoint. Où tu devras apprendre à respecter ses rythmes à lui, à elle, et te donner toi-même, parfois dans le renoncement à toi-même, mais pour mieux aimer. Ne va pas croire que tu ne pourras avoir de saines relations sexuelles si tu ne t'y exerces pas dans la masturbation. Bien des personnes mariées affirment que leurs rapports n'ont posé aucun problème, alors même qu'elles n'ont pas connu la masturbation. Parfois, la masturbation—devenue habitude — a fini par déboucher sur l'homosexualité, où la recherche de soi est tellement plus forte, et l'amour tellement moins oblatif, que dans la sexualité saine (homosexualité qui peut donner l'impression de joindre ouverture à l'autre et plaisir égoïste). Ce risque est bien sûr loin d'être inévitable.

Les moyens d'en sortir existent. Nous les verrons dans quelques instants, à propos du combat. Mais avant cela, il nous faut voir encore certaines données qui concernent l'impureté en général. Ils recoupent ce qu'on vient de dire, mais débordent largement la masturbation proprement dite.

 

 

2. L'IMPURETÉ = ENGRENAGE, ESCLAVAGE ?

 

 

Quelles que soient ses différentes expressions, l'impureté devient atteinte à ta liberté; elle vire si rapidement en contrainte ! (Un peu comme le « H » ou la marijuana : toboggan vers l'héroïne.) On y met le doigt, le corps entier finit par y passer. Et cela n'engage pas seulement ton corps, mais ta volonté qui s'y trouve anesthésiée. Au début,.on contrôle, à la fin, on est débordé. Tels ces dérapages contrôlés qui deviennent passages vers le fossé. Et c'est peu à peu l'accoutumance. Le désir n'est plus désir, il est devenu besoin.

L'engrenage : quel esclavage ! Comme tout péché, l'impureté se présente à toi comme un ami : « Me voici pour te servir, te donner du bonheur. » Si tu lui ouvres la porte de temps à autre, il devient un invité occasionnel. Mais peu à peu il s'installe dans ta maison. Il squatte. Impossible de le déloger. Le voilà comme chez lui. Il te dicte ses lubies. T'as intérêt à t'exécuter si tu ne veux pas de représailles. Chez toi, le voilà maître, si ce n'est despote !

Combien m'avouent être complètement sous la dépendance de leurs pulsions sexuelles, incapables de résister, de se dominer et de choisir : plus libres d'arrêter. Malgré des prodiges de bonne volonté, et de volonté tout court. Quel gâchis d'une jeunesse ! L'impureté n'est pas le plus grave péché, mais en un sens le plus perturbateur, car nous atteignant en ce point névralgique où se nouent les relations entre l'âme, le cœur et le corps : au plus intime de nous-mêmes. J'y pèche contre moi-même.

Et puis, avoue-le ! L'impureté ne te laisse-t-elle pas un goût amer, — voire un dégoût —, un peu comme dans les « redescentes » post-drogue. Tu te sens humilié, pas fier, déçu de toi-même, parce que tombé en dessous de toi-même. Déçu, car à chaque chute, tu promets de ne plus recommencer, et secrètement tu sais que tu vas rechuter. Déçu par un adversaire qui t'a trompé, qui t'a fait miroiter quelque chose de super. Et te voilà dupé !

Tu fuses, tu t'uses, tu fonces, tu t'enfonces. Brève ivresse, puis : bonjour la tristesse !

 

 

L'OBSESSION : INFESTATION DE L'IMAGINATION

 

 

L'impureté vire si facilement à l'obsession! On finit par ne plus pouvoir penser à autre chose. On ressasse le dernier acte vécu. On imagine le suivant. Le champ visuel de notre imagination tend à s'y réduire. Terrible rétrécissement de l'esprit ! Ne va pas me dire que c'est sans retentissement dans la vie quotidienne. Certains ont essuyé des échecs scolaires, à force de subir l'obsession durant des heures, de ne guère en dormir. Cas limites ? Peut-être, mais c'est la pente. Glissante s'il en est ! L'esprit est alors parasité par des images malsaines, telles des longueurs d'ondes brouillées par un émetteur pirate. Il est paralysé dans le déploiement de ses autres facultés. Le regard en prend un coup ! Du visage au sexe, ton regard s'échappe, t'échappe : réflexe conditionné. Tu n'es même plus maître de tes yeux ! Et tu ne t'en rends même plus compte !

A la limite, l'imagination peut être dévergondée, sans que l'on passe à l'acte pour autant. On peut être obsédé du sexe sans y succomber forcément. Mais c'est rare. L'imaginaire et l'acte sont en constante interaction. Tantôt l'image précède et provoque le désir, si ce n'est l'acte. Tantôt, c'est le contraire : alors que l'imagination est claire, une pulsion sexuelle spontanée déclenche des phantasmes, qui, à leur tour, incitent à aller plus loin. L'imaginaire incite à {'expérience. Et l'expérience à son tour excite l'imaginaire : cercle vicieux ! Combien la chair et l'esprit ont de connivences ! Tu te mets vite à fantasmer sur des tas d'autres petits trucs pour varier ou augmenter la jouissance, avec une imagination jamais à court : spirale sans fin 26

L'imagination est de connivence avec la mémoire.

26. Précision physiologique capitale: les deux centres moteurs commandant d'un côté l’érection, de l'autre la sécrétion du sperme et l’éjaculation, sont différents, et relativement indépendants l'un de l'autre. Le premier se situant dans le centre nerveux non loin des lombaires, l'autre dans le cerveau. D'où l'automatisme plus grand dans le premier cas, l'implication de l'imaginaire, comme un certain contrôle rationnel possible, plus grand dans l'autre.

Cela signifie que les phénomènes peuvent être relativement débranchés l'un de l'autre. Une érection spontanée n'implique aucunement, de soi, ou dans tous les cas, une montée de sperme allant jusqu'à l’éjaculation. Bien des érections (surtout durant le sommeil) se font sans excitation génitale proprement dite, et ne relèvent simplement que d'une «étiration» musculaire. Et par ailleurs, il peut y avoir des éjaculations rapides, à la limite, sans érection antécédente. Bien que la plupart du temps, les deux sont étroitement concomitants et simultanés. L'imaginaire joue un grand rôle dans le passage de l'un à l'autre. Savoir débrancher l'un de l'autre, aide beaucoup à : — ne pas se culpabiliser d'une érection spontanée. — ne pas croire qu'automatiquement cela va déclencher une émission de sperme.

Rien comme des actes sexuels ne marque autant la mémoire au fer rouge. Quantités d'événements de telle période de la vie peuvent être oubliés, mais eux, y sont rivés à jamais. Des décades plus tard, leurs images, lancinantes, te reviennent, avec une telle impétuosité, une telle fraîcheur, une telle vivacité ; comme si c'était hier ! Le passé s'y revit au présent. Là, tu touches du doigt à quel point la sexualité engage non seulement ton corps, mais ton être tout entier. En des profondeurs telles que rien ne peut venir l'en déraciner. Intensité parfois d'autant plus violente qu'ils sont contre-nature. Et seul Jésus-Sauveur est capable de blanchir notre mémoire lépreuse.

 

 

CES YEUX À CLARIFIER

 

 

Imagination et mémoire se nourrissent du regard. Effarante la puissance de l'image ! Rien ne frappe l'imagination, ne forme l'imaginaire, n'alimente les fantasmes, comme des choses vues. Ce qui est entendu est exhortation, ce qui est vu est incitation, et ce qui est vécu est désolation. La parole est information : elle fait impression. La vue est excitation : elle fait pression. TV, vidéos, films, BD, exploitent à fond cet effet d'envoûtement. Le son s'y met aussi avec certaines musiques rock (tel concert vise à provoquer le maximum d'orgasmes !). Et l'au-dio du téléphone a cédé le pas au visuel du minitel.

 

 

3. RÉSISTER = EXISTER

 

 

« Agissez en hommes libres,

non pas en hommes qui font de la liberté

un voile sur leur malice,

mais en serviteurs de Dieu. »

(1 Pierre 2,16) 27

27. Toujours se rappeler que ce sont les stimulations dans le cerveau qui déclenchent les stimulations sexuelles. Preuve physiologique du rôle de la pensée, volonté, imagination, désir.

 

La sexualité est bien plus maîtrisable qu'on ne le croit. Les pulsions sexuelles bien moins compulsives qu'on ne le dit. Certaines déviances sexuelles bien moins irrémédiables qu'on ne l'affirme. Affirmer que c'est aussi compulsif que la faim et la soif, c'est de la blague. Françoise, 19 ans, avec son simple bon sens :

« L'acte sexuel est un désir, non un besoin. I! est vrai que l'abstinence est très dure à supporter, mais c'est possible. La preuve : je n'ai pas eu de rapports sexuels depuis un an. Pourrais-je également m'abstenir de boire et de manger pendant la même période ? »

Comprends-moi bien, il ne s'agit nullement de réprimer, de refouler, de sanctionner la sexualité. Mais bien au contraire de l'investir au maximum sur le point précis où elle peut être au service de l'amour et de la vie. Comme on canalise un torrent impétueux pour y construire une centrale électrique. Orienter, maîtriser l'énergie sexuelle pour en faire une source de feu et de lumière : d'amour et de joie. En évitant ses débordements destructeurs, tel un torrent à la fonte des neiges. C'est d'abord une question de liberté! La vraie! Te libérer de l'esclavage dont nous avons vu les ravages.

 

« Aspirez à la liberté. Que cette liberté ne tourne pas en prétexte pour la chair! » 28« Ils allèchent par des désirs charnels, par les débauches, ils leur promettent la liberté, mais ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption.»

(Ga 5,13 et 2 P 2,18)

 

28. Une aide pour le garçon: garder en soi la semence intensifie son énergie physique, et contribue à l'intérioriser, à l'unifier.

 

C'est ensuite une question de volonté: décider de nous battre engage notre volonté. Choisir librement de combattre, c'est déjà un pas vers la liberté. Aussi faibles que nous nous sentions, qui ne peut faire un petit  pas ?

Dans l'impureté, le degré de faute est lié au degré de volonté investie... Quand la passion l'emporte avec véhémence, la capacité d'un acte volontaire en est d'autant diminuée. Elle peut en arriver à obnubiler notre volonté. On peut être comme submergé, emporté par les pulsions de l'instinct. Pourtant même alors, au fond du cœur demeure intacte la possibilité de ne pas y consentir, ou d'au moins désirer ne pas céder, mais lutter.

Quand les pulsions sont aussi violentes, loue Dieu qui a mis en toi un tel débordement de vie, et qui donne à ta volonté une belle occasion de se forger à rude école. Ecole de courage.

Deux éléments à ne jamais séparer jouent dans ce travail de libération : tes propres efforts, et la force de Dieu. Ta collaboration et son intervention. Il ne fera rien sans toi : II te respecte trop pour cela. Et sans Lui, tu ne peux rien. Vous êtes indispensables l'un à l'autre. Pour faire 1000 pas, II attend le petit pas que tu es seul à pouvoir faire, mais qu'il veut te donner de faire. Et ton pas à toi provoque les siens. Ceci dans tous les domaines de la vie.

 

 

A CHACUN SES PETITES TECHNIQUES STRATÉGIQUES...

 

 

A chacun de mettre au point, avec l'expérience, ses petites techniques de résistance. De trouver les petits trucs simples en son pouvoir, pour déjouer la tentation. Là, vas-y, fais fonctionner ton imagination !

Quand survient la tentation, lève-toi, prie. Souvent, la prière est difficile. Alors, prends un livre, un jeu, fais un travail qui t'intéresse, t'occupe l'esprit, te distrait. Bref, trouve des dérivatifs. Quand c'est possible, savoir s'entourer au lieu de s'isoler (si c'est la nuit, pense à tous ceux qui t'entourent sans que tu les voies : anges, saints, parents ou amis déjà au ciel).

Et bien souvent, cela passe tout simplement. Souvent, on peut être au bord d'un orgasme, et un moment de détente et d'occupation suffit pour que cela passe. Ne t'imagine pas qu'une fois un mouvement sexuel déclenché, il n'y a plus rien à faire, que rien ne l'empêchera d'aller jusqu'au bout.

Cela veut dire : ne te considère jamais comme vaincu d'avance ! Ne capitule pas, avant même d'avoir rien tenté pour résister. C'est du défaitisme, de la couardise. D'ailleurs, souviens-toi des fois où tu as déjà, avec relativement de facilité, évité une chute, même de justesse. Et tu étais fier ; heureux de t'être prouvé à toi-même que tu étais plus fort que tu ne le croyais jusque là. Multiplie ces petites victoires. Et de petites victoires en petites victoires, tu finiras par avoir le dessus (comme l'alcoolique qui arrive à se priver d'un verre, puis deux)...

D'un côté, les pulsions sexuelles naturelles sont, en soi, indépendantes de notre volonté. Elles surviennent d'elles-mêmes, parfois aux lieux et moments inattendus. Sans aucun contrôle direct sur elles. Mais de l'autre, la plupart du temps, l'orgasme lui-même peut être contrôlé, souvent évité. Le laps entre les deux, aussi bref soit-il en certains cas, est précisément le créneau du combat. Où joue le consentement ou le refus. Où peut s'exercer la maîtrise de soi, où doit s'insérer la prière et les petits moyens simples à notre disposition. A chaque instant, tu dois pouvoir faire jouer ta liberté de décision. Si on n'est pas toujours maître de son imagination, ou de ses organes génitaux, on l'est de ses yeux, de ses mains, jambes. Eux, ne bougent pas tout seuls. Tu peux les commander.

 

 

UNE TACTIQUE D'ENSEMBLE

 

 

De manière plus habituelle, prends ces petits moyens simples, en ton pouvoir toujours, pour éviter de te provoquer toi-même ou de provoquer les autres (certaines postures, attitudes ou mouvements de gym par exemple, pantalons trop collants ou mini-jupes, nourriture sexuellement excitante, etc. 29) Si la motrice est lancée, n'oublie pas que tu contrôles le courant qui l'alimente. Faire le jeûne énergique de tout ce qui peut t'induire en tentation : films, vidéos, affiches, messageries-minitel, émissions... Comment ne pas te faire piquer si tu caresses des vipères? Tu sais ce qui peut te faire chuter. Tu connais ta faiblesse. Sois vrai avec toi-même. Sois fort contre toi-même.

29. Alors qu'au contraire une saine gymnastique, ou en général, le sport sont d'excellents dérivatifs. Fonce dans le sport!

Prends les moyens pour préserver la virginité de ton regard. Dès que tes yeux effleurent une pub porno, ou surprennent une scène érotique, aie le courage de les en détourner immédiatement. Ne les laisse pas vagabonder. Ascèse rude, exigeante ! Passionnante !

Importance dans ce domaine, de purifier nos regards en contemplant le Corps de Jésus 30. De les laver de tant de poussière, en les remettant en pleine Lumière ! La Cène de Jésus guérit des scènes obscènes ! Regarder aussi, souvent et longuement, des icônes 31 . Dans leur calme beauté, percevoir la splendeur du visage de l'être humain, ce visage odieusement caricaturé par nos médias. Devant une icône du Saint-Suaire 32, laisse la douceur du Visage de Jésus t'envahir, te guérir. Et surtout, laisse-toi séduire par la plus belle, la plus vivante des icônes : le visage d'un enfant. Là où se reflète le plus fidèlement la clarté virginale du Visage du Seigneur et de sa Mère 33.

30. Voir le dernier chapitre du tome II : Ton corps fait pour la vie.

31. « La redécouverte de l'icône aidera à prendre conscience de l'urgence de réagir contre les effets dépersonnalisants, et parfois dégradants de ces multiples images qui conditionnent nos vies dans la publicité et les médias.» Jean-Paul II, Lettre Duodecimum, décembre 1987.

32. Jean-Marie, 19 ans, vient de m'envoyer la petite image du Visage du Saint-Suaire, toujours épinglée à son chevet, avec ce mot : « C'est ce visage-là qui délivre ceux qui se masturbent, ne l'oublions jamais ! »

33. « L'Hostie, la Vierge ! La Force et la Pureté ! Armez-vous de ce double bouclier. » Saint Jean Bosco.

 

 

NON ORDINATEUR, MAIS GLADIATEUR !

 

 

Ces moyens existent. Ils sont à portée de main. Ils ne sont pas à remettre à demain. Bien sûr, ils ne sont pas infaillibles. Ce n'est jamais automatique. Ton désir, ta volonté, tes conspirations intérieures, et surtout la grâce du Seigneur : tout joue ici. Et ce sont des choses qui ne se commandent pas. Tu n'es pas un ordinateur. Mais un gladiateur, un lutteur, un soldat de Lumière 34 ! De devoir lutter, comme c'est passionnant ! Grâce de vivre en un temps où nous sommes sans cesse agressés, où la pureté doit s'acquérir de haute lutte. Cela ne lui donne que plus de prix. Aujourd'hui aimer en vérité s'apparente à un combat. Prix à payer si tu ne veux pas te planter. Et quel trésor tu te prépares au ciel pour une victoire remportée, aussi minime soit-elle à tes propres yeux.

34. « Ayez toujours en main le bouclier de la foi. » Saint Paul aux chrétiens d'Ephèse, 5.

Rien ne maintient jeune comme une attitude de combat. Etre en alerte (sur le qui-vive) et être alerte (souple, agile). Le fait d'être toujours et partout alertés, force à être toujours et partout sur le pied de guerre. Le cœur en éveil. Impossible de se laisser glisser dans un fauteuil, de devenir pantouflards. On monte au créneau ! Sache que chaque compromission ouvre des brèches, crée des failles. Et que chaque chute est une fissure en nos murailles. Plus on cède facilement, moins facilement on résiste. Et résister, n'est-ce pas   exister ?

 

 

UN SLALOM PLUS PASSIONNANT QUE LE SCHUSS

 

 

Rien comme ce combat, ne nous rend forts. Lutter dans le domaine de la pureté, nous fortifie dans tous les

domaines 35. Le combat pour demeurer dans la Lumière est aujourd'hui tellement exigeant, que c'est un magnifique terrain où exercer la libre maîtrise de soi. Qui te construit en homme et femme, libre et heureux. T'équilibre, te structure, te vertèbre.

35. Dans le contact fréquent et intime avec le Seigneur, les jeunes puiseront la force et l’enthousiasme pour une vie pure. » Orientations, n° 46.

Mon corps me programme dans l'espace et le temps, mais est aussi le terrain même où s'acquiert ma liberté. Je ne suis jamais pré-programmé, pré-conditionné. J'ai le pouvoir de jouer avec les données brutes, de les déjouer, de les maîtriser. Comme un skieur en slalom : les obstacle deviennent autant de victoires. Et le slalom est plus sportif que le simple « shuss ». J'y exerce la maîtrise de mon corps.

Je sais que ce n'est pas facile. Il y a en nous tant de complicités, que notre volonté elle-même se trouve en connivence avec notre extrême fragilité. Et souvent la faiblesse est la plus forte. Elle emporte — brutal raz de marée — tous nos désirs, résolutions, intentions les plus fermes. Balayés d'un coup. Que le souffle de l'Esprit-Saint fortifie, du dedans, notre volonté si souvent anémiée !

 

 

POUR REPARTIR A ZÉRO, NE REGARDE PAS DANS LE RÉTRO !

 

 

Si tu succombes, ne t'affole pas. Le pire : non de déraper, mais de rester dans le fossé... Tu as dérapé ? Ne te laisse pas aller. N'en sois ni accablé, ni abattu. Remets-toi au volant ! Ne louche pas dans le rétroviseur (ne te délecte pas après coup de ton coup). Reprends la route. Le découragement qui suit est plus pernicieux que l'acte lui-même. Il mine un élan, brise un dynamisme. Ecrase au sol. Emprisonne la joie.

Le Christ est là, oui, à cet instant précis. Il te tend la main, pour te relever, te remettre debout 36. Te poser la seule question qu'il pose à Pierre, après son reniement, quand tous les deux se retrouvent au petit matin sur la rive du lac : « Pierre, m'aimes-tu ? » Et les chutes par faiblesses, sous la pression de la passion, comme pour Pierre sous l'emprise de la peur, n'atteignent pas le fond même de ton amour pour le Christ. Il le sait. Il attend que tu le Lui dises. D'un simple geste de ton cœur, jette tout dans Son Cœur."En effet, tout ce qui abîme l'amour perce son Cœur. Tout ce qui dégrade le corps, blesse son Corps. Tout ce qui refuse la lumière, éloigne de ses frères. Surtout, prie. Confie-toi à la toute Immaculée Mère de Dieu.

36. « Un saint, ce n'est pas celui qui ne tombe pas, mais celui qui se relève toujours. » Sainte Thérèse de Lisieux.

Contre ce cancer, égrène ton rosaire! (le chapelet). Confie-toi aux saints que le Seigneur a arrachés à l'impureté 37. Pour Dieu, ce qui compte : non pas les bavures, les dérapages, mais de continuer la lutte. Nos désirs, nos résolutions, ne sont-ils pas des actes en bourgeon ? Tomber n'est pas grave, du moment que c'est en montant.

37. Nombreux les saints qui ont d'abord été de grands débauchés, avant que Jésus ne les embauche. Un saint Augustin (qui en aura un fils illégitime). Un Charles de Foucauld dont la fortune fondait dans les boîtes de nuit. Tous deux convertis vers la trentaine.

 

 

ZÉRO PEUT TOUJOURS ÊTRE UNE CASE-DÉPART

 

 

Si c'est très profond en toi, déjà une vieille habitude, alors avec un frère prêtre ou quelques baptisés, sous le regard du Seigneur recherche les causes — proches ou lointaines — qui ont pu être à l'origine de cette faille. C'est souvent dû au premier éveil de la sexualité physique, lors de la puberté, la toute première expérience dans ce domaine qui a été mal vécue. C'est comme un « raté » dont on ne s'est pas encore remis. Alors demande à Jésus de venir guérir Lui-même cette blessure de ton enfance ou adolescence.

Et si tu es embourbé dans une habitude qui te paraît invétérée, je t'en supplie ne dis jamais : je n'en sortirai pas. La pire des choses : imaginer que c'est irrévocable, irréductible, irréversible. Ils sont légion ceux qui ont connu ce problème pendant des années. Et ils s'en sont sortis, et même s'en souviennent à peine. Soit brusquement, un beau jour, par une sorte de grâce imprévisible 38, soit à la longue, peu à peu, avec des chutes de plus en plus espacées. C'est ici que joue si fort la thérapie de l'Eucharistie. Nous y reviendrons en fin de parcours. Mais tout de suite ceci : de pardon en pardon, de relèvement en relèvement, doucement tu finiras par en être délivré 39.

38. Ce fut mon cas personnel, à partir du jour de mon entrée en monastère à 17 ans, alors qu'ayant jusque-là un gros problème de masturbation, je me demandais anxieusement si je m'en sortirais jamais.

39. « La chasteté des jeunes comme préparation adéquate à la chasteté matrimoniale, apportera une aide décisive aux époux. » Orientations, n" 61. Distinguer chasteté et continence. La continence est le fait de s'abstenir complètement d'actes sexuels. La chasteté est l'esprit dans lequel on vit sa sexualité. Même les rapports sexuels dans le couple doivent être empreints de cette lumineuse et joyeuse chasteté, surtout ne pas confondre avec les «grimaces» de la chasteté («vieille fille»).

Ainsi, peu à peu Jésus évangélisera ta capacité d'aimer, la libérera de l'éventuel instinct de possession, de jouissance dont elle pourrait être encore entachée. De Lui tu apprendras à donner la vie, plutôt que de la transgresser.

Il te fera découvrir ta propre beauté, celle cachée au fond de ton cœur. Alors, l'envie se fera moins folle de courir après des beautés réelles certes, mais si souvent trompeuses, si souvent décevantes. Et tellement, tellement meurtrissantes !

 

 

CE RAYON LASER QUI DONNE UN CORPS DE LUMIÈRE

 

 

Parmi ceux qui dérapent dans l'impureté (que ce soit dans le mariage ou dans le célibat), il y a ceux qui chutent par faiblesse 40. En ce cas, ce sont les privilégiés de la tendresse de Dieu, parce qu'ils sont les enfants du pardon de Dieu, s'ils veulent bien s'y ouvrir.

40. En te disant que les péchés d'orgueil, de haine, d'égoïsme sont, en général, bien plus graves que ceux d'impureté.

Et il y a ceux qui pèchent contre la lumière par principe. Ils se justifient eux-mêmes, se construisent une philosophie, si ce n'est une « théologie », répandent toutes sortes de théories pour justifier écarts et errances. Là, c'est sans issue car il n'y a même plus de recours au pardon, puisqu'ils ne se sentent même plus pécheurs! Que faire avec un Sauveur? Etre sauvé de quoi ? Le péché, c'est un mythe ! Tout est naturel ! Tout est bon ! Il n'y a pour eux d'espérance que dans la repentance. Se repentir ou périr dans son péché ! Mais, se reconnaître enfin pauvre et pécheur, quelle libération ! On se sent vrai. On coïncide avec soi-même. On cesse son cinéma.

Je pense à tant de jeunes sexuellement délabrés, qui ont été guéris. Ils se sont laissés rencontrer par un amour enfin à la hauteur de leur cœur. Par l'Amour. Ils se sont laissés laver par le Sang de Dieu, purifier par le Regard de Jésus. Ce Regard est posé à tout instant sur toi, comme sur Pierre juste après son reniement. Tu peux t'en détourner. Tu peux ne jamais t'en apercevoir. Infinie déception pour Lui, tristesse sans nom pour toi.

Mais tu peux aussi te retourner: laisser ce Regard d'inimaginable douceur te pénétrer, descendre jusque dans les relis les plus secrets de ta vie. Ses yeux : un rayon-laser! D'une telle intensité, qu'il est capable d'opérer chirurgicalement. (Les décollements de rétine sont maintenant soignés au laser : la lumière rend les yeux à la lumière !)

Aussi purulents que soient tes abcès, n'hésite pas à les offrir à ce laser du Regard de Jésus. Il décodera la musique secrète de ton cœur. Le pardon est le plus humain des sacrements41.

41. Voir nombreux témoignages de jeunes sur le Pardon, dans : Infinie sa Tendresse, Marie-Michel, coll. Jeunesse-Lumière, Le Sarment, Fayard, 1986.

 

 

J'AI PERDU UNE BATAILLE, JE GAGNERAI LA GUERRE !

 

 

Tant de garçons et de filles peuvent en témoigner. Ils se croyaient à jamais embourbés, ne sachant comment en sortir, et les voilà maintenant libérés. Heureux et fiers de l'être. Oui, on s'en sort ! 42

42. Voir des témoignages plus développés en fin de volume.

 

« Mon frère et moi, à l'âge de 10 ans environ, nous avons vu un film porno. Pendant des années ensuite, nous avons joué à de « drôles de jeux »... Tu imagines... J'ai été malade : maladie psychosomatique, maux de tête. J'ai fait tous les médecins, psychiatres... J'étais malheureuse, profondément. J'ai dû arrêter les cours alors que c'était le seul endroit où je vivais entourée d'amies. J'en avais marre. Proche du suicide. Puis par l'intermédiaire d'un ami aveugle, je suis revenue au Christ. Je suis heureuse, absolument heureuse. Il y a deux, ans, Jésus m'a guérie de mes maux de tête. Je veux être assistante sociale et toujours proclamer Jésus. »

Béatrice, 18 ans.

 

« Je me bats et furieusement, et pas toujours avec grand succès : quand Satan tient une proie, il ne la lâche pas facilement. Seigneur ! Comme il est dur de se déba-rasser d'une telle maladie, d'un tel mal. Il y a les souvenirs, les habitudes, remords, tentations, les rechutes, etc. Non seulement quand on ne fait rien contre, mais encore quand on veut s'en débarasser, ce mal nous atteint. Mais une chose est sûre : II est Vivant, et donc Vainqueur. Quoi qu'il en soit, II a déjà gagné ! Aussi un tel combat : quelle école d'humilité, d'espérance, de confiance, d'abandon enfin. En effet, les moments les plus difficiles coïncident avec ceux pendant lesquels je me croyais fort... toujours ce satané orgueil ! Mais maintenant, je ne dis plus : « Je suis sauvé ». Je dis : « Dieu me sauve et me garde». En effet, lorsque je me trouve plus ou moins volontairement (je dois le reconnaître) dans des situations dangereuses, mes anges gardiens font en sorte de désamorcer la situation. Auparavant, cette protection m'énervait et m'humiliait. Maintenant, j'en loue le Seigneur, et je la recherche. Quelle joie de se sentir ainsi aimé et respecté ! Et quelle leçon de charité et de compassion que cette faiblesse «à fleur de peau». Pour partager les souffrance et faiblesses des autres, rien de tel que d'être faible et souffrant soi-même. Finalement, je me retrouve avec un cœur blessé — et malheureusement souillé — mais sa Miséricorde lave et panse mieux que quoi que ce soit. Louange à Toi, Seigneur ! »

Philippe, 23 ans (sortant de l'homosexualité)

 

« Pour ce qui est du combat contre l'impureté, je sais qu'il est dur, très dur, mais pour celui qui résiste à l'impureté, alors celui-là aura beaucoup de bonheur et de joie. Cela est sûr, au lycée, la tentation est grande avec en plus la naissance du printemps et du beau temps. Tu ne peux pas te tourner d'un côté ou d'un autre sans voir des « couples » se bécoter en essayant de trouver un fond « d'amitié » (j'ai d'ailleurs entendu une chanson d'un groupe français qui disait : « il n'y a pas besoin d'aimer pour s'embrasser », alors je ne vois pas à quoi ça sert de s'embrasser). Le diable s'est attaqué aux jeunes en déviant leurs plaisirs et leurs besoins d'amour, d'affection et d'amitié. En ce sens, le chrétien a une lutte à faire contre ses puissances destructrices. »

Jean-Baptiste, 19 ans.

 

Et si toi aussi, tu as été guéri, délivré de ce démon de l'impureté, n'aie pas peur à ton tour de proclamer la puissance du Seigneur, d'aider d'autres à faire leur la Victoire de Christ :

 

« Et si j'avais le bonheur d'être ordonné prêtre, je ressens un appel pour aller vers ces pauvres dont on ne tient pas assez compte : les obsédés sexuels. J'ai été cela, et j'en porte encore les stigmates, mais je peux témoigner que seul le Christ, en particulier par les Sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie, peut transfigurer ces plaies-là, et sanctifier notre corps ! »

François.

 

 

LA JOYEUSE CHASTETÉ : UNE FIDÉLITÉ ANTICIPÉE !

 

 

Enfin, sache toujours que la chasteté est un cadeau gratuit du Seigneur. A Lui demander sans cesse. Le simple fait de la désirer est déjà un premier cadeau de sa part. Et s'il a donné ce désir, il finira bien par donner la réalité. On n'est pas chaste. On le devient. De jour en jour. C'est un don de contemplation.

Aime donc la chasteté. Mais non pour elle-même. Ce serait d'ailleurs intenable. Elle ne se réduit pas à une belle maîtrise de soi. Ce serait du stoïcisme, de l'héroïsme stérile. Aime-la, par amour de quelqu'un. D'abord du Seigneur, bien sûr, à qui ton corps appartient en premier lieu. Mais aussi par amour et de ton futur époux (épouse) et des futurs enfants. Et, j'oserais dire, comme par une fidélité anticipée. Oui, la chasteté amoureuse est charité, liberté, déjà fidélité. Elle ne peut être que paisiblement joyeuse. Le « non » à l'impureté n'est qu'un « oui » à l'amour.

Il nous faut maintenant aborder un domaine où se vérifient aussi les blessures d'une sexualité accidentée. Un domaine qui en concerne un nombre croissant : l'homosexualité. Ce chapitre est particulièrement développé par rapport aux autres. J'ai beaucoup hésité à l'insérer ici. Il aurait pu être renvoyé en fin de volume, ou en le développant, faire carrément un livre à part. Mais vu l'importance croissante de cette dérive, il était impossible de l'éviter ici. Et vu son extrême complexité, impossible de davantage le condenser. Que ceux qui ne sont pas concernés m'excusent. Ils peuvent « sauter » au chapitre suivant. Bien que sa lecture puisse, en ce cas, au moins aider à comprendre leurs frères et sœurs homo-sexuel(les).

 

 

4. L'HOMOSEXUALITÉ: DIFFÉRENCE OU DÉVIANCE? D'OÙ PEUT NAITRE UNE ESPÉRANCE !

 

 

À TOI QUI ES TOUCHÉ PAR L'HOMOSEXUALITÉ

 

 

Je tremble de toucher à des questions tellement délicates, tellement intimes ! Je tremble d'ouvrir des blessures, d'éveiller des souvenirs tellement douloureux. Je tremble de te faire mal. Tu as déjà tellement mal!

Et pourtant comment me taire ? Comment faire semblant d'ignorer ce que tu portes ? Comment oublier qu'il y a autour de toi tout un peuple, des centaines de milliers, chaque année plus nombreux? Tant d'entre vous sont venus se confier à moi en toute simplicité et vérité.

Parler, c'est risquer de te blesser. Me taire, de te décevoir. Car tu attends une parole de vérité43.

43. «Le service que nous, pauvres de la vie intime des hommes, attendons vraiment de l'Eglise est celui de la vérité et de l'amour qui ne sont qu'un. Oui, il faut dédramatiser autant que possible, mais il faut aussi être lucide et objectif. » Cité par Thévenot, Homosexualité masculine et morale chrétienne, Ed. du Cerf, p. 112.

Sylvie, Paul, Bernard, Chantai, pardonne-moi d'avance si mes paroles sont maladroites ou déplacées, ou si je donne l'impression de ne pas te respecter, de ne pas te comprendre 44. Je voudrais t'aimer — mais en vérité.

44. Dans les pages qui suivent, je m'inspire de dialogues avec Jacques Nourrisat et mon ami Christian Beaulieu (au Québec), et surtout de nombreux partages avec des jeunes atteints par l'homosexualité. Elles ont été relues par bon nombre d'entre eux, aussi bien que par des hommes et des femmes exerçant un ministère auprès d'eux. J'ai tenu compte de toutes leurs remarques. J'espère développer tout ceci dans une petite brochure, en tenant compte des différentes réactions suite à ce chapitre.

 

 

1. Des raisons incertaines, des questions par centaines

 

 

Ta tendance homosexuelle, tu peux la ressentir comme une secrète humiliation, refuser de l'admettre bien qu'elle te saute aux yeux, en souffrir comme d'une maladie que tu crois incurable 45, l'assumer comme un irrémédiable handicap. Ou t'en satisfaire comme d'un légitime équivalent de l'hétérosexualité, espérant y trouver ton épanouissement sans problèmes.

45. Sur un petit billet dans une classe : « Comment fait-on pour sortir de l'homosexualité, cette souffrance qui ronge ma vie et m'empêche d'être ! »

Autrefois, on portait cela en silence, comme une honte inavouable, maintenant on peut en parler, en toute simplicité, le confier sans en rougir. Et c'est un immense avantage. Tant d'entre-vous m'en ont parlé, si simplement !

 

 

PARENTHÈSE OU PROTHÈSE? PONCTUEL OU STRUCTUREL?

 

 

Si tu n'as que 15-20 ans, ta pente homosexuelle peut très bien être simplement liée au stade de la puberté, ou à un temps prolongé d'adolescence 46. Il est fréquent que, dans un premier temps, la sexualité soit ambivalente : attirée vers l'un ou l'autre sexe, elle se recherche.

46. La tendance homosexuelle de la puberté est un processus psychologique normal dans l'évolution vers l'âge adulte, si on n'y attache pas de connotations sexuelles, et si on le dépasse ensuite. Beaucoup de 12-13 ans peuvent être amoureux de leur prof du même sexe. Ne pas en conclure qu'on est pour autant homosexuel !

Elle tâtonne. Mais relativement vite, elle se précise et devient exclusive ou simplement préférentielle.

Si tel est le cas, ne t'en fais pas : cela te passera, comme de soi, et parfois, sans même que tu t'en aperçoives, sinon après coup : « Tiens, c'est l'autre sexe qui commence à m'attirer ! » L'homosexualité n'aura été qu'un passage transitoire, une parenthèse. Il se peut que cette tendance première soit liée à un acte commis ou subi, lors de l'éveil normal de ta génitalité, ou même plus tôt, et qui dès lors a été d'emblée orientée dans cette direction... Ou plus simplement, à un manque d'éclairage, d'information vraie, en cette période d'indétermination. Si ce n'est pas des jeux d'enfants.

Ou bien, ce peut être beaucoup plus profond, durable, comme enraciné en tes profondeurs. Tu as l'impression que cela fait partie de ton être même. Tous les phantasmes vont dans ce sens, et cela, depuis « toujours ». Alors, lancinante la question : serait-ce structurel ? Irréversible ? Irrémédiable ? Psychologie et physiologie : hiatus ?

Dans les deux cas, celui d'une phase transitoire ou celui d'un enracinement profond, cela peut n'en rester qu'à l'état de tendance mineure, d'inclinaison, de penchant. Ou bien, avoir déjà été pratiqué, exercé. Et ceci soit de manière ponctuelle et comme en passant, soit de manière plus fréquente et habituelle, jusqu'à devenir une habitude, difficilement déracinable, difficilement contrôlable 47. Céder à une tendance, c'est risquer de s'y enfermer. Il y a un monde entre la tendance et l'activité effective.

47. Il peut aussi y avoir acte sans qu'il y ait vraiment tendance, comme il peut y avoir tendance sans passage à l'acte.

 

 

CE SEXE TELLEMENT COMPLEXE !

 

 

Que d'éléments différents, parfois contradictoires, ont pu interférer dans la naissance et le développement de cette tendance !

 

A) Facteurs de société : un monde autistique ?

 

Indépendamment de ce que tu es, le monde ambiant a pu t'influencer, te marquer, te conditionner. Même inconsciemment. Mais il est bon d'en prendre rapidement conscience.

1. Nous vivons dans un monde qui récuse, rejette, ou redoute la différence. On se détourne de celui qui est autre : l'étranger, l'handicapé, le punk : on les marginalise. Et en premier lieu, on se méfie de Celui qui est Tout-Autre : Dieu. On ne le tolère qu'en l'identifiant à l'homme, en reniant cette Condition divine qui le rend d'Ailleurs. On s'écarte de celui qui a un autre tempérament — caractère, milieu familial — et finalement... un autre sexe. A la limite, on en fait un anormal ! La norme : ce que je suis. On est attiré par la copie conforme. On se fie aux atomes crochus. On recherche les complicités naturelles.

Bref, les semblables s'assemblent: on se capsule!

 

2. Monde où a été gommée même la différence entre homme et femme. Où tout est bêtement nivelé, anonymisé, dé-personnalisé : l'homme se féminise, la femme se virilise. L'enfant mime l'adulte, l'adulte adule l'ado. L'idéal devient androgyne 48. Impossible parfois de reconnaître un visage : garçon ? fille ? On jalouse le sexe de l'autre, on se travestit.

48. Typique que tant de jeunes du monde occidental (Japon compris) idolâtrent Michael Jackson, venant de subir sa troisième opération de chirurgie esthétique pour se donner un visage précisément androgyne.

Dans ces conditions, comment aurais-tu goûté à la saveur des dons respectifs, des grâces    complémentaires ? Comment pourrais-tu réaliser ce que l'autre sexe t'apporterait comme équilibre? Bref, tout est kif-kif. On s'imite. On se limite.

 

3. Monde dur et brutal: des hommes refusent cette violence masculine. Ils récusent ce modèle masculin caricaturé, sans cesse imposé par la pub : le macho supermusclé, bestial sur les bords, qui n'aurait que des pulsions ! Alors que tout homme porte, comme les femmes, un besoin de tendresse et d'affection. En rejetant cet archétype qu'on leur impose comme seule manière d'être homme, ils vont jusqu'à rejeter leur masculinité. Ils cultivent et se laissent attirer par cette espèce de douceur, de délicatesse, de sens esthétique qui caractérisent beaucoup d'homosexuels. Caractère répulsif pour les uns, attachant pour d'autres, qui ferait partie de leur charme, s'il n'était comme une usurpation de ce qui est spécifique de la féminité.

 

4. Monde où l'on ne pardonne pas au garçon de n'avoir pas fait d'expériences sexuelles. Pour la femme qui est plus passive dans l'acte amoureux (passif n'a rien de péjoratif!), on admet plus facilement son manque de

savoir-faire en la matière. Mais pour le garçon, rien de tel : un homme vierge est plus que ridiculisé !

De plus, tout faux pas, tout « raté » dans le domaine de la sexualité est source de railleries, d'ironie qui marquent souvent à vie.

Alors... La peur face à cela, peut entraîner une fuite de cette nécessaire initiation au langage de l'Amour qu'est la sexualité, en le contournant par l'homosexualité. « L'autre », alors, a souvent plus de bienveillance face au non-savoir-faire que n'en aurait une fille...

 

5. Monde enfin qui prône explicitement l'homosexualité, partout normalisée, comme une excellente alternative à l'hétérosexualité. Tu as pu être la victime innocente de tant de flashes publicitaires, de vidéos, de clips ou de films, dont les incitations sans équivoque ont pu rejoindre ou éveiller ces latentes complicités, dont nous sommes tous porteurs, à l'adolescence surtout. Monde où toutes les sensations font partie des expériences qu'il faut avoir faites. Véritable culture homosexuelle.

 

B) Facteurs personnels : de l'amour en serre chaude ?

 

Ici, que d'impondérables ont pu jouer! De combien d'éléments tu as pu être le jouet !

Atavisme ? hérédité ? Equilibre hormonal anormal ? Est-ce constitutif ou requis ? Biologique ou psychologique ? En tout cas, multicausal.

Avoir, parfois très jeune, été sodomisé (tragiquement fréquent). N'avoir eu qu'une fratrie, ou que des camarades ou amis du même sexe, et voilà qu'on sait si peu de l'autre ! Une puberté mal vécue, et voilà qu'on cherche désespérément à reprendre ce passage raté. A le refaire avec un autre...

Fille, tu ne soupçonnes peut-être pas la réalité de la tendresse d'un père ou généralement d'un homme.

Garçon, tu n'as peut-être jamais connu ton père, ou seulement un père lointain, faible, évanescent, distant ou carrément absent (d'une génération où facilement le père démissionnait, n'assumait pas ses responsabilités). Peut-être cherches-tu alors — mais désespérément — cet élément masculin dont tu as été frustré. A « venger » un père méprisé par une épouse devenue trop dominatrice (parce qu'obligée d'user d'autorité vu l'absence du père). A prendre des distances par rapport à une mère possessive, attendant de toi ce que son mari ne lui donne peut-être pas. Te voilà alors en réaction contre l'élément féminin qui t'a brimé.

Ou bien, tu as eu des parents ayant rêvé que tu sois de l'autre sexe, et te faisant jouer à ce garçon, cette fille que tu n'es pas. L'homophile serait-il infantile ? Ce peut être encore la peur des heurts de caractères, tensions et tiraillements, si tu en as souffert dans ta famille.

Ou simplement la peur du long travail à s'ajuster à un autre, en tout différent de toi. Peur égoïste de se perdre un peu, de devoir s'oublier face à l'attente d'une personne différente... Peut-être aussi n'as-tu jamais vu un couple où l'homme et la femme s'équilibrent harmonieusement ?

Ou encore : un rapport hétérosexuel où tu aurais été méprisé par ton partenaire : « Tu sais pas t'y prendre ! t'es incapable. T'es pas un vrai garçon (ou fille). » Et, traumatisé, tu te replies frileusement sur le même    sexe 48b.

48b. Tant de garçons demeurent blessés, dans leur amour propre mais aussi dans leur virilité, par des relations sexuelles ratées, (entre autres avec éjaculation précoce frustrante pour la fille). Entraînant humiliation, culpabilité, complexe d'incapacité, auto-mépris.

Joue encore la peur de l'inconnu, de la nouveauté, de la découverte. Avec un partenaire du même sexe, tu

connais d'avance là où tu avances, ses réactions et physiologiques et psychologiques. Le terrain conquis est terrain connu. Cette terre, on en fait une serre chaude, où il fait bon d'être ensemble et semblable. Cocon hermétique où l'on finit par étouffer49.

49. « Aujourd'hui, je ressens combien cet amour handicapé a pu m'user ! C'est en plein Soleil qu'on réalise l'épaisseur des ténèbres de sa prison ! Je prends davantage conscience combien nous étions liés sur nous-mêmes dans un petit univers bien clos, si restreint ! Trop limité ! Infécond! Stérile !» Jean-Marie, 19 ans.

Mais du même coup, tu te fermes à ce rajeunissement constant qu'impliqué la découverte, l'inconnu, la nouveauté.

Finalement, n'est-ce pas un besoin de sécurité ? Ce qui est tout autre insécurise, déstabilise. Force à se dépasser.

Une certaine timidité y aide, qui vire facilement à l'inhibition, ou à un complexe devant l'autre sexe. « Et si je ne savais pas m'y prendre, de quoi aurais-je l'air ? C'est trop grand pour moi ! » Chez d'autres, ce sera la peur d'assumer le risque de procréer, malgré toutes les précautions éventuelles pour parer à toute éventualité. Au moins, en homosexualité, on est tranquille de ce côté-là !

Ou bien après l'échec d'un premier amour, la peur de retester l'expérience. La peur, la peur... peur confuse, peur diffuse... L'homosexualité te rendrait-elle donc prisonnier de la peur ?

 

Oui, comme le sexe est donc complexe ! Tant d'événements de notre existence, d'éléments de notre milieu familial et social, de facteurs de notre psychologie, semblent s'y entre-croiser mystérieusement. Notre vie y retentit. Notre amour s'y infléchit. Et seul Dieu sait tout de ce que nous sommes.

Ces facteurs et tant d'autres encore, ont pu jouer, parfois plusieurs à la fois. Et peut-être aucun de ceux-là ! Ne t'inquiète donc pas si tu ne t'y retrouves pas.

Mais finalement peu importent les raisons précises. Peu importent les influences, incidences, expériences ou conséquences.

Ce qui compte : celui celle que tu es aujourd'hui. Et comment gérer au mieux cette situation que tu n'as pas choisie. Cette situation que tu subis.

 

 

GADGET DE LUXE, INJUSTICE DE PLUS

 

 

Dans les pages qui suivent, je parlerai à et de ceux qui sont atteints par l'homosexualité malgré eux. Et non de ceux qui la pratiquent par pure (si l'on ose dire !) perversité, par curiosité malsaine, histoire de s'amuser et de faire des expériences, alors qu'ils sont normalement constitués, et ont par ailleurs des relations hétérosexuelles. En effet, de plus en plus nombreux sont les ambi-sexuels pour qui il s'agit d'un gadget de luxe, d'une jouissance de plus. Histoire de vogue. Cela est d'autant plus révoltant que leur vie sexuelle peut très bien s'épanouir par ailleurs 50. Véritable camouflet pour tous ceux qui subissent douloureusement une homosexualité involontaire, et dont certains font des efforts héroïques pour ne pas y céder, rêvant de pouvoir s'épanouir dans une sexualité normale, tout en étant dégoûtés ou effrayés à la seule pensée d'une relation hétérosexuelle.

50. Un jeune me disait que la plupart de ses partenaires de rue étaient bel et bien mariés, avec enfants... D'après Xavier Thévenot, 84% seraient célibataires, 16% mariés (repères éthiques). Des hommes mariés « invitent » d'autres hommes, pendant les périodes d'absences de leur femme, pensant qu'il n'y a pas adultère, puisqu'ils ne trompent pas leur épouse avec une autre ! ! !

Donc faire la différence capitale, entre ceux qui vivent ou subissent une homosexualité non voulue, et ceux qui librement la choisissent, pour ne pas dire la prônent, la promeuvent, la programment, la provoquent par tous les moyens — directs ou indirects — jusque chez les enfants. Créant ou favorisant toute une culture, un mode de vie et de pensée, une mode tout court, exclusivement, sinon agressivement, homosexuels. De ceux-ci on peut dire qu'ils sont criminels, coupables parfois d'homicides involontaires : que de jeunes, et même d'enfants, emportés par le Sida, simplement parce qu'ils ont été un jour les victimes d'irresponsables en quête de plaisir !

 

 

DES QUESTIONS TROP LOURDES À PORTER TOUT SEUL

 

 

Homosexuel, tu t'es un jour découvert tel ! Très tôt ou sur le tard. Progressivement ou brutalement : sous le choc d'une émotion ou d'une expérience, précoce ou non.

Parfois, ce fut la révolte 51. Avant de finir par t'y résigner et assumer, vaille que vaille, ta condition. Parfois, il a fallu des mois et des années pour t'en remettre, et pour admettre.

51. « C'est le mal le plus déséquilibrant, le plus déchirant. Même à mon ennemi, je ne le souhaiterais pas ! » Roland, 22 ans.

Dans tous les cas, tu as commencé par en être perturbé, déstabilisé. Du moins lorsque tu as réalisé que tous n'étaient pas comme toi, et que tu pressentais que quelque chose clochait quelque part.

Que de questions ont alors afflué à ton esprit ! « Si mes parents l'apprennent ne vont-ils pas cesser de m'aimer ? Comment le leur laisser deviner, sans vraiment le dire ? Jusqu'où le cacher ? Dans ma famille, vais-je être rejeté, exclu ? Comment avouer que je ne peux pas me marier ? Dans une société majoritairement hétérosexuelle, ai-je un avenir professionnel ? Si mon orientation sexuelle vient à être connue, serai-je mis à la porte ? Devrai-je rejoindre des ghettos ? Vivre dans la clandestinité ? »

Si tu es croyant, le questions redoublent : « Suis-je pécheur? Pourquoi Dieu m'a-t-Il fait ainsi? Serai-je rejeté par l'Eglise ? Trouverai-je une communauté chrétienne qui m'intègre tel que je suis? Pourrai-je vivre l'Evangile sans compromis?»

Et plus profondément, c'est une crise d'identité qui se déclenche : « Suis-je normal ? Coupable ? Suis-je condamné à ne pas pouvoir vraiment déployer toute ma capacité d'aimer ? Cette blessure, vais-je la garder toute ma vie ? » 52

52. Je connais un garçon violé à 11 ans par des camarades. Pendant près de quinze ans il fera le trottoir. Il est réveillé chaque nuit par des angoisses : « Qui suis-je donc ? » Un soir, il rentre désespéré dans sa piaule. Il sent une Présence, tout auprès de lui. Il devine que c'est Jésus. Il sait alors qu'il n'est pas perdu. Il finira par devenir moine. Témoignage dans : Ivre de vivre, collection Jeunesse-Lumière, Le Sarment, Fayard.

Eric, Jean-Charles, Sylvaine, à 14-15 ans déjà, vous me posiez ces questions terribles. Trop lourdes pour vos faibles épaules. Vous en étiez écrasés. Vous n'aviez personne à qui les confier. Parfois, des années durant vous les portez seuls, seuls, seuls... Désespérément seuls!

Il vous en reste un malaise, vous vous sentez mal dans votre peau. Entre deux eaux. Certains d'entre vous pour y échapper, ont fini par opter pour une solution draconienne. Au prix d'une coûteuse opération, vous vous êtes fait « transexuer», changer vos organes génitaux, du moins les apparences. Mais alors, combien n'arrivent plus jamais à s'en remettre, devant l'irréversible. Cela n'a finalement rien solutionné, et maintenant il est trop tard !

Beaucoup, sans aller jusqu'à cette extrémité, vivez en travestis, mais au fond de vous-mêmes, vous sentez bien que c'est un double jeu, une aliénation, une sorte de schizophrénie esthétique. Sylvain, Rejean, Yvan, dans votre piaule de Montréal, quelle détresse je lisais dans vos yeux, quand vous me posiez la question de vous faire carrément opérer ! Ai-je réussi à vous dissuader de l'irréparable ?

Le poids de ces questions si lourdes, n'est-ce pas celui des problèmes, conflits, déviances qui ne sont pas les tiens ? Qui sont ceux de la société, de ta famille, de ton entourage. Tu les reçois comme un héritage injuste, empoisonné. Tu en écopes. Tu payes les pots cassés. Qu'y faire ? Qu'en faire ? Quoi faire ?

 

 

2. Ni en rire, ni applaudir, mais accueillir et guérir

 

 

Ici, laisse-moi donc te dire plusieurs choses :

 

 

TELLEMENT PLUS AIMÉ QU'HOMOSEXUÉ

 

 

1. Tu n'y es effectivement pour rien. Tu n'as rien fait pour l'être ou le devenir53. Tu écopes des situations, mentalité, ambiance, et des différents facteurs dont je viens de parler. Tu as pu être victime d'une agression, ou simplement initié, parfois très tôt. Ceci dans la stupeur, si ce n'est l'horreur. D'autant plus, s'il s'agit d'un inceste.

53. Si l’orientation n'est en rien coupable, les actes, avec eux, sont mauvais de soi. (De même que l'acte de voler pour un cleptomane, ou d'incendier pour un pyromane).

Maintenant c'est ainsi, et tu n'y peux rien (je ne dis pas: plus rien. Nuance!) N'en sois donc pas culpabilisé, comme certains voudraient t'en accabler. Tu n'es ni coupable, ni pécheur, par le fait même de cette orientation.

Ne te considère ni comme damné par Dieu, ni marginalisé par les hommes. Et si ceux-ci effectivement te condamnent et te marginalisent, de grâce ne projette pas leur attitude sur celle de Dieu. Il ne cesse, lui, de t'aimer. De t'aimer tel que tu es. Et de t'aimer d'autant plus que tu es blessé. Il sait ce que tu es. Mais bien au-delà : qui tu es.

2. Tu n'es pas lesbienne ou homosexuel. Tu portes ou tu vis effectivement une tendance homophile. Mais ton être profond ne se réduit pas à cela. Il s'en faut de beaucoup ! Ce n'est pas ta nature profonde. Tu es tellement plus profond, plus grand, plus vrai que ton orientation homosexuelle. Tellement plus toi ! 54

54. De même, ne jamais dire : un(e) prostitué(e), un handicapé, mais une personne qui se prostitue (ou qu'on prostitue), qui porte un handicap, etc. Parler d'une prostituée comme si c'était de ta mère, d'un homosexuel comme si c'était ton propre frère. D'une « débile profonde» comme de ta petite sœur. Éviter le terme lesbienne.

3. Et toi, tu es un être en perpétuel devenir, en constante évolution. Avec le temps, tu grandis, tu changes. Ton affectivité prend d'autres formes, ta sexualité recherche d'autres expressions. Ton cœur connaît d'autres sentiments. Tu traverses des régions neuves : tu passes des seuils nouveaux. Tu n'es pas statique : pas une statue. Tu n'es pas figé : pas un pieu fixe. Tu n'es pas bloqué dans ta misère : pas un bloc de pierre. Et d'ailleurs homophile ne veut pas du tout dire homosexuel passant à l'acte. Tant s'en faut !

Dieu t'aime tel que tu es, c'est-à-dire tel que tu deviendras. Et qu'il sait et voit déjà. Il t'aime aujourd'hui tel que tu seras demain. Alors, toutes les portes te sont ouvertes... Tu peux tout espérer, tout attendre, tout désirer.

4. Tu es donc innocent de ton orientation mais tu dois assumer la responsabilité de tes actes. Mais à l'autre extrémité, ne normalise pas ta tendance ou ta condition homosexuelle. N'en fais pas une chose naturelle, bonne et saine, comme la mentalité dominante t'y pousse, ou sous prétexte que 10-15% de la population est homophile.

Ne dis pas trop facilement : « Dieu m'aime ainsi, car II m'a créé comme ça. Je suis en accord avec ma nature profonde, et donc c'est la volonté de Dieu. » « Actuellement, je suis heureux comme je suis. » Ne prends pas si facilement ton parti de ce qui te semble un état de fait. Ne dis pas trop facilement : « Je ne sais ce que je trouverai après un changement !» ou : « Changer, ce serait annuler ma vie passée. »

Quoiqu'on en dise, quoiqu'on en pense — et au tréfonds de toi-même tu le pressens — cela reste de l'ordre d'une limite, d'un handicap, d'une faille.

L'enfant leucémique, ou diabétique, est absolument innocent, ainsi que ses parents. Personne ne peut ni lui ni leur reprocher cette maladie. Il n'en reste pas moins que personne n'ira dire, pour les consoler, que c'est tout à fait normal, et qu'il n'est pas du tout nécessaire de suivre un traitement.

 

 

J'AI MAL D'ÊTRE MOI ! PATHÉTIQUE NOSTALGIE

 

 

Pour toi qui penses que c'est une alternative facultative à l'hétérosexualité, laisse-moi te poser simplement quelques questions. Réponds à toi-même en toute sincérité. Ne triche pas.

Rien ne trouble comme de tricher avec ce qu'on porte de plus vrai. Rien ne met la paix comme la vérité avec soi-même, en soi-même.

1. Franchement, est-ce vraiment épanouissant? N'y a-t-il pas toujours comme une secrète déception, si ce n'est une frustration ? Es-tu vraiment comblé ? Pourquoi pour tant d'entre vous — toi peut-être ? — l'expérience est-elle comme entachée d'amertume ? Après les jeux de l'adolescence, ne finit-on pas par se heurter à un non-sens?

2. Finalement, n'est-ce pas ton double, ton sosie, ton jumeau que tu cherches? Te rejoindre, t'atteindre, te voir, te sentir en un autre? Et toi-même en ta propre adolescence, que tu n'es capable ni de revivre, ni de retrouver, ni de dépasser : n'est-elle pas à jamais révolue ? Cet ado dont tu tombes follement amoureux : mais c'est toi! Toi à 12-14 ans! Tu t'y enchaînes. Tu t'y déchires. Tu te heurtes à un miroir. Tu t'essouffles après des mirages. Pathétique nostalgie !

Fais-tu tiennes les paroles de Jacques Brel : « Je chante, et je suis gai, mais j'ai mal d'être moi... » (L'ivrogne.)

3. Ou bien, n'est-ce pas la recherche désespérante d'un substitut : se blottir contre ce père, cette mère qu'on n'a jamais eu... Comme un cri trop longtemps étouffé : « Papa, Maman, mais aime-moi donc ! » Ce père qui ne l'a jamais vraiment été, ce sein maternel que tu rêves de retrouver... et finalement tu n'atteins qu'une ombre. Ou alors, l'obscur besoin d'être comme la femme de ton père, ou l'époux de ta mère pour obtenir leur amour ?

 

 

TOUJOURS UN AUTRE PARCE QUE JAMAIS L'AUTRE?

 

 

4. Serait-ce pour cela, que si souvent tu changes de partenaire? Comme s'il t'en fallait toujours un autre, pour compenser le fait qu'il n'est pas autre?

Et pourtant, à la longue, n'éprouves-tu pas le besoin fou de vivre une fidélité 55 ? Tant il est vrai que l'amour tend de lui-même et à la pérennité (durer toujours) et à l'exclusivité 56 ? Et l'expérience d'un si grand nombre — la tienne peut-être ? — montre combien est rare en homosexualité, un amour qui dure, qui tienne l'épreuve du temps, qui ne déçoive pas... Bien plus qu'en hétérosexualité. Et ces amours qui lâchent, que de blessures peuvent-elles laisser... Non, tu n'es pas fait pour t'user à passer indéfiniment d'un partenaire à l'autre. Ton cœur est trop grand pour cela, trop lié à ton cœur, ton corps ! Trop éternel ton amour. Trop brève ta vie.

55. « Je ne supporte plus l'angoisse de la solitude, alors je pars à la recherche d'un partenaire, pour être apaisé sexuellement...et peut-être trouver l'ami que je pourrai aimer vraiment. »

56. A la suite du Sida, beaucoup d'homosexuels recherchent une union stable, non risquée. «Duo», une agence matrimoniale gay, a reçu plus de 500 adhérents en près d'une année. Chacun y est soumis à un test anti-Sida. La drague y est formellement exclue. Les présentations se font par vidéos après un entretien avec un psy. En six mois, une cinquantaine de « pseudo-couples » étaient formés. Mais combien de temps tiendront-ils ?

 

 

CE SEXE QUI POUSSE A ANNEXER...

 

 

5. Et puis, le drame si fréquent d'un impossible amour avec celui/celle qu'enfin on semble avoir trouvé(e) ! Avoue-le simplement : ne t'est-il pas arrivé d'aimer quelqu'un qui, a priori, ne pouvait absolument pas te le rendre, du fait même qu'il/elle est hétérosexuel(le)57 ?

57. D'après un sondage auprès d'homosexuels chrétiens, 34% déclaraient que l'idéal visé était pour eux « vivre en couple avec un ami et le garder toute sa vie, n'ayant pas d'actes sexuels avec d'autres partenaires». Alors que pour seulement 8% c'était « avoir plusieurs relations affectives et sexuelles profondes au cours de la vie» et pour 17% « vivre en couple avec un ami que l'on aime, tout en ayant parfois des actes sexuels avec d'autres. » (Thévenot, ouvrage cité.)

Et comme tu le sais d'avance, tu ne t'aventures même pas à lui avouer, ni même à lui laisser voir ton amour. Peur d'être méprisé, rejeté. Une fois de plus. Et si c'était une passion, elle va te ronger du dedans, te consumer des mois durant. Sans même qu'il/elle s'en doute.

Ces situations de non-réciprocité, quelle douleur 58 ! Surtout pour les filles. A ces moments-là, on ne vit plus dans la réalité, on ré-invente la personne.

58. « A l'heure où naît un jour nouveau, je rentre retrouver mon lot de solitude. Comme un pauvre clown malheureux de lassitude. Je me couche mais ne dors pas, pense à mes amours sans joie, si dérisoires, à ce garçon beau comme un dieu qui sans rien faire a mis le feu à ma mémoire. Ma bouche n'osera jamais lui avouer mon doux secret, mon tendre drame... » Charles Aznavour, dans la chanson Je suis un Homo comme ils disent.

6. Encore ceci: pourquoi cette importance démesurée que prend le corps, l'esthétique, l'apparence, par rapport à la beauté intérieure ? A la limite, peu importe son nom...59. L'organe l'emporte sur l'âme.

59. «Il va courant d'un corps à l'autre, l'imaginant toujours plus beau, mais retrouvant le sien toujours plus fané, comme une fleur qui manque d'eau. Et il dit encore et encore. Il va, avec son vase vidé de son parfum, tenter de le remplir coûte que coûte. A quel prix ! » Christian Beaulieu, Cœur blessé, espère, p. 42.

7. Pourquoi aussi les pulsions homosexuelles sont-elles en général plus compulsives, contraignantes que les autres 60 ? Ta liberté n'y est-elle pas plus violemment agressée ? La maîtrise de toi-même plus durement éprouvée ? Pourquoi la séduction doit-elle si vite friser l'envoûtement, mais aussi si vite s'éclipser 61 ? Serait-ce que moins on est satisfait, moins on est sûr de soi et alors, plus on a besoin de répéter un acte?

60. « A certains moments, je suis comme possédé, je sens le matin à mon éveil qu'il me faudra passer, à l'acte aujourd'hui. » Dans certains cas de forte contrainte intérieure, faut-il parler de « liens » avec le Malin et faire appel au pouvoir de délivrance de l'Eglise?

61. En précisant que cette violence ne vient, en général, qu'à partir du premier passage à l'acte.

8. Si l'homosexualité peut même aller jusqu'à exclure l'envie même d'avoir des enfants, tôt ou tard, chez beaucoup vient ce besoin, impossible à comprimer, à contourner ou à détourner, besoin du corps et du cœur : donner la vie, avoir des enfants. Afin de donner enfin cette tendresse paternelle qui a pu te manquer. Là encore : impasse ! L'amour homosexuel rêve d'être de type conjugal, essaye de l'être, mais exclut de soi-même la dimension parentale.

 

« Je ne suis pas satisfait. C'est la stérilité de notre relation qui me gêne. Vivre uniquement pour se faire plaisir, avoir de bons moments en ne construisant rien, ça ne m'intéresse pas. La paternité me tente beaucoup 62. J'aimerais avoir une famille, mais je me sens tellement attiré par l'homosexualité que j'ai du mal à envisager de construire une famille pour ensuite tout laisser tomber pour vivre une passion. Pourtant c'est mon désir le plus cher de devenir papa... »

 

62. D'après certains sondages, 37% souhaiteraient adopter un enfant.

 

Au fin fond des choses, n'as-tu pas l'impression d'un amour qui n'arrive pas au bout de lui-même, qui est comme bloqué à mi-chemin ? Amour vite saturé, amour sans maturité. Amour sans fécondité, sans fruit qui demeure... Parfois... on s'en meurt!

 

 

VARIANTE OU DÉVIANCE ?

 

 

Quand tu te substitues à la femme, si tu es un homme, j ou vice-versa, quand tu emploies tes organes à ce pour quoi ils ne sont pas adaptés, quand tu reçois là où tu devrais donner, ou donnes là où tu devrais recevoir, ne pressens-tu pas qu'à ces moments tu n'es pas vraiment qui tu es ? Au-dessous, à côté de qui tu es ? Que tu te fais alors violence à toi-même ? Que tu vis un détournement, une distorsion, un décentrage, une aliénation?

Certaines d'entre vous m'ont avoué que c'est en commettant l'acte pour la première fois qu'elles ont saisi, l'espace d'un flash, que c'était contre leur nature profonde, qu'elles se faisaient comme violence à elles-mêmes 63. Que finalement, non, ce n'était ni bon, ni beau, ni sain, ni saint. Qu'elles s'abîmaient quelque part, aussi jouissant que cela pouvait être dans l'instant. Comme si tout à coup, la voix profonde de l'âme se faisait cri. Vertige du déséquilibre !

63. Le plaisir se prend si souvent en silence, sans une parole qui viendrait humaniser l'acte, sans un face-à-face !

Et elles en arrivent à cette certitude : non ce n'est pas une simple variation sur le registre de la sexualité, mais une déviation.

Alors, peu à peu, même si tu normalises toujours la chose et t'en satisfais, encore une inquiétude se met à

sourdre : et si ce n'était pas un épanouissement durable et profond ? Une espérance se met à pointer : « Et si je pouvais changer ? » Une question à surgir : « S'il s'y mêle tant de déceptions, inavouées, serait-ce le chemin désiré par Celui-là même qui m'a donné la vie ? »

Et c'est bien vrai ! Ce ne peut être ainsi que Dieu a pensé, prévu, désiré, rêvé les relations humaines. Ce n'est pas une copie conforme, que Dieu a offerte à Adam pour qu'il ne soit ni triste, ni seul.

C'eût été bien monotone et peu imaginatif ! C'est une personne en qui il se retrouve, cette chair de sa chair ! — mais en même temps autre, différente : complémentaire. (Lis ce que je dis de cette éblouissante complémentarité dans : Ton corps fait pour la vie, qui est la suite du livre que tu es en train de lire.)

Comment donc être pleinement heureux, dans toutes les fibres de son être, sans se laisser traverser par leur manière à eux, — le Père, le Fils et l'Esprit — de s'aimer : en donnant de faire exister ?

J'ose te le demander : n'aie pas honte de reconnaître simplement ces choses si tu les pressens. Au moins avant que l'habitude ne vienne émousser tes perceptions premières, parfois les plus vives, souvent les plus vraies.

 

 

N'AGGRAVE PAS TA BLESSURE, NE BOUSILLE PAS TA VIE !

 

 

Ne pense pas trop facilement qu'il s'agit de pulsions absolument incontrôlables, irrépressibles, comme on veut te le faire croire. Que le passage à l'acte est irrésistible. Même si c'est apparemment plus compulsif qu'en sexualité normale, ne te méprise pas au point de sous-estimer les capacités de résistance de ta volonté, ni la marge de liberté qui t'est laissée. Après des années de pratique assidue, après des centaines de partenaires, différents, Franck a su stopper immédiatement, dès qu'il a su qu'il pourrait transmettre le virus mortel.

Or, il n'était pas plus fort ni plus armé que toi. Ce qu'il a fait, tu le peux. Sans attendre d'avoir comme lui le couteau sous la gorge.

Si tu n'es jamais (je ne dis pas : jamais encore. Nuance !) passé à l'acte, alors, je t'en supplie, à genoux, ne cède pas. Résiste de toutes tes forces ! 64 L'enjeu est bien plus grand que tu ne le penses, surtout pour un enfant.

64. En lisant ce mot, une jeune fille m'écrit : « C'est difficile de ne pas passer à l'acte. On est très blessé affectivement, peut-on tenir jusqu'au sang dans ce monde hyper sollicitant ? Il faut avoir été guéri par Jésus pour résister, ou être particulièrement préservé par Dieu. Mais passer à l'acte ne bousille pas forcément une vie. »

On entend facilement dire : « Cela leur permet de faire une expérience ; s'ils ont déjà cette tendance, elle devient simplement explicite. S'ils ne l'ont pas, c'est sans suite. Cela a juste permis d'autres emplois de leur corps. Ainsi pourront-ils choisir librement leur type de sexualité ! C'est donc sans conséquences ! »

Eh bien ! moi je dis : c'est de l'inconscience. Bien sûr, cela peut ne pas « prendre » sur un enfant 65, mais cela peut aussi lui rester pour toujours, marqué au fer rouge, indélébile 66. Que d'ados j'ai connus, qui sont devenus homosexuels simplement suite à un seul acte — mais le premier. Et voilà : c'en était fini à jamais pour eux d'une sexualité saine et normale. Comme si un microbe s'était infiltré... Et le Sida serait-il comme une tragique illustration de cette espèce de contagion psychologique ? Hasard, s'il se transmet principalement par voie homosexuelle (ou hétérosexuelle si des relations homosexuelles ont précédé chez l'un ou l'autre partenaire) ? 67

65. Deux jeunes touchés par l'homosexualité relisant ces pages, ont ajouté à cette phrase la précision suivante : « Nous n'en sommes pas si sûrs ! Nous pensons au contraire qu'il reste toujours une faille après une telle expérience, surtout chez un enfant ! » Et même si une faille ne demeure pas, il peut rester une haine tenace pour la personne responsable.

66. On sait à quel point la première expérience sexuelle est déterminante pour la vie. C'est un geste, une odeur, un vécu qui peut conditionner tout l'être et pour toujours.

Oui, nous savons maintenant que cela peut être « mortifère »... D'abord à cause de la blessure que tu te fais à toi-même. Un premier acte laisse des traces indélébiles dans la mémoire. Les fantasmes que l'on peut avoir quand on n'a jamais « pratiqué », aussi obsédants qu'ils puissent être, sont bien moins nocifs que les souvenirs extraordinairement vivaces des actes effectivement commis. 67

67. Parfois une expérience de célibat authentique peut amener à des déblocages et ouvrir à l'hétérosexualité.

Ensuite, une fois commencé, c'est l'engrenage, dont on sort de plus en plus difficilement. N'y mets pas ton doigt, je t'en conjure ! Tu sais que tu entres dans ce cycle où un acte entraîne le suivant, mais tu ne sais pas quand ni comment tu en sortiras... Et plus tu chutes, plus se relever devient dur. (Le diabétique sait que l'excès de sucre peut lui être fatal; il s'en prive.)

Mais surtout, à cause des blessures que tu lui occasionnes, des ravages que tu peux faire à ton partenaire. Ils peuvent être incalculables. Surtout s'il s'agit d'un mineur. Alors, je t'en supplie, ne prends pas ce risque de bousiller toute une jeunesse, d'abîmer une existence, de pervertir une sexualité même si c'est en éveillant des

complicités latentes. Le risque, à court ou long terme de véhiculer le Sida 68 !

68. Le Sida est plus fréquent chez les homosexuels parce que, la muqueuse anale étant fragile et bien vascularisée, la multiplicité des partenaires entraîne un risque d'ulcérations et de contaminations accrues. L'anus n'est pas fait pour respecter la nature.

 

 

À TOI QUI REGARDES DE HAUT ET DE LOIN...

 

 

Pardonne-moi si je remue le fer dans la plaie, si déjà tu souffres d'une orientation affective ni équilibrée, ni équilibrante. Je le fais pour ceux qui ne se posent aucune question, pour qui cela va de soi. Mais aussi pour t'aider à comprendre qu'il te faut t'ouvrir à de nouvelles espérances, qu'un bonheur plus vrai et fécond t'attend. Que tu peux au moins désirer, espérer et déjà préparer.

Et puis je le fais, pour ceux qui ne sont pas concernés personnellement, pour qu'ils comprennent de l'intérieur ce drame, qu'ils posent un regard de miséricorde sur ceux qui en sont prisonniers, pour qu'ils soient véritablement leur frère, leur sœur dans ce combat 69.

69. « Dans l'action pastorale, ces homosexuels doivent être accueillis avec compréhension et soutenus dans l'espérance de surmonter leurs difficultés personnelles et leur manque d'adaptation sociale. Leur culpabilité sera jugée avec prudence, mais on ne peut pratiquer aucune méthode pastorale qui, retenant ces actes conformes à la condition de ces personnes, leur accorderait une justification morale. Selon l'ordre moral objectif, les relations homosexuelles sont des actes auxquels manque une dimension essentielle et indispensable. » Persona humana,

Oui à toi qui te permets parfois de juger, n'étant pas personnellement partie prenante, je me permets de rectifier quelques clichés :

On entend dire qu'ils forment une société secrète, qu'ils sont toujours repérables en public, tous efféminés, se retrouvent dans certains milieux ou professions, tous pédés, dépravés, sinon violeurs, portés à la criminalité, psychologiquement perturbés, toujours instables, etc. Que ne met-on pas sur leur dos ! Et c'est ainsi qu'on les rejette, qu'on les écrase dans leur isolement, qu'on les enferme dans des ghettos et qu'on leur passe la première pierre.

Alors que pour tant d'entre eux, c'est le contraire : ils ne forment nullement une espèce de secte, ne se font pas remarquer, ont un comportement viril (s'ils sont hommes) ou féminin (s'ils sont femmes), normal dans les apparences... Viennent de tous les milieux, pratiquent toutes les professions (même si certaines favorisent davantage l'homosexualité), n'ont pas forcément plus d'attrait pour les mineurs que bien des hétérosexuels, et ne sont ni plus dépravés, détraqués, criminels que les autres.

J'ose donc te demander simplement de :

— N'en faire ni des coupables ni des héros mais de beaux enfants de Dieu pécheurs comme tous, comme tous appelés à devenir des saints.

— «Ni les salir, ni les blanchir», mais compatir et guérir.

— Ni en rire, ni y souscrire, mais accueillir et soutenir...

— Ni détruire, ni applaudir, mais construire et faire grandir...

— Ni accuser, ni légitimer, mais aider et soigner...

— Ni condamner, ni canoniser, mais comprendre et aimer, aimer, aimer..

— Tout aimer chez l'homosexuel, au point de ne rien accepter de son homosexualité.

— L'aimer assez pour rejeter ce qui l'abîme.

— L'aimer assez pour ne pas prétendre que son homosexualité le rend heureux.

— L'aimer pour ce qu'il est, non pour ce qu'il fait.

— L'aimer pour lui-même, afin qu'il aime en vérité !

 

3. Quelques pistes pour t'aider à grandir

 

 

Ne pense pas d'avance : c'est irrémédiable. Irrécupérable. Incurable. C'est vrai, ce peut être très long, au cas où il s'agit de quelque chose de plus profond qu'un dérapage de puberté. Sûrement une des blessures les plus difficiles à guérir. Une des déviances les plus dures à rectifier...

Pourtant, bien plus nombreux qu'on ne le pense, ceux qui en sont sortis. Rarement seuls, mais aidés par d'autres, et surtout par le Seigneur en personne 70. (Voir témoignages en annexes.) J'en connais un bon nombre.

70. Un jeune touché par l'homosexualité, ayant lu ces pages, m'écrit : « Quand on rencontre vraiment le regard de Jésus, on ne peut plus dire que l'homosexualité est normale. Jésus nous fait découvrir que c'est tout à l'envers. Reste le corps avec ses habitudes, son passé... Eh bien ! il y a les sacrements, il y a son Corps et son Sang. Et de se savoir aimé 24h sur 24, ça oui, alors ! Je peux te dire que cela aide à voir tout différemment et à repartir chaque fois plus fort. Jusqu'au jour de la rencontre. »

Voici quelques moyens simples qui peuvent t'aider :

1. La première question que pose Jésus au paralysé : « Veux-tu guérir ? » Commence donc par désirer effectivement changer. Cela ne peut venir qu'une fois réalisée l'impasse dans laquelle te fait vivre l'homosexualité. Cette prise de conscience est souvent déchirante, beaucoup y trouvent tant de satisfactions immédiates qu'ils n'ont nul désir d'en sortir. Comme ces personnes qui se complaisent dans leur handicap ou leur maladie, attirant sympathie et compassion de tous, qu'ils préfèrent finalement rester tels, plutôt que de guérir. Guérir de quoi au juste ? Mais de toi-même ! Il s'agit de rééquilibrer ton être tout entier. S'il n'y a pas au moins ce désir — je ne dis pas encore ce besoin, ni même cette volonté — c'est sans solution, puisque cela va sans problèmes. Ensuite, que peu à peu ce désir se fortifie en volonté, en décision, en détermination.

 

2. Supplier le Seul qui en soit effectivement capable : ton créateur et sauveur, Jésus. Qui d'autre peut descendre en ces profondeurs où tu as pu être blessé ? Techniques et traitements psy peuvent, certes, y aider. Mais vient un seuil où elles calent. A la racine de ton orientation sexuelle, il peut y avoir un événement, tellement lointain ou tellement refoulé qu'aucune psychothérapie n'est capable de le détecter, et surtout de le désinfecter. Alors qu'il peut remonter à la surface au cours d'une prière, où quelques frères prient avec toi pour ta guéri-son. Bon nombre peuvent témoigner que le Seigneur est ainsi intervenu dans leur problème. Bien que ce ne soit jamais un truc magique, ni automatiquement performant. Il dépend toujours et de la confiance d'enfant que nous lui faisons, et de la libre volonté du Seigneur.

Dans le cas de l'homosexualité, cette guérison à travers la prière est très rarement instantanée. Elle peut s'échelonner sur des semaines, des mois, sinon quelques années. Durant lesquels il faut collaborer de toutes tes forces, par des petits moyens à ta portée. Parmi bien d'autres choses.

 

3. Ouvre-toi à tout ce qui est différent de toi. Dans tous les domaines. Va de préférence vers ceux qui sont d'une autre culture, race, mentalité, caractère, tempérament. Intéresse-toi à tout ce qui est autre que toi. Et, bien sûr, particulièrement aux filles si tu es un garçon (ou vice-versa). Non pas d'abord aux différences morphologiques ou physiologiques, qui d'ailleurs te laissent encore indifférent. Mais à ce qu'ils/elles sont en profondeur, à leur grâce spécifique. Apprends la complémentarité. Ne reste pas collé au semblable. Brise ton miroir.

Cette ouverture, demande-la à Dieu par Marie, comme un cadeau. Ce cadeau qu'il désire tellement te faire, mais qu'il ne peut t'imposer.

J'en connais dont l'homosexualité est devenue nettement moins contraignante, sinon quasiment guérie, simplement en se dévouant au service des personnes atteintes par un handicap, du corps ou de l'esprit. Ou partant donner le meilleur d'eux-mêmes dans les pays pauvres. Apprends donc à partager, à donner, à te donner.

 

4. Sors de ton isolement. Recherche davantage contacts, rencontres, échanges. Laisse-toi intégrer dans une communauté chrétienne où tu ne te sentiras ni jugé, ni accusé, mais accepté, accueilli, aimé tel que tu es, tel que tu seras. Et puissent toutes les communautés de baptisés, grandes ou petites, constituées ou informelles, devenir ces lieux de compassion où bat le Cœur même du Seigneur Jésus.

Alors, tu pourras t'y investir, participer à sa construction, y être pierre vivante, serviteur d'une    communion 71.

71. Certains groupes homosexuels ne visent nullement une guérison. Par contre un centre comme Turnabout (Londres) y achemine, avec fruits. Le psychologue américain Irvina Bieber note que 38% de ses patients sont revenus à l'hétérosexualité : « Tout homosexuel peut opérer un revirement complet si les conditions l'y incitent ». L'Association des médecins d'Angleterre constate l'influence des conversions religieuses dans ces revirements.

 

Ce cri magnifique d'une fille, au nom de tout un peuple : «II faut des saint Vincent de Paul pour les homosexuels 72. »

72. Et de préciser tristement : « Mais y a-t-il donc de ces communautés ? Elles sont loin de courir les rues. Je le dis par expérience. Quand on dit qu'on est homo, les gens ont plus peur qu'autre chose. Et je comprends. On ne sait pas comment les prendre sans les blesser, ou se   blesser ! Puisse Dieu susciter des lieux d'accueil pour ces pauvres, où ces jeunes peuvent se reconstruire, car seul c'est un combat trop dur. »

 

5. Ne te réduis pas à ton homosexualité. Qu'elle ne te dévalorise pas à tes propres yeux. Ce n'est qu'un aspect de ta personnalité, de ta vie, même s'il est important et qu'il tend de fait à compliquer, sinon à envenimer, ta vie relationnelle. Tu peux avoir une sexualité malheureuse, une affectivité perturbée, tout en étant un être merveilleux, rempli de richesses, de dons et de charismes. Sans parler de ce qui est parfois le positif de cette blessure : chez le garçon, une certaine sensibilité, finesse de perception, intuitivité, sens de la beauté et goût pour la paix. Chez la fille, un certain courage, témérité, audace, esprit d'initiative. Ces dons — le positif du négatif — peuvent être mis au service de Dieu et des hommes. Il faut miser sur le meilleur en toi. Guérir le malsain à partir des tissus intacts, comme le fait un bon médecin. Il y a tant d'autres choses en toi que l'homosexualité ! Cherche tout ce qui n'est pas contaminé. Tout ce qui est sain et clair.

Regarde tous les gestes humains que tu poses, où n'interviennent nullement tes tendances homosexuelles. Mais où se manifestent la générosité de ton cœur, autant que tes capacités et compétences, humaines et spirituelles. Tes dons et tes talents.

Si tu es marié (non homosexuellement, bien sûr!), tâche de découvrir que tu vis tout de même quelque chose de beau avec ce conjoint que tu as tant de peine à rejoindre physiquement ou psychologiquement.

Et puis, toutes ces pages d'Evangile que tu écris peut-être sans le savoir. Ce que tu fais, vis, en tant qu'enfant de Dieu : tu pries, tu pardonnes, tu sers, tu donnes et te donnes, tu offres, tu aimes... Ainsi, peu à peu, tu élargiras les secteurs de vie où tu n'agis nullement en homosexuel. Les plages vierges de ton être. Tes points d'eau vive, tes sources d'espérance, repère-les.

 

6. Un domaine où tu peux déployer le meilleur de toi-même : l'amitié 73.

73. Certaines amitiés d'abord provoquées par des rencontres éroti-ques ont effectivement mûri en amitié saine et franche. N'exclue jamais cette perspective que bien d'autres ont vécu.

Tu es capable d'en vivre de grandes, de vraies, de belles, de pures 74. Avec ceux du même sexe, tu peux les dégager des interférences sexuelles, bien que ce ne soit jamais facile. (C'est au fond le même problème pour les hétérosexuels.) Une relation peut être parfaitement authentique sans du tout impliquer un contact sexuel. Avec des personnes de l'autre sexe, c'est nettement plus facile et souvent très équilibrant. Je connais des homosexuels qui vivent avec des filles une amitié profonde, franche, libre de toute expression et même arrière-pensée sexuelle (et pour cause!). Amitié qui les fait grandir.

74. Nuance d'une fille : « Pas évident de vivre des amitiés avec ceux du même sexe, sans penser un jour ou l'autre à l'aimer. Avec Dieu, oui, mais humainement, c'est difficile ! » Je lui répondrais : mais l'amitié n'est pas la camaraderie. Il existe un amour d'amitié aussi puissant, mais dans un ordre non sexuel, que l'amour conjugal.

Terrain de choix qui peut t'arracher à la solitude, te sortir de cet « autisme » qui caractérise tant d'entre vous. Tu y fais l'apprentissage d'une liberté, d'une gratuité, peut-être insoupçonnée jusque-là, dans une relation d'amitié noble et belle. Et quelle richesse tu peux ainsi mettre en valeur !

Est-ce parce que toute la vie d'un consacré, d'un prêtre mise sur une exclusivité d'amour avec le Christ, que si facilement tu te confies à l'un d'entre eux ? Son cœur est alors bouleversé par une telle confiance. Il comprend que c'est à Jésus lui-même que tu t'adresses. Et que l'amitié vraie et pure que finalement tu attends de lui trahit une secrète nostalgie de partager la grande Amitié que lui-même vit avec son Créateur, qui est le tien. En devenant amis, dans le sens le plus vrai du mot, vous allez vivre avec Dieu, une relation de fidélité et de beauté.

Puissions-nous, nous les consacrés, savoir vous consacrer (c'est le mot juste !) temps et cœur, au point de vous sentir accueillis par Dieu en personne ! Puissent beaucoup de communautés chrétiennes vous offrir ces lieux-sources où vous vous sentirez respectés en profondeur. De ce respect qui récuse le mal qui vous atteint et vous éteint à petit feu. Ce respect qui voit et aime en vous l'enfant que Dieu voit et aime.

Et enfin, et surtout, découvre ce père qui t'a peut-être un jour manqué. Père ni autoritaire, ni timide. Mais ferme dans une infinie douceur. Présent à 100%, et pourtant respectant totalement ta liberté. L'as-tu reconnu? Le seul qui soit Père en plénitude, et dont la nostalgie habite ton cœur : LE PERE ! Plus que personne tu as besoin de Lui. Oui, de Dieu très spécifiquement en tant que Père.

 

 

4. Si tu demeures blessé, qui t'empêche d'aimer?

 

 

Si avec le temps vraiment tu n'en sors pas, malgré tous tes désirs, efforts, recours. Si tu continues à déraper, une fois après l'autre. Si ta capacité de résistance semble anéantie, ta volonté inhibée, ton corps lassé et lacéré, même alors, ne désespère pas, je t'en supplie. Et puis, rappelle-toi toujours que le Seigneur agit avec le temps. La chasteté est rarement donnée d'un coup. On y entre, ou plutôt on la reçoit progressivement. Elle n'est pas un état conquis d'avance. Elle est en devenir. Ce qui demeure toujours ouvert : le chemin de la sainteté, donc d'un bonheur secret qui jamais ne passera.

A plusieurs conditions :

 

1. T'accueillir comme un de ces blessés qui ne peuvent vivre sans leur sauveur (comme un enfant handicapé suspendu aux attentions des siens). Qui sans cesse, au fond de leur détresse, se tournent vers lui. Tu peux être de la race de ces pauvres, qui nous précèdent dans le Royaume.

Beaucoup se sachant et se sentant blessés par la vie, se précipitent vers Celui qui est la Vie. Déçus par les hommes, attirés par les uns, rejetés par les autres, ils découvrent en Jésus, Celui-là seul qui les comprend de l'intérieur, ne les juge pas. Mais les attire à son Cœur, lui-même blessé par la dureté humaine. Ils expérimentent que Dieu est de leur côté. Plus un être est rejeté par l'homme, plus il est jeté dans les bras de Dieu. Le poids même de son handicap le précipite dans l'abîme du Cœur du Père : ce Père qui a un faible pour les plus faibles. Un penchant pour les mendiants. Et comme une complicité pour les méprisés.

Regarde où vont ses préférences (qui ne sont jamais des exclusives) : vers les marginalisés de son temps, celles qui se prostituaient, vers les agents du fisc tellement méprisés, vers un gangster dont il fait son dernier ami et son premier saint (voir en Saint Luc, chap. 7 et 23).

 

2.  Vivre une intimité vraie avec Lui.

Non seulement rien ne t'empêche, mais tout te pousse à entretenir une relation d'amour, une relation personnelle avec Lui. Faire de Lui le partenaire privilégié de ton cœur. L'Ami qui, lui, jamais ne te laissera tomber. Le seul qui jamais ne laisse seul. J'en connais bon nombre pour qui un temps de prière devant l'Hostie consacrée permet de tenir. Non pas qu'ils soient guéris de leur orientation, mais ils arrivent, grâce à Lui seul, à ne pas la pratiquer.

Ecoute Franck, 22 ans :

« II se passe des choses dans ma vie, Daniel. Je veux revenir à Dieu. Je veux Dieu. Je veux lui donner ma vie toute entière comme il veut. Je veux tout lui abandonner. Je suis fou de Dieu et je crois que c'est la grâce que le Seigneur m'a donnée. Il y en a qui ont la grâce, d'évangéliser, d'autres de prophétiser, etc. Moi, le Seigneur m'a donné la grâce de l'aimer. Comme c'est    beau !

« II se passe dans ma vie que je rêve que le Seigneur, tel le père de la parabole de l'enfant prodigue, se réintéresse à moi ou plutôt qu'il me fasse prendre conscience qu'il n'a jamais cessé de s'intéresser à moi dans ma débauche même. Et débauche, Daniel, il y a eu. Ne parlons pas d'homosexualité, c'est un sujet trop profond pour en parler juste en quelques lignes, c'est une composante de moi, guérison ? nature ? mode ? Je ne veux pas savoir pour le moment, toujours est-il que cela entraîne :

superficialité, orgueil, mépris et dans un certain engrenage, multiplication à l'infini des partenaires et éloigne-ment de Dieu. Aujourd'hui, hurle avec moi vers Lui, qu'il prenne toute ma vie.

« Tu vois, le Seigneur fait des merveilles, mais ma vie est pleine de petits non, de révoltes, d'angoisses et de manques de confiance. Crie avec moi, mon frère, afin que le Seigneur aie pitié de mon peu de foi et que les petits oui deviennent de jour en jour plus importants que les non. J'aime le Seigneur, si fort, si fort ! Que jamais je ne puisse douter de son Amour pour moi, mais c'est parfois dur... si dur! Aide-moi!

« Voilà mon frère, prie, prie, prie très fort pour ce petit frère un peu perdu que je suis. Je ne sais pas où je vais mais je veux y aller avec le Seigneur. Il est ma seule raison d'être et je l'aime. »

 

Tu me diras : mais c'est Frank ! Et il avait le Sida ! Eh bien, justement : si dans de telles souffrances on peut vivre une telle familiarité avec Dieu, pourquoi pas lorsqu'on souffre moins ? Pourquoi donc attendre les jours de malheurs pour découvrir le doux visage du Sauveur ? Pourquoi donc attendre l'épreuve suprême pour vivre une réalité capable de transformer du dedans la pire des situations ?

 

3. Tenir d'un pardon à l'autre.

Si la tendance n'est nullement de l'ordre du péché, l'usage que tu en fais en relève effectivement. Nier toute part de responsabilité dans un acte, c'est faire de toi un robot. Simplement parce que tu es homme, il reste toujours une part de liberté, à l'intérieur de laquelle joue ta responsabilité, aussi étroite que soit cette marge, aussi restreinte que soit ta responsabilité. Le nier serait te mépriser 75. Tu rejettes Jésus. Comme tu te sens rejeté. Tu le marginalises à la périphérie de ta vie. Mais peu à peu, tu deviendras enfant du Pardon, fils ou fille de la Miséricorde. Et à ton tour, tu deviendras pardonnant...

75. On ne peut effacer des lettres de saint Paul ce qu'il dit sur les « passions avilissantes » qui dégradent l'homme ! (Lettre aux Romains, 1, 26). La débauche régnant dans le port de Corinthe n'avait rien à envier à celle de certaines de nos villes.. « Dans la Parole de Dieu, nous retrouvons un passage dans le livre du Lévitique qui dit : « Quand un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ce qu'ils ont fait là est une abomination. Leur sang retombera sur eux. » Durant six ans de ma vie chrétienne, ce passage m'a littéralement hanté jour et nuit jusqu'au moment où j'ai fini par comprendre ce pourquoi Dieu dût le mentionner. Pour l'homosexuel, l'homme devient un idéal et il en fait un dieu. Or, c'est Dieu qu'il nous faut idéaliser et mettre en tout premier. » (D'un homosexuel de Québec.) De fait, l'homosexuel peut effectivement friser l'idolâtrie : « Le pédéraste hisse l'adolescent dans sa grâce encore enfantine au niveau d'une déité. L'amour des adolescents est davantage une religion qu'un simple rapport d'être à être. Le bien-aimé est un jeune dieu, auquel tout est permis et que l'amant vénère avec adoration. » Revue Arcadie, mars 1978.

 

4. Offrir ta condition humiliée et pardonner.

Dans bien des milieux et régions, l'homosexualité provoque aversion et répulsion. Combien de fois n'as-tu pas essuyé sarcasmes, quolibets, injures. N'as-tu pas été le pitoyable objet d'une hautaine condescendance : « Le pauvre! Il n'y peut rien! Il fait pitié!» Ce qui est l'odieuse caricature de la vraie compassion : celle qui souffre-avec, qui comprend, qui partage du dedans, mais pour faire grandir, pour essayer de guérir. Tendresse active où exigence et miséricorde s'étreignent.

Tout ce qu'on peut colporter de généralisations hâtives, et donc de jugements erronés sur vous !

Face à ces vexations et ce mépris, je te demande trois choses :

— D'abord comprendre que beaucoup ne peuvent pas vous comprendre...

— Surtout pardonner à ceux qui ne savent pas de quoi ils parlent, ni la portée de leur jugement, ni des blessures causées et des souffrances occasionnées.

— Enfin, t'unir plus profondément d'un côté à Jésus qui a été tellement plus méprisé, rejeté que toi. Et de l'autre à toutes ces autres personnes aussi marginalisées, méprisées, à cause d'un handicap lourd, du corps ou de l'esprit. Sans parler des minorités raciales, des réfugiés et exilés, des personnes diminuées par l'âge... Tous, ne faites-vous pas partie de ce peuple immense des pauvres que Dieu aime. Dès qu'ils s'accueillent eux-mêmes comme tels.

Si ta condition est lourde, trop lourde à porter, que ce poids devienne celui de Sa Croix à Lui, celle qui te rapproche de ton Sauveur et sauve le monde. Tant de grâces de rédemption peuvent en jaillir !

 

5.  Vivre au maximum l'Evangile.

Ce n'est pas parce que sur un point précis il t'arrive encore de déraper, que tu n'es pas appelé à marcher sur le chemin royal des Béatitudes, et que tu dois rester à jamais dans la fange du fossé. Si chaque pardon te remet debout, c'est bien pour marcher, pour danser sur cette route de lumière. Rien ne t'empêche d'aimer le Seigneur, de le prier, de l'adorer dans l'Eucharistie, de te mettre au service des pauvres, d'annoncer la Bonne Nouvelle autour de toi. Au contraire : tout t'y entraîne. Je connais tant de jeunes comme toi qui se dépensent

sans compter au service de l'Eglise et du monde. Extra-ordinairement dévoués, donnés.

 

6. Tout cela le faire avec un cœur de pauvre, avec la belle humilité de ceux qui vivent une condition humiliée, qu'ils ont fini par accueillir, sans complaisance, comme sans révolte. On les reconnaît à cette sorte de discrétion, de timidité. Comme s'ils n'osaient pas. Comme s'ils se sentaient indignes de servir. Chez eux, nulle trace de suffisance. Ils sont trop humiliés par eux-mêmes, ils ont été trop humiliés par les autres pour oser surplomber les autres à leur tour. Ils sont comme effacés. Mais non moins audacieux. Ils ont le courage des doux. L'audace des enfants. La témérité des petits. Dieu les trouve beaux !

C'est parce qu'ils sont si vite enfermés sur eux-mêmes, qu'ils ouvrent toute grande leur porte au plus pauvre. Si fragiles, qu'ils leur faut sans cesse recevoir le Corps de Dieu pour tenir dans une chasteté impossible sans Lui. Si facilement tombés, qu'ils ne peuvent avancer que de pardon en pardon.

 

7. Alors, l'Esprit te donnera la force, tout en ne pouvant changer ton orientation homosexuelle, de reprendre ta liberté (le mot juste !) par rapport au partenaire avec lequel tu vis peut-être. Cela ne peut se faire d'un coup. Dans certains cas, ce serait dangereux et pour lui et pour toi. Il faut attendre qu'il y ait un amour nouveau qui peu à peu t'emplisse (et si possible lui aussi) d'une secrète joie, d'un bonheur ignoré jusque-là. Ce peut être un long chemin. Mais à quelles merveilleuses libérations ne peut-il aboutir ?

J'ai connu des filles qui, désirant fortement vivre la joie d'un Evangile non frelaté, ont eu le courage de stopper toutes relations physiques, de vivre dans des logements à part, tout en restant amies, mais en vérité. Et dans le même service du même Royaume. Leur amitié s'est peu à peu dégagée des conditionnements sexuels qui la maintenaient à un niveau superficiel. On passe alors de l'amitié spécifiquement sexuelle, consommant l'autre, à l'amitié dans la gratuité, épanouissant l'autre, à l'amour d'amitié.

On renonce à la dimension pseudo-conjugale, on se met à s'aimer comme deux sœurs, ou deux frères, de même sang (et cela devient possible, en recevant le même Sang du même Jésus). C'est-à-dire en enfants de Dieu. Cela rend à l'autre sa liberté intérieure. Lui permet de grandir, de devenir lui-même enfin.

Si tu savais le nombre d'homosexuels qui vivent héroïquement leur condition. Qui arrivent à ne jamais, ou à ne plus, la pratiquer. Et ils ne sont pas coincés pour autant. Ils restent fragiles : Dieu est leur force. Tu ne le croiras peut-être pas. Je connais plusieurs qui se prostituaient et maintenant se sont consacrés à Dieu. Et les voilà heureux, rayonnants! A Dieu, quoi d'impossible?

 

8. Cela n'est pas possible sans inviter dans ta vie une certaine compagne qui peut te faire découvrir de l'intérieur la splendeur de la féminité. Marie, dans la fraîcheur de sa virginité et dans la fécondité de sa maternité. Et vierge, et mariée, et mère. Elle rectifiera en toi l'image si défigurée de la femme. Elle t'enveloppera de sa joyeuse jeunesse, une jeunesse éternelle. Elle rendra ton amour à la lumière ! Elle t'aidera à avoir compassion de toi-même. A t'aimer en vérité. A te voir dans sa beauté.

 

 

5. Eros et Thanatos s'étreignent76

 

76. Thanatos = la mort.

 

 

UNE SEXUALITÉ DÉ-PERSONNALISÉE : DÉ-BRANCHÉE DE L'AMOUR

 

 

Dans un premier temps, seule importe la beauté physique. Ne compte plus que le corps. Le cœur, le caractère, le tempérament, bref tout ce qu'est une personne, tout ce qui fait qu'elle est unique, n'a plus guère d'importance. On ne cherche pas à la connaître, puisqu'on ne cherche pas à l'aimer. L'ambiance érotique actuelle tend à privilégier l'aspect physique plus que la dimension spirituelle 77. L'aspect profondément humain, amoureux au sens vrai du terme, est évacué. Ne reste que le sexuel, dans sa crudité. Comme si pour décrire un repas de famille, où l'on se retrouve dans un climat de joyeuse intimité, un journaliste ne parlait que de la mastication, de la digestion, ne décrivait, avec force détails, que dents, langues, tubes digestifs et intestins... sans dire un mot sur la décoration, la conversation, les personnes, les visages, l'émotion, l'ambiance humaine et spirituelle.

77. Et encore un certain un certain type de beauté exclusivement! («Beauté» esthétique, photogénique, cinématographique: svelte, bronzé, etc) au point de culpabiliser ceux et celles qui ont un autre type de beauté ou de morphologie. Tant de jeunes chez qui cette pub omniprésente a créé un véritable complexe d'infériorité. Aujourd'hui, aux USA, à cause du symptôme de maigreur chez les Sidéennes, la pub érotique prône la corpulence...

Et voilà que par la logique de ce rétrécissement, dans un second temps, le corps lui-même va se réduire aux seuls membres génitaux. Jusque-là, il y avait encore de l'éblouissement devant le visage, la fascination des regards, du sourire, des mains. Mais mains, sourires, regards, visages sont encore tout pénétrés de spirituel. On l'a vu : l'âme s'y devine. C'est encore la personne qui attire, même si ce n'est que son aspect extérieur. Mais voici que très facilement, on glisse encore plus bas. Ne reste que l'espèce d'envoûtement exercé par le seul sexe78. L'éblouissement s'est terni, l'émerveillement s'est fané : l'amour a fini par tarir, par se trahir 79. Alors on n'est guère plus qu'une bête. Je dis bien « on » et non « tu » ou « je » : la sexualité est dé-personnalisée. L'acte sexuel n'est même plus une relation. Il se réduit à une simple mécanique, sur commande. Et le corps — le sien et celui de l'autre — à un gadget à plaisir. Jusqu'aux « relations » avec d'autres membres du corps que les organes génitaux. Seule la chair compte, peu importe où et comment. « Partouses » de plus en plus à la mode, dans certains milieux : plusieurs partenaires à la fois. Pas d'amour à exprimer, encore moins de vie à donner. Personne à aimer. Personne à susciter. Sexualité impersonnelle. Anonyme. Aliénante.

78. Des jeunes m'avouaient qu'ils couchaient même avec des personnes âgées, laides, désagréables, sans éprouver le moindre attrait physique ! Autant qu'ils satisfassent leurs instincts, peu importe avec qui !

79. Typique que dans nombre de revues, le classique « courrier du cœur » soit devenu le « courrier sexuel ».

 

 

CE COEUR VIDE ET TROP PLEIN D'AMOUR À DONNER

 

 

Un pas de plus et c'est la prostitution où la chair est même commercialisée. Chair fraîche à tripoter, traficoter, consommer. De gadget à plaisir, le corps devient capital en banque, valeur cotée en bourse, objet de contrat, de marchandage. Au vice se mêle l'avarice. Et pourtant chacune de ces personnes est quelqu'un d'unique, de merveilleux, qui n'attend qu'une seule chose : être aimé pour ce qu'il est, et non pour ce qu'il fait. Pour son cœur profond et non pour son corps. Pathétiques, ces regards de jeunes qui se prostituent, et si souvent doivent le faire pour vivre, ou plutôt sur-vivre. Drame d'une société qui peut acculer à de telles extrémités ! Drame des connivences financières, économiques et même politiques. Colonialisme masculin le plus souvent, exploitant la faiblesse des femmes, des jeunes, des enfants. Je suis de plus en plus bouleversé par la détresse de tant de ces êtres méprisés. Quelle sourde attente, quelle soif de Dieu s'y cache ! Affleurant parfois à fleur de regard. Ne jamais, jamais réduire une personne à son métier, et surtout pas à celui-là. Son cœur est infiniment plus grand, plus profond. C'est un tel, une telle, qui se prostitue. Mais qui sait si c'est vraiment librement, volontairement ou s'il est victime et des hommes et des circonstances . La prostitution n'est pas irrémédiable. Combien ont pu être arrachés à cet esclavage, s'en sortir de cet enfer80.

80. Lire l'admirable témoignage de Michèle, dans Histoire de Michèle, puis dans Michèle et son destin, Editions Fayard. Surtout le chapitre sur le rôle de Marie dans sa guérison. A ses funérailles, une multitude de tous bords étaient présente, ayant vécu dans le rayonnement de lumière de cette femme étonnante !

 

« Ne le savez-vous pas ?

Vos corps sont des membres du Christ. Et j'irai prendre les membres du Christ pour en faire les membres d'une prostituée ?

Jamais de la vie !

Ne le savez-vous pas ?

Qui s'unit à la prostituée n'est qu'un seul corps avec elle ; qui s'unit au Seigneur n'est qu'un seul esprit avec Lui. »

Saint Paul aux baptisés de Corinthe 1ère lettre 6, 15.

 

Dans la prostitution, la liberté est au moins relativement respectée. Relativement, car la victime est souvent bien obligée de prendre celui qui se propose, qu'il lui plaise ou non. Intérieurement consentante ou non, il faut bien qu'elle se livre. Mais le viol est effraction violente dans l'intimité d'une personne. Presque de l'ordre du meurtre. Meurtre d'une liberté. Cas limite où il n'y a plus ni amour à exprimer, ni vie à susciter. Où seul l'instinct animal l'emporte. Souvent teinté par la haine.

 

 

OÙ LA CONFIANCE S'INVERSE EN VIOLENCE

 

 

« Je veux que mes chansons soient des caresses ou bien des poings dans la gueule. » (Renaud.)

 

Comme pour la musique, la sexualité peut exprimer la plus douce des tendresses, comme elle peut sécréter la plus meurtrière des haines. L'amour s'inverse en haine.

La Bible en donne un poignant exemple. Ce pourrait être un fait divers dans France-Soir : Tamar — le nom de la jeune fille — ne veut avec Amnon qu'une relation fraternelle. Elle refuse net de coucher avec lui : « Non, mon frère, cela ne se fait pas ! » Par contre, elle sera d'accord s'ils se marient : « Parle au Roi, il ne refusera pas de me donner à toi. » Mais Amnon veut la posséder.

Il la maîtrise, la violente. Et tout à coup, ça y est : « La haine qu'il lui porta surpassa de beaucoup l'amour qu'il avait pour elle. » II veut la chasser. Il n'en veut plus : « Va-t'en ! » comme on le dit à une chienne. Et Tamar, si belle dans sa simplicité : « Non, car me renvoyer serait un mal plus grand que l'autre, celui que tu m'as fait ! » C'est ainsi qu'elle aime. Elle ne se venge pas. Elle ne veut pas qu'il se rende coupable d'un nouveau péché. Un mal n'efface pas un autre 81.

81. Voir récit complet dans l'Ancien Testament : 2 Samuel 13, 1-21. La Bible est vraiment le livre de notre vie. On y retrouve tant d'épisodes et de circonstances de notre quotidien !

 

 

OÙ LE « JE-TU » S'INVERSE EN « JE TUE » !

 

 

La mort peut intercepter la fécondité 82, mais elle peut déjà interférer dans l'exercice même de la sexualité. Non seulement poursuivre le fruit après coup, mais déjà accompagner l'acte. Etrange preuve du divorce cœur-corps : haine et violence peuvent s'exprimer sexuellement. Sadisme et masochisme ont des retentissements sexuels. Les tortionnaires l'avouent : la souffrance recherchée provoque la jouissance ! Le vice se défoule dans les sévices 83. Le plaisir: faire souffrir. Surtout quand il s'agit d'êtres plus faibles : l'enfant, le jeune, la femme. Et donc de la part de l'homme. Et c'est le hard-sexe, le porno Snuff, les instruments à tortures, et dans les maisons closes, les chambres insonorisées pour étouffer les cris. Chez la fille, ce peut être aussi une secrète vengeance. Elle fait payer ce que d'autres lui ont fait. Elle sait s'y prendre aussi en cruauté. C'est un cri sauvage. « Quand je hais un homme, je couche avec lui. Je me régale de le tenir à ma merci, de le voir quémander mon corps. Je fais tout pour l'abaisser, le dégrader, le laisser sadiquement brûler. »

82. Et c'est l'avortement, voir au tome II (Ton corps fait pour la vie) : «Amour et vie déconnectés: violence contre humanité».

83. Même avec des machines, forcer, casser, peut avoir chez certains des incidences sexuelles. De même qu'excès de vitesse ou virages dangereusement pris. Et qui sait si certains accidents de route ne sont pas dûs à cela ? Frôler la mort, serait-ce une manière de flirter avec  elle ?

 

« Je me suis retrouvée seule, loin de ma famille, dans une ville où je ne connaissais personne. Là-bas, j'ai rencontré un garçon dont je suis tombée amoureuse. Je lui ai donné ma virginité, mais en fait il n'a fait que m'utiliser comme un objet dont il pouvait jouir. J'en ai beaucoup souffert, moi qui ai tant besoin que l'on m'aime. Au bout de deux mois, il m'a laissée et je suis restée le cœur vidé, Je me suis lancée dans une vie effrénée, buvant, me droguant, prenant le moindre prétexte pour faire la bringue. Je suis sortie avec d'autres garçons sans les aimer, voulant simplement me venger. J'étais contente. C'était moi qui les manipulais. Mais au fond de moi, j'étais amère. »

Virginie, 16 ans.

Cruauté larvée quand tu ne cesses de comparer le garçon (ou la fille) que tu tiens ainsi « en laisse », à tel autre, dont tu ne cesses de vanter la beauté, la force, le fric... A force de chantage, tu peux détruire un être ! Et Dieu sait si j'en connais !

Oui, une sexualité pervertie est une sexualité destructrice : la masturbation tend à la mutilation, le viol vire au meurtre, tuer déclenche l'orgasme. Le plus beau signe de la vie devenu instrument de... mort! L'instinct de la survie rejoint la pulsion de mort. Eros et Thanatos s'étreignent. L'homme détruit ce qu'il prétend aimer. Terribles interférences entre esprit d'impureté et esprit de mort 84. Est-ce pour cela que tant de débauchés s'arrachent la vie ? Comme si, en eux, l'espérance était mortellement atteinte, le goût de la vie sournoisement blessé à mort ?

84. Coïncidence si les pays à taux d'érotisme le plus élevé sont ceux qui ont la plus forte proportion de suicides de jeunes ? (Bien sûr, bien d'autres facteurs jouent.) Depuis 1985, c'est la première cause de décès des jeunes, après les accidents de route (étrange rapprochement, par chiffres interposés).

 

 

LA SEXUALITÉ  « MACHINALE » :  LA FIN  D'UNE HUMANITÉ

 

 

Mais débranchée et de l'amour à donner et de la vie à créer, la sexualité peut dégringoler encore plus bas que l'exploitation physique, la prostitution ou même le viol. Dans ces domaines, s'il n'y a plus ni amour ni vie, il reste au moins deux partenaires humains. Même si la personne n'y a plus beaucoup de prix... A l'extrême limite, mais toujours sur la même pente : ce sont les rapports sexuels avec les animaux, comme t'y incitent tant de BD et de vidéos. Aberration même pas pensable. Et pourtant ! Là, animal avec les animaux, tu te ravales au rang des bêtes... En toi, l'humanité est tuée. Encore s'agit-il d'êtres vivants. Mais la sexualité, une fois réduite à n'être qu'un geste mécanique peut se mettre à « flirter » avec la mécanique (étranges sensations en maniant voitures, motos, appareils de toutes sortes). Comme si l'autonomie alors éprouvée, déclenchait automatiquement une autonomie de la sexualité, par rapport au cœur et à la raison. Etranges interférences entre la machine et le corps humain 85. Te voilà chose avec les choses, objet avec des objets. La sexualité s'exerce « à vide ». Sexualité « machinale » : des deux mots de machine et d'animal. Sexualité de robot, d'ordinateur. Impersonnelle. Inhumaine. .Glacée.

85. Sur les provocations aux dégradations sexuelles, voir en annexe du volume II (Ton corps fait pour la vie) : « Une propagande cœrcitive ».

Après cela, ne va pas me dire que la sexualité est intègre, intacte, toujours bonne, toujours innocente. Ne va pas me dire que le paradis n'a pas été perdu. Ne va pas me dire qu'une sexualité débridée n'arrache pas ses chances à la vie.

Ne va pas me dire que le déchaînement sexuel ne dégrade pas l'amour :

 

« Celui qui n'aime pas demeure dans la mort.

Quiconque hait son frère est un homicide.

Celui qui n'aime pas, n'a pas connu Dieu : l'Amour, c'est Dieu ! »

1ère lettre de Saint Jean 3, 14-4.

 

 

 

III - L'AMOUR ÉVEILLE L'AMOUR

 

 

L'APPRENTISSAGE D'UN LANGAGE

 

« Ne réveillez pas mon amour

avant l'heure de son bon plaisir ! »

Cantique 2,7.

 

«... Mon cœur est prêt :

que j'éveille l'aurore ! »

Psaume 107.

 

« Mon cœur frémit de paroles belles,

je chante un poème pour mon Roi :

le plus beau des enfants des hommes, c'est toi ! »

Psaume 44,1.

 

 

Deviens digne de ton corps, de son cœur.

 

 

Un travail magnifique t'est donc nécessaire, si tu veux vivre. Celui d'un réajustement, d'un rééquilibrage de la sexualité et de l'amour. Il te faut humaniser une sexualité trop animale, personnaliser une sexualité trop anonyme. Résoudre le divorce intérieur entre le cœur et la chair. Meilleure manière d'éviter tous les divorces. On ne peut pas se faire homme dans un secteur de notre être, et rester une chose dans l'autre.

Refuse de vivre en-dessous de ce niveau pour lequel ton cœur est fait ! Refuse de vivre au rabais ! Refuse des relations de quatre sous.

Réponse d'Agnès, seule dans sa classe — je ne dis pas dans son école — à n'avoir aucune relation sexuelle : « Je suis trop grande pour cela ! » Ce qui revient à dire : « Je ne veux pas vivre en-dessous de mon cœur. »

Bref, deviens digne de ta sexualité. Digne de ton corps. Digne de ton cœur.

 

 

1. LA PUBERTÉ : PURETÉ ET LIBERTÉ

 

 

Le premier éveil de la génitalité est pour chacun un seuil décisif dans son existence. La manière dont cela se passe peut marquer une vie, comme au fer rouge. Peur, stupéfaction, inquiétude se mêlent devant quelque chose de nouveau, qu'on ne soupçonnait pas 1. Des tas de questions se déclenchent dont, souvent, on n'ose parler à personne. Pourtant, comme jamais, on aurait alors besoin d'être éclairé, conseillé, soutenu et guidé.

1. Souvent précipité, provoqué, mal vécu. Ne pas se culpabiliser des petits jeux sexuels qu'on a pu avoir avec d'autres, avant l'âge de 10 ans, où cela ne relève pas encore vraiment de l'impureté en tant que tel, dans l'inconscience des enjeux futurs.

 

 

L'ADOLESCENCE OU L'AMOUR S'ENRACINE DANS L'ESPÉRANCE

 

 

Une chose m'a longtemps interrogé : pourquoi l'éveil si précoce de la puberté, à un âge où nous ne sommes pas encore capables de vivre un grand amour? Pourquoi dans le temps, ce déphasage entre la possibilité déjà donnée d'exercer physiquement sa sexualité et sa capacité de la vivre dans un amour grand et fort ? Pourquoi

est-on traversé par une force vitale, avant de pouvoir vraiment la maîtriser?

Et si c'était précisément pour que l'instinct ait le temps d'être éduqué, assumé, intériorisé... Bref, le temps de s'humaniser.

Le temps laissé pour qu'à l'heure où s'éveille l'autonomie de la personne, on puisse, pas à pas, acquérir notre autonomie sexuelle. Si on se laisse alors entièrement prendre par l'instinct, alors on va être entièrement dépendant du moindre attrait vers l'autre. Et nous voilà emporté, ballotté en tous sens.

Mais ce temps, si difficile à vivre, n'est-il pas surtout donné pour enraciner l'amour dans l'Espérance ? L'adolescence est par excellence l'âge de l'espérance. C'est pourquoi tant d'adolescents perdent l'espérance avant de perdre la foi. Souvent ils ne perdent pas du tout la foi, mais simplement l'espérance.

Pourquoi ? Parce que la jouissance immédiate détruit l'espérance. « Petites éternités de jouissance qui s'invertissent vite en longues éternités de désespérance ! » (Olivier Clément.)

Ces expériences sapent l'espérance. On finit par ne plus rien attendre, ne plus rien préparer, ne plus rien désirer. On ne tend plus vers rien. Aucune surprise n'est en avant. On a tout vu, tout fait, tout essayé. On est blasé, usé, fané.

 

 

CE JARDIN SECRET À PROTÉGER

 

 

Quand s'éveille ta sexualité, un jardin — ignoré jusque-là — s'ouvre devant toi. Tu commences par en garder le secret. Jalousement. Farouchement. Tu n'en parles pas, et surtout pas à tout le monde 2.

2. « La pudeur, composante fondamentale de la personnalité, peut être considérée comme la conscience éveillée qui défend l'amour authentique... moyen efficace pour faire fleurir l'amour authentique, intégrer la vie affective-sexuelle dans une certaine harmonie de la personne. » Orientations, n° 90.

Une question indiscrète en ce domaine te blesse plus qu'aucune autre. Cela résonne en de telles  profondeurs ! C'est comme un espace sacré, un sanctuaire. On ne s'y glisse qu'en étant ses sandales, et sur la pointe des pieds. Pour ne rien salir, ne rien abîmer. Tout est si beau, simple, délicat. Et mystérieux en même temps.

La pudeur, n'est-ce pas la délicatesse d'un cœur qui aime ? Se montrer dans sa nudité, n'est-ce pas dévoiler un secret d'âme ? L'amour a horreur du m'as-tu-vu, horreur de s'exhiber. Des mots de tendresse ne se hurlent pas, ne se disent pas au micro. Des -gestes de tendresse ne se font pas sur estrade ou podium. Dès qu'il s'y mêle du tape-à-1'œil, le regard est déjà flétri.

Tu te gardes pour celui/celle que tu inviteras de toi-même. A qui, de toi-même, tu voudras bien ouvrir la grille de ton jardin. Tu refuses toute effraction : en fracasser les portes serait tout profaner. Tu en réserves l'accès à qui est prêt à t'aimer. De toi-même, tu lui feras découvrir allées et massifs. Son regard sera le premier à s'y poser. Ses yeux y jetteront une clarté neuve. Mais que dira-t-il/elle si, un bulldozer a déjà massacré la roseraie ?

 

« Elle est un jardin bien clos, ma sœur, ô fiancée !

Source scellée, puits d'eau vive !

Que mon bien-aimé entre dans son jardin !

Qu'il en goûte les fruits délicieux ! »

Cantique 4,12.

 

 

NE COUPE PAS LA ROSE, OFFRE LE ROSIER

 

 

La rose que tu rêves d'offrir, ne la coupe pas : en six jours elle se fanerait 3 ! Mais offre-la avec la terre même où elle est née. Si tu donnes et la rosé et le rosier, et les racines et le terreau humide, et le beau pot de grès — tout, quoi ! — alors la rosé aura beau perdre des pétales, d'autres se mettront à éclore. Sans fin. Tant que la rosé se nourrit et de la pluie et du soleil, et de la tendre sollicitude du jardinier. Et tout offrir de soi, n'est-ce pas le mariage ? Le rosier, n'est-ce pas toute la vie ? 4

3. « Une relation sexuelle qui n'est pas vécue dans un contexte d'un engagement total et d'amour fidèle, ressemble à première vue à un acte d'amour, mais en fait il en diffère autant qu'une fleur coupée d'une fleur vivante : la fleur coupée peut sembler belle et pleine de vie, mais elle est condamnée, qu'on le veuille ou non, à se faner bien vite. » (L.J. Suenens.)

4. En écoutant tant de jeunes me confier le désarroi, le trouble vécu au moment de leur puberté, il est de plus en plus capital que l'enfant soit alors clairement préparé, informé, non seulement sur le fonctionnement biologique mais surtout sur le sens des transformations qu'il vit, et qui peuvent lui être déroutantes, ou lui paraître dégoûtantes. Que le garçon lors des premières pollutions, la fille lors de ses premières règles, ne se culpabilisent pas, sachent qu'il s'agit de choses normales, saines et bonnes, voulues par le Créateur.

 

« Oui, un jour, je pourrai bercer un enfant à moi, que j'aurai créé. Alors, en attendant, je lui prépare, à cet enfant, l'univers secret en moi où lui seul vivra, grandira, naîtra! Je l'habille, chaque jour, de lumière pour que, lorsque rrton enfant y viendra, il soit heureux et fier de son premier jardin !

« Je veux cueillir les plus belles fleurs, et les semer dans mon jardin secret. Je veux offrir à mon enfant une maison fleurie, ensoleillée, belle. Parce que Jésus m'aide à préparer, à construire cette maison. Il a du goût, tu sais ! » .

Mynam, 14 ans.

 

 

2. DRAGUER : TRICHER ?

 

 

« Elle a dit : je veux courir après mes amants qui me donnent mon pain et mon eau. Elle les cherchera et ne les trouvera pas. Elle dira : « J'étais plus heureuse avant. Je veux revenir à mon premier amour. »

Prophète Osée 2,7.

 

 

NE DÉVALUE PAS L'OR

 

 

Draguer c'est signer des chèques sans provisions.

Que ton corps ne dise pas des choses que récuse ton cœur! Qu'il ne dise pas: «Je t'aime», alors que tu penses : « Qu'elle m'aime ou pas, je m'en fous ! » Ou bien tu peux te croire amoureux, mais ce n'est qu'épidermique 4.

4. « Les relations sexuelles en dehors du contexte du mariage constituent un désordre grave, parce qu'elles sont une expression réservée à une réalité qui n'existe pas encore, un langage qui ne se vérifie pas dans la réalité de la vie des deux personnes qui n'ont pas encore constitué une communauté définitive.» Orientations, n° 95.

A poser à tort et à travers le geste le plus plénier de l'amour, il finit par devenir insignifiant. Il se banalise. Il s'appauvrit. Il s'use. Il se vide. A quoi sert donc le langage de la sexualité, si tu n'as plus rien à dire ?

 

Ce langage, n'en fait pas usage

avant d'avoir longuement contemplé un visage, reçu son message. N'en fais pas usage

le temps d'un mirage, la durée d'un virage

mais après ce mariage

où tout s'engage.

 

Si ta relation n'a pas comme secret la tendresse, elle ne pourra que sécréter la tristesse. La tendresse est de longue durée ou elle n'est pas.

 

« J'aime mon copain, je l'aime de tout mon cœur, mais j'ai peur, je ne sais pas pourquoi mais j'ai peur, quand mon ami vient chez moi, je le sens malheureux, il n'est plus le même, on se boude toujours mais je l'aime, je me demande pourquoi je l'aime même s'il me fait mal de l'intérieur, et lui de même. On ne sait même pas pourquoi on reste encore ensemble. »

 

Pourquoi donc cœur et peur doivent-ils ainsi rimer ?

 

 

TON «PARTENAIRE»: UNE STATION-SERVICE?

 

 

Qui dira la tragique frustration spirituelle d'une relation réduite à un rapport uniquement érotique ? Elle devient étrangère à mon être profond.

 

« Le péché, c'est cette rencontre aveugle, cette ignorance de l'autre dans cet acte même que la Bible nomme «connaissance». C'est le visage transformé en corps, alors que le corps devrait être transformé en visage. Le péché, on le pressent parfois dans la tristesse déchirante d'avoir vécu quelque chose de tellement important sans avoir pu vraiment y correspondre. Et même s'il y a eu accord, respect mutuel, qui sait si un sentiment vrai, durable, ne s'est pas éveillé chez l'un des partenaires, que la séparation blessera cruellement, détruira peut-être ? » (Olivier Clément.)

 

C'est fou le mal qu'on peut faire avec une relation physique qui donne l'illusion qu'il y a de l'amour derrière. Que d'êtres terriblement blessés (surtout des filles) par simple inconscience ! Ou simple méconnaissance de l'autre ! Combien se sentent simplement manipulées, exploitées !

 

« II y a un mois, j'ai fait la connaissance d'un garçon. Il a été très attentionné pour moi, ce qui m'a fait chaud au cœur. Je me sentais prête à pouvoir à nouveau ouvrir mon cœur. Mais peu de temps après, il a voulu me faire l'amour. J'ai accepté, mais depuis un grand dégoût m'a envahie...

« Y a-t-il donc que cela qu'attendent les garçons ? A peine les connais-tu qu'ils veulent faire l'amour. Cela devient quelque chose de bestial. Et moi, qui, bêtement, accepte pour leur faire plaisir, alors que moi-même, je suis dégoûtée ! Cela me donne envie de hurler ! Tu vois, j'ai eu l'impression que Dieu m'avait abandonnée et j'ai voulu en quelque sorte me venger, paraître libérée.

« Aujourd'hui, je suis meurtrie, car ma vie n'a aucun sens. L'amour ? Je n'y crois plus. Je me sens incapable de pouvoir à nouveau aimer. Lorsque je vois un garçon gentil avec moi, j'ai l'impression qu'en fait il ne cherche qu'à m'utiliser. Cela me glace. J'avance sans savoir où mes pas vont me conduire. J'avance en tremblant. Je ne peux plus aimer. Quelque chose en moi s'est vidé!»

Valérie, 18 ans.

 

 

L'ENVIE DU CORPS, LE DÉGOÛT AU COEUR

 

 

Voici encore deux lettres qui se ressemblent étrangement. L'une d'une fille de 19 ans, l'autre d'une femme de 40. Comme elles se recoupent dans une expérience semblable !

Cela rejoint ces réflexions glanées lors d'un partage avec quelques jeunes sur le flirt :

« Tu crois trouver ce que tu veux, et ce que tu veux ça te fait mal, et ça fait du mal ! » ; « Tu cherches à susciter des réactions chez l'autre. Ce n'est pas un chemin vers l'autre, mais l'utilisation de l'autre. »

 

« A 13 ans, je suis tombée folle amoureuse d'un garçon de vingt ans. Il ne m'aimait pas mais a bien profité de moi ; je n'ai plus jamais aimé de cette façon, pas même mon mari ; de fil en aiguille, j'en suis arrivée deux ans après, à coucher avec tous les premiers venus. J'en étais malheureuse, dégoûtée, mais il m'était impossible de refuser. Je cherchais l'Amour, je ne le trouvais pas. Je cherchais quelqu'un qui me comprenne et l'on me prenait pour une pute. Il n'existe pas de pute ; personne ne peut savoir ce qui se passe dans leur cœur. Les années de mes 13, 14, 15, 16, 17, et 18 ans ont été les plus horribles de ma vie, où j'ai souffert terriblement dans mon âme et dans mon corps et mon cœur. Aussi, je suis un peu rebutée quand le Seigneur parle de la pureté, car je suis loin d'être pure. A 18 ans, j'ai connu mon mari qui m'a sauvée de par son attitude, car pour la première fois de ma vie, quelqu'un m'aimait — non pour mon corps — mais gratuitement, pour ce que j'étais. »

Chantal, 40 ans.

 

« Depuis l'âge de 13 ans, je rêve de rencontrer celui avec qui je ferai ma vie, et à bientôt 20 ans, je n'ai fait

qu'aller de flirts en flirts. J'ai même perdu ma virginité. Curieusement, je ne regrette rien, quoique j'aurais bien voulu rester pure pour mon mari.

« Je crois, qu'en fait, dès le début de l'acte sexuel, j'ai ressenti un vif dégoût. J'avais hâte que cela soit fini. Durant les jours qui suivirent, le dégoût est resté. Je revoyais sans cesse la scène se dérouler, j'avais envie de mourir. Et maintenant encore lorsqu'un garçon me drague, je suis très réticente, car je sais ce qu'il veut. J'ai beaucoup de mal à accorder ma confiance, et le passé m'a montré que j'ai raison.

« Ce qui est vrai aussi, c'est que l'on s'habitue très bien à avoir des rapports sexuels et que par la suite cela peut entraîner une accoutumance. Je t'assure que des fois, il faut que je me raisonne pour ne pas faire l'amour avec le premier venu. C'est pour cela que j'ai peur de céder et désire très fort que Dieu me fasse connaître celui avec qui je ferai ma vie. Car je suis sûre que si je rencontrais un garçon que j'aime bien, et qui me le propose, j'accepterais. Je connais mes limites. »

Dominique, 19 ans.

 

De ces trois lettres ressortent deux choses, apparemment contradictoires, mais étroitement reliées :

D'une part, ce dégoût allant jusqu'à ne plus croire à la possibilité d'un amour méritant ce nom. Et même jusqu'à la projection sur Dieu, de la manière dont on a soi-même si souvent été lâchée, abandonnée. Et quelle meurtrissure alors !

Et d'autre part, le besoin (irrésistible ?) de récidiver, de se laisser prendre dans l'engrenage, alors qu'on sait parfaitement bien qu'il s'en suivra une cruelle déception. L'envie dans le corps, le dégoût dans le cœur ! L'attirance de la chair et la répugnance de l'âme ! Et te voilà disloqué !

 

 

PROTÈGE-LE CONTRE LUI-MÊME ! RESPECTE-LA POUR ELLE-MÊME !

 

 

Ici se vérifie la différence de comportement et de psychologie du garçon et de la fille.

La fille recherche avant tout la tendresse, la sécurité, la protection : être comprise, être aimée pour soi-même, pouvoir s'appuyer, se reposer sur quelqu'un 5.

5. Bien que les statistiques soient souvent illusoires, dans un récent sondage Sofrès-Laboratoire Organon, réalisé auprès de 529 adolescents de 15-19 ans : 65% déclaraient chercher d'abord la tendresse et la fidélité. Et seulement 18% le rapport sexuel.

Se méfier des sondages et des « on-dit » sur le pourcentage des adolescents ayant déjà eu des relations sexuelles. Beaucoup se vantent de ce qu'ils n'ont pas fait. Pour le garçon, manière de se montrer viril. Pour la fille, peur que les garçons ne se moquent d'elle : « Si j'avais dit le contraire, je serais passée pour une débile, et je n'ai pas été la seule à répondre faussement. » (Enquête de la Croix : Les jeunes et l'amour. Octobre 1983.)

Le garçon, lui, est plus sensible à l'aspect physique. Un sentiment du cœur retentit beaucoup plus rapidement en excitation sexuelle.

La fille va plus au fond des choses. Elle a des exigences de profondeur et de sérieux dans l'amour.

Le garçon est plus facilement superficiel sinon léger.

La fille sait prendre le temps. Elle a besoin de se laisser apprivoiser doucement, parfois longuement.

Le garçon est souvent pressé. Il veut brûler les étapes. Aller droit au but. Piaffe d'impatience comme un jeune poulain.

C'est beaucoup plus souvent le garçon qui propose le rapport sexuel, et la fille qui s'y montre réticente 6. Lorsque le rapport a été maladroit, bestial ou anti-naturel, le garçon n'en souffre pas (au moins apparemment), du moment qu'il en a éprouvé jouissance physique. La fille, elle, peut en être profondément heurtée, humiliée, dégoûtée, parfois traumatisée.

6. « Dans les boums, les garçons sont collants ; ils veulent aller trop loin... Moi, je dis non. Je veux d'abord connaître le garçon, le fréquenter pendant au moins un an pour être sûre que l'on va s'entendre. Il ne faut pas tomber dans les bras du premier venu. » (Nathalie, 14 ans.)

La fille a plus fortement le sens de la fidélité. Son amour, une fois donné, tient la durée. Le garçon, lui, une fois assouvi laissera facilement tomber. Et passera à la suivante, réduite à n'être qu'un numéro de plus. Lâche, il lâche.

Encore ceci : chez l'homme, la sexualité physique est beaucoup plus localisée, précise, «pointue». Chez la femme, plus globale, diffuse et englobante. Là où l'homme intervient ponctuellement, la femme (se) prépare, (se) dispose avant, puis elle prolonge, continue, achève. Là où l'homme, lui, a terminé.

Ce décalage entre deux approches si différentes de l'amour explique que si souvent les filles se sentent dupées, leurrées, trompées par les garçons. Elles ont alors tendance à adopter cette même attitude, comme pour se venger : elles séduisent, captent et méprisent 7.

7. Voir au Tome II (Ton corps fait pour la vie) les différences plus fondamentales entre l'homme et la femme. Ainsi que les différents rythmes de fécondité: p. 56 et p. 82.

Alors, que chacun respecte le point faible de l'autre ! Ce sera le meilleur signe et garantie que tu l'aimes. Si tu es un garçon, mets-toi au diapason de la fille. Donne-lui avant tout cette sécurité, cette amitié solide, cette affection franche et vraie dont elle a besoin. Ne dépasse pas certains seuils. Ne brûle pas les étapes. Si tu es une fille, veille sur ce point où tu sais le garçon fragile. Ne fais rien pour l'exciter. Ne l'allume pas. Ne dégage pas. Protège-le contre lui-même. Un jour, il t'en saura gré, même si sur le moment il galère 8 .

8. Plusieurs, lisant ces lignes, ont griffonné en marge : « Je confirme par ma propre expérience ! »

 

 

DES PARTENAIRES MULTIPLES, ÇA BOUSILLE UNE RELATION UNIQUE

 

 

Des relations sexuelles avant un amour pour la vie, peuvent être lourdes de conséquences :

 

1. A la longue, il finit par bousiller tes propres capacités d'aimer. Livrer ton corps en série court-circuite la possibilité d'une relation unique au monde. Celui qui donne son corps à n'importe qui et n'importe comment, secrète en lui-même une impuissance d'aimer. Sans fidélité, sans durée, sans amour donné et reçu, le désespoir sourd au fond du cœur. Ce qui semble épanouir le corps, en fait inhibe le coeur et rend opaque l'âme. Si le rapport sexuel est débranché de la personne à aimer, de l'amour à exprimer, de la vie à transmettre, alors il se retourne contre ton propre cœur, contre ton corps 9. En le meurtrissant. Violemment. Si ta soif d'aimer n'a rencontré aucune réponse, n'en es-tu pas comme tué ?

9. « Tout péché que l'homme peut commettre est extérieur à son corps. Celui qui fornique, lui, pèche contre son propre corps. » Saint Paul aux chrétiens de Corinthe 6,18.

 

2. Qui donc écope ? Toi sans doute, mais aussi l'autre qui t'a lâché ou que tu as lâché. L'expérience montre combien une séparation est plus douloureuse quand il y a déjà eu des rapports sexuels. Plus on s'est donné de manière intime, plus se laisser tomber laisse des traces profondes. Vous ne me désavouerez pas, Chantai, Bernard, Martine et Christophe ! Donner son corps, n'est-ce pas laisser dans le corps de l'autre quelque chose de soi-même ? Ces blessures mutuelles, comme elles peuvent être cruelles! Pour les cicatriser, il y faut parfois des années. Là encore des meurtrissures que seul Jésus et sa Mère peuvent guérir.

 

3. Ensuite, plus les relations sont galvaudées, plus elles rendent difficiles un engagement de vie et pour la vie. Et donc plus elles risquent de préparer un mariage temporaire, un foyer précaire. Tant et tant de séparations n'ont finalement pas d'autres raisons que cette incapacité radicale d'aimer dans la durée. Incapacité lentement forgée, à force de se laisser aller à toutes ses pulsions, à se laisser emporter par la moindre envie. Changer de partenaire pour un oui ou un non, finit par rendre aléatoire la création d'une famille. Et ce sera le divorce à plus ou moins longue échéance. Tant il est vrai que l'expression sexuelle n'amorce pas forcément une affection éternelle.

C'est le contraire qui est vrai !

Le sens de la fidélité s'émousse. On se rend impuissant à rester fidèle, et donc à rendre heureux, et une femme ou un mari, et surtout des enfants.

 

 

L'AMOUR D'AUJOURD'HUI SAUVE LES ENFANTS DE DEMAIN

 

 

4. Les enfants... Oui, ce seront eux les premiers à payer les pots cassés. Qui dira les drames cachés de ces petits qui n'auront jamais eu leur compte d'amour, et donc de vie, parce qu'ils auront été frustrés de ce minimum de tendresse dont ils ont besoin pour vivre, pour être : une famille ?

Si l'Eglise veille avec une telle passion sur l'amour aujourd'hui, c'est pour sauver les enfants de demain. Elle semble exigeante, mais c'est de l'ordre de la jalousie de l'amour. Si elle fait tout pour que l'amour ne soit pas ravagé, c'est pour que les enfants de demain ne soient pas abîmés. C'est pour briser une fois pour toutes le cercle vicieux du blessé qui blesse : on est soi-même tellement blessé qu'on n'arrive pas à vivre un amour intégral, on se sépare, et voilà que l'on « fabrique » d'autres petits blessés qui en « fabriqueront » d'autres demain. C'est par compassion pour les innocents, que Dieu te supplie d'aimer dans la vérité ! Par compassion de toi-même !

Donc aime d'avance ces enfants que tu rêves d'avoir. Aime-les au point de tout faire aujourd'hui pour qu'ils soient heureux demain.

 

5. D'une autre manière — plus immédiate et directe — les relations sexuelles avant le mariage peuvent entraîner le malheur de petits innocents : simplement au cas où un enfant (quelles que soient les précautions prises) en est conçu. Et alors, soit on s'en débarrasse comme d'un intrus — et c'est l'avortement — , soit on le garde, mais trop souvent au prix d'une famille qu'il n'aura pas. Prends garde à ne pas fabriquer des demi-orphelins ! 10 Drame d'une multitude d'enfants sans père ! Comment pourront-ils à leur tour, vivre leur puberté, acquérir leur identité sexuelle, acquérir leur maturité affective ? Les enfants perturbés d'aujourd'hui seront-ils les jeunes déséquilibrés de demain ?

10. Importance décisive du père lors de la puberté, pour que le garçon comme la fille puisse acquérir son identité personnelle. Autant que celle de la mère durant les premières années.

 

 

NE PAS CÉDER, MAIS S'AIDER: UN TEST!

 

 

Et puis — avoue-le — n'est-ce pas souvent pour te valoriser toi, pour pouvoir t'en vanter auprès des copains, pour t'affranchir de tes parents, pour te sécuriser, n'est-ce pas toi-même que tu recherches finalement... ?

Chez le garçon comme chez la fille ce peut être la simple angoisse à la perspective qu'il/elle pourrait te lâcher. Faire vite alors ! Profiter de ce qu'il/elle est encore disponible, et disposé(e) à cela. Avant qu'il/elle ne me laisse tomber!

Ainsi il t'arrive de céder à ses demandes, par peur de le perdre. « Si tu ne couches pas avec moi, je te plaque ! 11 Mais, précisément, ce chantage même te prouve que son amour est superficiel. S'il t'aimait en vérité, il ne jouerait ni avec tes sentiments, ni avec ta sensibilité. Il n'exigerait rien, n'extorquerait rien, ne menacerait rien. Si son « amour » est incapable de se passer de ton sexe, c'est qu'il ne t'aime pas encore de tendresse. Il s'aime avant de t'aimer.

11. Parfois ce chantage tourne au viol psychologique: «Si... je me flinguerai ! »

Ne pas céder, n'est pas cruauté, mais vérité 12. Céder, c'est souvent se laisser posséder. Céder, ce n'est pas s'aider. Mais à toi, d'essayer, tendrement, de le rendre digne de lui-même, de l'aider à se dépasser, à se maîtriser 13. A t'aimer, quoi!

12. Sur les routes, être trop impatient pour atteindre le lieu visé, peut entraîner un accident dont tu ressers handicapé pour des années. On n'a pas su attendre. Pour gagner deux minutes, on s'est gâché des années. Ainsi fait celui qui brûle les étapes, qui n'observe pas le stop : regarder où il va. Savoir quelle direction prendre au carrefour.

13. « Certaines relations de type sexuel qui par elles-mêmes disposent au rapport complet sans toutefois parvenir à sa réalisation, sont un désordre moral, parce que situées en dehors d'un contexte matrimonial d'amour authentique. » Orientations, n° 96.

S'il refuse et te plaque, ne regrette rien : il n'était pas digne de ton cœur.

L'aider à t'aimer, c'est le faire grandir, mûrir ! Car très souvent :

 

«Tomber amoureux et donner immédiatement à cet attrait une expression sexuelle, c'est courir le risque de rester prisonnier de soi-même, de son narcissisme, ou d'une image remontée du fond de l'enfance, peut-être une quête de la mère, peut-être une régression fusionnelle. »

Olivier Clément, ouvrage cité

 

C'est ainsi qu'aujourd'hui bon nombre de garçons déstabilisés familialement, affectivement perturbés, recherchent auprès de la fille, une sécurité et protection que leur mère ne leur a pas données. Alors que ce serait au garçon de donner force et sécurité à la fille, voici que la relation s'inverse. Et la fille se retrouve dans un rôle qui n'est pas le sien, chargée d'un fardeau trop lourd pour ses épaules. Tu n'avais que 16 ans, Elisabeth, et tu devais t'occuper de Michel, 20 ans, comme d'un petit garçon. Tu devais lui être et père et mère. Tu devais tout décider pour lui. Sans cesse le cajoler. Après 18 mois, tu as craqué. Non sans    scrupules : qu'allait devenir Michel sans toi ? 14

14. « L'adolescent aime ce qu'il éprouve de lui à travers l'autre, bien plus que l'autre pour lui-même. L'ami(e) est recherché(e) sur le mode narcissique. Idéalisé pour des traits et des qualités qu'il aimerait posséder... Des rapports sexuels précoces sont défensifs et fixent des positions immatures. Ce ne sont pas les expériences sexuelles qui favorisent la maturité... La maturité de base doit être en route, ou achevée, pour que la relation soit possible... Vivre un amour protecteur rend vite fragile... L'expression sexuelle est souvent une recherche d'affranchissement de soi, indépendamment de la qualité de l'autre. Ce défi est le symptôme d'une grande insécurité. A vouloir réaliser une vie affective à peine naissante, on se retrouve vieux à 30 ans. » Tony Anatrella (psychothérapeute), La Croix, 5 octobre 1983.

Le garçon recherche chez la fille une mère... et voilà qu'il la rend fille-mère.

 

 

TE PRÉSERVER POUR CELLE/CELUI QUE DIEU VA TE RÉSERVER.

 

 

Pour éviter tant de risques, tant de ravages, si tu te préservais pour celui/celle que Dieu te réserve ? Te protéger pour lui/elle. Lui offrir le plus beaux des cadeaux, •comme signe de ton cœur : ta virginité. Ou si tu l'as déjà perdue, au moins une fraîcheur neuve ?

« Cela fait un an que je n'ai pas eu de rapports sexuels, car au fond de moi-même je souhaite que le prochain soit avec celui que le Seigneur m'aura choisi. Mais c'est dur, de plus en plus dur, et j'ai peur de craquer. Et je sais que si cela devait arriver, je m'éloignerais à nouveau de mon Père du ciel. Et cela je ne le veux pas, j'ai trop besoin de Lui ! »

Patricia, 19 ans

 

« Ceux qui se jettent dans le lit en pensant qu'ils sont amoureux ou qu'ils vont tomber amoureux, constatent souvent que leurs relations dégringolent à partir de ce moment-là. Le sexe peut détruire l'amour quand on s'en sert comme d'un prétexte à l'amour. L'amour signifie «donner». Le sexe, c'est «prendre». Qui est-ce qui aime réellement dans les relations avec un petit ami? Est-ce qu'elle/il donne ou prend ? Ne prend-il pas la pureté, la dignité et les droits sur ce qu'elle possède de plus précieux : le corps? Ne prend-il pas cela, tout en lui disant des gentillesses et de belles paroles d'amour? Les garçons aiment épouser des filles bien, mais ils sont toujours en chasse pour faire tomber chaque fille bien qu'ils rencontrent. Y a-t-il quelques jeunes gens ou jeunes filles forts, qui aiment leur partenaire au point de vouloir lui donner un amour de la qualité la plus élevée ? Il s'agit de ceux qui veulent renoncer à leur désir d'intimité sexuelle jusqu'à ce qu'ils fassent la preuve de leur amour par le mariage. L'amour ne consiste pas seulement à donner, mais aussi à renoncer. Cela revient à dire : « Je t'aime tant, que je veux me garder pour toi. » 15

Bertrand, 21 ans.

15. En sens contraire:

« Je suis allé la semaine dernière à un entretien d'embauché pour centre de vacances (Fédération des œuvres laïques). La directrice m'a expliqué : « Ne seront pas tolérées les relations entre animateurs et adolescents. Entre adultes, c'est naturel. Les adolescents entre eux (centre mixte de 10 à 16 ans), il faudra les laisser faire si cela n'entrave pas le bon déroulement des activités. Il faut bien qu'ils commencent un jour... autant que ce soit ici où ils ne seront pas traumatisés. » Bien entendu, je ne suis pas d'accord mais je serai peut-être le seul chrétien dans ce centre ! Que puis-je faire ? »

René-Marie (23 ans)

 

Bref, tu n'es pas abeille : en butinant, loin de faire ton miel, tu les saccages, elles! 15b

15b. Si souvent, les rapports sexuels entre adolescents ne sont finalement qu'une masturbation à deux, chacun se servant de l'autre, comme d'un gadget pour provoquer sa propre jouissance. École de contre-amour, laissant toujours une frustration quelque part.

D'ailleurs, avec le temps, tu deviens de plus en plus exigeant dans tes choix. Au départ, facilement tu en aimes 4, 5, 6 à la fois. Puis, plus que 3, 2 et finalement une seule. Tes exigences se font sélectives...

 

 

3. CO-HABITER = CO-HÉSITER ?

 

 

UN PROVISOIRE QUI ÉVITE LES ACCESSOIRES ?

 

 

Il se peut qu'après un cheminement ensemble, parfois très bref, vous décidiez de carrément habiter ensemble, vivre «maritalement», sans pour autant désirer vous marier «officiellement». Ou, du moins, sans d'abord tester s'il vous faudrait un jour le faire. Histoire d'essayer, quoi ! (Vous souvenez-vous, Jacques et Sylviane, Martine et Robert, de nos longs échanges sur le « mariage à l'essai » ?)

Tout d'abord vous l'affirmer : je n'ai pas le moindre mépris ni l'ombre d'une condescendance pour votre situation. Je ne la confonds en rien avec la drague. Je sais combien vous pouvez être assoiffés de vivre un amour authentique. Combien aussi de simples difficultés financières, professionnelles, scolaires, si ce n'est militaires ou familiales peuvent vous obliger à retarder longuement un mariage, pourtant désiré 16. Comme je comprends alors que vous ne puissiez attendre indéfiniment pour réaliser cette vie de couple — et peut-être déjà de famille — alors que vous êtes décidés à faire votre vie l'un avec l'autre. Mais au moins, dans le cas où vous subissez cette situation comme une injustice, ne vous habituez jamais à rester ainsi toute votre vie. Que le mariage demeure l'optique toujours désirée, recherchée, préparée.

16. Co-habitation ou habitation? Le phénomène massif de co-habitation est souvent lié à un fait économique et social. En effet, comment imposer à des jeunes qui s'aiment et sont décidés à se marier, d'attendre jusqu'à 6-7 ans, avant de pouvoir le faire, devant — parfois l'un et l'autre — terminer leurs trop longues études avant de pouvoir gagner leur vie ? Dans des pays comme la Pologne, le problème de l'avortement est en partie lié à celui du logement. Comment un couple peut-il envisager des enfants, alors qu'il lui faudra attendre jusqu'à vingt (oui, vingt) ans avant d'avoir un petit appartement ? Et jusque-là vivre dans une éprouvante promiscuité avec parents, ou beaux-parents. Ce n'est plus alors un problème de sexualité, mais bien de société. En France, la législation actuelle fait tout pour favoriser financièrement la cohabitation, système d'impôts et de sécurité sociale privilégient cette situation (Je connais bien des « couples » cohabitant uniquement pour ces avantages fiscaux!) Dans tous ces cas, il s'agit de flagrantes injustices institutionnelles dont législateurs et gouvernants sont gravement coupables.

Par contre, il peut y avoir un choix délibéré, par principe, de refuser ou retarder le mariage :

 

A — Souvent vous sous-estimez le mariage, n'y voyant qu'un rite conventionnel à caractère uniquement social, au décorum mondain, au coût exorbitant, dont l'hypocrisie vous dégoûte. S'il en était ainsi, je le rejetterais autant que vous. Mais ne confondez pas la réalité profonde, avec les apparences. Ne prolongez pas le provisoire pour éviter les accessoires. Le livre suivant (voir : Ton corps fait pour la vie) tâchera de vous en montrer le vrai visage, au-delà de tous ses travestissements.

 

B — Ou bien, au contraire, vous vous en faites une si haute idée qu'il en devient inaccessible : c'est alors vous-mêmes que vous sous-estimez, vous jugeant incapables d'y arriver. Vous ne soupçonnez pas encore ni l'engagement de Dieu, ni les possibilités de votre cœur. Dans le premier cas, le mariage ne vous paraît pas digne de votre amour, dans le second, c'est le contraire.

 

C — Ou encore, c'est la conviction que les autres, le monde, la famille, l'Eglise n'ont rien à voir dans un domaine essentiellement privé et personnel.

 

D — Mais le plus souvent, votre rejet ou peur vient de ce que vous avez été témoins de trop de couples brisés. Mariage devient alors synonyme de naufrage... Et comme je comprends que vous redoutiez à votre tour d'y sombrer ! Mieux vaut ne pas s'embarquer ! Ou du moins d'abord s'essayer, avant d'essuyer les tempêtes... On verra après. Et cela traîne parfois des années.

Je ne dis pas que cohabiter, c'est mensonge de vie ou duperie, mais je poserais simplement douze questions, faisant appel à toute votre lucidité.

 

 

UNE PEUR OUI ENFANTE LA PEUR ?

 

 

1. La relation dès le départ n'est-elle pas faussée, puisqu'elle inclut le principe même d'une rupture toujours possible ? Le terrain de l'entente en devient si friable !

2. Cette incertitude latente, n'est-elle pas à la longue déstabilisante, surtout pour la femme qui — à cause de la mobilité de ses rythmes — a un tel besoin de sécurité et de stabilité ? Quand tu te dis sans cesse : « Et s'il me quittait ? », comment te reposer en lui, te fier sur lui, quoi qu'il arrive ?

3. Vivant sous cette menace constante, es-tu vraiment toi-même ? Ne te forges-tu pas un masque ? Ne fais-tu pas, plus ou moins, du chantage? Comment alors se connaître en vérité, tel qu'on est, puisque c'est un des buts de l'opération? (Au Québec, on dit «s'accoter» : vivre côte à côte).17

17. Un accord affectif fragile peut au contraire se fortifier grâce au mariage qui permet une maturation amoureuse.

4. Ne vivez-vous pas, plus ou moins, en spectateurs : on s'observe en train de vivre. On se regarde, pour voir comment vont évoluer les choses. On devient plus « observateur » que partenaire 18.

18. Certains psychologues et sexologues préciseraient que cette attitude peut aggraver des symptômes d'impuissance et de frigidité.

5. Soupçon et méfiance viennent facilement miner une confiance. On soupçonne ses propres capacités, et celles de l'autre, d'aimer vraiment, d'être fidèle.

6. L'amour y est souvent conditionnel : on s'engagera à condition que... Cela peut friser le marchandage avant contrat: nous nous marierons si, si, si... Continuels points d'interrogation sécrétant une sourde angoisse. On se ménage toujours une porte de sortie : on vit ensemble tant que ça ira. Mais que penser d'un entrepreneur qui construirait son édifice d'après la porte de sortie. Bien sûr, il en faut. Mais de grâce, pas à l'entrée !

7. Vouloir toujours des preuves d'abord, n'est-ce pas douter et de soi et de l'autre et de l'amour lui-même ? Alors que « l'amour est un acte de foi, et qui a peu de foi, a peu d'amour» 19.

19. Erich Fromm, psychanalyste. L'art d'aimer. L'Epi, 1968.

8. Peux-tu vraiment te donner, pour un temps seulement ? Pouvoir toujours revenir sur ce qui a été donné, promis, n'est-ce pas gifler l'amour?

9. Vous voulez faire de votre vie une affaire exclusivement privée, mais comment vous en sortir, sans être entouré et soutenu?20 Qui s'isole, s'étiole!.

20. Et les mêmes qui rejettent le mariage, réclament à la société des indemnités !

10. Derrière tout cela, — avoue-le ! — ne se cache-t-il pas d'un côté une simple peur du risque, de l'aventure, du « saut dans le vide » ; de l'autre, de l'engagement et donc de l'avenir ? Le paradoxe : tu crées une situation bien plus risquée encore. Et pour comble : en te frustrant de toutes les grâces que peut donner le sacrement du mariage.

 

 

GASPILLER CE TEMPS SI COURT, SI UTILE À L'AMOUR ?

 

 

11. Enfin, quand l'essai se termine par une séparation, celle-ci est d'autant plus brisante que l'essai s'est prolongé. La confiance en la vie, la foi en l'amour, en restent souvent à jamais sapées. Et la chose devient grave quand des enfants en écopent (ceci rejoint ce qui a été dit sur la drague).

12. Mais, enfants ou pas, c'est toujours la femme qui écope dur, car, si le présent et l'immédiat sont satisfaits, une menace plane sur son avenir.

 

« En effet, le temps inutile d'un amour qui ne durera pas, va empiéter sur le temps utile de l'amour pour toujours (celui pendant lequel la femme peut vivre pour longtemps avec quelqu'un).

   « Or, tout retard pris dans ce temps utile, amenuise ses chances d'avoir des enfants et de se marier, car l'homme reste toujours séduit par les femmes jeunes. »

 

Or, plus elle tarde à trouver cet amour définitif, moins elle est jeune...

 

« La co-habitation « oblige les filles à vieillir avant le mariage, et recule le temps nécessaire à l'engagement final. Alors, la femme «indépendante de ses amours», risque fort de vivre son indépendance dans la solitude ? »

Ainsi, « le divorce, ou des essais manques de cohabitation conjugale joignent leurs effets :  ils nous volent le temps. C'est une femme plus âgée qui tente de recommencer, avec des chances amoindries, une nouvelle vie. Elle plaît moins, et l'enfant est plus aléatoire. Le corps n'attend pas. ha femme ne cultive que des roses printanières 21. »

21. France Quéré. La Croix, 27 oct. 1983.

 

Serait-ce pour toutes ces raisons qu'un mariage à l'essai est, en fait, si rarement concluant? (On a cru qu'il diminuerait les divorces, et cela a été le contraire.) On tient le coup vaille que vaille, et le mariage une fois conclu, on se relâche et ça craque. Parfois, c'est le garçon, tout doux jusque-là, qui, du coup, en devient possessif et dominateur, sachant que la séparation sera plus difficile (encore que...) 22.

22. «Les choses essentielles de la vie: naître, procréer, enfanter, mourir, on ne peut les faire à l'essai, mais seulement de façon définitive. Il en est de même pour le mariage, car il appartient aux choses essentielles.» Dr. Th. Bover (Lausanne).

Pierre, étudiant en médecine (Québec), marié après un temps de vie commune : « Dans ce truc, on ne peut pas vivre ensemble et voir si cela va marcher ou pas. Le fait que cela marche ou non dépend de notre détermination. Cela ne peut durer que si l'on prend la décision que cela va durer. Si on ne la prend pas, les événements de la vie commune ne peuvent la prendre à notre place, et ça ne peut que rater. » Christian Beaulieu, ouvrage cité, p.116.

A l'inverse certains couples ayant plutôt mal vécu un temps d'essai trouvent une harmonie dans le mariage, mais c'est rare.

 

Non, « on ne peut vivre seulement à l'essai, on ne peut mourir seulement à l'essai, on ne peut aimer seulement à l'essai, accepter un homme, une femme à l'essai ! »

Jean-Paul II, aux jeunes de Montréal.

 

Non, l'amour ne s'essaye pas ! Il se donne. Et se donner c'est pour toujours.

Ceci dit, la raison profonde qui motiverait le mariage à l'essai, est toujours valable : le besoin de se connaître avant de se risquer, de s'éprouver avant de s'engager... Mais n'est-ce pas là, précisément le sens des fiançailles ? La grande différence vient de ce qu'on sait s'arrêter sur un seuil, où l'amour prend le temps de mûrir.

Ce sont les fiançailles qui pallient au problème de la cohabitation, avec toutes les séquelles à long terme, parfois pathétiques que nous connaissons. Le mariage à l'essai serait-il la contre-façon des fiançailles ? 23

23. Extraits tirés du livre «Le S.I.D.A. et les jeunes» par Dr DIXON, p. 97: «Certains prétendent que l'on devrait avoir des rapports sexuels avant de se marier pour s'<assurer de ce que l'on est compatible. Il est évident que ceux qui disent cela ne connaissent rien à la vie. Si c'était le cas, ils sauraient qu'on a jamais vu un homme qui soit disproportionné par rapport à une femme, ni une femme par rapport à un homme. A moins que le sexe de l'homme soit plus gros que la tête d'un bébé, la femme sera en mesure de le recevoir — après tout, la voie de pénétration de l'homme est la voie de sortie du bébé ! Les garçons sont obsédés par la taille de leur sexe. Trop petit ou trop grand? Quand une femme est excitée, ses organes commencent à changer de forme, si bien que même un homme qui n'est pas particulièrement bien doté conviendra parfaitement. Nous avons été bien conçus !

Il est exceptionnel qu'un médecin voit un couple qui ne peut avoir de rapports sexuels en raison d'une légère malformation ; par exemple,

une fine membrane peut obstruer complètement le sexe de la femme. Dans ce cas, la femme n'a pas ses règles ; la cause en est donc généralement évidente et il est facile dy remédier. Mais en dehors de telles exceptions, l'incompatibilité n'existe pas. L'impuissance chez l'homme peut être très pénible ; mais la principale cause est de loin son angoisse devant l'acte lui-même et l'homme est d'autant plus susceptible d'être angoissé qu'il est en train de subir une sorte d'épreuve pré-nuptiale. Le mariage offre au couple le temps, le cadre, et la sécurité nécessaires à sa décrispation.

 

Le secret de l'entente sexuelle

 

Cependant, l'entente sexuelle immédiate du couple n'existe pas. Chaque personne est différente et chaque couple est totalement unique. Certaines choses peuvent être une grande source de satisfaction pour les uns ou un complet refroidissement pour les autres. Pour bien faire l'amour, il faut du temps, de l'intimité, de l'attention, de la compréhension et une bonne communication. C'est peut-être la raison pour laquelle de nombreux couples voient leur entente sexuelle s'accroître au fur et à mesure qu'ils se connaissent davantage. Néanmoins, la première condition requise est une relation solide et chaleureuse dans laquelle, tout particulièrement pour la femme, les deux partenaires peuvent réellement donner d'eux-mêmes en toute sécurité.

Lorsqu'on dissocie la sexualité du reste de la personnalité, on ne peut être que partiellement satisfait. On est pris dans un cercle vicieux, toujours en quête d'ultime en matière de jouissance. Le prochain partenaire ou telle nouvelle « technique » pourrait donner encore plus de plaisir que l'actuel.

Les femmes sont généralement beaucoup plus promptes à saisir ces choses que ne le sont les hommes. La majorité d'entre elles n'ont pas besoin qu'on les persuade des avantages d'un lien affectif solide. En fait, l'une des principales raisons pour lesquelles certaines finissent par céder (en dépit de leur sentiment) aux avances de leur petit ami est l'espoir qu'en se donnant à lui, elles parviendront à stabiliser leur relation.

Je crois savoir que c'est malheureusement souvent l'inverse qui se produit. Avant, la femme est respectée, voire révérée; après, elle est, comme toutes les autres, ravalée au rang d'objet sans valeur. Le plus grand atout d'une femme est son mystère et au moment où elle se donne à son petit ami, elle est en grand danger de le perdre. »

 

 

4. S'AIMER = S'APPRIVOISER

 

 

AIMER AUTREMENT, ÊTRE AUTREMENT !

 

 

Et mon ami Bruno, 15 ans, que la myopathie va bientôt emporter :

 

« Tu vois, je me fais porter dans les boums pour expliquer aux jeunes que l'expression physique de l'amour empêche l'amour de grandir et les retient à un niveau primitif. Se donner l'un à l'autre physiquement, d'emblée, empêche de s'aimer profondément. Oui, on peut aimer autrement, être autrement. » 24

 

24. « Pendant ces deux jours, j'ai quand même craqué deux fois. Je n'ai pas pu lui refuser ce plaisir comme ça et à tous les coups. Même pendant que je m'offrais à lui, j'ai ressenti une grande distance entre nous. Nous avons décidé d'un commun accord de ne plus avoir cette relation (bien que ça me manque un peu). L'amour que je lui témoignais n'est pourtant pas mort et ne mourra pas si vite : je l'aime encore mais d'une autre façon. Ce que l'on vivait ces derniers temps n'était plus de l'amour, c'était devenu une habitude, un besoin, une obligation, une sorte de drogue, un amour malade. J'en suis heureuse, j'ai retrouvé ma liberté. » Corinne, 16 ans.

 

C'est s'aimer d'abord en tant qu'enfants de Dieu. En frères et sœurs. Sans aucune arrière-pensée, aucune convoitise. Aucun désir de posséder, d'utiliser l'autre ou d'en jouir. On l'aime pour ce qu'il est. Tout simplement, tout fraternellement. Amitié toute simple, toute claire, toute franche, qui est souvent le meilleur terreau où peut éclore un amour proprement dit : un amour gratuit. Splendeur des grandes amitiés ! 25

25. « L'amitié est le sommet de la maturation affective et se différencie de la simple camaraderie par sa dimension intérieure, par une communication qui permet et favorise la véritable communion, à cause de la générosité réciproque et de la stabilité. Les liens d'amitié qui unissent les jeunes de sexe différent contribuent à la compréhension et à l'estime réciproque, lorsqu'ils se maintiennent dans les limites d'expressions affectives normales. Si au contraire ils deviennent des manifestations de type génital, ils perdent la signification authentique d'une amitié mûre, ils mettent en question la capacité relationelle atteinte et les perspectives d'avenir pour un éventuel mariage, de même qu'ils rendent moins attentif à un possible appel à la vie consacrée. » Orientations, n° 93.

J'en ai connu qui ont fait le chemin inverse : sont passés d'un amour très charnel à cet amour tout fraternel :

 

« Mon ami et moi sommes guéris. Notre nouvelle relation est aussi tendre, mais pure. Nous nous découvrons et nous en sommes bien plus heureux. Ce qui me donne le plus de joie, c'est qu'au lieu d'être bloquée par ce problème de rapports sexuels, je peux cheminer vers Lui... comme si, avant, toutes mes forces, mon attention, étaient mobilisées par ce refus, de Dieu. Je n'ai plus besoin de craindre les regards sur moi, je peux dire à Dieu : « Prends tout ! » Je peux être complètement disponible. Quelle joie, petit frère, quelle joie ! »

 

Si tu ne connais pas encore celui/celle avec qui tu feras route, pourquoi ne pas prier pour lui/elle, tous les jours. Confiant déjà votre rencontre au Seigneur qui, Lui, le/la connaît déjà. Confie-toi à l'ange Raphaël : il a fait connaître au jeune Tobie cette Sarra qui lui était destinée. Il l'a guidé jusque chez elle, par des sentiers où il se serait égaré sans lui. Grâce à Raphaël, ils se sont reconnus, aimés, épousés 26.

26. Tu peux lire dans ta Bible le beau livre de Tobie.

 

 

L'AMOUR S'ACQUIERT, SE CONQUIERT, SE LIBÈRE

 

 

« Je n'ai jamais eu aucune relation sexuelle avec un garçon, ni même d'aventure amoureuse. Je désire m'offrir « non usée » au garçon que j'aimerai pour la vie. Seulement, comment savoir qui est ce garçon ? J'ai souvent été amoureuse de garçons en me disant « c'est lui » sans même que ces garçons ne sachent ou ne soupçonnent que je les aimais. Or à chaque fois, ces coups de foudre de ma part se sont soldés par un estompement de mes passions et par un oubli progressif de ces garçons. Et, souvent, malgré ce désir de chasteté et même de n'avoir aucune expérience avec un garçon avant celle avec mon futur mari, j'ai envie de me sentir aimée par un garçon et de recevoir toute sa tendresse. »

Thérèse, 19 ans.

 

Tu vois, Thérèse, cet « estompement », cet « oubli progressif » montre bien que chaque fois, ce n'est pas encore «lui». Si ce l'était, ton sentiment s'affadirait-il ainsi, avec le temps ou la distance ? Heureusement que tu ne l'as pas déclaré de suite à chacun ! Tu les aurais cassés !

Oui, pour cette grande aventure il faut habilement s'entraîner : l'amour s'acquiert, se conquiert, se libère !

Pour toi, Dieu a bien prévu les choses : n'aie pas peur, c'est Lui ton entraîneur ; il saura te guider même dans la douleur. Aussi, pour tous ceux qui ne veulent pas rester en rade mais gagner ce défi de la vie, voici   « l'Agapé-thérapie » mise au point par 2 000 ans d'expérience, continuellement adaptée et modernisée. Si tu l'acceptes comme traitement, on te promet — à moins d'un gros incident — que la traversée de ta vie d'amour ne sera pas pour toi un « sale tour », mais une montée vers le jour.

 

« Aimer vraiment, c'est découvrir l'altérité de l'autre 27. Ce n'est pas forcément tomber amoureux. Cela se présente souvent comme une profonde amitié : on se sent en paix avec l'autre, on se sent bien, reconnu pour le meilleur, pressentant symétriquement le meilleur. Avec cette capacité — qui est une grâce unique — d'aider l'autre à mûrir, à s'approfondir, comme on l'aidera peut-être un jour à vieillir et à mourir. Il peut même se produire alors, tant la découverte de l'altérité de l'autre m'éblouit, une sorte d'abolition momentanée du désir, au sens génital 28. »

 

27. C'est-à-dire l'autre en tant que différent de moi.

28. Olivier Clément. France Catholique. Mars 1982.

 

 

UNE VIGILANCE DU COEUR

 

 

A l'école Jeunesse-Lumière, les jeunes qui donnent un an à Dieu, au service de l'Evangile, s'engagent à vivre, durant ce temps, un « célibat d'amour ». A vivre ensemble, simplement, comme des frères et sœurs. Voici ce qu'en dit le « livre de vie » qui leur sert de charte pour l'année :

 

« Pour être totalement attentif à Dieu : qu'aucun parasite ne vienne troubler l'écoute du cœur. Pour être entièrement disponible au Royaume : qu'aucune interférence ne vienne entraver ce service de l'Eglise.

« Oeuvres d'amour, la prière et l'évangélisation te prendront tout entier. Tu t'y investis avec toutes les forces de ton cœur. Qu'il demeure libre. Libre de se donner. Libre d'aimer. Libre de servir sans exclusive, tous ceux que Dieu te donne de servir et d'aimer.

« La chasteté est liberté lorsqu'elle est vécue comme une charité. Tu renonces à vivre une expérience d'amour, pour faire l'expérience d'un amour plus fort, plus grand, plus profond. Tu évites toute aventure amoureuse, pour vivre à plein l'aventure de Dieu dans ta vie. »

 

Je suis émerveillé du courage avec lequel ils le vivent : pourtant ce n'est pas évident d'attendre juillet pour se déclarer, quand un amour fort commence à surgir en novembre ou février ! Eh bien, chaque année, j'en ai connus qui n'ont rien laissé paraître, pendant des mois, même pas à la personne concernée. Si bien qu'à la fin de l'année, les autres l'apprenaient avec étonnement. Seuls quelques-uns le pressentaient. Et dans deux cas, même l'aimé(e) ne le soupçonnait pas ! Ils avaient tout confié au Seigneur, jour après jour, s'en remettant à Lui de cet amour, sûr qu'il était capable de le leur rendre s'il venait vraiment de Lui. Et s'il ne venait pas de Lui, eh bien, de toutes façons il ne tiendrait pas. Test très sûr que cette épreuve du temps. Pas évident quand on se retrouve à la même table, parfois dans la même petite fraternité, toujours ensemble en mission comme à la maison (une fille m'avouait qu'elle offrait au Seigneur de le regarder le moins possible, et de ne jamais s'asseoir à côté de lui à table). Pourtant ce ne sont pas des garçons et des filles extraordinaires. Ils ont même âge, mêmes problèmes, mêmes blessures affectives que toi. Simplement ils font leur vie avec Dieu et Dieu les soutient dans ce combat de tous les jours. Et ceux qui ensuite se sont mariées sont unanimes à témoigner combien cet apprentissage les avait merveilleusement préparé au mariage.

 

 

UNE MYSTÉRIEUSE SOLIDARITÉ AVEC D'AUTRES PAUVRES

 

 

Cette maîtrise de soi, si dure durant l'adolescence, elle est difficile, mais non impossible. D'abord Dieu ne demande jamais l'impossible. Il n'est pas sadique. Ce qu'il nous demande, il nous donne de pouvoir le donner.

Regarde ces jeunes qui consacrent à Dieu leur vie entière. Ils réussissent à tenir le cap de la chasteté. Pourtant, ils ont ton âge. Ils vivent dans le même monde hyper-érotisé que toi. Ils tiennent le coup, parfois de justesse, mais ils y arrivent. Et ils n'ont pas l'air coincés pour un sou, mais gais, épanouis, heureux et rayonnants. Serais-tu incapable de faire l'espace de quelques années seulement, ce qu'ils font une vie durant ?

Tu te réserves temporairement pour celui/celle avec qui tu feras ta vie, comme eux se réservent en permanence pour leur Seigneur.

Attente qui te donne aussi d'épouser momentanément la condition des plus pauvres d'entre les pauvres : tous ceux qui, à cause d'un handicap physique ou mental, ne pourront jamais se marier. Tous ceux qui, à cause de la prison, de l'exil, de la maladie, ne peuvent pas fonder un foyer, ou en sont, provisoirement ou pour toujours, séparés.

 

 

DEVIENS CE QUE TU ES : AMOUREUX !

 

 

Un beau jour, ça y est ! C'est « elle », c'est « lui » ! Pas deux comme « elle »/« lui » ! Tout à coup, quelle présence ! Au dedans de toi ! Aucune explication rationnelle. C'est ainsi, c'est tout. Parfois c'est la panique. Comment s'y prendre et gérer cette situation toute neuve ? Pour lui faire pressentir, deviner. Pour éveiller une réciprocité... Pour l'apprivoiser...

Une nouvelle espèce de timidité se fait jour. On sera plus direct avec ceux qui ne sont que des camarades, plus simple avec ceux qui ne sont que des amis. Mais avec « elle »/« lui » je suis presque gêné. Je n'ose rien encore montrer. Je me fais plus discret, plus délicat, pour ne rien brusquer, ne rien briser (j'en connais un qui spontanément s'est mis à vouvoyer celle qu'il tutoyait : non par distance, mais par respect de ce qui était en train de naître entre eux).

Quand tu commences à aimer, le vertige te prend. Des abîmes s'ouvrent, des horizons infinis se déploient. Toute une zone de ton être se révèle à toi. Tu vas te découvrir capable d'une générosité insoupçonnée, d'une incroyable capacité de te donner.

Tomber en amour est une chose, cheminer en amour en est une autre. L'amour s'apprend, aussi bizarre que cela puisse paraître. Tout est donné d'un coup — parfois d'un coup de foudre — et, pourtant, tout reste à découvrir... Découvrir le pays de l'amour. C'est-à-dire le pays de Dieu.

 

« II est impossible de séparer Dieu de l'amour physique. Dieu nous a donné un corps, et ce, par amour pour nous, et par conséquent nous ne pouvons dissocier Dieu

de l'amour que nous éprouvons pour telle personne. Dès que nous aimons vraiment fort une personne, une Trinité est formée : moi, la personne aimée et Dieu. »

Stéphane, 20 ans.

 

Oui, vivre l'expérience d'un amour de vérité, c'est plonger dans le Cœur de Dieu.

 

 

LA LUCIDITÉ : LUMIÈRE ET VÉRITÉ

 

 

Les sentiments qui montent en ton cœur, ne les réprime pas d'emblée. Accueille-les. Apprends à lire et à relire ce que tu vis et éprouves. Repère où se situe le seuil entre amitié et amour.

Fais-toi aider par un grand frère, une grande sœur, qui a déjà une certaine expérience des choses de l'amour. Pour t'aider à voir clair, à éviter faux-pas et maladresses. La lucidité est vérité dans l'amour.

Demeure maître de ta barque. Ne te laisse pas submerger par la tempête d'une passion. Garde un minimum de sang-froid 29. Ne te laisse pas embarquer plus loin que tu ne le désirerais. Les marches-arrière sont toujours pénibles... Ne joue pas à la légère avec les sentiments de l'autre. Maintiens-toi sur cette subtile ligne de crête : « Rusé comme le serpent, candide comme la colombe. » (Mt 10,16)

29. «Le flirt! c'est un esclavage. Pour choisir, il faut être libre. Et, pour être libre, il faut du recul. Pour choisir entre trois photos, ne me les mets pas juste devant le nez! » Maurice, 19 ans.

 

 

AIMER : MOINS SENTIR QUE CONSENTIR

 

 

Aimer, c'est se donner, mais au-delà de ce qu'on peut en ressentir 30. Au-delà, et de la fraîcheur de la sensibilité, et de la violence de la passion. Quoique sensibilité et passion nous propulsent sur le chemin où l'on finit par s'oublier.

Aimer, ce n'est pas d'abord vivre des élans impétueux, des états extatiques, de folles passions — quoique cela en fasse partie, bien sûr — , c'est être attentif, au jour le , jour, aux choses et aux êtres : inventer mille délicatesses. L'amour s'affine, se miniaturise 30b.

30. « Etre amoureux est un état. Aimer est un acte. On subit un état, on décide d'un acte. » Christian Beaulieu. Ouvrage cité.

30b. Les garçons sont-ils suffisamment attentionnés envers les filles, durant les jours un peu difficiles de leurs règles. Maux de tête, nausées, indigestion, fièvre légère peuvent jouer sur le caractère, ou plutôt l'humeur, durant ces jours mensuels. Elles sont plus vulnérables, sensibles, pleurent plus facilement. A ces moments, redoubler de délicatesse et de compréhension.

Peu à peu, on découvre que l'amour ne peut :

1. Ni forcer, ni commander ;

2. Ni détruire l'œuvre de l'amour;

3. Ni arracher les dons que l'amour a donnés;

4. Ni aimer quelqu'un dont on a peur.

 

 

UN VISAGE QUI FAIT EXISTER

 

 

« Montre-moi ton visage ! Fais-moi entendre ta voix ! Ta voix, comme elle est douce ! Comme il est beau, ton visage ! »

Cantique 2,14.

 

Christian, mon frère non-voyant (c'est-à-dire voyant au-dedans), commentant l'Evangile de l'aveugle-né :

 

 « L'or en fusion est un miroir où le visage du fondeur peut se refléter. Et ce reflet même est le signe que la fusion est parfaite. »

 

Et d'ajouter ce mot de feu :

 

« Etre pur, c'est être tout entier dans celui que l'on regarde ! »

 

Plus brûle ton amour, plus tu y découvres le visage de l'autre. Ce mot griffonné sur un billet, lors d'un rassemblement-jeunes à Saint Pierre d'Albigny : « Je ne savais pas que le visage de l'autre pouvait donner envie d'exister ! »

Eric, tu te mets à exister quand Claire te regarde, dans un amour d'or et de feu 31. Son regard est alors reflet de celui de Dieu posé sur toi.

3l. Dans les pages qui suivent, pour simplifier et ne pas sans cesse répéter « l'autre » ou dédoubler elle/lui, je me permets d'appeler Eric le garçon, et Claire la fille. Cela personnalise davantage. Que les Eric et les Claire qui me liront me pardonnent d'emprunter leurs beaux noms et que les autres fassent les transpositions nécessaires.

A ton tour, ton amour suscite en elle le meilleur d'elle-même. Sous ton regard, elle se sent exister. Tu la vois comme Dieu la voit : discernant toujours le meilleur. Tu lui révèles ses trésors, ses dons, tout ce dont elle est capable et qu'elle ignore peut-être. Ce qu'elle porte de plus grand, de plus beau et qu'elle ne sait peut-être pas. Et, à son tour, son regard à elle opère en toi. Ainsi, apprends-tu à regarder comme Dieu.

Donc, tu l'aimes pour tout ce qu'elle est. Tu la reçois toute entière. Tu ne sélectionnes pas ce qui te plaît et ce qui ne te plaît pas. Ce que tu n'aimes pas encore en elle, ne vas-tu pas finir par l'aimer ?

 

 

UNE MUTUELLE AGAPÉ-THÉRAPIE32

 

 

32. Agapé: amour en grec.

 

Mais tu la découvres aussi en ses défauts, ses carences, ses pauvretés, ses limites 33. Là aussi, tu te mets à l'aimer comme Dieu l'aime : d'un amour de compassion, c'est-à-dire qui souffre avec, qui comprend, qui veut partager et surtout guérir. Ton amour se pénètre de « miséricorde » (le cœur qui s'ouvre sur la misère). Tu ne l'aimes pas uniquement pour ses qualités, ses dons, ses capacités, ses compétences, sa beauté, mais très spécialement pour ses fragilités, ses failles, ses blessures.

33. Dans les agences matrimoniales, on doit préciser toutes ses qualités à soi, et toutes celles que l'on recherche chez l'autre. Mais l'amour est faussé dès le départ s'il se base uniquement sur le positif.. C'est trompeur, car toute qualité a son revers.

Tu te laisses attirer par ce qui est le plus vulnérable en elle. Grâce à la confiance totale que vous apprenez à vous offrir, et à accueillir.

Ce qui en elle à besoin d'être guéri, et qui, précisément, va guérir par ton amour même. Elle a pu être blessée par des carences d'amour, des frustrations d'enfance, mais en se laissant aimer par toi, elle entre dans une enfance neuve. Elle se laisse recréer par toi. Ah ! ce fantastique pouvoir de l'amour : recréer tout ce qu'il touche. Guérir ce qu'il étreint.

 

« Je t'aime non pas tel que je rêve que tu sois, mais tel que tu es. Tel que la vie t'a façonné, même et surtout si elle t'a abîmé. Je veux tout connaître de toi, tout connaître de ton enfance, en savoir toutes les blessures. Et je veux que tu connaisses les miennes. En nous offrant mutuellement nos blessures, peu à peu, nous guérirons l'un par l'autre. Plus tu as souffert, plus je t'aime. »

 

Peu à peu, elle se sent aimée, comprise, regardée, non pour ce qu'elle paraît, mais pour ce qu'elle est. Elle se met à croire en elle-même. Simplement parce qu'elle est — enfin, enfin ! — aimée là où elle était méprisée. Accueillie, là où elle était rejetée. Ce qui en elle provoquait le rejet, en toi suscite la tendresse ! Tu te rends compte, quelle fantastique ouverture à la vie ! Quelle re-naissance ! Et toi, Eric, tu es ainsi le jeune médecin de son cœur blessé. Et ce que tu fais pour elle, elle le fait pour toi. Mutuelle thérapie d'amour (valant toutes les psychothérapies, si bénéfiques puissent-elles être dans certains cas.)

Ton regard transfigure ses blessures. Maintenant qu'elle se sent aimée à cause de ses blessures mêmes, et non malgré elles, elle en comprend le sens. L'amertume, la révolte en disparaissent. Devant toi, elle n'a plus peur d'être elle-même. Plus honte d'être pauvre, faible et petite. Ne t'es-tu pas révélé à elle comme aussi pauvre, faible et petit ?

 

 

UNE MERVEILLEUSE ÉCOLE DE PAUVRETÉ

 

 

Mais voici que le fait même d'aimer te révèle à toi-même tes propres failles, faiblesses, limites.

Tant que tu étais seul, tu pouvais frimer, fantasmer, t'imaginer capable d'héroïsme. Mais voici qu'aimer te force à sortir de toi, à te dépasser, à t'oublier. Ce qui compte, c'est Claire. Ce qu'e//e pense, aime, désire, elle. Alors, comme tu te sens pauvre ! Pourras-tu lui donner tout ce qu'elle attend de toi ? Seras-tu à la hauteur de son amour? Tu te sens tout petit, tout fragile.

Etre amoureux : rien de tel pour briser ton orgueil, t'arracher à ton égocentrisme, ton narcissisme. L'amour te dé-centre de toi-même. Bat en brèches tes instincts de possession et de domination. Tu en deviens faible et pauvre. Mais voilà : plus tu es faible et pauvre, plus elle va t'aimer. Puisqu'elle aussi t'aime, non pas d'abord pour ta force, tes capacités, tes prouesses ou tes promesses, mais avant tout parce que tu lui ressembles en ses pauvretés.

Ainsi l'amour en vient à te dé-posséder de toi-même. Tu lui appartiens plus que tu ne t'appartiens. Tu veux être tout entier à elle, et d'autant moins à toi. Tu es comme dépendant d'elle, suspendu à elle.

 

« Le véritable amour dévore celui qui aime mais respecte celui qui est aimé. Alors que la plupart du temps, dans les travestissements de l'amour c'est le contraire qui a lieu. Dans le vrai amour, c'est celui qui aime qui est possédé par l'autre et non pas qui possède l'autre. On est un, parce que l'amour nous unit, deux parce que l'amour nous respecte ; trois parce que l'amour nous dépasse. » 34

 

34. Père Molinié, Adoration ou désespoir, Ed. C.D.L.

 

 

NUL N'EST VULNÉRABLE COMME L'AMOUREUX !

 

 

« Tout ce qui aime est faible. Mais est-ce l'amour qui rend faible, ou la faiblesse qui rend aimant ? » (Gustave Thibon.)

 

Rien, comme l'amour, ne rend vulnérable. Je ne peux plus être indifférent devant Claire. Tout ce qui l'atteint me touche au plus intime, me bouleverse, me met sens dessus-dessous.

Mon système de défense se met à craquer. Mes masques se fissurent. Je ne puis rien lui cacher. Elle devine déjà tout de moi. Vivre une totale transparence ! Qu'elle connaisse tout de ma vie, de mon être. Sinon, est-ce l'amour ?

Serait-ce pour cela que les exigences de l'amour peuvent faire peur ? On brûle de se laisser faire, et en même temps on prend la tangente.

 

« Ce soir encore, j'ai le cœur qui pleure. Je me sens si sale de l'intérieur. Je viens de faire souffrir un garçon qui m'aimait. Il me tendait les bras et je l'ai rejeté. J'ai eu peur de son amour. Je ne sais vraiment plus qui je suis, ce que je veux. Au plus profond de moi-même, je désire être aimée pour moi-même, mais dès que cela est, je prends la fuite. Je crois que j'ai peur d'être aimée. J'ai peur de l'Amour, est-ce possible ?

Avec Jésus, je suis si bien, si paisible, mais dès que cet amour se fait plus violent, je panique, je n'y crois plus. M'aimer, moi ? est-ce possible ? Trop longtemps on s'est moqué de mes pensées, de mon corps. Je n'ai plus confiance en moi. Je crains continuellement qu'un amour, quel qu'il soit, soit intéressé. »

Thérèse, 20 ans

 

 

S'IL N'Y A PAS D'AMOUR, ÊTRE VRAI PAR AMOUR

 

 

Par ailleurs, ne te culpabilise pas, si son amour ne provoque pas forcément le tien. La réciprocité n'est jamais automatique, car le cœur de chacun reste totalement libre. Ne te crois pas forcée d'aimer Eric, du simple fait qu'il t'aime. La perche t'est tendue, la question t'est posée, la balle est dans ton camp ; mais il faut que tu demeures toi-même, en toute vérité de cœur. Ne te culpabilise donc pas si tu blesses du simple fait que de ton côté il n'y a qu'une amitié, alors que du sien le cap est passé de l'amour. Si pour toi il n'est qu'un chouette copain, alors que pour lui tu es déjà la femme de sa vie. Simplement, dès que la chose est claire pour toi, sache le lui dire, pour qu'il ne se berce pas d'illusions. Des non-dits prolongés peuvent être un cruel suspens. Plus tu attends, plus la redescente lui sera amère. Donc, ni te précipiter, ni trop traîner. Prie pour en savoir le moment et la manière ; une manière douce, compréhensive, sachant que cela lui sera flèche au cœur. (Parfois, l'aide d'un(e) ami(e) peut simplifier les choses.) L'essentiel est que la vérité soit dite et faite, en transparence et par amour. Dans la lumière, donc dans la prière.

 

 

MA DOULEUR EST BELLE, ELLE EST D'AMOUR

 

 

Et maintenant, à toi qui as mal à cause d'une non-réprocité d'amour, ou d'un amour qui a été déçu ! Tu as peut-être été plaqué brutalement, incompréhensible-ment, et pour des raisons qui te paraissent tellement futiles. Et voilà que tu n'oses plus croire à la possibilité d'un amour vrai et fidèle.

Tu te souviens, Pierre ? Tu étais venu dans mon ermitage, le cœur en mille morceaux. Si souvent tu m'avais parlé de Geneviève, comme un enfant ébloui ! Tu t'étais épuisé pour elle depuis plus de deux ans, presque ruiné à force de lui faire cadeau sur cadeau. Tu avais renoncé à tant de choses, toujours pour elle ! Pour l'accompagner, tu faisais ce ski que tu n'aimais pas. Mais ainsi, tu payais remonte-pentes et restaurants. Espérant, envers et contre tout, arriver à susciter son amour ! Chaque soir, tu la raccompagnais après l'école, risquant de louper tes examens. Pour elle, que n'avais-tu pas fait ? Et voici que — brutalement — tu venais de recevoir, par la poste, son faire-part de mariage... Et elle ne t'avait rien dit! Peur de ne pas savoir comment s'y prendre ?

Pierre, maintenant que tu es un époux heureux, que tu as, sinon oublié, en tout cas pardonné, te souviens-tu de ce que je t'ai alors dit ? « Ta blessure est celle même de Dieu. Personne, jamais, n'a aimé comme Lui. Chacun, comme s'il était seul au monde. Et voici : cet amour est rejeté, méprisé, bafoué. Par ceux-là mêmes dont II est follement amoureux. Beaucoup qui l'ont aimé le lâchent, sans motif. Son cœur en est transpercé. Un amour déçu, II sait ce que c'est comme personne ! Alors, confie à ton Roi ton désarroi.

Et puis ne doute pas que le Seigneur mettra sur ta route celle pour qui tu es fait. S'il y a eu échec cette fois-ci, surtout ne le projette pas sur l'avenir!

Enfin, à celui qui t'a trompé, pardonne ! Ne lui en veux pas ! Ne te laisse pas enchaîner à ton passé en ruminant sans fin cet épisode de ta vie, aussi douloureux soit-il. Le ressentiment infecte tout sentiment. Prie pour que l'autre n'en soit pas trop blessé non plus... Prie déjà pour celui avec qui elle fera sa vie. Alors ton cœur sera en paix.

Il pourra accueillir sans ombre un amour nouveau. »

 

« Lorsque j'ai rencontré François, en quelques mots échangés, mon âme était devenue comme intérieure à la sienne : comme si la source d'amour jaillissait et reconnaissait celui qui portait le Seigneur. De là est né un abandon complet à l'Oeuvre de Dieu en notre cœur. Puis, cette décision à cause du milieu, du jour au lendemain : une blessure très profonde en moi. Il avait l'air libéré, que puis-je faire de cette blessure ? J'ai l'impression que mon cœur s'est desséché. Comme l'Agonie du Christ devait être terrible ! Comme il est difficile de vivre un non-amour !

« Lorsque je regarde mon entourage, je m'aperçois des urgences de l'Amour dans les petites choses du quotidien. Je pense à tous ces êtres qui manquent d'affection. Que peut-on leur donner? Ce que j'aimais beaucoup en François, c'était tout l'amour qu'il pouvait donner aux autres. Je ne voulais surtout pas dévier son amour, par moi. Dans la confiance, Seigneur, je te remets ma douleur... Elle est si belle car elle est d'amour. »

Sylviane, 21 ans.

 

Elle a trouvé : l'affection dont elle est brutalement sevrée de la part de François, elle va la donner à ceux qui en manquent. Sa souffrance d'amour l'ouvre à ceux qui sont en carence d'amour.

Lorsque le « petit faible » que tu éprouves se heurte à une indifférence, alors — pour en guérir la blessure — tourne-toi vers le blessé, le différent, le faible, le petit. Ta passion (d'amour et de souffrance) en deviendra compassion (souffrir-avec, par amour).

 

 

COMMENT AIMER, SI TU LAISSES LE COEUR À LA PORTE?

 

 

Dans ces coups de grisou du cœur, comme la foi peut mettre de lumière ! Elle permet le pardon, elle ôte du cœur la rancœur, donne la paix !

Mais la foi n'est pas seulement belle en cas de coups durs. Elle lance des éclairs dans l'amour lui-même. Quand une même foi peut être partagée, qu'est-ce que cela change une relation ! Un domaine nouveau, immense, s'ouvre. Des perspectives à l'infini... Incomparable terrain de dialogue et d'échange, qui n'ôte absolument rien aux autres terrains de communion, mais leur donne à tous une dimension merveilleuse de profondeur. On se met à vivre une relation à trois. Le Seigneur est là, invité, reçu, entouré, aimé. On peut prier ensemble. On le fait intervenir par son pardon, sa parole, son corps, sa Mère.

Tout ceci pour dire que si tu es en recherche de l'être avec qui tu feras ta vie, n'hésite pas à chercher d'abord et de préférence parmi ceux qui partagent ton amour du Seigneur.

Bien sûr, on peut s'aimer d'un amour authentique et profond — Dieu merci ! — sans qu'il soit explicitement connu et re-connu, aimé et loué. Mais, tout de même ! Quel appauvrissement mutuel dans ce cas ! Quelle réduction de l'horizon de l'amour ! Souvent, j'ai touché du doigt la différence.

Par ailleurs, la foi, au lieu d'être ce merveilleux lieu de rencontre, peut devenir douloureuse pierre d'achoppement, quand elle n'est pas partagée. Vécue par Claire, rejetée par Eric ! Elle se sent écartelée entre deux amours ! Comment conduire son Eric, vers son Jésus ? Elle pressent combien leur vie conjugale pourra en être irradiée. Mais là aussi, il lui faut respecter sa liberté. Claire, tu ne peux que multiplier les délicates invitations. Mais surtout laisse simplement rayonner cette Présence en ton cœur. Sois simplement toi-même. Que tout ce que tu es, en laisse transparaître la source. N'aie pas peur de parfois en parler mais sans le forcer, sachant attendre son heure. Alors, tu es comme Dieu lui-même qui ne peut que jouer de la flûte devant ta maison, sans jamais en briser la porte.

Et toi Eric, de ton côté si tu ne crois pas, ou mal, et que le Seigneur fait partie intégrante de la vie de Claire, alors, ouvre-toi à une rencontre avec cet étrange Jésus qu'elle aime. Non en concurrence avec toi, mais à l'intérieur même de son amour pour toi. Elle t'aime dix fois plus à cause de Lui. A cause de Lui, elle sait si facilement te pardonner, te comprendre avec tant de finesse. Ouvre-toi, non pas forcément pour sauver l'amour qui existe déjà entre vous, mais pour y mettre tout plein de soleil ! Ne fut-ce que par amour de ta Claire, pour son unité intérieure, et donc sa joie et sa paix.

Dis-toi au moins ceci : si Claire, si intelligente, belle et douce, est à ce point croyante, le moins qu'on puisse dire est que la foi c'est pas du bidon ou du bluff...

N'aie pas peur de t'ouvrir à une expérience de Dieu. N'aie pas peur qu'il vienne troubler ou simplement ternir votre amour. Ce sera le contraire ! Vivre Dieu ensemble, rien de tel !

 

 

SI TU VEUX AIMER, VIENS ET VOIS!

 

 

Oui, vois comme il a aimé, Lui : effectivement fou d'amour. Comme personne, jamais, ne l'a été. Passionnément : jusqu'à la Passion même. De tendresse il a aimé sa Mère et ce plus jeune de ses disciples, qu'il confiera d'ailleurs à sa Mère. Regarde-le poser la tête sur sa poitrine au soir des dernières confidences (Jn 13).

Sur les êtres méprisés, raillés, rejetés, marginalisés, il jette un tel regard qu'ils en sont réhabilités, trans-figurés. Sur la femme de Samarie, qui en est à son sixième homme (et voilà qu'éblouie elle découvre le septième : l'Homme). Sur Myriam, la prostituée de Magdala: son seul regard suscite en elle un tel amour qu'elle suivra jusqu'au bout : jusqu'à cette croix où Lui-même est allé jusqu'au bout de l'amour (lis saint Jean 4, 8 ; Luc 7, 36).

 

 

BALISE TA ROUTE DE PAUSES-REGARDS

 

 

Comment donc aimer, sans ces longs face-à-face avec l'Amour en personne ? Et non pas seul, mais avec celui/celle que j'aime. C'est fou ce que prier peut mettre de liens profonds, de secrètes connivences entre deux êtres qui s'aiment. On découvre l'autre en ses profondeurs : tel qu'il est tourné vers Dieu, en son cœur profond. On le surprend dans sa relation intime au Seigneur : c'est toute une zone de son être que je ne soupçonnais pas, qui, tout à coup ou peu à peu, se dévoile à mes yeux étonnés. Une étrange beauté, insoupçonnée jusque-là, m'apparaît. C'est si bon d'entendre exprimer à haute voix, ou dans un murmure, ce que l'autre a sur le cœur. C'est bien son visage, mais vu sous un autre angle, tel que tourné vers Dieu.

Alors, voici : entre vous, la Source même de tout amour.

Dieu n'est-il pas Cœur ?

 

 

IV - LA PAROLE AUX TÉMOINS

 

 

1. RETROUVER LES CHEMINS DE L'AMOUR

 

 

RESCAPÉE DE L'ENFER 1

 

1. Voir dans le premier volume de la collection Jeunesse-Lumière, Ivre de vivre, les témoignages de Guillaume (p. 105), de René (p. 109) et d'Emmanuel (p. 119).

 

Je suis une rescapée de l'enfer. D'un enfer qui aujourd'hui dans notre monde actuel passe pour « normal ». Cet enfer, c'est celui du sexe et du non-respect de l'autre.

Née dans une famille chrétienne, j'ai été baptisée et j'ai entendu parler de Dieu, je l'ai même prié étant petite. Petit à petit, je l'ai perdu pour des tas de raisons et j'ai lâché sa main, je voulais la liberté, changer de vie... Pour moi, II n'était plus rien...

J 'ai eu une enfance difficile, douloureuse et à 15 ans j'ai été victime d'un viol... Cela m'a profondément meurtrie, blessée, non seulement dans mon corps mais aussi dans mon cœur. En moi quelque chose était brisé, cassé. Je n'en ai parlé à personne, me sentant coupable et surtout terriblement seule. J'avais une peur atroce d'être enceinte et j'ai porté le poids de mon angoisse seule. Je n'en dormais plus, faisant des cauchemars abominables... Les garçons, les hommes étaient devenus pour moi une obsession. J'en avais peur, terriblement, et pour vaincre cette peur qui m'envahissait jour après jour, j'ai décidé de me venger. Dès lors, j'ai commencé à sortir en boîte et j'ai connu des tas de gens, beaucoup plus âgés que moi, qui se droguaient, qui recherchaient le plaisir. Très vite livrée à moi-même, je suis tombée dans cet univers-là : le monde de la séduction.

Je plaisais et je le savais... Alors je séduisais et allais d'aventure en aventure... J'avais un besoin fou d'être aimée pour ce que j'étais, mais ce n'était jamais possible parce que dans ces jeux-là, ce n'est pas de l'amour mais de l'exploitation et de l'esclavage.

Plus j'avançais dans cette vie-là et plus ma nuit devenait noire, obscure. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même, j'allais d'échecs en échecs, et à 18 ans j'avais déjà l'impression d'être vieille et souillée. En passant de bras en bras, j'étais devenue un objet, une poupée dont ils tombaient amoureux et puis qu'ils jetaient. Je n'avais plus d'identité. J'ai fait une tentative de suicide et j'en suis revenue avec un goût d'amertume dans la bouche... Il fallait continuer à vivre, mais pour qui ? Pourquoi ?

A cette époque-là, j'ai entendu parler d'une abbaye et j'y suis partie pour me reposer et là j'ai connu un prêtre extraordinaire qui m'a écoutée sans me juger... Et a cause de lui ou plutôt grâce à lui, je me suis promis de retourner dans cet endroit tous les ans... Je n'avais pourtant pas rencontré Dieu, mais c'était quand même Lui qui m'avait guidée jusque-là.

Une fois rentrée chez moi, j'ai continué ma vie : les garçons, les boîtes, une vie de plus en plus nocturne et solitaire. A un moment, pourtant, j'ai cru trouver l'amour avec un garçon, nous sommes restés deux ans ensemble et il me semblait que je revivais. Nous faisions des projets, on voulait se marier, avoir des enfants... Mais au fond de moi, je n'étais pas encore comblée. Et puis, il m'a quittée pour une autre... A ce moment-là, le prêtre que je connaissais est mort... D'un coup je perdais pied, je n'avais vraiment plus rien à qui me rattacher. Alors, j'ai repris ma vie d'avant. J'avais rencontré des filles étant dans le même cas que moi et l'enfer a continué...

Et puis un jour en revenant de l'abbaye (j'y allais quand même une fois par an), j'ai rencontré une fille dans le train. Son regard bleu m'a frappée, il était plein de lumière et d'une joie qui ne me semblait pas de ce monde... Elle m'a parlé de Dieu et je me suis un peu ouverte, confiée à elle... De fil en aiguille, elle m'a parlé d'un jeune prêtre qu'elle connaissait et qui habitait la même ville que moi... Je me dis que le hasard n'existe pas...

Rentrant à la maison, vidée, au bout du rouleau, j'ai contacté ce prêtre... et là, j'ai pu «craquer», lui dire l'enfer dans lequel je vivais et dont je ne pouvais me sortir... Il m'a écoutée et comprise... Dieu était toujours aussi loin dans ma vie, mais je voulais vivre autrement, du moins essayer.

J'ai commencé à aller dans un groupe de prière, j'étais accueillie comme j'étais, mais menant une vie complètement décousue à côté, je n'y arrivais pas...

Et puis j'ai rencontré un jeune drogué et j'ai voulu l'aider et je suis tombée encore et encore. A fréquenter ce milieu-là, on se blesse terriblement (je ne me suis pas vraiment droguée grâce à Dieu !). Entre nous, il n'y avait que le physique, on s'engueulait sans arrêt... Je repense à me flinguer... Pour moi, c'était la seule issue... Cette idée de la mort me suivait partout : rien que par le look que j'avais : punk à moitié, écoutant des musiques sentant la mort... Et puis, un 13 avril, j'ai entendu une voix qui me demandait de quitter ce gars, et je l'ai fait. J'en avais assez de cette vie qui me réduisait à rien...

Le lendemain une journée de prière et de partage était organisée par le prêtre qui me suivait et j'y suis allée... Je n'avais vraiment plus rien, mon univers s'écroulait... Et puis le prêtre a parlé du Pardon et d'une femme Marie-Madeleine... La pécheresse aimante et pardonnée... Cette prostituée, brisée, meurtrie qui s'était jetée aux pieds de Jésus... En un éclair, j'ai tout compris... J'ai compris que cet amour dont j'avais tant besoin, dont je crevais de soif depuis des années s'appelait Jésus... Je me suis sentie envahie d'une joie immense, j'avais les larmes aux yeux... En un instant j'ai su que Celui qui pouvait me guérir de toutes mes peurs, mes douleurs, c'était Jésus... Alors, je suis allée me jeter à ses pieds comme la petite Marie-Madeleine et j'ai reçu son Pardon... Et à partir de ce jour-là, je L'ai suivi... // est venu jusqu'à moi, au plus profond de ma nuit... et c'est en allant à la messe tous les jours et en recevant son pardon que j'ai pu aussi pardonner à celui qui m'avait agressée...

Vois-tu, c'est en recevant son Corps, que mes blessures peu à peu sont devenues lumière, car tes blessures, II veut en faire des bouquets d'étoiles ! Et quand II vient à moi si petit, si pauvre dans le creux de ma main, comment ne pas être bouleversée d'amour?

Je peux te dire qu'il m'a guérie de cet enfer... Bien sûr ce n'est pas facile, mais en mettant la main dans la sienne, on est sûr d'y arriver ! Et tous les jours, je Lui demande de m'aider car je sais ma faiblesse, mais j'ai confiance en sa puissance et sa Miséricorde ! Marie, Mère de Pureté, m'aide aussi, crois-moi!

Je peux te dire aussi que je suis « lavée » grâce à son Pardon et que moi qui étais toujours en noir, je peux m'habiller en blanc sans rougir car II a balayé mon passé et je veux rester pure...

La chasteté, tu vois, c'est quelque chose de beau, quand c'est vécu dans l'amour. Ça vaut le coup. Je vais même te dire que si je me garde ce sera pour celui qui partagera peut-être un jour ma vie. Ce jour-là, je pourrai lui dire «je t'aime» et me donner entièrement. Tu vois en te préservant, tu fais un cadeau magnifique à Dieu, car ton corps c'est là où Dieu habite. C'est un cadeau qu'il t'a fait et il faut en prendre soin... Tu es RESPONSABLE de ton corps et de celui de l'autre.

Oui, merci Seigneur de m'avoir faite femme, de m'avoir donné un corps pour te louer, te danser et pour accueillir la vie... Alors, pour finir, voilà une petite phrase de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus qui résume ce que je vis :

« Je ne vais faire qu'une seule chose : commencer à chanter ce que je dois redire éternellement : les Miséricordes du Seigneur ! »

Amen !

Myriam, 21 ans.

 

 

UN GRAND INSTINCT MAIS AU DEGRÉ DU COEUR

 

 

Dès ma première relation affective vécue avec un garçon, j'ai senti et expérimenté concrètement en moi un combat entre deux caractéristiques bien marquées de ma personnalité : d'une part une sensualité développée et d'autre part un grand désir, même un besoin vital (un instinct) d'intégrité (d'une certaine plénitude) de mon être dans tout ce qui le compose (corps, esprit, cœur, âme). Tout de suite j'ai pu relever en moi à la fois un grand instinct, un grand désir et une grande réceptivité au langage du corps, du toucher, du contact de la chair (retrouvé d'ailleurs dans toutes les formes de relations affectives), et à la fois ce besoin vital qu'il soit à la mesure, à l'image, au degré du langage du cœur et de l'esprit. Je ne pouvais détacher mon corps, mes gestes, de mes sentiments, de mes pensées, me dissocier. Je ne le savais pas encore, mais je sais maintenant que c'est Dieu qui a voulu me garder dans la pureté, en me préservant de me donner dans mon corps avec démesure et mensonge. Je découvrais peu à peu, dans mon être, dans ma propre expérience toute la richesse de la virginité et toute la valeur du don à une personne unique dans la bénédiction de Dieu. Les choix de l'Eglise prenaient un sens dans ma vie et je pouvais les faire miens.

A commencé alors pour moi un combat difficile où Satan a su trouver des voix « royales », usant des hommes et choisissant pour agir ces moments que je vis périodiquement où mon corps appelle violemment à la tendresse, à pouvoir donner et recevoir en son langage. C'était alors, au-delà de la tentation déjà éprouvante, de vivre avec tel ou tel garçon une relation affective dont je savais d'avance qu'elle serait trop rapide, superficielle, fausse et stucturée d'avance (habitude sociale) et ne m'apporterait qu'un plaisir superficiel et momentané.

 

 

L'ACHARNEMENT D'UNE FOLIE DESTRUCTRICE

 

 

C'était surtout l'agression violente (si intelligemment et puissamment préparée, calculée) des affiches publicitaires qui dans des détails plus ou moins flagrants visent la sensualité et le désir sexuel, les scènes érotiques dans les films devenues automatiques, comme indispensables ( !) et puis cette « liberté » qui devient exhibition des jeunes couples dans la rue.

Autant d'épées, autant de souffrances, autant de mise en esclavage, autant de nourriture aux fantasmes qui avaient bien vite pris place dans le terrain déjà « habitué » de mon esprit. Fantasmes d'abord «gentils», sournois, simples souhaits de rencontres affectueuses, amoureuses, se transformant en fantasmes violents emplis de vice, de pornographie, de bestialité. Subtilement, sournoisement comme sait si bien le faire le « maître du mensonge »...

Alors si Dieu m'avait donné de rester pure dans mon corps et dans mes actes, je le trahissais en acceptant le péché dans les pensées, je me souillais tout autant !

Mes yeux ont été longs à vouloir s'ouvrir sur mon péché, je me sentais si faible face à lui, si encerclée, et puis j'avais peur en le rejetant de devoir renoncer à cette sensualité autour de laquelle il s'exerçait, cette sensualité que je sentais partie intégrante de mon être, que je trouvais belle et riche et dont je ne pouvais me résoudre à me séparer, même pour Dieu.

Un matin, je me réveillais avec l'envie de pleurer, une envie insurmontable, venue du plus profond de mon être, que je ne m'expliquais pas et qui durait (je sais maintenant que c'est le Seigneur qui m'appelait au repentir). Lorsque je me suis mise en prière, je me suis alors laissé emporter dans les larmes et les sanglots et j'ai vécu une expérience nouvelle, unique, de la miséricorde de Dieu : j'ai vu le Christ se vidant de son Sang sur la Croix et j'ai su que par mes larmes le Seigneur me vidait de mon péché (de l'eau souillée qui m'habitait) pour m'emplir de son Sang ! J'ai vécu dans mon être la purification dans le sang de l'Agneau de Dieu ! Je me suis sentie emplie d'une vie nouvelle, revêtue de l'Amour de Dieu!

Devant cette manifestation de la puissance divine, Satan n'a pu que reculer et les fantasmes m'ont quittée et, s'ils reviennent parfois me tenter, j'ai le nom puissant de Jésus pour les repousser et la certitude de son salut définitivement offert. Quand aux affiches et aux films, s'ils demeurent, je me sais maintenant libre devant eux en Christ, forte devant eux en Jésus, et elles sont devenues pour moi objets de révolte, de refus au nom de tous ceux qui, consciemment ou pas, en sont esclaves comme je l'ai été.

 

 

MA SENSUALITÉ: TOUJOURS UN TERRAIN DE VIE

 

 

Je voudrais rajouter que ma sensualité, le Seigneur me l'a laissée et je sais maintenant qu'elle est bonne en elle-même, œuvre du Seigneur, don de Dieu en moi, et qu'un jour II me donnera de la vivre pleinement avec Lui dans la vérité et la pureté, qu'en Lui elle n'est plus terrain d'esclavage, mais terrain de vie. Je sais maintenant que le Seigneur ne nous prive de rien pour peu que l'on soit prêt à le partager avec Lui, à Lui laisser en disposer pour I qu'il y œuvre pour la Vie éternelle, la nôtre et celle de flous. Au contraire, le Seigneur fait éclater, multiplier démesurément la richesse de tout ce qui est en nous, il 'n'est plus de crainte à avoir, que confiance et abandon. Dieu a mené en moi une œuvre de purification et de libération pour la vie en plénitude et en éternité, et je me sens appelée à participer dès maintenant avec Lui à cette .œuvre dont je sens pleinement l'urgence dans notre monde, auprès des jeunes (et moins jeunes) perdus dans l'illusion du plaisir, de l'amour facile, de la « liberté » sexuelle que leur offre la société, au travers de l'éducation et des médias avec l'acharnement d'une folie destructrice. Le Seigneur m'a offert la Lumière, la Vérité, la Vie avec tendresse, patience et miséricorde, m,'amenant de la mort à la vie et je voudrais maintenant éclairer avec Lui tous ceux qui marchent dans les ténèbres du mensonge, par la voix où II me placera (célibat, mariage...) et dans la fidélité à ses œuvres.

Nicole, 22 ans

 

 

CE TEMPS DE MATURITÉ, UN INSTANT BRISÉ

 

 

Quand j'avais 17 ans, je n'étais jamais sortie avec un garçon et j'étais très culpabilisée de ne l'avoir jamais fait. Je me sentais un peu marginale.

C'est un sujet que je n'abordais jamais. J'avais une activité dans l'Eglise, mais je ne savais pas à quoi Dieu m'appelait. Alors pendant mes études d'infirmière, j'ai donné ces trois années au Seigneur.

Et ce temps fut pour moi comme un temps de maturité, comme un enfant qui apprendrait à marcher. Si on le met debout à 2-3 mois, il se casse la figure. C'était un peu pareil pour moi. Je n'aurais pas pu tenir debout dans une telle situation. Au bout de ces trois ans, j'ai compris que mon appel était dans le mariage. J'ai dit au Seigneur : « Puisque c'est à ça que tu m'appelles, permet-moi de rencontrer quelqu'un ». Je me sentais toujours un peu coupable de ne pas avoir eu cette relation avec un garçon... Je me disais : « Si je dis aux autres que je n'en ai pas, on va me juger. » Je ne comprenais pas l'importance de mon corps. Je n'avais jamais réalisé à quel point c'était beau d'avoir à offrir son corps au Seigneur et à son époux.

J'ai donc rencontré un garçon et je l'aimais beaucoup ; avec lui, je me sentais très bien. Mais je n'arrivais pas à lui témoigner mon amour. J'étais complètement bloquée, je ne savais pas comment faire. Je voyais mes camarades qui avaient l'air d'être tout à fait libres avec leur corps ; alors je me suis dit : « C'est peut-être ce que tu as à faire toi aussi. » Même au niveau du baiser, j'avais du mal, je ne me demandais si c'était bien ou pas bien. Je n'arrivais pas à assumer cette relation. Entre temps, j'ai commencé à travailler à l'hôpital, dans un service où j'étais la plus jeune.

J'ai 25 ans et la moyenne d'âge tournait autour de 30-35 ans et toutes les personnes avec qui je travaillais avaient des relations à droite ou à gauche, mais n'étaient pas mariées. Dans le lot, il y avait seulement deux femmes mariées, sur un service de huit infirmières.

Souvent, dans ce milieu-là, on parle de son copain, etc. Et quand on s'adressait à moi, j'osais pas avouer que je n'avais pas eu de relations sexuelles. Je répondais vaguement : « Oui, j'ai un copain. » C'était vrai. Mais j'étais très évasive. Un jour, on m'a posé la question... « Tu as déjà couché avec un garçon ou pas ? J'ai dit : « Oui ! oui ! » J'ai menti et cela a été très dur à assumer ensuite. Parce que je me suis dit : « Tu ne l'as jamais fait, tu as menti... Eh ! bien... Après tout, tu vas le faire ! » Comme j'étais d'après-midi, je terminais à 9h. Je suis allée chez .mon copain... Voilà et de fil en aiguille, ça c'est fait. C'était bien, il me faisait découvrir mon corps. Je n'avais jamais eu le contact physique avec moi-même. Bien sûr, je m'étais regardée dans une glace, mais ça n'avait pas la même dimension... Je lui ai cédé. De toute façon, puisque je l'aimais et je croyais qu'il m'aimait. J'ai accepté d'avoir cette relation. Mais je me suis aperçue que pour lui, je n'étais qu'un jouet, une fille de plus qu'il pouvait compter à son actif. Quand je m'en suis aperçu, c'était trop tard. Et j'ai compris que j'avais fait la plus belle connerie de ma vie. J'avais accepté de donner mon corps à quelqu'un qui ne m'aimait pas. Alors que pendant ces trois ans j'ai essayé de mûrir pour être disponible à celui que le Seigneur voulait me donner. Et là je me suis donnée au premier venu sans chercher à le connaître. Je ne le connaissais pas, au fond. C'est un garçon qui me plaisait et c'est tout. Je ne l'avais pas rencontré en lui-même. Je me suis livrée à lui carrément, sans savoir la portée que ça pouvait avoir pour moi, les blessures que ça procurerait en moi. Quand j'ai réalisé ce que je venais de faire, je me suis sentie très coupable. Je me suis dit : « Maintenant, que vas-tu offrir à ton mari... ? Rien, plus rien. Je ne pourrai pas lui dire : Tu vois, je suis pure. Je ne le serai pas. » Donc, j'ai eu beaucoup de difficultés à accepter. Et puis, j'ai eu la chance de pouvoir m'en confier devant un prêtre qui m'a donné le sacrement du pardon. J'ai découvert aussi, combien le PÈRE m'aimait, pour accepter encore une fois, que je devienne pure devant lui. Et même si c'est pas la pureté de mon corps que je pourrai donner à mon mari, ça sera la pureté de mon âme. Mon âme est pure devant Dieu.

Marie-Paule. 24 ans.

 

 

MAINTENANT, JE L'AIME POUR SA BEAUTE DE DIEU

 

 

(...) Lorsque j'ai rencontré le Seigneur en 1979, j'étais au fond du trou... vie sexuelle très perturbée : homosexualité, rapports avec des femmes mariées, dont une avait eu un enfant de moi qu'elle avait avorté... Après tout cela, j'ai eu envie de me donner complètement au Seigneur et j'ai vraiment redécouvert ce qu'était l'AMOUR, le Vrai, celui que j'avais cherché avec mes parents, mais qui, perdus dans les soucis du monde, ne se rendaient pas compte de mon BESOIN ; car je ne manquais de rien, mes parents travaillaient beaucoup pour cela, mais ils étaient absents pour moi : absents d'amour, Dieu seul a comblé ce manque.

Depuis deux ans et demi, j'ai commencé à aimer une fille du groupe de prière (pour une fois, je ne l'aimais pas pour sa beauté physique), mais j'ai cru que c'était passager, je ne m'en suis pas inquiété, et lorsque nous avons été séparés pendant les vacances de Pâques 1981, j'ai compris que je l'aimais, car elle me manquait. Mais j'ai attendu, j'ai beaucoup prié, jusqu'en août 1981 où je suis allé à Ars avec quelques amis, et là, j'ai remis ma vie au Seigneur en lui disant : « Que Ta volonté soit faite : prends-moi tout pour Toi, si tu le veux, mais Tu sais que j'aime B. et je sais que lorsque Tu mets un désir dans le cœur de quelqu'un, c'est que Tu veux le réaliser... »

Pendant ce temps, chose que j'ai apprise depuis peu, B. faisait la même prière que moi. Ce que je voudrais te dire pour que tu puisses le dire à d'autres jeunes : combien il est important de vivre un temps complètement donné au Seigneur, et que l'attente, même si elle est longue et difficile à supporter, est pleine de grâces ; pour moi, deux ans et demi : ça a été très long, très dur d'aimer sans réciprocité, dans l'espérance de Dieu et de sa Parole, c'est dans l'attente et dans la foi, que les cœurs se préparent et les regards changent. Mais je peux dire que cela était nécessaire car mon regard a beaucoup changé par rapport aux filles, aux femmes, et à B.

Avant, quand j'aimais une fille, c'était pour sa beauté physique, cela durait trois jours. Maintenant j'aime B. pour sa Beauté de Dieu, je l'aime car mon cœur est extrêmement blessé par son corps qu'elle n'a pas respecté, lorsqu'elle était plus jeune.

Nous nous sommes partagé cela, et je crois pouvoir dire que ce que j'ai vécu était indispensable pour que nous puissions nous aimer toute une vie ; maintenant, nous nous sommes promis de ne pas faire l'amour tant que nous ne serions pas mariés, et nous avons offert vingt jours sans s'embrasser pour tous les jeunes qui ne savent pas que l'on peut s'aimer sans s'embrasser et faire l'amour.

Je découvre aussi combien une vraie femme est belle : je dis « vraie », car je pense à une femme qui vit de Dieu par rapport à toutes ces femmes qui veulent prendre la place des hommes... et qui perdent ce qu'il y a de plus beau en elles : la grâce de Marie, cette douceur, cette qualité de présence priante à côté de Jésus, peut-être pas très bavarde, mais toujours là lorsqu'il le faut avec cette intuition (comme à Cana) de connaître les besoins des autres... Bon je m'arrête, car je vais de découverte en découverte...

Philippe, 23 ans.

 

Mais voilà que, deux ans après son mariage avec B., Philippe était fauché par une voiture. Sa petite épouse m'envoyé sa photo avec la simple mention: «Philippe, époux du Christ ». « Je te dis que si tu crois tu verras la gloire de Dieu ! » ; et m'avoue recevoir de sa présence au ciel, une grâce incroyable de joie.

 

 

J'AURAI ATTENDU CE MOMENT-LÀ!

 

 

S'il n'y avait eu que l'homme pour donner la vie, je ne serais pas là, à vous parler... puisque je n'ai pas été désirée, loin de là ! Les premiers mois, ma mère a beaucoup pleuré. Même si après, ils m'ont montré qu'ils m'aimaient, j'avais toujours cette blessure qui restait en moi. A 14-15 ans, toutes les preuves d'amour qu'ils pouvaient me montrer n'étaient pas suffisantes, puisque je me sentais seule, seule, et me disais : « Je n'aurais pas dû naître, c'est un accident. » J'ai 23 ans, et il y a 23 ans, il n'y avait pas tous les contraceptifs actuels... Sinon, je ne serais pas là aujourd'hui.

A 15 ans, j'ai compris que ce n'était pas mes parents qui m'avaient donné la vie, mais qu'il y avait QUELQU'UN d'autre et que c'était DIEU... Et parce que DIEU m'aimait, II avait voulu que je naisse malgré

tout, malgré toutes les barrières qui avaient été mises. C'est là vraiment que j'ai senti combien c'était grand, combien ça dépassait l'homme.

Cette année, j'ai vraiment vécu une chose très douloureuse : j'étais étudiante en fac, et dans mon cours il y avait une fille enceinte. Ses parents lui avaient dit: « Quand on a un enfant et qu'on ne le veut pas, on se fait avorter. » Pendant un mois, on a entrepris un tas de démarches parce que cet enfant, elle le voulait au fond d'elle-même. Elle avait conscience qu'elle portait la vie en elle. Elle avait même fait une échographie, elle avait vu le cœur battre... Cet enfant, il aurait dû naître après Noël, elle avait même décidé de l'appeler Noël. Mais le garçon qu'elle aimait n'a pas accepté cet enfant. Si bien que ça a été un déchirement pour elle, elle s'est quand même fait avorter. Ce fut très dur, elle savait tout ce que représentait cet enfant pour elle, car elle «tait très lucide. « Cet enfant, c'est un peu ma chance, j'ai fait un tas de bêtises, si maintenant je suis assez forte pour le garder, toute ma vie sera changée, il faudra que je me débrouille pour l'élever, le faire vivre... »

Elle s'est retrouvée toute seule, et la voilà avortée. Si vous aviez vu comme elle était toute triste ! Une cassure en elle ! Quand on dit qu'un avortement c'est rien... Je vous dis que c'est faux !

Il faut beaucoup prier pour elle, et pour son enfant, ce petit Noël qui devait naître. On ne joue pas avec la vie, parce que ça va trop loin, parce que cet enfant qui ne demandait qu'à vivre, sa vie s'est arrêtée trop vite.

Très jeune, mes parents m'ont poussée, au nom de la libération de la femme, à être libre. Ils m'ont mis entre les mains un tas de livres pour m'informer, en me disant : « Ta vie, tu en fais ce que tu veux. » Mais au fond de moi, il y avait quelque chose qui disait « non ». Je crois que j'ai vraiment été protégée de ce côté-là. J'ai toujours refusé de sortir le soir avec des garçons. L'un après l'autre, je leur ai dit « non » parce que je me disais : « Si un jour tu te maries, celui avec lequel tu te maries, tu n'arriveras pas à lui dire : « Je t'aime » si tu as dit bien des fois à des garçons différents : « Je t'aime ! Je t'aime ! » Ce sera un mot dépouillé de son sens. Et partout, au collège déjà, j'étais isolée, car tout le monde savait bien que je n'étais jamais sortie avec un garçon. On se moquait de moi tous les jours, mais on le savait. Après mon bac, je suis donc arrivée en fac. Je me trouvais beaucoup trop jeune. Je me disais : « Pour moi, aimer quelqu'un, ça engage toute une vie, je voulais autre chose que des amours sans lendemain, ce qui faisait que je restais seule. Puis peu à peu entre étudiants et étudiantes, on forme assez vite un petit groupe. Certaines fois, il y avait des sorties que j'évitais au maximum. J'ai été à quelques-unes, mais je ne me sentais pas à l'aise. Même si rien ne s'était passé, j'avais vu tant de choses sous mes yeux. Avec les filles qui partageaient la vie avec moi, j'avais toujours des années de retard... Elles, elles sortaient avec un garçon. Elles-mêmes ne savaient plus où elles en étaient, tantôt avec l'un ou avec l'autre, elles étaient prises comme dans un engrenage... Je voudrais vous dire que ce n'est pas facile de vivre cette situation-là, puisque je veux me garder pure, et que ce soit du solide si un jour je me marie. Souvent, j'étais en butte à des moqueries, à des attaques. Un soir, les filles sont venues me voir dans ma chambre pour me prouver que j'étais anormale de ne pas faire comme elles. Mais au fond, je sentais qu'il y avait comme un cri en elles. Elles se rendaient bien compte combien elles étaient malheureuses, et je voyais leur tristesse. Aimer quelqu'un pour la vie, c'est pour tous, c'est pas réservé à quelques-uns, c'est à la portée de tous. C'est pour tous, C'est ce qu'on doit essayer de faire. Actuellement, je ne sais pas du tout ce que sera mon avenir. Mais tout ce que je sais, c'est que si un jour je me marie, j'aurai attendu ce moment-là jusqu'à ce jour.

Isabelle, 22 ans.

 

 

CE COIN BLESSÉ DE MON COEUR

 

 

Je suis née dans une famille chrétienne et très unie, je ne manquais jamais d'amour ou de tendresse.

Pourtant à l'âge d'environ 8 ans, j'ai fait ma première expérience avec les garçons. Je passais mes vacances dans une ferme où il y avait d'autres jeunes. Le soir, on se retrouvait dans la grange où j'ai embrassé, pour la première fois, un garçon. On jouait un jeu où on devait soit embrasser quelqu'un sur la bouche, soit dire comment on aime un tel ou tel présent. J'aimais beaucoup ce jeu-là parce qu'il y avait parmi ces garçons, un, dont j'étais amoureuse et je n'avais pas de mauvaise conscience en jouant à des jeux pareils. Pourtant je ne le racontais pas à mes parents et très vite ce jeu se jouait aussi avec mes camarades de classe, presque à chaque anniversaire.

Je remarquais qu'on ne le jouait que le soir dans l'obscurité, et bien sûr, jamais en présence d'un adulte. Ensemble, avec mes copains, on avait qu'un seul thème : « les garçons », et c'était vraiment pour moi rien d'anormal.

Quand j'avais 12 ans, ma famille a changé de ville, j'allais à une école privée où il n'y avait que des filles et au début je n'avais pas de contact avec les garçons et à l'âge de 13 ans, j'avais mon premier copain. Je l'avais rencontré pendant les vacances et ça ne durait alors que deux semaines. Il y suivait pas mal d'autres copains jusqu'à l'âge de 16-17 ans où Jésus-Christ est devenu «homme» dans ma vie, où j'ai compris qu'il est vraiment vivant, qu'il m'aime puas que personne et qu'il ne désire rien d'autre que de me rendre heureuse en transformant ma vie.

Heureusement, II m'avait toujours préservée d'avoir des relations sexuelles parce qu'à l'âge de 7 ans j'avais été agressée par un homme, et dès qu'un garçon comptait sur une relation sexuelle, j'avais coupé l'amitié. Mais quand Jésus prit place dans ma vie, j'ai aussi compris que ce n'était pas juste d'avoir un ami après l'autre et j'étais décidée de vivre davantage la chasteté. Mais ça ne m'empêchait pas de tomber amoureuse et malheureusement je ne tenais pas toujours mes promesses.

A 19 ans, je n'avais plus qu'un seul ami, mais j'étais toujours amoureuse. Puis, le Seigneur m'a demandé de vivre une année de « célibat d'amour », de ne me concentrer que sur Lui. Au début ça allait, mais très vite je me suis aperçue que j'étais encore tombée amoureuse et que je n'arrivais pas à arrêter ma sensibilité envers les garçons. J'étais déçue et réalisais que ce n'était pas normal d'être toujours amoureuse. Je croyais être anormale et ne jamais être guérie. Mais un jour, pendant un temps d'adoration, le Seigneur m'a fait comprendre les raisons de ma sensibilité : il me faisait réfléchir combien de garçons j'avais déjà embrassés. C'était un grand nombre et j'avais commencé très tôt. Le Seigneur m'a fait comprendre que je n'étais alors pas anormale parce qu'en commençant très tôt à avoir des petits copains, j'avais ouvert quelque chose en moi qui était maintenant ouvert et avait besoin d'être satisfait et que Lui seul pouvait refermer ce coin blessé de mon cœur.

Et maintenant, je veux te conseiller si jamais tu as les mêmes problèmes : cherche la raison et laisse-toi guérir par le Seigneur. Je sais que si jamais II veut que je me marie, II ne m'a choisi qu'un seul garçon qu'il me montrera quand je serai prête. Pour lui, je veux garder mon corps pur, et j'ai confiance que le Seigneur me le fera découvrir.

Je te conseille encore de te confier à Marie, qui est pour moi la pureté et chasteté en personne.

Ingrid, 20 ans.

 

 

LES HANDICAPES ME DONNAIENT LA VIE : JE POUVAIS AIMER!

 

 

J'ai beaucoup aimé tout ce que tu as dit sur l'amour et la sexualité. C'est bien ce qui touche le plus profondément et ce dont on a le plus de mal à parler. Pour moi, je me suis souvent construit de grands murs de silence à propos de cela « ayant peur » de ne pas être comprise. D'abord quand j'avais 15 ans, je suis sortie avec un garçon sans le désirer. J'avais tellement peur que je n'osais rien dire. On m'a pour ainsi dire mise dans ses bras. J'étais quelqu'un de très naïf: je voyais le monde avec un voile devant les yeux et tout a été très brusque cette année-là. Dans ma classe on s'est aussi beaucoup moqué de ma naïveté, surtout au niveau de la sexualité. Alors je me suis renfermée dans le silence de la souffrance et de la peur.

Cela peut paraître banal mais c'était comme une première fissure dans mon cœur qui allait s'agrandir par la suite. Bien sûr à ce moment-là, je me suis beaucoup haïe d'être sortie avec ce garçon. Je me traitais de tous les noms. La seule solution pour moi a été de fuir avant que cela n'aille trop loin.

A la fac, un homme a commencé à me regarder et quand pour moi c'est devenu comme un regard d'amour, j'ai eu très peur car je ressentais aussi beaucoup d'attirance. J'ai cristallisé sur lui tout ce qu'il y avait de plus beau au monde mais en même temps physiquement j'étais terriblement angoissée au point de ne plus pouvoir manger, de beaucoup trembler et de hurler intérieurement car pour moi c'était en même temps quelque chose d'impossible. Quand il a voulu venir vers moi et me parler, je n'ai rien répondu. C'était encore le mur du silence et de la peur. Et j'ai terriblement souffert de cela. Je suis allée tous les jours voir Marie, dans une petite chapelle voisine. Elle portait dans sa main un petit oiseau. Comme cet oiseau blessé je me suis posée dans sa main. Et elle m'a consolée. Elle m'a peu à peu redonné la Paix. J'ai commencé à comprendre la beauté de ce mystère de Jésus sur la croix : Amour et souffrance.

Mais bien sûr comme j'avais besoin d'aimer, d'être aimée, j'ai continué d'aimer beaucoup, beaucoup. L'amitié a été un si grand réconfort. Quelque chose de pur et beau.

J'ai rencontré un garçon qui très vite m'a dit qu'il était très amoureux de moi. Pour lui ce qui comptait c'était surtout le sexe. Très vite, nous sommes sortis ensemble et il m'a appris la masturbation. Mais je n'ai pas voulu coucher avec lui. Pour lui, je n'étais pas libre, égoïste. C'est un mot qui est resté très longtemps gravé dans mon cœur comme quelque chose qui torture. Je me suis haïe encore plus à partir de ce moment-là. Ce garçon m'a aidée en même temps car pour moi, la relation entre un homme et une femme est devenue plus quelque chose de normal. Lui, il ne voulait vivre que des amours passionnées et courtes. Il avait une petite amie dont il était fidèle spirituellement comme il disait, et entre temps naviguait à droite et à gauche. Je suis sortie de cette relation très déboussolée et perdue par rapport à mon affectivité. J'avais découvert ma sensualité et continuais de la découvrir dans la masturbation. Au début, je faisais cela plus par curiosité. Très vite, je me suis rendu compte comme cela m'enfermait et me faisait encore plus souffrir. Mais je ne pouvais m'arrêter.

J'ai commencé à connaître un foyer d'handicapés. Tout de suite je m'y suis sentie chez moi, en communion avec ce genre de vie. Là c'était une joie de découvrir des frères, des sœurs animés par ce même désir d'aimer dans la pureté, dans la simplicité et totalement les autres. J'ai compris la violence qui cache beaucoup de souffrance, j'ai compris la beauté de chacun, sa petitesse, sa vulnérabilité et comme nous sommes tous handicapés à notre niveau et tant de choses encore !

Les personnes handicapées me donnaient la vie, et je pouvais aimer, aimer! 'Mais si cette période a été très belle, elle a été très très dure aussi pour moi. J'ai aimé tout de suite un assistant. Il me ressemblait beaucoup. Je trouvais cela extraordinaire. C'était certainement une façon de m'aimer à travers lui. Et je l'idéalisais beaucoup aussi. Aller vers lui, c'était aller à la fois vers un abîme de lumière et un abîme de souffrance — pendant deux ans je me suis abîmée à croire qu'il m'aimait lui aussi. C'était pour moi une certitude. Et bien des fois je suis allée jusqu'au bout de l'insupportable, complètement dépendante de cette passion, de cette illusion. J'étais encore angoissée et me heurtais encore à tous les murs dont je m'étais entourée.

D'une certaine façon nous nous sommes portés l'un et l'autre. Je savais qu'il comprenait ma souffrance sans la comprendre entièrement. Il me portait dans sa prière. Car il avait une très grande foi et aller vers lui c'était aller, pour moi, vers Jésus (comme Joseph pouvait se rapprocher de Dieu en restant près de Marie). Je lui apportais de l'espérance dans les périodes difficiles pour lui car je sentais bien comme son chemin de guérison était dur. Au niveau spirituel, ce foyer d'handicapés m'a beaucoup appris. A ce niveau-là, c'était comme une sécurité d'y être.

Mais j'ai dû quitter au bout de neuf mois car c'était trop fatiguant pour moi. Cette nouvelle incertitude m'a poussée plus dans la foi. Dans cette nouvelle souffrance, j'ai découvert vraiment la Présence Réelle de Jésus dans l'Eucharistie et puis le texte des disciples d'Emmaùs a pris toute sa signification.

J'ai commencé à travailler avec des enfants dans un centre de loisirs. Cette nouvelle réalité du monde du travail était encore très dure. Tous les soirs, je prenais un temps, avec Jésus (même si c'était plutôt creux !). Je lui demandais de m'apprendre à prier.

Un après-midi aussi je marchais dans la campagne et je louais Dieu pour toutes ces merveilles qu'il faisait en moi. J'ai ressenti à ce moment-là une joie totalement indescriptible. C'était le bonheur de celui qui se sent libéré de son péché. Parce que c'est sur la croix que l'on aime le plus en vérité, gratuitement. Je me sentais si heureuse, si légère, si libérée.

Cela fait deux ans à présent. Depuis, ce chemin de lumière est de plus en plus beau. Jésus m'aide tout doucement à guérir dans l'Eucharistie, à travers le sacrement de Réconciliation. Adorer Dieu, c'est comme monter sur une douce colline et s'asseoir là, face au soleil, laisser faire... Il y a aussi cette route si belle de la Bible, tous ces petits événements, ces rencontres qui poussent en avant, qui ressuscitent dans les moments plus difficiles. Donner Jésus c'est une si grande joie ! ! ! En revenant de Paray j'étais heureuse de pouvoir donner une image du Saint-Suaire à un jeune qui était à côté de moi dans le train. En lui disant comme Jésus m'avait touchée dans ma vie. Quel bonheur de se laisser de plus en plus faire pour donner Jésus au monde, pour enfanter les autres à la Lumière comme Marie.

Marie-Christine, 21 ans.

 

 

JE REDÉCOUVRE LA BEAUTÉ DE MON CORPS

 

 

A 18 ans, je suis rentré en fac. Jusque-là, j'avais eu de 'amour et du corps une conception très haute, trop

haute. Ce que j'en ai vu à la fac, très « libertine » m'a complètement déstabilisé.

Je me suis dit : « Pourquoi ne pas faire comme eux ? Ils n'ont pas l'air si malheureux. » Je suis tombé, « banalement » presque, dans tous les pièges : le sexe, l'alcool, la drogue... le parfait cercle vicieux. Je me suis cru libre, adulte.

Après ma première « expérience » sexuelle, j'ai eu ce sentiment paradoxal d'avoir violé et d'avoir été violé dans ce que j'avais de plus précieux : ma virginité. Ça peut paraître stupide de la part d'un mec et pourtant...

J'aurais pu me ressaisir. J'ai décidé de persévérer, de m'ouvrir désormais à toutes les expériences possibles, prenant pour principe qu'on ne regrette que les folies qu'on n'a pas faites !...

Je suis très vite devenu blasé, faisant l'amour comme on fait autre chose. Le désir était devenu besoin, de plus en plus insatisfait. Pas trop mauvais séducteur, j'étais — malheureusement! — devenu assez populaire... surtout auprès des filles. La bouteille et moi sommes devenus d'inséparables compagnons. Je suis devenu aussi, esclave de la masturbation. Comme de l'homosexualité. Je faisais de mon corps un dieu, et du corps des autres un objet.

Au bout de deux ans de cette vie de débauche, j'étais complètement délabré, dans mon cœur et dans mon corps. Deux petites tentatives de suicide, mais deux grands miracles.

Si je pensais peu à Dieu, Lui pensait à moi ! Outre cette protection vis-à-vis de la mort, II est parvenu, par l'intermédiaire d'une fille dont j'étais un peu amoureux, à m'attirer à une retraite et un pelé à Rome, avec une bande de «cathos». Mais je n'étais pas prêt. Il y a eu aussi cette vidéo sur le Saint-Suaire, cette conférence de Jean Vanier, de Guy Gilbert... Bref, par tous les moyens, II me faisait des petits signes pour me montrer la Vie. Je ne les voyais pas. Au contraire, je devenais de plus en plus seul, révolté, dépité.

Mais malgré toute cette boue, ce cynisme, tout mon cœur et tout mon corps n'ont jamais crié autre chose que: TENDRESSE!

Le Seigneur est venu me rejoindre un peu avant Pâques. A ce moment, je vivais en concubinage ; je n'avais plus de goût à rien, et me préparais à redoubler mon année ; j'envisageais d'en finir, sérieusement, pour de bon. Dieu ne l'entendait pas de cette oreille et a sans doute jugé que j'avais fait assez de bêtises !

C'est tout simplement et avec une infinie douceur, qu'il m'a mis dans les mains (chez des amis « Cathos») une revue très chrétienne (Feu et Lumière). Les pages transpiraient de paix, d'une tendresse ineffable... Je me suis vu en toute lucidité, j'ai vu le « monstre » que j'étais devenu. J'ai contenu les larmes qui me venaient aux yeux.

Sans réfléchir, guidé — mais sans le savoir — par Dieu en personne, je débarquais, quelques jours plus tard dans le petit monastère que je connaissais déjà de nom.

Après « Lui » avoir résisté pendant une semaine, Sa Tendresse m'a enfin vaincu ! C'était le jour des Rameaux.

 

« Zachée, descends vite : il me faut aujourd'hui demeurer dans ta maison. »

Lc 19,5

 

Sa tendresse, Sa Miséricorde, m'ont envahi ; presque traumatisé ! J'étais sauvé. Mais pas guéri.

Les difficultés, les blessures que j'avais de ma relation avec mon père, m'empêchaient d'accepter cet amour et de reconnaître le Christ.

J'ai eu la grande grâce, quelques jours plus tard, de faire un mini-pelé dans la chambre de Marthe Robin (Chateauneuf-de-Galaure). Là, redoublement de grâce, et d'amour ! C'est dans cette petite chambre que, par Marie, je me suis mis « tout naturellement » à pardonner à toutes ces filles que j'avais connues et à prier pour elles. En même temps je m'ouvrais à toute la tendresse maternelle de Marie.

Et c'est par Marie que je suis « arrivé » au Christ, encore un peu plus tard, lors d'un sacrement de réconciliation inoubliable — et pour cause ! Là, j'ai compris que le Christ était mort pour mes péchés, et pour me donner Sa Vie, son Bonheur. Quelle grâce !

Je suis resté trois mois dans le monastère. J'y ai continué à boire, et mes liens avec la masturbation n'étaient pas encore complètement rompus. Mais là, j'ai compris que la Foi en Jésus-Christ n'empêche pas de chuter, mais permet de se relever, et d'être élevé toujours un peu plus vers l'amour.

Je peux humblement témoigner que jusqu'à ce jour, le Seigneur, petit à petit, jour après jour, m'a guéri et me guérit encore. J'affirme avec certitude que l'Eucharistie quotidienne, l'adoration de Jésus-Hostie et bien sûr, les sacrements de réconciliation, ont été, et sont encore, les chemins par lesquels Dieu me guérit dans mon CORPS, ma MÉMOIRE et mon AFFECTIVITÉ.

Je redécouvre la beauté de la femme, ce chef-d'œuvre de la Création, en qui Marie est toute bénie de Dieu.

Je peux également dire que le Seigneur m'a rendu la virginité; II m'a renouvelé dans cette pureté originelle du corps et de l'esprit, car :

 

« Quand bien même ses péchés seraient rouges comme écarlate, je les rendrais blancs plus que la neige. »

(Dieu en Israël.)

 

Je redécouvre la beauté de mon corps. Car nos corps sont autant de fruits visibles, autant d'éclosions uniques, de la Pensée amoureuse et Créatrice de ce Dieu d'Amour !

Et je voudrais simplement te partager cette espérance que Dieu, jour après jour, me cheville aux tripes : Dieu est Amour ; Jésus-Christ est ressuscité, et Lui seul peut étancher toutes nos soifs, au-delà de toutes nos espérances ! Car ce qui est impossible aux hommes est possible à l'Amour !

Ton bien petit frère, Jean-Pascal, 21 ans.

 

 

CETTE ARME POUVANT SÉDUIRE OU BLESSER

 

 

Mes parents m'ont élevée dans la foi : j'avais par là même acquis certaines valeurs morales, mais elles étaient plus des préceptes imposés, auxquels je n'adhérais pas de moi-même. J'y croyais pourtant, jusqu'au jour où après une déception amoureuse, je remettais tout en question. Après tout, quel avantage avais-je eu de ne pas coucher avec ce garçon que j'aimais? Cela aurait été toujours cela de pris, j'aurais au moins eu quelques souvenirs de bonheur avec lui ; là, il ne me restait plus rien ! Je décidais donc de me débarrasser de cette virginité qui m'encombrait. Je pensais que maintenant avec la pilule, on pouvait profiter davantage de la vie. Très rapidement, je me rendis compte que le corps était une arme dont je pouvais me servir pour séduire ou blesser.

Néanmoins, je ne trouvais pas le bonheur ni l'amour auquel j'aspirais tant. Il y avait comme un vide en moi. Je ne me donnais pas entièrement, et comment l'aurais-je pu avec des garçons que je ne prenais pas le temps de vraiment connaître ? Je me sentais de plus en plus seule tout en étant entourée de beaucoup d'amis. Je ne voyais pas d'issue, je ne croyais plus à l'amour et je fis une dépression nerveuse où je voulus me suicider. C'est à ce moment-là que le Seigneur est entré dans ma vie, à travers le sacrement de Réconciliation que m'a donné un prêtre.

Le sacrement est pour moi la chose la plus merveilleuse qui me soit arrivée. En effet, de moi-même, je ne pouvais pas m'en sortir, mais en remettant au Seigneur tous mes péchés, mais aussi toutes mes blessures, je lui donnais la possibilité de faire de moi quelqu'un de neuf. Il me redonnait cette pureté que j'avais perdue, prenant sur Lui tout ce que j'avais pu faire. Ce fut pour moi une conversion radicale, mais voilà, tout n'était pas forcément gagné, car la vie avait laissé ses marques dans mon corps et mon esprit, et je risquais très rapidement de retomber dans ce qu'avait été ma vie. La différence par rapport à avant, c'est que désormais j'avais les armes que le Seigneur m'avait données pour me battre : le sacrement du pardon pour me relever à chaque fois que je tombais, et l'Eucharistie. L'Eucharistie a été pour moi ma guérison. J'allais tous les jours à la Messe (ou au moins le plus souvent possible). Et je communiais. Je réapprenais petit à petit ce qu'était l'amour, le vrai. Je recevais le Corps de mon Seigneur, qui dans l'hostie se donnait totalement à moi par amour. Là où il y avait eu désir de mort, II mettait sa vie. L'étape suivante fut l'adoration, où là, j'apprenais que l'on pouvait airher gratuitement, sans vouloir forcément posséder tout de suite. L'adoration de Jésus-Hostie était en fait un échange de regards. Le Sien qui me faisait comprendre que j'étais aimée comme j'étais et que j'étais unique à ses yeux et le mien qui découvrait toute la beauté et la pureté d'un amour partagé. Je découvrais que pour aimer il faut d'abord s'observer pour essayer de se connaître mieux.

Voilà donc comment le Seigneur m'a réapprivoisée à la vie. J'ai compris que les sacrements n'étaient pas une obligation morale mais un réel besoin. Cela me permet de tenir dans cette pureté qui le moment venu me permettra de vivre un amour de façon accomplie.

Marie, 21 ans.

 

 

MOI JE JOUE LA CARTE DE L'EXIGENCE

 

 

Depuis ma première rencontre avec Jésus, j'en suis tombée amoureuse et j'ai voulu Le suivre (évidemment !), en portant ma croix qui est celle du déchirement de ma famille, (cousins, cousines, oncles et tante) autrefois si unie — car ma grand-mère a toujours élevé ses sept enfants dans l'amour et la foi —, mais aujourd'hui cassée : yoga, zen, méditation transcendantale, réincarnation, concubinage, divorce, plusieurs s'écartent de l'Eglise. Il y a aussi l'argent qui fait des ravages, mais c'est d'un fléau bien plus grave que je veux te parler : les flirts !

Tant de couples se séparent, tant de jeunes sont en train de se fermer à l'amour parce qu'on ne leur a pas dit la vérité sur l'amour, que c'est aujourd'hui une question de vie ou de mort pour le monde de demain de redire la vérité.

Quand on est petit, on a une vision très belle, très pure de l'amour, ce sont les autres qui la corrompent. Personnellement, depuis toute petite, j'ai senti cette vocation au mariage et je pensais que le seul garçon que j'embrasserais serait mon mari. Mais voyant que ma propre sœur sortait avec des garçons comme la plus normale des choses, ainsi que tant de jeunes autour de moi, j'ai commencé à me poser des questions : est-ce que j'étais bien normale, à 15 ans, de n'avoir pas encore eu d'expériences amoureuses ? ! C'est à Paray, en 1986, que j'en ai eu la réponse : tu avais parlé,de la chasteté. Ce jour-là j'avais été radicalement « convertie » à la pureté, et après avoir lu ton petit bouquin Ton corps fait pour l'Amour j'ai décidé de « poser un des actes les plus forts qu'on puisse poser : se refuser aux provocations de llim-pureté. A quelque prix que ce soit » (je cite). Si tu savais combien il m'en coûte ! Le monde me pousse à la facilité, à la consommation rapide de l'amour, et moi j'ai choisi l'exigence. Le monde me pousse à jouer à l'amour, c'est-à-dire à flirter, et moi je joue la carte de la chasteté. Le monde crache sur la fidélité et la famille, et moi je ne rêve que d'avoir des enfants. J'ai compris que le chrétien était dans le monde mais n'était pas de ce monde, et c'est si dur d'être en contradiction avec les autres que bien souvent la tentation de faire comme tout le monde me livre à un dur combat. A chaque fois, il m'a fallu résister de toutes mes forces à des garçons de 20-25 ans qui voulaient sortir avec moi et qui me plaisaient beaucoup, en plus... Seigneur, que c'est dur de ne pas céder aux plaisirs de la chair ! Car je sais bien que ces garçons (mais moi aussi) ne recherchaient que le plaisir que je pourrais leur procurer. C'est Marie qui me permet de tenir dans ma pureté, et quand je sens que je vais me laisser entraîner, elle me crie : « Véronique ! Pense à celui qui vit quelque part en ce moment même, que tu ne connais pas encore et qui sera ton mari, NE LE TRAHIS PAS ! »

Ce n'est pas seulement de trahison qu'il s'agit pour les jeunes qui changent de partenaires comme ils changent de chaussettes, mais de blessures suppurantes (même sans aller jusqu'aux relations sexuelles. Je connais des tas de jeunes qui ne sont pas allés jusque-là mais qui déjà sont blasés, ils ne croient plus à l'amour).

Moi aussi, je suis blessée dans mon cœur, par tout ce que je vois autour de moi, par ces garçons qui voulaient brûler les étapes en sortant avec moi ; mais mes blessures sont belles comme des plaies vives parce que le Sang de Jésus les purifie de sa Gloire. N'a-t-il pas dit : « Heureux les cœurs purs, car ils verront    Dieu » ?

Daniel, je t'en supplie, ne cesse pas de dire, partout où tu passes, toute la beauté de la chasteté ! Dis à tous les jeunes que leurs sacrifices d'aujourd'hui sauveront les enfants de demain parce que naîtront de vrais foyers. Il faut que se lève en l'an 2 000 une armée de saints, mais surtout de saints purs, chastes, et donc LIBRES, qui combattront au nom du Christ et de la Vierge, des saints qui offrent leur Croix de Pureté (car la pureté est, j'ose dire, une Croix pour ceux qui choisissent d'aller jusqu'au bout), moins pour vivre un amour beau et profond personnellement, que pour tous les autres qui n'auront pas connu cette joie et qui seront blessés dans leur corps et dans leur cœur.

Je porte, en plus de ma propre pureté, celle de beaucoup de jeunes, leurs confidences, leurs blessures, leur combat quand ils choisissent eux aussi la chasteté. Je suis déjà si faible pour la mienne, la leur est lourde à porter, tu sais ! Et c'est maintenant que je me dis que si je recule, si je fléchis, j'entraîne avec moi tous les autres. C'est terrible, non ? !

Il y a tant de jeunes qui n'ont pas eu leur part d'amour, eux, et qui ont réellement besoin de se confier à un prêtre. Mais je n'ai pas d'autres prêtres à qui confier toutes ces choses.

Est-ce normal, dis-moi, est-ce normal que les jeunes, dans cette période si fragile qu'est l'adolescence, n'aient personne à qui se confier, n'aient pas de prêtre à qui confesser leurs péchés et de qui ils pourraient recevoir toute la miséricorde de Dieu ? Je crois que les prêtres n'ont pas assez le sens de la paternité spirituelle, qu'ils ignorent l'immense attente des jeunes, qui, eux aussi, peuvent leur apporter, je crois. La paternité spirituelle, c'est la meilleure réponse à la solitude, au désespoir, au suicide chez les jeunes, aux « crises d'adolescence », redis-le bien à tous les prêtres ! Qu'ils n'aient pas peur d'exercer cet apostolat.

Véronique, 16 ans.

 

 

2. LIBÉRÉS DES DÉVIANCES !

 

 

CETTE MALADIE QUI FIT DE MOI UN PETIT!

 

 

Vers l'âge de 13-14 ans, suite à quelques imprudences, il faut l'avouer, j'attrapai une terrible et douloureuse maladie : l’homosexualité. Bien sûr, je tâchai de la soigner... mais seul, ce qui ne menait à rien. La cause de ma solitude était que je n'avais pas la Foi : seule la raison me rattachait à Dieu. J'étais alors très pratiquant (scout, enfant de chœur) et communiais et me confessais très régulièrement, sans résultat hélas, car je ne le faisais que par acquis de conscience.

Pendant ce temps ma santé se délabrait, car j'étais rongé par mon mal qui s'attaquait alors à mon corps : sciatique, hépatite, céphalées, spasmophilie, angines, parasitoses... me permirent quelques séjours à l'hôpital et quelques mois au lit. C'est à 17 ans qu'il me guérit. Je participais alors à une retraite à Tressaint et m'étais consciemment inscrit à l'adoration. Et là, le coup de foudre. En voyant l'Agneau Immolé, je sus et je crus. Et mon âme s'emplit d'une joie ineffable : Lui, le Tout-Puissant, l'Au-delà de tout créé, Lui donc m'aimait moi le petit. Et j'en rends grâce. Et si Dieu consentait à m'aimer, il me fallait bien m'aimer moi-même. Et depuis je vis heureux et sûr. De plus, suite à cette guérison du cœur, s'ensuivirent les guérisons de la plupart des maladies du corps : sciatique, hépatites et autres, plus le dos, Jésus les a pris sur sa croix. Merci ! Mais comme dans toute maladie, il y a la période dangereuse de convalescence, où la moindre imprudence cause une rechute. Il me faut suivre alors un traitement de choc: les sacrements. Et c'est là que réside la liberté de Dieu : II ne m'a pas violé en agissant selon son bon vouloir mais il m'a donné la liberté de l'aimer et de quitter le démon. Je témoigne ici de deux choses : d'abord une mise en garde contre les appâts factices et vénéneux du beau qui ne procure aucune joie (même et surtout physique) et ensuite et surtout de la toute puissance de l'amour de Dieu. Dans quelque bourbier que l'on soit II nous aime et peut nous aider... si l'on veut. La liberté qu'il nous donne n'est pas de pouvoir faire du mal mais de pouvoir faire du bien. Enfin, je voudrais parler ici de l'utilisation de la souffrance (quelle qu'elle soit), comme du recyclage des ordures, on peut en tirer quelque chose de beau. Moi que ma position (origines familiales, toujours premier en classe, bon en sports, en musique, etc.) portait à l'orgueil, la souffrance m'a permis la compassion avec les souffrants. Et cette maladie qui fit de moi un pécheur et un petit m'apprit l'humilité et la charité dont j'avais besoin.

Ma maladie n'est pas invincible : j'en suis la preuve vivante. Et les séquelles inévitables (comme toute maladie) agissent sur nous comme l'épine de saint Paul : elles nous rappellent à l'ordre ! Et en les transformant ainsi, le Malin finira bien par se lasser...

Pour éviter les « rechutes » il ne faut pas oublier notre Maman qui nous protège du Ciel : n'écrase-t-elle pas le Malin sous son talon? Ni non plus notre Saint Ange gardien qui n'est pas là pour rien. Et quoi de mieux que de leur parler par la prière ?

Pour ces guérisons — au nez et à la barbe des médecins qui n'ont compris ni comment je tombais malade, ni comment je fus guéri — louons Dieu. Mais aussi louons-Le pour cet extraordinaire enrichissement... par la pauvreté.

Confier à tous ceux qui ont un problème : passez une nuit entière en cœur à cœur avec Jésus : « Baume est son Amour. »

Depuis le jour où je vis que Jésus était le seul à laver «plus blanc que blanc», rien ne saurait me manquer.

Etienne, 17 ans.

 

 

« MY NAME IS NOBODY »

 

 

Je me suis convertie il y a quatre ans.

 

q    Avant ma conversion.

Milieu familial :

Très violent, on vivait dans la haine. Mes parents se frappaient. Mon père était ou violent ou absent.

Ma sœur et moi on a vécu, on a été éduquées à coups de poing. On nous enfermait à clé dans nos chambres.

Ma mère nous menaçait souvent de nous tuer avec un couteau. Une fois, j'avais dû casser un verre et ma mère dans mon sommeil, avait feint de « m'étrangler » ; je m'étais réveillée le cœur battant à 100 km/h, c'était l'enfer. Ma mère me répétait souvent : « Tu es démoniaque comme ton père » — à savoir que dans la famille de mon père, ils font de la sorcellerie et des incantations à Satan ! Ces termes-là m'ont cassée psychologiquement et affectivement.

Je ne savais pas qui j'étais. J'écrivais souvent sur mes cahiers et mes classeurs : « My name is nobody 2. » Je croyais qu'il n'y avait rien de bon en moi. J'avais très peur des autres au niveau relationnel. Pour m'affirmer, j'ai fait de la petite délinquance, j'avais une bande où l'on m'appelait « le garçon manqué ». Nous volions dans les grands magasins, nous capturions des enfants pour les déshabiller.

2. Jeu de mots en anglais: nobody = personne. no body = pas de corps.

 

A l'adolescence:

Je me suis aperçue que je n'arrivais pas à aimer un garçon, que j'étais homosexuelle. Cet handicap m'a encore plus enfoncée, je me suis fabriquée une coquille pour m'isoler du monde, parce que les gens disaient que les homosexuels sont anormaux. Puis j'ai eu des expériences sexuelles avec des garçons pour voir si ça me débloquerait affectivement et psychologiquement. Je pensais que ça me libérerait. En fait de délivrance, ça a été de plus en plus la descente aux enfers. J'ai passé un an à boire 24 h sur 24 parce que je ne me supportais plus. Je n'osais plus me regarder dans une glace. Je souffrais le martyre chaque fois que quelqu'un dans un magasin me disait : « Bonjour monsieur ! »

J'avais peur des gens, de leur jugement, et je passai tout mon temps dans ma chambre pour m'y cacher.

Je buvais pour être plus sûre de moi devant les autres, ainsi je pensais que je pourrais être aimée.

Quand je me regardais dans la glace, je me disais : « Tu es un garçon ou une fille ? » J'étais mal dans mon corps, je ne savais pas où le mettre pour avoir la paix en moi. J'ai fait deux tentatives de suicide.

Chez moi, la haine était toujours là. Un jour ma mère m'a traitée de « sale homosexuelle », j'ai cassé une tasse par révolte, mon père est arrivé et m'a « tabassée » ; je suis tombée ce soir de Noël dans la crèche. Je suis partie ce soir-là rejoindre mon cousin — qui est un sorcier notoire — et qui m'a amenée dans des clubs homo. Là, j'ai eu des expériences avec des filles qui m'apaisaient mais ne me comblaient pas ; en moi il y avait un désir d'Amour fou mais pur et absolu.

 

q    Ma conversion

Un soir en entrant chez moi, sur le chemin, je pensais de nouveau à en finir pour toujours, je voulais le néant.

Puis, j'ai senti une présence sur ma gauche et il m'est venu à l'esprit : « Ne crois-tu pas que je peux t'aimer pour l'Eternité avec désintéressement pour ce que tu es ? » Cette Présence a été si forte, si bien que je me suis arrêtée sur le chemin. Je suis restée dans la paix.

Ma mère — ce que je ne savais pas — avait fait une démarche de conversion, son cœur avait changé, elle a demandé à 400 frères et sœurs du Renouveau lors d'un rassemblement œcuménique 3, de prier pour moi...

3. Où protestants et catholiques prient ensemble.

Une fois, ma mère m'a dit : « Si tu veux venir à notre groupe de prière voir ce que c'est, tu seras la bienvenue. » Je ne sais pourquoi mais j'y suis allée. Pour moi, ça a été l'effusion de l'Esprit, j'ai tout compris du dedans la réalité de Jésus-Christ. Je suis allée me confesser, j'ai eu une grande paix.

L'Eucharistie a été pour moi un moment de rencontre fantastique et de purification où j'ai pleuré longtemps de joie.

 

q       Après ma conversion.

Ça a été dur. Il a fallu quitter mes anciennes relations, j'ai rechuté parfois. Mais Dieu m'attendait chaque fois les bras ouverts pour me pardonner.

Je cheminais avec mes blessures mais dans l'espérance. Je souffrais toujours mais je n'avais plus envie de mourir.

Je suis allée faire mes études à Lyon et là, je me suis accrochée à mon examen pour ne plus penser à autre chose.

J'ai failli perdre la foi, parce qu'aucun chrétien ne m'a aidée. Ils ne vivaient pas assez l'Amour qui aide les paumés, les blessés du cœur.

Mais j'avais reçu une parole pendant un rassemblement du renouveau lors d'une soirée de guérison intérieure : « Tu as de la haine pour ta propre mère et tu traînes comme un boulet ton homosexualité, le Seigneur veut t'en délivrer, II te demande de prendre Marie chez toi ; par Marie, tu recevras la grâce et la guérison. » Cette parole m'a aidée à tenir. Il me semble que le Seigneur m'a gardée jalousement et amoureusement, il m'a écartée du monde par toutes sortes de stratagèmes...

Gloire à Dieu de ce qu'il a fait pour moi et fera !

Gloire à Dieu parce qu'il veut ses enfants guéris !

Noëlle, 24 ans.

 

 

LA VIE, LA VIE, AU CŒUR MÊME DE SES PLAIES

 

 

Depuis le début de mon adolescence, je nourrissais en mon cœur cette blessure issue de mon enfance. Blessure qui faisait de moi un handicapé de la vie...

Combien de fois suis-je tombé amoureux d'un garçon au hasard de la foule ? Aperçu simplement l'espace d'un fugitif instant, mon cœur s'enflammait pour cet étranger dont je ne connaissais rien.

Alors commençait un prodigieux vertige intérieur... Pendant des semaines et des semaines, l'image de ce garçon me poursuivait, me tourmentait. Le soir, seul dans ma chambre, je pleurais sur cet amour nommé inconnu. J'usais mon cœur dans des rêves sans issue. Mes rêves, à cette époque, étaient exempts de toute sensualité, dénotant surtout une affectivité profondément perturbée.

Souvent aussi je m'interrogeais... Pourquoi avait-il fallu que je sois à cet instant précis en cet endroit? A quelques secondes près, j'aurais pu ne l'avoir jamais aperçu, ce garçon qui m'avait tant troublé... Pourquoi?

Mais c'était là un faux problème... Si mon cœur ne s'était pas épris de ce garçon, c'eut été d'un autre !

Mon cœur avait besoin de combler ce vide affectif... il avait besoin de bras dans lesquels se blottir, il avait besoin de sécurité. Cependant, passions riment avec agressions.

Mon histoire commence véritablement un certain soir d'automne 1981 ; je n'avais pas encore 18 ans.

Il y eut en effet ce beau garçon venu troubler mes eaux fragiles, et qui l'instant d'un fugitif baiser sur la joue détruisit les édifices de mon château-faible !

Je l'avais invité sans arrière-pensée, en ami. Et il s'était joué de moi. Ne mesurant pas les conséquences de cet acte plus qu'insignifiant aux yeux du monde. Mais pas pour moi...

Cela avait suffit à me précipiter dans un abîme. Un abîme où je vouais une indescriptible passion à cet inconnu qui, dès le lendemain, me regardait comme un inconnu...

La braise était consumée. Le volcan se réveillait... Je souffrais, tourmenté par cet amour que je n'avais nullement provoqué.

C'était injuste, mais ne me révoltait pas. Et puis le temps s'était engouffré, comme à son habitude, dans le tunnel du souvenir. Voyage interminable et douloureux.

Et chaque soir je pleurais cette douleur, douleur qui brûle, et qui déchire. Insoulageable douleur. Insoulageable tristesse qui rongeait ma vie.

J'étais seul ! seul ! seul ! Et ce qu'il y a de terrible, c'est qu'on a beau vivre au sein d'une famille nombreuse, on en est pas moins seul.

Début 1982, je retrouve tout doucement goût à la vie ; comme un enfant qui s'éveille à la vie. Je réalise à quel point j'ai pu être traumatisé par ce garçon... Mais la blessure est toujours là, vive, ardente...

C'est alors que s'est produit dans la vie ma rencontre avec mon plus bel amour: l'Amour...

Et je sais qu'avant même de réaliser sa présence à mes côtés, il était déjà là. Je sais qu'il m'accompagnait dans mes souffrances aux soirs de douleur, qu'il m'étreignait de tendresse aux nuits de désespoir... Il était là, si discret, si aimant. Et replié dans mes ténèbres, je ne le savais pas...

C'est à cette époque que mon tout petit frère a eu le désir dans le cœur de retourner à la messe. Il en revenait ébloui. Alors il a entraîné maman dans sa joie. Puis ce fut mon tour...

De messe en messe, le Seigneur a alors préparé mon œur à Le recevoir : moi, pauvre âme qui se mourait, Lui, Corps très saint de la Vie...

Un dimanche donc, j'ai senti qu'il m'appelait à Sa table : le Créateur de l'Univers m'invitait, moi, si pauvre, à son festin ! J'en ai pleuré... Dans la semaine, je m'impatientais alors de retrouver mon Jésus dans l'Eucharistie du dimanche.

Cependant mon cœur était toujours blessé... Comme la plaie était profonde ! C'est alors qu'un dimanche, au moment de recevoir le Corps Vivant de Jésus, je l'ai ressenti, comme s'il m'imposait les mains sur la tête. Et un Grand Fleuve d'Amour m'est descendu jusque dans le cœur... C'était une véritable Pentecôte. J'ai failli tomber à la renverse; j'étais comme ivre !... de Dieu !

A l'époque je ne comprenais pas que je venais de recevoir l'effusion de l'Esprit, je ne savais pas ce que c'était. Tout ce que je comprenais c'était que j'étais aimé de Dieu, et que cet Amour valait bien plus que tous ceux que je pouvais imaginer ! Car Dieu sait ce dont j'ai besoin. Toujours il devançait mes désirs.

Alors d'Eucharistie en Eucharistie, quel bonheur ! Quelle douceur ! Quelle joie ! Quelle joie ! Oh oui, quelle joie !... Je sentais Jésus danser sur ma blessure... Et ça c'est inoubliable ! Je sentais vivre en moi la Très Sainte Trinité, en moi, dans ma blessure ! Marie m'a toujours secouru, ma Petite Maman tant aimée a veillé sur le pauvre pécheur que je suis. Marie, celle qui m'a sauvé d'indescriptibles tourments, d'idées de mort... Puis-je te demander de prier pour moi le Seigneur, qu'il ne me laisse plus vivre ces terribles soirs de solitude dans Paris. Soirs pesants où je sens que ma vie n'est pas là, dans cette ville piège. Soirs pesants où je me sens inutile !

Je veux Dieu ! Je veux servir mon Dieu ! Je le supplie de venir au-devant de mes désirs (et ils sont     grands !) ; tout seul, je ne peux rien !

Là-bas ma vie s'effiloche... Et je cherche le bonheur de Le servir.

Armand, 24 ans

 

 

 

« GAY » DEPUIS QUATRE ANS, LA JOIE D'UNE AMITIÉ FIDÈLE

 

 

Je t'écris, à toi qui es mon frère dans la souffrance, pour te dire : JÉSUS t'aime ! Moi, ça fait deux ans que j'en vis. Voilà comment s'est passée la Rencontre : c'était pendant un camp de jeunes et pour échapper à la vaisselle, je me suis inscrit à l'Adoration. Premier jour-première impression : la moquette est confortable. Aucun risque donc, et, le second jour, j'y retourne. C'est alors qu'il m'a dit : « Veux-tu de moi ? » Là je ne comprenais plus : moi 17 ans, « gay » depuis quatre ans, ayant touché à la drogue et à la prostitution, menant une vie d'une parfaite hypocrisie, Quelqu'un pouvait m'aimer et, plus encore, avoir besoin de mon amour ! Et quel Quelqu'un ! Dieu « en personne », Lui le Saint, le Bon, le Parfait. Jésus, que par mon péché j'avais crucifié, m'avait remarqué, et voulait (bien) de moi.

Moi qui depuis quatre ans faisait « expérience » sur « expérience », moi qui ne désirais plus qu'une chose : la mort ; moi qui m'enfonçais toujours plus profond dans mes prisons ; Lui d'un seul Regard, d'une seule Parole, balaie tout cela et me dit : « N'aie pas peur : je suis avec toi. » (Isaïe, 41, 10.)

Quel bonheur ! Et depuis je sais que si « j'avais dit : les ténèbres m'écrasent», aujourd'hui «la nuit devient lumière autour de moi » (Ps 138), et je sais aussi que « le Seigneur m'a sauvé car II m'aime (II Sam. 22,20), et que la vie, ma vie, ta vie est belle.

Tu penses peut-être : « Tant mieux pour lui, mais moi, si je veux bien admettre que Dieu est la Voie, la Vérité et la Vie, je ne peux pas Le suivre, je n'ai pas tant de chance, grâces, forces, etc. » Oh non ! Je ne suis pas un privilégié ! Enfin si, mais comme tous ceux qui sont aimés de l'Amour ! Et II vient nous chercher tel qu'on est, sans gommer telle ou telle partie de notre personnalité, de notre passé : mais II nous permet de ne pas en être esclave. Encore maintenant, deux ans après, je connais les jours de dégoûts après une rechute, les jours d'obsessions où même la prière semble ne pas nous débarrasser de ces images, de cette envie irrésistible de « chair fraîche ». Je connais encore ces jours de pleurs où l'on aimerait tant avoir des bras où se blottir ! Ces jours où l'on s'aime si peu, où l'on se hait même et où l'on désire la mort. Mais justement parce que je vis tout cela je peux te dire : Tiens bon, tu n'es pas tout seul ! » La confiance l'espérance, les bras maternels : ils existent !

« Premiers soins » : la louange, même et surtout quand c'est difficile, quand cela apparaît « contre-indiqué ». Tu me diras : louer le Seigneur pour une souffrance, une épreuve qui nous fait grandir, je comprends, mais il s'agit d'un mal ! C'est vrai, et c'est là notre douleur. Mais, vois-tu, il ne faut pas culpabiliser : le grand danger c'est le remords qui mène à la mort, et qui rend plus pesantes les chaînes. A force de regarder au fond d'un précipice, on a toutes les chances de tomber dedans. Il faut donc demander la grâce de s'accepter et de s'aimer dans sa pauvreté ; certes en toute lucidité et sans lâche complaisance, mais aussi en charité.

Deuxièmement : l'abandon : je ne peux pas, et ne comprends pas, alors Seigneur, à Toi de jouer ; « je fais le mal que je ne veux pas faire», eh bien, Seigneur, prends pitié. Et là, Dieu nous connaissant bien, nous offre un sacrement magnifique et qui « marche à tous les coups » : la Réconciliation. Ce sacrement est lumière : source de joie il est une véritable fête, et non pas la corvée pénible comme on le présente si souvent. Aussi n'hésite pas à t'y confier dès après la chute, pour éviter en quelque sorte une « infection » (et pour que des idées du style : « Une ou deux fois c'est pareil » ne puissent porter) et donc te sachant en « convalescence », n'hésite pas à t'imposer un rythme de rencontres fortifiantes avec ton Seigneur.

De plus il est déprimant d'avoir l'impression de ne pas faire de progrès parce qu'on demande pardon de toujours la même chose : en s'imposant un rythme assez rapproché on peut mieux tenir de Réconciliation en Réconciliation, et ces « rendez-vous d'amitié » deviennent vite désirés. Enfin n'aie pas peur de te confier à un même prêtre qui pourra ainsi te suivre et t'accueillir dans les jours difficiles. Personnellement je me remettais en vérité devant Dieu toutes les semaines, et maintenant au moins tous les quinze jours, et j'y puise beaucoup de joie, de paix et d'écoute à l'Esprit.

Une fois réconcilié avec Dieu, se réconcilier avec soi même ! En effet si tu veux vivre de l'Esprit, sois en paix et joyeux. Pour cela, romps ta solitude et entoure-toi de «frères». Qui? D'abord des personnes qui seront toujours avec toi : ton Père tout puissant, Jésus ton sauveur, l'Esprit qui te donne vie et force. Prie-les souvent ! Ils ne demandent que cela, et Ils te connaissent, Trois en Un, mieux que toi ! Et Marie, Marie qui écrase la tête du dragon, Marie qui t'ouvre ses bras quel que soit ton «état», Marie qui intercède pour toi 4our après jour, Marie Mère de Tendresse et de Miséricorde. Et pense aussi à ton Ange gardien, qui peut devenir, cela ne dépend que de toi, ton confident le plus fidèle et le mieux inspiré (je peux te témoigner du réconfort et de la protection dont il sait m'entourer). Enfin, tous les Saints du Ciel, ceux qui te sont proches (famille...) et les autres ! La Communion des Saints n'est pas une expression creuse. Et puis prie pour trouver un confident qui, sans te juger, porte avec toi ton fardeau (ami, parrain, parent, prêtre...). Voilà de quoi «respirer».

Ensuite, il faut résister aux tentations. Il existe quelques mesures pratique, d'« hygiène élémentaire», qui pour paraître évidentes n'en sont pas moins difficiles à tenir : évite certains lieux où tu sais être faible — par exemple, pendant tout un temps je ne suis plus allé seul à la plage ou même chez un marchand de journaux — de même pour les livres et les films. Ensuite, fais... du sport.

Plus important : tourne-toi vers les autres (pense à telle amie qui a perdu sa famille dans un accident, à nos frères du Liban, etc.). Enfin combats systématiquement tout germe de pensée malsaine. Comment ? Par exemple en prenant la décision de réciter un chapelet à chaque tentation, en récitant la prière de Jésus («Seigneur Jésus prends pitié de moi, pécheur ») : tu peux recourir avec foi au Nom de Jésus. (« Ce que vous demandez en mon Nom, croyez que vous l'avez déjà reçu».) Et même en ces moments-là où tu ne te sens pas sincère, eh bien persévère, prie, demande l'aide de ton Dieu, même si en ce moment tu crois désirer autre chose : il ne s'agira pas là d'hypocrisie mais au contraire de fidélité, ne suis pas une soi-disant sincérité à toi-même, tromperie du Malin, mais marche vers la Vérité, malgré ta faiblesse, aie confiance. Il m'est arrivé comme cela de balbutier «Jésus... Jésus... Jésus... » alors même que je cherchais une... « aventure » et d'être pendant deux heures d'angoisse protégé comme malgré moi (merci mon Dieu). Mais pour cela il faut Lui avoir donné « carte blanche », avant.

Enfin, je peux t'affirmer que si je n'avais la grâce de recevoir Jésus-Eucharistie tous les jours, ce me serait impossible. Et c'est par ces longs moments où tu contemples ton Dieu dans l'Adoration, que tu pourras éclaircir ton regard, et c'est en te plongeant dans son regard que tu seras purifié. Si tu veux t'accorder à ton Seigneur, laisse-toi façonner par sa Lumière, sa Présence, sources de toute grâce.

Tes frères, l'Eglise, Marie, les Anges et tous les Saints, Dieu dans ses Sacrements, par la prière et sa Parole — sa Bible est lampe sur ta route — voilà de quoi se laisser pénétrer de l'Amour. Et surtout n'oublie pas que par sa Croix, II t'a déjà racheté, par sa Résurrection la mort est déjà vaincue (et puis un petit truc : porte toujours visiblement sur toi un signe de ton appartenance à Jésus, une croix par exemple, mais non pas de ces croix-bijoux devenues par la perversion de certains, symboles érotiques ! Et si tu te sens gêné, et si tu veux la cacher, alors ce que tu fais n'est pas du Christ. Tu verras c'est un signe infaillible.)

Enfin N'AIE PAS PEUR, Dieu est pour toujours avec toi. Tu es fils de Dieu.

Louis, 23 ans

 

 

 

DE TES POINTS NOIRS, IL EN FAIT DES ÉTOILES

 

 

Je voudrais adresser ces lignes à tous les jeunes qui font n'importe quoi avec leur corps, leur sexe, leur cœur. Qui ne se respectent pas eux-mêmes et donc ne respectent pas aussi les autres. Bref, à tous ceux qui bafouent l'amour dans ce qu'il a de plus beau, de plus noble et de plus respectueux.

Si tu es une fille, peut-être me comprendras-tu davantage de «l'intérieur», si malheureusement une expérience comme la mienne t'est arrivée. Que ces lignes te soient message d'espoir.

Si tu es un garçon, alors, je t'en supplie, lis-moi sans arrière-pensées, car c'est à toi que je voudrais surtout m'adresser. A toi, principalement, pour essayer de te faire saisir le drame que peut vivre une fille lorsqu'elle est violée. Te faire comprendre les « dégâts » psychologiques et physiques mêmes, qu'un tel acte entraîne ou peut entraîner. Enfin, de te supplier d'être à l'écoute de ton cœur et non de ton corps. Tu n'es pas une bête, tu es un être humain, fait de chair et de cœur, de sentiments et... d'amour.

En te livrant ce passage de ma vie, je voudrais avant tout rendre grâces à Notre Seigneur qui m'a sauvée et m'a permis de « re-naître », par son Amour qui surpasse tout amour.

Je voudrais te crier : « Respecte l'autre dans son corps, dans son intimité. Respecte-toi aussi. »

J'ai 28 ans. J'en avais 13 quand cela m'est arrivé. Quinze ans déjà, et pourtant rien n'est oublié. Tout le « film » de cette déchirure dans ma vie est gravé en moi à jamais. Normal, il a été écrit non sur du « roc », mais sur de « l'argile en formation », sur une page blanche, vierge. Mais maintenant, par l'amour de Jésus, tout est transformé.

A l'âge de mes 13 ans, j'étais une «petite fille» encore. Heureuse de vivre, sans problème, voulant aimer le monde entier, mais surtout, voulant aimer Dieu plus que tout, de toute ma force de mon petit cœur.   Utopique ? non, je ne crois pas. C'est la naïveté des «enfants». Possible donc? Oui, je le pense (encore aujourd'hui malgré la dureté de ce monde) grâce à la force de Dieu.

Je me disais souvent : « Je veux rester pure jusqu'à mon mariage, si je dois me marier. » Pourtant, je sentais en mon cœur un appel à aimer Dieu seul, ma vie durant. Car il me semblait que seul Dieu pourrait combler toute la soif d'amour qui était contenue en moi. Et voilà que soudainement, au tournant d'une rue, je suis, sans raison et gratuitement, la victime de toute la violence d'un être humain. C'était un vendredi, une heure de tortures sexuelles, des gestes, un lieu, gravés à jamais. Des paroles — telle : « Je voudrais te tuer » — qui blessent atrocement. J'étais coincée entre un mur de cimetière et des planches de bois. Personne pour me délivrer. Ces morts, de l'autre côté du mur, comme je voulais les rejoindre... Que peut faire une gamine de 13 ans pour se défendre contre la méchanceté d'un gars de 20-25 ans ? Rien. Je désirais le néant. Ce Jésus que j'avais beau appeler dans mon cœur, était-Il sourd tout d'un coup?... Pourquoi tout cela?... Pourquoi tant de violence?... Combien de pourquoi me suis-je posé... Et ce, durant onze ans. Onze ans, comme c'est long ! Crois-moi. Surtout quand tu portes ça toute seule...

Quand j'ai pu enfin arriver chez moi (où mes parents étaient absents pour quelques jours), je n'avais qu'une idée en tête : la mort. Et j'ai fait une tentative de suicide... Je me suis réveillée après avoir dormi deux jours. Mais cette idée ne me quittait pas et n'allait pas me quitter de si tôt. Je n'était plus la même personne. Il y avait un «avant» et il y allait avoir un «après». Cet «après», je le détestais déjà. Je me détestais. J'étais devenue une loque. Un corps et un cœur sans goût à la vie. Un cœur ? Je ne sais pas si j'en avais encore un. Car tout l'amour qu'il renfermait jusque-là s'était transformé en haine contre le genre humain, et principalement le sexe masculin.

Quelque chose de profond, de très intime était tué en moi. C'était ce qui me permettait d'être moi, dans ce que j'avais d'unique. Ce que Dieu avait mis en moi dès le commencement et qui n'était plus parce que brisé, violé, par autrui. Ce quelque chose, j'ai envie de le nommer Pureté. Sans cette pureté intime, j'étais souillée, pourrie. Je n'étais plus un être humain.

Alors, pourquoi continuer à vivre, puisque je n'étais plus rien ? La mort seule pourrait me délivrer. C'était ce que je pensais. Cette idée était tenace en moi. Mais les jours défilaient sans rien m'apporter de nouveau. Jésus, la Foi, tout ce que je croyais jusque-là, s'était évanoui tout d'un coup. Je n'avais plus d'amour en moi. Pour personne. Même pas pour moi. Deuxième tentative de suicide ratée. Alors, je me suis barricadée dans une « tour » que j'ai forgée autour de moi. Cette tour, je la voulais la plus dure possible, afin que jamais personne n'y trouve une brèche. Mes parents n'ont pas compris mon changement. Mon caractère est devenu de plus en plus dur. J'avais mal, très mal de me voir comme ça, mais c'était presque malgré moi. J'étais victime et je me sentais coupable. Cette scène du viol, combien de nuits l'ai-je revécue dans mon-sommeil?... C'était indélébile. Ce gars, j'aurais voulu le tuer. Que de vengeance j'avais dans mon cœur... Et au lieu d'orienter cette vengeance sur les autres, je la tournais vers moi...

Il ne fallait plus me parler de Dieu ; je projetais sur Lui toute ma tristesse, tout le dégoût de moi-même. C'était presque sa faute, si une telle chose m'était arrivée, car II n'était pas venu me délivrer. Maintenant, je réalise combien II souffrait avec moi pendant tout ce temps, parce que c'est un Dieu-Amour. Il nous le montre chaque jour, II me l'a montré dans ma vie.

Les années ont passé. Petit à petit, je me remettais à prier. A mon insu, je crois, parce que j'étais horriblement seule. Et je cherchais quelqu'un à qui parler. Aujourd'hui je peux dire, que jamais, pas une seconde, le Seigneur ne m'avait lâché la main. C'est moi qui avais lâché la Sienne. Cette pureté que j'avais perdue sans le vouloir, Lui seul pouvait me la redonner. Lui seul pouvait me «re-créer».

Au bout de ces onze ans de dégoût, de tristesse, j'ai rencontré un prêtre auprès de qui j'ai pu m'ouvrir. A travers le sacrement de Réconciliation, à travers son cœur, j'ai pu donner à Jésus toute cette haine accumulée, et petit à petit, avec l'aide du Seigneur, elle s'est apaisée. Jésus avait trouvé une faille dans la « belle » tour que j'avais élevée à la force de mes poignets. Tout doucement mais sûrement, II a fait son « travail » de Sauveur. Il ne cessait de m'appeler par mon nom. Pour Lui, j'étais toujours son enfant. J'étais comme «avant». En quelques mois, les pierres de ma tour sont tombées une à une. Il ne désirait qu'une chose : pouvoir demeurer en mon cœur afin de me donner sans cesse son Amour. Il me répétait inlassablement : « Tu es unique à mes yeux, et je t'aime. » (Is 43,4.)

Il fallait que je me laisse aimer. Et c'était la chose la plus dure pour moi. Je devais redevenir « enfant». C'est sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus qui m'a beaucoup aidés pour cela : « Plus tu seras pauvre, plus Jésus t'aimera ; II ira loin, bien loin te chercher, si parfois tu t'égares... »

J'ai compris aussi que toutes mes souffrances, II les avait prises sur Lui, sur le bois de la Croix. Sa souffrance offerte, m'a permis, à mon tour, de lui offrir la mienne, petit à petit. Tout ne s'est pas fait en un jour. Il a fallu des heures et des heures de «douceur», de «délicatesse », de « patience » de la part du Seigneur, pour me ré-habiliter avec moi-même.

Je reprenais goût à la vie. Mais un jour, en prenant mon service à l'hôpital, j'ai eu une drôle de « surprise ». Face à moi, dans ce lit de malade... « il » était là. Ce gars, qui m'avait tant fait souffrir, qui avait désiré me tuer, contre lequel — secrètement — j'avais nourri une haine incroyable, était là dans ce lit d'hôpital, souffrant à son tour, pauvre et affaibli.

Pendant onze ans, même sans le revoir, son visage était gravé en moi, et maintenant, il « surgissait » à nouveau dans ma vie. Une fois le choc de la surprise passé, je réalisais que, théoriquement, je devais le soigner. Mais en pratique cela me paraissait être au-dessus de mes forces. Il était là, entre mes mains, à ma merci, attendant de moi — comme tout malade — que je le soulage.

Alors, toute cette haine que j'avais contre lui, et qui commençait à s'apaiser un peu, est devenue plus forte, plus lancinante, plus présente. Je pouvais me venger : je pouvais le tuer. Et ce ne sont pas de vains mots. Je pouvais très bien lui injecter un produit intra-veineux à dose mortelle. J'y ai pensé. Dès le début. J'y pensais le soir en rentrant chez moi et sachant que je le retrouverais le lendemain au service. Je pensais qu'une fois que je l'aurais tué, je me sentirais à jamais libérée.

Pourtant je n'arrivais pas à me décider de faire ce geste mortel. J'ai pu longuement parler avec le prêtre que je connaissais. Et il m'a beaucoup aidée. Je ne pouvais pas oublier l'amour que Jésus venait de me témoigner ces derniers mois. Son Amour devenait de plus en plus fort en moi. Oui, je voulais aimer Jésus. Je voulais garder cet Ami que je commençais à mieux connaître et qui est le plus beau de tous les Amis. Oui, je désirais la paix en mon cœur. Et j'étais assez consciente pour me rendre compte qu'en tuant, ou sans aller jusque là, en faisant mal à ce type, je rentrais à mon tour dans le cercle de la violence. Cercle sans fin. Et je me trompais en pensant que cette liberté que je me souhaitais, je l'obtiendrais en me vengeant. Seul Jésus est capable de nous rendre entièrement libres. Et II nous rend libres parce qu'il nous aime et nous permet d'aimer à notre tour. La vengeance attire le mal, l'amour attire le bien.

Je voulais aussi demeurer en son Cœur. Et comment y demeurer ? « En gardant fidèlement ses commandements. » (Jn 14, 15).

Je sentais donc que Jésus me demandait de pardonner. Or, cela me paraissait être au-dessus de mes forces. Il y a eu une lutte en moi à propos de ce pardon. Allais-je le donner ou le refuser ? Je pensais que si je le donnais, cela ne changerait rien pour moi, ça n'allait pas effacer ce que j'avais vécu. Alors, à quoi bon? Mais si je le refusais, je savais que je fermais une fois de plus, la porte de mon cœur à l'amour de Jésus. Ne nous a-t-il pas demandé de pardonner à nos ennemis ?... Et d'autre part, en refusant de donner ce pardon, je savais que je « maintenais » le gars qui m'avait agressée dans son péché, loin de Dieu. Mais, j'hésitais toujours... Alors, j'ai tout remis dans la prière en ne demandant qu'une seule chose : que je sois vraie en donnant ce pardon. Qu'il soit vraiment le désir de mon cœur et la Volonté du Seigneur. Je me suis aussi confiée à ma Maman du Ciel, lui demandant de rendre mon cœur docile à l'Esprit de Jésus.

Et un « beau » jour, j'ai pu cueillir ce pardon comme une fleur qui vient d'éclore et l'offrir à Jésus dans le sacrement de Réconciliation. Une paix immense m'a envahie alors. Il est vrai que ça n'a pas été un coup de baguette magique qui m'a fait oublier tout ce que j'avais vécu, mais en offrant ce pardon, tout a été transformé. Je veux vraiment t'assurer que c'est le Seigneur qui, par sa grâce, m'a permis de Lui donner ce pardon. Sans Lui, jamais mon cœur n'aurait consenti à pardonner. Je suis tellement pauvre...

Voilà les merveilles de l'amour du Seigneur. Ne crois-tu pas qu'il dépasse tout ce que l'on peut imaginer? Ne crois-tu pas qu'il est toujours là à notre portée ? Ne crois-tu pas que ça vaut la peine de faire un bout de chemin avec Lui, pour mieux le connaître ?

Voilà son plus beau miracle : « De tes points noirs, II en fait des étoiles... si tu Lui donnes un peu de ton cœur ! »

Marie, 28 ans.

 

 

«Merci d'avoir écrit le livre «Ton corps fait pour l'amour». Je ne suis catholique que de culture et d'éducation, j'ai joué le jeu et lu ton livre en imaginant que peut-être Dieu existe !

Depuis que j'ai pris la décision d'épurer (!!!) mon corps, je me sens beaucoup plus à l'aise face aux problèmes de la sexualité.»

«Ce livre m'a beaucoup apporté en ce sens qu'il y est écrit pas mal des idées que je commence à discerner dans ma tête! Merci beaucoup de m'avoir aidée à me retrouver à peu près saine dans l'amour... Et puis même si je ne suis pas converti, ça vaut le coup non? Il m'a été plus facile de parler avec toi que je ne connais pas qu'avec mon papa dont j'appréhende toujours les discussions, car elles sont trop éprises de subjectivité relationnelle. »

«Un immense merci pour ces deux livres que tu «nous» as offert. Nous en avons besoin. Je le garderai. Je m'efforcerai de les faire lire autour de moi. En ce qui me concerne, // me fait chaud au cœur car je suis BLESSÉ. Profondément blessé et meurtri au point que je me sens seul, si seul que même mes cris restent coincés au fond de ma gorge. »

« J'ai appris énormément de choses sur le véritable amour. Merci pour toutes les réponses que vous donnez à nos nombreuses questions, pour votre regard sur le monde. »

«J'aurais aimé l'avoir plus tôt dès l'âge de 10, 11 ou 12 ans afin d'éviter certaines bêtises, les témoignages sont poignants et bouleversants. Tous les jeunes de la terre devraient au moins en lire quelques pages. »

«Fantastique! Merci pour tout ce qu'il m'a apporté:

• II m'a renforcé et fait mieux vivre mes convictions de chrétienne (et fier de l'être !)

• II m'a fait découvrir la beauté de l'amour et sa pureté,

• L'objectif s'est vigorifié... Merci à tous les jeunes qui ont témoigné et courage à ceux qui essaient de se sortir de l'immense drame qu'est l'impureté du cœur et du corps. Grâce à ce livre, je les comprends mieux, ils ont une croix plus lourde que la mienne à porter, je ne peux que m'incliner face à ce mystère de la souffrance et prier pour eux. »

«Vous avez été le déclic tant attendu de mon retour vers le Seigneur. Après avoir réagi agressivement, je suis rentré en cellule avec ce livre pris au hasard... Juste ce qu'il me fallait : il traitait de mon problème de toujours... L'amour. Plus je le lisais, plus je me sentais calme, serein et heureux. C'est, je crois, ce que vous appelez «l'Esprit Saint» qui entrait enfin en moi. Comme tant d'autres dont j'ai lu après le récit... J'ai pleuré. »

Un jeune détenu

 

 

« L'amour d'une femme est le plus important, évidemment, mais je le vois à présent à travers l'amour du Seigneur... Et il a une toute autre couleur. J'ai envie de donner, plus de prendre. Et j'en suis très heureux. Je ne suis certes pas au bout de mes difficultés et de mes tentations (les images, les souvenirs et les fantasmes vécus dans mon passé sont nombreux et gravés dans la mémoire), mais je sens que Dieu m'aime, vous m'en avez fait prendre conscience. C'est en voulant respecter mon corps pour l'offrir de façon plus exclusive à une femme sincère que je trouverai l'épanouissement que j'ai cherché maladroitement trop longtemps... en détruisant tant de choses autour de moi.»

 

« II m'a redit que vouloir garder sa virginité n'est pas impossible, que ce n'est pas quelque chose d'anormal mais d'essentiel. Je découvre petit à petit les différentes facettes de Dieu. J'attends mon futur époux, dans la patience, en conservant ma virginité, en mûrissant en Dieu, et en m'épanouissant. Ton livre me soutient car j'ai quelques fois des tentations de tomber dans les bras du premier venu. Mais il faut résister. Marie aide beaucoup à cela. Continue à écrire des livres pour tous. Tes livres sont des réponses à nos questions, des témoignages qui fortifient, des paroles de Vérité et de Vie.»

 

« Aujourd'hui, vos si touchants et beaux témoignages me font comprendre que si je le souhaite, je peux renaître pure par la grâce du Seigneur, si je veux bien Lui ouvrir mon cœur. C'est maintenant mon souhait le plus cher. Je vous remercie de tout mon cœur de pécheresse. Continuez votre œuvre de purification dans ce monde si meurtri par la violence du péché.»

 

« Le seul regret, c'est bien dommage que ce livre n'ait pas été écrit plus tôt. Ça aurait changé le début de ma vie, et ça m'aurait permis d'avoir un autre regard sur la vie. Il parle de sujets dont personne n'ose parler par peur du ridicule, par honte. Livre magnifique, qui aide à lutter. Je n'ai pas connu le vrai amour, pur, sincère, (mais je garde confiance !...). Un peu partout dans cette jungle, il y a des germes de joie, de bonheur et d'espérance.»

 

« Ce livre est une .bouffée d'air pur. Personne auparavant n'en avait parlé avec tant de simplicité et de clarté. Je me suis souvent reconnu à travers ces pages. Je croyais être quelqu'un d'anormal, de rejeté, de bizarre, d'unique dans son genre, et j'ai vu qu'il y avait d'autres jeunes comme moi qui souffraient de ce mal, et, surtout, qui s'en sont sortis! Continuer à prêcher l'amour du Christ, et à dire dans toute détresse, même les plus horribles, on peut trouver la lumière».

 

« Livre passionnant que je ne cesserai de lire. J'aurais aimé l'avoir il y a six mois, car beaucoup de choses ne seraient pas arrivées. Je vais te parler de mon passé en toute simplicité, car je sais que je ne serai pas jugée : il n'y a qu'à lire ton livre. »

« J'espère pouvoir mettre ce livre dans beaucoup de cœurs car quand on le lit, on y voit Jésus qui te parle. Merci pour tout ce que tu fais pour nous, les jeunes. »

 

« Ton livre m'a beaucoup éclaircie sur ce que je vis, mais c'est pas facile. Cela aurait été plus facile peut-être si je l'avais eu plus tôt dans les mains. Dans chaque témoignage j'ai remarqué quelque chose de différent par rapport à moi. Ils ont vaincu leur jeunesse sans trop se poser de questions, moi je passe mon temps à m'en poser. Où commence le péché? Quand y-a-t-il péché?»

 

 

A PROPOS DU CHAPITRE SUR L'HOMOSEXUALITÉ

 

 

« Si j'ai pleuré en te lisant, c'est que c'est la première fois qu'une personne vient me rendre visite dans ma prison: ce mauvais esprit qui cherche la mort. Mais cette fois je n'ai pas pleuré beaucoup car c'est le bonheur qui me touchait me faisant dire merci Seigneur Jésus, merci Dieu mon Sauveur; merci Amour infini qui me sauve et me guérit. Louange et Gloire à toi mon Dieu.

Tes paroles restent pour moi un soutien, une force dans ma vie quotidienne qui participe à ma guérison intérieure. Dans ma vie de tous les jours tes paroles raisonnent en moi quand il le faut, au bon moment. Avant cela je me suis souvent dit dans la tempête, alors que ce mal rôdait cherchant à me dévorer, que j'étais protégé malgré mes faiblesses, malgré ma coopération au mal, malgré la force qui me poussait vers la mort. Combien de fois j'aurais voulu crier haut et fort dans la rue vers le Seigneur. Combien de fois j'ai crié dans mon cœur, Seigneur pourquoi ? Délivre-moi ! Daniel ma soif c'est de vivre LIBRE, VIVANT DE L'AMOUR DU CHRIST ma soif c'est de servir le Seigneur, de pouvoir VIVRE en TÉMOIN DU CHRIST.

C'est la première fois par ce courrier que je parle à quelqu'un, du mal qui cherche à dévorer mon cœur. Ton chapitre est pour moi un soutien, une force, un réconfort, une grâce de Dieu qui me conduit à plus de fidélité à l'Amour du Christ. »

 

«Tu as eu le courage de nous parler de l'homosexualité, et de beaucoup d'autres choses qui nous touchent très intimement, en homme de Dieu. Merci aussi pour la pudeur dont tu en parles. Merci de nous parler clairement, sans compromis.

A la lecture de ces pages, je parviens à mieux comprendre 10 années de ma vie, l'enjeux et l'importance de la lutte que j'ai mené afin de ne pas devenir en acte homosexuel. »