Pour que nous donnions notre témoignage devant le monde et l’Église, surtout devant ceux qui ne sont pas traditionalistes, pour être des instruments utiles à l’Église et au Saint-Père le Pape dans sa lutte contre la crise actuelle et dans sa réforme doctrinale, morale, disciplinaire et liturgique, nous devons tous être en parfaite communion avec l’Église et en union entre nous. « Vis unita fit fortior » [L’union fait la force]. Pour cette raison, sont nécessaires quatre conditions ou points de repère.
Prendre le magistère
de l’Église comme « norme prochaine et universelle de la vérité »
(Pie XII, Humani generis, 18),
c’est-à-dire, adhésion au Magistère pérenne et vivant, extraordinaire et
ordinaire, infaillible et non infaillible, quand il enseigne de manière
définitive ou non définitive, des vérités concernant la foi et la morale, ou
enseigne et émet des normes disciplinaires ou prudentielles, dans la mesure requise
par l’Église, en tenant compte de la qualification théologique de chaque
document, en évitant toute ombre de libre-examen protestant relativement au
Magistère et à la Tradition.
Acceptation de
l’unité de gouvernement de l’Église, c’est-à-dire du principe de l’unité de
l’unique Église catholique, visible et hiérarchique, lequel est l’autorité du
Pontife Romain, en lui manifestant la subordination hiérarchique et une vraie
obéissance, non seulement dans les questions relatives à la foi et à la morale,
mais encore dans celles qui ont trait à la discipline et au gouvernement de
l’Église dans le monde entier (Concile Vatican I, Pastor aeternus, 3 ; D 3060). Acceptation du jugement et des
décisions du Souverain Pontife, dans toutes les causes de la juridiction
ecclésiastique, comme sans appel et indiscutables (Ibid., D 3063), tout en gardant la possibilité de présenter
respectueusement ses doutes à l’autorité (C.I.C., canon 212).
Reconnaître comme
valides et légitimes les cultes, les rites et leurs formes approuvés par
l’Église, seul juge en la matière (C.I.C. can. 820, 841, 1206 et 1208).
I.4.a) non pas parce que le Nouvel Ordo
Missae, la messe promulguée par le Saint-Père le Pape Paul VI, serait
hétérodoxe ou non catholique, invalide ou illicite, incompatible avec la foi ou
peccamineuse. Sa promulgation (la forme, au sens philosophique) est la garantie
contre toute irrégularité doctrinale qui aurait pu avoir lieu dans sa confection
(matière), quoique elle puisse être améliorée dans son expression
liturgique ; et c’est sa promulgation officielle, et non le mode de sa
confection, même defectueux, qui en a fait un document du Magistère de
l’Église ;
I.4.b) NON pour nier
l’autorité qu’a l’Église dans la modification et la promulgation des rites
(telle que nous l’avons déjà exposée plus haut, I.3) ;
I.4.c) NON par esprit
de contestation de l’autorité de l’Église ou de rupture de la communion ;
I.4.d)
« Évidemment, pour vivre la pleine communion, » nous ne
pouvons pas « non plus, par principe, exclure la célébration selon les
nouveaux livres. L’exclusion totale du nouveau rite ne serait pas cohérente
avec la reconnaissance de sa valeur et de sa sainteté » (Benoît XVI,
Lettre aux évêques présentant le Motu proprio Summorum Pontificum, le 7 juillet 2007).
MAIS BIEN :
I.5.a) parce que nous
avons le légitime désir, reconnu par le Pape, de conserver la richesse
liturgique de ce rite traditionnel de l’Église ;
I.5.b) parce que nous
estimons qu’il est la meilleure expression liturgique des dogmes eucharistiques
et le plus solide aliment spirituel, par sa richesse, sa beauté, son élévation,
sa noblesse et la solennité de ses cérémonies, par son sens du sacré et de la
révérence, par son sens du mystère, par la plus grande précision et rigueur de
ses rubriques, parce qu’il présente ainsi une plus grande garantie et
protection contre les abus, ne laissant pas d’espace aux « ambiguïtés,
libertés, créativités, adaptations, réductions et instrumentalisations »,
dont s’était plaint le pape Jean‑Paul II
(Encyclique Ecclesia de Eucharistia, 17
avril 2003, n. 10, 52, 61) ;
I.5.c) parce que
« cette liturgie appartient à l’Église tout entière comme le riche
véhicule de l’esprit qui doit rayonner aussi sur la célébration de la troisième
édition typique du missel romain actuel… » comme « une source
précieuse de compréhension liturgique pour tous les autres rites […]. »
(Cardinal George, Archevêque de
Chicago) ;
I.5.d) parce que
cette forme liturgique ne fut jamais juridiquement abrogée (Benoît XVI,
Motu proprio Summorum Pontificum) ;
I.5.e) parce que nous
demeurons choqués, non sans raison, dans notre foi et notre piété par les abus,
les sacrilèges et les profanations auxquels a donné prise la réforme liturgique,
parce que nous ne voulons pas voir « la liturgie transformée en show », ni pactiser avec les
erreurs et profanations que nous constatons dans l’usage de la nouvelle liturgie.
(Sur les points non nécessaires
et douteux, liberté)
II. 1 : Liberté,
au jugement des autorités compétentes, pour adopter ou non les adaptations
liturgiques approuvées par l’Église pour la forme extraordinaire du Rite Romain
(celles de 1965, par exemple).
II.2 : Liberté
pour inclure ou non de nouveaux saints dans le calendrier (cf. Motu proprio Summorum Pontificum).
II. 3 : Liberté
pour adopter ou non, même s’il est vrai qu’on désire sa réforme, le nouveau
calendrier.
II.4 : Liberté
pour adopter ou non le vernaculaire dans certaines parties de la Liturgie,
surtout dans les lectures.
II.5 : Liberté
pour adopter ou non, même s’il est vrai qu’on désire sa réforme, le nouveau lectionnaire.
II.6 : tout en
conservant comme propre et préférée la Liturgie Romaine dans sa forme
extraordinaire, liberté pour, dans des circonstances déterminées, et
conformément au principe établi aux n° I.3, I.4.a) et I.4.d), participer ou
non, à titre extraordinaire, à un autre rite ou forme approuvée par l’Église,
et même pour concélébrer ou non avec ceux qui les célèbrent.
II.7 : Liberté
pour adopter ou non telle ou telle position dogmatique, morale et mystique
libre dans l’Église.
II.8 : Liberté,
à l’intérieur de la discipline catholique, pour des différences pastorales,
rituelles, de statuts, de culture, de goûts et de coutumes, propres à chaque
groupe, communauté, association ou institut.
II.9 : Ne pas
transformer en question de principes des choses qui ne sont pas déterminées
comme telles par le Magistère.
« À ceci tous
reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour
les autres." » (Jn 13:35)
« Veritatem
autem facientes in charitate » (Eph 4,15)
« Ubi charitas et amor,
Deus ibi est » (Liturgie)
« Quand j’aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien » ( I Cor 13:2)
III.1 : Grand
amour pour la Sainte Église, pour le Saint-Père le Pape, pour tous les membres
de la hiérarchie et pour tous les fidèles catholiques de tous les rites et
formes liturgiques, en démontrant cet amour et cette communion en paroles et en
actes.
Comme, selon saint
Thomas d’Aquin et le Droit canon (can. 751), le schisme consiste dans le refus
de soumission au Pape et de communion avec ceux qui lui sont soumis, pour
éviter tout esprit de schisme, nous devons faire le contraire : nous
efforcer à la soumission au Saint-Père et à la communion avec ceux qui lui
sont soumis.
III.2 : Ne pas
critiquer ceux qui usent des libertés établies au n° II, même celles que
nous n’adoptons pas et n’apprécions pas.
III.3 : Aimer la
communion avec l’Église, hors de laquelle peuvent exister de bonnes choses,
mais non le salut, comme nous l’enseigne saint Augustin.
III.4 : Quand nous usons du droit de critique en conformité avec le canon 212, être honnêtes, vrais, sérieux et charitables, sinon nos arguments ne vaudront rien et ne seront pas crédibles.
IV.1 : Ne pas
chercher à occuper la première place dans l’Église (cf. Mt 19, 30 et 23,5-13).
Ne pas nous considérer comme les réformateurs de l’Église :
« L’Église n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints » (Jean‑Paul II).
Furent réformateurs Luther, Calvin, et compagnie. Mais les saints furent saint
Ignace de Loyola, saint François Xavier, sainte Thérèse de Jésus, saint Jean de
la Croix, tous du même siècle de crise dans l’Église.
IV.2 : Ne nous
jugeons pas comme les élus : c’est une caractéristique des sectes.
IV.3 : Ne nous
prenons pas pour les sauveurs de l’Église : c’est l’Église qui nous sauve.
IV.4 : Plus que
d’appartenir à tel ou tel groupe, association, institut, etc., gardons
conscience que, par dessus tout, nous sommes catholiques, membres de la Sainte
Église.
IV.5 : Ne
jugeons pas notre groupe, notre association, notre institut, etc., meilleur que
les autres : « Nous sommes des serviteurs inutiles : nous avons
fait ce que nous devions faire » (Lc 17,10).
IV.6 : Ne pas
alimenter l’esprit de concurrence dans la conquête des vocations, bienfaiteurs
et lieux de ministère.