SAINTE THERESE DE LISIEUX « APOTRE DES APOTRES »

 

 

     Le 2 septembre 1890, au carmel de Lisieux, sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus de la Sainte Face, dix-sept ans et demi, sort de clôture pour se présenter au supérieur du monastère, afin de passer l’examen canonique précédant sa profession solennelle. A la question du prêtre lui demandant sa motivation, elle répond : « Je suis venue [au Carmel] pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres » (Ms A, 69 v°).

     Ce « surtout » mérite attention. Pour en arriver là Thérèse Martin (1873-1897) a vécu toute une évolution.

     L’idée qu’on se faisait des prêtres dans sa famille était très élevée. L’enfant ne les avait vus qu’à l’autel, au confessionnal et au catéchisme dans son école tenue par des Bénédictines.

     Avait-elle jamais vu un prêtre invité à déjeuner aux Buissonnets ?

     Aussi, ces hommes séparés, signes du Sacré, elle les considérait comme des anges. Quant à son aînée, Céline, elle dira qu’elle les considérait « comme des dieux » ![1]

     D’où la réflexion de Thérèse (à sept ans), se préparant à sa première confession à l’abbé Ducellier, trente ans, vicaire à la Cathédrale Saint Pierre, sa paroisse : « Je lui dirai que je l’aime ! » Sa sœur Marie qui la préparait à cet acte important l’en dissuada.

     Mais la logique de la petite fille s’avérait rigoureuse : puisqu’on lui disait que l’abbé représentait Jésus lui pardonnant ses péchés, elle aimait Jésus et donc l’abbé Ducellier. Il fallait le lui dire !

 

« J’AI SOIF ! »

 

     A l’école des Bénédictines où Thérèse passera cinq ans (« les plus tristes de sa vie » (Ms A, 22 r°), elle étudie le catéchisme avec l’Abbé Domin, quarante et un ans, aumônier du monastère. Il lui prêcha sa retraite de première communion du 4 au 7 mai 1884 en des termes assez terrorisants[2]. Cela n’empêchera pas Thérèse de faire une mémorable première communion, décisive dans sa vie : « Ce fut un baiser d’amour, je me sentais aimée, et je disais aussi : « Je vous aime, je me donne à vous pour toujours. » (Ms A, 35 r°)

     Elle était très loin des enseignements de l’aumônier sur la mort, l’enfer, la confession et la communion sacrilèges.

     Mais l’année suivante (17-20 mai 1885) l’abbé Domin prêche la retraite de renouvellement. Ses thèmes n’ont guère changé[3] et provoquent chez l’enfant une crise de scrupules qui va durer dix-sept mois.

     Il faudra la grande grâce de Noël 1886 pour transformer l’adolescente encore hypersensible (elle « pleurait d’avoir pleuré », Ms A, 44 v°), en une jeune fille forte, décidée à combattre pour entrer au carmel à quinze ans. Elle commence alors ce qu’elle a appelé « une course de géant » (Ms A, 44 v°).

     Elle va devoir franchir cinq obstacles pour répondre à sa vocation. Il lui faut l’accord de son père (ce sera aisé), celui de son Oncle Isidore, sub-rogé tuteur de ses nièces (il résistera trois jours) mais l’abbé Delatroëtte se révèle intraitable, absolument opposé à cette entrée qu’il juge prématurée. Il ne reste plus qu’à aller à l’évêché de Bayeux, demander sa permission à l’évêque, Mgr Hugonin[4]. Mais il reste évasif devant la jeunesse de la candidate qui a déjà deux sœurs carmélites à Lisieux. Rien ne presse. Au sortir de cette visite, Thérèse décide de demander la permission du Pape, puisqu’elle va partir en pèlerinage à Rome avec son père et sa sœur Céline, à l’occasion du Jubilé de Léon XIII. L’audience du 20 novembre 1887, sera un échec, « un fiasco », dira Céline.

     Six mois après sa « conversion » de Noël 1886, Thérèse avait reçu une grande grâce, fondatrice de sa vocation carmélitaine.

            Un dimanche, à la fin d’une messe, dans la cathédrale Saint-Pierre, voyant une image du Christ crucifié, elle fut saisie : « Je fus frappée par le sang qui tombait d'une des ses mains Divines, j'éprouvai une grande peine en pensant que ce sang tombait à terre sans que personne ne s'empresse de le recueillir, et je résolus de me tenir en esprit au pied de [la] Croix pour recevoir la Divine rosée qui en découlait, comprenant qu'il me faudrait ensuite la répandre sur les âmes... Le cri de Jésus sur la Croix retentissait aussi continuellement dans mon cœur : « J'ai soif ! » Ces paroles allumaient en moi une ardeur inconnue et très vive... Je voulais donner à boire à mon Bien-Aimé et je me sentais moi-même dévorée de la soif des âmes... Ce n'était pas encore les âmes de prêtres qui m'attiraient, mais celles des grands pécheurs, je brûlais du désir de les arracher aux flammes éternelles... » (Ms A, 45 v°)

     Peu de temps après, ayant découvert que Jésus la voulait « pêcheur d’âmes », Thérèse, ayant appris l’horrible triple meurtre d’Henri Pranzini à Paris du 16 mars 1887, prend le contre-pied de son époque qui demande la mort du « monstre ». Elle prie intensément pour que l’assassin découvre la miséricorde divine. Elle sera exaucée. Pranzini, montant à la guillotine le 31 août 1887, a demandé à embrasser le crucifix de l’abbé Faure, aumônier de la prison de la Roquette.

     Pour elle, pas de doute : Pranzini est sauvé. C’est son « premier enfant » (Ms A, 46 v°). Elle découvre sa maternité spirituelle : elle a quatorze ans et demi.

     Racontant cette grande grâce, elle ajoute : « Ce n’était pas encore les âmes des prêtres qui m’attiraient, mais celles des grands pécheurs, je brûlais de les arracher aux flammes éternelles… » (Ms A, 45 v°)

     Pourquoi cette réflexion ?

 

« J’AI COMPRIS MA VOCATION EN ITALIE »

             

     Thérèse savait qu’une des raisons de la Réforme carmélitaine opérée par sa Mère Teresa de Jesús d’Avila au XVI° siècle espagnol, était de prier pour les prêtres, les missionnaires, les théologiens. La Madre avait expérimenté assez tôt combien les prêtres ont besoin de prières[5].

     Thérèse ne comprenait pas qu’il faille prier pour des « anges ». Mais la voilà partie en pèlerinage vers Rome. Sur les 197 pèlerins, on compte 75 prêtres des diocèses de Bayeux-Lisieux et de Coutances. Pendant presque un mois (7 novembre-2 décembre 1887), elle va vivre au quotidien avec eux.

     « N'ayant jamais vécu dans leur intimité, je ne pouvais comprendre le but principal de la réforme du Carmel. Prier pour les pécheurs me ravissait, mais prier pour les âmes des prêtres, que je croyais plus pures que le cristal, me semblait étonnant !...

     Ah ! j'ai compris ma vocation en Italie, ce n'était pas aller chercher trop loin une si utile connaissance...

     Pendant un mois j'ai vécu avec beaucoup de saints prêtres et j'ai vu que, si leur sublime dignité les élève au-dessus des anges, ils n'en sont pas moins des hommes faibles et fragiles... Si de saints prêtres que Jésus appelle dans son Evangile : « Le sel de la terre » montrent dans leur conduite qu'ils ont un extrême besoin de prières, que faut-il dire de ceux qui sont tièdes ? Jésus n'a-t-Il pas dit encore : « Si le sel vient à s'affadir, avec quoi l'assaisonnera-t-on ? »

     O ma Mère ! qu'elle est belle la vocation ayant pour but de conserver le sel destiné aux âmes ! Cette vocation est celle du Carmel, puisque l'unique fin de nos prières et de nos sacrifices est d'être l'apôtre des apôtres, priant pour eux pendant qu'ils évangélisent les âmes par leurs paroles et surtout par leurs exemples... » (Ms A, 56 r°)

     Texte fondamental à scruter de près.

     Ne cherchons pas ce qui a pu la choquer. Tout simplement elle a constaté que les prêtres sont des hommes ayant leurs défauts, leurs travers, leurs petites manies. Elle les avait idéalisés ; elle les voit maintenant tels qu’ils sont. Elle tombe de haut.

 

     Dès lors, tout au long des neuf années qu’elle vivra au carmel, sa prière pour les prêtres sera sa priorité. Sa correspondance reste ponctuée par de nombreuses exclamations de celle qui se veut « apôtre des apôtres. »[6]

 

PRIER POUR LE PRETRES

 

     On ne peut nier une certaine déception vis à vis des prêtres rencontrés. Aucune critique personnalisée mais cette jeune femme qui a donné sa vie à Jésus avec passion, son « Unique Amour », son « Bien-Aimé », son « Epoux », son « Ami »[7], etc. a du mal à concevoir que de prêtres soient « tièdes ».

     « Vivons pour les âmes… soyons apôtres… sauvons surtout [on retrouve le mot] les âmes des Prêtres, ces âmes devraient être plus transparentes que le cristal… Hélas ! Combien de mauvais prêtres, des prêtres qui ne sont pas assez saints… Prions, souffrons pour eux… » (LT 94, 14/7/1889). « Ah ! prions pour les prêtres. Chaque jour montre combien les amis de Jésus sont rares… » (LT 122, 14/10/1890).

     Sur son lit de mort, elle confiera à sœur Agnès de Jésus : « Oh ! que le bon Dieu est peu aimé sur la terre ! Même des prêtres et des religieuses ! » (CJ 7.8.2)

     Sa déception est surtout venue de la célébration de la messe. Dans une Récréation théâtrale de Noël qu’elle a composée, elle fait dire à l’Ange de l’Eucharistie qui s’adresse à l’Enfant-Jésus dans la crèche :

     « O Verbe divin ! que l’amour doit réduire au silence, il faudrait que les ministres de tes autels te touchent avec la même délicatesse que Marie lorsqu’elle t’enveloppe de langes… »[8]

     Mais hélas ! bien souvent ton amour sera méconnu et tes prêtres ne seront pas dignes de leur sublime caractère. »

     L’Enfant-Jésus répond :

« Je voudrais que l’âme du prêtre

Ressemble au séraphin du Ciel !

Je voudrais qu’il puisse renaître

Avant de monter à l’autel. » (RP 2, 7 v°)

Dans une prière à la Sainte Trinité, sœur Thérèse voudrait « réparer toutes les indélicatesses que vous font souffrir les âmes sacerdotales et religieuses. » (Pri 4, février 1894).

Peu de mois avant sa mort, elle reconnaît que beaucoup de sermons entendus sur la Vierge Marie ne lui ont pas plu. « Il ne faudrait pas dire des choses invraisemblables ou qu’on ne sait pas… » Et elle donne les éléments d’un sermon qu’elle aurait aimé faire sur Marie de Nazareth, qu’elle va rassembler dans un grand poème testamentaire, Pourquoi je t’aime ô Marie (PN 54, mai 1897)[9].

C’est un fait. Laïque ou religieuse, Thérèse n’a jamais rencontré un prêtre qui ait répondu pleinement à l’idéal qu’elle portait en elle. Certes, elle était reconnaissante aux prêtres de lui donner les sacrements (hélas, elle souffrait beaucoup de ne pouvoir communier tous les jours). Mais aucun ne l’a profondément marquée. Ni l’abbé Ducellier dans sa paroisse, ni l’abbé Domin à l’école, ni M. Delatroëtte au Carmel comme supérieur, ni l’abbé Youf comme confesseur. Celui-ci la confessait mais ne faisait aucun accompagnement spirituel.

N’ayant jamais eu de directeur de conscience durant son enfance (ses sœurs jouaient ce rôle), elle a choisi le P. Almire Pichon, jésuite[10], juste avant d’entrer au carmel, parce qu’il dirigeait Pauline, puis Céline Martin. Il l’avait sûrement aidée mais il est parti au Canada. Elle lui écrira longtemps tous les mois mais débordé par de nombreuses retraites à prêcher et submergé de courrier (qu’il détruira), il lui répondait tous les ans.

Avant de partir, il lui avait dit : « Votre Directeur sera Jésus… » C’est ce qu’il advint[11]. Thérèse nommera Jésus « Le Directeur des directeurs. » (Ms A, 71 r°)

Thérèse a reconnu qu’un prêtre lui a fait beaucoup de bien lors de la retraite communautaire d’octobre 1891, le P. Alexis Prou, franciscain[12]. Habituellement elle redoutait les retraites car nombre de prédicateurs restaient marqués d’un jansénisme rigoureux. Mais à peine avait-elle parlé au P. Prou qu’il l’a comprise, lui a dit que « ses fautes ne faisaient pas de peine au bon Dieu » et il la lança « sur les flots de la confiance et de l’amour sur lesquels elle n’osait s’avancer » (Ms A, 80 r° et C.J. 4.7.4)[13], retenue qu’elle était par son entourage. Mais elle n’a vu ce Père qu’une seule fois.

 

     Bien au-delà de ces déceptions, sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus de la Sainte Face eut connaissance d’un scandale retentissant de son époque : l’affaire du Père Hyacinthe Loyson.

Ce Provincial des carmes, prédicateur de l’Avent à Notre-Dame de Paris (1864-1868), ami de Newman, de Montalembert, du Père Huvelin, a conduit vers le catholicisme une veuve américaine anglicane (1869). Il l’a épousée et en a un fils. Ayant rompu avec l’Eglise avant le Concile Vatican I (1870), à Paris il a fondé « L’Eglise catholique gallicane ».

Opposé à l’infaillibilité pontificale, il veut réformer l’Eglise catholique, demandant la liturgie en français, le mariage des prêtres, l’abolition des classes de mariage et d’enterrement, etc. Excommunié, suspens a Divinis, il parcourt la France pour exposer sa réforme[14].

Son nom est banni dans tous les carmels. Thérèse ne se prononce pas non plus mais dans ses lettres[15], elle évoque « notre frère » et priera tout le reste de sa vie pour lui. Faisant sa dernière communion le 19 août 1897, fête de saint Hyacinthe, elle l’offre pour lui, espérant jusqu’au bout son retour dans l’Eglise.

 

« JE SENS EN MOI LA VOCATION DE PRETRE… » (Ms B, 2 v°)

 

     En diverses circonstances, sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus de la Sainte Face a exprimé le désir d’être prêtre. Est-ce parce que, déçue par diverses déficiences du clergé, elle aurait mis toute son ardeur dans la vocation sacerdotale ?

Durant l’été 1896 – elle a vingt-trois ans – à l’oraison, elle est assaillie par d’étonnants désirs. Sa belle vocation de « carmélite, d’épouse et de mère » ne lui suffit plus. Elle sent en elle la vocation de « guerrier, de Prêtre, d’Apôtre, de Docteur, de Martyr… » (Ms B, 2 v°) Elle détaille :

« Je sens en moi la vocation de Prêtre, avec quel amour, ô Jésus, je te porterais dans mes mains lorsque, à ma voix, tu descendrais du Ciel… Avec quel amour je te donnerais aux âmes !… » Cependant elle ajoute : « Mais hélas ! Tout en désirant d’être Prêtre, j’admire et j’envie l’humilité de St François d’Assise et je me sens la vocation de l’imiter en refusant la sublime dignité du sacerdoce. » (Id.)

     Elle saisissait toutes les occasions pour « faire le prêtre ». Ainsi, sacristine, lorsqu’une parcelle d’hostie consacrée restait sur le plateau de communion, elle convoquait ses novices pour une procession, rapportant elle-même le Corps du Christ à l’oratoire.

     A l’office, elle était heureuse d’être « semainière » et de réciter l’oraison comme le prêtre, de donner la bénédiction (CJ 6.8.6). Dans sa pièce de théâtre Stanislas Kotska (RP 8, 8/2/1897), Thérèse mentionne ce fait (légendaire mais elle l’ignore) : le jeune saint jésuite a reçu la communion de Sainte Barbe. Elle dit à sa sœur Céline : « Pourquoi pas un ange, pas un prêtre, mais une vierge ? Oh ! qu’au ciel nous verrons des merveilles ! J’ai dans l’idée que ceux qui l’auront désiré sur la terre partageront au ciel l’honneur du sacerdoce. »[16]

     Sur son lit d’agonie à l’infirmerie, elle fait cette réflexion : « Le bon Dieu va me prendre à un âge où je n’aurais pas le temps d’être prêtre. Si j’avais pu être prêtre, ce serait à ce mois de juin, à cette ordination que j’aurais reçu les saints ordres. Eh bien, afin que je ne regrette rien, le Bon Dieu permet que je sois malade, je n’aurais donc pas pu m’y rendre et je mourrai avant d’avoir exercé mon ministère ». Le sacrifice de n’avoir pu être prêtre lui tenait toujours à cœur. Quand nous lui coupions les cheveux pendant sa maladie, elle demandait toujours qu’on lui fit une tonsure ; elle passait alors avec contentement sa main sur sa tête. »[17]

     Autre souhait : Si j’avais été prêtre, j’aurais appris l’hébreu et le grec, je ne me serais pas contentée du latin, comme cela j’aurais connu le vrai texte dicté par l’Esprit-Saint. » (CJ 4.8.5)[18]

     Nous avons dit son désir de prêcher, au moins sur Marie : « Que j’aurais donc bien voulu être prêtre pour prêcher sur la Sainte Vierge. » (CJ 21.8.3*)

     Dans une lettre à sa sœur Céline, dès le 15 août 1892, Thérèse écrit, méditant sur l’importance de la vie contemplative pour l’apostolat :

« Pourquoi Jésus dit-Il donc : « Demandez au maître de la moisson qu'Il envoie des ouvriers » ? Pourquoi ?... Ah ! c'est que Jésus a pour nous un amour si incompréhensible qu'Il veut que nous ayons part avec lui au salut des âmes. Il ne veut rien faire sans nous. Le créateur de l'univers attend la prière d'une pauvre petite âme pour sauver les autres âmes rachetées comme elle au prix de tout son sang. Notre vocation à nous ce n'est pas d'aller moissonner dans les champs de blés mûrs. Jésus ne nous dit pas : « Baissez les yeux, regardez les campagnes et allez les moissonner. » Notre mission est encore plus sublime. Voici les paroles de notre Jésus : « Levez les yeux et voyez. » Voyez comme dans mon Ciel il y a des places vides, c'est à vous de les remplir, vous êtes mes Moïse priant sur la montagne, demandez-moi des ouvriers et j'en enverrai, je n'attends qu'une prière, un soupir de votre cœur !... 

     L'apostolat de la prière n'est-il pas pour ainsi dire plus élevé que celui de la parole ? Notre mission de Carmélites est de former des ouvriers évangéliques qui sauveront des milliers d'âmes dont nous serons les mères... Céline, si ce n'était pas les paroles même de Jésus, qui oserait y croire ?... Je trouve que notre part est bien belle, qu'avons-nous à envier aux prêtres ?... » (LT 135)

 

 

« DEUX FRERES PRETRES… 

… qui tiennent maintenant

une si grande place dans ma vie. » (Ms C, 33 r°)

 

Deux événements vont avoir une grande influence sur Thérèse et contribuer à combler autrement son désir du sacerdoce ministériel.

Le 17 octobre 1895, mère Agnès de Jésus, prieure, confie à sa jeune sœur la vocation d’un séminariste de vingt et un ans, du diocèse de Bayeux et Lisieux, réclamant l’aide spirituelle d’une carmélite : il se nomme Maurice Bellière[19].

Thérèse en ressent une très grande joie car ses parents avaient espéré que leurs petits garçons seraient un jour prêtres, missionnaires. Mais ils moururent tous deux en bas-âge. Et voilà qu’elle, qui avait souhaité avoir des frères prêtres, on lui en confie un.

Aussitôt elle compose une prière pour son frère, soulignant qu’il devra célébrer la messe avec autant d’amour que Marie langeant l’Enfant-Jésus (Pri 8, octobre 1895). Manière bien féminine d’exprimer la présence réelle.

Mais l’abbé Bellière partant au service militaire, il ne donne aucune nouvelle pendant un an.

Le 30 mai 1896, Mère Marie de Gonzague étant redevenue prieure, elle confie à sœur Thérèse un prêtre des Missions Etrangères de Paris qui a demandé une aide spirituelle avant de partir en Chine. Le joie de celle-ci vient de ce signe : elle a perdu deux frères, on lui en confie deux. Il s’agit du P. Adolphe Roulland, vingt-quatre ans[20]. Elle prend très à cœur cette responsabilité missionnaire. L’abbé va venir célébrer une première messe au carmel de Lisieux, le 3 juillet 1896 avant de s’embarquer à Marseille le 2 août pour le Su-Tchuen oriental.

L’abbé Bellière étant réapparu après un an de silence, une double correspondance importante va s’établir entre la carmélite et des deux jeunes hommes.[21] Elle passe rapidement du protocolaire « Monsieur l’Abbé », au familier « cher et très aimé frère » (LT 258). Avec une remarquable adaptation à chacun d’eux (elle ne les a jamais vus[22]), elle va les soutenir dans leur vocation.

L’abbé Bellière reste fragile. Elle l’encourage comme une mère. Le P. Roulland, sur le terrain apostolique, affronte les dangers d’un ministère clandestin. Elle lui écrit comme une sœur. Dans ces correspondances elle donne toute sa mesure, étant en pleine maturité humaine et spirituelle, ayant découvert sa « petite voie de confiance et d’amour » en 1895 et s’étant offerte à l’Amour Miséricordieux le 9 juin de cette même année, en la fête de la Trinité. Avec ses deux frères, elle peut vraiment être concrètement « apôtre des apôtres. »

Au jeune Maurice qui a tendance à ressasser son passé, elle propose de se jeter dans les bras de Jésus (LT 247). A Adolphe qui redoute le martyre, elle montre qu’il doit espérer aller droit au Ciel si cela lui arrivait (LT 226).

Avec les deux, elle adopte la spiritualité de Moïse priant sur la montagne, les bras élevés pendant le combat des Israélites contre les Amalécites[23], symbole de la puissance de la prière.

« Comme Josué, vous combattez dans la plaine, écrit-elle au P. Roulland, moi je suis votre petit Moïse, et sans cesse mon cœur est élevé vers le Ciel pour obtenir la victoire. »[24]

Pour ses deux frères, pour leur mission apostolique, elle mène un rude combat (tuberculose et dans la nuit de la foi), utilisant ce qu’elle appelle « ses armes » : « la prière et le sacrifice »[25].

Pour ses frères, elle va au bout de ses forces. Epuisée par une tuberculose galopante, crachant le sang pendant ces jours, fiévreuse, elle marche dans le jardin « pour un missionnaire. »[26]

Dans ses lettres, aucune allusion à sa maladie, jusqu’au jour où il faut bien qu’elle leur annonce sa mort prochaine. Mais elle leur promet de les aider bien davantage après sa mort : « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie. » (LT 244)

Le P. Roulland est en Chine, le courrier met des mois pour l’atteindre. Mais le séminariste Maurice qui passe ses vacances sur la Côte normande est atterré par la mort prochaine de sa sœur. Elle lui écrit encore des lettres au crayon alors qu’elle a renoncé à écrire dans son petit cahier noir Ms C).

« Maintenant nous sommes deux, l'ouvrage se fera plus vite (et moi avec ma manière je ferai plus de besogne que vous), aussi j'espère qu'un jour Jésus vous fera marcher par la même voie que moi. » ( LT 247)

« Après ma mort, je ferai plus qu’écrire à mon cher petit frère, je serai tout près de lui, je verrai tout ce qui lui est nécessaire, et je ne laisserai pas de repos au bon Dieu, qu’il ne m’ait donné tout ce que je voudrai ! […] Je suivrai mon petit frère, non plus par la pensée, par la prière, mon âme sera toujours avec lui et sa foi saura bien découvrir la présence d’une petite sœur que Jésus lui donna, non pour être son soutien pendant deux ans à peine, mais jusqu’au dernier jour de sa vie. » (LT 253)

Devant les doutes de l’abbé, elle insiste : « Je compte bien ne pas rester inactive au Ciel, mon désir est de travailler encore pour l’Eglise et les âmes, je le demande au bon Dieu et je suis certaine qu’Il m’exaucera. Les Anges ne sont-ils pas continuellement occupés de nous sans jamais cesser de voir la Face divine, de se perdre dans l’Océan sans rivage de l’Amour ? Pourquoi Jésus ne me permettrait-il pas de les imiter ? » (LT 254, 14/7/1897)[27]

 

La mission l’a toujours obsédée. « Une carmélite qui ne serait pas apôtre s’éloignerait du but de sa vocation et cesserait d’être fille de la Séraphique Sainte Thérèse qui désirait donner mille vies pour sauver une seule âme. » (LT 198, 21/10/1896).

« Je veux être fille de l’Eglise comme l’était notre Mère Ste Thérèse et prier dans les intentions de notre Saint Père le Pape, sachant que ses intentions embrassent l’univers. Voilà le but général de ma vie. » « Le zèle d’une carmélite doit embraser le monde », j’espère avec la grâce du bon Dieu être utile à plus de deux missionnaires et je ne pourrais oublier de prier pour tous, sans laisser de côté les simples prêtres dont la mission est aussi difficile à remplir que celle des apôtres prêchant les infidèles. » (Ms C, 33 v°)

A partir de mars 1896, elle a fait réciter à ses novices la prière de Thérèse Durnerin[28] à « Jésus Prêtre et Hostie » diffusée à 200 000 exemplaires. Thérèse la savait par cœur.

 

 

PATRONNE DES MISSIONS

 

            Elle meurt le 30 septembre 1897, à vingt-quatre ans et neuf mois.

            Sœur Thérèse a-t-elle envisagé sérieusement la possibilité d’être prêtre à son époque ? Elle en a le désir par un amour passionné de Jésus. Elle a tout ignoré du sacerdoce commun des fidèles remis en valeur par le Concile Vatican II. Il l’eût sans doute remplie de joie en prenant conscience que par son baptême elle était « prêtre, prophète, roi. »

            Une grande évolution s’est faite en elle lorsqu’elle a reçu la mission d’aider deux frères missionnaires. Avec eux, pour eux, par eux elle pouvait remplir sa magnifique vocation « d’apôtre des apôtres ». Qu’avait-elle à envier aux prêtres ?

            Son Histoire d’une âme, écrite par obéissance en vue d’une circulaire nécrologique, paraît le 20 octobre 1898 et va devenir un best-seller mondial traduite en quelques 60 langues.

            De saint Pie X à Jean-Paul II, tous les Papes vont parler de cette jeune carmélite.

            Benoît XV dit à un religieux de l’Ordre de Picpus en 1915 : « C’est la mission de Thérèse d’apprendre aux prêtres à aimer Jésus-Christ. »[29]

            Après sa rapide Béatification le 29 avril 1983 par le Pape Pie XI, sa Canonisation suit à peine deux ans après, le 17 mai 1925.

            A la demande de 224 évêques qui ont expérimenté l’aide efficace apporté par la carmélite dans les missions, Pie XI – le Pape des Missions – déclare Thérèse « Patronne particulière de tous les Missionnaires, hommes et femmes, et aussi des missions existant dans tout l’univers, au même titre que saint François-Xavier », le 14 décembre 1927[30].

            Une foule de vocations sacerdotales et religieuses se lève à travers le monde, dans le sillage du message thérésien.

            En 1929 est fondée à Lisieux une Union Sacerdotale Ste Thérèse de Lisieux qui comptera jusqu’à 13 500 prêtres des cinq continents. Ils confient leur personne et leur ministère à Thérèse et s’engagent à vivre sa « petite voie de confiance et d’amour ». De nombreux prêtres des Missions Etrangères de Paris viennent célébrer une première messe au carmel de Lisieux avant de partir en mission.

            En 1941, le cardinal Suhard, archevêque de Paris, (ancien évêque de Bayeux et Lisieux, de 1928 à 1931) fonde le séminaire de « la Mission de France » à Lisieux pour évangéliser les masses. Il avait écrit à Mère Agnès de Jésus : « Je crois qu’une partie de la mission de la sainte est à réaliser. Quand l’œuvre de la mission de France aura été commencée, la petite sainte sera dans sa vraie voie, parce que là où il n’y a pas de terme aux générosités divines. »[31]

            En 1990, à Rome, lors du Synode sur les prêtres, le cardinal Paul Poupard proposa de confier la formation des prêtres à sainte Thérèse de Lisieux : « Sainte Thérèse a suscité dans le monde entier des milliers et des milliers de vocations sacerdotales qui ont trouvé en elle, pour soutenir leur formation :

-   un amour absolu de Jésus et l’amour de l’Eglise

-   le sens aigu de la prière et de la mission universelle

-   l’union de la contemplation et de l’action

-   un modèle pour emprunter la petite voie de l’amour et de la confiance, chemin de sainteté dans la vie ordinaire.

Sainte Thérèse continue aujourd’hui de féconder le ministère des prêtres, spécialement des jeunes qui sont attirés par son message. Il serait donc important de lui donner une place de choix dans le cursus des études de théologie spirituelle. »[32]

Sept ans plus tard, le Pape Jean-Paul exauçait ce dernier souhait au-delà de toute espérance : il déclarait la carmélite Docteur de l’Église, la troisième femme ayant ce titre, la plus jeune de tous les Docteurs. Il écrivait notamment dans sa Lettre Divini Amoris Scientia :

« La doctrine spirituelle de Thérèse de Lisieux a contribué à la croissance du Royaume de Dieu. Par son exemple de sainteté, de fidélité parfaite à l’Eglise Mère, de pleine communion avec le Siège de Pierre, ainsi que par les grâces particulières qu’elle a obtenues pour de nombreux frères et sœurs missionnaires, elle a rendu un service tout particulier au renouvellement de l’annonce et de l’expérience de l’Evangile du Christ et à l’expansion de la foi catholique dans toutes les nations de la terre. »[33]

En cette année du prêtre où nous continuons à prier pour que se lèvent des ouvriers pour une moisson surabondante, n’oublions pas de prier celle qui, depuis plus de cent ans, a suscité d’innombrables vocations sacerdotales ayant adopté sa devise qui résumait la vie de leur sœur : « Aimer Jésus et le faire aimer. »[34]

 

Guy GAUCHER

Evêque auxiliaire émérite de Bayeux et Lisieux

 

SIGLES

 

Ms A      Cahier de souvenirs autobiographiques pour Mère Agnès de Jésus (1895)

Ms B      Lettres à sœur Marie du Sacré-Cœur (septembre 1896)

Ms C          Cahier pour Mère Marie de Gonzague (juin 1897)

CJ        Carnet jaune (Derniers Entretiens)

DE        Derniers Entretiens (1897)

LT        Lettres de Thérèse numérotées

OC        Œuvres Complètes en un volume (Cerf, 1992)

PO        Procès de l’Ordinaire, Teresianum, Rome, 1973

PA        Procès Apostolique, Teresianum, Rome, 1973

PN        Poésies de Thérèse numérotées

Pri      Prières de Thérèse numérotées

RP        Récréations Pieuses de Thérèse numérotées.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

* Edition critique des Œuvres complètes de sainte Thérèse de Lisieux, en 8 volumes, Cerf, 1992.

 

* Lettres à mes frères prêtres, Trésors du Christianisme, Cerf, 2003, 128 p. Introduction et notes de Mgr Guy Gaucher. Traduit en italien chez San Paolo éditeur, 2003, Lettere ai mei Fratelli sacerdoti.

 

* La thèse de Mme Baiba Brudere Je me sens la vocation de prêtre, Enquête sur le sacerdoce commun chez Thérèse de l’Enfant-Jésus de la Sainte Face, Cerf, 2007, 620 p., contient une bibliographie exhaustive. L’auteur résume les diverses interprétations, celle de S. Navaretès, du cardinal Jean-Marie Lustiger, de Mgr Jean Sleiman, de Claude Langlois, pp. 46-136.



[1] PA, p. 256.

[2] Cf. les notes de retraite qu’elle a prises, OC, pp. 199-1200.

[3] Cf. OC, p. 1200, les notes de l’enfant.

[4] Né en 1823. Evêque de Bayeux et Lisieux de 1866 à 1898. A participé au Concile Vatican I. A refusé l’archevêché de Lyon.

[5] Cf. sa délivrance d’un prêtre concubinaire, Vie, V, 4-5-6 et le but de sa réforme « prier pour les défenseurs de l’Eglise, pour les prédicateurs et les théologiens (Chemin de la perfection, 1, 2).

[6] On sait que ce titre a été donné à Marie-Madeleine par Saint-Augustin, Bérulle, entre autres. Marie-Madeleine a fasciné Thérèse. Elle la mentionne souvent dans ses écrits.

[7] On trouve 1616 fois le nom de Jésus dans ses écrits et elle lui donne 70 titres divers, sur les 150 que mentionne le Nouveau-Testament.

[8] Réflexion féminine qu’on retrouvera dans sa Prière pour l’abbé Bellière (Pri 8).

[9] Cf. le sermon qu’elle aurait aimé faire, en revenant d’abord à l’Evangile. De cette mariologie, Jean-Paul II a écrit dans sa lettre apostolique proclamant le Doctorat de Thérèse : « Parmi les chapitres les plus originaux de sa science spirituelle, il faut rappeler la sage recherche qu’a développée Thérèse du mystère et de l’itinéraire de la Vierge Marie, parvenant à des résultats très voisins de la doctrine du concile Vatican II, au chapitre VIII de la Constitution Lumen Gentium, et de ce que j’ai moi-même proposé dans mon encyclique Redemptoris Mater du 25 mars 1987. » (N° 8)

[10] Né dans l’Orne (1843-1919). En mission au Canada pendant dix-neuf ans. Témoin aux Procès de Thérèse.

[11] Elle dira en fin de vie : « Le P. Pichon me traitait trop comme un enfant ; cependant il m’a fait du bien aussi en me disant que je n’ai pas commis de péché mortel. » (CJ 4.7.4) Cf. Ms A, 70 r°.

[12] Gardien du couvent de Saint-Nazaire (1844-1914).

[13] « Confiance » et « amour » sont deux mots-clés de sa « petite voie. Son dernier manuscrit (C), inachevé, se clôt sur ces deux mots.

[14] Né à Orléans le 10/3/1827. Meurt à Paris le 2/2/1912. En 1911, Mère Agnès de Jésus lui enverra l’Histoire d’une Ame qu’il lira. Il correspondra avec sœur Geneviève de la Sainte Face (Céline Martin) et lui dira « admirer sa pieuse et héroïque sœur » (CG II, p. 642).

[15] LT 129, 8/7/1891.

[16] PO, p. 305.

[17] PO, p. 305-306.

[18] Etonnant désir chez une jeune fille qui a quitté l’école à treize ans et demi au moment où le P. Lagrange, o.p. fonde l’Ecole biblique de Jérusalem (1890). Sur la connaissance de la Parole de Dieu, cf. La Bible avec Thérèse de Lisieux, Cerf, 1979, où l’on trouve quelques 450 citations de l’Ancien Testament (qu’elle n’avait pas) et 650 du Nouveau.

[19] Né dans le Calvados (10/6/1874). Orphelin de mère, abandonné par son père. Elevé par sa tante. Noviciat des Pères Blancs. Ordonné le 29/6/1901. Nommé au Nyassaland (1902-1905). Rapatrié malade, meurt à Caen le 14/7/1907.

[20] Né dans le Calvados (13/10/1870. Restera en Chine jusqu’en 1909. Témoin aux deux Procès de sa sœur. Décédé le 12/6/1934.

[21] Cf. Lettres à mes frères prêtres, Cerf, 2003, qui regroupe ces correspondances.

[22] Sinon le P. Roulland, le temps de sa messe au Carmel, derrière les grilles.

[23] Ex 18, 8-13.

[24] LT 201, 1/11/1896. Cf. LT 135, 15/8/1892.

[25] Ms A, 50 r° ; A, 56 r° ; LT 226. Cf. ses poésies Mes Armes (PN 48), etc.

[26] DE, p. 650. La communauté ignorait la mission de Thérèse reçue par obéissance. Il s’agit sans doute du P. Roulland.

[27] Même affirmation à Mère Agnès de Jésus : « Ma mission va commencer… […] passer mon Ciel à faire du bien sur la terre jusqu’à la fin du monde ». Avec la comparaison avec les Anges (CJ 17.7).

[28] Cette laïque (1848-1905) a suscité une campagne de prière pour les prêtres et leur sanctification, rejointe par de nombreuses Congrégations féminines. Vaste mouvement où des femmes chrétiennes veulent prendre leur place. Durant son pèlerinage en Italie la jeune Thérèse a bien perçu cette situation d’infériorité :  « Je ne puis encore comprendre pourquoi les femmes sont si facilement excommuniées en Italie, à chaque instant on nous disait : « N'entrez pas ici... N'entrez pas là, vous seriez excommuniées !... » Ah ! les pauvres femmes, comme elles sont méprisées !... Cependant elles aiment le Bon Dieu en bien plus grand nombre que les hommes et pendant la Passion de Notre-Seigneur, les femmes eurent plus de courage que les apôtres, puisqu'elles bravèrent les insultes des soldats et osèrent essuyer la Face adorable de Jésus... C'est sans doute pour cela qu'Il permet que le mépris soit leur partage sur la terre, puisqu'Il l'a choisi pour Lui-même... Au Ciel, Il saura bien montrer que ses pensées ne sont pas celles des hommes, car alors les dernières seront les premières... » (Ms A, 66 v°)

[29] PA, p. 349.

[30] Acta Apostolicae Sedis 20 (1928), pp. 147-148.

[31] Lettre de septembre 1940.

[32] Osservatore romano, n° 52, 25/12/1990.

[33] N° 10, 19/10/1997.

[34] LT 96, 114, 201, 220 ; Pri 6, Pri 8, etc.