NICOLAS TREMBLAY, PRÊTRE
La
Mission du Prêtre
pour
la Nouvelle Évangélisation de nos paroisses.
28 AOÛT 2010
La Mission du Prêtre
pour la Nouvelle Évangélisation de nos paroisses.
INTRODUCTION…………………………………………………………………………………… 3
Chapitre
1 Trois convictions
personnelles……………………………………………… 6
1. Le nécessaire renouveau
des prêtres……………………………………... 6
1.1
Une question importante
1.2 Une réponses claire et précise
2. Le danger de l'éparpillement ……………………………………………….. 10
3. La nécessité d’initiatives
nouvelles………………………………………… 14
Chapitre 2 Un triple engagement du prêtre…………………………………………… 18
1. L’engagement à la
sainteté…………………………………………………. 18
1.1
La sainteté : chemin de bonheur
1.2
La sainteté : union au Christ
1.3 La sainteté : charité en actes
2. L’Engagement à
l’évangélisation…………………………………………… 22
2.1 Un appel personnel
2.2
Les choix apostoliques
2.3
L’application des principes
2.4 Une vie toute entière engagée
3. L’engagement à une méthode
d’évangélisation…………………………. 25
Chapitre 3 Un modèle intégral d'évangélisation
paroissiale……………………… 28
1.
Petite histoire d’une communauté chrétienne missionnaire ……….. 28
1.1
Vers les premières cellules d’évangélisation
1.2
L’implantation du système des cellules à Joliette
1.3
La chapelle d’adoration
1.4
Une maison de la foi
1.5
L’École d’Évangélisation St-André
1.6
Cellules d’évangélisation et École d’évangélisation
1.7 Vers la Communauté chrétienne missionnaire
2.
Essai de synthèse……………………………………………………………… 34
2.1
Un double défi
2.2
Éléments de synthèse
2.3 Le modèle d’implantation
CONCLUSION…………………………………………………………………………………… 42
La Mission du prêtre
pour la
nouvelle évangélisation de nos paroisses.
À mon évêque, Mgr Gilles Lussier,
qui m’a proposé ces 3 mois sabbatiques
avant d’entreprendre un nouveau mandat
INTRODUCTION
En février 2010, dans le cadre de l’année
sacerdotale, j’ai été invité à donner un entretien-témoignage sur le
thème : « La Mission du prêtre pour la nouvelle évangélisation de nos
paroisses. » La préparation de cet
entretien m’a amené à reconnaître trois convictions profondes qui s’étaient
développées en moi au cours de mes dix premières années de vie
presbytérale. La reconnaissance de
l’importance de ces trois convictions est à l’origine de ce bref essai que
j’ose proposer aujourd’hui.
Comme plusieurs des prêtres diocésains de ma
génération, c’est un cheminement sinueux qui m’a conduit jusqu’à
l’ordination. En 1987, à l’âge de 19
ans, j’entre au Grand Séminaire de Chicoutimi.
Le contact avec les études théologiques et un certain style de formation
me seront douloureux et je quitte le Séminaire au bout de trois années
d’étude. Je déménage alors dans la
région de Québec où j’entreprends une maîtrise en théologie à l’Université
Laval, tout en travaillant en pastorale scolaire. Trois ans plus tard, je joins une fraternité nouvelle qui
m’amènera au diocèse de Joliette. De
’95 à ’99, je vivrai mon stage comme séminariste du diocèse de Joliette à
mi-temps en paroisse et à mi-temps avec cette fraternité dont la mission porte
sur le renouveau mystique de l’Église.
Je quitterai cette fraternité à l’automne 1999 pour répondre à une
demande de mon évêque qui m’invite à vivre un stage à temps plein en
paroisse. Je serai ordonné prêtre le 30
septembre 2000. J’entreprends alors mon
service presbytéral comme prêtre
collaborateur sur une équipe
pastorale mixte au service d’une Unité
pastorale regroupant quatre paroisses en milieu rural.
Juste avant de quitter la Fraternité, une
expérience de Providence m’amène à lire le livre de G. Macchioni :
« Évangéliser en paroisse.
L’expérience des cellules paroissiales d’évangélisation » (éditions
Pneumatèque). Ce fut pour moi un coup
de foudre. Enfin, on proposait une
démarche d’évangélisation adaptée à la réalité paroissiale.
Cette flamme intérieure soutiendra toute ma
mission de prêtre diocésain œuvrant en paroisse. Je serai ainsi amené à rencontrer plusieurs personnes qui portent
cette même flamme, ce même désir d’évangélisation. Je participerai à plusieurs rencontres, tant au niveau provincial
qu’international. J’entendrai raconter
une multitude d’expériences vécues partout à travers le monde. Tout cela alimentera ma flamme intérieure. Et c’est à travers tout cela que se
développeront les convictions que j’aimerais partager ici.
Cet essai se veut donc d’abord et avant tout
un partage personnel d’expérience. Il
est une humble synthèse de dix années de labeur apostolique dans ce cadre très
précis du ministère paroissial. Il
porte, comme je viens de l’écrire, l’apport original des multiples rencontres
auxquelles j’ai eu le privilège de participer et de toute la réflexion qui en
découle. Il a été rendu possible grâce
à un trois mois sabbatique que mon évêque m’a accordé pour refaire mes forces
après ces dix premières années de service.
Celui qui écrit ces lignes n’est ni un
théologien, ni un érudit. Je suis
conscient que cet essai pourra largement être bonifié par des personnes ayant
une plus large érudition que la mienne.
Je les remercie d’apporter ces compléments.
Je partagerai
ici :
-
trois convictions profondes qui se sont
développées en moi au fil de ces dix années de ministère en paroisse;
-
un triple engagement qui m’apparaît
nécessaire de la part du prêtre qui accueille ces convictions;
-
le modèle intégral d’évangélisation
paroissiale que j’ai vu se déployer sous mes yeux en commençant à vivre ce
triple engagement.
Cet essai pourra être reçu comme un fruit de
l’année sacerdotale 2009-2010. Il
pourra aussi, sans doute, collaborer à ce qu’il convient d’appeler maintenant
la « conversion pastorale », expression qui risque de se retrouver
régulièrement sous la plume de nos évêques au cours des prochaines années. S’il peut aider un ou l’autre de mes
confrères prêtres à vivre cette nécessaire conversion pastorale, je serai
largement récompensé du labeur que je me suis donné pour écrire.
Pour ne pas alourdir inutilement le texte, je
ne ferai la distinction entre une paroisse et un regroupement de paroisses que
lorsque cela sera vraiment nécessaire.
Autrement, « la paroisse » désignera habituellement le secteur
dont un prêtre est responsable, qu’il s’agisse d’une paroisse unique ou d’un
regroupement.
CHAPITRE
PREMIER
TROIS
CONVICTIONS PERSONNELLES
1.
Le
nécessaire renouveau des prêtres
Depuis 2001, je participe chaque année à la
session provinciale sur les cellules d’évangélisation. Cette session vise à faire connaître
largement ce qu’est le Système des Cellules Paroissiales d’Évangélisation
(SCPÉ). Et chaque année, un même
scénario se reproduit. L’expérience est
présentée. Elle suscite beaucoup d’enthousiasme. Puis, vient la question éteignoir :
Oui, mais si le prêtre de notre paroisse n’est pas intéressé ?
1.1 Une question
importante
Cette question m’a beaucoup fait
souffrir : comment un prêtre de paroisse pourrait-il ne pas être intéressé
lorsque des paroissiens s’offrent pour initier avec lui une si belle méthode
d’évangélisation ? Et surtout que la
raison invoquée était habituellement le manque de temps de la part du prêtre. Je sais que le prêtre en paroisse à beaucoup
à faire, je suis moi-même « curé de cinq paroisses ». Mais c’était comme si on me disait : le
prêtre est trop occupé, il n’a pas le temps d’évangéliser ! Il y avait quelque chose qui clochait.
Cette question m’a beaucoup fait
réfléchir : que répondre à ces personnes ? Devons-nous leur proposer d’autres alternatives ? Par exemple : se joindre à des cellules
d’une paroisse voisine ? Former des cellules sans tenir compte du prêtre, en
empruntant des enseignements à d’autres, ou en remplaçant l’enseignement du
prêtre par un partage d’Évangile ? Ces
solutions alternatives sont valables et peuvent contribuer à soutenir
l’espérance du peuple de Dieu qui a soif de répondre à fond à l’appel du
Christ : « Allez dans le monde entier proclamer l’Évangile à toute
créature. » Je me suis souvent
réfugié sous ces réponses, pour éviter de dire : si votre prêtre ne veut
pas, vous ne faites rien. Mais, j’ai
finalement compris que ces solutions contournent le vrai problème : le
nécessaire renouvellement de nos prêtres.
1.2
Une réponse claire et précise
Au cours de l’année
sacerdotale, la réponse à cette question est donc devenue pour moi une
conviction profonde. Il n’y aura pas de renouveau de nos
communautés paroissiales sans un réel renouveau de nos prêtres. Et je m’inclus bien sûr là-dedans. Ainsi, si le prêtre de votre paroisse dit
qu’il n’est pas intéressé ou qu’il n’a pas le temps, alors, il faut
l’évangéliser. Cette réponse radicale a
suscité beaucoup d’espérance chez les personnes à qui je l’ai partagée. Elle permettait aux baptisés d’entreprendre
une action concrète dont les répercussions sur l’Église risquaient d’être plus
grandes qu’on peut l’imaginer.
À la fin de l’année
sacerdotale, cette conviction ayant mûri dans mon cœur, j’ai enregistré, pour
les membres des cellules d’évangélisation, un bref enseignement intitulé :
« L’Évangélisation des prêtres »
Je le donne ici, texto et in extenso, en conservant le style oral.
Enseignement 126 16 mai 2010
L'évangélisation des prêtres
La paix
soit sur vous mes ami(e)s,
Alors
j'aimerais partager avec vous un petit enseignement, un peu particulier, qui
s'intitule : « l'évangélisation des prêtres ». C'est un thème qui a mûri dans mon cœur tout
au long de l'année sacerdotale qui s'achève.
C'est un thème que j'ai présenté pour la première fois en février à
l'occasion d'un entretien-témoignage au centre de prière "La Vigne"
et que j'ai repris à l'occasion de notre dernière session provinciale sur les
cellules d'évangélisation. Donc, c'est un
thème extrêmement important, parce que c'est devenu pour moi une conviction que
le renouveau de nos communautés paroissiales ne se fera pas sans le
renouveau de nos prêtres.
Alors,
donc l'évangélisation des prêtres. On entend souvent dire : « il faut
prier pour les prêtres ». Et vous
savez que, il y a quelques années, dire ça c'était presque scandaleux. Pour les gens, les prêtres on n'avait pas
besoin de prier pour eux. Les prêtres
ils étaient déjà convertis, ils étaient déjà presque saints, ils sont branchés
direct sur le Saint Esprit, on n'a pas besoin de prier pour eux. Mais voilà qu'au fil des années, nous avons
découvert que, oui c'est très
important de prier pour les
prêtres. Et,
ensuite ça c'est précisé. Est né dans le cœur des gens ce qu'on
appelle « la prière pour la
sanctification des prêtres ».
Et Jean-Paul II a même institué une journée spéciale, une journée mondiale de prières pour la
sanctification des prêtres, qui est la fête du Sacré-Coeur, que nous
célébrerons en juin prochain. Plusieurs
d'entre vous savent aussi que je demande souvent aux gens de prier pour ma
conversion. Et pendant des années la
réponse des gens était toujours la même: «vous vous avez pas besoin de ça, vous
êtes déjà converti, voyons, c'est pas sérieux », et tranquillement les
gens ont fini par comprendre que oui c'est sérieux. Et des personnes, effectivement, se sont mises à prier pour ma
conversion, et ça porté des fruits.
Et voilà
que aujourd'hui, le temps est venu de faire un pas de plus, en parlant de l'évangélisation des prêtres. Et dans ce processus d'évangélisation, la
prière n'est qu'un élément.
Nous savons, nous connaissons le processus d'évangélisation et nous
savons que la prière est importante dans ce processus. Mais elle ne suffit pas, elle est seulement un
élément du processus d'évangélisation.
J'aimerais avant d'aller plus loin, qu'on s'inspire peut-être de deux
petits exemples bibliques, c'est peut-être… enfin des exemples qui peuvent nous
éclairer. Dans "Les Actes des
Apôtres", au fur et à mesure que l'Évangile est annoncé, que la communauté
grandit, on dit ceci, au chapitre 6 verset 7 des Actes des Apôtres :
« La Parole de Dieu se répandait de plus en plus. Le nombre des disciples augmentait beaucoup
à Jérusalem et de très nombreux prêtres adhéraient à la foi en
Jésus. » C’est intéressant de voir
qu’il y a des prêtres, ils sont déjà prêtres, mais voilà que survient quelque
chose de nouveau dans leur vie et ils adhèrent à la foi en Jésus, ils
font un pas de plus dans leur expérience de foi, ils passent de la foi juive à
la foi en Jésus. On pourrait aussi
prendre l’exemple de Nicodème, au chapitre 3 de l’Évangile de Jean. Nicodème
qui est un pharisien, donc un spécialiste de la Loi, un homme très intelligent,
très instruit. Il va voir Jésus, et
Jésus commence à lui expliquer des choses, et Nicodème comprend rien. Et alors Jésus lui dit : « Toi, tu
es Maître en Israël, tu es chargé d’instruire le peuple et tu ne connais pas
ces choses-là? » Voyez. Il est Maître, il est celui qui est
responsable de l’enseignement, mais il ne connaît pas des éléments fondamentaux
de la foi chrétienne.
Il est
possible que les prêtres aient aussi à vivre cette expérience, comme les
prêtres juifs, d’adhérer à une foi nouvelle.
Ou comme Nicodème, ils peuvent savoir des choses, mais ils ne sont pas
encore entrés vraiment dans une expérience profonde de rencontre avec le
Christ. Et que nous ayons à les
évangéliser pour les conduire à une nouvelle conversion au Christ, à une
nouvelle ouverture à l’action de l’Esprit Saint dans leur vie, à une nouvelle
saisie intérieure de leur mission d’évangélisation.
Tous
doivent être évangélisés. Nous
évangélisons ceux qui sont loin de la foi, pour les conduire à la foi. Nous évangélisons les croyants, pour les
conduire à une nouvelle conversion, à une foi plus vive. Et nous évangélisons les prêtres, pour les
conduire à une nouvelle conversion et spécialement à une nouvelle
compréhension de leur mission d’évangélisation. Comment est-ce
qu’on évangélise un prêtre?
De la même manière, exactement de la même manière que tout autre
personne, c’est-à-dire en mettant en œuvre envers lui le processus d’évangélisation que nous
connaissons : LE FILET. Ça été
l’expérience de Don Pigi, vous savez.
Don Pigi, il était prêtre, un bon prêtre, il s’occupait de sa paroisse. Et un jour, il s’en va en Floride visiter
une paroisse où il y avait des cellules d’évangélisation, et les gens qui l’ont
reçu, tout de suite, ont mis à l’œuvre envers lui le processus
d’évangélisation. Qu’est-ce qu’ils ont fait
? Ils priaient déjà pour lui depuis longtemps.
Ils l’ont accueilli avec un amour incroyable, ils ont témoigné de leur
foi, et comment l’expérience d’évangélisation a changé leur vie. Ils lui ont expliqué c’était quoi les
cellules d’évangélisation et la nouvelle vie de leur paroisse. Et ils ont prié avec lui afin qu’il reçoive
une nouvelle effusion de l’Esprit Saint.
Voilà ! Ce sont les éléments clés du filet, et c’est ce
que les gens ont fait et la vie de Don Pigi a été transformée, et à travers
lui, la vie de sa paroisse a été transformée, et à travers eux la vie
d’une multitude de paroisses, dans le monde entier, a été transformée. Voilà la
beauté et la grandeur de l’évangélisation des prêtres.
Donc comment est-ce que nous, nous allons
évangéliser les prêtres?
Nous sommes invités à discerner d’abord, dans la prière auprès du
Seigneur : Seigneur est-ce qu’il y a un prêtre que Tu m’invites
spécialement à évangéliser? On les
évangélisera pas tous à la fois. Est-ce
qu’il y a un prêtre, moi, Seigneur que tu m’invites spécialement à évangéliser? Et lorsque c’est clair, lorsque le Seigneur
le met dans mon cœur, je mets à l’œuvre le processus envers lui. Donc je me mets à prier pour lui chaque jour
d’une manière spéciale. Je me mets à
l’aimer, à lui rendre service, à établir avec lui des liens d’amitié, à gagner
son cœur, à lui manifester vraiment tout l’amour de Dieu pour lui,
vraiment. Et quand le moment se
présente, quand le moment d’ouverture à la grâce arrive, quand le moment opportun
arrive, je vais témoigner de ma foi, et spécialement je vais témoigner de comment
ma foi a grandi. Et je peux témoigner
par exemple de mon expérience de cellule d’évangélisation ou de nouvelle
évangélisation. Je vais témoigner. Et ensuite je vais répondre à ses questions,
ses préoccupations, ses objections, humblement, patiemment. Et je vais l’amener à une rencontre, à une
nouvelle rencontre avec Jésus, en priant non plus seulement pour lui,
mais en priant avec lui, et en demandant vraiment à Dieu d’inonder son
cœur d’une lumière nouvelle de l’Esprit Saint.
Voyez ! Processus d’évangélisation appliqué à un prêtre.
Alors cela va faire en sorte que, si jamais
je rencontre sur ma route un prêtre qui me déçoit, qui me blesse, parce que je
suis un évangélisateur, il n’y a pas de place pour les lamentations, pas de
place pour les critiques, j’irai pas dire : y est pas correct, y est pas
fin, y est pas ci. Qu’est-ce que je
fais si un prêtre me déçoit? Alors je
mets en application le processus d’évangélisation envers lui. Je me mets à prier pour lui, mais pas
seulement prier, l’aimer, le servir, témoigner de ma foi, lui expliquer ce que
je vis. Ou encore si je rencontre
quelqu’un qui dit : ah ben on va prier pour tel prêtre, on va prier pour
lui, il faut prier pour les prêtres, c’est important de lui répondre : oui
c’est bien, mais ça ne suffit pas. Vous
voulez prier pour tel prêtre, priez pour lui, mais aussi mettez-vous à
l’évangéliser à travers ce processus d’évangélisation. Et alors nous grandirons ensemble vers une véritable
nouvelle évangélisation de nos communautés paroissiales.
Je vous aime, je vous bénis, au nom du
Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen
!
Il est clair que tous les prêtres n’ont pas à
s’intéresser au SCPÉ. Il existe, en
effet, plusieurs méthodes de nouvelle évangélisation. Mais tous doivent veiller à ce que la mission d’évangélisation
soit assurée dans leur milieu. Et pour
cela, ma conviction demeure que le renouvellement ou la conversion pastorale
des prêtres est absolument nécessaire.
Et les laïcs peuvent grandement y contribuer en travaillant à
l’évangélisation du prêtre de leur paroisse.
L’objectif n’est pas de le conduire à telle méthode d’évangélisation en
particulier, mais de l’aider à élargir son cœur à la grandeur du don que Dieu
veut lui accorder pour le service de l’Église d’aujourd’hui. Évangéliser est toujours un grand acte de
charité. « L’annonce et le
témoignage de l’Évangile sont le premier service que les chrétiens doivent rendre
à chaque personne et au genre humain tout entier » (Benoît XVI, Homélie,
25 avril 2005).
C’est donc avec beaucoup d’amour, et par amour
que les laïcs travailleront à l’évangélisation de leurs prêtres. Et dans cette démarche, il ne serait pas
étonnant de voir s’établir des liens d’amitié nouveaux, profonds et féconds
entre prêtres et laïcs.
2.
Le
danger de l'éparpillement
Le
principal obstacle à l'évangélisation dans le contexte paroissial est
l'éparpillement. Voilà ma seconde
conviction. On la retrouvait déjà dans
le beau texte du concile sur le ministère
et la vie des prêtres : « Dans le monde d’aujourd’hui, on doit
faire face à tant de tâches, on est pressé par tant de problèmes divers – et
réclamant souvent une solution urgente – qu’on risque plus d’une fois d’aboutir
à la dispersion » (P.O., 14). Sans cesse, nous sommes sollicités par tous,
de toute part. On nous demande 1001
choses. Et le drame, c'est que ce sont
toutes de bonnes choses. Ce sont toutes des "choses" utiles, saintes
et, comble de malheur !, utiles à
l'évangélisation. J’ai tellement
souvent entendu dire cela.
Qui
n'est pas convaincu que la pastorale du baptême est un lieu extraordinaire pour
l'évangélisation des jeunes familles?
Que les funérailles sont un lieu extraordinaire pour l'évangélisation
des personnes qu'on ne rencontre qu'à cette occasion et qui, de plus, ont le
cœur ouvert à ce moment ? Que la
préparation au mariage est une occasion magnifique d'évangélisation à partir de la si belle et si grande réalité
de l'amour humain et de son rêve de bonheur?
Que la liturgie, autant par l'homélie que par l'expérience du mystère,
est un lieu formidable d'évangélisation?
Que la catéchèse offre une chance unique d'évangéliser autant les
enfants que les adultes qui frappent encore (pour combien de temps?) à la porte
de nos paroisses ? Et que dire de
l'accompagnement spirituel, des multiples demandes de bénédiction, de la visite
aux malades, des mouvements et associations, sans parler de toutes ses réunions
plus nécessaires les unes que les autres?
Nous
pourrions donc affirmer qu’avec toutes ces occasions d'évangélisation, la
mission du prêtre en paroisse n'a même pas à être précisée. Et pourtant…
Pourtant,
c'est dans ce contexte paroissial à peu près inchangé depuis 30 ans que les
prêtres évoluent. Or, ne faut-il pas
admettre que cette pastorale a largement fait les preuves de sa stérilité
? Elle n’a engendré ni chrétiens, ni
communautés chrétiennes. Pourquoi
? Pourquoi autant d'occasions
extraordinaires d'évangélisation mises bout à bout n'ont-elles pas produit le
fruit escompté ? Pourquoi avons-nous tant
semé et si peu récolté (cf Ag 1,6)? Les raisons sont diverses et peuvent être
exprimées de multiples façons. J'en
retiendrai une seule : l’éparpillement.
On
a semé à tout vent. C'était
l'expression privilégiée dans l'initiation sacramentelle des années ‘80.
"L’important, c'est de semer". Oui,
nous avons semé à tout vent, mais avons-nous arrosé, sarclé, engraissé,
élagué… quels tristes cultivateurs sommes-nous ! Et si l’image pastorale évoque plutôt le berger, nous avons
nourri les brebis encore dans l’enclos, mais avons-nous cherché celles qui
étaient perdues, soigné celles qui étaient malades, protégé celles qui étaient
attaquées par le loup ? Quel piètre
berger !
Pour
reprendre une autre expression qui fut très populaire, nous n'avons pas assuré
le "suivi". Ah! le fameux
"suivi". Le "suivi"
à la pastorale du baptême, le "suivi" à
l'initiation sacramentelle. Le
"suivi" à la préparation au mariage.
Et pourquoi pas, le "suivi" après les funérailles. Encore là, la même question: pourquoi ? Pourquoi n'y a-t-il pas eu de
"suivi"? La même réponse:
l'éparpillement. Il fallait passer aux
baptêmes suivants, aux mariages suivants, aux funérailles suivantes, au
prochain groupe d’initiation sacramentelle, sans parler de la liste des
téléphones à donner suite et des courriels à répondre, des homélies à préparer
et des malades à visiter. Tant d'activités belles et saintes, tant de lieux
d'évangélisation… qui n’ont pas produit les fruits attendus !
Comment
réagir ? Nous trouverons bien sûr la
réponse dans l'Évangile. Nous la
trouverons en regardant Jésus Christ, nous la trouverons tout autant en
regardant les apôtres ou saint Paul.
De
quoi est fait le ministère de Jésus ? À
première vue, Jésus semble "éparpillé". Il va de village en
village. Il rencontre et enseigne des
foules. Il multiplie les guérisons et
les exorcismes. Il répond à tous ceux
qui le sollicitent. Mais, en fait, Jésus
se consacre tout entier à sa mission.
J’aime reconnaître une des belles expressions de la mission de Jésus
dans le passage suivant :
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait
tous les malades, et ceux qui étaient possédés par des esprits mauvais. La
ville entière se pressait à la porte. Il guérit toutes sortes de malades, il
chassa beaucoup d'esprits mauvais et il les empêchait de parler, parce qu'ils
savaient, eux, qui il était. Le lendemain, bien avant l'aube, Jésus se leva. Il
sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ses compagnons se mirent à sa
recherche. Quand ils l'ont trouvé, ils
lui disent : « Tout le monde te cherche. » Mais Jésus leur répond : « Partons
ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne
Nouvelle ; car c'est pour cela que je suis sorti. » Il parcourut donc toute la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle
dans leurs synagogues, et chassant les esprits mauvais (Mc 1, 32-39).
Dans ce passage, on cherche à détourner
Jésus de sa mission. Et il réagit très
vivement : Non ! Je dois
poursuivre la mission qui est mienne.
« Allons ailleurs, pour que j’y annonce aussi
l’Évangile ». Cette simple parole
nous révèle clairement que la mission de Jésus est double : faire advenir
le Royaume de Dieu par l’annonce de l’Évangile et former ses apôtres institués
pour fonder l’Église qui poursuivra cette mission d’assurer la croissance du
Royaume. Cette seconde partie de la
mission de Jésus se voit dans le fait qu’il dit : « Allons
ailleurs ». Il ne dit pas
seulement que lui doit aller ailleurs.
Il dit clairement : j’y vais et vous venez avec moi. Dès le début de sa vie publique, Jésus se
choisit des apôtres. Ils seront
toujours avec lui. Il leur consacre le
meilleur de son temps. Ainsi, la
mission de Jésus consiste à annoncer l’Évangile et à former ses apôtres. Il se consacre entièrement et uniquement à
cela. Il dira clairement, à la fin de
sa vie : « pour eux, je me consacre » (Jn 17,19)
Ainsi, la réponse à l'éparpillement ne
se trouve pas directement dans ce que Jésus fait, mais dans la manière dont il
le fait: il s'y consacre tout entier.
Nous n’avons pas tous la même mission, mais nous avons tous à nous y
consacrer pour qu’elle soit féconde.
Voilà pourquoi, j’aime dire que la réponse à l’éparpillement est la
consécration. À partir du baptême par Jean, Jésus laisse tout pour se consacrer
à sa mission. Et chaque fois qu'on cherche à le détourner de sa mission, il
réagit avec vigueur. Aucune mission ne
peut être féconde, si la personne appelée ne s'y consacre pas tout entier, dès
le moment où elle y est appelée.
Regardons maintenant l’expérience des
apôtres, en particulier dans le célèbre récit de l'institution des sept (Ac 6,
1-7). "Il ne convient pas, disent-ils, que nous délaissions la Parole de
Dieu pour le service des repas".
Le "service des repas" est quelque chose d'excellent et d'important. Sans doute peut-on même y voir un lieu
d'évangélisation. Et pourtant, les
apôtres, se rappelant ce pour quoi ils ont été choisis, appelés, formés et
institués, réagissent avec vigueur : « il ne convient
pas ». Qu’est-ce qui convient
? Qu’ils se consacrent à la
prière et à l’annonce de la Parole. Et
leur Parole a retenti jusqu'aux confins de la terre.
Et que dire de Paul? Nous connaissons tous son célèbre :
"Malheur à moi si je n'évangélise pas" (1 Co 9,16) Il s'y est consacré totalement et jusqu'au
fond de sa prison. Arrêtons-nous
seulement à deux paroles lumineuses à ce sujet. Alors qu’il invite les Corinthiens à cesser leurs disputes
intestines, il précise sa mission : « Le Christ ne m’a pas envoyé
baptiser, mais annoncer l’Évangile » (1 Co 1,17). La parole est
claire. Paul sait ce pour quoi il a été
choisi, formé et envoyé, et il s’y consacre entièrement. Il ne dit pas que l’annonce de l’Évangile
est plus importante que la célébration du baptême. Il dit seulement que, lui, « n’a pas été envoyé pour
baptiser, mais annoncer l’Évangile »
Il y a là toute une réflexion à faire pour le prêtre qui œuvre en
paroisse. Il ne s’agit pas de choisir
entre l’un ou l’autre. Il s’agit de discerner son appel et de s’y
consacrer.
On trouve un autre exemple en Ac 18,
1-5. Paul, arrivant à Corinthe, se lie
d’amitié avec Priscille et Aquilas et se met à travailler avec eux comme
fabricants de tentes. Mais,
« quand Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine, Paul se consacra
tout entier à la Parole » Ici,
Paul reconnaît qu’il y a un temps pour chaque chose. Il y a un temps pour établir des liens d’amitié et travailler de
ses mains. Cela fait partie de
l’Évangélisation. Il y a un temps pour
se consacrer entièrement à l’annonce de l’Évangile. Le discernement portera donc aussi sur le temps : à quoi
suis-je appelé aujourd’hui ?
Encore une fois, l'accent n'est pas ici
sur le quoi mais sur le comment. Je ne
dis pas, et Paul non plus, que l'annonce de l'Évangile est plus important que
le baptême, ou le travail manuel, ou le service des repas. Je dis que Paul s'est consacré à ce
pour quoi il a été appelé, que les apôtres se sont consacrés à ce pour
quoi ils ont été institués, que Jésus lui-même s'est consacré à sa mission
telle que donnée par le Père. Et je
redis donc, en conclusion de ce point, que la réponse à l'éparpillement est
la consécration. Chaque prêtre doit
discerner ce pour quoi il a été personnellement choisi, appelé, formé et s'y
consacrer entièrement. Ce n'est pas le
ministère qui doit guider le prêtre. Ce
ne sont certainement pas les multiples
demandes. C'est le Christ par son
Esprit, i.e. par l’onction avec laquelle il a marqué chacun d’entre nous.
Cher frère
prêtre, consacre-toi à ce pour quoi tu as été institué par le Christ lui-même, et tu verras ton ministère devenir fécond.
3.
La
nécessité d’initiatives nouvelles.
La 3e conviction que j’aimerais
partager s’exprime ainsi : la nouvelle évangélisation ne peut pas se
réaliser en s’en tenant uniquement aux activités pastorales habituelles de nos
paroisses. C’est une conviction très
dérangeante. J’ai été fort heureux de
trouver une confirmation à cette conviction personnelle dans un texte de Benoît
XVI, qu’une amie m’a remis juste avant mon trois mois sabbatique. Il explicite de manière claire et pertinente
ce que j’essayais maladroitement de balbutier.
Je le cite de mémoire :
« Depuis toujours, l’Église évangélise à
travers les services pastoraux qu’elle offre.
Cependant, nous devons constater aujourd’hui qu’un grand nombre de personnes
ne sont pas rejoints par ces services que nous pourrions appelés traditionnels. Voilà pourquoi nous apparaît nécessaire une nouvelle évangélisation »
Il
est bon ici de s’arrêter un moment pour faire l’inventaire des activités
pastorales « habituelles » de nos paroisses. Au cours des dernières années, la vie de nos
paroisses s’est comme cristallisée autour d’un certain nombre de
« services pastoraux ». Ce
sont les suivants :
-
eucharistie dominicale et de semaine;
-
pastorale du baptême, du mariage et des
funérailles;
-
pastorale catéchétique, qui occupe
actuellement une grande part de nos énergies et de nos espoirs;
-
visite aux malades;
-
services de secrétariat et
d'administration.
À cela s’ajoutent un certain nombre de groupes
et de mouvements habituellement très autonomes par rapport à la paroisse, i.e.
indépendants du prêtre et de l’équipe pastorale.
Il est bon de prendre le temps de regarder ce
visage de nos paroisses avec un certain recul et une vision d’ensemble. Nous y découvrons que, finalement, l’Église
est « une petite business » et qu’il peut être assez simple d’assurer
l’ensemble de ces services pastoraux.
Avec un minimum de perspicacité, nous y découvrons également ce que
j’essaie d’exprimer dans cette 3e conviction. Tous ces services pastoraux n’ont pas comme
objectif l’évangélisation. Nous
pouvons, bien sûr, chercher à leur surajouter cet objectif. Mais il ne faut pas s’attendre à obtenir de
grands résultats. Et surtout, il doit
être clair que ces services ne peuvent en aucune manière devenir l’essentiel de
nos moyens d’assurer la mission de la nouvelle évangélisation, ni même celle de
la première évangélisation. Ce n’est
pas leur but. Il faut donc chercher
ailleurs. Et, vraisemblablement, il
faudra initier des chemins nouveaux.
En fait, il est facile de comprendre que
l’évangélisation n’est pas le but premier des services pastoraux. Comme leur nom l’indique, ces services sont
offerts à des personnes qui font déjà partie de la communauté chrétienne. Au contraire l’évangélisation, au sens
strict, vise les personnes qui ne font pas partie de la communauté
chrétienne. Elle vise à leur faire
connaître Jésus-Christ et son Évangile, à leur communiquer la vie de la grâce
en réveillant la foi et à leur permettre de joindre la communauté chrétienne. C’est d’ailleurs ce processus d’adhésion à
la communauté chrétienne qui constitue la principale différence de visée entre
les services pastoraux habituels et ce qu’on appelle la nouvelle
évangélisation. La réalité, c’est que
nous connaissons un seul modèle d’adhésion à la communauté chrétienne : le
modèle traditionnel de chrétienté. Il
se décrit comme suit : un enfant naît; il est baptisé; il grandit dans une
famille chrétienne; il suit la catéchèse à l’école ou en paroisse; il est
initié à travers les « sacrements de l’initiation chrétienne »; et,
au bout de ce chemin, il est devenu un chrétien adulte, membre à part entière
de la communauté. Or, depuis plus de 30
ans, nous voyons que ce modèle d’adhésion à la communauté chrétienne ne
fonctionne plus. Bien que, en lui-même,
il soit un modèle formidable, voire idéal, c’est un très petit nombre de
personnes qui, actuellement, joignent les rangs de la communauté chrétienne à
travers ce modèle. Or, inconsciemment,
nous croyons encore en ce modèle. Il
est le seul que nous connaissons. Et
tous nos efforts, en particulier dans la pastorale catéchétique, visent à le
ressusciter !
Le processus par lequel un adulte se convertit
et adhère à la communauté chrétienne est un processus qui est complètement étranger
à notre pastorale paroissiale. Et même,
nous en avons peur. Pourtant, il est le
principal modèle que nous offre le livre des Actes des apôtres. Nous craignons comme la peste le
prosélytisme. Tout appel à la
conversion nous choque et nous heurte.
Et, partant, nous en venons, plus ou moins consciemment, à nier et à
refuser la nouvelle naissance nécessaire pour « voir le royaume de
Dieu » (Jn 3, 3). Voilà pourquoi
nous résistons tellement à la nouvelle évangélisation et aux nouvelles
initiatives que quelques-uns osent proposer.
Voilà certes un élément clé de la « conversion pastorale ».
Mais revenons plus directement à notre sujet
en ajoutant un mot, peut-être un peu bête, mais qui peut être éclairant. Imaginons qu’on place un saint prêtre dans une
paroisse et que, par impossible, celui-ci décide de s’en tenir aux services
pastoraux existants. Il ne pourrait
pas, malgré toute sa sainteté, y assurer la nouvelle évangélisation. Je dis « par impossible » parce
qu’il est clair pour moi qu’un saint prêtre ne ferait pas cela.
Prenons l’exemple du patron de tous les curés,
saint Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars.
Parfois, on a l’impression que le curé d’Ars a évangélisé uniquement par
sa sainteté personnelle, en s’en tenant aux activités ordinaires du ministère
presbytéral : célébrer la messe avec foi, prier le chapelet humblement et
confesser avec une grande charité. Il
n’en est pas tout à fait ainsi. Voici
comment j’ai perçu le ministère, et j’oserais dire le secret, du curé
d’Ars. Ceux qui le connaissent mieux
que moi pourront me corriger. Lorsqu’il
arrive à Ars, le saint curé se rend à l’église afin de prier pour sa
paroisse. « Mon Dieu, dit-il,
obtenez-moi la conversion de ma paroisse. » En réponse, le Seigneur lui inspire une première initiative
nouvelle : il se met à visiter ses paroissiens afin de les bien connaître
et d’établir un lien de confiance avec eux.
Il se rend dans les champs le jour, et dans les maisons le soir. Il donnera ainsi naissance à ce qui
deviendra plus tard, la « visite de paroisse » et qui entrera,
pendant toute une époque, dans les « activités pastorales
ordinaires ». Mais, lorsque le
curé d’Ars l’entreprend, il s’agit d’une initiative nouvelle, inspirée dans la
prière.
De cette première initiative, le curé d’Ars comprend
le besoin principal de ses paroissiens : la formation. De là, il investira beaucoup, lui qui avait
si peu d’instruction, dans le catéchisme et l’aménagement d’écoles.
Ce sont ces initiatives nouvelles qui, jointes
à sa sainteté personnelle et la favorisant, provoqueront un rayonnement
missionnaire exceptionnel qui contribuera à l’évangélisation nouvelle de la
France tout entière.
Ainsi donc, ma conviction se précise. Dans le contexte paroissial actuel, le
prêtre qui désire assurer une nouvelle évangélisation de son milieu ne peut pas
se cantonner dans les activités pastorales ordinaires. Que doit-il faire ? Il doit prier et demander au Seigneur
« l’évangélisation de sa paroisse ».
En réponse, le Seigneur lui montrera clairement dans quelle initiative
nouvelle il doit investir. Il pourra être inspiré de créer une approche
nouvelle ou d’adopter une méthode existante.
Il existe un certain nombre de méthodes de nouvelle évangélisation
adaptées à la réalité paroissiale. La
meilleure sera celle que le prêtre discernera dans la prière et à laquelle il
se consacrera entièrement. Il devra
ensuite partager le fruit de son discernement, sa « vision », avec
ses proches collaborateurs et ses paroissiens, afin de l’ajuster et de la
mettre en œuvre.
Si tous les prêtres, si quelques prêtres
seulement font cette démarche honnêtement et dans la foi, il faut s’attendre à
ce que le Seigneur réponde généreusement et inspire des projets qui rayonneront
sur une région, un diocèse, et plus largement encore.
Plusieurs questions surgissent ici, bien
sûr. Comment un prêtre peut-il assurer
tous les services pastoraux, souvent à l’échelle de plusieurs paroisses, et en
même temps entreprendre des initiatives nouvelles ? Ne risque-t-il pas de s’éparpiller et de s’épuiser ? Le prêtre qui s’engage avec ardeur dans une
initiative nouvelle d’évangélisation ne risque-t-il pas de délaisser les
paroissiens qui s’investissent dans les services pastoraux ordinaires ? Comment assurer des liens entre ces
initiatives nouvelles et la vie « ordinaire » de la paroisse ?
Ce sont des questions importantes. Leur complexité et la difficulté d’y
répondre ne doivent cependant pas être un prétexte pour ne rien
entreprendre. Si, dans la foi, un prêtre
entreprend une initiative nouvelle en fidélité à ce que le Seigneur lui
inspire, qu’il soit assuré que les réponses viendront au fur et à mesure où
l’expérience se déploiera. Et l’Esprit
Saint donnera encore plus de lumière que tout ce qu’on aurait pu imaginer.
C’est ainsi que, pour ma part, j’ai été amené
à développer un « modèle d’implantation d’une Communauté chrétienne
missionnaire ». Je décrirai ce
modèle dans le 3e chapitre et préciserai alors quelques éléments de
réponse qu’apporte ce modèle. Pour le
moment, limitons-nous à accueillir cette 3e conviction.
CHAPITRE 2
UN
TRIPLE ENGAGEMENT DU PRÊTRE
2.1
Un appel personnel
2.2
Les choix apostoliques
2.3
L’application des principes
2.4
Une vie tout entière engagée
3.
L’engagement à une méthode d’évangélisation.
« Aux
appels de ton peuple en prière, réponds Seigneur, en ta bonté.
Donne
à chacun la claire vision de ce qu’il doit faire et la force de
l’accomplir. »
Premier
niveau : Évangéliser.
Deuxième
niveau : Former des évangélisateurs.
Troisième
niveau : Former une équipe d’évangélisateurs.
Cinquième
niveau : Former des formateurs.
Le secret de
Paul : 2 Tm 2,2.