Celso Morga, secrétaire de la Congrégation du Clergé

José Manuel Vidal, le 25 février 2011 à 19H51

 

té de Juan Jo

Celso Morga, secrétaire du Clergé. 01

 

(José Manuel Vidal).-Après le cardinal Cañizares et l'archevêque Ladaria, le jeune secrétaire de la Congrégation du Clergé, Celso Morga Iruzubieta (né le 18 janvier 1948), est devenu en peu de temps l'un des piliers de l'Église espagnole dans la Curie romaine. Récemment consacré évêque par Benoît XVI lui-même, il affronte avec confiance sa tâche dans ce dicastère si important qui dirige plus de 400.000 prêtres dans le monde entier. Il fait l’éloge de son Préfet, le cardinal Piacenza, reconnaît que la pédérastie du clergé est un péché qui crie vers ciel, mais il nie que ce soit un fléau dans l'Église et assure que le peuple "a de la reconnaissance" pour ses prêtres.

 

Qu’avez-vous ressenti après avoir appris que Sa Sainteté vous nommait numéro deux de l’important Dicastère du Clergé ?

J'ai demandé au Seigneur de m'aider, de me donner davantage d'amour pour les prêtres et davantage de désirs de les servir ; et que le poids de la responsabilité ne me retire pas la paix.

 

Vous suivez les pas de votre compatriote, le cardinal Martínez Somalo ?

La présence du Cardinal Martínez Somalo et son amitié me ramènent presque toujours - et il me le rappelle fréquemment - aux années du Séminaire où tous les deux – à différentes époques – nous avons appris de la part de prêtres exemplaires que le sacerdoce impliquait un suivi inconditionnel du Christ et l’humble service de son Église. Ensuite, la Providence divine, à travers des médiations humaines très normales, nous a dévoilé le sentier de notre mission ici à Rome, toujours dans ces deux coordonnées fondamentales pour la vocation sacerdotale. Peu de jours avant l’ordination épiscopale je me suis rendu chez lui et, entre autres choses, il m’a raconté une anecdote de la mission de gouvernement du Serviteur de Dieu Jean-Paul II ; elle m'aide beaucoup ces jours-ci et je pense déjà qu’elle me servira pour toujours. Le Cardinal me disait que, quand un problème de gouvernement n’arrivait pas à être résolu, Jean-Paul II avait l'habitude de dire : "nous avons peu prié; il faut prier davantage".

Dans la même occasion aussi, le Cardinal m'a offert une croix pectorale qu’à son tour, Jean-Paul II lui avait offert. C'est celle que j'utilise en ces premiers jours de ministère épiscopal.

Vous devenez l'un des Espagnols de plus haut rang dans la Curie romaine

Eh bien, je pense que l'Église en Espagne est déjà représentée dans la Curie Romaine avec des charges de grande responsabilité concernant le gouvernement central de l'Église, comme celle du cardinal Antonio Cañizares, celle du Secrétaire de la Doctrine de la Foi, S.E Mons. Luis Francisco Ladaria, celle du Secrétaire du Conseil Pontifical pour les Textes Législatifs, S.E. Mons. Juan Ignacio Arrieta. Il y a aussi S.E. Mgr José Luis Redrado et S.E. Mgr Félix del Blanco, plusieurs Sous-secrétaires, des officiaux... Je considère que la Congrégation pour le Clergé est certainement l’un des Dicastères clés de la Curie Romaine. Je demande au Seigneur d'être capable, avec toutes mes limites, de mener de l’avant cette mission que le Père Saint m'a confiée dans sa responsabilité du service pastoral à l'Église universelle; une mission qui consiste fondamentalement à rester en proximité de foi et de coeur avec les prêtres, et dans la disponibilité à les aider à mener avec joie et confiance leur mission, précieuse et pas facile, d'annoncer dans notre monde la présence et l'espérance du Royaume de Dieu.

Que pensez-vous du préfet du dicastère du Clergé, le cardinal Piacenza, que vous connaissez sûrement depuis des années ?

Du Cardinal Mauro Piacenza je peux dire que je m'honore de son amitié depuis pratiquement vingt ans. Le Seigneur lui a fait le don de te rendre le travail facile, il ne te le fait pas peser. C’est un homme qui transmet la paix et la joie d'être prêtre. Je rends grâce à Dieu de pouvoir collaborer avec lui dans cette tâche passionnante de collaborer avec le Père Saint et avec les autres Évêques dans sa charge pastorale envers les prêtres et les diacres du monde entier.

 

Après la plaie de la pédérastie, récupère-t-on l'image du sacerdoce dans le monde ?

En premier lieu, je veux qu’il soit clair que, même si ne s’était produit qu’un seul cas de pédérastie de la part du clergé, cela revêtirait une gravité extraordinaire. Outre la rupture inqualifiable et l'agression à la personne et à l'innocence d'une fille ou d'un garçon, cela comporte, pour les chrétiens, la commission d'un très grave péché que l’on pourrait peut-être ranger, dans un langage biblique, au nombre de ceux qui "crient vers le ciel". Mais j'oserais, si on me le permet, nuancer la qualification de "plaie". On a l'habitude de parler de "plaie" face à une pathologie endémique qui touche une grande partie de la population. Or s’il est vrai que l'on a judiciairement prouvé des cas de comportement pédéraste de la part de quelques ecclésiastiques, on ne peut pas parler d'un fléau au sens intensif que l’on attribue généralement à ce mot. Les actes pédérastes de la part d'ecclésiastiques sont un comportement très exceptionnel et étranger à l'ensemble des quatre cent dix mille prêtres catholiques dispersés dans le monde.

Reconnaît-on suffisamment l'énorme travail pastoral, social et éducatif du clergé catholique dans le monde entier ?

Pour ce que j’en sais, sans prétention d'absolutiser, je pense que le travail sacerdotal est apprécié au sein de ce que nous appelons habituellement le peuple fidèle. Et aussi par tous ceux, quelle que soit leur croyance ou leur idéologie, qui connaissent et approchent de près un prêtre. Cela vaut encore pour ceux qui, pour un motif ou pour l'autre, ont été mis en rapport avec un prêtre à des moments clés ou difficiles de leur vie.

En même temps, il est tout aussi certain que certains secteurs de la population ne reconnaissent pas à sa juste valeur le travail que réalise le clergé catholique jour après jour... mais je me demande si ce n’est pas un signe providentiel : faire du bien dans ce monde comporte une dimension occulte.

Être prêtre aujourd'hui, surtout dans les pays sécularisés, est-ce presque pour les héros ?

Je ne sais pas. Je pense personnellement que c’est le propre de croyants simples qui ont perçu, un jour, l'invitation à travailler dans la vigne du Seigneur alors qu’ils allaient sur la place publique, dès la première heure du matin, en se demandant quel était le sens de leur vie et leur mission dans ce monde. Aujourd'hui – c’est vrai - les prêtres peuvent percevoir davantage "la fatigue du jour et de la chaleur" et, en ce sens, la persévérance peut devenir plus difficile ; mais je crois qu'il ne s'agit pas de héros, ce sont des gens normaux - comme tant d'autres hommes et femmes de notre temps - qui ont à lutter pour être fidèles aux engagements qu'ils ont assumés un jour avec le mariage, ou avec l’engendrement d'enfants, ou avec le travail professionnel etc.

Certains disent que le clergé espagnol est âgé et désabusé. Comment le voyez-vous ?

Je ne vis pas directement, en première ligne, la réalité pastorale de l'Espagne, qui est tellement variée et complexe. Je connais personnellement beaucoup de prêtres espagnols, principalement ceux de mon diocèse. Ma perception n'est pas celle d’une désillusion ni d’une fatigue, mais celle du dévouement et du réalisme. Ils sont conscients des difficultés et de leurs limitations personnelles, mais je les vois fondamentalement heureux, convaincus de leur mission et dévoués cordialement à leurs paroissiens. En disant cela, je ne veux pas cacher les nombreuses difficultés qui existent.

Le célibat obligatoire est-il un bien imprescriptible pour l'Église catholique ? Est-il réaliste, à court terme, de penser à une éventuelle ouverture au célibat optionnel dans l'Église de rite latin ?

L'Église peut-elle renoncer à l'un de ses charismes les plus enracinés ? L'Église a choisi depuis de nombreux siècles de maintenir le lien entre l’ordination et l'appel à vivre le charisme du célibat, non par obligation, mais pour servir le Royaume de Dieu. Il ne s'agit pas de calculs utilitaristes ou de concessions opportunistes, mais de l'exigence de simplicité et de transparence d'une manière de suivre le Seigneur, à partir de la radicalité de la personne même du Christ.

Quelles mesures concrètes faudrait-il prendre pour que les jeunes Espagnols recommencent à se sentir séduits par l'appel de Dieu au sacerdoce ?

 

Il ne s'agit pas d'arbitrer une espèce de recettes d'alchimie de vocation. De nouveau, nous avons à reconnaître l’importance fondamentale que la famille a pour rendre sensible la vocation vers le sacerdoce. Et il est très nécessaire de demander expressément le témoignage des prêtres eux-mêmes, qui doivent proposer aux jeunes hommes, avec un grand naturel et avec sincérité, cette option de la vocation ; et ceci, bien sûr, sans que ne manque jamais l'atmosphère de prière dans l'action pastorale. Une prière par et pour les vocations sacerdotales, et une prière qui soit la sève imprégnant la vie du jeune homme, quelle que soit la proposition de vocation qui s’offre à lui.

 

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