EXHORTATION APOSTOLIQUE
POST-SYNODALE
SACRAMENTUM
CARITATIS
DU PAPE
BENOÎT XVI
AUX ÉVÊQUES, AUX PRÊTRES, AUX
DIACRES
AUX PERSONNES CONSACRÉES
ET AUX FIDÈLES LAÏCS
SUR L'EUCHARISTIE
SOURCE ET SOMMET DE LA VIE
ET DE LA MISSION DE L'ÉGLISE
1. Sacrement de l'amour, (1) la sainte Eucharistie
est le don que Jésus Christ fait de lui-même, nous révélant l'amour infini de
Dieu pour tout homme. Dans cet admirable Sacrement se manifeste l'amour « le
plus grand », celui qui pousse « à donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,
13). En effet, Jésus « les aima jusqu'au bout » (Jn 13, 1). Par cette
expression, l'Évangéliste introduit le geste d'humilité infinie accompli par
Jésus: avant de mourir pour nous sur la croix, se nouant un linge à la
ceinture, il lave les pieds de ses disciples. De la même manière, dans le
Sacrement de l'Eucharistie, Jésus continue de nous aimer « jusqu'au bout »,
jusqu'au don de son corps et de son sang. Quel émerveillement dut saisir le
cœur des disciples face aux gestes et aux paroles du Seigneur au cours de la
Cène! Quelle merveille doit susciter aussi dans notre cœur le Mystère
eucharistique!
La nourriture de la vérité
2. Dans le Sacrement de l'autel, le Seigneur vient
à la rencontre de l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn
1, 27), se faisant son compagnon de route. En effet, dans ce Sacrement, le
Seigneur se fait nourriture pour l'homme assoiffé de vérité et de liberté.
Puisque seule la vérité peut nous rendre vraiment libres (cf. Jn 8, 36),
le Christ se fait pour nous nourriture de Vérité. Avec une profonde
connaissance de la réalité humaine, saint Augustin a mis en évidence que
l'homme se meut spontanément, et non sous la contrainte, quand il se trouve en
relation avec ce qui l'attire et ce qui suscite en lui du désir. S'interrogeant
alors sur ce qui peut en dernier ressort mouvoir l'homme au plus profond de
lui-même, le saint Évêque s'exclame: « Qu'est-ce que l'âme désire avec plus de
force que la Vérité? ». (2) Tout homme porte en effet en lui le désir inextinguible
de la vérité, ultime et définitive. C'est pourquoi le Seigneur Jésus, « le
Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6), s'adresse au cœur désirant de
l'homme, qui se sent pèlerin et assoiffé, au cœur qui aspire ardemment à la
source de la vie, au cœur quêtant la Vérité. En effet, Jésus Christ est la
Vérité faite Personne, qui attire le monde à soi. « Jésus est l'étoile polaire
de la liberté humaine: sans Lui elle perd son orientation, puisque, sans la
connaissance de la vérité, la liberté se dénature, s'isole et se réduit à un
arbitraire stérile. Avec Lui, la liberté se retrouve ». (3) Dans le Sacrement
de l'Eucharistie, Jésus nous montre en particulier la vérité de l'amour,
qui est l'essence même de Dieu. C'est cette vérité évangélique qui intéresse
tout homme et tout l'homme. Par conséquent, l'Église, qui trouve dans
l'Eucharistie son centre vital, s'engage sans cesse à annoncer à tous, à
temps et à contretemps (cf. 2 Tm 4, 2), que Dieu est amour. (4)
C'est justement parce que le Christ s'est fait pour nous nourriture de la
Vérité que l'Église s'adresse à l'homme, l'invitant à accueillir librement le
don de Dieu.
Le développement du rite eucharistique
3. En regardant l'histoire bimillénaire de
l'Église de Dieu, guidée par l'action sage de l'Esprit Saint, nous admirons,
pleins de gratitude, le développement, ordonné dans le temps, des formes
rituelles par lesquelles nous faisons mémoire de l'événement de notre salut.
Depuis les multiples formes des premiers siècles, qui resplendissent encore
dans les rites des antiques Églises d'Orient, jusqu'à la diffusion du rite
romain; depuis les indications claires du Concile de Trente et du Missel de
saint Pie V jusqu'au renouveau liturgique voulu par le Concile Vatican II: à
chaque étape de l'histoire de l'Église, la célébration eucharistique, en tant
que source et sommet de la vie et de la mission de l'Église, resplendit de
toute sa richesse multiforme dans le rite liturgique. La XIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques,
qui s'est déroulée du 2 au 23 octobre 2005 au Vatican, a exprimé en regard de
cette histoire un profond remerciement à Dieu, reconnaissant que l'Esprit Saint
la guide activement. Les Pères synodaux ont en particulier constaté et rappelé
l'influence bénéfique que la réforme liturgique réalisée à partir du Concile
œcuménique Vatican II a eue pour la vie de l'Église. (5) Le Synode des Évêques
a eu la possibilité d'évaluer la réception de cette réforme après les assises
conciliaires. Les appréciations ont été nombreuses. Les difficultés et aussi
certains abus qui ont été relevés ne peuvent pas masquer, a-t-il été affirmé,
que le renouveau liturgique, qui contient encore des richesses qui n'ont pas
été pleinement explorées, est bon et valable. Concrètement, il s'agit de lire
les changements voulus par le Concile à l'intérieur de l'unité qui caractérise
le développement historique du rite lui-même, sans introduire de ruptures
artificielles. (6)
Le Synode des Évêques et l'Année de l'Eucharistie
4. Il est en outre nécessaire de souligner la
relation entre le récent Synode des Évêques sur l'Eucharistie et ce qui s'est
produit au cours des dernières années dans la vie de l'Église. Nous devons
avant tout nous reporter en pensée au Grand Jubilé de l'an 2000, par lequel mon
bien-aimé prédécesseur, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, a fait entrer
l'Église dans le troisième millénaire chrétien. L'Année jubilaire a été sans
aucun doute marquée par une tonalité fortement eucharistique. On ne peut
oublier non plus que le Synode des Évêques a été précédé, et aussi en un sens
préparé, par l'Année de l'Eucharistie, voulue avec une
grande clairvoyance par Jean-Paul II pour l'Église tout entière. Cette période,
qui a débuté par le Congrès eucharistique international de Guadalajara
en octobre 2004, s'est achevée le 23 octobre 2005, au terme de la XIe
assemblée synodale, avec la canonisation de cinq Bienheureux, qui se sont
particulièrement distingués par leur piété eucharistique: l'Évêque Józef
Bilczewski, les prêtres Gaetano Catanoso, Zygmunt Gorazdowski et Alberto
Hurtado Cruchaga, et le religieux capucin Felice da Nicosia. Grâce aux
enseignements proposés par le Pape Jean-Paul II dans la Lettre apostolique Mane nobiscum Domine (7) et aux suggestions précieuses de la Congrégation pour le Culte divin et
la Discipline des Sacrements, (8) nombreuses furent les initiatives prises par
les diocèses et les différentes réalités ecclésiales pour réveiller et
accroître chez les fidèles la foi eucharistique, pour améliorer la beauté des
célébrations et promouvoir l'adoration eucharistique, pour encourager une
solidarité active qui, à partir de l'Eucharistie, rejoint les plus nécessiteux.
Il est enfin nécessaire de mentionner l'importance de la dernière Encyclique de
mon vénéré prédécesseur, Ecclesia
de Eucharistia, (9) par laquelle il nous a laissé une référence
magistérielle sûre concernant la doctrine eucharistique et un ultime témoignage
sur la place centrale que ce divin Sacrement occupait dans son existence.
Finalité de la présente Exhortation
5. Cette Exhortation apostolique post-synodale a
pour but de reprendre la richesse multiforme de réflexions et de propositions
apparues dans la récente Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques
– à partir des Lineamenta jusqu'aux Propositiones, en passant par l'Instrumentum laboris, les Relationes ante et
post-disceptationem, les interventions des Pères synodaux, des auditores
et des délégués fraternels –, dans l'intention de développer certaines
lignes fondamentales d'engagement, destinées à raviver dans l'Église un nouvel
élan et une nouvelle ferveur eucharistiques. Conscient du vaste patrimoine
doctrinal et disciplinaire amassé au cours des siècles sur ce Sacrement, (10)
et accueillant le souhait des Pères synodaux, (11) je désire surtout
recommander dans le présent document que le peuple chrétien approfondisse la
relation entre le Mystère eucharistique, l'action liturgique et le
nouveau culte spirituel qui vient de l'Eucharistie, en tant que
sacrement de l'amour. Dans cette perspective, j'entends mettre la présente
Exhortation en relation avec ma première Encyclique Deus caritas est, dans laquelle j'ai
parlé à plusieurs reprises du sacrement de l'Eucharistie pour souligner son
rapport à l'amour chrétien, en référence soit à Dieu soit au prochain: « Le
Dieu incarné nous attire tous à lui. À partir de là, on comprend maintenant
comment agapè est alors devenue aussi un nom de l'Eucharistie: dans cette
dernière, l'agapè de Dieu vient à nous corporellement pour continuer son
œuvre en nous et à travers nous ». (12)
EUCHARISTIE, MYSTÈRE À CROIRE
« L'œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez
en Celui qu'il a envoyé » (Jn 6, 29)
La foi eucharistique de l'Église
6. « Il est grand le mystère de la foi! ».
Par cette expression, prononcée immédiatement après les paroles de la
consécration, le prêtre proclame le mystère qui est célébré et il manifeste son
émerveillement devant la conversion substantielle du pain et du vin en corps et
sang du Seigneur Jésus, réalité qui dépasse toute compréhension humaine.
L'Eucharistie est en effet « le mystère de la foi » par excellence: « Elle est
le résumé et la somme de notre foi ». (13) La foi de l'Église est essentiellement
une foi eucharistique et elle se nourrit de manière particulière à la table de
l'Eucharistie. La foi et les sacrements sont deux aspects complémentaires de la
vie ecclésiale. Suscitée par l'annonce de la Parole de Dieu, la foi est nourrie
et elle grandit par la rencontre de grâce avec le Seigneur ressuscité qui se
réalise dans les sacrements: « La foi s'exprime dans le rite et le rite
renforce et fortifie la foi ». (14) C'est pourquoi le Sacrement de l'autel est
toujours au centre de la vie ecclésiale: « Grâce à l'Eucharistie, l'Église
renaît sans cesse de nouveau! ». (15) Plus vive est la foi eucharistique dans
le peuple de Dieu, plus profonde est sa participation à la vie ecclésiale par
l'adhésion convaincue à la mission que le Christ a confiée à ses disciples.
L'histoire de l'Église elle- même en est témoin. Toute grande réforme est liée,
d'une certaine manière, à la redécouverte de la foi en la présence
eucharistique du Seigneur au milieu de son peuple.
Le pain descendu du ciel
7. La première réalité de la foi eucharistique est
le mystère même de Dieu, amour trinitaire. Dans le dialogue entre Jésus et
Nicodème, nous trouvons une expression lumineuse à ce propos: « Dieu a tant
aimé le monde qu'il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui
ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils
dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde
soit sauvé » (Jn 3, 16-17). Ces paroles montrent la racine première du
don de Dieu. Jésus, dans l'Eucharistie, donne non pas « quelque chose » mais se
donne lui-même; il offre son corps et il verse son sang. De cette manière, il
donne la totalité de son existence, révélant la source originaire de cet amour.
Il est le Fils éternel donné pour nous par le Père. Dans l'Évangile, nous
écoutons encore Jésus qui, après avoir rassasié la foule par la multiplication
des pains et des poissons, dit à ses interlocuteurs qui l'avaient suivi jusqu'à
la synagogue de Capharnaüm: « C'est mon Père qui vous donne le vrai pain venu
du ciel. Le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie
au monde » (Jn 6, 32-33), et il en vient à s'identifier lui- même, sa
chair et son sang, avec ce pain: « Moi, je suis le pain vivant, qui est
descendu du ciel: si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le
pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie » (Jn
6, 51). Jésus se manifeste ainsi comme le pain de la vie, que le Père éternel
donne aux hommes.
Don gratuit de la Sainte Trinité
8. Dans l'Eucharistie se révèle le dessein d'amour
qui guide toute l'histoire du salut (cf. Ep 1, 10; 3, 8-11). En elle, le
Deus Trinitas, qui en lui-même est amour (cf. 1 Jn 4, 7-8), s'engage
pleinement avec notre condition humaine. Dans le pain et le vin, sous les
apparences desquelles le Christ se donne à nous à l'occasion du repas pascal
(cf. Lc 22, 14-20; 1 Co 11, 23-26), c'est la vie divine tout
entière qui nous rejoint et qui participe à nous sous la forme du Sacrement.
Dieu est communion parfaite d'amour entre le Père, le Fils et l'Esprit Saint.
Déjà dans la création l'homme est appelé à partager d'une certaine manière le
souffle vital de Dieu (cf. Gn 2, 7). Mais c'est dans le Christ mort et
ressuscité et dans l'effusion de l'Esprit Saint, donné sans compter (cf. Jn
3, 34), que nous sommes rendus participants de l'intimité divine. (16) Par
conséquent, Jésus Christ, qui, « poussé par l'Esprit éternel, (...) s'est
offert lui- même à Dieu comme une victime sans tache » (He 9, 14), nous
communique dans le don eucharistique la vie divine elle-même. Il s'agit d'un
don absolument gratuit, qui répond seulement aux promesses de Dieu, accomplies
au-delà de toute mesure. L'Église accueille, célèbre, adore ce don dans une fidèle
obéissance. Le « mystère de la foi » est mystère d'amour trinitaire, auquel
nous sommes appelés à participer par grâce. Nous devons par conséquent nous
aussi nous exclamer avec saint Augustin: « Si tu vois l'amour, tu vois la
Trinité ». (17)
Eucharistie: Jésus véritable Agneau immolé
La nouvelle et éternelle alliance dans le sang de
l'Agneau
9. La mission pour laquelle Jésus est venu parmi
nous s'accomplit dans le Mystère pascal. Du haut de la croix, d'où il attire à
lui tous les hommes (cf. Jn 12, 32), il dit, avant de « remettre son
Esprit »: « Tout est accompli » (Jn 19, 30). Dans le mystère de son
obéissance jusqu'à la mort, et à la mort de la croix (cf. Ph 2, 8),
s'est accomplie la nouvelle et éternelle alliance. La liberté de Dieu et la
liberté de l'homme se sont définitivement rencontrées dans sa chair crucifiée
en un pacte indissoluble, valable pour toujours. Même le péché de l'homme a été
expié une fois pour toutes par le Fils de Dieu (cf. He 7, 27; 1 Jn
2, 2; 4, 10). Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'affirmer, « dans sa mort sur
la croix s'accomplit le retournement de Dieu contre lui-même, dans lequel il se
donne pour relever l'homme et le sauver – tel est l'amour dans sa forme la plus
radicale ». (18) Dans le Mystère pascal s'est véritablement réalisée notre
libération du mal et de la mort. Au cours de l'institution de l'Eucharistie,
Jésus lui-même avait parlé de la « nouvelle et éternelle alliance » scellée
dans son sang versé (cf. Mt 26, 28; Mc 14, 24; Lc 22, 20).
Cette fin ultime de sa mission était déjà bien évidente au début de sa vie
publique. En effet, lorsque, sur les rives du Jourdain, Jean le Baptiste voit
Jésus venir à lui, il s'exclame: « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché
du monde » (Jn 1, 29). Il est significatif que la même expression
revienne, chaque fois que nous célébrons la Messe, dans l'invitation faite par
le prêtre à s'approcher de l'autel: « Heureux les invités au repas du Seigneur!
Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Jésus est le
véritable agneau pascal qui s'est spontanément offert lui-même en sacrifice
pour nous, réalisant ainsi la nouvelle et éternelle alliance. L'Eucharistie
contient en elle cette nouveauté radicale, qui se propose de nouveau à nous
dans chaque célébration. (19)
L'institution de l'Eucharistie
10. De cette manière, nous sommes invités à
réfléchir sur l'institution de l'Eucharistie au cours de la dernière Cène. Cela
se produit dans le contexte d'un repas rituel qui constituait le mémorial de
l'événement fondateur du peuple d'Israël: la libération de l'esclavage en
Égypte. Ce repas rituel, lié à l'immolation des agneaux (cf. Ex 12,
1-28.43-51), était la mémoire du passé, mais en même temps cette mémoire était
aussi prophétique, c'est-à-dire annonce d'une libération future. En effet, le
peuple avait fait l'expérience du fait que cette libération n'avait pas été
définitive, parce que son histoire était encore trop marquée par l'esclavage et
par le péché. Le mémorial de l'antique libération s'ouvrait ainsi à la question
et à l'attente d'une sagesse plus profonde, plus radicale, plus universelle et
plus définitive. C'est dans ce contexte que Jésus introduit la nouveauté de son
offrande. Dans la prière de louange, la Berakah, il ne remercie pas le
Père uniquement pour les événements de l'histoire passée, mais aussi pour son «
exaltation ». En instituant le sacrement de l'Eucharistie, Jésus anticipe et
intègre le Sacrifice de la croix et la victoire de la résurrection. Dans le
même temps, il se révèle comme le véritable agneau immolé, prévu dans le
dessein du Père dès avant la création du monde, ainsi qu'il est écrit dans la
première Lettre de Pierre (cf. 1, 18-20). En situant l'offrande de lui-même
dans ce contexte, Jésus rend manifeste la signification salvifique de sa mort
et de sa résurrection, mystère qui devient ainsi une réalité qui renouvelle
l'histoire et le cosmos tout entier. L'institution de l'Eucharistie montre en
effet que cette mort, en soi violente et absurde, est devenue en Jésus un acte
suprême d'amour et pour l'humanité une libération définitive du mal.
Figura transit in veritatem
11. De cette façon, Jésus insère son novum radical
au sein de l'antique repas sacrificiel juif. Pour nous chrétiens, il n'est plus
nécessaire de répéter ce repas. Comme le disent justement les Pères, figura
transit in veritatem: ce qui annonçait les réalités futures a désormais
laissé place à la vérité elle-même. L'ancien rite s'est accompli et il est
définitivement dépassé à travers l'offrande d'amour du Fils de Dieu incarné. La
nourriture de la vérité, le Christ immolé pour nous, dat figuris terminum.
(20) Par son commandement « Faites cela en mémoire de moi » (Lc 22, 19;
1 Co 11, 25), il nous demande de correspondre à son offrande et de la
représenter sacramentellement. Par ces paroles, le Seigneur exprime donc, pour
ainsi dire, le désir que son Église, née de son sacrifice, accueille ce don,
développant, sous la conduite de l'Esprit Saint, la forme liturgique du
Sacrement. En effet, le mémorial de son offrande parfaite ne consiste pas dans
la simple répétition de la dernière Cène, mais précisément dans l'Eucharistie,
c'est-à-dire dans la nouveauté radicale du culte chrétien. Jésus nous a ainsi
laissé la mission d'entrer dans son « heure ». « L'Eucharistie nous attire dans
l'acte d'offrande de Jésus. Nous ne recevons pas seulement le Logos
incarné de manière statique, mais nous sommes entraînés dans la dynamique de
son offrande ». (21) Il « nous attire en lui ». (22) La conversion
substantielle du pain et du vin en son corps et en son sang met dans la
création le principe d'un changement radical, comme une sorte de « fission
nucléaire », pour utiliser une image qui nous est bien connue, portée au plus
intime de l'être, un changement destiné à susciter un processus de
transformation de la réalité, dont le terme ultime sera la transfiguration du
monde entier, jusqu'au moment où Dieu sera tout en tous (cf. 1 Co 15,
28).
L'Esprit Saint et l'Eucharistie
Jésus et l'Esprit Saint
12. Par sa parole et par le pain et le vin, le
Seigneur lui-même nous a offert les éléments essentiels du culte nouveau.
L'Église, son Épouse, est appelée à célébrer le banquet eucharistique jour
après jour en mémoire de lui. Elle inscrit ainsi le sacrifice rédempteur de son
Époux dans l'histoire des hommes et elle le rend présent sacramentellement dans
toutes les cultures. Ce grand mystère est célébré dans les formes liturgiques
que l'Église, sous la conduite de l'Esprit Saint, développe dans le temps et
dans l'espace. (23) À ce propos, il est nécessaire de réveiller en nous la conscience
du rôle décisif exercé par l'Esprit Saint dans le développement de la forme
liturgique et dans l'approfondissement des mystères divins. Le Paraclet,
premier don fait aux croyants, (24) agissant déjà dans la création (cf. Gn
1, 2), est pleinement présent dans toute l'existence du Verbe incarné: Jésus
Christ, en effet, est conçu de la Vierge Marie par l'action de l'Esprit Saint
(cf. Mt 1, 18; Lc 1, 35); au début de son ministère public, sur
les rives du Jourdain, il le voit descendre sur lui sous la forme d'une colombe
(cf. Mt 3, 16 et par.); par ce même Esprit, il agit, il parle et
il exulte (cf. Lc 10, 21); et c'est en Lui qu'il peut s'offrir lui-même
(cf. He 9, 14). Dans ce qu'on appelle les « discours d'adieu »,
rapportés par Jean, Jésus met clairement en relation le don de sa vie dans le
mystère pascal avec le don de l'Esprit aux siens (cf. Jn 16, 7). Une
fois ressuscité, portant dans sa chair les signes de sa passion, il peut
répandre l'Esprit (cf. Jn 20, 22), rendant les siens participants de sa
mission elle- même (cf. Jn 20, 21). Ce sera alors l'Esprit qui
enseignera toutes choses aux disciples et qui leur rappellera tout ce que le
Christ a dit (cf. Jn 14, 26), parce qu'il lui revient, en tant qu'Esprit
de vérité (cf. Jn 15, 26), d'introduire les disciples dans la vérité
tout entière (cf. Jn 16, 13). Dans le récit des Actes, l'Esprit
descend sur les Apôtres réunis en prière avec Marie, au jour de la Pentecôte
(cf. 2, 1-4), et il les remplit de force en vue de leur mission d'annoncer la
Bonne Nouvelle à tous les peuples. C'est donc en vertu de l'action de l'Esprit
que le Christ lui-même demeure présent et agissant dans son Église, à partir du
centre vital qu'est l'Eucharistie.
Esprit Saint et célébration eucharistique
13. Sur cet arrière-fond, on comprend le rôle
décisif de l'Esprit Saint dans la célébration eucharistique et en particulier
en référence à la transsubstantiation. Les Pères de l'Église en ont une très
forte conscience. Dans ses Catéchèses, saint Cyrille de Jérusalem
rappelle que nous « invoquons Dieu miséricordieux pour qu'il envoie son Esprit
Saint sur les oblats qui sont exposés, afin qu'Il transforme le pain en corps
du Christ et le vin en sang du Christ. Ce que l'Esprit Saint touche est
sanctifié et transformé totalement ». (25) Saint Jean Chrysostome souligne
aussi que le prêtre invoque l'Esprit Saint quand il célèbre le Sacrifice: (26)
comme Élie, le ministre – dit-il – attire l'Esprit Saint afin que, « la grâce
descendant sur la victime, les âmes de tous s'enflamment par elle ». (27) Une
conscience plus claire de la richesse de l'anaphore est d'autant plus
nécessaire pour la vie spirituelle des fidèles: avec les paroles prononcées par
le Christ lors de la dernière Cène, elle contient l'épiclèse, en tant
qu'invocation au Père pour qu'il fasse descendre le don de l'Esprit afin que le
pain et le vin deviennent le corps et le sang de Jésus Christ et que « la
communauté tout entière devienne toujours davantage Corps du Christ ». (28)
L'Esprit, invoqué par le célébrant sur les offrandes du pain et du vin posés
sur l'autel, est le même qui réunit les fidèles « en un seul corps », faisant
d'eux une offrande spirituelle agréable au Père. (29)
Eucharistie, principe causal de l'Église
14. À travers le Sacrement de l'Eucharistie, Jésus
fait entrer les fidèles dans son « heure »; il nous montre ainsi le lien qu'il
a voulu entre lui et nous, entre sa personne et l'Église. En effet, le Christ
lui-même, dans le Sacrifice de la croix, a engendré l'Église comme son épouse
et son corps. Les Pères de l'Église ont médité longuement sur la relation entre
l'origine d'Ève, issue du côté d'Adam endormi (cf. Gn 2, 21-23), et
celle de la nouvelle Ève, l'Église, née du côté du Christ, immergé dans le
sommeil de la mort: de son côté transpercé, raconte Jean, il sortit du sang et
de l'eau (cf. Jn 19, 34), symbole des sacrements. (30) Un regard
contemplatif vers « celui qu'ils ont transpercé » (Jn 19, 37) nous
conduit à considérer le lien causal qui existe entre le sacrifice du Christ,
l'Eucharistie et l'Église. L'Église, en effet, « vit de l'Eucharistie ». (31)
Puisqu'en elle se rend présent le sacrifice rédempteur du Christ, on doit avant
tout reconnaître qu'« aux origines mêmes de l'Église, il y a une influence
causale de l'Eucharistie ». (32) L'Eucharistie est le Christ qui se donne à
nous, en nous édifiant continuellement comme son corps. Par conséquent, dans la
relation circulaire suggestive entre l'Eucharistie qui édifie l'Église et
l'Église elle-même qui fait l'Eucharistie, (33) la causalité première est celle
qui est exprimée dans la première formule: l'Église peut célébrer et adorer le
mystère du Christ présent dans l'Eucharistie justement parce que le Christ
lui-même s'est donné en premier à elle dans le Sacrifice de la croix. La
possibilité, pour l'Église, de « faire » l'Eucharistie est complètement
enracinée dans l'offrande que le Christ lui a faite de lui-même. Nous
découvrons ici aussi un aspect convaincant de la formule de saint Jean: « Il
nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 19). Ainsi, dans chaque célébration,
nous confessons nous aussi le primat du don du Christ. L'influence causale de
l'Eucharistie à l'origine de l'Église révèle en définitive l'antériorité non
seulement chronologique mais également ontologique du fait qu'il nous a aimés «
le premier ». Il est pour l'éternité celui qui nous aime le premier.
Eucharistie et communion ecclésiale
15. L'Eucharistie est donc constitutive de l'être
et de l'agir de l'Église. C'est pourquoi l'Antiquité chrétienne désignait par
la même expression, Corpus Christi, le corps né de la Vierge Marie, le
Corps eucharistique et le Corps ecclésial du Christ. (34) Cette donnée bien
présente dans la tradition nous aide à faire grandir en nous la conscience du
caractère inséparable du Christ et de l'Église. Le Seigneur Jésus, en s'offrant
lui-même pour nous en sacrifice, a annoncé à l'avance dans ce don, de manière
efficace, le mystère de l'Église. Il est significatif que la deuxième prière
eucharistique, en invoquant le Paraclet, formule en ces termes la prière pour
l'unité de l'Église: « Qu'en ayant part au corps et au sang du Christ, nous
soyons rassemblés par l'Esprit Saint en un seul corps ». Ce passage fait
bien comprendre comment la res du Sacrement de l'Eucharistie est l'unité
des fidèles dans la communion ecclésiale. L'Eucharistie se montre ainsi à la
racine de l'Église comme mystère de communion. (35)
Le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, dans son
Encyclique Ecclesia de Eucharistia, avait déjà attiré
l'attention sur la relation entre Eucharistie et communio. Il a parlé du
mémorial du Christ comme de « la plus haute manifestation sacramentelle de la
communion dans l'Église ». (36) L'unité de la communion ecclésiale se révèle
concrètement dans les communautés chrétiennes et elle se renouvelle dans
l'action eucharistique qui les unit et qui les différencie en Églises
particulières, « in quibus et ex quibus una et unica Ecclesia catholica
exsistit ». (37) C'est justement la réalité de l'unique Eucharistie
célébrée dans chaque diocèse autour de l'Évêque qui nous fait comprendre
comment les Églises particulières elles- mêmes subsistent in et ex
Ecclesia. En effet, « l'unicité et l'indivisibilité du Corps eucharistique
du Seigneur impliquent l'unicité de son Corps mystique, qui est l'Église une et
indivisible. C'est à partir de son centre eucharistique que se réalise
l'ouverture nécessaire de toute communauté qui célèbre, de toute Église
particulière: en se laissant attirer par les bras ouverts du Seigneur, on
s'insère dans son Corps, unique et sans division ». (38) C'est pourquoi, dans
la célébration de l'Eucharistie, tout fidèle se trouve dans son Église,
c'est-à-dire dans l'Église du Christ. Dans cette perspective eucharistique,
comprise de manière appropriée, la communion ecclésiale se révèle être, par
nature, une réalité catholique. (39) Souligner cette racine eucharistique de la
communion ecclésiale peut aussi contribuer efficacement au dialogue œcuménique
avec les Églises et avec les Communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine
communion avec le Siège de Pierre. En effet, l'Eucharistie établit de manière
objective un lien d'unité fort entre l'Église catholique et les Églises
orthodoxes, qui ont conservé la nature authentique et entière du mystère de
l'Eucharistie. Dans le même temps, le relief donné au caractère ecclésial de
l'Eucharistie peut aussi devenir un élément privilégié du dialogue avec les
Communautés issues de la Réforme. (40)
Sacramentalité de l'Église
16. Le Concile Vatican II a rappelé que, « quant
aux autres sacrements et à tous les ministères ecclésiaux et aux œuvres
d'apostolat, ils sont étroitement liés à l'Eucharistie et ordonnés à elle. La
très sainte Eucharistie contient en effet l'ensemble des biens spirituels de
l'Église, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, qui par sa
Chair, vivifiée et vivifiante par l'Esprit Saint, procure la vie aux hommes, et
les invite et les conduit à s'offrir eux-mêmes, à offrir leurs travaux et
toutes les choses créées, en union avec lui ». (41) Cette relation intime de
l'Eucharistie avec les autres sacrements et avec l'existence chrétienne est
comprise à sa racine quand on contemple le mystère de l'Église elle-même comme
sacrement. (42) À ce sujet, le Concile Vatican II a affirmé que « l'Église est,
dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire, le signe et
l'instrument de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain
». (43) Comme dit saint Cyprien, en tant que « peuple qui tire son unité de
l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit Saint », (44) elle est sacrement de
la communion trinitaire.
Le fait que l'Église soit « sacrement universel du
salut » (45) montre comment l'économie sacramentelle détermine en définitive la
manière par laquelle le Christ, unique Sauveur, rejoint par l'Esprit notre
existence dans ses spécificités propres. L'Église se reçoit et en même
temps s'exprime dans les sept sacrements par lesquels la grâce de Dieu
influence concrètement l'existence des fidèles, afin que toute leur vie,
rachetée par le Christ, devienne un culte rendu à Dieu. Dans cette perspective,
je désire ici souligner quelques éléments, mis en évidence par les Pères
synodaux, qui peuvent aider à saisir la relation de tous les sacrements avec le
Mystère eucharistique.
I. Eucharistie et initiation chrétienne
Eucharistie, plénitude de l'initiation chrétienne
17. Si l'Eucharistie est véritablement source et
sommet de la vie et de la mission de l'Église, il s'ensuit avant tout que le
chemin de l'initiation chrétienne a pour point de référence la possibilité
d'accéder à ce sacrement. À ce sujet, comme l'ont dit les Pères synodaux, nous
devons nous demander si, dans nos communautés chrétiennes, le lien étroit entre
le Baptême, la Confirmation et l'Eucharistie est suffisamment perçu. (46) Il ne
faut jamais oublier, en effet, que nous sommes baptisés et confirmés en vue de
l'Eucharistie. Une telle donnée implique un engagement dans le but de
favoriser, dans la pratique pastorale, une compréhension plus unifiée du
parcours de l'initiation chrétienne. Le sacrement du Baptême, par lequel nous
avons été conformés au Christ, (47) incorporés à l'Église et établis fils de
Dieu, constitue la porte d'entrée à tous les sacrements. Par lui, nous sommes
insérés dans l'unique Corps du Christ (cf. 1 Co 12, 13), peuple
sacerdotal. Cependant, c'est la participation au Sacrifice eucharistique qui
perfectionne en nous ce qui est donné dans le Baptême. Les dons de l'Esprit
sont aussi donnés pour l'édification du Corps du Christ (1 Co 12) et
pour un plus grand témoignage évangélique dans le monde. (48) Par conséquent,
la sainte Eucharistie porte l'initiation chrétienne à sa plénitude et elle se
situe comme le centre et la fin de toute la vie sacramentelle. (49)
L'ordre des sacrements de l'initiation
18. À cet égard, il est nécessaire de porter
attention à la question de l'ordre des sacrements de l'initiation. Dans
l'Église, il existe des traditions différentes. Une telle diversité se
manifeste avec évidence dans les traditions ecclésiales de l'Orient, (50) et
dans la pratique occidentale elle- même en ce qui concerne l'initiation des
adultes, (51) par rapport à celle des enfants. (52) Néanmoins, de telles
différences ne sont pas proprement d'ordre dogmatique, mais de nature
pastorale. Concrètement, il est nécessaire de vérifier quelle pratique peut en
réalité aider au mieux les fidèles à mettre au centre le sacrement de
l'Eucharistie, comme réalité vers laquelle tend toute l'initiation. En étroite
collaboration avec les Dicastères compétents de la Curie romaine, les
Conférences épiscopales vérifieront l'efficacité des parcours actuels
d'initiation, afin que, par l'action éducative de nos communautés, le chrétien
soit aidé à mûrir toujours davantage, en parvenant à donner à sa vie une
authentique assise eucharistique, de sorte qu'il soit en mesure de rendre
raison de son espérance d'une manière adaptée à notre temps (cf. 1 P 3,
15).
Initiation, communauté ecclésiale et famille
19. Il faut toujours se rappeler que toute
l'initiation chrétienne est un chemin de conversion à parcourir avec l'aide de
Dieu et en relation constante avec la communauté ecclésiale, soit quand un
adulte demande à entrer dans l'Église, comme cela arrive dans les milieux de
première évangélisation ou dans de nombreux milieux sécularisés, soit quand les
parents demandent les sacrements pour leurs enfants. À ce sujet, je désire
surtout attirer l'attention sur la relation entre initiation chrétienne et
famille. Dans l'action pastorale, on doit toujours associer la famille
chrétienne au parcours d'initiation. Recevoir le Baptême, la Confirmation et
s'approcher pour la première fois de l'Eucharistie sont des moments décisifs
non seulement pour la personne qui les reçoit mais aussi pour toute sa famille,
qui doit être soutenue dans sa tâche éducative par la communauté ecclésiale
dans ses diverses composantes. (53) Je voudrais ici souligner l'importance de
la première communion. Pour de très nombreux fidèles, ce jour reste justement
gravé dans la mémoire comme le premier moment où, même si c'est encore de
manière élémentaire, ils ont perçu l'importance de la rencontre personnelle
avec Jésus. La pastorale paroissiale doit mettre en valeur de manière
appropriée une occasion aussi significative.
II. Eucharistie et Sacrement de la Réconciliation
Leur lien intrinsèque
20. Les Pères synodaux ont justement affirmé que
l'amour de l'Eucharistie conduit aussi à apprécier toujours plus le sacrement
de la Réconciliation. (54) À cause du lien entre ces sacrements, une
authentique catéchèse à l'égard du sens de l'Eucharistie ne peut être séparée
de la proposition d'un chemin pénitentiel (cf. 1 Co 11, 27-29). Nous
constatons assurément que, à notre époque, les fidèles se trouvent immergés
dans une culture qui tend à effacer le sens du péché, (55) favorisant un
comportement superficiel qui porte à oublier la nécessité d'être dans la grâce
de Dieu pour s'approcher dignement de la communion sacramentelle. (56) En
réalité, perdre la conscience du péché entraîne toujours aussi une certaine
superficialité dans la compréhension de l'amour de Dieu lui-même. Il est très
utile de rappeler aux fidèles ces éléments qui, dans le rite de la Messe,
explicitent la conscience de leur péché et, simultanément, de la miséricorde de
Dieu. (57) En outre, la relation entre Eucharistie et Réconciliation nous
rappelle que le péché n'est jamais une réalité exclusivement individuelle; il
comporte toujours également une blessure au sein de la communion ecclésiale,
dans laquelle nous sommes insérés par le Baptême. C'est pourquoi la
Réconciliation, comme le disaient les Pères de l'Église, est laboriosus
quidam baptismus, (58) soulignant de cette façon que l'issue du chemin de
conversion est aussi le rétablissement de la pleine communion ecclésiale, qui
se manifeste par le fait de s'approcher à nouveau de l'Eucharistie. (59)
Quelques points d'attention pastorale
21. Le Synode a rappelé qu'il est du devoir
pastoral de l'Évêque de promouvoir dans son diocèse la détermination de revenir
à une pédagogie de la conversion qui naît de l'Eucharistie et d'encourager les
fidèles à la confession fréquente. Tous les prêtres se consacreront avec
générosité, application et compétence à l'administration du sacrement de la
Réconciliation. (60) À ce sujet, on doit prêter attention à ce que les
confessionnaux, dans nos églises, soient bien visibles et expressifs du sens de
ce Sacrement. Je demande aux Pasteurs de veiller attentivement à la célébration
du sacrement de la Réconciliation, en réservant la pratique de l'absolution
générale exclusivement aux cas prévus, (61) la forme personnelle étant la seule
forme ordinaire. (62) Face à la nécessité de redécouvrir le pardon sacramentel,
qu'il y ait toujours dans tous les diocèses un Pénitencier. (63) Enfin,
dans la nouvelle prise de conscience de la relation entre Eucharistie et
Réconciliation, une pratique sage et équilibrée de l'indulgence, gagnée
pour soi-même ou pour les défunts, peut être d'une aide utile. Par elle, on
obtient « la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés
dont la faute est déjà effacée ». (64) L'usage des indulgences nous aide à
comprendre que, par nos seules forces, nous serions incapables de réparer le
mal commis et que les péchés de chacun portent tort à toute la communauté; par
ailleurs, la pratique de l'indulgence, impliquant non seulement la doctrine des
mérites infinis du Christ, mais aussi celle de la communion des saints, nous
dit « combien intime est le lien qui nous unit entre nous dans le Christ, et
combien la vie surnaturelle de chacun peut servir aux autres ». (65) Puisque sa
forme elle-même prévoit, parmi les conditions, le recours à la confession et à
la communion sacramentelle, sa pratique peut soutenir efficacement les fidèles
sur le chemin de la conversion et dans la découverte du caractère central de
l'Eucharistie dans la vie chrétienne.
III. Eucharistie et Onction des malades
22. Jésus n'a pas seulement envoyé ses disciples
pour guérir les malades (cf. Mt 10, 8; Lc 9, 2; 10, 9), mais il a
aussi institué pour eux un Sacrement spécifique: l'Onction des malades. (66) La
Lettre de Jacques atteste déjà la présence de ce geste sacramentel dans
la première communauté chrétienne (cf. 5, 14-16). Si l'Eucharistie montre que
les souffrances et la mort du Christ ont été transformées en amour, l'Onction
des malades, de son côté, associe la personne qui souffre à l'offrande que le
Christ a faite de lui-même pour le salut de tous, de sorte qu'elle aussi puisse,
dans le mystère de la communion des saints, participer à la rédemption du
monde. La relation entre ces sacrements se manifeste également face à
l'aggravation de la maladie: « À ceux qui vont quitter cette vie, l'Église
offre, en plus de l'Onction des malades, l'Eucharistie comme viatique ». (67)
Dans le passage vers le Père, la communion au Corps et au Sang du Christ se
manifeste comme semence de vie éternelle et puissance de résurrection: « Qui
mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai
au dernier jour » (Jn 6, 54). Puisque le Saint Viatique ouvre au malade
la plénitude du mystère pascal, il est nécessaire d'en assurer la pratique.
(68) L'attention et le soin pastoral envers ceux qui sont malades rejaillissent
sûrement en bénéfice spirituel pour toute la communauté, sachant que ce que
nous aurons fait au plus petit, nous l'aurons fait à Jésus lui-même (cf. Mt
25, 40).
IV. Eucharistie et Sacrement de l'Ordre
In persona Christi capitis
23. Le lien intrinsèque entre Eucharistie et
Sacrement de l'Ordre découle des paroles mêmes de Jésus au Cénacle: « Faites
ceci en mémoire de moi » (Lc 22, 19). En effet, Jésus, à la veille de sa
mort, a institué l'Eucharistie et fondé en même temps le sacerdoce de la
Nouvelle Alliance. Il est prêtre, victime et autel: médiateur entre Dieu le
Père et le peuple (cf. He 5, 5-10), victime d'expiation (cf. 1 Jn 2,
2; 4, 10) qui s'offre elle-même sur l'autel de la croix. Personne ne peut dire
« ceci est mon corps » et « ceci est la coupe de mon sang » si ce n'est au nom
et en la personne du Christ, unique souverain prêtre de la nouvelle et
éternelle Alliance (cf. He 8-9). Au cours d'autres assemblées, le Synode
des Évêques avait déjà abordé le sujet du ministère ordonné, soit pour ce qui
regarde l'identité du ministère, (69) soit pour la formation des candidats.
(70) En cette circonstance, à la lumière du dialogue intervenu au sein de
l'assemblée synodale, je tiens à rappeler quelques points relatifs au rapport
entre Sacrement de l'Eucharistie et Sacrement de l'Ordre. Il est avant tout
nécessaire de rappeler que le lien entre l'Ordre sacré et l'Eucharistie
est visible précisément dans la Messe présidée par l'Évêque ou par le prêtre
au nom du Christ-Tête.
La doctrine de l'Église fait de l'ordination sacerdotale
la condition indispensable pour la célébration valide de l'Eucharistie. (71) En
effet, « dans le service ecclésial du ministre ordonné, c'est le Christ
lui-même qui est présent à son Église en tant que Tête de son Corps, Pasteur de
son troupeau, grand prêtre du sacrifice rédempteur ». (72) De façon certaine,
le ministre ordonné « agit aussi au nom de toute l'Église lorsqu'il présente à
Dieu la prière de l'Église et surtout lorsqu'il offre le sacrifice
eucharistique ». (73) Il est donc nécessaire que les prêtres aient conscience
que, dans tout leur ministère, ils ne doivent jamais se mettre au premier plan,
eux-mêmes ou leurs opinions, mais Jésus Christ. Toute tentative de se poser
soi-même comme protagoniste de l'action liturgique contredit l'identité
sacerdotale. Le prêtre est plus que jamais serviteur et il doit s'engager
continuellement à être le signe qui, en tant qu'instrument docile entre les
mains du Christ, renvoie à Lui. Cela se traduit particulièrement dans
l'humilité avec laquelle le prêtre guide l'action liturgique, dans l'obéissance
au rite, en y adhérant de cœur et d'esprit, en évitant tout ce qui pourrait
donner l'impression d'une initiative propre inopportune. Je recommande donc au
clergé d'approfondir toujours la conscience de son ministère eucharistique
comme humble service rendu au Christ et à son Église. Le sacerdoce, comme le
disait saint Augustin, est amoris officium, (74) est l'office du bon
pasteur, qui offre sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 14-15).
Eucharistie et célibat sacerdotal
24. Les Pères synodaux ont voulu souligner que le
sacerdoce ministériel requiert, à travers l'ordination, l'entière configuration
au Christ. Tout en respectant les pratiques différentes et la tradition
orientale, il convient de rappeler le sens profond du célibat sacerdotal,
justement considéré comme une richesse inestimable et confirmé aussi dans la
pratique orientale pour les candidats à l'épiscopat. Dans un tel choix, en
effet, le dévouement qui conforme le prêtre au Christ et l'offrande exclusive de
lui-même pour le Règne de Dieu trouvent une expression particulière. (75) Le
fait que le Christ lui-même, prêtre pour l'éternité, ait vécu sa mission
jusqu'au Sacrifice de la croix dans l'état de virginité constitue le point de
référence sûr pour recueillir le sens de la tradition de l'Église latine sur
cette question. Il n'est donc pas suffisant de comprendre le célibat sacerdotal
en termes purement fonctionnels. En réalité, il est une conformation
particulière au style de vie du Christ lui-même. Ce choix est avant tout
sponsal; il est identification au cœur du Christ Époux, qui donne sa vie pour
son Épouse. Unie à la grande tradition ecclésiale, au Concile Vatican II (76) et aux Souverains
Pontifes mes prédécesseurs, (77) je redis la beauté et l'importance
d'une vie sacerdotale vécue dans le célibat comme signe exprimant le don de soi
total et exclusif au Christ, à l'Église et au Règne de Dieu, et j'en confirme
donc le caractère obligatoire pour la tradition latine. Le célibat sacerdotal
vécu avec maturité, joie et dévouement est une très grande bénédiction pour
l'Église et pour la société elle-même.
Manque de prêtres et pastorale des vocations
25. À propos du lien entre Sacrement de l'Ordre et
Eucharistie, le Synode s'est arrêté sur la situation difficile qui apparaît
dans divers diocèses lorsqu'on doit faire face à la pénurie de prêtres. Cela se
produit non seulement dans certaines zones de première évangélisation, mais
également dans de nombreux pays de longue tradition chrétienne. Une plus juste
répartition des prêtres contribuera certainement à la solution du problème. Un
travail de large sensibilisation est donc nécessaire. Les Évêques impliqueront
dans les nécessités pastorales les Instituts de Vie consacrée et les nouvelles
réalités ecclésiales, dans le respect de leur charisme propre, et ils
solliciteront tous les membres du clergé à une plus grande disponibilité pour
servir l'Église là où il en est besoin, même au prix de sacrifices. (78) En
outre, au cours du Synode, on a aussi discuté des attentions pastorales à
mettre en œuvre pour favoriser, surtout chez les jeunes, l'ouverture intérieure
à la vocation sacerdotale. Une telle situation ne peut trouver de solution par
de simples moyens pragmatiques. Il faut éviter que les Évêques, poussés par des
préoccupations fonctionnelles bien compréhensibles à cause du manque de
prêtres, n'effectuent pas le discernement vocationnel qui convient et qu'ils
admettent à la formation spécifique et à l'ordination des candidats qui ne
possèdent pas les caractéristiques nécessaires pour le service sacerdotal. (79)
Un clerc qui n'est pas suffisamment formé, admis à l'ordination sans le
discernement requis, pourra difficilement offrir un témoignage capable de
susciter chez les autres le désir de répondre avec générosité à l'appel du
Christ. En réalité, la pastorale vocationnelle doit impliquer toute la
communauté chrétienne dans toutes ses composantes. (80) Évidemment, ce large
travail pastoral comprend également la sensibilisation des familles, souvent
indifférentes si ce n'est ouvertement opposées à l'hypothèse de la vocation
sacerdotale. Qu'elles s'ouvrent avec générosité au don de la vie et qu'elles
éduquent leurs enfants à être disponibles à la volonté de Dieu. En résumé, il
faut surtout avoir le courage de proposer aux jeunes la radicalité de la vie à
la suite du Christ, en en montrant l'attrait.
Gratitude et espérance
26. Enfin, il est nécessaire d'avoir plus de foi
et d'espérance en l'initiative divine. Même si, dans certaines régions, on
enregistre une pénurie de prêtres, on ne doit jamais douter du fait que le
Christ continue d'appeler des hommes qui, abandonnant toute autre activité, se
consacrent totalement à la célébration des saints Mystères, à la prédication de
l'Évangile et au ministère pastoral. En cette circonstance, je souhaite me
faire l'écho de la gratitude de toute l'Église pour les Évêques et les prêtres,
qui remplissent leur mission avec un dévouement et un zèle fidèles.
Naturellement, ce remerciement de l'Église s'adresse aussi aux diacres, à qui
sont imposées les mains « non pour le sacerdoce mais pour le service ». (81)
Comme l'a recommandé l'Assemblée du Synode, j'adresse un remerciement spécial
aux prêtres fidei donum, qui, avec compétence et généreux dévouement,
construisent la communauté en lui annonçant la Parole de Dieu et en lui
partageant le Pain de la vie, sans épargner leurs forces dans le service de la
mission de l'Église. (82) Il faut remercier Dieu pour les nombreux prêtres qui
ont souffert jusqu'au sacrifice de leur vie pour servir le Christ. En eux, par
l'éloquence des faits, se révèle ce que signifie être prêtre jusqu'au bout. Il
s'agit de témoignages émouvants qui peuvent inspirer beaucoup de jeunes à
suivre le Christ à leur tour et à donner leur vie pour les autres, trouvant
ainsi la vie véritable.
V. Eucharistie et Mariage
Eucharistie, sacrement sponsal
27. L'Eucharistie, sacrement de la charité, fait
apparaître un rapport particulier avec l'amour entre l'homme et la femme, unis
par le mariage. Approfondir ce lien est une nécessité propre à notre temps.
(83) Le Pape Jean-Paul II a eu plusieurs fois l'occasion d'affirmer le caractère
sponsal de l'Eucharistie et son rapport particulier avec le Sacrement du
Mariage: « L'Eucharistie est le sacrement de notre rédemption. C'est le
sacrement de l'Époux, de l'Épouse ». (84) Du reste, « toute la vie chrétienne
porte le signe de l'amour sponsal du Christ et de l'Église. Déjà le Baptême,
qui fait entrer dans le peuple de Dieu, est un mystère nuptial: c'est pour
ainsi dire le bain de noces qui précède le banquet des noces, l'Eucharistie ».
(85) L'Eucharistie fortifie d'une manière inépuisable l'unité et l'amour
indissoluble de tout mariage chrétien. En lui, en vertu du sacrement, le lien
conjugal est intrinsèquement relié à l'unité eucharistique entre le Christ
époux et l'Église épouse (cf. Ep 5, 31-32). Le consentement mutuel que
mari et femme échangent dans le Christ, et qui fait d'eux une communauté de vie
et d'amour, a lui aussi une dimension eucharistique. En effet, dans la
théologie paulinienne, l'amour sponsal est le signe sacramentel de l'amour du
Christ pour son Église, un amour qui a son point culminant dans la croix,
expression de ses « noces » avec l'humanité et, en même temps, origine et
centre de l'Eucharistie. Voilà pourquoi l'Église manifeste une proximité
spirituelle particulière à tous ceux qui ont fondé leur famille sur le sacrement
de Mariage. (86) La famille – Église domestique (87) – est une cellule
primordiale de la vie de l'Église, en particulier pour son rôle décisif
concernant l'éducation chrétienne des enfants. (88) Dans ce contexte, le Synode
a recommandé aussi de reconnaître la mission particulière de la femme dans la
famille et dans la société, une mission qui doit être défendue, sauvegardée et
promue. (89) Son identité d'épouse et de mère constitue une réalité
imprescriptible qui ne doit jamais être dévaluée.
Eucharistie et unicité du mariage
28. C'est précisément à la lumière de cette
relation intrinsèque entre mariage, famille et Eucharistie qu'il est possible
de considérer certains problèmes pastoraux. Le lien fidèle, indissoluble et
exclusif qui unit le Christ et l'Église, et qui trouve son expression
sacramentelle dans l'Eucharistie, est en relation avec le donné anthropologique
originel par lequel l'homme doit être uni de manière définitive à une seule
femme et réciproquement (cf. Gn 2, 24; Mt 19, 5). Sur cet
arrière-fond de pensées, le Synode des Évêques a étudié le thème des pratiques
pastorales concernant ceux qui entendent l'annonce de l'Évangile, provenant de
cultures où se pratique la polygamie. Ceux qui se trouvent dans une telle
situation et qui s'ouvrent à la foi chrétienne doivent être aidés pour intégrer
leur projet humain dans la nouveauté radicale du Christ. Au cours du
catéchuménat, le Christ les rejoint dans leur condition spécifique et il les
appelle à la pleine vérité de l'amour, passant à travers les renoncements
nécessaires, en vue de la communion ecclésiale parfaite. L'Église les
accompagne par une pastorale pleine de douceur et en même temps de fermeté,
(90) en leur montrant surtout la lumière qui, venant des mystères chrétiens, se
reflète sur la nature et sur les désirs humains.
Eucharistie et indissolubilité du mariage
29. Si l'Eucharistie exprime le caractère
irréversible de l'amour de Dieu pour son Église dans le Christ, on comprend
pourquoi elle implique, en relation au sacrement de Mariage, l'indissolubilité
à laquelle tout véritable amour ne peut qu'aspirer. (91) L'attention pastorale
que le Synode a réservée aux situations douloureuses dans lesquelles se
trouvent de nombreux fidèles qui, après avoir célébré le sacrement de Mariage,
ont divorcé et contracté une nouvelle union, est donc plus que justifiée. Il
s'agit d'un problème pastoral épineux et complexe, une vraie plaie du contexte
social actuel, qui touche de manière croissante les milieux catholiques
eux-mêmes. Par amour de la vérité, les Pasteurs sont obligés de bien discerner
les diverses situations, pour aider spirituellement de la façon la plus
appropriée les fidèles concernés. (92) Le Synode des Évêques a confirmé la
pratique de l'Église, fondée sur la Sainte Écriture (cf. Mc 10, 2-12),
de ne pas admettre aux sacrements les divorcés remariés, parce que leur état et
leur condition de vie contredisent objectivement l'union d'amour entre le
Christ et l'Église, qui est signifiée et mise en œuvre dans l'Eucharistie.
Toutefois, les divorcés remariés, malgré leur situation, continuent
d'appartenir à l'Église, qui les suit avec une attention spéciale, désirant
qu'ils développent, autant que possible, un style de vie chrétien, par la
participation à la Messe, mais sans recevoir la Communion, par l'écoute de la
Parole de Dieu, par l'adoration eucharistique et la prière, par la
participation à la vie de la communauté, par le dialogue confiant avec un
prêtre ou un guide spirituel, par le dévouement à la charité vécue et les
œuvres de pénitence, par l'engagement dans l'éducation de leurs enfants.
Là où surgissent des doutes légitimes sur la
validité du Mariage sacramentel qui a été contracté, il convient d'entreprendre
ce qui est nécessaire pour en vérifier le bien-fondé. Il faut aussi s'assurer,
dans le plein respect du droit canonique, (93) de la présence sur le territoire
de tribunaux ecclésiastiques, de leur caractère pastoral, de leur
fonctionnement correct et rapide. (94) Il importe qu'il y ait, dans chaque
diocèse, un nombre suffisant de personnes préparées pour le bon fonctionnement
des tribunaux ecclésiastiques. Je rappelle que « c'est une obligation grave que
le travail institutionnel de l'Église réalisé dans les tribunaux soit rendu
toujours plus proche des fidèles ». (95) Il est cependant nécessaire d'éviter
de comprendre la préoccupation pastorale comme si elle était en opposition avec
le droit. On doit plutôt partir du présupposé que le point fondamental de
rencontre entre le droit et la pastorale est l'amour de la vérité: cette
dernière en effet n'est jamais abstraite, mais « elle s'intègre dans
l'itinéraire humain et chrétien de tout fidèle ». (96) Enfin, là où la nullité
du lien matrimonial n'est pas reconnue et où des conditions objectives rendent
de fait la vie commune irréversible, l'Église encourage ces fidèles à s'engager
à vivre leur relation selon les exigences de la Loi de Dieu, comme amis, comme
frère et sœur; ils pourront ainsi s'approcher de la table eucharistique, avec
les attentions prévues par la pratique éprouvée de l'Église. Un tel chemin,
pour qu'il soit possible et qu'il porte du fruit, doit être soutenu par l'aide
des pasteurs et par des initiatives ecclésiales appropriées, en évitant, dans
tous les cas, de bénir ces relations, pour que ne surgissent pas chez les
fidèles des confusions autour de la valeur du Mariage. (97)
Vu la complexité du contexte culturel dans lequel
vit l'Église dans beaucoup de pays, le Synode a aussi recommandé d'avoir le
plus grand soin pastoral pour la formation des fiancés et pour la vérification
attentive de leurs convictions concernant les engagements prescrits pour la
validité du sacrement de Mariage. Un sérieux discernement à ce sujet pourra
éviter que des élans émotifs ou des raisons superficielles conduisent les deux
jeunes à assumer des responsabilités qu'ils ne sauront ensuite honorer. (98) Le
bien que l'Église et la société tout entière attendent du mariage et de la
famille fondée sur lui est trop grand pour qu'on ne s'engage pas totalement
dans ce domaine pastoral spécifique. Mariage et famille sont des institutions
qui doivent être promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur
vérité, parce que tout dommage qui leur est causé constitue de fait une
blessure pour la convivialité humaine comme telle.
Eucharistie: don à l'homme en chemin
30. S'il est vrai que les sacrements sont une
réalité qui appartient à l'Église qui chemine dans l'histoire (99) vers la
pleine manifestation de la victoire du Christ ressuscité, il est cependant tout
aussi vrai que, spécialement dans la liturgie eucharistique, il nous est donné
de goûter l'accomplissement eschatologique vers lequel tout homme et toute la
création sont en chemin (cf. Rm 8, 19 s.). L'homme est créé pour le
bonheur véritable et éternel, que seul l'amour de Dieu peut donner. Mais notre
liberté blessée s'égarerait s'il n'était pas possible d'expérimenter dès
maintenant quelque chose de l'accomplissement à venir. Du reste, tout homme a
besoin, pour pouvoir cheminer dans la bonne direction, d'être orienté vers le
but final. En réalité, cette fin ultime est le Christ Seigneur lui-même,
vainqueur du péché et de la mort, qui se rend présent à nous de manière
spéciale dans la célébration eucharistique. Ainsi, tout en étant encore, nous
aussi, « des gens de passage et des voyageurs » (1 P 2, 11) dans ce
monde, nous participons déjà dans la foi à la plénitude de la vie ressuscitée.
Le banquet eucharistique, révélant sa dimension fortement eschatologique, vient
en aide à notre liberté en chemin.
Le banquet eschatologique
31. Réfléchissant à ce mystère, nous pouvons dire
que, par sa venue, Jésus s'est mis en rapport avec l'attente présente dans le
peuple d'Israël, dans l'humanité tout entière et en définitive dans la création
elle-même. Par le don de lui-même, il a objectivement inauguré le temps
eschatologique. Le Christ est venu pour rassembler le peuple de Dieu dispersé
(cf. Jn 11, 52), manifestant clairement l'intention de rassembler la
communauté de l'alliance, pour porter à leur achèvement les promesses de Dieu
faites à nos pères (cf. Jr 23, 3; 31, 10; Lc 1, 55.70). Dans
l'appel des Douze, qu'il faut mettre en relation avec les douze tribus
d'Israël, et dans le mandat qui leur est confié lors de la dernière Cène, avant
sa Passion rédemptrice, de célébrer son mémorial, Jésus a montré qu'il voulait
transférer à toute la communauté qu'il avait fondée le devoir d'être, dans
l'histoire, le signe et l'instrument du rassemblement eschatologique, inauguré
en lui. En toute célébration eucharistique se réalise donc sacramentellement le
rassemblement eschatologique du peuple de Dieu. Le banquet eucharistique est
pour nous une réelle anticipation du banquet final, annoncé par les prophètes
(cf. Is 25, 6-9) et décrit par le Nouveau Testament comme « les noces de
l'Agneau » (Ap 19, 7-9), qui doivent se célébrer dans la joie de la
communion des saints. (100)
Prière pour les défunts
32. La célébration eucharistique, où nous
annonçons la mort du Seigneur et où nous proclamons sa résurrection dans
l'attente de sa venue, est le gage de la gloire future dans laquelle même nos
corps seront glorifiés. Quand nous célébrons le Mémorial de notre salut, se
renforce en nous l'espérance de la résurrection de la chair et de la
possibilité de rencontrer de nouveau, face à face, ceux qui nous ont précédés,
marqués du signe de la foi. Sur cet arrière-fond, je voudrais rappeler à tous
les fidèles, avec les Pères synodaux, l'importance de la prière de suffrage
pour les défunts, en particulier de la célébration de Messes à leur intention,
(101) afin que, purifiés, ils puissent parvenir à la vision béatifique de Dieu.
Redécouvrant la dimension eschatologique inscrite dans l'Eucharistie, célébrée
et adorée, nous sommes ainsi soutenus dans notre chemin et confortés dans
l'espérance de la gloire (cf. Rm 5, 2; Tt 2, 13).
L'Eucharistie et la Vierge Marie
33. Le contour de l'existence chrétienne, appelée
à être à chaque instant un culte spirituel et une offrande de soi agréable à
Dieu, émerge dans son ensemble du rapport entre l'Eucharistie et les autres
sacrements, et de la signification eschatologique des saints Mystères. Et s'il
est vrai que nous sommes tous encore en chemin vers le plein accomplissement de
notre espérance, cela n'enlève pas qu'on puisse reconnaître dès maintenant avec
gratitude que ce que Dieu nous a donné trouve sa parfaite réalisation dans la
Vierge Marie, Mère de Dieu et notre Mère: son Assomption au ciel, corps et âme,
est pour nous signe d'espérance certaine, en tant qu'elle nous montre à nous,
pèlerins dans le temps, le but eschatologique que le sacrement de l'Eucharistie
nous fait goûter dès maintenant.
En Marie très sainte nous voyons aussi
parfaitement actualisée la modalité sacramentelle par laquelle Dieu rejoint et
engage la créature humaine dans son initiative salvifique. De l'Annonciation à
la Pentecôte, Marie de Nazareth apparaît comme la personne dont la liberté est
totalement disponible à la volonté de Dieu. Son Immaculée Conception se révèle
précisément dans sa docilité inconditionnelle à la Parole divine. La foi
obéissante est la forme que sa vie assume en chaque instant devant l'action de
Dieu. Vierge à l'écoute, elle vit en pleine syntonie avec la volonté divine;
elle garde dans son cœur les paroles qui lui viennent de Dieu et, les ordonnant
comme dans une mosaïque, elle se prépare à les comprendre plus profondément
(cf. Lc 2, 19.51); Marie est la grande Croyante qui, pleine de
confiance, se met entre les mains de Dieu, s'abandonnant à sa volonté. (102) Ce
mystère s'intensifie jusqu'à parvenir à son plein achèvement dans la mission
rédemptrice de Jésus. Comme l'a affirmé le Concile Vatican II, « la
bienheureuse Vierge, elle aussi, avança dans son pèlerinage de foi, et elle a
gardé fidèlement son union avec son Fils jusqu'à la croix, au pied de laquelle,
non sans un dessein divin, elle se tint debout (cf. Jn 19, 25),
compatissant vivement avec son Fils unique, s'associant d'un cœur maternel à
son sacrifice et donnant le consentement de son amour à l'immolation de la
victime née d'elle; et finalement, elle a été donnée par le Christ Jésus
lui-même, mourant sur la croix, comme mère au disciple, par ces paroles:
“Femme, voici ton fils” ». (103) De l'Annonciation à la Croix, Marie est celle
qui accueille la Parole faite chair en elle et qui va jusqu'à se taire dans le
silence de la mort. C'est elle, enfin, qui reçoit dans ses bras le corps livré,
désormais inanimé, de Celui qui vraiment a aimé les siens « jusqu'au bout » (Jn
13, 1).
C'est pourquoi, chaque fois que dans la liturgie
eucharistique nous nous approchons du Corps et du Sang du Christ, nous nous
tournons également vers elle qui a accueilli pour toute l'Église le sacrifice
du Christ, en y adhérant pleinement. Les Pères synodaux ont justement affirmé
que « Marie inaugure la participation de l'Église au sacrifice du Rédempteur ».
(104) Elle est l'Immaculée qui accueille inconditionnellement le don de Dieu
et, de cette façon, elle est associée à l'œuvre du salut. Marie de Nazareth,
icône de l'Église naissante, nous montre que chacun de nous est appelé à
accueillir le don que Jésus fait de lui-même dans l'Eucharistie.
EUCHARISTIE, MYSTÈRE À CÉLÉBRER
« Amen, amen, je vous le dis: ce n'est pas Moïse
qui vous a donné
le pain venu du ciel; c'est mon Père qui vous donne
le vrai pain venu du ciel » (Jn 6, 32)
Lex orandi et lex credendi
34. Le Synode des Évêques a beaucoup réfléchi sur
la relation intrinsèque entre foi eucharistique et célébration, mettant en
évidence le lien entre lex orandi et lex credendi, et soulignant
le primat de l'action liturgique. Il est nécessaire de vivre
l'Eucharistie comme mystère de la foi authentiquement célébré, dans la
conscience claire que « l'intellectus fidei est toujours originellement
en rapport avec l'action liturgique de l'Église ». (105) Dans cette
perspective, la réflexion théologique ne peut jamais faire abstraction de
l'ordre sacramentel institué par le Christ lui-même. D'autre part, l'action
liturgique ne peut jamais être considérée d'une manière générique,
indépendamment du mystère de la foi. En effet, la source de notre foi et de la
liturgie eucharistique est le même événement: le don que le Christ fait de
lui-même dans le Mystère pascal.
Beauté et liturgie
35 La relation entre mystère auquel on croit et
mystère que l'on célèbre se manifeste d'une façon particulière dans la valeur
théologique et liturgique de la beauté. En effet, la liturgie, comme du reste
la Révélation chrétienne, a un lien intrinsèque avec la beauté: elle est
veritatis splendor. Dans la liturgie resplendit le Mystère pascal par
lequel le Christ lui-même nous attire à lui et nous appelle à la communion. En
Jésus, comme saint Bonaventure aimait à le dire, nous contemplons la beauté et
la splendeur des origines. (106) L'attribut auquel nous faisons référence n'est
pas pur esthétisme, mais modalité par laquelle la vérité de l'amour de Dieu,
manifesté dans le Christ, nous rejoint, nous fascine et nous emporte, nous
faisant sortir de nous-mêmes et nous attirant ainsi vers notre vocation
véritable: l'amour. (107) Déjà dans la création, Dieu se laisse entrevoir dans
la beauté et dans l'harmonie du cosmos (cf. Sg 13, 5; Rm 1,
19-20). Dans l'Ancien Testament, nous trouvons aussi des signes remarquables de
la splendeur de la puissance de Dieu, qui se manifeste par sa gloire à travers
les prodiges réalisés au milieu du peuple élu (cf. Ex 14; 16, 10; 24,
12- 18; Nb 14, 20-23). Dans le Nouveau Testament, cette épiphanie de
beauté s'accomplit de manière définitive dans la révélation de Dieu en Jésus
Christ: (108) il est la pleine manifestation de la gloire divine. Dans la
glorification du Fils, la gloire du Père resplendit et elle se communique (cf. Jn
1, 14; 8, 54; 12, 28; 17, 1). Toutefois, cette beauté n'est pas une simple
harmonie de formes; celui qui est « beau, comme aucun des enfants des hommes »
(Ps 45 [44], 3) est aussi mystérieusement celui qui « n'était ni beau ni
brillant pour attirer nos regards » (Is 53, 2). Jésus Christ nous montre
que la vérité de l'amour sait transfigurer aussi le mystère obscur de la mort
dans la lumière rayonnante de la résurrection. Ici, la splendeur de la gloire
de Dieu dépasse toute beauté présente dans le monde. La beauté véritable est
l'amour de Dieu, qui s'est définitivement révélé à nous dans le mystère pascal.
La beauté de la liturgie fait partie de ce
mystère; elle est expression très haute de la gloire de Dieu et elle constitue,
en un sens, le Ciel qui vient sur la terre. Le mémorial du sacrifice rédempteur
porte en lui-même les traits de la beauté de Jésus dont Pierre, Jacques et Jean
ont donné témoignage quand le Maître, en marche vers Jérusalem, voulut être
transfiguré devant eux (cf. Mc 9, 2). Par conséquent, la beauté n'est
pas un facteur décoratif de l'action liturgique; elle en est plutôt un élément
constitutif, en tant qu'elle est un attribut de Dieu lui-même et de sa
révélation. Tout cela doit nous rendre conscients de l'attention que nous
devons avoir afin que l'action liturgique resplendisse selon sa nature propre.
La célébration eucharistique,
œuvre du « Christus totus »
Christus totus in capite et in corpore
36. La beauté intrinsèque de la liturgie a pour
sujet propre le Christ ressuscité et glorifié dans l'Esprit Saint, qui inclut
l'Église dans son action. (109) Dans cette perspective, il est très suggestif
de se rappeler les paroles de saint Augustin qui décrivent de manière efficace
la dynamique de foi propre à l'Eucharistie. Le grand saint d'Hippone, en
faisant justement référence au Mystère eucharistique, fait apparaître que le
Christ lui-même nous assimile à lui: « Ce pain que vous voyez sur l'autel,
sanctifié par la parole de Dieu, est le corps du Christ. La coupe, ou mieux
encore ce que la coupe contient, sanctifié par les paroles de Dieu, est le sang
du Christ. Par ces signes, le Christ Seigneur a voulu nous confier son corps et
son sang, qu'il a répandu pour nous, pour la rémission des péchés. Si vous les
avez bien reçus, vous êtes vous-mêmes celui que vous avez reçu ». (110) Par
conséquent, « nous sommes devenus, non seulement des chrétiens, mais le Christ
lui-même ». (111) Par là, nous pouvons contempler la mystérieuse action de Dieu
qui comporte l'unité profonde entre nous et le Seigneur Jésus: « Le Christ
n'est pas dans la tête sans être dans le corps, le Christ est tout entier dans
la tête et dans le corps ». (112)
L'Eucharistie et le Christ ressuscité
37. Puisque la liturgie eucharistique est
essentiellement actio Dei dont nous sommes participants en Jésus par
l'Esprit, son fondement n'est pas à la disposition de notre arbitraire et il ne
peut subir la pression des modes du moment. L'irréfutable affirmation de saint
Paul vaut aussi dans ce cas: « Les fondations, personne ne peut en poser
d'autres que celles qui existent déjà: ces fondations, c'est Jésus Christ » (1
Co 3, 11). L'Apôtre des Nations nous assure encore, pour ce qui est de
l'Eucharistie, qu'il ne nous communique pas une doctrine personnelle, mais ce
que lui-même a reçu (cf. 1 Co 11, 23). La célébration de l'Eucharistie
implique, en effet, la Tradition vivante. L'Église célèbre le Sacrifice
eucharistique en obéissance au commandement du Christ, à partir de l'expérience
du Ressuscité et de l'effusion de l'Esprit Saint. Pour cette raison, la
communauté chrétienne se réunit depuis les origines pour la fractio panis, le
Jour du Seigneur. Le dimanche, jour où le Christ est ressuscité d'entre les
morts, est aussi le premier jour de la semaine, celui en qui la tradition
vétéro-testamentaire voyait le commencement de la création. Le jour de la
création est désormais devenu le jour de la « création nouvelle », le jour de
notre libération où nous faisons mémoire du Christ mort et ressuscité. (113)
38. Au cours des travaux du Synode, on a
recommandé à de nombreuses reprises la nécessité de dépasser toute séparation
possible entre l'ars celebrandi, à savoir l'art de bien célébrer, et la
participation pleine, active et fructueuse de tous les fidèles. En effet, le
premier moyen de favoriser la participation du peuple de Dieu au Rite sacré est
la célébration appropriée du Rite lui-même. L'ars celebrandi est la
meilleure condition pour une actuosa participatio. (114) L'ars
celebrandi découle de l'obéissance fidèle aux normes liturgiques dans leur
totalité, puisque c'est justement cette façon de célébrer qui a assuré, depuis
2000 ans, la vie de foi de tous les croyants, qui sont appelés à vivre la
célébration en tant que peuple de Dieu, sacerdoce royal, nation sainte (cf.
1 P 2, 4-5.9). (115)
L'Évêque, liturge par excellence
39. S'il est vrai que le peuple de Dieu tout
entier participe à la Liturgie eucharistique, cependant, en relation avec un ars
celebrandi correct, une tâche indéniable revient à ceux qui ont reçu le
sacrement de l'Ordre. Évêques, prêtres et diacres, chacun selon son degré,
doivent considérer la célébration comme leur principal devoir. (116) Cela
concerne avant tout l'Évêque diocésain: en effet, en tant que « premier
dispensateur des mystères de Dieu dans l'Église particulière qui lui est
confiée, il est le guide, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique
». (117) Tout cela est décisif pour la vie de l'Église particulière non
seulement du fait que la communion avec l'Évêque est la condition pour que
toute célébration sur son territoire soit légitime, mais aussi parce qu'il est
lui-même le liturge par excellence de son Église. (118) Il lui revient de
sauvegarder l'unité unanime des célébrations dans son diocèse. L'Évêque doit
donc faire en sorte « que les prêtres, les diacres et les fidèles comprennent
toujours plus le sens authentique des rites et des textes liturgiques et qu'ils
soient ainsi conduits à une célébration de l'Eucharistie active et fructueuse
». (119) J'exhorte en particulier à faire tout ce qui est nécessaire pour que
les célébrations liturgiques présidées par l'Évêque dans l'Église cathédrale se
déroulent dans le plein respect de l'ars celebrandi, afin qu'elles
puissent être considérées comme le modèle pour toutes les églises présentes sur
le territoire. (120)
Le respect des livres liturgiques et de la
richesse des signes
40. En soulignant l'importance de l'ars
celebrandi, on met par conséquent en lumière la valeur des normes liturgiques.
(121) L'ars celebrandi doit favoriser le sens du sacré et l'utilisation
des formes extérieures qui éduquent à un tel sens, comme par exemple l'harmonie
du rite, des vêtements liturgiques, de l'ameublement et du lieu sacré. Là où
les prêtres et les responsables de la pastorale liturgique s'emploient à faire
connaître les livres liturgiques et les normes liturgiques en vigueur, mettant
en évidence les grandes richesses de la Présentation générale du Missel
romain et de la Présentation des Lectures de la Messe, la
célébration eucharistique en tire profit. Dans les communautés ecclésiales, on
croit peut-être déjà les connaître et pouvoir porter un jugement éclairé sur
elles, mais, souvent, il n'en est pas ainsi. En réalité, ces textes contiennent
des richesses qui conservent et qui expriment la foi et le chemin du peuple de
Dieu au long des deux millénaires de son histoire. Pour un ars celebrandi correct,
il est tout aussi important d'être attentif à toutes les formes de langage
prévues par la liturgie: parole et chant, gestes et silences, mouvements du
corps, couleurs liturgiques des vêtements. En effet, la liturgie possède de par
sa nature une variété de registres de communication qui lui permettent de
parvenir à intégrer tout l'être humain. La simplicité des gestes et la sobriété
des signes, effectués dans l'ordre et dans les moments prévus, communiquent et
impliquent plus que le caractère artificiel d'ajouts inopportuns. L'attention
et l'obéissance à la structure propre du rite, tout en exprimant la reconnaissance
du caractère de don de l'Eucharistie, manifestent la volonté du ministre
d'accueillir, avec une docile gratitude, ce don ineffable.
L'art au service de la célébration
41. Le lien profond entre la beauté et la liturgie
doit nous rendre attentifs à toutes les expressions artistiques mises au
service de la célébration. (122) Un aspect important de l'art sacré est
certainement l'architecture des églises, (123) dans lesquelles doit
ressortir l'unité entre les éléments constitutifs du chœur: autel, crucifix,
tabernacle, ambon, siège. À ce propos, on doit garder présent à l'esprit que
l'architecture sacrée a pour but d'offrir à l'Église qui célèbre les mystères
de la foi, en particulier l'Eucharistie, l'espace le plus adapté au déroulement
approprié de son action liturgique. (124) En effet, la nature du temple
chrétien est définie par l'action liturgique elle-même, qui implique le
rassemblement des fidèles (ecclesia), qui sont les pierres vivantes du
temple (cf. 1 P 2, 5).
Ce même principe vaut pour tout l'art sacré en
général, spécialement la peinture et la sculpture, dans lequel l'iconographie
religieuse doit être orientée vers la mystagogie sacramentelle. Une
connaissance approfondie des formes que l'art sacré a su produire tout au long
des siècles peut être d'une grande aide pour les personnes qui, face aux
architectes et aux artistes, ont la responsabilité de la commande d'œuvres
artistiques liées à l'action liturgique. Il est donc indispensable que dans la
formation des séminaristes et des prêtres soit incluse, comme discipline
importante, l'histoire de l'art, avec une référence spéciale aux édifices du
culte à la lumière des normes liturgiques. En définitive, il est nécessaire
qu'en tout ce qui concerne l'Eucharistie, on ait le goût de la beauté. On devra
donc respecter et soigner aussi les vêtements liturgiques, le mobilier, les
vases sacrés, afin que, reliés entre eux de façon organique et ordonnée, ils
entretiennent la vénération pour le mystère de Dieu, qu'ils manifestent l'unité
de la foi et qu'ils renforcent la dévotion. (125)
Le chant liturgique
42. Dans l'ars celebrandi, le chant
liturgique occupe une place importante. (126) Saint Augustin a raison,
lorsqu'il affirme dans un sermon célèbre: « L'homme nouveau sait quel est le
cantique nouveau. Chanter, c'est exprimer sa joie et, si nous y pensons avec un
peu plus d'attention, c'est exprimer son amour ». (127) Le peuple de Dieu
rassemblé pour la célébration chante les louanges de Dieu. L'Église, dans son
histoire bimillénaire, a créé et continue de créer des musiques et des chants
qui constituent un patrimoine de foi et d'amour qui ne doit pas être perdu. En
réalité, dans la liturgie nous ne pouvons pas dire qu'un cantique équivaut à un
autre. À ce sujet, il convient d'éviter l'improvisation générale ou
l'introduction de genres musicaux qui ne sont pas respectueux du sens de la
liturgie. En tant qu'élément liturgique, le chant doit s'intégrer dans la forme
propre de la célébration. (128) Par conséquent, tout – dans le texte, dans la
mélodie, dans l'exécution – doit correspondre au sens du mystère célébré, aux
différents moments du rite et aux temps liturgiques. (129) Enfin, tout en
tenant compte des diverses orientations et des diverses traditions très
louables, je désire que, comme les Pères synodaux l'ont demandé, le chant
grégorien, (130) en tant que chant propre de la liturgie romaine, (131) soit
valorisé de manière appropriée.
La structure de la célébration eucharistique
43. Après avoir rappelé les éléments essentiels de
l'ars celebrandi qui sont apparus dans les travaux synodaux, je voudrais
attirer l'attention de manière plus spécifique sur quelques parties de la
structure de la célébration eucharistique, qui nécessitent, en notre temps, un
soin particulier, afin de demeurer fidèles à l'intention profonde du renouveau
liturgique voulu par le Concile Vatican II, en continuité avec toute la grande
tradition ecclésiale.
Unité intrinsèque de l'action liturgique
44. Avant tout, il est nécessaire de réfléchir à
l'unité intrinsèque du rite de la Messe. Il convient d'éviter que, dans les
catéchèses ou dans les modalités de la célébration, on laisse paraître une
vision juxtaposée des deux parties du rite. Liturgie de la Parole et liturgie
eucharistique – mis à part les rites d'introduction et de conclusion – « sont
si étroitement liées entre elles qu'elles forment un acte unique du culte ».
(132) En effet, il existe un lien intrinsèque entre la Parole de Dieu et
l'Eucharistie. En écoutant la Parole de Dieu, la foi naît ou se renforce (cf. Rm
10, 17); dans l'Eucharistie, le Verbe fait chair se donne à nous comme
nourriture spirituelle. (133) Ainsi, « des deux tables de la Parole de Dieu et
du Corps du Christ, l'Église reçoit et offre aux fidèles le Pain de vie ».
(134) Par conséquent, on doit constamment garder à l'esprit que la Parole de
Dieu, lue par l'Église et annoncée dans la liturgie, conduit à l'Eucharistie
comme à sa fin naturelle.
La liturgie de la Parole
45. Avec le Synode, je souhaite que la liturgie de
la Parole soit toujours dûment préparée et vécue. Je recommande donc vivement
que, dans les liturgies, on porte une grande attention à la proclamation de la
Parole de Dieu par des lecteurs bien préparés. Nous ne devons jamais oublier
que « lorsqu'on lit dans l'Église la sainte Écriture, c'est Dieu lui-même qui
parle à son peuple, et c'est le Christ, présent dans sa parole, qui annonce son
Évangile ». (135) Si les circonstances le requièrent, on peut penser à quelques
mots d'introduction qui aident les fidèles à en avoir une conscience
renouvelée. La Parole de Dieu, pour être bien comprise, doit être écoutée et
accueillie dans un esprit ecclésial et dans la conscience de son unité avec le
Sacrement de l'Eucharistie. En effet, la Parole que nous annonçons et que nous
écoutons est le Verbe fait chair (cf. Jn 1, 14) et elle fait
intrinsèquement référence à la personne du Christ et à la modalité
sacramentelle de sa permanence. Le Christ ne parle pas dans le passé mais dans
notre présent, comme il est lui-même présent dans l'action liturgique. Sur cet
arrière-fond sacramentel de la révélation chrétienne, (136) la connaissance et
l'étude de la Parole de Dieu nous permettent d'apprécier, de célébrer et de
mieux vivre l'Eucharistie. Là aussi se révèle dans toute sa vérité
l'affirmation selon laquelle « l'ignorance des Écritures est l'ignorance du
Christ ». (137)
Dans ce but, il est nécessaire qu'on aide les
fidèles à apprécier les trésors de la Sainte Écriture présents dans le
lectionnaire au moyen d'initiatives pastorales, de célébrations de la Parole et
de la lecture priante (lectio divina). En outre, qu'on n'oublie pas de
promouvoir les formes de prière confirmées par la tradition: la Liturgie des
Heures, surtout les Laudes, les Vêpres, les Complies, de même que les Vigiles.
La prière des Psaumes, les lectures bibliques et celles de la grande tradition
présentées dans l'Office divin peuvent conduire à une expérience approfondie de
l'événement du Christ et de l'économie du salut, qui peut à son tour enrichir
la compréhension et la participation à la célébration eucharistique. (138)
L'homélie
46. En relation avec l'importance de la Parole de
Dieu, il est nécessaire d'améliorer la qualité de l'homélie. En effet, elle «
fait partie de l'action liturgique »; (139) elle a pour fonction de favoriser
une compréhension plus large et plus efficace de la Parole de Dieu dans la vie
des fidèles. C'est pourquoi les ministres ordonnés doivent « préparer l'homélie
avec soin, en se basant sur une connaissance appropriée de la Sainte Écriture
». (140) On évitera les homélies générales et abstraites. Je demande en
particulier aux ministres de faire en sorte que l'homélie mette la Parole de
Dieu proclamée en étroite relation avec la célébration sacramentelle (141) et
avec la vie de la communauté, en sorte que la Parole de Dieu soit réellement
soutien et vie de l'Église. (142) Que l'on garde donc présent à l'esprit le but
catéchétique et exhortatif de l'homélie. Il paraît opportun, à partir du
lectionnaire triennal, de proposer aux fidèles, avec discernement, des homélies
thématiques qui, tout au long de l'année liturgique, traiteront les grands
thèmes de la foi chrétienne, puisant à ce qui est proposé avec autorité par le
Magistère dans les quatre « piliers » du Catéchisme de l'Église catholique et
dans le récent Abrégé: la profession de foi, la célébration du mystère
chrétien, la vie dans le Christ, la prière chrétienne. (143)
La présentation des dons
47. Les Pères synodaux ont aussi attiré
l'attention sur la présentation des dons. Il ne s'agit pas simplement d'une
sorte de « pause » entre la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique.
Cela supprimerait, entre autres, le sens de l'unique rite composé de deux
parties liées entre elles. Dans ce geste humble et simple, se manifeste, en
réalité, une signification très grande: dans le pain et dans le vin que nous
apportons à l'autel, toute la création est assumée par le Christ Rédempteur
pour être transformée et présentée au Père. (144) Dans cette perspective, nous
portons aussi à l'autel toute la souffrance et toute la douleur du monde, dans
la certitude que tout est précieux aux yeux de Dieu. Ce geste, pour être vécu
dans sa signification authentique, n'a pas besoin d'être amplifié par des
complications inopportunes. Il permet de mettre en valeur la participation que
Dieu demande à l'homme, dès les origines, pour porter à son accomplissement
l'œuvre divine en lui et pour donner ainsi un sens plénier au travail humain,
qui, par la célébration eucharistique, est uni au sacrifice rédempteur du
Christ.
La prière eucharistique
48. La prière eucharistique est « le centre et le
sommet de toute la célébration ». (145) Son importance mérite d'être soulignée
de manière appropriée. Les différentes prières eucharistiques contenues dans le
Missel nous sont parvenues par la Tradition vivante de l'Église et elles se
caractérisent par une richesse théologique et spirituelle inépuisable. Les
fidèles doivent être en mesure de l'apprécier. La Présentation générale du
Missel romain nous aide à le faire, nous rappelant les éléments
fondamentaux de chaque prière eucharistique: action de grâce, acclamation,
épiclèse, récit de l'institution, consécration, anamnèse, offrande,
intercession et doxologie finale. (146) En particulier, la spiritualité
eucharistique et la réflexion théologique sont mises en lumière si l'on
contemple la profonde unité dans l'anaphore entre l'invocation de l'Esprit
Saint et le récit de l'institution, (147) où « s'accomplit le sacrifice que le
Christ lui-même institua à la dernière Cène ». (148) En effet, « par des
invocations particulières, l'Église invoque la puissance de l'Esprit Saint,
pour que les dons offerts par les hommes soient consacrés, c'est-à-dire
deviennent le Corps et le Sang du Christ, et pour que la victime sans tache,
que l'on reçoit dans la communion, contribue au salut de ceux qui vont y
participer ». (149)
Le geste de paix
49. L'Eucharistie est par nature Sacrement de la
paix. Cette dimension du Mystère eucharistique trouve dans la célébration
liturgique une expression spécifique par le rite de l'échange de la paix. C'est
sans aucun doute un signe de grande valeur (cf. Jn 14, 27). À notre
époque, si terriblement éprouvée par le poids des conflits, ce geste prend,
même du point de vue de la sensibilité commune, un relief particulier en ce que
l'Église considère toujours plus comme sa tâche propre, à savoir d'implorer du
Seigneur le don de la paix et de l'unité pour elle-même et pour la famille
humaine tout entière. La paix est certainement une aspiration irrépressible,
présente dans le cœur de chacun. L'Église se fait la voix de la demande de paix
et de réconciliation qui monte de l'esprit de toute personne de bonne volonté,
en la faisant se tourner vers Celui qui « est notre paix » (Ep 2, 14) et
qui peut réconcilier peuples et personnes, même là où les tentatives humaines
échouent. À partir de tout cela, on comprend l'intensité avec laquelle le rite
de la paix est ressenti dans la Célébration liturgique. À ce propos, durant le
Synode des Évêques, il a paru toutefois opportun de modérer ce geste, qui peut
prendre des expressions excessives, suscitant un peu de confusion dans
l'assemblée juste avant la Communion. Il est bon de rappeler que la sobriété
nécessaire pour maintenir un climat adapté à la célébration, par exemple en
limitant l'échange de la paix avec la personne la plus proche, n'enlève rien à
la haute valeur du geste. (150)
Distribution et réception de l'Eucharistie
50. Un autre moment de la célébration auquel il
est nécessaire de faire référence concerne la distribution et la réception de
la sainte Communion. Je demande à tous, en particulier aux ministres ordonnés
et aux personnes qui, préparées de manière appropriée et en cas de réelle
nécessité, sont autorisées à exercer le ministère de la distribution de
l'Eucharistie, de faire leur possible pour que le geste, dans sa simplicité,
corresponde à sa valeur de rencontre personnelle avec le Seigneur Jésus dans le
Sacrement. Pour ce qui est des prescriptions pour la pratique correcte, je
renvoie aux documents récemment publiés. (151) Que toutes les communautés
chrétiennes s'en tiennent fidèlement aux normes en vigueur, voyant en elles
l'expression de la foi et de l'amour que tous doivent avoir pour ce sublime
Sacrement. De plus, que l'on n'omette pas le temps précieux d'action de grâce
après la Communion: outre l'exécution d'un chant opportun, il peut aussi être
très utile de se recueillir en silence. (152)
À ce propos, je voudrais attirer l'attention sur
un problème pastoral qu'il est fréquent de rencontrer de nos jours. Je fais
référence au fait que, en certaines circonstances, comme par exemple lors de
Messes célébrées à l'occasion de mariages, de funérailles ou d'événements
analogues, participent à la célébration non seulement des fidèles pratiquants,
mais aussi d'autres qui, malheureusement, ne s'approchent plus de l'autel
depuis des années, ou qui peut-être se trouvent dans une situation de vie qui
ne permet pas l'accès aux sacrements. Il arrive aussi que des personnes
d'autres confessions chrétiennes ou même d'autres religions soient présentes.
Des situations similaires se rencontrent dans des églises qui sont des buts de
visite, surtout dans les grandes villes d'art. On comprend la nécessité de
trouver alors des moyens brefs et incisifs pour rappeler à tous le sens de la
communion sacramentelle et les conditions de sa réception. Là où se rencontrent
des situations dans lesquelles il n'est pas possible de garantir la clarté qui
s'impose sur le sens de l'Eucharistie, on doit évaluer l'opportunité de
remplacer la célébration eucharistique par une célébration de la Parole de
Dieu. (153)
L'envoi: « Ite, missa est »
51. Je voudrais souligner pour terminer ce que les
Pères synodaux ont dit sur la salutation du renvoi à la fin de la célébration
eucharistique. Après la bénédiction, le diacre ou le prêtre renvoie le peuple
avec les paroles: Ite, missa est. Dans ce salut, il nous est
donné de comprendre le rapport entre la Messe célébrée et la mission chrétienne
dans le monde. Dans l'Antiquité, « missa » signifiait tout simplement «
envoi » (dimissio). Dans l'usage chrétien, ce mot a trouvé une
signification bien plus profonde. En réalité, l'expression « envoi » se
transforme en « mission ». Ce salut exprime de manière synthétique la nature
missionnaire de l'Église. Par conséquent, il est bon d'aider le peuple de Dieu
à approfondir cette dimension constitutive de la vie ecclésiale, en s'inspirant
de la liturgie. Dans cette perspective, pour la prière sur le peuple et pour la
bénédiction finale, il peut être utile de disposer de textes dûment approuvés,
qui expliquent ce lien. (154)
Participation authentique
52. Le Concile Vatican II avait opportunément
voulu un développement particulier de la participation active, pleine et fructueuse
du peuple de Dieu tout entier à la célébration eucharistique. (155) Le
renouveau mis en œuvre au cours de ces années a bien certainement favorisé des
progrès notables dans la direction souhaitée par les Pères conciliaires. Nous
ne devons pas cependant nous cacher qu'une certaine incompréhension,
précisément sur le sens de cette participation, s'est parfois manifestée. Il
convient par conséquent de dire clairement que, par ce mot, on n'entend pas
faire référence à une simple attitude extérieure durant la célébration. En
réalité, la participation active souhaitée par le Concile doit être comprise en
termes plus substantiels, à partir d'une plus grande conscience du mystère qui
est célébré et de sa relation avec l'existence quotidienne. Demeure encore
totalement valable la recommandation de la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium qui exhortait les fidèles à ne pas assister à la liturgie eucharistique «
comme des spectateurs étrangers et muets », mais à participer « de façon
consciente, pieuse et active à l'action sacrée ». (156) Développant la
réflexion, le Concile poursuivait: que les fidèles « se laissent instruire par
la Parole de Dieu, refassent leurs forces à la table du Corps du Seigneur,
rendent grâces à Dieu, et qu'offrant la victime sans tache non seulement par
les mains du prêtre, mais aussi en union avec lui, ils apprennent ainsi à
s'offrir eux-mêmes et soient conduits de jour en jour, par le Christ Médiateur,
à la perfection de l'unité avec Dieu et de l'unité entre eux ». (157)
Participation et ministère sacerdotal
53. La beauté et l'harmonie de l'action liturgique
trouvent une expression significative dans l'ordre par lequel chacun est appelé
à participer de manière active. Cela comporte la reconnaissance des différents
rôles hiérarchiques présents dans la célébration elle-même. Il est utile de
rappeler que la participation active à la célébration ne coïncide pas en soi
avec l'accomplissement d'un ministère particulier. Surtout, une confusion qui
serait engendrée par l'incapacité de distinguer, dans la communion ecclésiale,
les diverses tâches qui reviennent à chacun, ne sert pas la cause de la
participation active des fidèles. (158) Il est en particulier nécessaire que
soient clarifiées les tâches spécifiques du prêtre. Ce dernier est de manière
irremplaçable, comme l'atteste la Tradition de l'Église, celui qui préside la
célébration eucharistique tout entière, depuis le salut initial jusqu'à la
bénédiction finale. En vertu de l'Ordre sacré qu'il a reçu, il représente Jésus
Christ, chef de l'Église et, selon son mode propre, il représente aussi
l'Église elle-même. (159) Toute célébration de l'Eucharistie est en effet
dirigée par l'Évêque, « soit par lui-même, soit par les prêtres qui le
secondent ». (160) Il est aidé par le diacre, qui accomplit dans la célébration
certains rôles spécifiques: préparer l'autel et assister le prêtre, annoncer l'Évangile,
éventuellement faire l'homélie, proposer aux fidèles les intentions de la
prière universelle, distribuer l'Eucharistie aux fidèles. (161) En relation
avec ces ministères, liés au sacrement de l'Ordre, on trouve aussi d'autres
ministères liés au service liturgique, accomplis de manière appréciable par des
religieux et par des laïcs formés. (162)
Célébration eucharistique et inculturation
54. À partir des affirmations fondamentales du
Concile Vatican II, l'importance de la participation active des fidèles au
Sacrifice eucharistique a été plus d'une fois soulignée. Pour favoriser cette
implication, on peut faire droit à certains aménagements appropriés aux divers
contextes et aux différentes cultures. (163) Le fait qu'il y ait eu certains
abus n'entache pas la clarté de ce principe, qui doit être maintenu selon les
nécessités réelles de l'Église, qui vit et qui célèbre le même mystère du
Christ dans des situations culturelles différentes. En effet, le Seigneur
Jésus, précisément dans le mystère de l'Incarnation, naissant d'une femme comme
homme parfait (cf. Ga 4, 4), s'est mis en relation directe non seulement
avec les attentes présentes dans l'Ancien Testament, mais aussi avec celles que
nourrissent tous les peuples. De cette façon, il a montré que Dieu entend nous
rejoindre dans notre contexte de vie. Par conséquent, pour une participation
plus efficace des fidèles aux saints Mystères, la poursuite du processus
d'inculturation dans le cadre de la célébration eucharistique est utile, compte
tenu des possibilités d'adaptation offertes par la Présentation générale du
Missel romain, (164) interprétées à la lumière des critères fixés par la
IVe Instruction de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des
Sacrements Varietates legitimae du 25 janvier 1994, (165) et par les
directives exprimées par le Pape Jean-Paul II dans les exhortations
post-synodales Ecclesia in Africa, Ecclesia in America, Ecclesia in Asia, Ecclesia in Oceania, Ecclesia in Europa. (166) Dans ce but, je recommande aux
Conférences épiscopales d'agir en favorisant le juste équilibre entre les critères
et les directives qui existent déjà et les nouveaux aménagements, (167)
toujours en accord avec le Siège apostolique.
Conditions personnelles pour une « actuosa
participatio »
55. Considérant le thème de l'actuosa
participatio des fidèles au rite sacré, les Pères synodaux ont mis aussi en
relief les conditions personnelles dans lesquelles doit se trouver tout fidèle
pour une participation fructueuse. (168) L'une d'elles est assurément l'esprit
de constante conversion qui doit caractériser la vie de tous les fidèles. On ne
peut attendre une participation active à la liturgie eucharistique si l'on s'en
approche de manière superficielle, sans s'interroger auparavant sur sa propre
vie. Le recueillement et le silence, au moins quelques minutes avant le début
de la liturgie, le jeûne et, lorsque cela est nécessaire, la Confession
sacramentelle, favorisent, par exemple, cette disposition intérieure. Un cœur
réconcilié avec Dieu permet la vraie participation. Il convient en particulier
de rappeler aux fidèles le fait qu'une actuosa participatio aux saints
Mystères ne peut pas se réaliser si l'on ne cherche pas en même temps à prendre
une part active à la vie ecclésiale dans son intégralité, qui comprend aussi
l'engagement missionnaire de porter l'amour du Christ dans la société.
Sans aucun doute, la pleine participation à
l'Eucharistie se réalise quand on s'approche aussi personnellement de l'autel
pour recevoir la Communion. (169) Toutefois, on doit veiller à ce que cette
juste affirmation n'introduise pas parmi les fidèles un certain automatisme,
comme si par le seul fait de se trouver dans une église durant la liturgie on
avait le droit ou peut-être même le devoir de s'approcher de la Table
eucharistique. Quand il n'est pas possible de s'approcher de la communion
sacramentelle, la participation à la Messe demeure cependant nécessaire,
valable, significative et fructueuse. Dans ces circonstances, il est bon de
cultiver le désir de la pleine union avec le Christ, par exemple par la
pratique de la communion spirituelle, rappelée par Jean-Paul II (170) et
recommandée par de Saints maîtres de vie spirituelle. (171)
Participation des chrétiens non catholiques
56. Avec le thème de la participation, nous avons
inévitablement à traiter la question des chrétiens appartenant à des Églises ou
à des Communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec l'Église
catholique. À ce sujet, on doit dire que, d'une part, le lien intrinsèque
existant entre l'Eucharistie et l'unité de l'Église nous fait désirer ardemment
le jour où nous pourrons célébrer la divine Eucharistie avec tous ceux qui
croient au Christ et exprimer ainsi visiblement la plénitude de l'unité que le
Christ a voulue pour ses disciples (cf. Jn 17, 21). D'autre part, le
respect que nous devons au sacrement du Corps et du Sang du Christ nous empêche
d'en faire un simple « moyen » à utiliser sans discrimination pour atteindre
cette unité elle-même. (172) L'Eucharistie, en effet, ne manifeste pas
seulement notre communion personnelle avec Jésus Christ, mais elle implique
aussi la pleine communio avec l'Église. C'est donc là le motif pour
lequel nous demandons, avec souffrance, mais non sans espérance, aux chrétiens
non catholiques de comprendre et de respecter notre conviction qui se réfère à
la Bible et à la Tradition. Nous considérons que la Communion eucharistique et
la communion ecclésiale sont si intimement liées que cela rend généralement
impossible, pour les chrétiens non catholiques, d'accéder à l'une sans jouir de
l'autre. Une concélébration véritable avec les ministres d'Églises ou de
Communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec l'Église
catholique serait plus encore privée de sens. Il reste vrai toutefois qu'en vue
du salut éternel, il est possible d'admettre des chrétiens non catholiques
individuellement à l'Eucharistie, au sacrement de la Pénitence et à l'Onction
des malades. Cela suppose cependant de vérifier qu'il s'agit de situations
déterminées et exceptionnelles selon des conditions précises. (173) Elles sont
clairement indiquées dans le Catéchisme
de l'Église catholique (174) et dans son Abrégé. (175) C'est le devoir de chacun
de s'y tenir fidèlement.
Participation par les moyens de communication
57. En raison du développement formidable des
moyens de communication, au cours des dernières décennies, le mot «
participation » a acquis une signification plus ample que dans le passé. Nous
reconnaissons tous avec satisfaction que ces instruments offrent aussi de
nouvelles possibilités pour la célébration eucharistique. (176) Cela requiert
des agents pastoraux de ce secteur une préparation spécifique et un vif sens de
la responsabilité. En effet, la Messe transmise à la télévision prend
inévitablement un certain caractère d'exemplarité. On doit donc être
particulièrement attentif à ce que la célébration, non seulement se déroule
dans des lieux dignes et bien préparés, mais respecte les normes liturgiques.
Enfin, pour ce qui concerne la valeur de la
participation à la Messe, rendue possible par les moyens de communication,
celui qui assiste à ces retransmissions doit savoir que, dans des conditions
normales, il ne satisfait pas au précepte dominical. En effet, le langage de
l'image représente la réalité, mais il ne la reproduit pas en elle-même. (177)
S'il est très louable que les personnes âgées et les malades participent à la
Messe dominicale par les retransmissions radio-télévisées, on ne pourrait en
dire autant de celui qui, par ces retransmissions, voudrait se dispenser de se
rendre à l'église pour participer à la célébration eucharistique dans
l'assemblée de l'Église vivante.
« Actuosa participatio » des malades
58. Considérant la condition de ceux qui, pour des
raisons de santé ou d'âge, ne peuvent pas se rendre dans les lieux de culte, je
voudrais attirer l'attention de toute la communauté ecclésiale sur la nécessité
pastorale d'assurer l'assistance spirituelle aux malades, à ceux qui restent
chez eux ou qui se trouvent à l'hôpital. À plusieurs reprises au cours du
Synode des Évêques leur condition a été mentionnée. Il faut faire en sorte que
nos frères et sœurs puissent s'approcher fréquemment de la communion sacramentelle.
Renforçant de cette façon leur relation avec le Christ crucifié et ressuscité,
ils pourront ressentir leur existence comme pleinement insérée dans la vie et
dans la mission de l'Église par l'offrande de leur souffrance en union avec le
sacrifice de notre Seigneur. Une attention particulière doit être réservée aux
personnes handicapées; là où leur condition le leur permet, la communauté
chrétienne doit favoriser leur participation à la célébration dans le lieu de
culte. À ce propos, on fera en sorte d'enlever des lieux de culte d'éventuels
obstacles architecturaux qui empêchent l'accès aux personnes handicapées.
Enfin, la communion eucharistique doit aussi être assurée, autant que possible,
aux handicapés mentaux, baptisés et confirmés: ils reçoivent l'Eucharistie dans
la foi également de leur famille ou de la communauté qui les accompagne. (178)
L'attention aux prisonniers
59. La tradition spirituelle de l'Église, se
fondant sur une parole précise du Christ (cf. Mt 25, 36), a reconnu dans
la visite aux prisonniers l'une des œuvres de miséricorde corporelle. Les
personnes qui se trouvent dans cette situation ont particulièrement besoin
d'être visitées par le Seigneur lui-même dans le sacrement de l'Eucharistie.
Faire l'expérience de la proximité de la communauté ecclésiale, participer à
l'Eucharistie et recevoir la sainte Communion dans une période de la vie si
particulière et si douloureuse peut certainement contribuer à la qualité de son
propre cheminement de foi et favoriser la pleine réinsertion sociale de la
personne. Interprétant les désirs exprimés par l'assemblée synodale, je demande
aux diocèses de faire en sorte que, dans les limites du possible, il y ait un
investissement approprié de forces dans l'activité pastorale concernant
l'assistance spirituelle des détenus. (179)
Les migrants et la participation à l'Eucharistie
60. Abordant le problème des personnes qui, pour
divers motifs, sont contraintes à laisser leur terre, le Synode a exprimé sa
particulière gratitude envers ceux qui sont engagés dans l'assistance pastorale
des migrants. Dans ce contexte, une attention spécifique doit être portée aux
migrants qui appartiennent aux Églises catholiques orientales et pour lesquels,
à l'éloignement de chez eux, s'ajoute la difficulté de ne pas pouvoir
participer à la liturgie eucharistique selon leur rite d'appartenance. C'est
pourquoi, là où c'est possible, on doit leur accorder d'être assistés par des
prêtres de leur rite. En tout cas, je demande aux Évêques d'accueillir ces
frères dans la charité du Christ. La rencontre entre fidèles de rites
différents peut aussi devenir une occasion d'enrichissement mutuel. Je pense en
particulier au bénéfice qui peut découler, surtout pour le clergé, de la
connaissance des diverses traditions. (180)
Les grandes concélébrations
61. L'assemblée synodale a pris en considération
la qualité de la participation dans les grandes célébrations qui se déroulent
dans des circonstances particulières, où il y a aussi, en plus d'un grand
nombre de fidèles, beaucoup de prêtres concélébrants. (181) Il est facile,
d'une part, de reconnaître la valeur de ces moments, spécialement quand c'est
l'Évêque qui préside entouré de son presbytérium et des diacres. D'autre part,
en de telles circonstances, des problèmes peuvent se poser quant à l'expression
visible de l'unité du presbytérium, spécialement dans la prière eucharistique,
et quant à la distribution de la sainte Communion. On doit éviter que ces
grandes concélébrations ne créent la dispersion. On pourvoira à cela par des
moyens de coordination appropriés et en installant le lieu de culte de manière
à permettre aux prêtres et aux fidèles une participation pleine et réelle. Il
faut donc se souvenir qu'il s'agit de concélébrations à caractère exceptionnel
et limitées à des situations extraordinaires.
La langue latine
62. Ce qui vient d'être dit ne doit pas,
toutefois, cacher la valeur de ces grandes liturgies. Je pense en ce moment, en
particulier, aux célébrations qui ont lieu durant des rencontres
internationales, aujourd'hui toujours plus fréquentes. Elles doivent justement
être mises en valeur. Pour mieux exprimer l'unité et l'universalité de
l'Église, je voudrais recommander ce qui a été suggéré par le Synode des
Évêques, en harmonie avec les directives du Concile Vatican II: (182) excepté les
lectures, l'homélie et la prière des fidèles, il est bon que ces célébrations
soient en langue latine; et donc que soient récitées en latin les prières les
plus connues (183) de la tradition de l'Église et éventuellement que soient
exécutés des pièces de chant grégorien. De façon plus générale, je demande que
les futurs prêtres, dès le temps du séminaire, soient préparés à comprendre et
à célébrer la Messe en latin, ainsi qu'à utiliser des textes latins et à
utiliser le chant grégorien; on ne négligera pas la possibilité d'éduquer les
fidèles eux-mêmes à la connaissance des prières les plus communes en latin,
ainsi qu'au chant en grégorien de certaines parties de la liturgie. (184)
Célébrations eucharistiques en petits groupes
63. Une situation très différente est créée dans
certaines circonstances pastorales où, justement pour une participation plus
consciente, plus active et plus fructueuse, les célébrations en petits groupes
sont favorisées. Tout en reconnaissant la valeur formatrice sous-jacente à ces
choix, il est nécessaire de préciser qu'ils doivent être harmonisés avec
l'ensemble de la proposition pastorale du diocèse. En effet, ces expériences
perdraient leur caractère pédagogique si elles donnaient l'impression d'être en
opposition ou en parallèle avec la vie de l'Église particulière. À ce sujet, le
Synode a souligné quelques critères auxquels se conformer: les petits groupes
doivent servir à unifier la communauté, non à la fragmenter; cela doit trouver
confirmation dans la pratique concrète; ces groupes doivent favoriser la
participation fructueuse de l'assemblée tout entière et préserver le plus
possible l'unité de la vie liturgique dans chaque famille. (185)
Participation intériorisée à la célébration
Catéchèse mystagogique
64. La grande tradition liturgique de l'Église
nous enseigne qu'en vue d'une participation fructueuse, il est nécessaire de
s'engager à correspondre personnellement au mystère qui est célébré, par
l'offrande à Dieu de sa propre vie, unie au sacrifice du Christ pour le salut
du monde entier. Pour cette raison, le Synode des Évêques a recommandé de
s'assurer de l'accord profond des gestes et des paroles des fidèles avec leurs
dispositions intérieures. Si cela faisait défaut, nos célébrations, bien que
vivantes, s'exposeraient à la dérive du ritualisme. C'est pourquoi il faut
promouvoir une éducation de la foi eucharistique qui dispose les fidèles à
vivre personnellement ce qu'ils célèbrent. Face à l'importance essentielle de
cette participatio personnelle et consciente, quels peuvent être les
instruments de formation appropriés? À l'unanimité, les Pères synodaux ont
indiqué, à ce sujet, la voie d'une catéchèse à caractère mystagogique, qui
pousse les fidèles à entrer toujours mieux dans les mystères qui sont célébrés.
(186) En particulier, concernant la relation entre l'ars celebrandi et
l'actuosa participatio, on doit avant tout affirmer que « la meilleure
catéchèse sur l'Eucharistie est l'Eucharistie elle-même bien célébrée ». (187)
En effet, de par sa nature, la liturgie a son efficacité pédagogique propre
pour introduire les fidèles à la connaissance du mystère célébré. Toujours à ce
sujet, dans la tradition la plus antique de l'Église, le chemin de formation du
chrétien, sans négliger l'intelligence organique du contenu de la foi,
comportait toujours un caractère d'initiation où la rencontre vivante et
persuasive avec le Christ, annoncé par des témoins authentiques, était déterminante.
En ce sens, celui qui introduit aux mystères est avant tout le témoin. Cette
rencontre s'approfondit assurément dans la catéchèse et elle trouve sa source
et son sommet dans la célébration de l'Eucharistie. De cette structure
fondamentale de l'expérience chrétienne, naît l'exigence d'un itinéraire
mystagogique, dans lequel trois éléments doivent toujours être présents:
a) Il s'agit d'abord de l'interprétation des rites à la lumière des
événements salvifiques, conformément à la tradition vivante de l'Église. En
effet, la célébration de l'Eucharistie, dans son infinie richesse, contient de
continuelles références à l'histoire du salut. Dans le Christ crucifié et
ressuscité, il nous est donné de célébrer vraiment le centre qui récapitule
toute la réalité (cf. Ep 1, 10). Depuis ses origines, la communauté
chrétienne a lu les événements de la vie de Jésus, en particulier le mystère
pascal, en relation avec toute l'histoire vétéro-testamentaire.
b) La catéchèse mystagogique devra, par ailleurs, se préoccuper d'introduire
au sens des signes contenus dans les rites. Ce devoir est particulièrement
urgent à une époque fortement technicisée comme la nôtre, où il existe un
risque de perdre la capacité de percevoir les signes et les symboles. Plutôt
que d'informer, la catéchèse mystagogique devra réveiller et éduquer la
sensibilité des fidèles au langage des signes et des gestes qui, associés à la
parole, constituent le rite.
c) Enfin, la catéchèse mystagogique doit se préoccuper de montrer la
signification des rites en relation avec la vie chrétienne dans toutes ses
dimensions, travail et engagement, réflexion et sentiments, activité et repos.
Mettre en évidence le lien des mystères célébrés dans le rite avec la
responsabilité missionnaire des fidèles fait partie de cet itinéraire
mystagogique. En ce sens, le résultat final de la mystagogie est la conscience
que sa propre existence est progressivement transformée par la célébration des
saints Mystères. De fait, le but de toute l'éducation chrétienne est de former
le fidèle, comme « homme nouveau », à une foi adulte, qui le rend capable de
témoigner dans son milieu de l'espérance chrétienne qui l'anime.
Pour pouvoir accomplir, au sein de nos communautés
ecclésiales, une telle tâche éducative, il faut disposer de formateurs préparés
de manière appropriée. Le peuple chrétien tout entier doit assurément se sentir
engagé dans cette formation. Toute communauté chrétienne est appelée à être un
lieu d'introduction pédagogique aux mystères qui se célèbrent dans la foi. À
cet égard, durant le Synode, les Pères ont souligné l'opportunité d'une plus
forte implication des Communautés de vie consacrée, des mouvements et des
groupes qui, en vertu de leur charisme propre, peuvent offrir un nouvel élan à
la formation chrétienne. (188) En notre temps aussi, l'Esprit Saint répand
largement ses dons pour soutenir la mission apostolique de l'Église, à laquelle
il revient de diffuser la foi et de l'éduquer jusqu'à sa pleine maturité. (189)
Le respect envers l'Eucharistie
65. Un signe convaincant que la catéchèse
eucharistique est efficace chez les fidèles est certainement la croissance, en
eux, du sens du mystère de Dieu présent parmi nous. Cela peut être vérifié à
travers des manifestations spécifiques de respect envers l'Eucharistie,
auxquelles le parcours mystagogique doit introduire les fidèles. (190) Je
pense, d'une manière générale, à l'importance des gestes et des postures, comme
le fait de s'agenouiller pendant les moments centraux de la prière
eucharistique. En s'adaptant à la légitime diversité des signes qui sont posés
dans le contexte des différentes cultures, que chacun vive et exprime la
conscience de se trouver dans toute célébration devant la majesté infinie de
Dieu, qui nous rejoint de manière humble dans les signes sacramentels.
Adoration et piété eucharistique
La relation intrinsèque entre célébration et
adoration
66. Un des moments les plus intenses du Synode a
eu lieu lorsque nous nous sommes réunis dans la basilique Saint-Pierre, avec de
nombreux fidèles, pour l'adoration eucharistique. Par ce geste de prière,
l'Assemblée des Évêques a voulu attirer l'attention, et non seulement par des
paroles, sur l'importance de la relation intrinsèque entre célébration
eucharistique et adoration. Dans cet aspect significatif de la foi de l'Église,
se trouve l'un des éléments décisifs du chemin ecclésial, réalisé après la
réforme liturgique voulue par le Concile Vatican II. Alors que la réforme
accomplissait ses premiers pas, le rapport intrinsèque entre la Messe et
l'adoration du Saint-Sacrement ne fut parfois pas assez clairement perçu. Une
objection alors diffuse se faisait jour, par exemple, dans l'affirmation selon
laquelle le Pain eucharistique ne nous serait pas donné pour être contemplé,
mais pour être mangé. En réalité, à la lumière de l'expérience de prière de
l'Église, une telle opposition se révélait privée de tout fondement. Déjà saint
Augustin avait dit: « nemo autem illam carnem manducat, nisi prius
adoraverit;... peccemus non adorando – Que personne ne mange cette chair
sans d'abord l'adorer;... nous pécherions si nous ne l'adorions pas ». (191)
Dans l'Eucharistie, en effet, le Fils de Dieu vient à notre rencontre et désire
s'unir à nous; l'adoration eucharistique n'est rien d'autre que le
développement explicite de la célébration eucharistique, qui est en elle-même
le plus grand acte d'adoration de l'Église. (192) Recevoir l'Eucharistie
signifie se mettre en attitude d'adoration envers Celui que nous recevons.
C'est ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons un seul être avec Lui et que
nous goûtons par avance, d'une certaine façon, la beauté de la liturgie
céleste. L'acte d'adoration en dehors de la Messe prolonge et intensifie ce qui
est réalisé durant la Célébration liturgique elle-même. En fait, « ce n'est que
dans l'adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai. Et c'est bien par
cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite la mission
sociale qui est renfermée dans l'Eucharistie et qui veut briser les barrières
non seulement entre le Seigneur et nous, mais aussi et surtout les barrières
qui nous séparent les uns des autres ». (193)
La pratique de l'adoration eucharistique
67. Avec l'assemblée synodale, je recommande donc
vivement aux Pasteurs de l'Église et au peuple de Dieu la pratique de
l'adoration eucharistique, qu'elle soit personnelle ou communautaire. (194) À
ce propos, une catéchèse adaptée, dans laquelle on explique aux fidèles
l'importance de cet acte du culte qui permet de vivre plus profondément et avec
davantage de fruit la célébration liturgique elle-même, sera d'une grande
utilité. Dans les limites du possible, surtout dans les zones les plus
peuplées, il conviendra de réserver tout spécialement à l'adoration perpétuelle
des églises et des chapelles. En outre, je recommande que dans la formation
catéchétique, en particulier dans les parcours de préparation à la Première
Communion, les enfants soient initiés au sens et à la beauté du fait de se tenir
en compagnie de Jésus, en cultivant l'admiration pour sa présence dans
l'Eucharistie.
Je voudrais ici exprimer mon admiration et mon
soutien envers tous les Instituts de vie consacrée, dont les membres vouent une
partie significative de leur temps à l'adoration eucharistique. De cette façon,
ils offrent à tous l'exemple de personnes qui se laissent transformer par la
présence réelle du Seigneur. Je désire également encourager les associations de
fidèles, de même que les confréries, qui accomplissent cette pratique comme
leur tâche particulière, devenant ainsi ferment de contemplation pour toute
l'Église et rappel de la place centrale du Christ pour la vie des personnes et
des communautés.
Les formes de dévotion eucharistique
68. Le rapport personnel que chacun des fidèles
instaure avec Jésus, présent dans l'Eucharistie, le renvoie toujours à
l'ensemble de la communion ecclésiale, en nourrissant en lui la conscience de
son appartenance au Corps du Christ. C'est pourquoi, outre le fait d'inviter
chaque fidèle à trouver personnellement du temps à passer en prière devant le
Sacrement de l'autel, il est de mon devoir de solliciter les paroisses elles-
mêmes et les autres groupes ecclésiaux pour que soient promus des moments
d'adoration communautaire. Évidemment, les formes déjà existantes de dévotion
eucharistique conservent toute leur valeur. Je pense, par exemple, aux
processions eucharistiques, surtout à la traditionnelle procession de la
solennité du Corpus Domini, à la pieuse pratique des Quarante-Heures, aux
congrès eucharistiques locaux, nationaux ou internationaux, et aux autres
initiatives analogues. Opportunément rénovées et adaptées aux diverses
circonstances, de telles formes de dévotion méritent d'être aujourd'hui encore
cultivées. (195)
Le lieu du tabernacle dans l'église
69. En relation avec l'importance de la réserve
eucharistique et de l'adoration, ainsi que du respect envers le sacrement du
Sacrifice du Christ, le Synode des Évêques s'est interrogé sur la juste place
du tabernacle à l'intérieur de nos églises. (196) Sa localisation correcte aide
en effet à reconnaître la présence réelle du Christ dans le Saint-Sacrement. Il
est donc nécessaire que le lieu où sont conservées les espèces eucharistiques
soit facilement identifiable par quiconque entre dans une église, grâce aussi à
la traditionnelle veilleuse. À cette fin, il faut tenir compte de la
disposition architecturale de l'édifice sacré: dans les églises où la chapelle
du Saint-Sacrement n'existe pas, et où demeure l'autel majeur avec le tabernacle,
il est opportun de continuer à se servir d'une telle structure pour la
conservation et l'adoration de l'Eucharistie, en évitant que le siège du
célébrant ne soit placé devant. Dans les nouvelles églises, il est bon de
disposer la chapelle du Saint-Sacrement à proximité du chœur; là où cela n'est
pas possible, il est préférable de situer le tabernacle dans le chœur, en un
lieu suffisamment élevé, au centre de la zone absidiale ou en un autre lieu où
il soit également bien visible. De tels moyens concourent à conférer sa dignité
au tabernacle, qui doit toujours être soigné, même sur le plan artistique. Il
est naturellement nécessaire de tenir compte à ce sujet de ce que dit la
Présentation générale du Missel romain. (197) Le jugement final en la
matière revient donc à l'Évêque.
EUCHARISTIE, MYSTÈRE À VIVRE
« De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé,
et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera
vivra par moi » (Jn 6, 57)
Forme eucharistique de la vie chrétienne
Le culte spirituel – logiké latreía (Rm 12, 1)
70. Parlant du don de sa vie, le Seigneur Jésus,
qui s'est fait pour nous nourriture de vérité et d'amour, nous assure que « si
quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement » (Jn 6, 51). Mais
cette « vie éternelle » commence déjà en nous en ce temps, à travers le
changement que le don eucharistique engendre en nous: « Celui qui me mangera
vivra par moi » (Jn 6, 57). Ces paroles de Jésus nous font comprendre
que le mystère « auquel on croit » et « qui est célébré » possède en lui-même
un dynamisme qui en fait le principe de la vie nouvelle en nous et la forme de
l'existence chrétienne. En communiant au Corps et au Sang de Jésus Christ, nous
sommes en effet rendus participants de la vie divine de façon toujours plus
adulte et plus consciente. Cela vaut aussi de ce que saint Augustin, dans ses
Confessions, disait du logos éternel, nourriture de l'âme; mettant
en relief le caractère paradoxal de cette nourriture, le saint Docteur imagine
s'entendre dire: « Je suis la nourriture des grands. Grandis, et tu me
mangeras, tu ne me transformeras pas en toi, telle la nourriture de ta chair;
mais c'est en moi que tu te transformeras » (198). De fait, ce n'est pas
l'aliment eucharistique qui se transforme en nous, mais c'est nous qui sommes
mystérieusement changés par lui. Le Christ nous nourrit en nous unissant à lui;
« il nous attire en lui ». (199)
La célébration eucharistique apparaît ici, dans
toute sa force, en tant que source et sommet de l'existence chrétienne, étant
en même temps le commencement et l'accomplissement du culte nouveau et
définitif, la logiké latreía. (200) Les paroles de saint Paul aux
Romains à ce sujet sont la formulation la plus synthétique de la façon dont
l'Eucharistie transforme toute notre vie en culte spirituel agréable à Dieu: «
Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir vos corps
en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu: c'est là le culte spirituel que
vous avez à rendre » (Rm 12, 1). Dans cette exhortation, apparaît
l'image du culte nouveau comme offrande totale de la personne en communion avec
toute l'Église. L'insistance de l'Apôtre sur l'offrande de nos corps souligne
le caractère concret et humain d'un culte qui n'a rien de désincarné. À ce
sujet, le saint d'Hippone nous rappelle encore que dans « le sacrifice des
chrétiens, tout nombreux que nous sommes, nous ne formons dans le Christ qu'un
seul corps, et c'est ce sacrifice-là – connu des fidèles – que chaque jour
renouvelle l'Église, se découvrant offerte dans cela même qu'elle offre ».
(201) La doctrine catholique affirme de fait que l'Eucharistie, en tant que
sacrifice du Christ, est également le sacrifice de l'Église, et donc des
fidèles. (202) L'insistance sur le sacrifice – « rendre sacré » – dit ici toute
la densité existentielle impliquée dans la transformation de notre réalité
humaine saisie par le Christ (cf. Ph 3, 12).
Efficacité intégrale du culte eucharistique
71. Le nouveau culte chrétien englobe tous les
aspects de l'existence, en la transfigurant: « Tout ce que vous faites: manger,
boire, ou n'importe quoi d'autre, faites-le pour la gloire de Dieu » (1 Co
10, 31). En tout acte de la vie, le chrétien est appelé à exprimer le vrai
culte rendu à Dieu. C'est ici que prend forme la nature intrinsèquement
eucharistique de la vie chrétienne. Puisqu'elle implique la réalité humaine du
croyant dans le concret du quotidien, l'Eucharistie rend possible, jour après
jour, la transfiguration progressive de l'homme, appelé par grâce à être à
l'image du Fils de Dieu (cf. Rm 8, 29s). Il n'y a rien d'authentiquement
humain – pensées et sentiments, paroles et actes – qui ne trouve dans le
sacrement de l'Eucharistie la forme appropriée pour être vécu en plénitude. Ici
apparaît toute la valeur anthropologique de la nouveauté radicale apportée par
le Christ dans l'Eucharistie: le culte rendu à Dieu dans l'existence humaine ne
peut pas être cantonné à un moment particulier et privé, mais il tend de par sa
nature à envahir chaque aspect de la réalité de la personne. Le culte agréable
à Dieu devient ainsi une nouvelle façon de vivre toutes les circonstances de
l'existence où toute particularité est exaltée en tant qu'elle est vécue dans
la relation avec le Christ et offerte à Dieu. « La gloire de Dieu c'est l'homme
vivant, et la vie de l'homme c'est la vision de Dieu». (203)
« Iuxta dominicam viventes » – Vivre selon le dimanche
72. La nouveauté radicale que l'Eucharistie
introduit dans la vie de l'homme s'est révélée à la conscience chrétienne dès
les origines. Les fidèles ont immédiatement perçu l'influence profonde que la
célébration eucharistique exerçait sur leur style de vie. Saint Ignace
d'Antioche exprimait cette vérité en qualifiant ainsi les chrétiens: ceux qui «
sont venus à la nouvelle espérance »; il les présentait comme ceux qui vivent «
selon le dimanche » (iuxta dominicam viventes). (204) Cette formule du
grand martyr d'Antioche met clairement en lumière le lien entre la réalité
eucharistique et l'existence chrétienne dans son caractère quotidien.
L'habitude caractéristique des chrétiens de se réunir le premier jour après le
sabbat pour célébrer la résurrection du Christ – selon le récit de saint Justin
martyr (205) – est également l'élément qui définit la forme de l'existence
renouvelée par la rencontre avec le Christ. La formule de saint Ignace – «
Vivre selon le dimanche » – souligne aussi la valeur paradigmatique que possède
ce jour saint par rapport à tout autre jour de la semaine. En effet, il ne se
distingue pas par la simple suspension des activités habituelles, comme une
sorte de parenthèse dans le rythme normal des jours. Les chrétiens ont toujours
ressenti ce jour comme le premier de la semaine, parce qu'en lui on fait
mémoire de la nouveauté radicale apportée par le Christ. Le dimanche est donc
le jour où le chrétien retrouve la forme eucharistique de son existence, selon
laquelle il est appelé à vivre constamment. « Vivre selon le dimanche »
signifie vivre dans la conscience de la libération apportée par le Christ et
accomplir son existence comme l'offrande de soi à Dieu, pour que sa victoire se
manifeste pleinement à tous les hommes à travers une conduite intimement
renouvelée.
Vivre le précepte dominical
73. Conscients de ce nouveau principe de vie que
l'Eucharistie apporte au chrétien, les Pères synodaux ont rappelé l'importance
pour tous les fidèles du précepte dominical comme source de liberté
authentique, pour pouvoir vivre tous les autres jours selon ce qu'ils ont
célébré le « Jour du Seigneur ». En effet, la vie de foi est en danger quand on
ne ressent plus le désir de participer à la célébration eucharistique où l'on
fait mémoire de la victoire pascale. Participer à l'assemblée liturgique
dominicale, avec tous nos frères et sœurs qui forment un unique corps dans le
Christ Jésus, est requis par la conscience chrétienne et, en même temps, forme
la conscience chrétienne. Perdre le sens du dimanche comme Jour du Seigneur à
sanctifier est le symptôme d'une perte du sens authentique de la liberté
chrétienne, la liberté des fils de Dieu. (206) À ce sujet, les observations
concernant les différentes dimensions du dimanche pour les chrétiens faites par
mon prédécesseur Jean-Paul II, dans la Lettre apostolique Dies Domini,
(207) restent précieuses: le dimanche est Dies Domini, en référence à l'œuvre de la création;
il est Dies Christi en tant que jour de la nouvelle création et du don
que le Seigneur Ressuscité fait de l'Esprit Saint; il est Dies Ecclesiae
comme jour où la communauté chrétienne se retrouve pour la célébration; il est Dies
hominis comme jour de joie, de repos et de charité fraternelle.
Un tel jour se manifeste donc comme la fête
primordiale, où tout fidèle peut se faire, dans le milieu où il vit,
annonciateur et gardien du sens du temps. De ce jour, en effet, naît le sens
chrétien de l'existence et une nouvelle manière de vivre le temps, les
relations, le travail, la vie et la mort. Il est donc bon que, le Jour du Seigneur,
les réalités ecclésiales organisent, autour de la célébration eucharistique
dominicale, des manifestations propres à la communauté chrétienne: rencontres
amicales, initiatives pour la formation chrétienne des enfants, des jeunes et
des adultes, pèlerinages, œuvres de charité et différentes rencontres de
prière. En raison de ces valeurs si importantes – bien que le samedi soir, à
partir des premières Vêpres, appartienne déjà au dimanche et qu'il soit donc
permis d'y accomplir le précepte dominical –, il est nécessaire de rappeler que
c'est le dimanche en lui-même qui mérite d'être sanctifié, afin qu'il ne
finisse pas par devenir un jour « vide de Dieu ». (208)
Le sens du repos et du travail
74. Enfin, il est particulièrement urgent, à notre
époque, de rappeler que le Jour du Seigneur est aussi le jour du repos par
rapport au travail. Nous souhaitons vivement que cela soit aussi reconnu comme
tel par la société civile, de sorte qu'il soit possible d'être libre des
activités du travail sans être pour autant pénalisé. En effet, les chrétiens,
en relation avec la signification du sabbat dans la tradition juive, ont
toujours vu également dans le Jour du Seigneur le jour du repos du labeur
quotidien. Cela a un sens précis, constituant une relativisation du travail,
qui est ordonné à l'homme: le travail est pour l'homme et non l'homme pour le
travail. Il est facile de saisir la protection qui en découle pour l'homme lui-
même, qui est ainsi émancipé d'une possible forme d'esclavage. Comme j'ai eu
l'occasion de l'affirmer, « le travail est de première importance pour la
réalisation de l'homme et pour le développement de la société, et c'est
pourquoi il convient qu'il soit toujours organisé et accompli dans le plein
respect de la dignité humaine et au service du bien commun. En même temps, il
est indispensable que l'homme ne se laisse pas asservir par le travail, qu'il
n'en fasse pas une idole, prétendant trouver en lui le sens ultime et définitif
de la vie ». (209) C'est dans le jour consacré à Dieu que l'homme comprend le
sens de son existence ainsi que de son travail. (210)
Assemblées dominicales en l'absence de prêtre
75. Redécouvrant le sens de la célébration
dominicale pour la vie des chrétiens, il est naturel de se poser le problème de
ces communautés chrétiennes où manque le prêtre et où il n'est donc pas
possible de célébrer la Messe le Jour du Seigneur. Il faut dire, à ce propos,
que nous nous trouvons face à des situations très différentes les unes des
autres. Le Synode a tout d'abord recommandé aux fidèles de se rendre dans une
des églises du diocèse où est garantie la présence du prêtre, même quand cela
demande un certain sacrifice. (211) Là où, par contre, les grandes distances
rendent pratiquement impossible la participation à l'Eucharistie dominicale, il
est important que les communautés chrétiennes se rassemblent également pour
louer le Seigneur et pour faire mémoire du jour qui lui est consacré. Cela
devra cependant se réaliser dans le cadre d'une instruction appropriée sur la
différence entre la Messe et les assemblées dominicales en absence de prêtre.
Le soin pastoral de l'Église doit s'exprimer dans ce cas en veillant à ce que
la liturgie de la Parole, organisée sous la présidence d'un diacre ou d'un
responsable de la communauté à qui ce ministère a été régulièrement confié par
l'autorité compétente, se déroule selon un rituel spécifique, élaboré par les
Conférences épiscopales et approuvé par elles à cette fin. (212) Je rappelle
que concéder la faculté de distribuer la communion dans ces liturgies revient
aux Ordinaires, qui évalueront attentivement l'opportunité des choix à
effectuer. En outre, on doit faire en sorte que de telles assemblées
n'entraînent pas de confusion sur le rôle central du prêtre et sur l'aspect
sacramentel dans la vie de l'Église. L'importance du rôle des laïcs, que l'on
doit justement remercier de leur générosité au service des communautés
chrétiennes, ne peut jamais occulter le ministère irremplaçable des prêtres
pour la vie de l'Église. (213) On veillera donc avec attention à ce que les
assemblées en absence de prêtre ne donnent pas prise à des visions
ecclésiologiques qui ne seraient pas fidèles à la vérité de l'Évangile et à la
tradition de l'Église. Elles devraient plutôt être des occasions privilégiées
de prière adressée à Dieu pour qu'il envoie de saints prêtres selon son cœur. À
ce sujet, ce qu'écrivait le Pape Jean-Paul II dans sa Lettre aux prêtres
pour le Jeudi Saint 1979, est particulièrement émouvant, rappelant les
lieux où les fidèles, privés de prêtre par un régime dictatorial, se
réunissaient dans une église ou dans un sanctuaire, mettaient sur
l’autel une étole qu'ils conservaient encore et récitaient les prières
de la liturgie eucharistique, faisant silence « au moment qui correspondrait à
la transsubstantiation », témoignant qu'ils désiraient « ardemment entendre les
paroles que seules les lèvres d'un prêtre peuvent prononcer efficacement ».
(214) Dans cette perspective, étant donné le bien incomparable qui découle de
la célébration du Sacrifice eucharistique, je demande à tous les prêtres une
disponibilité effective et concrète pour visiter le plus souvent possible les
communautés qui sont confiées à leur soin pastoral, pour qu'elles ne restent
pas trop longtemps sans le Sacrement de la charité.
Une forme eucharistique de l'existence chrétienne,
l'appartenance ecclésiale
76. L'importance du dimanche comme Dies
Ecclesiae nous renvoie à la relation intrinsèque entre la victoire de Jésus
sur le mal et sur la mort et notre appartenance à son Corps ecclésial. En
effet, le Jour du Seigneur, tout chrétien retrouve également la dimension
communautaire de son existence rachetée. Participer à l'action liturgique,
communier au Corps et au Sang du Christ signifie en même temps rendre toujours
plus intime et plus profonde son appartenance à Celui qui est mort pour nous
(cf. 1 Co 6, 19s; 7, 23). En vérité, celui qui mange le Christ vit par
Lui. Le sens profond de la communio sanctorum se comprend en relation
avec le Mystère eucharistique. La communion a toujours et inséparablement une
connotation verticale et horizontale: communion avec Dieu et communion avec nos
frères et sœurs. Les deux dimensions se rencontrent mystérieusement dans le don
eucharistique. « Là où se détruit la communion avec Dieu, qui est communion
avec le Père, avec le Fils et avec le Saint-Esprit, se détruit aussi la racine
et la source de la communion entre nous. Et là où n'est pas vécue la communion
entre nous, là non plus la communion avec le Dieu trinitaire n'est ni vivante
ni vraie ». (215) Appelés à être membres du Christ et donc membres les uns des
autres (cf. 1 Co 12, 27), nous constituons une réalité ontologiquement
fondée sur le Baptême et nourrie par l'Eucharistie, réalité qui demande de
trouver une réponse visible dans la vie de nos communautés.
La forme eucharistique de l'existence chrétienne
est sans aucun doute une forme ecclésiale et communautaire. À travers le
diocèse et les paroisses, en tant que structures de base de l'Église sur un
territoire particulier, tout fidèle peut faire une expérience concrète de son
appartenance au Corps du Christ. Les associations, les mouvements ecclésiaux et
les communautés nouvelles – avec la vivacité de leurs charismes donnés par le
Saint-Esprit pour notre temps –, de même que les Instituts de vie consacrée,
ont le devoir d'offrir leur contribution spécifique pour favoriser chez les
fidèles la perception du fait qu'ils sont du Seigneur (cf. Rm 14,
8). Le phénomène de la sécularisation, qui contient, et ce n'est pas un hasard,
des caractères fortement individualistes, produit ses effets délétères surtout
chez les personnes qui s'isolent en raison d'un manque de sens de
l'appartenance. Depuis ses origines, le christianisme implique toujours une
compagnie, un réseau de relations vivifiées continuellement par l'écoute de la
Parole, par la célébration eucharistique, et animées par l'Esprit Saint.
Spiritualité et culture eucharistique
77. De manière significative, les Pères synodaux
ont affirmé que « les fidèles chrétiens ont besoin d'une compréhension plus
profonde des relations entre l'Eucharistie et la vie quotidienne. La
spiritualité eucharistique n'est pas seulement participation à la Messe et
dévotion au Saint-Sacrement. Elle englobe la vie entière ». (216) Cette
insistance revêt pour nous tous aujourd'hui un sens particulier. Il faut
reconnaître que l'un des effets les plus graves de la sécularisation, qui vient
d'être mentionné, consiste dans le fait d'avoir relégué la foi chrétienne aux
marges de l'existence, comme si elle était inutile pour ce qui concerne le déroulement
concret de la vie des hommes. L'échec de la manière de vivre « comme si Dieu
n'existait pas » est maintenant devant les yeux de tous. Aujourd'hui, il est
nécessaire de redécouvrir que Jésus Christ n'est pas une simple conviction
privée ou une doctrine abstraite, mais une personne réelle, dont l'insertion
dans l'histoire est capable de renouveler la vie de tous. C'est pourquoi
l'Eucharistie, comme source et sommet de la vie et de la mission de l'Église,
doit se traduire en spiritualité, en vie « selon l'Esprit » (Rm 8, 4s;
cf. Ga 5, 16.25). Il est significatif que saint Paul, dans le passage de
la Lettre aux Romains où il invite à vivre le nouveau culte spirituel,
rappelle en même temps la nécessité du changement dans la manière de vivre et
de penser: « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous
en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la
volonté de Dieu: ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est
parfait » (12, 2). De cette façon, l'Apôtre des Nations souligne le lien entre
le vrai culte spirituel et la nécessité d'une nouvelle manière de percevoir
l'existence et de conduire sa vie. Renouveler sa façon de penser fait partie
intégrante de la forme eucharistique de la vie chrétienne, « alors nous ne
serons plus comme des enfants, nous laissant secouer et mener à la dérive par
tous les courants d'idées » (Ep 4, 14).
Eucharistie et évangélisation des cultures
78. Il résulte de tout ce qui a été dit que le
Mystère eucharistique nous met en dialogue avec les différentes
cultures, mais aussi en un sens il les défie. (217) Il faut reconnaître
le caractère interculturel de ce nouveau culte, de cette logiké latreía.
La présence de Jésus Christ et l'effusion de l'Esprit Saint sont des événements
qui peuvent constamment se confronter à toute réalité culturelle, pour y mettre
le ferment évangélique. Cela comporte en conséquence l'engagement de promouvoir
avec conviction l'évangélisation des cultures, dans la conscience que le Christ
lui-même est la vérité de tout homme et de toute l'histoire humaine.
L'Eucharistie devient critère de valorisation de tout ce que le christianisme
rencontre dans les différentes expressions culturelles. Dans cet important
processus, nous pouvons entendre de manière ô combien significative les paroles
de saint Paul dans sa Première Lettre aux Thessaloniciens: « Discernez
la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le » (5, 21).
Eucharistie et fidèles laïcs
79. Dans le Christ, Tête de l'Église qui est son
Corps, tous les chrétiens forment « la race choisie, le sacerdoce royal, la
nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu pour annoncer ses merveilles » (1
P 2, 9). Comme mystère à vivre, l'Eucharistie s'offre à chacun de nous dans
la condition où il se trouve, faisant de sa situation existentielle le lieu où
il faut vivre quotidiennement la nouveauté chrétienne. Si le Sacrifice
eucharistique nourrit et fait grandir en nous ce qui est déjà donné dans le
Baptême, par lequel nous sommes tous appelés à la sainteté, (218) alors cela
doit apparaître et se manifester précisément dans les situations ou dans les
états de vie dans lesquels chaque chrétien se trouve. On devient jour après
jour un culte agréable à Dieu en vivant sa vie comme une vocation. Partant de
la convocation liturgique, c'est le sacrement de l'Eucharistie lui-même qui
nous engage dans la réalité quotidienne pour que tout soit fait à la gloire de
Dieu.
Et puisque le monde est « le champ » (Mt
13, 38) dans lequel Dieu met ses enfants comme du bon grain, les chrétiens
laïcs, en vertu de leur Baptême et de leur Confirmation, et fortifiés par
l'Eucharistie, sont appelés à vivre la nouveauté radicale apportée par le
Christ précisément au cœur des conditions communes de l'existence. (219) Ils
doivent nourrir le désir que l'Eucharistie marque toujours plus profondément
leur vie quotidienne, les amenant à être des témoins identifiables dans leur
milieu de travail et dans la société tout entière. (220) J'adresse un
encouragement particulier aux familles, pour qu'elles puisent inspiration et
force dans ce Sacrement. L'amour entre l'homme et la femme, l'accueil de la
vie, la tâche éducative, se révèlent être des lieux privilégiés où
l'Eucharistie peut manifester sa capacité de transformer et de porter
l'existence à sa plénitude de sens. (221) Les Pasteurs ne manqueront jamais de
soutenir, d'éduquer et d'encourager les fidèles laïcs à vivre pleinement leur
vocation à la sainteté dans le monde, que Dieu a tant aimé jusqu'à donner son
Fils pour qu'il en devienne le salut (cf. Jn 3, 16).
Eucharistie et spiritualité sacerdotale
80. La forme eucharistique de l'existence
chrétienne se manifeste sans aucun doute de façon particulière dans l'état de
vie sacerdotale. La spiritualité sacerdotale est intrinsèquement eucharistique.
Le germe de cette spiritualité se trouve déjà dans les paroles que l'Évêque
prononce dans la liturgie de l'Ordination: « Recevez l'offrande du peuple saint
pour la présenter à Dieu. Ayez conscience de ce que vous ferez, imitez dans
votre vie ce que vous accomplirez par ces rites et conformez-vous au mystère de
la croix du Seigneur ». (222) Pour donner à son existence une forme
eucharistique toujours plus accomplie, le prêtre doit faire une large place,
dès la période de sa formation puis dans les années qui suivent, à la vie
spirituelle. (223) Il est appelé à être en permanence un authentique chercheur
de Dieu, tout en restant proche des préoccupations des hommes. Une vie
spirituelle intense lui permettra d'entrer plus profondément en communion avec
le Seigneur et l'aidera à se laisser prendre par l'amour de Dieu, en devenant
son témoin en toute circonstance, même difficile et sombre. Dans ce but, je
recommande aux prêtres, avec les Pères du Synode, « la célébration quotidienne
de la Messe, même sans la participation de fidèles ». (224) Cette
recommandation correspond avant tout à la valeur objectivement infinie de
chaque célébration eucharistique; elle en tire ensuite motif pour une
efficacité spirituelle particulière, parce que, si elle est vécue avec
attention et avec foi, la Messe est formatrice dans le sens le plus profond du
terme, en tant qu'elle promeut la conformation au Christ et qu'elle affermit le
prêtre dans sa vocation.
Eucharistie et vie consacrée
81. Dans le cadre des relations entre
l'Eucharistie et les différentes vocations ecclésiales resplendit en
particulier « le témoignage prophétique des personnes consacrées, qui trouvent
dans la célébration eucharistique et dans l'adoration la force pour suivre
radicalement le Christ obéissant, pauvre et chaste ». (225) Les personnes
consacrées, tout en rendant beaucoup de services dans le domaine de la
formation humaine et du soin des pauvres, dans l'enseignement ou dans
l'assistance aux malades, savent que le but principal de leur vie est « la
contemplation de la vérité divine et l'union constante avec Dieu ». (226) La
contribution essentielle que l'Église attend de la vie consacrée est beaucoup
plus de l'ordre de l'être que de l'ordre du faire. À ce propos, je voudrais
rappeler l'importance du témoignage de la virginité spécialement en relation
avec le mystère de l'Eucharistie. En plus du lien avec le célibat sacerdotal,
le Mystère eucharistique a aussi un rapport intrinsèque avec la virginité
consacrée, en tant qu'elle est expression du don exclusif de l'Église au
Christ, qu'elle accueille comme son Époux avec une fidélité radicale et
féconde. (227) Dans l'Eucharistie, la virginité consacrée trouve inspiration et
nourriture pour sa donation totale au Christ. Elle tire aussi de l'Eucharistie
réconfort et impulsion pour être, en notre temps également, signe de l'amour
gratuit et fécond que Dieu a pour l'humanité. Enfin, à travers son témoignage
spécifique, la vie consacrée devient objectivement rappel et anticipation des «
noces de l'Agneau » (Ap 19, 7-9), qui sont le but de toute l'histoire du
salut. En ce sens, elle renvoie de manière efficace à l'horizon eschatologique
dont tout homme a besoin pour pouvoir orienter les choix et les décisions de sa
vie.
Eucharistie et transformation morale
82. Découvrant la beauté de la forme eucharistique
de l'existence chrétienne, nous sommes amenés également à réfléchir sur les
énergies morales qui sont mises en œuvre par cette forme comme soutien de
l'authentique liberté des enfants de Dieu. Je souhaite reprendre ici une thématique
apparue au cours du Synode concernant le lien entre forme eucharistique de
l'existence et transformation morale. Le Pape Jean-Paul II avait
affirmé que la vie morale « a une valeur de “culte spirituel” (Rm 12, 1;
cf. Ph 3, 3), puisé et nourri à la source inépuisable de sainteté et de
glorification de Dieu que sont les sacrements, en particulier l'Eucharistie: en
effet, participant au Sacrifice de la croix, le chrétien communie à l'amour
d'offrande du Christ, et il est habilité et engagé à vivre cette même charité
dans tous les actes et tous les comportements de sa vie ». (228) En définitive,
« dans le “culte” lui-même, dans la communion eucharistique, sont contenus le
fait d'être aimé et celui d'aimer les autres à son tour. Une Eucharistie qui ne
se traduit pas en une pratique concrète de l'amour est en elle-même tronquée ».
(229)
Ce rappel de la valeur morale du culte spirituel
ne doit pas être interprété de façon moralisante. Il s'agit avant tout de la
découverte joyeuse du dynamisme de l'amour dans un cœur qui accueille le don du
Seigneur, qui s'abandonne à lui et qui trouve la vraie liberté. La
transformation morale, impliquée dans le nouveau culte institué par le Christ,
est une tension et un désir profond de vouloir correspondre à l'amour du Seigneur
de tout son être, tout en étant conscient de sa fragilité. Ce dont nous parlons
se reflète bien dans le récit évangélique concernant Zachée (cf. Lc 19,
1-10). Après avoir accueilli Jésus dans sa maison, le publicain se retrouve
complètement transformé: il décide de donner la moitié de ses biens aux pauvres
et de rendre le quadruple à ceux qu'il avait volés. La tension morale qui naît
de l'accueil de Jésus dans notre vie découle de la gratitude provenant de
l'expérience de la proximité du Seigneur, sans aucun mérite de notre part.
Cohérence eucharistique
83. Il est important de relever ce que les Pères
synodaux ont appelé cohérence eucharistique, à laquelle notre existence
est objectivement appelée. En effet, le culte agréable à Dieu n'est jamais un
acte purement privé, sans conséquence sur nos relations sociales: il requiert
un témoignage public de notre foi. Évidemment, cela vaut pour tous les
baptisés, mais s'impose avec une exigence particulière pour ceux qui, par la
position sociale ou politique qu'ils occupent, doivent prendre des décisions
concernant les valeurs fondamentales, comme le respect et la défense de la vie
humaine, de sa conception à sa fin naturelle, comme la famille fondée sur le
mariage entre homme et femme, la liberté d'éducation des enfants et la
promotion du bien commun sous toutes ses formes. (230) Ces valeurs ne sont pas
négociables. Par conséquent, les hommes politiques et les législateurs
catholiques, conscients de leur grave responsabilité sociale, doivent se sentir
particulièrement interpellés par leur conscience, justement formée, pour
présenter et soutenir des lois inspirées par les valeurs fondées sur la nature
humaine. (231) Cela a, entre autres, un lien objectif avec l'Eucharistie (cf. 1
Co 11, 27-29). Les Évêques sont tenus de rappeler constamment ces valeurs;
cela fait partie de leur responsabilité à l'égard du troupeau qui leur est
confié. (232)
Eucharistie, mystère à annoncer
Eucharistie et mission
84. Dans l'homélie de la célébration eucharistique
par laquelle j'ai commencé solennellement mon ministère sur la Chaire de
Pierre, j'ai dit: « Il n'y a rien de plus beau que d'être rejoints, surpris par
l'Évangile, par le Christ. Il n'y a rien de plus beau que de le connaître et de
communiquer aux autres l'amitié avec lui ». (233) Cette affirmation acquiert
une plus forte intensité si nous pensons au mystère eucharistique. En effet,
nous ne pouvons garder pour nous l'amour que nous célébrons dans ce Sacrement.
Il demande de par sa nature d'être communiqué à tous. Ce dont le monde a
besoin, c'est de l'amour de Dieu, c'est de rencontrer le Christ et de croire en
lui. C'est pourquoi l'Eucharistie n'est pas seulement source et sommet de la
vie de l'Église; elle est aussi source et sommet de sa mission: « Une Église
authentiquement eucharistique est une Église missionnaire ». (234) Nous aussi,
nous devons pouvoir dire à nos frères avec conviction: « Ce que nous avons
contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l'annonçons à vous aussi, pour
que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous » (1 Jn 1, 3). En
réalité, il n'y a rien de plus beau que de rencontrer le Christ et de le
communiquer à tous. L'institution même de l'Eucharistie, du reste, anticipe ce
qui constitue le cœur de la mission de Jésus: Il est l'Envoyé du Père pour la
rédemption du monde (cf. Jn 3, 16- 17; Rm 8, 32). Au cours de la
dernière Cène, Jésus confie à ses disciples le Sacrement qui actualise le
sacrifice qu'il a fait de lui-même par obéissance au Père pour notre salut à
tous. Nous ne pouvons nous approcher de la Table eucharistique sans nous
laisser entraîner dans le mouvement de la mission qui, prenant naissance dans
le Cœur même de Dieu, veut rejoindre tous les hommes. La tension missionnaire
est donc constitutive de la forme eucharistique de l'existence chrétienne.
Eucharistie et témoignage
85. La mission première et fondamentale qui nous
vient des saints Mystères que nous célébrons est de rendre témoignage par notre
vie. L'émerveillement pour le don que Dieu nous a fait dans le Christ imprime à
notre existence un dynamisme nouveau qui nous engage à être témoins de son
amour. Nous devenons témoins lorsque, par nos actions, nos paroles et nos
comportements, un Autre transparaît et se communique. On peut dire que le
témoignage est le moyen par lequel la vérité de l'amour de Dieu rejoint l'homme
dans l'histoire, l'invitant à accueillir librement cette nouveauté radicale.
Dans le témoignage, Dieu s'expose, pour ainsi dire, au risque de la liberté de
l'homme. Jésus lui-même est le témoin fidèle et véridique (cf. Ap 1, 5;
3, 14); il est venu pour rendre témoignage à la vérité (cf. Jn 18, 37).
Dans cet ordre d'idées, il me tient à cœur de reprendre un concept cher aux
premiers chrétiens, mais qui nous touche aussi, nous chrétiens d'aujourd'hui:
le témoignage jusqu'au don de soi-même, jusqu'au martyre, a toujours été
considéré dans l'histoire de l'Église comme le sommet du nouveau culte
spirituel: « Offrez vos corps » (Rm 12, 1). Que l'on pense, par exemple,
au récit du martyre de saint Polycarpe de Smyrne, disciple de saint Jean: tout
le déroulement dramatique est décrit comme une liturgie, et même comme le fait
que le martyr lui-même veuille devenir Eucharistie. (235) Pensons aussi à la
conscience eucharistique qu'exprime saint Ignace d'Antioche en vue de son
martyre: il se considère comme « le froment de Dieu » et il désire devenir dans
le martyre le « pur pain du Christ ». (236) Le chrétien qui offre sa vie dans
le martyre entre dans la pleine communion avec la Pâque de Jésus Christ et
devient ainsi lui-même Eucharistie avec Lui. Aujourd'hui encore, les martyrs,
en qui se manifeste de manière suprême l'amour de Dieu, ne font pas défaut pas
à l'Église. Même quand l'épreuve du martyre ne nous est pas demandée, nous
savons bien que le culte agréable à Dieu requiert en profondeur cette
disponibilité (237) et qu'il trouve sa réalisation dans le témoignage joyeux et
convaincu, devant le monde, d'une vie chrétienne cohérente dans les milieux où
le Seigneur nous appelle à l'annoncer.
Jésus Christ, unique Sauveur
86. Souligner le rapport intrinsèque entre
Eucharistie et mission nous fait aussi redécouvrir le contenu ultime de notre
annonce. Plus l'amour pour l'Eucharistie sera vivant dans le cœur du peuple
chrétien, plus le devoir de la mission sera clair pour lui: porter le Christ.
Ce n'est ni une idée ni un commandement moral inspiré par Lui, mais c'est le
don de sa propre Personne. Celui qui ne communique pas la vérité de l'Amour à
son frère n'a pas encore donné assez. En tant que sacrement de notre salut,
l'Eucharistie nous renvoie ainsi inévitablement au caractère unique du Christ
et du salut qu'il a accompli au prix de son sang. Par conséquent, du Mystère
eucharistique, auquel on croit et que l'on célèbre, naît l'exigence d'éduquer
constamment tout le monde au travail missionnaire dont le centre est l'annonce
de Jésus, unique Sauveur. (238) Cela évitera de réduire à un aspect purement
sociologique l'œuvre déterminante de promotion humaine, qui est toujours
impliquée dans tout processus authentique d'évangélisation.
Liberté de culte
87. Dans cet esprit, je souhaite faire écho à ce
qu'ont affirmé les Pères durant l'assemblée synodale concernant les graves
difficultés qui pèsent sur la mission des communautés chrétiennes vivant en
situation de minorité ou même privées de liberté religieuse. (239) Nous devons
vraiment rendre grâce au Seigneur pour tous les Évêques, les prêtres, les
personnes consacrées et les laïcs, qui s'emploient à annoncer l'Évangile et qui
vivent leur foi en mettant leur propre vie en danger. Les régions du monde dans
lesquelles célébrer ou se rendre à l'Église constitue un témoignage héroïque,
qui expose la vie de celui qui le fait à l'exclusion et à la violence, ne
manquent pas. À ce propos, je veux aussi réaffirmer la solidarité de toute
l'Église avec ceux qui souffrent de l'absence de liberté de culte. Là où manque
la liberté religieuse, nous le savons, manque en définitive la liberté la plus
significative, puisque dans la foi l'homme exprime son intime décision quant au
sens ultime de son existence. Prions donc pour que s'élargissent les espaces de
la liberté religieuse dans tous les États, afin que les chrétiens, de même que
les membres des autres religions, puissent vivre librement leurs convictions,
individuellement et en communauté.
Eucharistie, mystère à offrir au monde
Eucharistie, pain rompu pour la vie du monde
88. « Le pain que je donnerai, c'est ma chair,
donnée pour que le monde ait la vie » (Jn 6, 51). Par ces paroles, le
Seigneur révèle la véritable signification du don de sa propre vie pour tous les
hommes, nous montrant aussi la profonde compassion qu'Il a pour toute personne.
En effet, à de nombreuses reprises, les Évangiles nous rapportent les
sentiments de Jésus à l'égard des hommes, tout particulièrement des personnes
qui souffrent et des pécheurs (cf. Mt 20, 34; Mc 6, 34; Lc
19, 41). À travers un sentiment profondément humain, il exprime l'intention
salvifique de Dieu pour tout homme, afin qu'il atteigne la vraie vie. Toute
célébration eucharistique actualise sacramentellement le don que Jésus a fait
de sa vie sur la croix pour nous et pour le monde entier. En même temps, dans
l'Eucharistie, Jésus fait de nous des témoins de la compassion de Dieu pour
chacun de nos frères et sœurs. Autour du mystère eucharistique naît ainsi le
service de la charité vis-à-vis du prochain, qui « consiste précisément dans le
fait que j'aime aussi, en Dieu et avec Dieu, la personne que je n'apprécie pas
ou que je ne connais même pas. Cela ne peut se réaliser qu'à partir de la
rencontre intime avec Dieu, une rencontre qui est devenue communion de volonté
pour aller jusqu'à toucher le sentiment. J'apprends alors à regarder cette
autre personne non plus seulement avec mes yeux et mes sentiments, mais selon
la perspective de Jésus Christ ». (240) De cette façon, dans les personnes que
j'approche, je reconnais des frères et des sœurs pour lesquels le Seigneur a
donné sa vie en les aimant « jusqu'au bout » (Jn 13, 1). Par conséquent,
nos communautés, quand elles célèbrent l'Eucharistie, doivent prendre toujours
plus conscience que le sacrifice du Christ est pour tous, et que l'Eucharistie
presse alors toute personne qui croit en Lui à se faire « pain rompu » pour les
autres et donc à s'engager pour un monde plus juste et plus fraternel. En
pensant à la multiplication des pains et des poissons, nous devons reconnaître
que le Christ, encore aujourd'hui, continue à exhorter ses disciples à
s'engager personnellement: « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mt 14,
16). La vocation de chacun de nous consiste véritablement à être, avec Jésus, pain
rompu pour la vie du monde.
Les implications sociales du Mystère eucharistique
89. L'union au Christ qui se réalise dans le Sacrement nous ouvre aussi à une nouveauté dans les rapports sociaux: « la “mystique” du Sacrement a un caractère social ». En effet, « l'union au Christ est en même temps union avec tous ceux auxquels il se donne. Je ne peux avoir le Christ pour moi seul; je ne peux lui appartenir qu'en union avec tous ceux qui sont devenus ou qui deviendront siens ». (241) À ce propos, il est nécessaire d'expliciter la relation entre Mystère eucharistique et engagement social. L'Eucharistie est sacrement de communion entre frères et sœurs qui acceptent de se réconcilier dans le Christ, lui qui a fait des Juifs et des païens un seul peuple, abattant le mur d'inimitié qui les séparait (cf. Ep 2, 14). C'est seulement cette constante tension en vue de la réconciliation qui permet de communier dignement au Corps et au Sang du Christ (cf. Mt 5, 23-24). (242) Par le mémorial de son sacrifice, il renforce la communion entre les frères et, en particulier, il pousse ceux qui sont en conflit à hâter leur réconciliation en s'ouvrant au dialogue et à l'engagement pour la justice. Il est hors de doute que la restauration de la justice, la réconciliation et le pardon sont des conditions pour bâtir une paix véritable. (243) De cette conscience naît la volonté de transformer aussi les structures injustes pour restaurer le respect de la dignité de l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. C'est au moyen du développement concret de cette responsabilité que l'Eucharistie devient dans la vie ce qu'elle signifie dans la célébration. Comme j'ai eu l'occasion de l'affirmer, ce n'est pas le rôle propre de l'Église de prendre en charge le combat politique pour réaliser la société la plus juste possible; toutefois, elle ne peut et ne doit pas non plus rester à l'écart de la lutte pour la justice. L'Église « doit s'insérer en elle par la voie de l'argumentation rationnelle et elle doit réveiller les forces spirituelles, sans lesquelles la justice, qui requiert toujours aussi des renoncements, ne peut s'affirmer ni se développer ». (244)
Dans la perspective de la responsabilité sociale de tous les chrétiens, les Pères synodaux ont rappelé que le sacrifice du Christ est mystère de libération qui nous interpelle et qui nous provoque continuellement. J'adresse donc un appel à tous les fidèles pour qu'ils soient réellement des artisans de paix et de justice: « Celui qui participe à l'Eucharistie doit en effet s'engager à construire la paix dans notre monde marqué par beaucoup de violences et de guerres, et aujourd'hui de façon particulière, par le terrorisme, la corruption économique et l'exploitation sexuelle ». (245) Ce sont tous des problèmes qui, à leur tour, produisent d'autres phénomènes avilissants qui suscitent une vive préoccupation. Nous savons que ces situations ne peuvent être affrontées de façon superficielle. C'est précisément en vertu du Mystère que nous célébrons qu'il nous faut dénoncer les situations qui sont en opposition avec la dignité de l'homme, pour lequel le Christ a versé son sang, affirmant ainsi la haute valeur de toute personne.
La nourriture de la vérité et l'indigence de l'homme
90. Nous ne pouvons rester sans rien faire devant certains processus de mondialisation qui font souvent grandir démesurément, au niveau mondial, l'écart entre riches et pauvres. Nous devons dénoncer ceux qui dilapident les richesses de la terre, provoquant des inégalités qui crient vers le ciel (cf. Jc 5, 4). Par exemple, il est impossible de se taire face « aux images bouleversantes des grands camps de personnes déplacées ou de réfugiés – en diverses parties du monde –, rassemblés dans des conditions de fortune, pour échapper à des conditions pires encore, alors qu'ils ont besoin de tout. Ces êtres humains ne sont-ils pas nos frères et nos sœurs? Leurs enfants ne sont-ils pas venus au monde avec les mêmes attentes légitimes de bonheur que les autres? ». (246) Le Seigneur Jésus, Pain de vie éternelle, nous pousse à être attentifs aux situations de misère dans lesquelles se trouve encore une grande partie de l'humanité: ce sont des situations dont la cause implique souvent une responsabilité claire et inquiétante des hommes. En effet, « sur la base des données statistiques disponibles, on peut affirmer que moins de la moitié des immenses sommes globalement destinées aux armements serait plus que suffisante pour que l'immense armée des pauvres soit tirée de l'indigence, et cela de manière stable. La conscience humaine en est interpellée. Pour les populations qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, plus en raison de situations qui dépendent des relations internationales politiques, commerciales et culturelles qu'en raison de circonstances incontrôlées, notre engagement commun dans la vérité peut et doit donner de nouvelles espérances ». (247)
La nourriture de la vérité nous pousse à dénoncer les situations indignes de l'homme, dans lesquelles on meurt par manque de nourriture en raison de l'injustice et de l'exploitation, et elle nous donne des forces et un courage renouvelés pour travailler sans répit à l'édification de la civilisation de l'amour. Depuis les origines, les chrétiens se sont préoccupés de partager leurs biens (cf. Ac 4, 32) et d'aider les pauvres (cf. Rm 15, 26). La quête qui est recueillie dans les assemblées liturgiques en est un souvenir vivant, mais elle est aussi une nécessité très actuelle. Les institutions ecclésiales de bienfaisance, en particulier la Caritas à divers niveaux, réalisent le précieux service d'aider les personnes dans le besoin, surtout les plus pauvres. Tirant leur inspiration de l'Eucharistie, qui est le sacrement de la charité, elles en deviennent l'expression concrète; elles méritent donc approbation et encouragement pour leur engagement de solidarité dans le monde.
La doctrine sociale de l'Église
91. Le mystère de l'Eucharistie nous rend aptes et nous pousse à un engagement courageux dans les structures de notre monde, pour y apporter la nouveauté de relations qui a sa source inépuisable dans le don de Dieu. La prière que nous reprenons à chaque Messe: « Donne-nous notre pain de ce jour », nous oblige à faire tout notre possible, en collaboration avec les institutions internationales, publiques et privées, pour que cesse ou au moins pour que diminue dans le monde le scandale de la faim et de la sous-alimentation dont souffrent des millions de personnes, surtout dans les pays en voie de développement. Le chrétien laïc en particulier, formé à l'école de l'Eucharistie, est appelé à assumer directement sa responsabilité politique et sociale. Pour qu'il puisse accomplir ses tâches d'une manière appropriée, il convient de le préparer par une éducation concrète à la charité et à la justice. C'est pourquoi, comme le Synode l'a demandé, il est nécessaire que, dans les diocèses et dans les communautés chrétiennes, on fasse connaître et on promeuve la doctrine sociale de l'Église. (248) Dans ce patrimoine précieux, provenant de la plus antique tradition ecclésiale, nous trouvons les éléments qui orientent, de manière très sage, le comportement des chrétiens face aux questions sociales brûlantes. Cette doctrine, mûrie tout au long de l'histoire bimillénaire de l'Église, se caractérise par son réalisme et son équilibre, aidant ainsi à éviter les compromis erronés ou les vagues utopies.
Sanctification du monde et sauvegarde de la création
92. Enfin, pour développer une spiritualité eucharistique profonde, capable aussi de peser significativement sur le tissu social, il est nécessaire que le peuple chrétien, qui rend grâce par l'Eucharistie, ait conscience de le faire au nom de la création tout entière, aspirant ainsi à la sanctification du monde et travaillant intensément à cette fin. (249) L'Eucharistie elle-même éclaire d'une lumière puissante l'histoire humaine et tout le cosmos. Dans cette perspective sacramentelle, nous apprenons, jour après jour, que tout événement ecclésial possède le caractère de signe, par lequel Dieu se communique lui-même et nous interpelle. Ainsi, la forme eucharistique de l'existence peut vraiment favoriser un authentique changement de mentalité dans la façon dont nous lisons l'histoire et le monde. La liturgie elle-même nous éduque à tout cela quand, durant la présentation des dons, le prêtre adresse à Dieu une prière de bénédiction et de demande en relation avec le pain et le vin, « fruit de la terre », « de la vigne » et du « travail des hommes ». Par ces paroles, en plus d'impliquer dans l'offrande à Dieu toute l'activité et l'effort humains, le rite nous pousse à considérer la terre comme création de Dieu, qui produit pour nous ce dont nous avons besoin pour notre subsistance. La terre n'est pas une réalité neutre, une simple matière à utiliser indifféremment selon l'instinct humain. Elle se place au cœur même du bon dessein de Dieu, par lequel nous sommes tous appelés à être fils et filles dans l'unique Fils de Dieu, Jésus Christ (cf. Ep 1, 4-12). Les légitimes préoccupations concernant les conditions écologiques de la création en de nombreuses parties du monde trouvent des points d'appui dans la perspective de l'espérance chrétienne, qui nous engage à œuvrer de manière responsable pour la sauvegarde de la création. (250) Dans la relation entre l'Eucharistie et le cosmos, en effet, nous découvrons l'unité du dessein de Dieu et nous sommes portés à saisir la profonde relation entre la création et la « nouvelle création », inaugurée dans la résurrection du Christ, nouvel Adam. Nous y participons déjà maintenant en vertu du Baptême (cf. Col 2, 12s); ainsi, pour notre vie chrétienne nourrie de l'Eucharistie, s'ouvre la perspective du monde nouveau, du ciel nouveau et de la terre nouvelle, où la Jérusalem nouvelle descend du ciel, de chez Dieu, « toute prête, comme une fiancée parée pour son époux » (Ap 21, 2).
Utilité d'un Compendium eucharistique
93. Au terme de ces réflexions, dans lesquelles j'ai voulu m'arrêter sur les orientations apparues durant le Synode, je désire accueillir aussi la demande que les Pères ont faite pour aider le peuple chrétien à croire, à célébrer et à vivre toujours mieux le Mystère eucharistique. Un Compendium sera publié par les soins des Dicastères compétents; il comprendra des textes du Catéchisme de l'Église catholique, des prières, des explications des Prières eucharistiques du Missel et tout ce qui pourra se révéler utile pour la compréhension correcte, pour la célébration et pour l'adoration du Sacrement de l'autel. (251) Je souhaite que cet instrument puisse contribuer à faire en sorte que le mémorial de la Pâque du Seigneur devienne chaque jour davantage source et sommet de la vie et de la mission de l'Église. Cela stimulera tous les fidèles à faire de leur vie un véritable culte spirituel.
94. Chers frères et sœurs, l'Eucharistie est à l'origine de toute forme de sainteté et chacun de nous est appelé à une plénitude de vie dans l'Esprit Saint. Combien de saints ont rendu leur vie authentique grâce à leur piété eucharistique! De saint Ignace d'Antioche à saint Augustin, de saint Antoine, Abbé, à saint Benoît, de saint François d'Assise à saint Thomas d'Aquin, de sainte Claire d'Assise à sainte Catherine de Sienne, de saint Pascal Baylon à saint Pierre-Julien Eymard, de saint Alphonse-Marie de Liguori au bienheureux Charles de Foucauld, de saint Jean-Marie Vianney à sainte Thérèse de Lisieux, de saint Pio de Pietrelcina à la bienheureuse Teresa de Calcutta, du bienheureux Piergiorgio Frassati au bienheureux Ivan Merz, pour n'en citer que quelques-uns parmi les très nombreux noms, la sainteté a toujours trouvé son centre dans le sacrement de l'Eucharistie.
Il est donc nécessaire que, dans l'Église, ce très saint Mystère soit vraiment objet de foi, célébré avec dévotion et vécu intensément. Le don que Jésus fait de lui-même dans le Sacrement mémorial de sa passion nous atteste que la réussite de notre vie réside dans la participation à la vie trinitaire, qui en Lui nous est offerte de façon définitive et efficace. La célébration et l'adoration de l'Eucharistie nous permettent de nous approcher de l'amour de Dieu et d'y adhérer personnellement jusqu'à l'union avec le Seigneur bien- aimé. L'offrande de notre vie, la communion avec toute la communauté des croyants et la solidarité avec tout homme sont des aspects inséparables de la « logiké latreía », du culte spirituel, saint et agréable à Dieu (cf. Rm 12, 1), dans lequel toute notre réalité humaine concrète est transformée pour la gloire de Dieu. J'invite donc tous les pasteurs à porter la plus grande attention à la promotion d'une spiritualité chrétienne authentiquement eucharistique. Les prêtres, les diacres et tous ceux qui exercent un ministère eucharistique pourront toujours tirer de ces services-là, accomplis avec soin et avec une préparation constante, force et stimulant pour leur chemin de sanctification personnel et communautaire. J'exhorte tous les laïcs, les familles en particulier, à trouver continuellement dans le Sacrement de l'amour du Christ l'énergie pour transformer leur vie en un signe authentique de la présence du Seigneur ressuscité. Je demande à toutes les personnes consacrées de montrer par leur vie eucharistique la splendeur et la beauté de leur appartenance totale au Seigneur.
95. Au commencement du quatrième siècle, le culte chrétien était encore interdit par les autorités impériales. Certains chrétiens d'Afrique du Nord, qui se sentaient poussés à célébrer le Jour du Seigneur, défièrent l'interdiction. Ils furent martyrisés alors qu'ils déclaraient qu'il ne leur était pas possible de vivre sans l'Eucharistie, nourriture du Seigneur: sine dominico non possumus . (252) Que ces martyrs d'Abitène, unis à tant de saints et de bienheureux qui ont fait de l'Eucharistie le centre de leur vie, intercèdent pour nous et qu'ils nous enseignent à être fidèles dans notre rencontre avec le Christ ressuscité. Nous non plus, nous ne pouvons pas vivre sans participer au Sacrement de notre salut et nous désirons être iuxta dominicam viventes, c'est-à-dire traduire dans notre vie ce que nous célébrons dans le Jour du Seigneur. Ce jour, en effet, est le jour de notre libération définitive. Faut-il s'étonner si nous désirons que chaque jour soit vécu selon la nouveauté introduite par le Christ dans le mystère de l'Eucharistie?
96. Que Marie très sainte, Vierge immaculée, arche de l'alliance nouvelle et éternelle, nous accompagne sur ce chemin de la rencontre avec le Seigneur qui vient. En elle, se réalise de la manière la plus parfaite l'essence de l'Église. L'Église voit en Marie, « Femme eucharistique » – comme l'a appelée le Serviteur de Dieu Jean-Paul II (253) –, son icône la mieux réussie et elle la contemple comme modèle irremplaçable de vie eucharistique. C’est pourquoi, se préparant à accueillir sur l’autel le «verum Corpus natum de Maria Virgine», le prêtre, au nom de l’assemblée liturgique, affirme avec les paroles du Canon: « Nous voulons nommer en premier lieu la bienheureuse Marie toujours Vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur, Jésus Christ ». (254) Son saint nom est invoqué et vénéré aussi dans les canons des traditions chrétiennes orientales. Les fidèles, quant à eux, « recommandent à Marie, Mère de l'Église, leur existence et leur travail. S'efforçant d'avoir les mêmes sentiments que Marie, ils aident toute la communauté à vivre en offrande vivante, agréable au Père ». (255) Elle est la Tota pulchra, la Toute-belle, puisque resplendit en elle la splendeur de la gloire de Dieu. La beauté de la liturgie céleste, qui doit se refléter aussi dans nos assemblées, trouve en elle un miroir fidèle. Nous devons apprendre d'elle à devenir nous-mêmes des personnes eucharistiques et ecclésiales pour pouvoir nous aussi, selon la parole de saint Paul, nous présenter « sans tache » devant le Seigneur, comme celui-ci a voulu que nous soyons dès le commencement (cf. Col 1, 21; Ep 1, 4). (256)
97. Par l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, que l'Esprit Saint allume en nous la même ardeur dont les disciples d'Emmaüs firent l'expérience (cf. Lc 24, 13-35) et qu'il renouvelle dans notre vie l'émerveillement eucharistique pour la splendeur et la beauté qui resplendissent dans le rite liturgique, signe efficace de la beauté infinie elle-même du saint mystère de Dieu. Ces disciples se levèrent et retournèrent en hâte à Jérusalem pour partager leur joie avec leurs frères et leurs sœurs dans la foi. En effet, la vraie joie est de reconnaître que le Seigneur demeure parmi nous, compagnon fidèle de notre chemin. L'Eucharistie nous fait découvrir que le Christ, mort et ressuscité, se manifeste comme notre contemporain dans le mystère de l'Église, son Corps. Nous sommes rendus témoins de ce mystère d'amour. Souhaitons-nous mutuellement d'aller pleins de joie et d'émerveillement vers l'Eucharistie, pour faire l'expérience de la vérité de la Parole par laquelle Jésus se sépara de ses disciples et pour l'annoncer aux autres: « Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 20).
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 22 février 2007, fête de la Chaire de saint Pierre Apôtre, en la deuxième année de mon Pontificat.
BENEDICTUS PP. XVI
(1) Cf. S. Thomas d'Aquin, Somme théologique III, q. 73, a. 3.
(2) In Iohannis Evangelium Tractatus, 26.5: PL 35, 1609; Études augustiniennes, n. 72 (1988), p. 497.
(3) Benoît XVI, Discours aux participants à l'Assemblée plénière de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (10 février 2006): AAS 98 (2006), p. 255; La Documentation catholique 103 (2006), p. 310.
(4) Cf. Benoît XVI, Discours aux Membres du Conseil ordinaire du Secrétariat général du Synode des Évêques (1(er) juin 2006): L'Osservatore Romano (2 juin 2006), p. 5.
(5) Cf. Proposition 2.
(6) Je me réfère ici à la nécessité d'une herméneutique de la continuité, en faisant aussi référence à une lecture correcte du développement liturgique après le Concile Vatican II: cf. mon Discours à la Curie romaine (22 décembre 2005): AAS 98 (2006), pp. 45-53; La Documentation catholique 103 (2006), pp. 59-63.
(7) AAS 97 (2005), pp. 337-352; La Documentation catholique 101 (2004), pp. 919-928.
(8) Cf. Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, Année de l'Eucharistie: suggestions et propositions (15 octobre 2004): L'Osservatore Romano (15 octobre 2004), Supplément.
(9) Cf. AAS 95 (2003), pp. 433-475; La Documentation catholique 100 (2003), pp. 368-390. On se rappellera aussi l'Instruction de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, Redemptionis Sacramentum (25 mars 2004): AAS 96 (2004), pp. 549-601, voulue expressément par Jean-Paul II.
(10) Seulement pour rappeler les principales: Conc. œcum. de Trente, Doctrina et canones de ss. Missae sacrificio, DS 1738-1759; Léon XIII, Encycl. Mirae caritatis (28 mai 1902): ASS (1903), pp. 115-136; Pie XII, Encycl. Mediator Dei (20 novembre 1947): AAS 39 (1947), pp. 521-595; La Documentation catholique 45 (1948), col. 195-251; Paul VI, Encycl. Mysterium fidei (3 septembre 1965): AAS 57 (1965), pp. 753-774; La Documentation catholique 62 (1965), col. 1634-1651; Jean-Paul II, Encycl. Ecclesia de Eucharistia (17 avril 2003): AAS 95 (2003), pp. 433-475; La Documentation catholique 100 (2003), pp. 368-390; Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, Instr. Eucharisticum mysterium (25 mai 1967): AAS 59 (1967), pp. 539-573; La Documentation catholique 64 (1967), col. 1091-1122; Instr. Liturgiam authenticam (28 mars 2001): AAS 93 (2001), pp. 685-726; La Documentation catholique 98 (2001), pp. 684-703.
(11) Cf. Proposition 1.
(12) N. 14: AAS 98 (2006), p. 229; La Documentation catholique 103 (2006), p. 173.
(13) Catéchisme de l'Église catholique, n. 1327.
(14) Proposition 16.
(15) Benoît XVI, Homélie à l'occasion de la prise de possession de sa chaire en la basilique Saint-Jean-de-Latran (7 mai 2005): AAS 97 (2005), p. 752; La Documentation catholique 102 (2005), p. 559.
(16) Cf. Proposition 4.
(17) De Trinitate, VIII, 8, 12: CCL 50, 287.
(18) Encycl. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 12 : AAS 98 (2006), p. 228; La Documentation catholique 103 (2006), p. 172.
(19) Cf. Proposition 3.
(20) Bréviaire romain, Hymne de l'Office des Lectures de la Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ.
(21) Benoît XVI, Encycl. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 13: AAS 98 (2006), p. 228; La Documentation catholique 103 (2006), p. 172.
(22) Benoît XVI, Homélie sur l'esplanade de Marienfeld (21 août 2005): AAS 97 (2005), p. 892; La Documentation catholique 102 (2005), p. 910.
(23) Cf. Proposition 3.
(24) Cf. Missel romain, Prière eucharistique IV.
(25) Catéchèses XXIII, 7: PG 33, 1114s.
(26) Cf. Sur le Sacerdoce, VI, 4: PG 48, 681; SCh 272 (1980), pp. 315-321.
(27) Ibidem, III, 4: PG 48, 642; SCh 272 (1980), p. 147.
(28) Proposition 22.
(29) Cf. Proposition 42: « Cette rencontre eucharistique se réalise dans l'Esprit Saint qui nous transforme et qui nous sanctifie. Il réveille dans le disciple la ferme volonté d'annoncer aux autres, avec audace, ce qui a été vu et entendu, pour les conduire eux aussi à la même rencontre avec le Christ. De cette façon, le disciple, envoyé par l'Église, s'ouvre à une mission sans frontières ».
(30) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 3. Voir par exemple S. Jean Chrysostome, Catéchèses 3, 13-19; SCh 50, pp. 174-177.
(31) Jean-Paul II, Encycl. Ecclesia de Eucharistia (17 avril 2003), n. 1: AAS 95 (2003), p. 433; La Documentation catholique 100 (2003), p. 368.
(32) Ibidem, n. 21: AAS 95 (2003), p. 447; La Documentation catholique 100 (2003), p. 375.
(33) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Redemptor hominis (4 mars 1979), n. 20: AAS 71 (1979), pp. 309-316; La Documentation catholique 76 (1979), pp. 317-318; Lettre apost. Dominicae Cenae (24 février 1980), n. 4: AAS 72 (1980), pp. 119-121; La Documentation catholique 77 (1980), pp. 302-303.
(34) Cf. Proposition 5.
(35) S. Thomas d'Aquin, Somme Théologique, III, q. 80, a. 4.
(36) N. 38: AAS 95 (2003), p. 458; La Documentation catholique 100 (2003), p. 381.
(37) Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 23.
(38) Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre sur certains aspects de l'Église catholique comprise comme communion Communionis notio (28 mai 1992), n. 11: AAS 85 (1993), p. 845; La Documentation catholique 89 (1992), p. 732.
(39) Proposition 5: « Le terme ‘catholique' exprime l'universalité provenant de l'unité que l'Eucharistie, célébrée dans chaque Église, favorise et édifie. Les Églises particulières dans l'Église universelle ont ainsi, dans l'Eucharistie, la tâche de rendre visibles leur unité et leur diversité. Ce lien d'amour fraternel laisse transparaître la communion trinitaire. Les conciles et les synodes expriment dans l'histoire cet aspect fraternel de l'Église ».
(40) Cf. ibidem.
(41) Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 5.
(42) Cf. Proposition 14.
(43) Const. dogm. Lumen gentium, n. 1.
(44) De Orat. Dom., 23 : PL 4, 553.
(45) Const. dogm. Lumen gentium, n. 48; cf. aussi ibidem n. 9.
(46) Cf. Proposition 13.
(47) Cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. 7.
(48) Cf. ibidem, n. 11; Conc. œcum. Vat. II, Décret sur l'activité missionnaire de l'Église Ad gentes, nn. 9 et 13.
(49) Cf. Jean-Paul II, Lettre apostolique Dominicae Cenae (24 février 1980), n.7 : AAS 72 (1980), pp. 124-127; La Documentation catholique 77 (1980), p. 304; cf. aussi Conc. œcum. Vat. II, Décret Presbyterorum ordinis, n. 5.
(50) Cf. Code des Canons des Églises orientales, can. 710.
(51) Cf. Rituel de l'Initiation chrétienne des adultes, introduction générale, nn. 34-36.
(52) Cf. Rituel du Baptême des enfants, introduction, nn. 18-19.
(53) Cf. Proposition 15.
(54) Cf. Proposition 7; Jean-Paul II, Encycl. Ecclesia de Eucharistia (17 avril 2003), n. 36: AAS 95 (2003), pp. 457-458; La Documentation catholique 100 (2003), p. 381.
(55) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Reconciliatio et paenitentia (2 décembre 1984), n. 18 : AAS 77 (1985), pp. 224- 228; La Documentation catholique 82 (1985), pp.12-13.
(56) Cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. 1385.
(57) Cf. On pense ici au Confiteor ou au dialogue entre le prêtre et l'assemblée avant de s'approcher de la Communion: « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir; mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Il n'est pas sans signification que la liturgie prévoie aussi pour le prêtre quelques très belles prières, recueillies par la tradition, qui rappellent le besoin d'être pardonné, comme par exemple celle qui est prononcée à mi-voix, avant d'inviter les fidèles à la communion sacramentelle: « Que ton corps et ton sang me délivrent de mes péchés et de tout mal; fais que je demeure fidèle à tes commandements et que jamais je ne sois séparé de toi ».
(58) Cf. S. Jean Damascène, De fide orthodoxa, IV, 9 : PG 94, 1124C; S. Grégoire de Nazianze, Discours 39, 17: PG 36, 356A; SCh 358 (1990), p. 189; Conc. œcum. de Trente, Doctrina de sacramento paenitentiae, cap. 2 : DS 1672.
(59) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 11; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Reconciliatio et paenitentia (2 décembre 1984), n. 30 : AAS 77 (1985), pp. 256-257; La Documentation catholique 82 (1985), p. 22.
(60) Cf. Proposition 7.
(61) Cf. Jean-Paul II, Motu Proprio Misericordia Dei (7 avril 2002) : AAS 94 (2002), pp. 452-459; La Documentation catholique 99 (2002), pp. 451-455.
(62) Avec les Pères synodaux, je rappelle que les célébrations pénitentielles non sacramentelles, mentionnées dans le rituel du sacrement de la Réconciliation, peuvent être utiles pour renforcer l'esprit de conversion et de communion dans les communautés chrétiennes, en préparant ainsi les cœurs à la célébration du sacrement: cf. Proposition 7.
(63) Cf. Code de Droit canonique, can. 508.
(64) Paul VI, Const. apost. Indulgentiarum doctrina (1(er )janvier 1967), Normae, n. 1: AAS 59 (1967), p. 21; La Documentation catholique 64 (1967), col. 214.
(65) Ibidem, n. 9: AAS 59 (1967), pp. 18-19; La Documentation catholique 64 (1967), col. 212.
(66) Cf. Catéchisme de l'Église catholique, nn. 1499-1531.
(67) Ibidem, n. 1524.
(68) Cf. Proposition 44.
(69) Cf. Synode des Évêques, Deuxième Assemblée générale, Document sur le sacerdoce ministériel Ultimis temporibus (30 novembre 1971): AAS 63 (1971), pp. 898-942; La Documentation catholique 69 (1972), pp. 2-11.
(70) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Pastores dabo vobis (25 mars 1992), nn. 42-69: AAS 84 (1992), pp. 729-778; La Documentation catholique 89 (1992), pp. 476-492.
(71) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 10; Congrégation pour la doctrine de la foi, Lettre sur quelques questions concernant le ministre de l'Eucharistie Sacerdotium ministeriale (6 août 1983) : AAS 75 (1983), pp. 1001-1009; La Documentation catholique 80 (1983), pp. 885-887.
(72) Catéchisme de l'Église catholique, n. 1548.
(73) Ibidem, n. 1552.
(74) Cf. In Iohannis Evangelium Tractacus 123, 5: PL 35, 1967.
(75) Cf. Proposition 11.
(76) Cf. Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum Ordinis, n. 16.
(77) Cf. Jean XXIII, Encycl. Sacerdotii nostri primordia (1(er) août 1959): AAS 51 (1959), pp. 545-579; La Documentation catholique 56 (1959), col. 1025-1045; Paul VI, Encycl. Sacerdotalis caelibatus (24 juin 1967): AAS 59 (1967), pp. 657-697; La Documentation catholique 64 (1967), col. 1249-1280; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Pastores dabo vobis (25 mars 1992), n. 29: AAS 84 (1992), pp. 703-705; La Documentation catholique 89 (1992), pp. 467- 468; Benoît XVI, Discours aux Cardinaux et à la Curie romaine pour la présentation des vœux de Noël (22 décembre 2006): L'Osservatore romano (23 décembre 2006), p. 6; La Documentation catholique 104 (2007), pp. 106-107.
(78) Cf. Proposition 11.
(79) Cf. Conc œcum. Vat. II, Décret sur la formation sacerdotale Optatam totius, n. 6; Code de Droit canonique, can. 241, § 1 et can. 1029; Code des Canons des Églises orientales, can. 342, § 1 et can. 758; Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Pastores dabo vobis (25 mars 1992), nn. 11.34.50: AAS 84 (1992), pp. 673-675; 712- 714; 746-748; La Documentation catholique 89 (1992), pp. 457; 470- 471; 481-482; Congrégation pour le Clergé, Directoire pour le ministère et la vie des prêtres Dives Ecclesiae (31 mars 1994), n. 58: LEV, 1994, pp. 56-58; La Documentation catholique 91 (1994), pp. 374-375; Congrégation pour l'Éducation catholique, Instruction sur les critères de discernement vocationnel au sujet des personnes présentant des tendances homosexuelles en vue de l'admission au Séminaire et aux Ordres sacrés (4 novembre 2005): AAS 97 (2005), pp. 1007-1013; La Documentation catholique 103 (2006), pp. 24-27.
(80) Cf. Proposition 12; Jean-Paul II, Exhort. apost. post- synodale Pastores dabo vobis (25 mars 1992) n. 41: AAS 84 (1992), pp. 726-729; La Documentation catholique 89 (1992), pp. 475-476.
(81) Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 29.
(82) Cf. Proposition 38.
(83) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Familiaris consortio (22 novembre 1981), n. 57: AAS 74 (1982), pp. 149-150; La Documentation catholique 79 (1982), p. 22.
(84) Lettre apost. Mulieris dignitatem (15 août 1988), n. 26: AAS 80 (1988), pp. 1715-1716; La Documentation catholique 85 (1988), pp. 1083-1084.
(85) Catéchisme de l'Église catholique, n. 1617.
(86) Cf. Proposition 8.
(87) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 11.
(88) Cf. Proposition 8.
(89) Cf. Jean-Paul II, Lettre apost. Mulieris dignitatem (15 août 1988): AAS 80 (1988), pp. 1653-1729; La Documentation catholique 85 (1988), pp. 1063-1088; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Évêques de l'Église catholique sur la collaboration de l'homme et de la femme dans l'Église et dans le monde (31 mai 2004): AAS 96 (2004), pp. 671-687; La Documentation catholique 101 (2004), pp. 775-784.
(90) Cf. Proposition 9.
(91) Cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. 1640.
(92) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Familiaris consortio (22 novembre 1981), n. 84: AAS 74 (1982), pp. 184-186; La Documentation catholique 79 (1982), pp. 32-33; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Évêques de l'Église catholique sur l'accès à la communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés Annus internationalis Familiae (14 septembre 1994): AAS 86 (1994), pp. 974-979; La Documentation catholique 91 (1994), pp. 930-932.
(93) Cf. Conseil pontifical pour les Textes législatifs, Instruction sur les normes à observer dans les tribunaux ecclésiastiques pour les causes matrimoniales Dignitatis connubii (25 janvier 2005), Cité du Vatican 2005.
(94) Cf. Proposition 40.
(95) Benoît XVI, Discours au Tribunal de la Rote romaine à l'occasion de l'inauguration de l'année judiciaire (28 janvier 2006): AAS 98 (2006), p. 138; La Documentation catholique 103 (2006), p. 258.
(96) Cf. Proposition 40.
(97) Cf. ibidem.
(98) Cf. ibidem.
(99) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 48.
(100) Cf. Proposition 3.
(101) Je voudrais rappeler ici les paroles pleines d'espérance et de réconfort que nous trouvons dans la Deuxième Prière eucharistique: « Souviens-toi aussi de nos frères qui se sont endormis dans l'espérance de la résurrection et de tous les hommes qui ont quitté cette vie: reçois-les dans ta lumière, auprès de toi ».
(102) Cf. Benoît XVI, Homélie pour le 40(e) anniversaire de la clôture du Concile Vatican II (8 décembre 2005): AAS 98 (2006), pp. 14-19; La Documentation catholique 103 (2006), pp. 66-69.
(103)Const. dogm. Lumen gentium, n. 58.
(104) Proposition 4.
(105) Relatio post disceptationem, n. 4: L'Osservatore Romano en langue française, n. 46 (15 novembre 2005), p. 8.
(106) Cf. Sermo 1, 7; 7, 10; 22, 7; 29, 76 : Sermones Dominicales ad fidem codicum nunc denuo editi, Grottaferrata (1977), pp. 135, 209s, 292s, 337; Benoît XVI, Message au Mouvements ecclésiaux et aux Communautés nouvelles (22 mai 2006): AAS 98 (2006), p. 463; La Documentation catholique 103 (2006), p. 620.
(107) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 22.
(108) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, nn. 2.4.
(109) Proposition 33.
(110) Sermo 227, 1: PL 38, 1099; SCh n. 116 (1966), pp. 235.237.
(111) S. Augustin, In Iohannis Evangelium Tractatus, 21, 8: PL 35, 1568; Études augustiniennes, n. 72 (1988), p. 287.
(112) Ibidem, 28, 1: PL 35, 1622; Études augustiniennes n. 72 (1988), p. 569.
(113) Cf. Proposition 30. La Messe que l'Église célèbre au cours de la semaine et à laquelle les fidèles sont invités à participer trouve aussi sa forme initiale dans le Jour du Seigneur, le jour de la Résurrection du Christ: Proposition 43.
(114) Cf. Proposition 2.
(115) Cf. Proposition 25.
(116) Cf. Proposition 19. La Proposition 25 spécifie: « Une authentique action liturgique exprime le caractère sacré du Mystère eucharistique. Elle devra transparaître dans les paroles et dans les actions du prêtre qui célèbre, tandis qu'il intercède auprès de Dieu le Père soit avec les fidèles, soit pour eux ».
(117) Présentation générale du Missel romain, n. 22; Cf. Conc. œcum. Vat. II, Constitution Sacrosanctum Concilium, n. 41; Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, Instr. Redemptionis Sacramentum (25 mars 2004), nn. 19-25: AAS 96 (2004), pp. 555-557; La Documentation catholique 101 (2004), pp. 464-466.
(118) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret Christus Dominus, n. 14; Constitution Sacrosanctum Concilium, n. 41.
(119) Présentation générale du Missel romain, n. 22.
(120) Cf. ibidem.
(121) Cf. Proposition 25.
(122) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, nn. 112-130.
(123) Cf. Proposition 27.
(124) Cf. ibidem.
(125) Pour tout ce qui concerne ces aspects, il convient de s'en tenir fidèlement à ce qui est indiqué dans la Présentation générale du Missel romain, nn. 281-310.
(126) Cf. Présentation générale du Missel romain, n. 19; Conc. œcum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, nn. 112-118.
(127) Sermo 34, 1: PL 38, 210.
(128) Cf. Proposition 25: « Comme toutes les expressions artistiques, le chant doit aussi être intimement harmonisé avec la liturgie, participer de manière efficace à sa fin, c'est-à-dire exprimer la foi, la prière, la vénération, l'amour envers Jésus présent dans l'Eucharistie ».
(129) Cf. Proposition 29.
(130) Cf. Proposition 36.
(131) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, n. 116; Présentation générale du Missel romain, n. 19.
(132) Présentation générale du Missel romain, n. 8; cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, n. 56; Sacrée Congrégation des Rites, Instr. Eucharisticum Mysterium (25 mai 1967), n. 3: AAS 57 (1967), pp. 540-543; La Documentation catholique 64 (1967), col. 1092-1095.
(133) Cf. Proposition 18.
(134) Ibid.
(135) Présentation générale du Missel romain, n. 9.
(136) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Fides et ratio (14 septembre 1998), n. 13: AAS 91 (1999), pp. 15-16; La Documentation catholique 95 (1998), pp. 905-906.
(137) S. Jérôme, Comm. in Is., Prol.: PL 24, 17; cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Dei Verbum, n. 25.
(138) Cf. Proposition 31.
(139) Présentation générale du Missel romain, n. 9; cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, nn. 7; 33; 52.
(140) Proposition 19.
(141) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, n. 52.
(142) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Dei Verbum, n. 21.
(143) Le Synode a exhorté à ce sujet à élaborer des documents pastoraux, basés sur le lectionnaire triennal, qui aident à lier de manière intrinsèque la proclamation des lectures prévues à la doctrine de la foi: cf. Proposition 19.
(144) Cf. Proposition 20.
(145) Présentation générale du Missel romain, n. 54.
(146) Cf. ibidem, n. 55.
(147) Cf. Proposition 22.
(148) Présentation générale du Missel romain, n. 55 d.
(149) Ibidem, n. 55 c.
(150) Tenant compte des coutumes antiques et vénérables et des désirs exprimés par les Pères synodaux, j'ai demandé aux Dicastères compétents d'étudier la possibilité de placer le geste de paix à un autre moment, par exemple avant la présentation des dons à l'autel. Ce choix, d'autre part, ne manquerait pas de rappeler de manière significative l'avertissement du Seigneur sur la réconciliation requise avant toute offrande à Dieu (cf. Mt 5, 23s). Cf. Proposition 23.
(151) Cf. Cong. pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, Instr. Redemptionis Sacramentum (25 mars 2004), nn. 80-96: AAS 96 (2004), pp. 574-577; La Documentation catholique 101 (2004), pp. 475-477.
(152) Cf. Proposition 34.
(153) Cf. Proposition 35.
(154) Cf. Proposition 24.
(155) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, nn. 14-20; 30s; 48s; Cong. pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, Instr. Redemptionis Sacramentum (25 mars 2004), nn. 36-42: AAS 96 (2004), pp. 561-564; La Documentation catholique 101 (2004), pp. 468-469.
(156) N. 48.
(157) Ibidem.
(158) Cf. Cong. pour le Clergé et autres Dicastères de la Curie romaine, Instruction sur quelques questions concernant la collaboration des fidèles laïcs au ministère des prêtres Ecclesiae de mysterio (15 août 1997): AAS 89 (1997), pp. 852-877; La Documentation catholique 94 (1997), pp. 1009-1020.
(159) Cf. Proposition 33.
(160) Présentation générale du Missel romain, n. 59.
(161) Cf. ibidem, n. 61.
(162) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret sur l'apostolat des laïcs Apostolicam actuositatem, n. 24; Présentation générale du Missel romain, nn. 65-73; Congr. pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, Instr. Redemptionis Sacramentum (25 mars 2004), nn. 43-47: AAS 96 (2004), pp. 564-566; La Documentation catholique 101 (2004), p. 470; Proposition 33: « Ces ministères devront être introduits selon un mandat spécifique et selon les exigences réelles de la communauté qui célèbre. Les personnes chargées de ces services liturgiques confiés à des laïcs doivent être soigneusement choisies, bien préparées et accompagnées par une formation permanente. Leur nomination se fera pour un temps déterminé. Ces personnes doivent être connues par la communauté et elles doivent aussi recevoir d'elle une reconnaissance cordiale ».
(163) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, nn. 37-42.
(164) Cf. Présentation générale du Missel romain, Normes universelles de l'année liturgique, nn. 48-61.
(165) AAS 87 (1995), pp. 288-314; La Documentation catholique 91 (1994), pp. 435-446.
(166) Cf. Exhort. apost. post-synodale Ecclesia in Africa (14 septembre 1995), nn. 55-71: AAS 88 (1996), pp. 33-47; La Documentation catholique 92 (1995), pp. 830-835. Exhort. apost. post- synodale Ecclesia in America (22 janvier 1999), nn. 16; 40; 64; 70- 72: AAS 91 (1999), pp. 752-753; 775-776; 799; 805-809; La Documentation catholique 96 (1999), pp. 112; 121-122; 131; 134-135. Exhort. apost. post-synodale Ecclesia in Asia (6 novembre 1999), nn. 21-22: AAS 92 (2000), pp. 482-487; La Documentation catholique 96 (1999), pp. 990-991. Exhort. apost. post-synodale Ecclesia in Oceania (22 novembre 2001), n. 16: AAS 94 (2002), pp. 382-384; La Documentation catholique 98 (2001), pp. 1082-1083. Exhort. apost. post-synodale Ecclesia in Europa (28 juin 2003), nn. 58-60: AAS 95 (2003), pp. 685-686; La Documentation catholique 100 (2003), p. 689.
(167) Cf. Proposition 26.
(168) Cf. Proposition 35; Conc. œcum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, n. 11.
(169) Cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. 1388; Conc. œcum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, n. 55.
(170) Cf. Encycl. Ecclesia de Eucharistia (17 avril 2003), n. 34: AAS 95 (2003), p. 456; La Documentation catholique 100 (2003), p. 380.
(171) Tels, par exemple, S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, III, q. 80, a. 1, 2; S. Thérèse de Jésus, Le chemin de la perfection, ch. 35. La doctrine a été confirmée avec autorité par le Concile de Trente, sess. XIII, c. VIII.
(172) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Ut unum sint (25 mai 1995), n. 8: AAS 87 (1995), pp. 925-926; La Documentation catholique 92 (1995), p. 569.
(173) Cf. Proposition 41; Conc. œcum. Vat. II, Décret sur l'œcuménisme Unitatis redintegratio, nn. 8, 15; Jean-Paul II, Encycl. Ut unum sint (25 mai 1995), n. 46: AAS 87 (1995), p. 948; La Documentation catholique 92 (1995), p. 580; Encycl. Ecclesia de Eucharistia (17 avril 2003), nn. 45-46: AAS 95 (2003), pp. 463-464; La Documentation catholique 100 (2003), pp. 383-384. Code de Droit canonique, can. 844 §§ 3-4; Code des Canons des Églises orientales, can. 671 §§ 3-4; Conseil pont. pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens, Directoire pour l'application des Principes et des Normes sur l'œcuménisme (25 mars 1993), nn. 125, 129-131: AAS 85 (1993), pp. 1087, 1088-1089; La Documentation catholique 90 (1993), pp. 630- 631.
(174) Cf., nn. 1398-1401.
(175) Cf. n. 293.
(176) Cf. Conseil pont. pour les Communications sociales, Instr. past. sur les communications sociales pour le 20(e )anniversaire de « Communio et progressio », Aetatis novae (22 février 1992): AAS 84 (1992), pp. 447-468; La Documentation catholique 89 (1992), pp. 359-367.
(177) Cf. Proposition 29.
(178) Cf. Proposition 44.
(179) Cf. Proposition 48.
(180) Cette connaissance peut aussi être effectuée au cours des années de formation des candidats au sacerdoce, dans le séminaire, à travers des initiatives opportunes: cf. Proposition 45.
(181) Cf. Proposition 37.
(182) Cf. Const. Sacrosanctum Concilium, nn. 36 et 54.
(183) Proposition 36.
(184) Cf. ibidem.
(185) Cf. Proposition 32.
(186) Cf. Proposition 14.
(187) Proposition 19.
(188) Cf. Proposition 14.
(189) Cf. Benoît XVI, Homélie pour les premières Vêpres de la Pentecôte (3 juin 2006): AAS 98 (2006), p. 509; La Documentation catholique 103 (2006), pp. 625-626.
(190) Cf. Proposition 34.
(191) Enarrationes in Psalmos 98, 9 CCL XXXIX, 1385; Cf. Benoît XVI, Discours à la Curie romaine (22 décembre 2005) : AAS 98 (2006), pp. 44-45; La Documentation catholique 103 (2006), pp. 58-59.
(192) Cf. Proposition 6.
(193) Benoît XVI, Discours à la Curie romaine (22 décembre 2005): AAS 98 (2006), p. 45; La Documentation catholique 103 (2006), p. 59.
(194) Cf. Proposition 6; Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, Directoire sur la piété populaire et la liturgie. Principes et orientations (17 décembre 2001), nn. 164- 165, Paris (2003), pp. 136-138; Sacrée Congrégation des rites, Instr. Eucharisticum Mysterium (25 mai 1967): AAS 57 (1967); pp. 539-573, La Documentation catholique 64 (1967), col. 1091-1122.
(195) Cf. Relatio post disceptationem, n. 11: L'Osservatore Romano en langue française, n. 46 (15 novembre 2005), p. 8.
(196) Cf. Proposition 28.
(197) Cf. n. 314.
(198) VII, 10, 16 : PL 32, 742; Œuvres I, Paris (1998), p. 918.
(199) Benoît XVI, Homélie sur l'esplanade de Marienfeld, (21 août 2005): AAS 97 (2005), p. 891; La Documentation catholique 102 (2005), p. 910; Homélie de la veille de la Pentecôte (3 juin 2006): AAS 98 (2006), p. 505; La Documentation catholique 103 (2006), p. 623.
(200) Cf. Relatio post disceptationem, 6.47: L'Osservatore Romano en langue française, n. 46 (2005), p. 10; Proposition 43.
(201) De civitate Dei, X, 6: PL 41, 284; Œuvres II, Paris (2000), p. 379.
(202) Cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. 1368.
(203) S. Irénée, Adversus Haereses IV, 20, 7: PG 7, 1037; SCh 100/2 (1965), p. 649.
(204) Lettre aux Magnésiens, 9, 1: PG 5, 670; SCh 10, p. 103.
(205) Cf. 1ère Apologie 67, 1-6: PG 6, 430 s. 427.430; Ichtus/Les Pères dans la foi, Paris (1982), pp. 94-95.
(206) Cf. Proposition 30.
(207) Cf. AAS 90 (1998), pp. 713-766; La Documentation catholique 95 (1998), pp. 658-681.
(208) Proposition 30.
(209) Homélie (19 mars 2006): AAS 98 (2006), p. 324; L'Osservatore Romano en langue française, n. 12 (2006), p. 2.
(210) Le Compendium de la doctrine sociale de l'Église remarque avec raison: « Le repos ouvre à l'homme, lié à la nécessité du travail, la perspective d'une liberté plus pleine, celle du Sabbat éternel (cf. He 4, 9-10). Le repos permet aux hommes d'évoquer et de revivre les œuvres de Dieu, de la Création à la Rédemption, de se reconnaître eux-mêmes comme son œuvre (cf. Ep 2, 10) et de rendre grâce pour leur vie et leur subsistance, à lui qui en est l'Auteur » (n. 258).
(211) Cf. Proposition 10.
(212) Cf. ibidem.
(213)Cf. Benoît XVI, Discours aux Évêques de la Conférence épiscopale du Canada – Québec en visite ad limina apostolorum (11 mai 2006): La Documentation catholique 103 (2006), pp. 657-658.
(214) N. 10: AAS 71 (1979), pp. 414-415; La Documentation catholique 71 (1979), p. 359.
(215) Benoît XVI, Audience générale du 29 mars 2006: L'Osservatore Romano (30 mars 2006), p. 4; La Documentation catholique 103 (2006), p. 417.
(216) Proposition 39.
(217) Cf. Relatio post disceptationem, n. 30: L'Osservatore Romano en langue française, n. 46 (2005), p. 10.
(218) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, nn. 39-42.
(219) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), nn. 14.16: AAS 81 (1989), pp. 409- 413; 416-418; La Documentation catholique 86 (1989), pp. 158-160.
(220) Cf. Proposition 39.
(221) Cf. ibidem.
(222) Pontifical romain. L'ordination de l'Évêque, des prêtres, des diacres, Rite de l'ordination du prêtre, n. 135.
(223) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Pastores dabo vobis (25 mars 1992), nn. 19-33; 70-81: AAS 84 (1992), pp. 686-712; 778-800; La Documentation catholique 89 (1992), pp. 461- 470; 492-500.
(224) Proposition 38.
(225) Proposition 39. Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post- synodale Vita consecrata (25 mars 1996), n. 95: AAS 88 (1996), pp. 470-471; La Documentation catholique 93 (1996), p. 390.
(226) Code de Droit canonique, can. 663, § 1.
(227) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), n. 34: AAS 88 (1996), pp. 407-408; La Documentation catholique 93 (1996), p. 364.
(228) Encycl. Veritatis splendor (6 août 1993), n. 107: AAS 85 (1993), pp. 1216-1217; La Documentation catholique 90 (1993), p. 937.
(229) Benoît XVI, Encycl. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 14: AAS 98 (2006), p. 229; La Documentation catholique 103 (2006), p. 173.
(230) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Evangelium vitae (25 mars 1995): AAS 87 (1995), pp. 401-522; La Documentation catholique 92 (1995), pp. 351-404; Benoît XVI, Discours au Congrès international sur l'embryon humain (27 février 2006): AAS 98 (2006), pp. 263-266; La Documentation catholique 103 (2006), pp. 413-415.
(231) Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Note doctrinale sur l'engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique (24 novembre 2002): AAS 96 (2004), pp. 359-370; La Documentation catholique 100 (2003), pp. 130-136.
(232) Cf. Proposition 46.
(233) AAS 97 (2005), p. 711; La Documentation catholique 102 (2005), p. 548.
(234) Proposition 42.
(235) Cf. Le martyre de saint Polycarpe, XV, 1: PG 5, 1039.1042; SCh 10 (1951), pp. 263.265.
(236) S. Ignace d'Antioche, Lettre aux Romains, IV, 1: PG 5, 690; SCh 10 (1951), p. 131.
(237) Cf. Conc. œcum. Vat. II, Constit. dogm. Lumen gentium, n. 42.
(238) Cf. Proposition 42; cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration Dominus Iesus sur l'unicité et l'universalité salvifique de Jésus Christ et de l'Église (6 août 2000), nn. 13-15: AAS 92 (2000), pp. 754-756; La Documentation catholique 97 (2000), pp. 817-818.
(239) Cf. Proposition 42.
(240) Benoît XVI, Encycl. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 18: AAS 98 (2006), p. 232; La Documentation catholique 103 (2006), pp. 174-175.
(241) Ibidem, n. 14.
(242) Au cours de l'assemblée synodale nous avons écouté avec émotion des témoignages très significatifs concernant l'efficacité du sacrement dans l'œuvre de réconciliation. À ce sujet dans la Proposition 49 on affirme: « Grâce aux célébrations eucharistiques, des peuples en conflit ont pu se réunir autour de la Parole de Dieu, écouter son annonce prophétique de la réconciliation par le pardon gratuit, recevoir la grâce de la conversion qui permet la communion au même pain et au même calice ».
(243) Cf. Proposition 48.
(244) Benoît XVI, Encycl. Deus caritas est
(25 décembre 2005), n. 28: AAS 98 (2006), p. 239; La Documentation
catholique 103 (2006), p. 179.
(245) Cf. Proposition 48.
(246) Cf. Benoît XVI, Discours au Corps
diplomatique accrédité près le Saint-Siège (9 janvier 2006): AAS 98
(2006), p. 127; La Documentation catholique 103 (2006), p. 106.
(247) Ibidem.
(248) Cf. Proposition 48. Dans cette perspective,
le Compendium de la doctrine sociale de l'Église se révèle
particulièrement utile.
(249) Cf. Proposition 43.
(250) Cf. Proposition 47.
(251) Cf. Proposition 17.
(252) Martyrium Saturnini, Dativi et aliorum
plurimorum, ch.7, 9, 10: PL 8, 707.709-710.
(253) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Ecclesia de
Eucharistia (17 avril 2003), n. 53: AAS 95 (2003), p. 469; La
Documentation catholique 100 (2003), p. 387.
(254) Prière eucharistique I (Canon romain).
(255) Proposition 50.
(256) Cf. Benoît XVI, Homélie (8 décembre
2005): AAS 98 (2006), p. 15; La Documentation catholique 103 (2006), p.
67.
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