Pour l’union entre les traditionalistes

« Ut omnes unum sint » (Jn 17,21)
« Cor unum et anima una » (Act 4,32)

Points de repère

Pour que nous donnions notre témoignage devant le monde et l’Église, surtout devant ceux qui ne sont pas traditionalistes, pour être des instruments utiles à l’Église et au Saint-Père le Pape dans sa lutte contre la crise actuelle et dans sa réforme doctrinale, morale, disciplinaire et liturgique, nous devons tous être en parfaite communion avec l’Église et en union entre nous. « Vis unita fit fortior » [L’union fait la force]. Pour cette raison, sont nécessaires quatre conditions ou points de repère.

I) in principiis et necessariis, unitas: unité dans les principes

I.1. Unité dans la doctrine 

Prendre le magistère de l’Église comme « norme prochaine et universelle de la vérité » (Pie XII, Humani generis, 18), c’est-à-dire, adhésion au Magistère pérenne et vivant, extraordinaire et ordinaire, infaillible et non infaillible, quand il enseigne de manière définitive ou non définitive, des vérités concernant la foi et la morale, ou enseigne et émet des normes disciplinaires ou prudentielles, dans la mesure requise par l’Église, en tenant compte de la qualification théologique de chaque document, en évitant toute ombre de libre-examen protestant relativement au Magistère et à la Tradition.

I.2. Subordination et obéissance

Acceptation de l’unité de gouvernement de l’Église, c’est-à-dire du principe de l’unité de l’unique Église catholique, visible et hiérarchique, lequel est l’autorité du Pontife Romain, en lui manifestant la subordination hiérarchique et une vraie obéissance, non seulement dans les questions relatives à la foi et à la morale, mais encore dans celles qui ont trait à la discipline et au gouvernement de l’Église dans le monde entier (Concile Vatican I, Pastor aeternus, 3 ; D 3060). Acceptation du jugement et des décisions du Souverain Pontife, dans toutes les causes de la juridiction ecclésiastique, comme sans appel et indiscutables (Ibid., D 3063), tout en gardant la possibilité de présenter respectueusement ses doutes à l’autorité (C.I.C., canon 212).

I. 3. Acceptation de l’unité de culte de l’Église

Reconnaître comme valides et légitimes les cultes, les rites et leurs formes approuvés par l’Église, seul juge en la matière (C.I.C. can. 820, 841, 1206 et 1208).

I. 4. Amour et préférence pour la forme liturgique extraordinaire de l’unique Rite Romain, et lutte pour sa conservation :

I.4.a) non pas parce que le Nouvel Ordo Missae, la messe promulguée par le Saint-Père le Pape Paul VI, serait hétérodoxe ou non catholique, invalide ou illicite, incompatible avec la foi ou peccamineuse. Sa promulgation (la forme, au sens philosophique) est la garantie contre toute irrégularité doctrinale qui aurait pu avoir lieu dans sa confection (matière), quoique elle puisse être améliorée dans son expression liturgique ; et c’est sa promulgation officielle, et non le mode de sa confection, même defectueux, qui en a fait un document du Magistère de l’Église ;

I.4.b) NON pour nier l’autorité qu’a l’Église dans la modification et la promulgation des rites (telle que nous l’avons déjà exposée plus haut, I.3) ;

I.4.c) NON par esprit de contestation de l’autorité de l’Église ou de rupture de la communion ;

I.4.d) « Évidemment, pour vivre la pleine communion, » nous ne pouvons pas « non plus, par principe, exclure la célébration selon les nouveaux livres. L’exclusion totale du nouveau rite ne serait pas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur et de sa sainteté » (Benoît XVI, Lettre aux évêques présentant le Motu proprio Summorum Pontificum, le 7 juillet 2007).

MAIS BIEN :

I.5.a) parce que nous avons le légitime désir, reconnu par le Pape, de conserver la richesse liturgique de ce rite traditionnel de l’Église ;

I.5.b) parce que nous estimons qu’il est la meilleure expression liturgique des dogmes eucharistiques et le plus solide aliment spirituel, par sa richesse, sa beauté, son élévation, sa noblesse et la solennité de ses cérémonies, par son sens du sacré et de la révérence, par son sens du mystère, par la plus grande précision et rigueur de ses rubriques, parce qu’il présente ainsi une plus grande garantie et protection contre les abus, ne laissant pas d’espace aux « ambiguïtés, libertés, créativités, adaptations, réductions et instrumentalisations », dont s’était plaint le pape Jean‑Paul II (Encyclique Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003, n. 10, 52, 61) ;

I.5.c) parce que « cette liturgie appartient à l’Église tout entière comme le riche véhicule de l’esprit qui doit rayonner aussi sur la célébration de la troisième édition typique du missel romain actuel… » comme « une source précieuse de compréhension liturgique pour tous les autres rites […]. » (Cardinal George, Archevêque de Chicago) ;

I.5.d) parce que cette forme liturgique ne fut jamais juridiquement abrogée (Benoît XVI, Motu proprio Summorum Pontificum) ;

I.5.e) parce que nous demeurons choqués, non sans raison, dans notre foi et notre piété par les abus, les sacrilèges et les profanations auxquels a donné prise la réforme liturgique, parce que nous ne voulons pas voir « la liturgie transformée en show », ni pactiser avec les erreurs et profanations que nous constatons dans l’usage de la nouvelle liturgie.

ii) in rebus non necessariis et dubiis, libertas

(Sur les points non nécessaires et douteux, liberté)

 

II. 1 : Liberté, au jugement des autorités compétentes, pour adopter ou non les adaptations liturgiques approuvées par l’Église pour la forme extraordinaire du Rite Romain (celles de 1965, par exemple).

II.2 : Liberté pour inclure ou non de nouveaux saints dans le calendrier (cf. Motu proprio Summorum Pontificum).

II. 3 : Liberté pour adopter ou non, même s’il est vrai qu’on désire sa réforme, le nouveau calendrier.

II.4 : Liberté pour adopter ou non le vernaculaire dans certaines parties de la Liturgie, surtout dans les lectures.

II.5 : Liberté pour adopter ou non, même s’il est vrai qu’on désire sa réforme, le nouveau lectionnaire.

II.6 : tout en conservant comme propre et préférée la Liturgie Romaine dans sa forme extraordinaire, liberté pour, dans des circonstances déterminées, et conformément au principe établi aux n° I.3, I.4.a) et I.4.d), participer ou non, à titre extraordinaire, à un autre rite ou forme approuvée par l’Église, et même pour concélébrer ou non avec ceux qui les célèbrent.

II.7 : Liberté pour adopter ou non telle ou telle position dogmatique, morale et mystique libre dans l’Église.

II.8 : Liberté, à l’intérieur de la discipline catholique, pour des différences pastorales, rituelles, de statuts, de culture, de goûts et de coutumes, propres à chaque groupe, communauté, association ou institut.

II.9 : Ne pas transformer en question de principes des choses qui ne sont pas déterminées comme telles par le Magistère.

iii) in omnibus et super omnia, charitas

« À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres." » (Jn 13:35)

« Veritatem autem facientes in charitate » (Eph 4,15)

« Ubi charitas et amor, Deus ibi est » (Liturgie)

« Quand j’aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien » ( I Cor 13:2)

 

III.1 : Grand amour pour la Sainte Église, pour le Saint-Père le Pape, pour tous les membres de la hiérarchie et pour tous les fidèles catholiques de tous les rites et formes liturgiques, en démontrant cet amour et cette communion en paroles et en actes.

Comme, selon saint Thomas d’Aquin et le Droit canon (can. 751), le schisme consiste dans le refus de soumission au Pape et de communion avec ceux qui lui sont soumis, pour éviter tout esprit de schisme, nous devons faire le contraire : nous efforcer à la soumission au Saint-Père et à la communion avec ceux qui lui sont soumis.

III.2 : Ne pas critiquer ceux qui usent des libertés établies au n° II, même celles que nous n’adoptons pas et n’apprécions pas.

III.3 : Aimer la communion avec l’Église, hors de laquelle peuvent exister de bonnes choses, mais non le salut, comme nous l’enseigne saint Augustin.

III.4 : Quand nous usons du droit de critique en conformité avec le canon 212, être honnêtes, vrais, sérieux et charitables, sinon nos arguments ne vaudront rien et ne seront pas crédibles.

iv) non nobis, domine, non nobis...(Ps 113,9) :
l’humilité, vertu de base du christianisme

IV.1 : Ne pas chercher à occuper la première place dans l’Église (cf. Mt 19, 30 et 23,5-13). Ne pas nous considérer comme les réformateurs de l’Église : « L’Église n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints » (Jean‑Paul II). Furent réformateurs Luther, Calvin, et compagnie. Mais les saints furent saint Ignace de Loyola, saint François Xavier, sainte Thérèse de Jésus, saint Jean de la Croix, tous du même siècle de crise dans l’Église.

IV.2 : Ne nous jugeons pas comme les élus : c’est une caractéristique des sectes.

IV.3 : Ne nous prenons pas pour les sauveurs de l’Église : c’est l’Église qui nous sauve.

IV.4 : Plus que d’appartenir à tel ou tel groupe, association, institut, etc., gardons conscience que, par dessus tout, nous sommes catholiques, membres de la Sainte Église.

IV.5 : Ne jugeons pas notre groupe, notre association, notre institut, etc., meilleur que les autres : « Nous sommes des serviteurs inutiles : nous avons fait ce que nous devions faire » (Lc 17,10).

IV.6 : Ne pas alimenter l’esprit de concurrence dans la conquête des vocations, bienfaiteurs et lieux de ministère.

C’est ainsi que nous serons d’authentiques traditionalistes, de vrais amis du peuple (saint Pie X, Notre charge apostolique) et de grands instruments de Dieu pour le bien de la Sainte Église.